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Conclusion au Pentateuque
Nous aurons
Thèmes
Auteur : Anonyme Dieu
à examiner Type : Enseignement Religions et Croyances
deux
Thème : Commentaires Bible
questions, La foi c'est quoi ?
Annotée Neuchâtel
celle de La Bible
Source : Theotex
l'origine de Rencontrer Dieu
Publié sur Lueur le 01/08/2011
ce livre, la Partager La famille
question L'Amour
littéraire, et Méditations quotidiennes
celle de la Poèmes variés
vérité de son
Questions de Société
contenu, la
Santé & Psychologie
question
Non classés
historique.
Vie Chrétienne
Malgré la
relation
étroite qui
unit ces deux
questions,
elles doivent
être étudiées
indépendamment l'une de l'autre. Car lors même qu'un
récit ne nous parviendrait que par un document rédigé à
une époque très postérieure au moment où le fait s'est
passé, ce récit pourrait être digne de foi, comme en
retour une narration contemporaine des événements
peut les retracer sous une forme involontairement ou
volontairement altérée.
I - L'origine du Pentateuque.
1. L'opinion régnante dans le peuple juif sur la
composition des cinq livres dont se compose le
Pentateuque, était qu'ils avaient été rédigés par Moïse lui-
même, et que, détruits au moment de la ruine de
Jérusalem par Nébucadnetsar, ils avaient été recomposés
par le scribe Esdras après le retour de la captivité. La
composition de cet ouvrage par Moïse est supposée dans
le Nouveau Testament d'après la tradition juive et semble
être expressément affirmée par Jésus lui-même (Jean
5.46-47). Cette opinion est restée régnante dans l'Eglise
jusqu'au siècle passé.
2. Elle a été dès lors sérieusement ébranlée par le travail
approfondi dont ces cinq livres ont été l'objet, et dont
nous avons donné un résumé dans l'Introduction. Après la
découverte, aujourd'hui à peu près incontestée, d'une
pluralité de documents qui sont entrés dans la
composition de ce grand ouvrage, il n'est plus possible
d'admettre qu'il soit sorti d'un jet de la plume d'un seul et
même auteur.
3. Sans doute, comme l'art de l'écriture était connu et
pratiqué en Egypte et en Babylonie longtemps avant
l'époque de Moïse, ainsi que le prouvent les monuments,
on pourrait à la rigueur supposer que c'est Moïse lui-
même qui, se servant de documents antérieurs, a rédigé
les antiques traditions nationales. Mais comme les traces
de l'existence de ces différents documents continuent à
se rencontrer dans les livres qui renferment l'histoire
contemporaine de Moïse (Exode, Nombres) et se
retrouvent même dans le livre de Josué qui retrace les
faits postérieurs à sa mort, nous sommes contraints de
placer la rédaction de ces documents, à plus forte raison
leur réunion en une narration commune et définitive,
après la conquête de Canaan, et par conséquent après la
mort de Moïse.
4. Toutefois il ne résulte point de là que la tradition juive
sur la composition mosaïque du Pentateuque soit dénuée
de toute vérité. En effet, les mêmes investigations qui ont
amené à découvrir dans le Pentateuque l'existence d'une
pluralité de documents, ont constaté aussi que ces
documents eux-mêmes avaient été composés au moyen
de matériaux plus anciens. Et la question est de savoir si
ces matériaux primitifs ne provenaient pas du temps de
Moïse lui-même et n'avaient pas été rédigés par lui ou
sous ses yeux.
5. La question ainsi posée nous paraît résolue par les
observations nombreuses que nous avons faites au cours
de l'explication. Nous avons trouvé dans un morceau tiré
de ce grand écrit élohiste qui porte aussi le nom de
document sacerdotal, un catalogue des campements du
désert, Nombres chapitre 33, ainsi intitulé : « Ce sont ici
les campements des fils d'Israël...mis par écrit par
Moïse. » Ce morceau était donc, dans la conviction de
l'auteur de ce document, un fragment émanant de Moïse
lui-même. Il existait ainsi un registre tenu au désert dans
lequel étaient inscrits au fur et à mesure les noms des
lieux de campement. -- Nous avons rencontré, Exode
17.14, une sentence de destruction prononcée par
l'Eternel contre les Amalékites, avec l'ordre donné à
Moïse de la consigner par écrit pour être conservée
jusqu'au moment où Israël serait en demeure de
l'exécuter. Il existait donc un livre où étaient recueillis
des documents de ce genre. -- Ce livre était-il peut-être
celui qui est désigné, Nombres 21.14, comme le Livre des
batailles de l'Eternel ? En tout cas un livre existait sous ce
titre, destiné à conserver, paraît-il, des chants populaires
dans lesquels étaient célébrés certains événements du
voyage et de la conquête, tels que le passage de l'Arnon
pour entrer dans les pays de Moab et des Amorrhéens, ou
la découverte d'un puits à Béer, ou bien aussi la conquête
sur les Amorrhéens de la ville et du royaume de Hesbon
que ce peuple Cananéen avait jadis enlevés à Moab
(Nombres 21.27-30). Ce recueil poétique commencé au
temps de Moïse est-il le même que celui qui est cité plus
tard sous le titre de Livre du Juste et qui fut continué
jusqu'au temps de David (Josué 10.13 ; 2 Samuel 1.17) ?
Mais le genre d'écrits le plus important qui soit
expressément attribué à Moïse, ce sont des documents
législatifs, tels que le Décalogue (Exode chapitre 20) et le
Livre de l'alliance (Exode chapitres 21 à 23). Le premier de
ces documents est vraisemblablement tiré de la narration
de l'écrit que nous continuerons à appeler du nom qui lui
fut donné dans les temps qui suivirent sa constatation,
celui de second Elohiste. Le Décalogue est le fond premier
de toute la législation Israélite. Le premier
développement subséquent qui en a été donné est le
Livre de l'alliance renfermé dans les chapitres suivants de
l'Exode et qui est probablement emprunté à l'écrit
jéhoviste. Il est dit, Exode 24.3 et suivants : « Moïse récita
au peuple toutes les paroles de l'Eternel...et il les écrivit....
puis il prit le livre de l'alliance et le lut, et le peuple dit :
Nous ferons tout ce que l'Eternel a dit. » Outre ces deux
grands actes législatifs attribués le premier à la main de
Dieu lui-même, le second à celle de Moïse, nous
rencontrons dans les quatre premiers livres du
Pentateuque trois principaux groupes de lois que la
narration du grand ouvrage élohiste attribue à Moïse non
comme rédacteur, mais comme auteur, Exode chapitres
25 à 40 ; Lévitique chapitres 1 à 26 ; Nombres 1.1 à 10.10.
Nous avons trouvé en outre dans le Pentateuque un grand
nombre de récits qui nous ont paru porter en eux-mêmes
les traces d'une rédaction contemporaine des faits, ainsi
celui de la mort tragique de Nadab et Abihu, fils d'Aaron
(Lévitique 10.1-5), celui de la condamnation du
blasphémateur, fils d'un homme égyptien (Lévitique
24.10-16), celui des murmures d'Aaron et Marie contre
Moïse (Nombres chapitre 12). Dans un certain nombre de
passages de l'Exode, du Lévitique et des Nombres se
trouvent fréquemment les expressions suivantes : dans le
camp et hors du camp ; Aaron et ses fils, au lieu de « les
sacrificateurs, » Si ces locutions ne sont pas l'indice
naturel du temps où le peuple vivait au désert et où Aaron
et ses fils remplissaient encore eux-mêmes les fonctions
sacerdotales, elles sont dues à l'artifice d'un auteur
postérieur, qui se serait servi de ces formes de langage
dans le but de tromper le lecteur sur la véritable origine
des ordonnances ou des récits où se rencontrent ces
expressions ! Il est encore un certain nombre de passages
dont le contenu est tel qu'il ne saurait avoir été transmis
par la tradition, et qui, par conséquent, s'ils ne procèdent
pas de sources écrites contemporaines des faits, ne
sauraient être autre chose que des compositions factices,
des pastiches dénués de toute sincérité et de tout
sérieux ; ce sont les chiffres des deux dénombrements du
peuple (Nombres chapitres 1 et 26), ceux des comptes de
la construction du sanctuaire (Exode 38.21 et suivants),
l'énumération détaillée des dons volontaires des princes
des tribus (Nombres chapitre 7). Il est difficile également
d'admettre que les prescriptions si détaillées et si
minutieuses sur les sacrifices sanglants et non sanglants
se soient conservées uniquement par une transmission
orale, et si, comme nous nous en convaincrons, elles font
partie de la législation primitive, nous devons admettre
qu'elles ont été rédigées immédiatement en une sorte de
code particulier, propre à servir de manuel pour les
sacrificateurs et les Lévites ; c'est le morceau Lévitique
chapitres 1 à 7 (lors même qu'il n'est pas complètement
homogène).
6. On a parfois nié l'emploi de l'écriture en Israël au temps
de Moïse ; mais il est difficile de supposer qu'un peuple
aussi intelligent et apte à l'assimilation qu'a toujours été le
peuple juif, eût pu demeurer durant des siècles en Egypte,
où l'écriture était déjà d'un usage courant et où des
ouvrages considérables étaient en circulation, sans
s'approprier un art aussi utile et indispensable. On a
découvert récemment dans une localité égyptienne
nommée Tel-el-Armana des tablettes cunéiformes
renfermant une correspondance très active
qu'entretenaient avec le gouvernement égyptien ses
représentants officiels dans les États palestiniens, syriens
et babyloniens. Ces tablettes datent du XV°siècle avant
notre ère, c'est-à-dire de l'époque la plus reculée qu'on
puisse assigner à la sortie d'Egypte. C'est aussi à ce temps
qu'appartient la composition du grand poème de
Pentaour, écrit à l'honneur de Ramsès II, le père du roi
sous lequel eut lieu la sortie d'Egypte. Nous possédons
encore in extenso le long traité d'alliance conclu entre ce
même souverain et un roi héthien. Nous avons donc toute
raison de penser que les trois récits principaux qui sont
entrés dans la composition du Pentateuque, ont été
rédigés sur documents plus anciens, remontant même
jusqu'à Moïse. Ce qui tend à le confirmer, c'est que les
livres ainsi composés se distinguent par certaines
particularités de langage qui ne se retrouvent dans aucun
livre subséquent, même dans celui de Josué ; ce fait
s'explique de la manière la plus naturelle par l'antiquité
des matériaux primitifs. Il cesse déjà dans le livre de Josué
lors même que la distinction entre les mêmes documents
peut encore y constatée. Et la raison en est sans doute
que les matériaux qui ont servi à composer les documents
relatifs à l'histoire de Josué étaient déjà d'une époque un
peu plus tardive.
L'existence et l'emploi de ces antiques matériaux
mosaïques est donc l'élément vrai dans la tradition de la
Synagogue sur l'origine du Pentateuque, tradition qu'a
simplement suivie Jésus, quand il a parlé, comme il l'a fait
Jean 5.47, des écrits de Moïse.
7. Nous devons compléter ici ce que nous avons dit dans
l'Introduction du Pentateuque sur les documents qui ont
servi à le composer. Nous ne revenons pas ici sur le
Deutéronome qui a une position particulière et dont nous
avons traité à part. Nous avons parlé en outre de deux
documents principaux : le grand ouvrage élohiste ou écrit
sacerdotal et l'écrit jéhoviste. Déjà dans l'Introduction,
nous avons brièvement signalé le fait que dans ce dernier
écrit se rencontrent fréquemment les traces d'un autre
ouvrage qui y a été inséré fragments et auquel nous
conservons ici le nom de second Elohiste. Tandis que le
Jéhoviste introduit dans l'histoire le nom de Jéhova dès
les temps suivirent la création et l'emploie durant tout le
temps de la période patriarcale, et que le grand écrit
élohiste ne s'en sert qu'après l'avoir introduit ; la
révélation de Dieu à Moïse, au Sinaï, le second Elohiste
continue à appeler Dieu du nom d'Elohim même après
cette scène. Nous avons ainsi en réalité pour les quatre
premiers livres du Pentateuque, trois documents
principaux ; dont deux étaient probablement réunis
quand le rédacteur définitif du Pentateuque s'en est servi
pour composer cet ouvrage. Comment s'expliquer leur
origine et quelle date leur assigner ?
Le document sacerdotal émane, sans doute, d'un
personnage considérable de la classe des sacrificateurs,
qui l'a composé en grande partie au moyen des matériaux
mosaïques nombreux que nous y avons constatés, puis
d'autres encore, tels que les généalogies de la Genèse, ou
le chapitre 36 sur les tribus Edomites et leurs chefs. Il a
relié ces divers matériaux avec de nombreuses traditions
orales fortement formulées comme elles le sont en
Orient. Nous ne croyons pas possible de nous prononcer
sur l'époque de sa composition qui d'ailleurs a eu peut-
être un caractère plus ou moins graduel. Quand, pour en
fixer la date, on cite Genèse 17.6, où Dieu annonce à
Abraham que « des rois sortiront de lui, » d'où l'on
conclut que l'établissement de la royauté a précédé la
composition, c'est tout simplement nier soit la prescience
divine, soit la révélation prophétique ; il en est de même
lorsqu'on part de Lévitique 26 où le peuple est menacé de
captivité, pour prouver la composition de ce chapitre
après l'exil. L'école critique la plus moderne affirme avec
assurance la composition du document sacerdotal durant
la captivité ou après le retour. Mais nous demandons quel
sens aurait eu à cette époque l'ordonnance relative à
l'institution des six villes de refuge, trois en deçà, trois
au-delà du Jourdain, tandis que le petit peuple revenu de
l'exil ne possédait que Jérusalem et ses plus proches
alentours. Et que signifierait également en de pareilles
circonstances l'institution des 48 villes lévitiques à
répartir dans toute la Palestine? Quel but pourraient avoir
les prescriptions détaillées et minutieuses relatives à la
distribution entre les Lévites du travail du transport de
l'arche et du Tabernacle à travers le désert, quand il n'y
avait plus d'arche et que le temple avait dès longtemps
remplacé le Tabernacle? On était fort occupé au retour
de l'exil de l'expulsion des femmes étrangères ; aurait-on
raconté à ce moment-là l'union d'Abraham avec Hagar
l'Egyptienne et la bénédiction d'lsmaël, fruit de cette
union ? On prohibait avec soin les mariages entre parents
rapprochés ; aurait-on signalé expressément le fait du
mariage entre Amram, père de Moïse, et sa tante? (Exode
6.20, comparez avec Lévitique 18.12-13, à moins qu'on ne
donne au mot hébreu de l'Exode un sens inusité ; voir
note). Nous ne finirions pas si nous voulions mentionner
tous les détails qui contredisent la supposition de
l'invention de l'écrit sacerdotal à une époque aussi
tardive.
Quant aux deux autres documents dont le contenu est
plus narratif que législatif, leur rédaction nous paraît être
émanée du sein des écoles prophétiques qui depuis le
ministère de Samuel eurent la mission d'alimenter la vie
religieuse du peuple en lui rappelant ses origines et le
développement de son histoire. Nous devons conclure de
la parole adressée à la femme sunamite par son mari (2
Rois 4.23), qu'il y avait dans les jours de sabbat et de
nouvelle lune des réunions populaires tenues par ces
hommes de Dieu et par lesquelles ils réveillaient dans le
peuple l'esprit théocratique en l'entretenant des oeuvres
divines en faveur d'Israël. C'est à cette étude qu'étaient
occupés, comme on l'a dit, « les loisirs des séminaires
prophétiques. » On peut se convaincre, par les écrits des
prophètes eux-mêmes, de l'intérêt que ces prédicateurs
populaires attachaient aux récits antiques et du degré de
connaissance de ces récits qu'ils supposaient chez leurs
auditeurs. Citons seulement Osée pour le royaume du
Nord et Esaïe pour celui du Sud. Le premier rappelle
fréquemment la sortie d'Egypte ; comparez 2.17 ; 11.1 (« J'ai
appelé mon fils hors d'Egypte ») et 12.14 (« ...par le moyen
du prophète ») ; l'alliance conclue entre Dieu et le peuple
(8.1) ; le crime de Guibéa et la punition de Benjamin (9.9 et
10.9 ; comparez Juges 19) ; le séjour au désert (9.10 et
13.5) ; le caractère rusé de Jacob, sa lutte avec l'ange de
l'Eternel, l'apparition à Béthel (12.4-5) ; sa fuite en
Mésopotamie et son travail servile pour obtenir Rachel
(12.13) ; le péché et le châtiment de Beth-Péor (13.1 ;
comparez Nombres chapitre 25). Quant à Esaïe, comparez
les allusions à la corruption et à la ruine de Sodome et
Gomorrhe (1.10 ; 3.9 ; 13.19), à la sortie d'Egypte (11.16), au
séjour du désert, spécialement à la colonne de nuée (4.5) :
à la défaite de Madian par Gédéon (9.3 ; comparez Juges
chapitres 7) ; aux pères du peuple, Abraham et Jacob
(29.22 ; 63.16, etc). On pourrait en quelque sorte
reconstituer au moyen de ces citations ou allusions dans
les livres prophétiques une histoire israélite entière. Il est
donc bien probable que les écoles des prophètes furent
les foyers dans lesquels se conservèrent et se
concentrèrent et les rédactions antiques et les traditions
des temps primitifs, et que c'est là qu'elles ont été
consignées de manière à en former les premières
histoires suivies. C'est ainsi que dans les couvents du
moyen-âge se rédigeait le récit des événements
antérieurs ou contemporains. Ce n'est peut-être pas se
hasarder trop que d'attribuer, comme le font plusieurs, la
rédaction du second Elohiste aux écoles prophétiques du
royaume d'Ephraïm, et celle du Jéhoviste aux cercles
prophétiques du royaume de Juda. Nous comprenons
ainsi la nature un peu différente des deux traditions,
concordantes au fond. Et comme les écoles prophétiques
ont été fondées par Samuel, l'on doit, si cette supposition
est fondée, placer ces deux recueils d'antiques matériaux,
oraux ou écrits, aux premiers temps de l'époque des Rois.
Quant à la rédaction définitive de notre Pentateuque, il
est raconté, Néhémie chapitre 8, que, peu après le retour
de l'exil, en l'an 144 avant notre ère, Néhémie fit lire au
peuple, à la fête des Tabernacles, la loi de l'Eternel. Cet
acte fut accompli par Esdras et treize assistants d'entre
les Lévites. Cette lecture dura huit jours. Le livre qui fut
ainsi lu publiquement et en quelque sorte canonisé, était-
il uniquement l'écrit sacerdotal, ou bien le Pentateuque
tout entier, y compris le Deutéronome ? Il nous paraît que
cette seconde réponse est la plus vraisemblable. Ce serait
là dans ce cas la première fois que nous verrions figurer
dans l'histoire le Pentateuque, et ce serait par conséquent
le terme au-delà duquel on ne pourrait descendre pour
en fixer la rédaction finale.
II - La vérité du contenu.
Pour se faire, une juste idée du mosaïsme et l'apprécier à
son exacte valeur, il faut le mettre en relation avec
l'émigration d'Abraham, d'une part, et, de l'autre, avec le
travail des prophètes et le terme de toute cette histoire,
l'apparition de Jésus.
L'émigration d'Abraham a séparé sa famille de toutes les
autres branches de sa tribu et a commencé à lui donner le
caractère spécial qu'elle a revêtu. L'oeuvre de Moïse a
consisté à imprimer à cette famille, devenue un peuple, le
sceau de la sainteté (comparativement aux autres
peuples) qui est résulté de l'établissement dans son sein
d'un culte pur et d'une loi dont toutes les prescriptions
respirent l'amour du bien. Après cela sont venus les
prophètes qui ont repris, continué et affermi cette oeuvre
de consécration, en cherchant à faire pénétrer dans les
coeurs l'esprit de ce culte et de cette loi ; et cette
préparation morale a enfin abouti à l'accomplissement du
salut par Jésus-Christ.
Cette succession de phases organiquement liées révèle
un plan supérieur qui a présidé à cette histoire unique.
On voit l'exécution de ce plan se dérouler d'une manière
ferme et continue depuis son point de départ, la
migration d'Abraham de Mésopotamie en Canaan, jusqu'à
son terme voulu et annoncé à t'avance, l'apparition de
Jésus-Christ et la fondation d'un règne divin qui doit
embrasser graduellement toute l'humanité.
De la nature parfaite du fruit on peut conclure
rétroactivement à l'excellence native de l'arbre qui l'a
porté.
2. La législation, en particulier.
La question est de savoir dans quelle mesure nous
pouvons légitimement attribuer à Moïse la législation qui
est donnée comme venant de lui dans les documents qui
ont concouru à la composition du Pentateuque. Elle
renferme deux éléments toujours étroitement unis dans
la loi elle-même, mais que nous louvons néanmoins
considérer à part : les prescriptions rituelles et les
commandements moraux.
a) Prescriptions rituelles.
Et d'abord la distinction entre le peuple et les officiants
dans le culte, et parmi ceux-ci entre les simples Lévites et
les sacrificateurs. Jusqu'à Moïse, il n'y a pas trace de caste
sacerdotale en Israël (voir à Exode 4.14 et 19.22-24). Ce fut
Moïse qui, à la suite de la scène du veau d'or, attribua à
perpétuité le sacerdoce à la tribu de Lévi. Il confia les
fonctions les plus élevées de ce ministère à la famille
d'Aaron. Comme la distinction de la tribu de Lévi est
rapportée dans le document élohiste, on y a vu une
invention d'origine sacerdotale et l'on a même révoqué en
doute l'existence d'une tribu de Lévi et d'un fils de Jacob
qui ait porté ce nom ; la caste lévitique n'aurait eu qu'une
origine accidentelle. Mais deux faits démentent ces
suppositions ; la révolte des Lévites, Koré, Dathan et
Abiram, qui prétendent abolir la distinction entre simples
Lévites et Aaronites, révolte à laquelle se joignirent les
Rubénites qui, représentant ici le peuple entier,
prétendaient abolir la distinction entre la tribu de Lévi et
les autres Israélites (Nombres chapitre 16) ; puis la
sentence de Jacob mourant, prononcée sur Siméon et
Lévi (Genèse 49.5-7). Cette parole, en vertu de son
contenu même, doit avoir été transmise
traditionnellement ou par écrit, et ne peut avoir été
inventée. Personne n'aurait eu l'idée de faire maudire
exceptionnellement Lévi par Jacob mourant ; et personne
non plus n'aurait conçu plus tard la pensée de
transformer cette menace en bénédiction, en assignant à
cette tribu la dignité du sacerdoce et en transformant
ainsi sa dispersion en honneur pour elle-même et en
moyen de grâce pour tout le peuple. Le Deutéronome,
comme nous l'avons vu (18.1-8), ne nie nullement la
distinction entre Lévites et sacrificateurs ; il la confirme,
au contraire, aussi bien que la distinction entre l'ordre
lévitique et les simples Israélites (chapitre 10). On a
objecté l'histoire subséquente qui semble prouver que
chacun avait le droit de sacrifier (Gédéon, Mica, Samuel,
etc.). Nous renvoyons pour l'étude de tous ces cas aux
passages qui les concernent. Nous faisons seulement
observer ici qu'aucun d'entre eux ne porte sur le culte
offert dans le sanctuaire et qui reste toujours réservé aux
seuls sacrificateurs.
La construction du Tabernacle. On prétend que le séjour
au désert ne comportait pas la confection d'une pareille
oeuvre, et que ce doit être là une invention de l'auteur du
code sacerdotal transportant aux origines du peuple ce
fait d'un sanctuaire central qui ne s'est réalisé que par le
temple de Salomon. Mais comment n'aurait-il pas existé
dans le camp un lieu central d'adoration ? Dans les autres
documents aussi, il est parlé d'une Tente d'assignation
qui, à l'occasion d'un péché du peuple, fut transportée
momentanément hors du camp ; voir à Exode 33.7-11. Ce
fut ce sanctuaire primitif qui fut remplacé par un plus
parfait. Nous avons constaté que cette construction au
désert ne présente rien d'inadmissible à la suite du séjour
des Hébreux en Egypte, durant lequel ils s'étaient
approprié les arts égyptiens et d'où ils avaient emporté de
grandes richesses. Ce tabernacle fut tellement envisagé
comme le centre religieux de la vie nationale que les deux
tribus et demie qui devaient habiter à l'orient du Jourdain,
avant de repasser ce fleuve à la suite de la conquête de
Canaan, élevèrent un monument destiné à constater la
part légitime qu'elles ne cesseraient d'avoir au culte
célébré dans ce sanctuaire (Josué 22). Ce fait ne serait-il
donc qu'une invention de l'auteur du document
sacerdotal ? Après la conquête, nous trouvons ce
Tabernacle résidant à Silo, puis à Nob et à Gabaon, et
quand, plus tard, David se propose d'élever une demeure
à l'Eternel, celui-ci lui répond, par la bouche de Nathan, 2
Samuel 7.6-7 : « Depuis que j'ai fait monter les fils d'Israël
hors d'Egypte jusqu'à ce jour, j'ai marché ça et là dans un
tabernacle, et n'ai parlé à aucune des tribus d'Israël en
disant : Pourquoi ne m'avez-vous pas bâti une maison ? »
De tous ces faits il ressort que la construction du
sanctuaire au désert est un fait parfaitement historique.
L'établissement d'Aaron comme souverain sacrificateur.
On nie ce fait par la raison que l'histoire ne parle d'aucun
personnage revêtant une semblable charge jusqu'à Hilkija,
sous Josias. Mais d'abord il s'entend de soi-même que
l'administration du culte du sanctuaire central ne pouvait
se passer d'un chef. Puis nous connaissons dans tous les
temps les noms d'hommes qui ont occupé une pareille
position :
1
M. Renan, Histoire du peuple d'Israël.
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