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Architecture sino-islamique
Architecture afro-islamique
Architectures arabe ET MUSULMAN
INTRODUCTION
Peut-on parler d’un art islamique, alors que la civilisation née de l’islam s’étend sur quatorze
siècles et sur un espace qui va de l’Atlantique au Pacifique, du Maroc jusqu’à l’Indonésie, et
que cette civilisation a poussé des ramifications un peu partout dans le monde, aussi bien en
Chine qu’au Brésil ? Cette terminologie abusivement unificatrice vient non seulement de
notre européocentrisme, mais aussi du fait que l’islam n’a jamais vraiment séparé monde
spirituel et monde temporel. […] Cela explique que la notion d’« art islamique » n’est pas
réservée aux seules expressions artistiques liées à la religion comme l’architecture des
mosquées et leur mobilier ou encore les objets de dévotion privée, mais qu’elle couvre
l’ensemble des créations émanant du monde musulman : palais, caravansérails, objets
décoratifs.
L’expression « art islamique » n’a donc plus que de très lointaines connotations religieuses
et correspond à l’« art d’une civilisation où l’islam est la religion dominante » ou même, dans
certains cas, « où l’islam est la religion de la classe dominante ».
HISTOIRE
Les débuts de l’art islamique sont liés à la civilisation de la péninsule arabique du VIe siècle
et du début du VIIe, dans laquelle des apports classiques et méditerranéens se superposent
à un fonds vernaculaire. Mahomet ne manifestait guère de goût pour l’art, mais le jeune État
musulman, dans sa vitalité conquérante, éprouva vite, dans un souci d’auto-affirmation, le
besoin d’un art et d’une architecture.
S’il est tout à fait faux de vouloir assimiler art islamique et art arabe et de limiter l’art
islamique à la civilisation arabo-islamique (en oubliant l’impact persan et turc, par exemple),
le fait arabe reste cependant un facteur essentiel de l’esthétique islamique.Par-delà la
diversité des styles dans le temps et dans l’espace, une certaine unicité de l’art islamique est
indubitable ; elle est due peut-être au fait religieux et au caractère arabe de sa genèse ; elle
s’explique en tout cas aussi par le traditionalisme inhérent à la civilisation islamique dans
toutes ses manifestations.
Architecture arabo-ISLAMIQUE
Mosquée et palais avec une place importante au décor architectural : polychrome, sculpté en
bas-relief, la plupart du temps envahissant, en général épigraphique, géométrique ou
végétal, et mélangeant le plus souvent les trois ordres, le décor architectural du monde
islamique n’est que rarement figuratif.
L’iconophobie de l’art religieux islamique, héritage antéislamique, sémitique et proche-
oriental, s’oppose à l’utilisation de scènes figuratives à des fins didactiques ; les frises
épigraphiques se substituent à elles d’autant plus facilement que l’écriture est infiniment
valorisée dans le monde islamique par le seul fait que la religion est fondée sur un texte, sur
une parole divine ; en outre, le Coran dit explicitement que l’art d’écrire est d’essence divine
(sourate 96, 4).
Intérieur de la mosquée el-Moyed, au Caire.
"quoique ne disposant plus des royaumes, ils avaient encore, en tant que successeurs du
Prophète, une ombre d'autorité, que leur laissaient, autant par religion que par politique, les
princes musulmans".
On comprend dont que, parmi les personnes appartenant à leur entourage qui
les suivirent de Bagdad au Caire, il se soit trouvé des artistes. C'est à cet
élément étranger qu'on peut attribuer l'importation au Caire de certaines
dispositions architecturales, persanes d'origines, telles que les plans de la
mosquée de Hassan, la mosquée sépulcrale de Barkouk, celle de Moayyid,
celle d'Achrat-Barsabey, celle de Kaït-Bey et enfin celle de Kansou-al-Goury,
où se remarquent les dômes ogivaux finissant en pointe, dont la courbe est
semblable à celle des casques élégants qui se fabriquaient dans le Khora çan,
l'emploi des voûtes légères recouvertes d'enduits peints, et enfin la décoration
au moyen de faïences (revêtements intérieurs, mihrab, etc., en faïences, en
mosaïques de faïence, de nacre et de marbre, ornementation faïences, ex.:
arcatures à la mosquée de Moayyid). A Jérusalem, le Dôme du Rocher ou
mosquée Koubbat-as-Sakra, improprement appelée mosquée d'Omar et
construite en 61 de l'hégire, a été construite sous l'inspiration des édifices du
Haouran des VIe et VIIe siècles; mais sa décoration extérieure en faïence est
persane et la décoration intérieure est arabe (peinture et vitraux) et byzantine
(mosaïque). Le commencement du XVIe siècle, 1524, date de la mort du
dernier sultan tcherkesse, Toman-Bey, et de la conquête de l'Egypte par les
Turcs sous la conduite du sultan Sélim, marque la fin de cette brillante époque
de l'art arabe et à partir de ce moment l'art ottoman s'infiltre peu à peu en
Egypte.
Le Dôme du Rocher, à Jérusalem.
L'école arabe africaine a produit des merveilles dans l'architecture civile, et les
palais des califes et dès sultans du Caire, si l'on en croit les descriptions des
écrivains arabes, devaient offrir un spectacle admirable. On peut s'en faire une
idée exacte, par les délicieux palais que les rois maures ont élevés en
Espagne, à Séville, l'Alcazar (1353-1364), et à Grenade, l'Alhambra (1348-
1359).
Une maison de terre, ornée d'un décor traditionnel, dans la vieille ville de Ghadamès
(Libye).
Ce type de construction en brique est conçu pour un refroidissement naturel. Les bâtiments
sont construits serrés les uns contre les autres, ce qui isole du soleil de plomb les rues et
les espaces de vie. Photos : The World Factbook.
Une porte en arc en fer à cheval, à Tunis. Photo : © Angel Latorre, 2008.
Les caravansérails sont non seulement comme les okil des édifices contenant
marchands et marchandises dans les villes, auprès des bazars, mais encore
des hôtelleries quelquefois assez considérables et même fortifiées d'un mur
d'enceinte assez élevé et servant en rase campagne à abriter les voyageurs et
les caravanes. Ils sont disposés en forme de cours carrées ou rectangulaires
entourées de galeries sur lesquelles un ou deux étages de chambres s'ouvrent
par des portes assez larges. Quelquefois, aux angles, des tours carrées ou
polygonales renforcent la construction et permettaient de défendre le
caravansérail en cas d'attaque. Cette disposition a été assez souvent prise
dans les caravansérails de Syrie qui se trouvaient sur les routes des pèlerins
de la Mecque et dans ceux d'Iran; en Tunisie et en Algérie ces édifices se
nomment bordj s'ils sont fortifiés et fondouk s'ils ne le sont pas.
-
Les fortifications ont été souvent traitées par les architectes arabes avec une
grandeur de conception remarquable. En Espagne, de fort beaux restes de
portes sarrasines se voient encore, à Tolède par exemple. Au Maroc, les
portes de villes sont formées d'une arcade en fer à cheval encadrée
d'arabesques et couronnée de merlons et de créneaux. En Tunisie, les restes
d'architecture militaire remarquables sont assez rares, quoique les remparts de
la Kasbah de Tunis, les remparts de Sousse et ceux de Kairouan, vus de la
campagne, soient intéressants. Au Caire, deux portes de l'ancienne enceinte
sont très intéressantes : Bâb al-Foutoûh et Bâb-an-Nasr, construites par le
calife fatimide Mostansir Billâh au XIe siècle de notre ère. Elles sont flanquées,
la première de deux tours rondes, la deuxième de deux tours carrées; Bâb-an-
Nasr est la plus belle, comme proportions, comme conception générale et
comme exécution. La simplicité des combinaisons d'architecture qui la
décorent et le puissant effet qu'elles produisent peuvent faire rapprocher ce
monument des plus belles œuvres de l'Antiquité.
Architecture MUSULMAN
L'Islam se répandit, comme on le sait, d'abord dans l'Arabie propre, ensuite en
Syrie et en Egypte, puis en Perse, en Asie Mineure, dans les pays turkmènes, en
Afghanistan, vers l'Inde et jusqu'en Chine au Nord, au Sud jusque dans les îles de
la Sonde, et vers l'Ouest, de l'Egypte par la Tripolitaine, dans toute l'Afrique
romaine, puis en Sicile et en Espagne. Plus tard seulement , la Grèce, la
Macédoine et la Thrace sont conquises à l'Islam qui donne à l'empire turc, comme
capitale, Constantinople. Nous allons donc étudier l'architecture musulmane, dans
ces différentes contrées. L'Islam, en courbant sous son joug uniforme tous ces
peuples divers, ne parvint à extirper les traditions nationales que dans les pays
dont les populations étaient nomades ou le redevinrent après la conquête
musulmane. Partout ailleurs, l'esprit musulman dut se greffer sur l'esprit local; il
subit, du moins dans ce qui forme les manifestations extérieures de l'esprit d'un
peuple, c.-à-d. les productions artistiques, les influences diverses qui donnèrent à
ces productions des caractères distincts, tout en s'efforçant de satisfaire aux
mêmes besoins religieux, aux exigences d'une même vie domestique,
commerciale et publique. Dans tout le monde musulman on rencontre, en effet,
des mosquées, des maisons avec selamlik et harem, des bazars, des bains, des
fortifications, palais de souverains, des collèges (madrasa), des couvents (zaouïas
ou zawiyas), des fontaines, des caravansérails, répondant aux exigences de la vie
du musulman, qu'il soit arabe, persan, turc, africain ou hindou.
Architecture musulmane
Le style arabe primitif, dont le persan et le turc sont des modifications dont nous
définirons le caractère, est le produit très particulier du mélange des traditions
suivantes :
Traditions ornementales
a. Sémitiques, c.-à-d. excluant d'une façon presque absolue (les exceptions sont
rares) la représentation des êtres animés, n'admettant, par conséquent, que les
ornements géométriques. Cette tradition se retrouve déjà dans les prescriptions de
Moïse, et c'est là que Mohammed en a certainement pris le principe religieux,
consacrant d'une façon définitive l'horreur pour toute représentation d'êtres
vivants, humains ou animaux.
b. Iraniennes ou persanes, emploi des fleurs, des ornements colorés, des briques
et faïences émaillées, des plafonds et des bois peints.
Nous nous bornerons dans les pages de cette section à étudier les différents
caractères de l'art architectural, c. -à-d. de l'art musulman appliqué aux
constructions. Si l'on tire une ligne qui suive le cours de l'Euphrate et aboutisse au
golfe Alexandrette, presque tous les édifices situés à l'Est et au Nord de cette ligne
participeront de l'influence persane plutôt que de l'influence sémitique; presque
tous ceux qui seront, au contraire, au Sud et au Sud-Ouest de cette ligne seront
plus particulièrement arabes, comme le démontreront les différentes parties de
cette étude. Les contrées à l'ouest de la ligne tirée d'Alexandrette à Erzeroum
seront les régions d'architecture turque.
Techniques d'architecture
Matériaux
Le choix d'un matériau dépend de beaucoup de facteurs : la région où l'édifice est construit,
l'accessibilité du matériau, son coût, sa destination...
Il existe cinq types de matériaux utilisés dans la construction en Islam, sans compter le bois que
l'on retrouve partout, et notamment dans les charpentes.
le pisé (tabya) : il s'agit d'un mélange de terre, de chaux et de chamotte (argile cuite pilée)
ou de petits cailloux. Pressé entre deux planches de bois (encaissement), ce matériau est
utilisé principalement pour les habitations.
le banco mélange de terre crue et de paille, la Mosquée Djingareyber de Tombouctou est en
banco.
la brique crue (tawb) : elle a l'avantage d'être facile à trouver et à utiliser, et peu coûteuse.
Son grand défaut réside dans sa très mauvaise conservation : l'eau lui est fatale.
la brique cuite (adjurr) : très utilisée depuis l'Irak jusqu'à l'Inde, elle fut également le
matériau de prédilection en Égypte jusqu'aux XIIe et XIIIe siècles. Elle est usitée pour tous
types de monuments, des plus simples aux plus importants (mosquées, madrasas,
tombeaux...). Peu chère, elle se conserve bien.
le moellon : il se constitue de pierres mal aguerries qui tiennent grâce à un mortier de chaux
et de sable, auquel ont parfois été ajoutés du charbon et de la chamotte.
la pierre : elle est en usage depuis l'Espagne jusqu'à l'Irak. La nature des pierres utilisées
varie selon les régions. En général, les marbres sont utilisés pour leurs propriétés
décoratives (couleurs).
Éléments architecturaux
Arcs
Les arcs sont un élément majeur dans l'architecture islamique tout comme dans l'architecture
occidentale. Certains sont courants en orient comme en occident : arc en plein cintre, arc brisé,
mais d'autres sont plus spécifiques au monde islamique, comme l'arc persan, au profil caréné,
l'arc polylobé, l'arc à lambrequins ou encore l'arc outrepassé(souvent dit "en fer à cheval"), tous
trois très employés en Espagne et au Maghreb.
Supports
Les architectes islamiques utilisent deux types de supports : les piliers et les colonnes.
La colonne est un support cylindrique. Dans les premiers siècles de l'Islam, les colonnes
utilisées proviennent souvent de remplois de bâtiments antiques, mais au bout d'un certain
temps, les matériaux antiques se faisant rares, les ouvriers islamiques apprirent à en tailler
eux-mêmes.
Un pilier est un élément maçonné, le plus souvent carré, rectangulaire ou cruciforme.
Coupoles
Une coupole est un mode de couvrement hémisphérique, qui repose sur une zone de transition
octogonale (le plus souvent) elle-même posée sur quatre piliers. La zone de transition est le
grand problème des architectes islamiques. Ils peuvent se servir de pendentifs, c’est-à-dire de
triangles convexes posés sur la pointe, comme dans le monde byzantin, ou de trompes, à savoir
des petites niches, ce qui proviendrait du monde iranien.
Les nervures et les muqarnas qui remplissent souvent les coupoles dans le monde islamique
n'ont en général pas de véritable fonction architectonique.
On appelle dôme l'extérieur d'une coupole. À partir du XVe siècle, les coupoles sont très souvent
doubles, c’est-à-dire qu'il existe un espace plus ou moins important entre la coque interne et la
coque externe. Cette technique permet de réaliser des monuments plus hauts.
L'une des plus anciennes et des plus remarquables coupoles sur trompes du monde musulman,
est la coupole élevée au-dessus du mihrab de la Grande Mosquée de Kairouan en Tunisie1 ;
cette coupole, datée de la première moitié du IXe siècle (vers 836), comprend extérieurement une
calotte hémisphérique côtelée reposant sur un tambour octogonal aux faces légèrement
concaves qui se dresse sur une base carrée ornée de niches2. Intérieurement, la calotte
hémisphérique est ornée de 24 cannelures concaves rayonnant autour de la clef de la coupole1.
Iwans
Les iwans sont nés dans le monde iranien bien avant l'arrivée de l'Islam, sans doute sous la
dynastie sassanide. Il s'agit d'un hall voûté (ou d'un vaste porche voûté) avec une façade
rectangulaire ouverte par un grand arc3.
Pishtak
Le pishtak est également un élément provenant d'Iran. Il s'agit d'un portail en forme d'arc qui fait
saillie sur la façade où il se trouve. En général, il est cantonné de deux minarets, mais ce n'est
pas systématique3.
Moucharabiehs et fenêtres à jalousie
La fermeture des fenêtres et autres ouvertures est un élément traité de différentes manières dans
le monde islamique. Les moucharabiehs, des sortes de grillages en bois tourné (ou d'autres
matériaux, par exemple le marbre en Inde) sont fréquemment utilisés. Parfois, des barrières de
moucharabiehs sont même créées, comme dans les complexes et les mosquées mameloukes.
.
Exemple d'arcs outrepassé (1er plan) et polylobés (fenêtres au 2e plan), Palais de l'Aljaferia,
Saragosse.
Éléments décoratifs
Il existe mille et une manières de décorer un bâtiment en terres d'Islam. La céramique, la
sculpture, la peinture, la mosaïque sont quelques-unes des techniques les plus couramment
utilisées. Certains éléments architecturaux ont également une vocation ornementale.
Contrairement à une idée très répandue, le décor architectural, comme l'art islamique en général,
est souvent figuratif. Une exception importante, cependant, concerne les édifices à vocation
religieuse, qui ne peuvent théoriquement comporter de représentations humaines ni animales.
Évidemment, le décor d'un bâtiment passe tout d'abord par les composants de son architecture.
Matériaux, arcs, supports, coupoles sont autant de médiums de décor : ce n'est pas pour rien
que la Grande mosquée de Cordoue comporte des colonnes de marbre bleu et blanc, des arcs à
claveaux de couleurs alternées parfois polylobés, et des moulures dans ses coupoles ! Dans la
conception d'un édifice, l'architecte prend au moins autant en compte les données purement
architecturales que les données ayant trait au décor.
Mosaïque
Mosaïque de la Grande mosquée de Damas, vers 715.
La mosaïque est utilisée à plusieurs époques : Califat des Omeyyades, califat des Omeyyades
d'Espagne, califat des Abbassides, sultanat mamelouk. Dans les trois premiers cas, on note une
forte influence antique et byzantine (mosaïque à fond d'or). On sait d'ailleurs que des artistes
byzantins ont travaillé dans le monde islamique à ses débuts. Pour les mosaïques mameloukes,
le cas est un peu différent, car il s'agissait cette fois d'un retour aux sources. Elles sont donc
fortement influencées par les mosaïques à fond d'or du Dôme du Rocher et de la Grande
mosquée des Omeyyades de Damas.
Les jeux sur des motifs dans les briques non-glaçurées, comme au Bab Mardum,
à Tolède ;
Le hazerbaf, qui signifie "mille tissages" en persan : un travail sur le contraste entre
brique glaçurées et non-glaçurées. Cette technique est principalement utilisée dans
l'architecture il-khanide et timuride. Parfois, les briques dessinent des mots en
calligraphie kufique (répétition du nom d'Allah, par exemple).
avec de la céramique décorative
Les carreaux de revêtement. Selon l'époque, ils peuvent être en forme d'étoile, de
triangles, d'octogones qui s'imbriquent ou plus sagement carrés, formant des
panneaux. Les techniques de décor sont variées : carreaux moulés sous glaçure
monochrome, lajvardina, cuerda seca, etc.
Architecture religieuse
La mosquée et les lieux de culte
La mosquée est le lieu de prière (salat en arabe) pour les musulmans. Selon le Coran, la
prière doit se faire n'importe où, car tout endroit est saint puisqu'il a été créé par Allah.
Le Prophète lui-même tenait l'architecture pour coûteuse et inutile : un comble, quand on
pense aux milliers de réalisations architecturales du monde islamique ! Très rapidement,
en effet, se sont développés des lieux où les musulmans se rassemblaient pour prier.
Ces édifices servaient non seulement à rassembler une communauté minoritaire (le
monde islamique n'est devenu à majorité musulmane qu'au cours du XIIIe siècle) en mal
de repères, mais aussi à marquer les lieux dominés par l'Islam.
En arabe, mosquée se dit « masjid », du mot sajada, se prosterner.
Types de mosquées et de lieux de cultes s'en rapprochant
Il existe différents types de mosquées. La plus simple est la mosquée de quartier, qui
permet aux croyants de venir prier quand bon leur semble.
Plus importante est la mosquée majeur, dite aussi mosquée
congrégationnelle ou Grande mosquée (masjid el kabirr), Comme son nom l'indique, elle
sert principalement pour la grande prière du vendredi, le jour saint des musulmans. Il
n'en existe souvent qu'une pour les petites agglomérations, la ville du Caire, par
exemple, en comporte une dizaine.
Enfin, la musalla est un lieu de prière en plein air, généralement situé en dehors des
villes, qui sert lors des grandes fêtes religieuses.
Éléments constitutifs d'une mosquée
L'enceinte : la mosquée est toujours séparée du monde extérieur par une enceinte.
Parfois, elle jouit même d'une ziyada, c’est-à-dire d'un espace vide clos par deux
enceintes qui entoure la mosquée et sert pour la purification du croyant.
La salle de prière ou Haram : c'est le lieu où les musulmans prient. Le sol est
toujours recouvert de tapis afin de conserver le lieu purifié.
La fontaine : indispensable dans une mosquée, elle permet au croyant de pratiquer
ses ablutions rituelles avant la prière.
Le minaret : haute tour, d'où le muezzin lance l'appel à la prière. Le minaret sert à
marquer l'emplacement d'un sanctuaire, car on le voit de loin, tout en permettant,
surtout de porter la voix bien au-delà des habitations environnantes, appel faisant.
Sa forme varie selon les régions et les époques.
Le mihrab : élément le plus important du bâtiment, car il indique la Qibla, la direction
de la Mecque, vers laquelle prient les musulmans. Le mihrab prend place sur le mur
qibli. Le mihrab a en général la forme d'une niche plus ou moins profonde et plus ou
moins grande. Il peut en exister plusieurs dans une même mosquée, dès lors ou
elles demeurent dans la même direction, (Qibla)
Le minbar : chaire à prêcher. En bois ou en tout autre matériau (pierre, marbre par
exemple), il se situe toujours juste à côté du mihrab. Le plus ancien minbar du
monde musulman, daté du IXe siècle (vers 862) et réalisé en bois de teck finement
sculpté, se trouve dans la Grande Mosquée de Kairouan (à Kairouan en Tunisie)6.
La dikka : tribune qui permet de répercuter dans la salle de prière le sermon
du muezzin. On n'en trouve que dans les grandes mosquées.
La Maqsura : il s'agit d'un endroit clos situé près du mihrab, réservé au souverain
pour le protéger des attaques. La maqsura n'est pas présente dans toutes les
mosquées, car elle s'oppose à l'idéal d'égalité de la religion musulmane.
Les différents plans de mosquées
Plan arabe
C'est le premier plan conçu. Il se base sur un modèle plus ou moins mythique : la maison
de Mahomet à Médine, qui serait actuellement située sous la grande mosquée
de Médine. Le plan arabe, ou plan hypostyle, se compose d'une cour à portique et d'une
salle de prière à colonnes, les nefs étant dirigées parallèlement ou perpendiculairement
(pour le Maghreb et certaines exceptions) à la qibla. On le trouve dans tout le monde
islamique, depuis la Syrie (Grande mosquée des Omeyyades de Damas, par exemple)
jusqu'au Maghreb (exemple la Grande Mosquée de Kairouan en Tunisie, dont l'état
actuel date principalement du IXe siècle), à l'Espagne et à l'Irak.
Plan iranien
Comme son nom l'indique, ce plan se retrouve quasiment exclusivement dans le Grand
Iran, c’est-à-dire dans une région comprenant l'Iran, une partie de l'Afghanistan et du
Pakistan et une partie de l'Irak. Cependant, c'est aussi le plan utilisé en Inde avant la
dynastie moghole et dans l'actuel territoire de l'Ouzbékistan sous la dynastie
des Chaybanides. Il apparaît au Xe siècle avec la dynastie seldjoukide et se caractérise
par l'emploi d'iwans, d'un pishtak et une salle de prière sous coupole. Un iwan est une
salle voûtée ouverte sur un côté par un grand arc inclus dans une encadrement
rectangulaire. Généralement, les cours des mosquées en comportent quatre disposés en
croix. Un pishtak est un portail formant une avancée, souvent surmonté de deux minarets
et ouvert par un grand arc. La mosquée du Shah à Ispahan est l'un des plus beaux
exemples connus de plan iraniens.
Plan Ottoman
Ce plan se trouve en Turquie (actuelle) principalement, et fut mis au point après la prise
de Constantinople en 1453 par l'architecte Sinan ; cependant, on en trouve des prémices
depuis le XIIIe siècle dans le premier art ottoman. Il se compose d'une salle de prière sous
une immense coupole cantonnée de demi-coupoles et de coupolettes. Souvent, les
mosquées de type Ottoman font partie de grands complexes. On peut déceler une
influence Byzantine (de Sainte-Sophie notamment).
La madrasa
Une madrasa est généralement considérée comme une école coranique, cependant,
c'est principalement un lieu où l'on étudie le droit. Certes, celui-ci est basé sur la Charia,
la loi islamique telle qu'expliquée dans le Coran, mais dans le monde islamique, il faut se
rendre compte que le Coran régit la plupart des aspects de la vie quotidienne. Les
madrasas enseigne un ou plusieurs des quatre rites orthodoxes
(hanafite, chaféite, malékite et hanbalite), qui correspondent à quatre écoles de droit,
légèrement différentes sur certains aspects canonique et traditionnel. De plus, on
enseigne également dans les madrasas la philologie, la linguistique arabe, la science
(sauf la médecine, qui est enseignée dans des écoles spécialisées). Souvent, la
madrasa sert de mosquée de quartier, et vice versa. Elles sont toujours administrées
en waqf (fondation pieuse).
Origine
Le concept de la madrasa naît en Iran au XIe siècle, grâce au célèbre vizir Nizam al-
Mulk, bien que l'on ne connaisse actuellement aucune de ses « nizamiyya ». Par
contre, on retrouve cette origine iranienne dans l'unité architecturale qui caractérise
les madrasas : le plan cruciforme, à quatre iwans, semble en être un marqueur.
Développements
Mis à part en Iran, on trouve des madrasas en Anatolie sous
les Seldjoukides puis sous les Ottomans, en Syrie et en Égypte sous
les Ayyoubides et les Mamelouks, et au Maghreb à partir des Mérinides.
Les madrasas anatoliennes de la période seldjoukide se caractérisent par leur
matériau, la pierre et par leur cour étroite, voire inexistante en raison du climat
froid de la région. Le portail est généralement prétexte à une débauche de décor
sculpté. La tradition de la madrasa se poursuit en Anatolie aux XIVe et XVe siècles,
puis sous les Ottomans, ces édifices sont intégrés à d'immenses complexes.
Les Ayyubides fondèrent de nombreuses madrasas pour extirper le Chi’isme
après la disparition des Fatimides en Égypte. Salah al-Din notamment, en fit
construire de nombreuses au Caire et en Syrie, comme la madrasa
Firdaws à Alep (1243). On trouve peut-être encore des influences anatoliennes
dans ces bâtiments.
C'est sans doute à l'époque mamelouke que naquit le concept d'un iwan par rite,
comme cela est expliqué dans l'acte de waqf du complexe de Sultan Hasan. À
cette époque, les madrasas étaient bien évidemment liées aux grands
complexes sultaniens et émiraux. C'est dans celui de Qala'un que se trouve la
première madrasa mamluke bien conservée, mais celle du complexe de sultan
Hasan est sans doute la plus belle.
À Ispahan se trouve la plus ancienne madrasa conservée, la Shah-i Mashhad
datée de 1175. On en connaît de nombreuses dans tout le grand Iran et en Inde,
jusqu'au XVIIe siècle au moins. Dans ces régions particulièrement troublées, elles
servaient mieux qu'ailleurs à diffuser les diverses propagandes. On en connaît
aussi bien des Sunnites que des Chi'ites.
Architecture funéraire
Tours funéraires
Il semble que le type de la tour funéraire dérive de rites
zoroastriens : les cadavres étaient exposés au sommet de hautes
tours. Ainsi, le Gonbad-e Qabus, l'une des premières tours
funéraires (1007) se rattache encore à cette tradition, même si son
commanditaire était musulman. Plus tard, les chambres funéraires
furent placées sous la tour, dans une crypte, puis à sa base.
Comme les mausolées sous coupoles, les tours peuvent prendre
différentes formes : polygonales, étoilés, circulaires, etc. Souvent, le
plan intérieur est simplifié par rapport à l'extérieur : ainsi, le visiteur
voit une tour étoilée, mais entre dans une pièce circulaire.
Si le type de la tour funéraire est resté assez persan, celui de la
pièce sous coupole s'est bien répandu dans le monde arabe, et se
retrouve en Égypte comme en Anatolie. Il est fréquent dans ces
régions comme en Perse à partir des Il-khanides que le tombeau
fasse partie d'un complexe funéraire.
Complexes
Minaret de la Mosquée d'Abou Madyane a Tlemcen en Algérie
Les palais
Contrairement à leurs homologues occidentaux, les palais en terre
d'Islam se présentent sous la forme de petites entités dispersées,
souvent dans des jardins qui structurent l'espace. Plusieurs
éléments se trouvent presque systématiquement dans les palais
islamiques : la salle d'audience (Diwan, qui est aussi le nom du
conseil des ministres), le harem, qui ne constitue pas un lieu réservé
aux femmes, mais tout simplement les appartements privés de
l'habitant, et enfin des pavillons de plaisance.
Les murs de l'Alhambra, à Grenade, enserrent plusieurs palais. De
même, on en trouve un particulièrement célèbre à Istanbul,
le Topkapı Sarayı et au Caire, il en subsiste également quelques-
uns d'époque mamelouke. Cependant, la plupart des palais anciens
ont été détruits, par des conquérants désireux d'effacer les traces
des dynasties précédentes, ou par le temps, quand ils étaient bâtis
en matériaux périssables tels la brique crue et le bois.
Maristan et structures médicales
Un maristan (ou bimaristan) est un hôpital. Presque toujours
administré en waqf, il appartient souvent à un complexe, étant
donné sa vocation charitable. En effet, un maristan se doit
d'accueillir tout musulman (et toute musulmane) et de lui offrir des
soins gratuits. Ce qui ne signifie pas, bien au contraire, que le
personnel est sous-qualifié : certains des plus grands médecins y
travaillaient. Ainsi, al-Razi, dont le traité sur la variole et la rougeole
fut utilisé en occident comme en Orient jusqu'au XIXe siècle, travailla
de nombreuses années à diriger le maristan de Bagdad au Xe siècle.
Les principales caractéristiques architecturales de telles structures
sont un nombre important de pièces et une attention particulière
donnée à l'eau, au travers de fontaines, bassin, canaux…
Des maristans étaient présents dans toutes les grandes villes,
depuis Grenade jusqu'à Mashhad, et souvent couplés avec une
école de médecine. Les asiles d'aliénés étaient également
nombreux, tout comme les imarets (soupes populaires).
Le bâtiment le mieux conservé à l'heure actuelle est sans doute le
maristan de Nur al-Din à Alep, et le plus remarquable, celui du
complexe funéraire de Qala'un, malheureusement en mauvais état,
mais dont les sculptures de stuc subsistantes prouvent la
magnificence. Long de près de 70 mètres, il couvrait une surface
immense, et s'organisait autour d'une cour à quatre iwans inégaux.
Dans cette cour, une fontaine coulait dont partaient quatre canaux
qui alimentaient certaines pièces.
Structures d'hygiène
Deux sortes de bâtiments contribuent à améliorer l'hygiène des
villes : le sabil et le hammam.
Structures de commerce
Caravansérails
Un caravansérail est un bâtiment qui accueille les marchands et
les pèlerins le long des routes et dans les villes. Selon les
endroits, le nom change : dans le monde iranien, il s'appellera
plutôt khan alors qu'au Maghreb, c'est le mot funduq qui est le
plus couramment employé. Un caravansérail est toujours fortifié,
et comporte à la fois des écuries (ou des enclos) pour les
montures et les bêtes de somme, des magasins pour les
marchandises et des chambres pour les gens de passage. Il est
fréquent que les magasins se trouvent au rez-de-chaussée et
les chambres au premier étage.
Les wakala sont des édifices urbains où les marchands
déposent et vendent leurs marchandises à des grossistes. L'un
des plus importants est la wakala d'Al-Ghuri, au Caire.
Marchés
Dans les villes, les marchés sont des lieux importants. Ils
prennent le nom de souk en arabe et de bazar en persan.
Ils sont en général organisés par corporations. Les
échoppes et les réserves se trouvent au rez-de-chaussée et
le premier étage comprend les logement des marchands, et
parfois leurs ateliers s'ils vendent leur propre production.
Toutefois, les métiers dégageant des odeurs indésirables
(tanneries) et présentant des risques d'incendie sont
relégués aux extrémités du marché ou à l'extérieur de la
ville. On trouve souvent dans les souks des logements à
louer.
Styles
Architecture ottomane
Architecture indo-islamique
Architecture sino-islamique
La Grande Mosquée de Xi'an en Chine
Architecture afro-islamique