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: MT9000 V1

Maintenance : préface
Date de publication :
10 octobre 2004

Cet article est issu de : Génie industriel | Maintenance

par Bernard MECHIN

Résumé En quelques années, la maintenance est devenue une composante essentielle

voire stratégique du système productif d’une entreprise. Dans sa progression, elle a
intégré l’outil informatique, des méthodes telles que l’AMDEC, la notion de cycle de vie
des appareils et de la sûreté de fonctionnement. Elle impose maintenant une approche
systémique et un changement de comportements de tous les acteurs. Cet article traite de
l’ensemble des enjeux actuels de la maintenance : stratégique et techniques,
organisationnels et sociaux, économiques.

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Maintenance : préface

par Bernard MECHIN

Directeur du Centre International de Maintenance Industrielle (CIMI)
Parution : octobre 2004 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200031704 - institut algerien du petrole // mohammed BOUHASSOUNE // 41.111.166.194

1. Enjeux stratégiques et techniques ...................................................... MT 9 000 - 2

2. Enjeux organisationnels et sociaux .................................................... — 2
3. Enjeux économiques ............................................................................... — 2
4. Présentation du traité............................................................................. — 3

ien que le mot Maintenance ne soit apparu dans le vocabulaire industriel

B que dans les années 1950, les concepts de maintenance, tels que nous les
connaissons aujourd’hui, remontent en fait à la plus haute antiquité. En effet,
la maintenance, qui date de l’époque où on a commencé à fabriquer des objets,
est certainement l’un des « plus vieux métiers du monde ». Citons simplement
l’ouvrage De acquae ductu urbis Romae écrit par Sextus Julius Frontinus en 99
après Jésus-Christ. Ce rapport au Sénat romain peut être considéré à juste titre
comme le livre fondateur de la maintenance moderne. L’auteur, curateur des
eaux de la ville de Rome sous le règne de l’Empereur Nerva Auguste et chargé,
à ce titre, de l’exploitation et de l’entretien du réseau d’aqueducs et de
« machines » qui alimentaient en eau la ville de Rome, découvrait les concepts
de la maintenance moderne : entretien préventif, programmation des grands
arrêts, planification des tâches, documentation technique et historique, suivi
des coûts d’entretien, standardisation des pièces de rechange, implication
des exploitants dans la maintenance de leurs installations, relations
contractuelles... Il a fallu cependant attendre la fin du XXe siècle, l’apparition de
l’outil informatique, l’émergence de méthodes et outils tels que l’AMDEC, la fia-
bilité expérimentale, la MBF, le coût global de cycle de vie, la sûreté de fonc-
tionnement... pour voir réellement du nouveau, mais ce « nouveau » va très
vite et la maintenance bouge de plus en plus rapidement.
Le nouvel ordre industriel qui se met progressivement en place depuis une
dizaine d’années au niveau mondial bouleverse l’environnement de la produc-
tion et modifie les comportements et les mentalités des hommes qui y tra-
vaillent. Nous sommes d’ores et déjà entrés dans une nouvelle ère industrielle
qui se caractérise par des mutations technologiques certes, mais également par
des mutations organisationnelles et sociales dont les enjeux sont très forts et
qui remettent fondamentalement en cause les certitudes les mieux établies.
Aujourd’hui, la problématique de l’entreprise est d’être capable de fournir à
son « marché », dans les meilleures conditions de coût et les délais les plus
courts, les produits de qualité que recherchent des clientèles de plus en plus
exigeantes. C’est pourquoi, composante majeure de l’utilisation optimale des
moyens de production, la maintenance est passée progressivement de l’état de
service improductif, cher et subalterne, au statut de fonction essentielle voire
stratégique du système productif. Elle implique alors une parfaite maîtrise du
processus de production. Elle fait appel à une approche systémique qui lui est
propre et à des méthodes et outils de plus en plus performants. Élément stra-
tégique du système productif, elle concerne tout un chacun dans l’entreprise et
n’est plus la chasse gardée de quelques spécialistes.

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MAINTENANCE : PRÉFACE _______________________________________________________________________________________________________________

1. Enjeux stratégiques et 2. Enjeux organisationnels et

techniques sociaux
C’est toutefois dans le domaine organisationnel et social que les
Avec l’automatisation (parfois à outrance !), les machines et mutations initialisées depuis plusieurs années ont eu le plus de
lignes de production sont devenues des systèmes techniques de conséquences. On assiste en effet à une redistribution complète
plus en plus complexes et parfois de plus en plus fragiles du fait des cartes et on voit se développer et cohabiter, dans le même sys-
de l’interdépendance des machines. Nous avons tendance à sous- tème productif, trois stratégies de maintenance complémentaires.
estimer les micro-pannes quotidiennes qui, par leur fréquence,
● Maintenance transférée
conduisent à des conséquences économiques fâcheuses. Parallèle-
ment, les process mis en jeu ont, eux aussi, beaucoup évolué et Dans le cadre de projets TPM ou de la mise en place d’équipes
parfois ne présentent pas le degré de stabilité que l’on serait en à responsabilités élargies ou d’unités autonomes de production
droit d’exiger, générant eux-mêmes des dysfonctionnements du (UAP), une partie des tâches de maintenance, considérées en géné-
système qui les met en œuvre. ral comme étant de niveau 1 voire de niveau 2 au sens de la norme
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FD X60-000, est prise en charge progressivement par les agents de

Cette révolution culturelle introduite dans les usines induit une production, utilisateurs au quotidien des installations de produc-
profonde modification des stratégies de maintenance dont l’essen- tion. Le personnel devient ainsi partie prenante de la maintenance
tiel peut se résumer aux points suivants : de ces installations et, à ce titre, coresponsable de leur bon fonc-
tionnement. Cette « automaintenance » fait passer le personnel
— l’investissement matériel est tel qu’une indisponibilité, même d’un statut de « fabricant » à un statut d’« exploitant » : j’exploite...
mineure, génère des coûts indirects inacceptables ; donc je participe à la maintenance du matériel. Il paraît alors évi-
dent que cette automaintenance, qui correspond à un enrichisse-
— les nouvelles technologies mises en œuvre dépassent parfois ment des tâches des agents et contribue à les responsabiliser et à
les compétences des anciens compagnons de maintenance (par développer leur autonomie, ne peut s’envisager que si sa mise en
exemple, passage de l’hydraulique traditionnelle à l’hydraulique place est accompagnée de mesures managériales, principalement
proportionnelle et aux servovalves) ; dans la gestion des compétences que les personnels concernés
— la défaillance devient de plus en plus sournoise. En lieu et devront maîtriser. Elle nécessite bien sûr une démarche
place de la casse brutale d’une pièce mécanique, on est confronté méthodologique rigoureuse garantissant la pérennité du système.
à une modification progressive des réglages en électronique diffi- Le service maintenance en tant que tel devient alors un service
cile à suivre et à maîtriser par les opérateurs et techniciens ; support auquel chaque équipe ou unité peut, et dans certains cas
doit, faire appel.
— pour approcher les cinq zéros (0 défaut, 0 stock, 0 arrêt, 0 ● Maintenance réservée
retard, 0 papier), nouveau credo de l’industriel moderne, la main-
tenance a un rôle majeur à jouer et doit se munir d’une boîte à Qu’il y ait transfert de tâches ou pas, la maintenance demeure
outils. sous la responsabilité globale de la structure maintenance dont les
hommes doivent, dans tous les cas, rester maîtres du système et
Mais que va t-on trouver dans cette boîte à outils ? de son devenir (vision à long terme). Dans ces conditions, les hom-
mes de maintenance deviennent alors les « experts », spécialistes
On devra y trouver bien sûr l’ensemble des outils de tel ou tel outil, méthode ou discipline technique, véritable noyau
méthodologiques bien connus depuis longtemps tels que le QQO- dur de la maintenance.
QCCP (sait-on toujours que cet outil de raisonnement remonte à ● Maintenance externalisée
Quintillien au 1er siècle après Jésus-Christ ?), mais également tous La maintenance confiée à un ou plusieurs prestataires extérieurs
les outils méthodologiques techniques ou logiciels nécessaires s’est développée ces dernières années régulièrement jusqu’à
pour la mise en œuvre de nouveaux concepts tels que ceux qui atteindre à ce jour 32 % des dépenses totales de la maintenance
sont inclus dans la notion de sûreté de fonctionnement d’un sys- industrielle. Qu’elle soit totale ou partielle (souvent appelée à tort
tème (fiabilité, maintenabilité, logistique de maintenance) : sous-traitance), cette externalisation est réalisée dans le cadre de
contrats de maintenance qui permettent à l’entreprise utilisatrice
— AMDEC (Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de consacrer son potentiel interne à ce qui est le « cœur de son
de leur Criticité) et les logiciels associés ; métier » et d’ajuster, en permanence, les ressources à la charge.
— analyse fiabiliste ; C’est en particulier le développement de ces relations
contractuelles qui a justifié, d’abord au niveau français à l’AFNOR,
— MBF (Maintenance Basée sur la Fiabilité) ;
mais également depuis 1993 au niveau européen avec le CEN, la
— TMAO (Techniques de Maintenance Assistée par Ordinateur), mise en place d’une démarche normative qui a déjà abouti à quel-
principalement dans le domaine de la maintenance prévisionnelle ; ques documents français et européens (normes NF et NF-EN).
Cette démarche de normalisation, dans laquelle la France joue un
— SIAD (Systèmes Informatisés d’Aide au Diagnostic), tels que rôle moteur, a pour ambition, au-delà même du domaine des
les systèmes experts à base de moteurs d’inférences ou les contrats de maintenance, de jeter les bases d’un référentiel euro-
réseaux de neurones... ; péen concernant les aspects les plus critiques de la maintenance et
commun à toutes les entreprises européennes.
— GMAO (Gestion de Maintenance Améliorée par l’Ordinateur),
que ce soit un logiciel dédié ou le module maintenance d’un logi-
ciel de gestion globale (ERP).

N’oublions pas bien sûr l’ensemble des « outils » spécifiquement 3. Enjeux économiques
adaptés à la mise en œuvre de la maintenance prévisionnelle ou
conditionnelle. Diverses techniques récentes, mais déjà bien maî-
trisées, continuent à se développer, que ce soit l’analyse des vibra- Dans le contexte économique de nos sociétés industrielles (con-
tions, l’analyse des fluides, la thermographie infrarouge ou toutes currence, mondialisation...), on ne peut parler de maintenance sans
les techniques de CND (Contrôles Non Destructifs). évoquer les enjeux économiques de cette fonction qui, trop long-

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temps, a été considérée comme faisant partie des « frais

généraux » et par conséquence comme un mal nécessaire. Actuel- 4. Présentation du traité
lement, une entreprise se doit d’analyser et de caractériser tous les
facteurs qui contribuent à sa compétitivité. La maintenance est
peut-être dans beaucoup d’entreprises à l’heure actuelle l’un des L’objet du présent traité « Maintenance » est donc, à partir du
derniers gisements de compétitivité. L’une des difficultés de cette contexte décrit ci-dessus, de présenter l’état de la réflexion main-
approche économique de la maintenance réside dans les points tenance telle qu’elle se présente et qu’elle évolue aujourd’hui et
suivants : qui, quelles que soient l’activité et la taille des entreprises
concernées, va conduire à de nouveaux modes d’organisation et
— la nécessité d’avoir une vision prospective à long terme, pour de fonctionnement marquant une rupture profonde avec le passé.
maîtriser cet aspect économique tout au long de la vie utile du
matériel. La conséquence économique (coût d’indisponibilité par S’inscrivant dans un cadre réglementaire et juridique précis,
exemple) d’une action de maintenance à l’instant t peut ne se faire cette réflexion induit la mise en œuvre, dans un cadre
sentir que bien plus tard dans les exercices suivants ; méthodologique précis, de nouvelles méthodes et de nouveaux
— le caractère aléatoire de l’événement défaillance complique outils. La maintenance contribue ainsi à dessiner un nouvel envi-
l’approche économique qui doit prendre en compte cet aspect pro- ronnement industriel qui impose un nouveau type de travail et
babiliste. exige, à tous les niveaux, des hommes probablement de moins en
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moins nombreux mais nécessairement de plus en plus compétents

Mais dans tous les cas de figure, la fonction maintenance doit et performants.
maîtriser l’ensemble de ses coûts, dans le cadre d’un budget défini,
afin de pouvoir proposer à son « client interne » la disponibilité
requise des équipements au « meilleur prix ».

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