Droit privé
Section française
Semestre 6
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II/ Distinction de la procédure civile des disciplines
voisines
A/ Le droit processuel
Le droit processuel fait l’objet de deux approches distinctes :
Une partie de la doctrine estime que ce droit constitue une branche commune à toutes les
procédures ; dans ce sens il rassemble toutes les règles juridiques de forme.
Une autre partie attribue à cette discipline un aspect uniformisateur ; c'est-à-dire une
discipline fondée sur la réalisation d’une étude des différentes procédures en vue de leur
unification.
C/ La procédure Pénale
La principale différence entre la procédure pénale et la procédure civile est que le procès civil
oppose deux parties, personnes privées alors que dans le procès pénal, l’Etat est partie par
l’intermédiaire du parquet, demandeur au pénal.
La ressemblance entre procédure pénale et procédure civile est que celui qui va prononcer la
décision est un tribunal de l’ordre judicaire indépendant du pouvoir exécutif.
La différence se situe également au niveau de la preuve : en matière civile, la preuve préexiste
au procès la plupart du temps (il existe notamment des actes juridiques), tandis qu’en matière
pénale la preuve, bien que déterminante, ne peut pas être préconstituée avant même que la
procédure ne soit lancée.
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III/ Les caractéristiques de la procédure civile
A/ Le caractère impératif
On ne peut pas abandonner au plaideur le choix de la juridiction à saisir car ce serait source
d'insécurité et d'inégalité. C'est ce qui explique que la plupart des règles de procédure civile
sont d'ordre public, elles s'imposent aux parties et au juge.
Néanmoins, il y a une atténuation à apporter à ce caractère car la procédure par son essence
gère un contentieux de droit privé. De même, le service public de la justice vise la défense des
intérêts particuliers et à ce titre doit prendre en compte l'intérêt des plaideurs.
Donc n'apparaissent véritablement d'ordre public que les règles d'intérêt général.
B/ Le caractère accusatoire
Le caractère accusatoire signifie que la juridiction saisie se contente de trancher le litige en
fonction des éléments versés par les litigants et selon leurs requêtes. Dans ce cas là, ce sont les
litigants qui se chargent de diriger l’instance et le juge ne peut pas statuer au delà des
demandes des parties.
En revanche, la procédure est dite inquisitoire quand l’instance est entièrement dirigée par la
juridiction compétente.
De nos jours la procédure civile est devenue hybride. Elle est accusatoire dans certaines
phases et inquisitoire dans d’autres. Mais en pratique ce sont les parties qui dirigent
principalement l’instance et déterminent sa portée.
C/ Le caractère formaliste
Ce caractère semble aller de soi puisque la définition même de la procédure est d'accomplir
des actes sous certaines formes et dans certains délais. Ce formalisme vise à assurer au
justiciable une totale sécurité juridique et à le protéger contre des manœuvres dilatoires de
l'adversaire ou contre l'arbitraire du juge : (Par exemple, le délai qui permet au défendeur de
préparer sa défense). Ce formalisme n'est donc qu'une technique au service de principes
supérieurs, et c'est donc un gage de sécurité. Par contre, son inconvénient principal réside
dans son caractère excessif, car dans certaines hypothèses, il devient un facteur de rigidité. On
essaie de combattre ce facteur par des réformes qui visent à l’alléger.
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D/ Le caractère écrit : Article 45 du CPC
Notre système est non seulement accusatoire mais aussi obligatoire, c'est-à-dire que la
procédure civile est obligatoirement écrite. Par conséquent, tous les actes de procédure
produits par les parties, accomplis par les juridictions ou réalisés par les auxiliaires de justice
doivent faire l’objet d’un écrit.
Par dérogation à ce principe, l’oralité demeure applicable devant les TPI dans le cadre des
affaires limitativement déterminées par la loi, alors que dans les autres juridictions la
procédure doit être écrite. Le caractère écrit de la procédure engendre l’obligation pour les
justiciables d’être assistés d’un avocat.
Si le plaideur réside par exemple à l’étranger, il peut dans ce cas nommer un mandataire. Ce
dernier ne doit pas être un notaire, huissier de justice ou un représentant de la justice…
Si la demande est acceptée par le tribunal, toutes les notifications seront acceptées.
A/ Le demandeur
Le demandeur est celui qui a usé de son droit d’accès à la justice. C’est lui qui prend
l’initiative du procès et qui déclenche l’action par le dépôt d’une requête écrite ou par une
déclaration verbale faite au greffe. En principe l’action en justice est exercée par un seul
demandeur. La recevabilité de cette saisine est subordonnée à la réunion de trois conditions à
savoir : l’intérêt, la capacité et la qualité.
B/ Le défendeur
Est celui contre lequel une action est intentée. Par opposition au demandeur, le défendeur doit
réunir seulement les deux dernières conditions (capacité et qualité).
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C/ Le ministère public
L’intervention du ministère public dans les instances civiles est régie par les dispositions de la
loi. Celui-ci intervient soit comme partie principale soit comme partie jointe.
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Le CPC prévoit une seule dérogation au principe du contradictoire, à savoir celle de
l’ordonnance sur requête prévue par l’art 148 du CPC.
B/ Le principe de publicité
Le procès civil doit être public. Cela veut dire que les débats sont généralement publics à
moins que la loi n’en décide autrement.
Cette publicité s’applique à l’audience et au jugement et elle a pour corollaire la publicité des
débats et des décisions judiciaires notamment par voie de presse.
La publicité du procès civil est une garantie de bonne administration de la justice.
Toutefois dans certains cas, la loi décide que les débats auront lieu à huit clos s’il doit résulter
de la publicité une atteinte à l’intimité de la vie privée ou s’il survient des désordres de nature
à troubler la sérénité de la justice.
Au regard du principe de publicité, on peut faire la différence entre la matière contentieuse où
les décisions doivent être rendues publiquement, et la matière gracieuse où les décisions sont
toujours prononcées dans une audience non ouverte au public.
C/ le principe dispositif
Selon ce principe, la direction de l’instance est attribuée en grande partie aux justiciables.
Cela veut dire que l’objet de la matière litigieuse est librement déterminé par les parties et
notamment par le demandeur dans sa requête introductive d’instance.
Une fois l’objet du litige est déterminé par le demandeur, il s’impose aux deux parties au
procès.
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Partie I. La théorie de l’action en justice
L’action est l’acte par lequel un justiciable s’adresse à une juridiction de fond et requiert la
protection d’un droit, sa déclaration ou sa négation.
Autrement dit, l’action est le pouvoir reconnu aux sujets de droit de s’adresser à la justice
pour obtenir le respect de leurs droits ou de leurs intérêts légitimes. Elle désigne aussi le droit
pour l’adversaire de discuter le bien-fondé de la prétention émise contre lui.
En se basant sur les trois définitions précitées, peut on résumer l’action en justice dans « l’acte
qui confère le pouvoir d’agie en justice afin de faire prévaloir un droit. ».
Considérée du côté de celui qui s’adresse le premier au juge, l’action s’appelle « demande en
justice ». A contrario elle prend le nom de « défense » quand elle est envisagée du côté de
celui contre qui le demandeur agit : il s’agit du défendeur.
Le droit substantiel est le fondement de l'action qui se concrétise dans une demande en
justice.
L’action est distincte de la requête, qui désigne l’acte écrit produit par le titulaire d’une
prétention par le biais duquel la juridiction compétente est saisie.
Certes, il n’y a pas de procès sans action en justice. Or, le code de procédure civile marocain
ne réserve aucune disposition à la théorie de l’action en justice, il traite seulement les
catégories d’actions en justice. Cette théorie est donc purement doctrinale, son but est
d’examiner les particularités de l’action en justice ainsi que son régime juridique.
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L’abus dans l’action en justice
Le droit d’agir en justice ne doit pas être utilisé dans le but de nuire aux tiers. Le défendeur
Dans ce sens, l’article 5 du CPC stipule que « tout plaideur est tenu d’agir de bonne foi ».
Dans ce contexte, la révision du code de procédure civile marocain a touché le principe du
dépôt de plainte afin de renforcer le principe de bonne foi.
Ainsi d’après l’article 5 du CPC «Tout plaideur est tenu d’exercer ses droits selon les règles
de bonne foi». Cependant, la pratique a démontré que ce principe général de droit est loin
d’être scrupuleusement respecté. Le futur code instaure une amende civile de 500 à 5.000
DH qui devra être versée au Trésor public par un plaideur de mauvaise foi. Et ceci
indépendamment des dommages et intérêts accordés par une juridiction.
La théorie de l’abus du droit d’agir en justice s’applique à la malice du demandeur ou la
commission d’une erreur grossière équipollente au dol. Exemple : (c’est le cas du créancier
qui pour une créance minime saisit des immeubles très importants de son débiteur.)
Par conséquent, celui qui a subi un préjudice du fait de l’exercice abusif du droit d’agir en
justice peut intenter une action en réparation qui lui donne droit à des dommages et intérêts.
Chapitre I : Conditions de recevabilité de l’action
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Chapitre 1. Conditions de recevabilité de l’action en
justice
§1/ L’intérêt
L'action en justice est ouverte à ceux qui ont un intérêt légitime au succès ou au rejet d'une
prétention, sous réserve des cas dans lesquels la loi attribue le droit d'agir aux seules
personnes qu'elle qualifie pour élever ou combattre une prétention ou pour défendre un intérêt
déterminé.
Cette condition s'exprime sous l'adage «Pas d'intérêt, pas d'action ».
La notion d'intérêt est indécise, mais l'on considère traditionnellement que l’intérêt d’agir en
justice doit présenter un certain nombre de caractères :
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A/ L’intérêt doit être légitime et juridique
L’intérêt doit être légitime : le titulaire de l’action doit justifier d’un droit reconnu par la loi
dont il a été lésé. Ainsi la concubine ne peut réclamer la réparation du préjudice à la suite du
décès du concubin, car le concubinage est, au Maroc, une situation de fait non reconnue par la
loi.
Il est nécessaire que la partie qui agit en justice fasse état également d’un intérêt protégé. Cet
intérêt juridique peut être pécuniaire (réclamer le paiement d’une créance) ou moral (si la
personne demande la réparation d’un préjudice qu’il éprouve suite à une atteinte à sa
réputation ou aux mœurs).
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tribunal à titre préventif s’il n’existe pas un préjudice réel et avéré, car le rôle du juge est de
trancher les litiges déjà nés. L’exigence d’un intérêt né est d’éviter que les guerres préventives
ne viennent à engorger les tribunaux : une certaine moralisation rejoint la régulation des faits
judiciaires et le manque de magistrats sur le terrain de la pratique.
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- Le représentant doit justifier de son pouvoir par acte authentique ou sous seing privé dûment
légalisé, soit par la déclaration verbale de la partie comparaissant avec lui devant le juge. A
noter que le mandat doit être spécial à telle affaire déterminée.
- La procuration doit être écrite, le nom du mandant devant figurer à côté de celui du
mandataire. Cette obligation s’impose en vertu de la règle, nul ne plaide par procureur.
§3 La capacité
Pour être recevable, l’action en justice doit être exercée par une personne ayant la capacité
d’agir en justice. On distingue deux types de capacités :
*La capacité de jouissance qui est le droit d’agir en justice : en principe toute personne
physique ou morale a ce droit.
*La capacité d’exercice qui correspond à l’exercice du droit d’agir en justice, de sorte que les
personnes qui sont frappées d’incapacité ne peuvent agir que par l’intermédiaire de leur
représentant légal.
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Chapitre 2. Classification des actions en justice
La classification des actions en justice est liée au droit litigieux car le régime juridique de
l’action dépend de ce droit, c’est pourquoi l’action donne lieu à des classifications des droits
subjectifs, des droits réels et personnels, des droits mobiliers et immobiliers.
Ainsi, la classification des actions en justice est faite selon la nature du droit litigieux ainsi
que selon l’objet de ce droit.
A/ L’action réelle protège un droit réel, elle peut être exercée par tous ceux qui prétendent
détenir un droit sur une chose contre tous ceux qui contestent la réalité de ce droit. Cette
pluralité de parties est liée à l’opposabilité absolue du droit réel. Le détenteur du droit réel
peut exiger de tout le monde le respect de ses prérogatives sur la chose détenue.
C’est le cas de l’action en revendication sanctionnant le droit de propriété et grâce à laquelle
on réclame la restitution d’un bien à titre de propriétaire. Le droit de propriété est le droit le
droit le plus absolu que l’on puisse avoir sur une chose.
L’action réelle peut être exercée contre tout détenteur du droit réel. Ainsi le créancier
hypothécaire par exemple s’il n’est pas payé, pourra exercer son droit de suite à l’encontre de
toute personne détentrice de l’immeuble.
B/L’action personnelle est destinée à protéger un droit de créance dit aussi personnel.
C’est le cas du créancier qui réclame le paiement d’une somme due par son débiteur.
Cette action ne peut être exercée que par le créancier ou ses ayants cause contre le débiteur ou
ses ayants cause.
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C/ L’actions mixte ou intermédiaire quant à elle met en présence un droit réel et un droit
personnel ; on peut la ranger dans deux catégories :
-Les actions tendant à obtenir l’exécution d’un acte qui a transféré ou créé un droit réel
immobilier en même temps qu’il a fait naître un droit de créance. C’est l’exemple d’une
personne qui achète un immeuble et agit en délivrance de cet immeuble ; cette action est
mixte car d’une part le vendeur doit livrer la chose à l’acheteur qui est donc créancier de la
livraison et à ce titre l’action est personnelle. D’autre part, l’acheteur devenant propriétaire
dès le jour ou l’inscription de l’acte de vente à la conservation foncière et à ce titre, cette
action est réelle.
-Les actions qui tendent à l’annulation, la résolution ou la révocation d’un acte translatif de
propriété. Il s’agit d’actes qui tendent à la destruction d’un contrat. C’est le cas du vendeur
qui va demander la résolution de la vente d’un immeuble. Son action est mixte car elle tend à
obtenir la résolution du contrat d’où son caractère personnel et à lui redonner la propriété de
l’immeuble d’où son caractère réel.
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A/ L’action mobilière est celle qui tend à sanctionner un droit de créance. C’est exemple
de l'obligation d'accomplir des travaux sur un immeuble qui fait l’objet d’une action
mobilière. D’ailleurs toutes les obligations de faire ou de ne pas faire sur un immeuble sont
mobilières.
La catégorie des actions mobilières est une catégorie ouverte, car la catégorie des meubles est
elle-même une catégorie ouverte. Ce qui signifie que tout ce qui n’est pas immeuble est réputé
meuble. En conséquence, toutes les actions qui ont pour objet un bien qui n’est pas qualifié
d’immeuble sont des actions mobilières.
Les actions mobilières relèvent du tribunal du lieu de la demeure du défendeur.
B/ L’action immobilière est celle qui a directement pour objet un immeuble. Ainsi par
exemple l'action en rescision d'une vente d'immeuble pour lésion est nécessairement
immobilière.
En ce qui concerne la compétence territoriale, les actions immobilières sont jugées par le
tribunal du lieu de situation de l'immeuble.
A/ L’action pétitoire
Est celle qui tend à la sanction du droit réel, c'est-à-dire du droit de propriété et ses
démembrements (l’usufruit ou la servitude). Elle tend à faire juger le fond du droit.
Par exemple : l’action qui invoque le droit de propriété sur un immeuble.
Le but de l’action pétitoire est de mettre en cause le fond du droit litigieux ; le juge doit
déterminer dans chaque cas si le droit réel invoqué par cette action existe et qui en est le
titulaire.
B/ L’action possessoire
Tend à protéger non pas la propriété, mais la possession ou la détention du droit réel
d’immobilier. Exemple : la dénonciation de nouvelles œuvres qui est une action préventive
destinée à faire cesser les travaux effectués par un voisin dont l’achèvement provoquerait un
trouble grave. Cette action est introduite s’il ya une crainte d’un trouble éventuel.
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Le juge saisi au possessoire ne doit s'occuper que de la question de la possession. Cette règle a
aussi des conséquences sur les parties puisque le demandeur qui agit au pétitoire n'est plus
recevable à agir au possessoire parce qu'implicitement on va considérer qu'il a renoncé à
invoquer sa possession.
Les actions possessoires sont au nombre de trois :
-La complainte : elle est donnée à tout possesseur actuel d’immeuble dont la possession est
troublée par autrui.
-La dénonciation d’une nouvelle œuvre est une action liée à un trouble éventuel et futur.
Exemple : une personne qui va construire un mur devant votre fenêtre vous priverait des
rayons du soleil et de l’air.
-La réintégrande : c’est une action donnée à une victime d’une voie de fait accompagnée ou
non d’une violence. Elle sanctionne la dépossession brutale et réprime une atteinte à l’ordre
public.
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Partie II. Le déroulement de la procédure
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Par ailleurs, dans les tribunaux de commerce, le caractère essentiellement écrit de la
procédure risque de l’aligner sur celle suivie devant les TPI, et par conséquent ne pas éviter la
lenteur de la procédure judiciaire ordinaire.
B/ La déclaration orale
Le demandeur en justice a la possibilité de saisir le TPI par voie de déclaration (art. 31 CPC).
Dans ce cas, le demandeur comparait en personne devant l’un des agents assermentés du
greffe pour faire sa déclaration. Un procès-verbal porte la signature du déclarant.
Un mémoire supplétif est nécessaire après la déclaration, à produire au début de l’instruction
du procès.
Le juge est saisi dès le dépôt de la requête ou l’établissement du procès verbal de la
déclaration.
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En matière gracieuse, lorsqu’il n’y a pas de litige (ex : changement de prénom), pas
d’adversaire : la demande initiale est formée par une requête remise au secrétariat de la
juridiction. Il y a le cas du tribunal d’instance, devant lequel la demande initiale peut prendre
la forme d’une déclaration verbale.
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reconventionnelle en DI à raison du préjudice qu’il subit du fait de la demande principale (ex :
diffamation).
Les demandes reconventionnelles permettent de gagner du temps et de l’argent en faisant
trancher deux procès à la fois et en faisant l’économie d’une autre procédure. Toutefois ces
demandes peuvent constituer un frein et ralentir le cours de la justice, car d’une part le
jugement de la demande principale va être retardé par l’examen de la demande
reconventionnelle, et d’autre part il est à craindre que ces demandes ne soient utilisées à titre
dilatoire pour retarder la solution du litige.
a/ L’intervention volontaire
C’est une demande incidente émanent du tiers : un tiers se joint au procès auquel il n’est pas
partie pour faire valoir ses droits qui peuvent être compromis par le jugement à intervenir
entre les plaideurs primitifs.
b/ L’intervention forcée
C’est une demande incidente formée contre un tiers : l’une des parties au procès appelle à
l’instance un tiers pour que le jugement rendu lui soit opposable. Par exemple l’une des
parties (le vendeur) appelle au procès un tiers (le fabricant) pour le forcer à l’indemniser des
condamnations qui seront prononcées contre lui par décision judiciaire rendue au profit de
l’acheteur.
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Le juge va devoir répondre à tous les points soulevés et tout ce qui a été demandé par les
parties mais à cela seulement. Tout ce qui a été demandé et rien que ce qui a été demandé.
En effet, le juge n’a pas à modifier d’office ni l’objet, ni la cause de la demande.
Par ailleurs, pour apprécier la demande, le juge doit donc se placer au moment où la demande
est introduite, il n’a pas à tenir compte de ce qui a pu modifier les droits des parties ; par
exemple : les lois nouvelles.
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qu’exceptionnellement le demandeur ne requière du président de cette juridiction
l’autorisation d’ester lui-même en justice.
Le recours à un avocat va de pair avec la procédure écrite.
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A/ L’exception d’incompétence par laquelle une partie prétend que la juridiction saisie
est incompétente.
B/ L’exception de litispendance suppose que le même litige entre les mêmes parties se
trouve soumis à deux juridictions distinctes,
C/ L’exception de connexité lorsqu’il existe entre deux litiges portant devant deux
juridictions différentes un lien étroit tel que la solution du premier litige pourra influer
directement sur celle du second.
D/ L’exception dilatoire par laquelle il est demandé au juge de suspendre l’instance ;
exemple : une caution qui se prévaut du bénéfice de discussion pourra sur la base de celui-ci
exiger du créancier qu’il exerce d’abord ses poursuites contre le débiteur.
E/ L’exception de nullité par laquelle une partie invoque la nullité de procédure pour
non respect des délais, mentions insuffisantes sur la requête...etc.
En conclusion, par le biais des exceptions, le défendeur met un obstacle temporaire à
l’examen du fond de la demande ce qui explique que les exceptions doivent être
nécessairement invoquées in limine litis càd au seuil de l’instance avant tout débat au fond.
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Chapitre 2. Les mesures d’instruction
L’instruction du procès civil se déroule généralement selon une procédure écrite. D’après
l’article 45 du CPC ce sont les dispositions mises en œuvre devant la cour d’appel qui sont
applicables devant les tribunaux de première instance.
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§3/ Les conditions de validité des mesures d’instruction
Les mesures d’instruction doivent respecter les dispositions légales et doivent être d’une
certaine utilité pour le procès civil.
A/ Conditions de légalité
Les mesures d’instruction doivent avoir lieu dans le respect de la loi et leur portée doit être en
conformité avec les dispositions légales. Ces mesures ne doivent en aucun cas avoir pour effet
de porter atteinte au secret professionnel, à la vie privée, à l’inviolabilité du domicile…etc.
B/ Conditions de l’utilité
L’exigence du caractère utile des mesures d’instruction vise à atteindre deux objectifs :
l’utilité permet de minimiser le coup du procès d’une part, et constitue une garantie à la
célérité de la justice d’autre part.
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Les parties au litige doivent être appelées conformément aux dispositions de l’article 36 et
suivants du CPC, en vue d’assister à leur déroulement. Toute mesure réalisée en violation du
principe contradictoire risque l’annulation.
§ 1/ L’Expertise
L’expertise est une mesure d’instruction dans laquelle il est fait appel à un homme de l’art. Sa
réalisation permet à la juridiction saisie de disposer de l’avis d’un spécialiste sur une question
à caractère technique dont dépend la solution du litige (et pas des questions juridique
tranchées par les magistrats).
L’expert est désigné par le juge rapporteur ou par la juridiction du jugement statuant en
audience ou en chambre du conseil. Cette désignation est effectuer d’office ou à la demande
de l’une des parties. L’expert doit être inscrit au tableau des experts judiciaires comme il doit
prêter serment(en cas de peine de nullité).
Lé délai de déposition du rapport de l’expert est fixé par le juge chargé de l’affaire ou par le
juge rapporteur. L’expert doit se limiter à donner des réponses aux questions techniques qui
lui ont été posées par le magistrat chargé de l’instruction.
Le rapport de l’expertise peut être soit écrit soit oral. Le rapport écrit doit être déposé dans le
délai fixé par le juge rapporteur au greffe de la juridiction compétente. En fait, le rapport ne
s’impose pas à la juridiction qui a ordonné cette mesure.
L’expertise doit être réalisée contradictoirement. Les parties ont le droit d’assister à son
déroulement. L’expert dans ce cas la, doit procéder à la convocation des partie et de leurs
conseils.
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La décision ordonnant cette mesure doit à peine de nullité déterminer le jour, l’heure et le lieu
où elle sera effectuée. Cette décision doit dument notifiée aux parties qui ont le droit
d’assister à son déroulement.
Le juge de l’instruction peut, le cas échéant, procéder à la désignation d’un expert qui aura
rôle de l’assister lors de l’accomplissement de cette mesure. En fait, le juge rapporteur et le
juge chargé de l’affaire dispose de tous les pouvoirs d’investigations (ex : entendre toutes
personnes se trouvant sur les lieux).
Après la clôture de cette mesure, un procès verbal (PV) relatant son déroulement, doit être
dressé par le secrétaire greffier, et une copie mise à la disposition des parties.
§3/ L’Enquête
L’enquête est une mesure d’instruction qui permet au juge d’entendre les témoins et les
parties du litige. Cette mesure peut ordonnée soit d’office soit à la demande de l’une des
parties.
Le témoignage peut être défini comme étant le fait pour un tiers au litige d’informer le juge,
après avoir prêté serment, des éléments dont il a eu connaissance. Cette mesure peut être
ordonnée pour permettre aux juridictions de fond de vérifier la réalisation d’un fait déterminé.
La présence des témoins convoqués est obligatoire. La défaillance est sanctionnée 50DH pour
la 1ère fois et 100 DH pour la 2ème fois.
Pour les délais de la présence des témoins ; 5 jours pour les personnes qui résident dans le
ressort de tribunal, et ceux qui résident dans un autre lieu doivent bénéficier d’un délai de 15
jours.
La décision rendue doit être notifiée aux parties, selon les dispositions des articles 37 - 38 - 39
du CPC.
Au cours de l’audience le juge essayera de chercher à résoudre le conflit, par le fait
d’entendues séparément les témoins, après avoir prêté serment et après avoir précisé leur
identité. Cette règle permet d’éviter que l’un d’entre eux soit influencé par le témoignage d’un
autre.
Les parties peuvent adresser des reproches à un ou plusieurs témoins même après la
déposition, par le fait de demander au juge d’apporter d’autres témoins qui a un lien par
exemple de l’un des parties. En fait, les reproches doivent être présentés avant la déposition.
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§4 / Les mesures relatives à la preuve écrite
Les justiciables peuvent prouver la véracité de leurs prétentions en produisant des actes écrits
qui peuvent être soit authentiques soit sous seing privé. --Les actes authentiques sont ceux
établis par les soins d’un notaire. --Les actes sous seing privé sont ceux établis par les soins
des intéressés ou par toute personne autre qu’un notaire.
La vérification d’écriture et le faux incident ne constituent pas réellement des mesures
d’instruction, mais ce sont des moyens de défense qui peuvent être évoqué par la partie contre
laquelle un acte écrit est produit.
A/ La vérification d’écriture
Cette mesure permet d’examiner la sincérité d’un acte sous seing privé qui a été déniée par la
partie contre laquelle il a été produit. La vérification peut porter soit sur le contenu de l’acte
soit sur la signature apposée sur lui. Cette mesure ne peut être ordonnée que si elle est
nécessaire à la solution du litige.
La vérification d’écriture est faite soit par titres (comparaison) soit par témoins soit par expert.
La première méthode consiste en la comparaison des écritures et des signatures figurant sur
l’acte concerné. La seconde méthode consiste en l’audition de témoins qui ont assisté à la
signature de l’acte. La 3ème méthode est celle dans laquelle il est fait recours à un expert.
La peine peut aller à 5ans d’emprisonnement comme elle peut aggravée s’il y a des
circonstances aggravantes. Si la sincérité de l’acte est prouvée, la partie qui l’a dénié peut être
condamnée à une amende civile de 100 à 300 DH ainsi qu’aux dépens.
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Enfin, la ou les déclarations est faux, l’action est transférer immédiatement au procureur du
Roi, le juge civil dans ce cas la ne peut plus statuer dans cette action, et il faut que l’action
déjà engager devant le tribunal pour que le juge pénal statuer sur cette action.
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- L’acquiescement – Désistement – Demande Désistement Partielle et Totale – Demande
Initiale ou principale –Demande Reconventionnelle – Demande Additionnelle –Reprise
d’instance – Délaissement.
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§1/ Le désistement
Il se produit quand le demandeur renonce à l’instance actuellement engagé sans renoncer pour
autant à sa prétention ; il y a intérêt par exemple si l’instance a été engagée devant un tribunal
incompétent. En d’autres termes, le désistement d’instance n’entraîne pas la renonciation de la
partie au fond du droit. A côté de ce premier type de désistement appelé désistement d’un
acte, on distingue le désistement d’action qui est bien plus grave puisque le demandeur dans
ce cas d’espèce renonce non pas à l’instance mais à l’action elle-même donc au droit agir lui-
même.
§2/ L’acquiescement
C’est le fait de la part d’un plaideur (le défendeur) de se soumettre aux prétentions de l’autre,
on distingue deux sortes d’acquiescement :
- L’acquiescement à la demande : le défendeur se soumet alors à toutes les prétentions du
demandeur.
- L’acquiescement au jugement : qui emporte renonciation aux voies de recours et soumission
à tous les chefs du jugement.
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