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Consultez nos parutions sur www.dunod.com
Dunod, 2015
ISBN 978-2-10-073028-5
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By
Préface
Gagner !
Gagner le plus possible, perdre le moins possible,
comme tout le monde, comme toujours.
À la guerre comme à la guerre…
… En négo comme à la guerre !
La négociation ? Une arme… maniée avec le sourire.
Car de même, dit le stratège, que la guerre est la continuation de la diplomatie par d’autres
moyens,
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de même la diplomatie, la négociation, sont-elles la continuation de la guerre par d’autres
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moyens.
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Négociation responsable
Je crois que les auteurs de cet ouvrage ont raison.
Négociation collaborative, intégrative, coopérative, restauratrice, win win : c’est beau.
Souvent trop beau pour être tout à fait vrai. Même si c’est essentiel et fondateur.
Négociation responsable dit plus et mieux :
négocier, c’est travailler à un contrat,
c’est-à-dire à contracter une obligation,
une obligation mutuelle
qui passe donc par la construction du respect et de la confiance.
Aucun contrat n’a jamais protégé ni un lien commercial… ni un lien amoureux.
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C’est la qualité de la relation qui protège les contrats.
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L’art de l’autre, du possible et de l’avenir
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Car nous ne sommes pas seulement responsables du mal que nous faisons, de nos fautes et
transgressions.
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Face aux mutations actuelles du monde économique et social, qui peuvent apparaître
contradictoires et difficilement prévisibles, le rôle du négociateur commercial apparaît plus que
jamais indispensable pour concilier les intérêts et les désirs des parties prenantes. Tous doivent
désormais prendre en compte la circulation quasi instantanée des informations via Internet et les
réseaux sociaux, ainsi que l’exploitation des données via les logiciels de gestion de la relation
client et les algorithmes de data mining (big data). Tous doivent intégrer la montée des exigences
sociales et environnementales, le développement de la culture et des comportements commerciaux
au sein des entreprises et des foyers, l’accroissement des échanges entre partenaires dont les
cultures, les valeurs et les habitudes diffèrent.
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Bien que demandés par les entreprises, constamment à la recherche de compétences et de talents
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dans ce domaine, les professionnels de la négociation apparaissent parfois désarmés :
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Les acheteurs, qu’ils soient professionnels ou particuliers, sont plus exigeants et versatiles,
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quand ils n’entrent pas directement en résistance ou en opposition avec les commerciaux pour
des raisons tactiques, mais aussi éthiques.
Le nombre d’acteurs qui participent à la décision semble s’accroître aussi bien dans le monde
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des affaires (service achats, responsable qualité sécurité environnement, sous-traitants, etc.)
que dans la sphère familiale (réseaux sociaux, familles recomposées, etc.).
Les négociations en amont et en aval de l’acte de vente (avec les services internes – marketing
production, qualité, service après-vente, etc. – ou ceux du client et des partenaires) se
multiplient au point d’occuper l’essentiel du temps des vendeurs et des acheteurs.
Devant ces exigences, les méthodes traditionnelles de vente peuvent sembler moins efficaces et
les modèles théoriques de la négociation incomplets. Deux courants de pensée s’opposent.
Pour certains spécialistes, c’est l’expertise des négociateurs qui demeure déterminante. Le
vendeur est souvent considéré comme le facteur clé de succès de la vente par sa capacité à
s’adapter finement au client. De nombreux travaux s’inscrivent dans cette perspective :
l’approche procédurale, qui considère la négociation comme un processus d’apprentissage où
les parties réagissent aux concessions faites par l’autre (Zartman, 1978) ;
les approches comportementales, qui insistent sur le rôle et la personnalité des négociateurs
dans la détermination des résultats (Deutsch, 1973 ; Raiffa, 1982) ;
la négociation raisonnée, qui valorise les approches intégratives dites « gagnant-gagnant »
(Fischer et Ury, 1981).
Les derniers courants de recherche, en particulier anglo-saxons, qui s’inscrivent dans cette
conception sont largement influencés par l’approche cognitive (Weitz, Sujan, 1986). Cette dernière
a donné naissance au concept de vente adaptative, qui considère que l’efficacité commerciale
dépend en grande partie de la capacité des vendeurs à juger de la situation à partir des indices de
l’environnement et à mettre en œuvre une stratégie appropriée (qui pourra éventuellement être
modifiée durant l’action). Du côté des clients, le modèle de persuasion (Persuasion Knowledge
Model) de Friestad et Wright (1994) établit que les acheteurs développent une connaissance des
stratégies de persuasion déployées par les entreprises et tentent d’y résister. Ce modèle suggère que
les consommateurs disposent d’un répertoire de stratégies pour faire face aux efforts marketing et
adaptent leurs comportements pour tenir compte de la durée de la relation, des techniques plus ou
moins agressives utilisées par le vendeur, de la liberté d’action de ce dernier, etc.
Pour d’autres experts, les caractéristiques ou les compétences des négociateurs comptent moins
que le contexte auquel les acteurs sont confrontés. Le discours du vendeur et la relation
interpersonnelle entre les parties sont relayés au second plan devant l’importance accordée à la
préparation ou au cadrage de l’échange. Les approches structurelles (Walton et McKersie, 1965)
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considèrent ainsi que les résultats négociés dépendent des caractéristiques propres à chaque
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négociation et notamment du pouvoir relatif des parties en compétition. Les modèles stratégiques, à
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l’instar de la théorie des jeux (Nash, 1950), insistent quant à eux sur le rôle des objectifs dans la
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détermination des résultats. Ils considèrent les négociateurs comme des décideurs rationnels dotés
d’alternatives connues dont les choix sont guidés par le calcul de l’option susceptible d’optimiser
leurs gains. Les acteurs choisissent dans un éventail d’actions possibles celles qui devraient leur
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permettre d’atteindre les résultats désirés. Avec des postulats différents, les derniers courants de
recherche en psychologie sociale et en sciences de la communication démontrent qu’il est possible,
en jouant sur les éléments de contexte (Mucchielli, 2010), en utilisant des expressions appropriées
qui renverront le client à son expérience d’achat (Whittler, 1984) ou en le faisant agir (Beauvois et
Joule, 1987), d’amener l’autre à se persuader lui-même. Ces techniques subtiles d’influence, qui
donnent l’illusion d’une liberté de choix, semblent plus efficaces que celles où le vendeur est plus
directif.
Ces différentes approches, issues de disciplines variées (rhétorique, psychologie, sociologie,
marketing, théorie des jeux, sémiotique, communication, sciences cognitives, etc.), invitent à
réfléchir à la relation entre les différents éléments du système dans lequel se déroule la négociation.
Elles montrent qu’il s’agit avant tout de construire une histoire crédible et cohérente aux yeux du
client en jouant avec des ressources de natures différentes (humaines, matérielles, symboliques) qui
donnent une cohérence à la décision d’achat. Elles incitent à penser la négociation comme une
œuvre collective dans laquelle chaque élément a son importance dans le résultat final.
À l’instar de Weick (1998) et de Barbier (2011), la performance d’un négociateur peut être
comparée à celle d’un jazzman, dont l’art consiste à entrer en résonance avec les autres joueurs.
Ainsi, la représentation théâtrale – ou le cinéma, son dérivé moderne – devient un modèle
pédagogique pratique.
D’abord, il est de sens commun que tous les rounds de négociation s’inscrivent dans un
vocabulaire théâtral ou cinématographique : cadre, argument ou synopsis, rôles, séquences d’action
ou coups de théâtre, jeu, scène finale, etc.
Ensuite, s’il existe au théâtre et au cinéma, comme dans la négociation, une somme d’histoires
infinie, seulement trente-six situations stéréotypiques suffisent à raconter toutes les dramaturgies
(Georges Polti, 1912 ; Marie-France Briselance, 2006).
Ainsi, le négociateur expérimenté est toujours en terrain de connaissance quant au scénario qui
s’échafaude sous ses yeux et auquel il prend part. Il ne s’agit que d’une variante dont la conclusion
ne peut échapper à une fin connue.
Enfin, la négociation, comme toutes les interactions entre plusieurs personnes, est soumise au
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principe du sacré (Céline Bonicco, 2007). Toute rencontre, la plus quotidienne qui soit, se réfère
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aux rituels qui fondent la société dans laquelle ont lieu ces échanges. « Le client est roi » n’est
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qu’une illustration de ce principe, qui met sur un piédestal les interlocuteurs de tout négociateur.
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Dans ce contexte, le négociateur doit donc se tenir prêt à interpréter son rôle, avec ses différentes
facettes, en concédant de deux façons aux exigences de la normalité sociale :
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par l’identification aux comportements attendus des autres, c’est-à-dire en réussissant sous les
flux émotionnels à incorporer les exigences d’appartenance au groupe social, au point de faire
ressentir à l’autre la sincérité de ses sentiments vécus et de leurs valeurs communes (théâtre de
la catharsis d’Aristote) ;
par distanciation avec les rituels exigés, c’est-à-dire en partageant partiellement,
temporairement, les émotions et les éthiques de ses interlocuteurs, mais en les mettant
régulièrement à distance. L’objectif est alors que tous les protagonistes deviennent les
spectateurs de leurs investissements émotionnels et accèdent à une distance critique facilitant
un échange rationnel (théâtre brechtien de l’émergence d’une conscience politique par
didactisme).
Entre sincérité (identification) et cynisme (distanciation extrême), le négociateur est toujours
soumis à un dilemme générateur de stress (dissonance cognitive) : doit-il partager entièrement les
valeurs de ses interlocuteurs et ses sentiments ou bien s’en extraire totalement pour réussir à les
influencer, voire les manipuler ?
Cette double contrainte renvoie au classique paradoxe du comédien de Diderot qui anticipait
l’approche technique et experte de Brecht et de ses mises en scène distanciées : le comédien qui
ressent le moins les émotions de son personnage est le plus apte à les faire vivre à son public.
Goffman (1951) permet de dépasser ce dilemme en démontrant que la compétence sociale du
négociateur comme du comédien est de tenir son rôle dans un va-et-vient permanent entre
identification et distanciation. En effet, ce positionnement intellectuel, émotionnel et corporel lui
permet d’affirmer son identité (quelle qu’elle soit) et de la rendre compatible avec tous les types
d’interlocuteurs. Il peut ainsi partager les attentes des autres quel que soit leur degré d’altérité.
Dans cet exercice de pure maîtrise de ses rôles sociaux, le négociateur doit produire un travail de
représentation dont le but est de garder la face, ne pas la perdre, la sauver ou la retrouver durant les
différents échanges (work face).
Face à nos clients, sommes-nous prêts à nous identifier à eux, à leurs valeurs, à leur manière de
vivre ? Avons-nous plutôt intérêt à travailler nos capacités de distanciation (relativisation,
recadrage, interruptions de séances, différés de rounds, documentation, intégration de co-décideurs
inattendus, etc.) ?
Le négociateur qui recherche une performance durable doit doser son investissement émotionnel
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pour réussir à être en communion avec ses interlocuteurs tout en gardant la tête froide. Il doit
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pouvoir traiter n’importe quelle situation qui se présente, que ce soit une vente ritualisée à
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l’extrême comme une pièce bien rodée ou bien un événement imprévu mettant à l’épreuve sa
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réactivité.
Il devra dans tous les cas prendre appui sur les éléments du décor physique et symbolique
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(contexte, produits, agencement du point de vente, parties prenantes à la décision) et sur les
réactions des autres acteurs comme des spectateurs de la négociation pour réussir une performance
dans la durée.
La négociation apparaît ainsi comme un art et la vente comme un spectacle en plusieurs actes
comprenant des dialogues appris par cœur et récités, ainsi que des séquences improvisées. Le
premier chapitre souligne la nécessité pour le négociateur de gérer les différentes dimensions de la
vente (l’accord, le contexte et la relation) et met en lumière le rôle de la rhétorique comme moyen
d’influencer ses interlocuteurs. Le chapitre 2 insiste sur la nécessité pour le vendeur de préparer et
répéter la négociation en élaborant des scenarii et en se mettant en condition. Le chapitre 3 révèle
l’importance d’une première impression réussie par la maîtrise chez le négociateur, de la
communication verbale et non verbale. Le chapitre 4 met en exergue la nécessité de découvrir les
besoins, attentes et enjeux des autres acteurs pour mieux entrer en résonance avec eux. Le chapitre 5
dévoile les secrets de présentation et de défense d’une proposition attractive et argumentée. Le
chapitre 6 met en lumière les différents styles et manières de négocier. Il propose un nouveau
modèle de négociation qui tient compte des évolutions sociétales et environnementales : la
négociation responsable. Enfin, le dernier chapitre présente plusieurs techniques destinées à
conclure en beauté la négociation quelle qu’en soit l’issue.
Finalement, dans le monde d’aujourd’hui, où la négociation est omniprésente et où de nombreux
praticiens prônent un machiavélisme justifié par l’atteinte d’objectifs immédiats, il est important de
s’approprier une éthique qui respecte l’ensemble des parties prenantes pour réaliser une
performance durable et globale (économique, sociale, sociétale et environnementale). Comme nous
le rappelle Montaigne :
« La plupart de nos occupations sont comiques. Il faut jouer dûment notre rôle, mais comme
rôle d’un personnage emprunté. »
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Chapitre
L’art de négocier
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« Vendre est la chose la plus excitante que l’on puisse faire habillé. »
Woody ALLEN
« Je tiens ce monde pour ce qu’il est : un théâtre où chacun doit jouer son rôle. »
William SHAKESPEARE
« Toute activité humaine est saisissable par une interaction entre demandes et réponses. »
Paul VALÉRY
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Objectifs |\/
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■ Saisir la nécessité pour le négociateur de créer du lien, de transmettre une expertise et de gérer le
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contexte de la vente.
■ Apprécier le rôle de la rhétorique et de la communication dans une négociation.
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Sommaire
Cas introductif
Sacha Goude, récemment diplômé, joue aujourd’hui l’étape finale de son recrutement pour
un poste d’ingénieur commercial chez le leader de l’impression 3D. Il a postulé auprès de
ce groupe en raison de ses ambitions d’opérer dans un secteur d’avenir centrant son
développement sur les innovations technologiques. Dans le hall de la tour de ce quartier
d’affaires international, il attend une rencontre avec deux responsables opérationnels qui
reçoivent ce matin, en groupe, les trois derniers candidats de leur short-list. D’un regard
circulaire, Sacha a identifié les deux autres postulants arrivés quasiment en même temps
que lui avec une vingtaine de minutes d’avance. Tous trois se sont jaugés mutuellement
quant aux postures affichées, aux mouvements très rapides, presque aux tics que chacun
fait, inconsciemment, notamment avec son smartphone. Ils ont également repéré les
séquences répétitives des mêmes gestes qui permettent à chacun d’occuper le temps
d’attente. Sacha prend une posture où il se sent à l’aise et vérifie une dernière fois si
aucun message concernant le rendez-vous n’est arrivé sur ses boîtes électroniques. Il
décide de mobiliser ses techniques de préparation à l’entretien afin de gérer les tensions
intenses qu’il ressent.
Il pense qu’il a accédé à ce tour final de sélection notamment parce qu’il a réussi à franchir
le cap du démarrage de tous les entretiens auxquels il a été convié. Il récapitule les
techniques relationnelles qu’il mettra en œuvre au maximum de ses capacités, dès le
premier instant de la rencontre en comptant faire aussi bien que lors des rounds
précédents. La bonne impression qu’il avait su instaurer rapidement avait sécurisé son
interlocuteur autant que lui-même et lui avait ainsi servi de plateforme émotionnelle stable
pour développer son offre de candidature ainsi que l’argumentation de sa motivation.
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Appelé à mettre en scène son parcours, ses compétences et son profil, il sait parfaitement
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son texte et connaît par cœur ses arguments. Il a particulièrement préparé les techniques
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de traitement des objections, conformément aux rituels d’adaptation exigés par les
recruteurs à ces moments clés. Il est prêt à exprimer à son interlocuteur ses divergences
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son diaphragme à retrouver une souplesse respiratoire. Répétée plusieurs fois, cette
opération permet à Sacha de rééquilibrer son oxygénation et donc de continuer à se
mobiliser corporellement sans subir les effets négatifs du stress, qu’il doit positiver lors
du démarrage et durant toute la tenue de la réunion. Cette attention corporelle lui permet
de mieux se remémorer les points spécifiques pour lesquels il s’est préparé « à froid »,
tranquillement, rationnellement, les jours précédents. Il s’est ainsi tracé une ligne de
conduite sur les sujets suivants pour pouvoir répondre aux questions sur lesquelles on lui
demandera certainement de se prononcer :
Quel est celui d’entre vous trois qui semble être le plus compétitif pour notre entreprise ?
Comment vendre un produit innovant qui n’a pas encore trouvé son marché ?
Que faites-vous en cas de conflit éthique avec un client ?
Quel est le salaire que vous ambitionnez dans trois ans ?
Qu’est-ce qu’un négociateur responsable selon vous ?
D’autre part, il revoit mentalement les informations essentielles concernant l’actualité de
l’entreprise dans laquelle il postule, informations qu’il a collectées sur les réseaux
virtuels et auprès de ses connaissances professionnelles et amicales.
Il revisite aussi sa procédure de recherche d’emploi en cours, notamment la meilleure
solution sur laquelle il investira si la rencontre d’aujourd’hui se révélait négative. Si cette
décision non souhaitable lui était annoncée au cours ou à la fin de la réunion, il a même
préparé sa réponse pour reprendre en main la conclusion lors de sa sortie afin de
minimiser l’impact de la réponse négative.
Dans la même intention de programmation positive, il s’est fixé trois objectifs
comportementaux à réussir lors de cette séance, qui ciblent trois axes de son
développement personnel :
proposer et obtenir un changement mineur du déroulé annoncé de l’entretien ;
formuler une question improvisée à partir des éléments évoqués au cours de l’entretien
lorsqu’on lui demandera s’il a des questions à poser ;
conclure en communiquant sa satisfaction forte du déroulement de cet entretien.
Ainsi, quelle que soit la décision prise à l’issue de cette rencontre, il aura optimisé cette
situation pour parfaire ses compétences de négociateur (qu’il pourra mettre en œuvre dans
ses autres entretiens de recrutement ainsi que lors de sa prise de poste avec ses
prospects).
Lorsque la responsable des RH vient les chercher avec cinq minutes de différé sur l’horaire
prévu, il se lève en souriant légèrement. Il se dit que tout est parfait dans l’instant présent.
Il pense qu’il vaut mieux jouer pleinement sa chance, instant après instant, que de
s’exposer à des regrets durables en restant sur une réserve défensive.
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La vente comme la négociation sont des processus relationnels qui vont bien au-delà du champ de
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la fonction commerciale stricto sensu. Il est possible d’affirmer, à l’instar de nombreux auteurs et
praticiens, que chacun est aujourd’hui porteur d’une « offre ». Dans un monde plus turbulent et
dynamique, où les ressources se raréfient, les acteurs du monde socio-économique doivent en
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permanence négocier et/ou faire adhérer autrui à la cause qu’ils défendent (qu’il s’agisse d’une
décision, d’un projet, d’un produit, d’un changement d’organisation ou de stratégie, d’une idée,
etc.). Se pose alors la question de savoir ce qui différencie la négociation commerciale d’autres
formes de négociation (sociale, politique, diplomatique, conjugale, etc.), où chacun serait
finalement invité à adopter systématiquement une « posture commerciale » dans sa relation aux
autres. Cette « posture », mélange d’attitudes et de comportements, de savoir-faire et de savoir-être,
consiste à tenir compte de l’autre (de ses désirs, besoins et attentes) pour mieux l’inciter à dire
« oui » à nos propositions ou à nos idées (par la séduction, la raison ou la persuasion).
La première partie de ce chapitre sera consacrée à présenter les fondements de la négociation, sa
diversité, ses composantes et ses outils.
Dans la deuxième partie, dédiée à la conduite de la négociation, seront mis en lumière les
facteurs clés de succès de la vente et les différentes méthodes utilisées en fonction des situations
quotidiennes rencontrées par les acteurs.
Section 1
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livraison de produits et/ou de services moyennant une contrepartie. Cette contrepartie est le plus
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souvent monétaire (le prix) et est généralement assortie de conditions d’une variété infinie
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(conditions de paiement, garanties, délais, SAV, etc.). Selon Christophe Dupont (1994), la
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son entreprise (la marque qu’il représente). La négociation imbrique ainsi des aspects
objectifs (définis par rapport au marché) et des aspects subjectifs (liés à la relation qui
s’établit entre les parties) ;
elle est marquée par la présence de données techniques de nature variée qui impliquent des
compétences très diverses : économiques (prix, financements, délai, etc.), technologiques
(spécifications, services associés à la prestation principale, etc.), juridiques (clauses
contractuelles, garanties légales, etc.) ;
elle fait apparaître une tension entre le besoin de conclure une transaction unilatéralement
avantageuse (sous la pression économique et concurrentielle) et celui de maintenir une relation
à long terme (fidélisation) ;
elle se situe dans une chaîne économique dont elle constitue un maillon, entre un producteur de
matière première et un destructeur final. Cette interdépendance astreint les fournisseurs et les
clients à prendre en partie en compte les contraintes de leurs interlocuteurs, en particulier dans
le milieu industriel (le vendeur de fournitures sait que l’acheteur à qui il s’adresse fait face à
des impératifs de coût de revient et qu’il est également vendeur ou client à un autre stade de la
chaîne).
La négociation commerciale suppose qu’au préalable les parties prenantes soient entrées en
contact suite à l’initiative d’un acheteur (appel d’offres, demande de conseils, prise en main d’un
produit au sein d’un magasin etc.) ou d’un vendeur (démarchage, contact téléphonique, etc.).
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1.1 La vente et la négociation |\/
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La vente est généralement définie comme un acte d’échange entre un vendeur et un acheteur, qui
acquiert l’usage de biens ou de services contre rémunération. Toutefois, la vente concerne autant le
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fait de signer un contrat ou de formuler un accord verbal que l’action de « vendre » une idée ou un
concept (Audebert-Lasrochas, 2004). Vendre consiste alors à convaincre ou persuader un
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interlocuteur (le client) que la proposition du vendeur répond le mieux à ses attentes et besoins. Ce
processus peut ou non inclure une phase de négociation dans laquelle les parties recherchent un
accord par un échange de contreparties (Dupont, 1994). En effet, dans certaines situations, les
conditions commerciales sont fixées par l’entreprise qui propose une offre sans que l’acheteur
(voire même le vendeur) puisse les discuter. Nous sommes alors dans une situation semblable à de
la vente par catalogue ou par Internet. La négociation ne devient possible que lorsqu’il existe une
marge de manœuvre pour modifier les termes de l’échange.
Il existe des cas où la négociation est de facto quasiment absente, soit du fait qu’il existe une
domination exercée par l’une des parties, qui impose son offre ou son besoin du fait d’un pouvoir
très déséquilibré en sa faveur, soit que le vendeur réussit à convaincre l’acheteur qu’il est inutile de
perdre du temps supplémentaire car il restera sans effet améliorateur sur l’achat final.
A contrario, la négociation pourra constituer la majeure partie des échanges lorsque les acteurs
seront en situation d’interdépendance et de relatif équilibre de pouvoir.
DÉFINITION
La vente : elle consiste à séduire, convaincre ou persuader un interlocuteur que la proposition qu’on lui fait est de nature à
satisfaire ses besoins et ses attentes.
DÉFINITION
La négociation commerciale : elle consiste à rechercher un accord sur les conditions commerciales par un échange de
contreparties.
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Focus
Les négociations associées à la négociation principale
Il est rare que le champ d’une négociation se réduise à l’interaction entre un vendeur et son
client. Le plus souvent, le résultat de la négociation dépend de négociations annexes qui ont
lieu en interne au sein du centre d’achat (discussions au sein de la cellule familiale,
arrangements entre les utilisateurs et les décideurs, etc.) et du centre de vente (négociations
entre les commerciaux et leurs managers, compromis entre le service production et le service
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marketing, négociations avec les transporteurs ou les sous-traitants etc.).
Les négociations en interne peuvent poursuivre plusieurs buts :
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déterminer l’intervalle à l’intérieur duquel se situe la marge de manœuvre des négociateurs en
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tenant compte des objectifs à atteindre (marge bénéficiaire, part de marché pour les vendeurs,
budget et conditions annexes pour les acheteurs) ;
diminuer la responsabilité des négociateurs. En effet, les négociations en interne amoindrissent
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le risque et constituent des soupapes de sécurité pour les négociateurs : ils savent jusqu’où ils
peuvent faire des concessions et à quelles conditions ;
fixer le positionnement et les rôles de chacun des membres de l’équipe de négociation ;
mettre au point les conditions juridiques et commerciales négociées avec les clients ou les
fournisseurs en tenant compte des contraintes pesant sur les services internes (service
production, service juridique, transport, etc.) ;
répartir les risques et les marges entre des partenaires associés pour répondre aux besoins
d’un client unique.
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Au niveau opérationnel, des équipes marketing de soutien à la vente (animateur de réseau,
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community manager, web marketeur, etc.) accompagnent désormais la fonction commerciale
(téléconseillers, vendeurs et service après-vente) pour mieux répondre aux attentes et aux besoins
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des clients.
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EXEMPLE
Lors de l’appel d’un client pour résoudre un problème technique, les spécialistes du service assistance d’un opérateur
téléphonique en profitent pour proposer une offre commerciale. Il en est de même pour le service client d’une des banques
françaises qui, à la réception d’un appel pour signaler la perte d’une carte bancaire ou autre, présente un nouveau service. Nous
remarquons que les frontières s’estompent de plus en plus entre le rôle des commerciaux et celui des autres équipes de
l’entreprise.
Dans ce type d’entreprises orientées client, chaque acteur participe directement ou non à la
fonction commerciale et se trouve un jour ou l’autre mis devant la nécessité de négocier. De
nouveaux métiers, à la frontière du marketing et de la vente apparaissent alors pour soutenir les
efforts de chacun dans la gestion de cette relation client (animateur d’un réseau de point de vente,
community manager, etc.).
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négociation d’un accord de partenariat à fort enjeu entre deux équipes de négociateurs
professionnels.
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Figure 1.2 Typologie des négociations commerciales
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REMARQUE
Si de nombreux échanges commerciaux se font sans négociation (vente de produits de consommation courante) ni même
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interaction réelle (vente par Internet), la négociation existe toujours à un stade ou un autre dès que les enjeux sont importants.
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EXEMPLE
Un représentant en peinture rend visite à un prospect, gérant d’une société de BTP. L’entretien se déroule sur un chantier. Après
les présentations d’usage, l’entrepreneur annonce qu’il dispose de peu de temps car il doit rencontrer le maître d’ouvrage. Voici
leur échange :
« Il faudrait pouvoir tester vos peintures extérieures sur un prochain chantier !
De quelle quantité avez-vous besoin ?
Le problème c’est que vos prix sont plus élevés que ceux de mes fournisseurs habituels.
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Nous pouvons vous accorder une remise sur les prix catalogue si les quantités sont importantes.
Oui, mais mes gars ne connaissent pas vos produits pour l’instant.
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Je peux vous laisser quelques échantillons si vous le souhaitez…
Oui mais il faut que je voie avec mon épouse car c’est elle qui s’occupe des achats de l’entreprise… »
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Cette conversation voit s’enchaîner une série d’arguments et d’objections. Ces dernières indiquent de par leur nombre, leur forme
(« Oui mais ») et leur diversité (un sujet chasse l’autre), qu’au-delà du contenu (la livraison de peinture) se joue un problème de
communication. Ce constat doit inciter le vendeur à travailler sur le processus de négociation et la relation à l’autre partie au lieu
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1. La distance est à considérer dans ce cas de deux points de vue : celui de la proxémie, c’est-à-
dire la distance physique qui sépare concrètement les interlocuteurs, celle-ci obéit à certaines
règles (Edward T. Hall, 1971) ; mais aussi celui de l’attitude et les communications verbale et
non verbale, qui marquent une distance psychique de manière à induire un comportement chez
l’autre partie. Ces deux critères dépendent à leur tour des trois considérations suivantes :
le profil des négociateurs. Il s’agit d’identifier son propre profil pour améliorer ses performances et de cerner le profil
de son interlocuteur afin de mener la négociation dans le sens voulu. Selon le cas, le négociateur ajustera son
comportement, en tenant compte de sa nature et de celle de son vis-à-vis. Il s’agit dans ce cas de la gestion du
processus ;
la position des parties prenantes. Par « position » est entendu le pouvoir que détient chacune d’entre elles. Dans une
situation de négociation, il y a souvent un déséquilibre au niveau des pouvoirs. Ce déséquilibre peut s’expliquer par des
causes conjoncturelles ou par des causes structurelles et pèse sur le cours des négociations ;
le but poursuivi. L’intérêt de la relation est plutôt à envisager en fonction du but recherché. Si la négociation se
rapporte à une affaire dont l’enjeu économique est à court terme et n’est pas appelé à durer, les compromis à concéder
sont moins importants que lorsqu’il s’agit d’une relation qui doit s’entretenir à long terme.
2. Les émotions sont à considérer du point de vue de l’observation mutuelle des parties
prenantes et de la perception réciproque de leurs attitudes et réactions respectives.
Empiriquement, nous connaissons le pouvoir de contagion des émotions qui est avéré sous les
analyses IRM[2], dans les recherches en neurosciences. Excepté dans certains cas particuliers
(relations conflictuelles violentes, différences culturelles antinomiques, traits de personnalité
incompatibles, situations vécues antagonistes, etc.), chacun ajuste automatiquement
l’expression de ses émotions à ses interlocuteurs. Tristesse, joie, colère, mépris sont ainsi
l’objet d’amplifications par le partage avec autrui comme les autres combinaisons de
sensations. Par ailleurs, les bons sentiments ont un effet positif sur le cours de la négociation.
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Il est important de souligner que lorsque l’expression de ces émotions ne correspond pas aux
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attentes, cela engendre une ambiguïté entre les négociateurs. En effet, lors d’une négociation,
les interlocuteurs cherchent à collecter des informations et à les traiter. Un des rôles des
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émotions est de traiter ces informations en jugeant de leur authenticité, ce qui implique
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EXEMPLE
Une commerciale automobile de la marque Gosnainreno reçoit à sa concession une cliente pour la deuxième fois de la semaine en
ce samedi après-midi. Celle-ci est DRH chez Lorseboucle et elle veut choisir une voiture pour sa fille qui vient de passer son
permis de conduire avec succès. Sa voiture de fonction est une Espace :
« Bonjour chère Madame, je sentais que vous alliez revenir me voir cet après-midi.
Je vous avais dit que je viendrais peut-être avec ma fille mais elle est partie en week-end.
L’essentiel est de vous assurer que lorsque votre jeune fille passera à la concession faire son choix, les modalités seront
cadrées à votre convenance.
Effectivement, de quelle remise pourrai-je bénéficier si vous tenez compte de l’accord cadre de ma société avec la vôtre ?
Comme il s’agit d’un véhicule électrique, j’ai obtenu l’autorisation de presque m’ajuster aux conditions interentreprises
négociées entre nos sociétés, bien que cet achat se fasse à titre personnel. En tant que leader d’opinion dans votre
entreprise, nous pouvons ainsi trouver un accord rapide.
Rappelez-moi l’autonomie de ce modèle Zazie ? C’est vrai qu’il s’agit de la voiture électrique la plus vendue en France ?
Qui vous a dit cela ? Le directeur financier de Lorseboucle ?
C’est ma fille Ambre. Je me demande pourquoi la génération Y s’éprend tant d’empreinte écologique.
Nous sommes bien obligées de suivre les orientations de nos enfants quand elles ne sont pas à risques. Quelles sont les
teintes préférées d’Ambre ?
Quelles sont les couleurs rapidement disponibles ? »
Focus
La négociation interculturelle
La négociation interculturelle obéit à des règles spécifiques et fonctionne selon ses propres
principes. En effet, selon Hassan Souni (2008)* : « La complexité et l’immense hétérogénéité
des variables sociopolitiques, culturelles et économiques des nations du monde peuvent
affecter de façon très significative les résultats liés à la négociation et à la conduite des
affaires. » Aussi est-il nécessaire de maîtriser à la fois :
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les fondamentaux de la négociation ordinaire ;
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la culture du pays du partenaire, aussi bien sur le plan linguistique que comportemental ;
$!
le mode de fonctionnement économique et juridique du terrain où s’opèrent les transactions.
L’aspect culturel prend souvent le pas sur les autres variables. Lorsque le négociateur connaît
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et respecte les us et coutumes de son partenaire, cela facilite l’échange et améliore la qualité
de la relation humaine, ce qui participe à l’instauration d’un climat favorable à l’échange. Ce
By
paramètre peut s’avérer plus important que l’aspect technologique ou financier. En effet, pour
négocier, il faut communiquer ; pour communiquer, il faut se comprendre. À défaut, l’échange
est stérile.
Souni a établi une liste de variables à maîtriser :
Comment éviter les pièges interculturels (ex. : un geste interprété comme une approbation) ?
Comment négocier avec des partenaires étrangers en évitant de commettre des maladresses
personnelles et professionnelles ? (ex. : aborder un sujet tabou)
Comment séduire les partenaires étrangers en tenant compte de leurs différences culturelles
(ex. : quel type de cadeau choisir) ?
Comment s’adapter aux cultures locales (ex. : la manière de saluer) ?
Comment transmettre son message en tenant compte des codes culturels (ex. : manifester son
désaccord sans paraître présomptueux ou agressif ) ?
D’autres éléments sont également à prendre en considération :
Ajuster son propre comportement non verbal à celui de son partenaire étranger (ex. : la
manière de s’asseoir ou de manger).
Entrer en relation et partager des moments de familiarité avec son partenaire en respectant la
distance physique et psychique à ne pas franchir (un semblant d’intimité ne doit pas être
interprété comme des moments de familiarité).
Affirmer ses propres différences culturelles (choisir le moment de déroger aux rites et
habitudes culturelles de l’autre partie).
Influencer en tirant parti de son statut d’invité ou d’hôte (provoquer la culture locale pour faire
prendre une décision).
* Hassan Souni, Savoir négocier pour mieux vendre. Vision pluriculturelle face à la
mondialisation, Éditions Démos, 3e édition, 2008, p. 177.
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aux questions de l’autre partie, répétition d’une objection, refus systématique de concéder quoi que
ce soit, etc.) et d’aboutir à une situation de blocage ou d’impasse. Cette caractéristique évolutive de
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la négociation nécessite de la part d’un négociateur une grande maîtrise des paramètres de
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l’échange.
La construction de l’accord s’opère en réalité autour de quelques enjeux fondamentaux. Ces
By
notions sont les suivantes : le point d’aspiration, le point de réserve, la position initiale affichée, le
point de rupture simulé, la meilleure solution de repli et la zone d’accord possible.
DÉFINITION
Le point d’aspiration (ou position réaliste attendue) : c’est le meilleur résultat auquel peuvent prétendre les négociateurs. Il
traduit l’appréciation de ce que les négociateurs pensent pouvoir obtenir compte tenu du contexte.
DÉFINITION
Le point de réserve (ou point de rupture) : c’est la limite inférieure en dessous de laquelle les négociateurs ne peuvent pas
descendre ; il s’agit de la prétention minimale qui, si elle n’est pas respectée, conduit un négociateur à préférer sortir de la
négociation plutôt que de consentir à une concession supplémentaire.
DÉFINITION
Le point de rupture simulé : c’est un point annoncé juste avant les conditions réelles du point de rupture. L’objectif est de
s’accorder une opportunité de communiquer à ses interlocuteurs que l’accord est arrivé à la limite de la zone d’accord possible.
DÉFINITION
La position affichée initiale (ou position de départ) : elle correspond à la première offre ; cette offre servira de référence
aux discussions ultérieures et influence consciemment ou inconsciemment (et pas forcément de manière raisonnable) les décisions
prises (effet d’ancrage).
DÉFINITION
La meilleure solution de rechange (ou meilleure solution alternative) : c’est la meilleure solution à disposition du
négociateur en dehors de l’échange en cours.
DÉFINITION
La zone d’accord possible (ZAP) : c’est la plage de négociation entre les points de résistance respectifs des parties. Si ces
points ne se chevauchent pas, il n’y pas de ZAP. Dans ce cas, l’accord devient hautement improbable et les parties auront intérêt
à trouver une autre solution en faisant acte de créativité ou de recadrage.
La détermination de ces différents points est un enjeu à part entière de la négociation. Il n’est pas
toujours facile en raison d’éventuels déficits d’information et de l’incertitude quant aux valeurs et à
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la hiérarchisation réelles des objectifs de formaliser ces notions. La grande majorité des auteurs et
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des praticiens considèrent qu’il est néanmoins préférable de réfléchir à ces différents concepts
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techniques avant d’aborder une transaction. La question demeure toutefois débattue, certains
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affirmant qu’un négociateur négocie d’autant mieux qu’il ne connaît pas ses limites.
By
EXEMPLE
Un industriel de l’agroalimentaire et son principal fournisseur de matières premières négocient un nouveau contrat annuel. Même
si le transformateur espère payer les produits au prix de 4 euros/tonne (point d’aspiration), il est prêt à accepter jusqu’à
4,80 euros/tonne. Il s’agit de son point de réserve. Si cela n’est pas possible, il devra faire appel à plusieurs autres fournisseurs
pour trouver la même quantité de matière première avec une qualité légèrement différente (meilleure solution de repli), ce qui
engendrera des coûts de mise au point et de contrôle.
Le fournisseur est disposé à vendre son stock de matière première au transformateur pour un minimum de 4,50 euros/tonne
(point de réserve) bien qu’il espère négocier un prix de 5 euros (point d’aspiration). Il propose à l’acheteur un prix de départ
de 5,20 euros (position affichée initiale). Dans le cas où la négociation échouerait, il vendrait une partie de sa matière première
au consommateur final en direct (ce qui engendrera des coûts supplémentaires) et une autre partie à la grande distribution (pour
un prix de 4 euros/tonne seulement).
Dans le cas ci-dessus, parce que le prix plafond que l’acheteur est prêt à payer et le prix plancher que le vendeur est prêt à
accepter se chevauchent, on dira qu’il existe entre eux une zone d’accord possible correspondant à n’importe quel prix situé
entre 4,50 et 4,80 euros/tonne. Si les négociateurs atteignent leur objectif, ils tomberont d’accord dans cette fourchette et feront
tous deux une meilleure affaire que s’ils s’étaient adressés ailleurs.
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notamment de la personnalité du négociateur, de ses motivations, de certains facteurs cognitifs
et de l’expérience du négociateur ; |\/
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les enjeux et les relations entre les parties avant la négociation ;
les conditions dans lesquelles se déroule l’échange : il s’agit du nombre de participants, du
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caractère public ou non des échanges, du nombre des parties, de la connaissance mutuelle des
parties, des contraintes de temps, de la disposition des lieux.
By
Si les négociateurs ne peuvent généralement pas modifier le contexte pendant l’échange, ils
peuvent toutefois :
agir sur certains éléments avant la négociation pour essayer de créer un contexte plus
favorable (nombre de parties prenantes, recherche d’informations, disposition des lieux, etc.) ;
se préparer minutieusement afin d’intégrer le mieux possible les variables de situation et
préparer des stratégies relationnelles adaptées ;
prendre conscience des éléments de contexte qui risquent de biaiser leurs jugements et leurs
décisions.
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de la négociation. Il est donc nécessaire de détecter sa source et son champ d’action afin de savoir
la cerner, y faire face ou la contourner.
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Le pouvoir est présent en amont, pendant et en aval des tours de négociation. En effet, sa présence
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peut se révéler par effet de réputation (« M. Leford est un vrai tueur ! », pensera l’autre partie avant
un entretien). Cette réputation qui précède la négociation influence le comportement des parties
By
adverses.
Le pouvoir peut être décelé pendant la négociation par des attitudes ou un choix de discours
(M. Lesage n’intervient pas dans l’échange mais manifeste des signes d’approbation ou de
désapprobation au porte-parole : apparemment, c’est à lui que reviennent les décisions). De même,
on peut réaliser la position de force après le premier round de la négociation (M. Lessure est resté
ferme sur sa proposition, il a certainement d’autres possibilités qui lui permettent de ne pas faire de
compromis).
Le pouvoir peut être défini comme un contrôle des ressources clés (Mechanic, 1972) que sont
l’information, l’accès aux personnes et l’accès aux moyens des autres.
J. Rojot (2011)[4] présente trois conceptions du pouvoir :
le pouvoir comme attribut d’un acteur. Dans cette conception, Weber (1947) cite trois
sources de l’autorité : charismatique (la reconnaissance par les tiers), traditionnelle (par
l’héritage, les règles, la coutume) et rationnelle/légale (lois impersonnelles liées aux
compétences et au mérite). Barnard (1938) et plus tard Simon (1965) décriront que le pouvoir
trouve sa source dans l’acceptation de s’y soumettre (la « servitude volontaire », chère à La
Boétie). French et Raven (1959) présenteront cinq types de pouvoirs :
légitime (issu de la position de celui qui le détient : la position du décideur
dans une entreprise) ;
de récompense (ou sanction positive ou négative : le chef de famille) ;
de l’expert (celui qui détient un savoir, une compétence et donc une solution
à un problème particulier : l’ingénieur) ;
de déférence (celui à qui l’on cède le pouvoir par respect ou tradition : dans
certaines tribus, le doyen de l’assemblée détient le pouvoir) ;
de coercition (celui qui peut obliger les autres par la force directe ou
indirecte : le parrain d’une bande mafieuse).
Le pouvoir comme donnée relationnelle et relative. Crozier et Friedberg (1977) ont défini
une typologie des sources de pouvoir :
celui de l’expert (découlant d’une spécialisation) ;
celui du marginal sécant (assurant un rôle de lien) ;
celui de l’aiguilleur (qui maîtrise les informations et la communication) ;
celui qui découle de l’existence de règles organisationnelles.
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Le pouvoir, structurel et invisible. Il s’agit de découvrir les aspects invisibles du pouvoir.
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Lukes (1974) considère que le vrai pouvoir est la capacité de résoudre un conflit en sa faveur
ou carrément de le supprimer. Plus tard, Buchanan et Badham (1999) considèrent que le
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pouvoir est « intégré », « incrusté », du fait que « ce qui est tenu pour acquis » par un
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ensemble de règles peut être contestée mais jamais désavouée. Le négociateur lui-même va
s’interdire de les braver du seul fait qu’elles sont instaurées et acceptées par tous. Rojot
(2011) propose de remettre en question cette idée de « tenu pour acquis » et propose une grille
By
d’analyse dont les sources du pouvoir se trouvent dans les concepts d’ethnométhodologie[5].
Schelling (1963) attire l’attention sur le fait que feindre de céder le pouvoir à l’autre renforce sa
position. Cet auteur, qui a obtenu le prix Nobel en 2005 pour la théorie des jeux, a une conception
différente du pouvoir, défini en fonction de l’engagement de l’acteur. La négociation est alors menée
comme un jeu de stratégie. En effet, selon Schelling, le négociateur a intérêt à faire une proposition
menaçante et feindre de céder le pouvoir de décision aux parties adverses qui, pour éviter le
scénario catastrophe, vont faire des compromis.
Focus
La théorie des jeux
Cette théorie trouve sa source dans les travaux de John Von Neumann et Oskar Morgenstern
(1944) et n’a cessé d’être développée depuis. Elle a donné lieu à deux prix Nobel : le premier
en 1994 à John Nash, Reinhard Selten et John Harsanyi et le deuxième en 2005 à Thomas
Schelling et Robert Aumann.
Selon cette théorie, il est possible d’assimiler la négociation à un jeu, c’est-à-dire une
situation où des joueurs sont conduits à faire des choix parmi un certain nombre d’actions
possibles dans un cadre donné (« les règles du jeu »). Il s’agit donc d’élaborer un ensemble de
stratégies par anticipation des comportements des parties adverses. L’enjeu est de prendre des
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décisions dans un environnement dynamique instable où l’ensemble des informations sont
incertaines. L’information a toutefois une double valeur : d’une part, elle permet d’estimer la
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probabilité d’actions ou de réactions incertaines. D’autre part, en introduisant le « bluff », il
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est possible d’agir sur le vis-à-vis et de lui faire prendre des décisions en faveur de celui qui
lance les rumeurs (Ponssard, 1977).
Dans le cadre de la négociation commerciale, selon le type d’informations détenues ainsi que
By
la perception de l’équilibre ou du déséquilibre du pouvoir, le choix est porté soit sur une
négociation distributive, où le résultat est à somme nulle (ce qui est gagné par une partie est
perdu par l’autre), soit sur une négociation intégrative (où le résultat est de type gagnant-
gagnant pour les deux parties, même s’il existe une forte asymétrie entre les gains respectifs).
La théorie des jeux indique que dans certaines situations spécifiques, les probabilités
d’obtenir un accord en coopération augmentent lorsque la négociation se déroule en plusieurs
coups.
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comportements peuvent être interprétés d’une manière erronée et altérer ainsi la confiance qui doit
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s’établir entre les parties prenantes. En effet, certains signaux vont être mis en corrélation avec
$!
l’objet de la négociation et non en rapport avec la personne du négociateur. Ainsi, l’offre peut
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paraître douteuse.
Le rétablissement d’une communication de qualité est pratiquement assuré par deux stratégies ou
By
Focus
Les biais cognitifs affectant la communication
Il existe de nombreux filtres qui affectent l’émission et la réception d’un message (filtre du
langage, filtre de perception, etc.). Les erreurs de compréhension et de raisonnement
constituent l’un d’entre eux. L’économie comportementale montre ainsi que nos décisions, loin
d’être le fruit d’un calcul rationnel fiable, sont souvent le produit d’heuristiques* de
raisonnement, c’est-à-dire des habitudes de pensées, des estimations et des approximations qui
semblent justes mais qui comportent en réalité des erreurs (Kahneman, 1979). Nous raisonnons
en pratique davantage avec nos connaissances concrètes du monde (qui s’appuient sur des
croyances raisonnables et des convictions) qu’avec les règles de la logique, au risque de faire
des erreurs. Cette idée est conforme à la théorie des marqueurs somatiques (Damasio, 1999),
qui affirme que le raisonnement calculé n’est pas forcément le plus efficace, nos affects jouant
un rôle positif dans la décision : sur la base de nos émotions et de nos expériences passées,
notre cerveau restreint le champ des possibles et nous aide à faire un choix.
Dans une négociation, ces biais cognitifs sont autant une menace qu’une opportunité pour les
négociateurs :
Ils peuvent conduire les parties à commettre des impairs (le vendeur qui félicite pour son
mariage une jeune femme qui vient de changer de nom, alors que celle-ci vient de divorcer) ou
des erreurs d’appréciation (en préférant une solution qui paraît raisonnable, mais qui est en
réalité contraire aux intérêts de l’entreprise).
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Ils peuvent servir à débloquer une situation en trouvant une solution créative, en faisant passer
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une argumentation peu étayée comme vraisemblable ou en rendant plus acceptable une seconde
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proposition formulée sur un registre différent de la première (effet de cadrage).
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* Une heuristique est une stratégie mentale de résolution de problème qui consiste à miser sur
la probabilité d’une solution donée. Ex. : rechercher ses clés perdues dans les endroits
By
DÉFINITION
La rhétorique : c’est la négociation de la distance entre des individus à propos d’une question donnée (Meyer, 2008).
1. L’ethos renvoie à l’image du vendeur et à la crédibilité qui émanera de sa personne. Elle est
liée à ce qu’il est (son éthique, sa personnalité, son histoire et ses expertises relationnelles) et
à ce qu’il représente (la marque, le produit qu’il vend). Il s’agit pour le vendeur de séduire, de
trouver la bonne attitude, le ton juste pour proposer sa solution. Le vendeur devra faire corps
commun avec son acheteur. Il devra mettre en avant ses appartenances communes avec son vis-
à-vis.
2. Le logos désigne à la fois le « verbe » et la rationalité, le lieu de la capacité intellectuelle et
de la logique. Le logos permet au vendeur de convaincre par la raison, les preuves. Il s’agit ici
de montrer au client que l’offre que l’on propose répond à ses besoins et à ses attentes.
3. Le pathos se définit comme la persuasion par la passion. Il renvoie à la sensibilité du client.
Le vendeur fait ici appel aux sentiments pour susciter chez le client des émotions et
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l’impressionner. Il s’agit pour le vendeur de jouer le jeu de l’empathie avec son client. Cette
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persuasion s’opère en jouant sur les caractéristiques de la situation, en créant un contexte
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favorable à l’achat et en hypertrophiant les aspects émotionnels favorables à son offre. La
réduction de l’échelle du temps historique à l’immédiateté sera un levier facilitant le passage à
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l’acte d’achat.
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Ces trois dimensions sont interdépendantes et présentes dans tout entretien de vente à des degrés
et des moments divers.
Figure 1.4 Le triangle rhétorique
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By
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qu’il vend pour le défendre « avec ses tripes » et mettre toute sa personnalité et sa
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sensibilité à contribution. Le séducteur devance ainsi l’expression du désir de l’autre
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afin de le conforter et de l’intensifier. La personne séduite trouve ainsi en l’autre
l’image aimable d’elle-même. Séduire, c’est se faire l’objet de l’autre.
4$
l’autre partie. L’opinion qu’il a du produit ne doit pas avoir d’importance. Il s’agit
ici de produire une communication tenant compte des attentes de la cible. L’objectif
est d’automatiser l’acte de vente en faisant du vendeur l’agent d’une communication
centrée sur le langage. On s’adresse à l’un en parlant le langage des autres tout en
s’impliquant le moins possible. Certaines formations apprennent ainsi aux visiteurs
médicaux à utiliser le langage des médecins, qui sont les prescripteurs des
médicaments concernés.
La manipulation : la manipulation repose sur le fait de faire agir l’autre avant
d’essayer de le convaincre ou de le persuader du bien-fondé de sa décision* . Il s’agit
de mettre en situation de déséquilibre le protagoniste qui, pendant cette perte de
repères, s’engagera dans une décision lui assurant un confort immédiat. Dans le cas
d’une acceptation de l’accord sur du long terme, le manipulé recomposera une
nouvelle représentation mentale et exprimera un point de vue qui inclura l’objet de la
manipulation.
Dans tous les cas, ces effets d’influence ou de manipulation ne fonctionnent que s’ils
prennent sens dans un certain contexte physique et symbolique. Pour que la décision d’un
négociateur prenne un sens positif qui le pousse à agir, les paroles et les actes de l’autre
partie doivent paraître cohérents avec l’ensemble des éléments de la situation : la relation
à l’autre, l’identité des parties, les normes et les croyances, l’environnement spatial et
temporel, etc.
Ainsi, un prêcheur ne parviendra à convertir un individu en le mettant dans un état de
suggestibilité que si d’autres éléments de contexte sont réunis pour donner un sens positif
à cette conversation. De par l’effet de foule, l’agencement des lieux, la mise en scène, la
situation apparaît exceptionnelle et différente du quotidien du spectateur : il était seul, il
ne l’est plus ; il était sans chaleur humaine, il sait qu’elle existe ; il était égal aux autres
dans son malheur, il sait qu’il existe des élus ; il était déboussolé, il a retrouvé un guide ;
il ne savait plus quoi faire, il sait ce qui va le sauver… La situation présente paraît ainsi
euphorique par opposition à l’ancienne qui était triste et pénible. Dans ce contexte, notre
futur converti est prêt à recevoir le discours du prêcheur, discours qui prendra alors un
sens positif pour lui (Mucchielli, 2010).
* Selon Kurt Lewin (1947), il est plus efficace lorsque l’on souhaite obtenir d’autrui qu’il
modifie ses idées et ses comportements d’opter pour une stratégie dite
« comportementale » plutôt que d’adopter une stratégie qui repose sur la persuasion. En
effet, même s’ils paraissent dérisoires, les actes préparatoires à la décision engagent celui
qui les émet, rendant ainsi plus probable l’obtention du comportement final attendu.
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Pour les spécialistes de la vente (Goldman 1981, Whiting 2003) l’ensemble des méthodes de
vente repose en réalité sur quelques idées clés :
tenir compte des besoins et des motivations de l’acheteur en ayant toujours présent à l’esprit
l’usage que le client fait du produit (au moins aussi important que les qualités et le prix du
produit lui-même) ;
être capable de développer une forte énergie, une ténacité et une capacité d’initiative ;
savoir argumenter et accepter les objections sans chercher à avoir le dernier mot ;
suivre une série d’étapes et de tactiques de vente.
La manière de mettre en œuvre ces préceptes varie néanmoins selon les méthodes utilisées.
1.1 La préparation
Les négociateurs français ont la réputation de ne pas suffisamment préparer leurs négociations et
de privilégier les « effets de manche » et la théâtralisation. De plus, la quasi-totalité des auteurs et
des praticiens insistent sur l’intérêt d’une solide préparation, le manque de méthode dans ce
domaine étant considéré comme une des erreurs les plus fréquentes (Cathelineau, 1991). À l’image
d’un sportif de haut-niveau ou d’un joueur de strategic games, le négociateur doit se mettre en
condition avant la compétition. La préparation se fait sur plusieurs niveaux, à savoir :
être actualisé sur les caractéristiques de sa propre offre et celle de ses concurrents de manière
à pouvoir poser des questions clés, argumenter à bon escient et répondre à toutes les questions
et objections ;
réaliser un diagnostic complet du contexte, pour formaliser les marges de manœuvre et les
options dont on dispose, ce qui facilite la fixation des objectifs et le choix de la stratégie à
adopter ;
être en bonne forme physique, afin d’avoir un esprit alerte et vif et de pouvoir faire face avec
sérénité et calme aux différentes humeurs des interlocuteurs, ainsi qu’aux imprévus et aux
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situations complexes. Ne dit-on pas « un esprit sain dans un corps sain » ?
être présentable et agréable à voir, savoir se mettre en valeur par un choix minutieux de la
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coiffure, de la tenue vestimentaire, des accessoires et autres artefacts caractéristiques de la
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profession.
Le contenu et l’intensité de la préparation sont fonction de la nature et de l’importance de la
By
À chacune de ces étapes, le négociateur doit adapter son attitude et son comportement : s’il faut
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faire preuve d’empathie lors des premières phases de l’entretien, il importe de faire preuve
$!
d’autorité lors des étapes d’argumentation. Il s’agit à chaque fois de trouver le bon dosage entre la
nécessité de faire progresser l’accord vers un dénouement positif et l’obligation de construire une
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relation efficace.
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EXEMPLE
Lors d’une négociation entre un fabricant et le responsable d’une centrale d’achat de la grande distribution, ce dernier invite
d’emblée le commercial à présenter son prix en ajoutant qu’il connaît déjà les produits concernés et les entreprises susceptibles de
les vendre et qu’il a simplement besoin d’une quantité X pour couvrir des besoins ponctuels. Cette tactique vise à prendre
l’ascendant sur le commercial pour démarrer immédiatement la phase de négociation en position de force. Dans un tel cas, il
convient de ne pas entrer dans le jeu de l’autre partie et d’essayer de reprendre la maîtrise de l’entretien en posant une question
et en annonçant au moins un argument soutenant la proposition initiale.
DÉFINITION
La communication non verbale : sans le recours à la parole, elle désigne toute forme d’expression dont le corps est à la fois un
moyen et un support. Elle intègre, entre autres, les expressions faciales, le regard, le ton et le tempo de la voix, le maintien du
corps, la gestuelle, l’odeur, un tatouage, le style vestimentaire, le choix des accessoires. Elle est en partie volontaire et contrôlée.
Elle est également inconsciente, sous le contrôle du système neurovégétatif.
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l’objet de la négociation et la situation. Finalement, pour une même offre, il est manifeste que le
négociateur entreprend une argumentation différenciée selon les différentes typologies de clients.
$!
C’est notamment le cas quand ces clients sont de culture différente. Il doit par ailleurs adapter son
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comportement aux variations de forte amplitude des états émotionnels de ses clients.
Au-delà de la simple adaptation aux comportements et aux discours de l’autre partie (besoins et
By
positions affichés), le négociateur efficace doit montrer à l’autre qu’il a compris les attentes et les
enjeux de la situation, mieux que ne l’aurait fait son concurrent ou un algorithme sur Internet. Il
s’agit d’entendre ce que l’autre ne dit pas, de deviner les processus psychosociaux qui sous-tendent
sa demande pour lui montrer, grâce à une rhétorique adaptée, que la proposition qu’on lui fait
répond largement à ses attentes.
Focus
L’audace en négociation
L’audace est une valeur ambiguë, elle peut être soit négative, soit positive. En effet, ce terme
signifie à la fois « un geste effronté », « le courage », « la témérité » ou « l’innovation ».
Selon les travaux de Bergeron et al. (2008), la réussite en négociation suppose une bonne
gestion de la première impression (qui agit sur la qualité perçue et la confiance) et de la
dernière impression (qui influence le niveau de satisfaction du client). À se référer aux travaux
de Goffman (1951), la gestion des impressions passe par le respect du rituel et l’observation
d’un comportement conforme aux attentes de l’interlocuteur. Dans ce cas, la question qui se
pose est : Peut-on être audacieux et faire bonne impression ?
La réponse est affirmative dans la mesure où l’on considère l’audace du point de vue de
l’innovation. En effet, un des facteurs bloquant une négociation est l’immobilisme et la
monotonie. Se figer sur sa position ne permet pas l’échange. Par contre, surprendre son
interlocuteur, faire preuve d’imagination, de vivacité d’esprit, innover dans sa manière de
présenter les arguments contribue non seulement à enrichir l’échange mais aussi à refléter une
image positive, donc à faire « bonne impression ».
Par ailleurs, faire preuve de témérité (l’une des acceptions du terme « audace ») est une
qualité plus qu’appréciée en négociation. Savoir dépasser les freins et objections de la partie
adverse, la relancer en cas de refus, entretenir la relation même si dans un premier temps la
négociation n’a pas abouti, garder à l’esprit l’éventualité d’une prochaine affaire, en somme,
ne jamais conclure sur un échec et le considérer plutôt comme un report.
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lumière trois stratégies de vente génériques mobilisables dans différents contextes d’achat : la vente
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affective ou émotionnelle, la vente relationnelle et la vente transactionnelle.
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Focus
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La méthode AIDA |\/
$!
La célèbre méthode AIDA (Attention, intérêt, désir, action), attribuée à Strong (1925) et
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reprise et commentée par Goldmann (1981), est caractéristique des méthodes de vente
émotionnelle. Goldman indique ainsi que l’éveil de l’attention doit intervenir dès
l’introduction et que la meilleure manière de susciter l’intérêt est de procéder très rapidement
By
à une démonstration du produit. Il insiste également sur le fait que l’intérêt du client ne suffit
pas pour qu’il achète et qu’il faut entretenir son désir d’achat par une argumentation
personnalisée (qui consiste à présenter les avantages du produit en réponse aux besoins du
client), puis lui faire ressentir que l’achat est impératif et absolument justifié.
Selon Goldmann, les quatre stades de la vente ne sont pas limités dans le temps, ni soumis à un
ordre invariable : il est possible de passer du stade de l’attention à celui de l’intérêt en
quelques secondes, puis de passer plusieurs heures pour persuader avant de conclure.
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une conclusion qui va guider le client vers l’achat et laisser place si besoin à la négociation
pour revaloriser le plaisir de l’achat (pathos).
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Certains professionnels utilisent des acronymes pour mémoriser ces différentes étapes, comme
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par exemple la méthode DIPADA : Définir le besoin, Identifier la solution, Prouver l’intérêt de la
transaction, Accepter, éveiller le Désir, provoquer l’Accord.
By
Il s’agit pour le vendeur de séduire (ethos) avant de convaincre (logos) puis de persuader
(pathos). Nous sommes ici dans le schéma inverse du précédent : ethos – logos – pathos.
Focus
La méthode PSS
La méthode PSS (Professional Selling Skills), développée au sein du groupe Xerox, permet
d’illustrer ce type de vente. Elle voit se succéder trois phases :
l’ouverture de l’entretien afin d’obtenir un accord sur le sujet traité et de cadrer la vente
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(logos) ;
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l’argumentation, qui enchaîne des questions et des interventions d’appui destinées à faire
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croire au client (par vagues émotionnelles) comment la solution que le vendeur propose va
répondre spécifiquement à l’un de ses besoins (pathos) ;
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du client et la réponse en deux étapes distinctes, la démarche PSS préconise d’apporter une
réponse immédiate à tout besoin identifié (Macquin, 1998).
L’ESSENTIEL
■ L’art de la négociation
Toute personne est appelée à « négocier » sa position sur l’échiquier de la vie, tout au
long de son existence. Pour augmenter ses probabilités de réussite, une telle entreprise ne
peut être laissée au gré du hasard.
Négocier peut être assimilé à un art du spectacle. Nous sommes plongés dans un scénario
où s’affrontent des acteurs appelés à gérer des relations afin d’aboutir à un accord. Pour
convaincre, ils doivent jongler entre distanciation et identification. Leur principal outil
est la communication verbale et non verbale. Pour atteindre leurs objectifs respectifs, ils
doivent « performer » dans l’art oratoire, maîtriser les concepts rhétoriques, gérer les
émotions. Quant au dénouement final, il est étroitement lié à la faculté d’innovation
disruptive, à la qualité des stratégies de jeu mises en place et à la capacité de choisir
entre l’option d’ancrer son pouvoir ou celle de chercher un compromis.
Questions de réflexion
1 ■ La négociation : art ou science ?
2 ■ Peut-on apprendre à négocier ?
3 ■ Que signifie « remporter » une négociation ?
EXERCICES
Un entraînement aux clés de succès d’une négociation peut suivre l’itinéraire suivant :
Ritualiser l’accueil et l’écoute de l’autre.
Faire le choix de négocier ou de vendre selon les situations.
Alterner le partage des émotions et leur mise à distance.
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contenterait si vous lui offriez un cadeau. Pour cela, vous vous accordez un temps limite de
quelques minutes sans excéder un quart d’heure et vous vous contraignez à suivre les étapes
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suivantes :
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Une consigne : vous allez communiquer à votre interlocuteur le cadre et l’objet de votre
entretien express.
Une exploration : vous ferez parler votre interlocuteur sur ses goûts et envies.
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Une proposition argumentée : vous présenterez le cadeau avec les justifications de ce choix.
Une analyse de la satisfaction : vous évaluerez l’intensité émotionnelle que votre proposition
provoque et vous ferez un questionnement complémentaire.
Une formulation conclusive : vous tiendrez compte des remarques avant de formuler votre
cadeau final, qui devra correspondre totalement à votre interlocuteur.
Cet exercice doit être réalisé sans aucune limitation budgétaire.
Variante : Vous pouvez faire rejouer la scène avec un budget inférieur à 100 euros.
Cette mise en situation peut être réalisée également en groupe. Face à celui qui recevra le
cadeau virtuel, 5 personnes tiendront successivement les fonctions des 5 étapes chronologiques
en se passant le relais.
1.2 En entreprise
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CORRIGÉS
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À chaque étape de cet exercice, nous retrouvons des techniques qui déterminent la performance
dans toutes les ventes et les négociations :
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Une consigne : il s’agit de définir un cadre (le décor), les personnes concernées
(les acteurs et leurs rôles préétablis), la structuration de la rencontre (la
dramaturgie et les enjeux) et l’objectif final (les enjeux de la pièce). Toute
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1.2 En entreprise
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lors du changement de locataire, le plaisir de retrouver son immeuble mieux qu’il ne l’était à
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ses meilleurs jours et le renforcement de notoriété obtenu dans le quartier auprès des habitués
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et des relations associatives. Après avoir anticipé la presque-totalité des objections de
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M. Bipaddock, et par sa présentation et les actions déjà entreprises auprès des autres acteurs
décisionnaires, il négociera ouvertement avec le syndic en ajustant sa proposition initialement
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[1]
Catherine Deshays, Trouver la bonne distance avec l’autre grâce au curseur relationnel. Être attentif sans se faire envahir, ferme
sans être rejetant, 2e édition, InterÉditions, 225 p., 2013.
[2]
L’Imagerie à résonnance magnétique est une technique d’imagerie médicale permettant d’obtenir des vues en deux ou trois
dimensions de l’intérieur du corps.
[3]
Le centre d’achat est constitué de l’ensemble des acteurs qui participent de façon formelle ou informelle à tout ou partie du
processus achat.
[4] Jacques Rojot, « Pouvoir et négociation », in Entrer en négociation. Mélanges en l’honneur de Christophe Dupont, Aurélien
Colson (dir.), Éditions Larcier, 2011, 422 p.
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[5] L’ethnométhodologie est un courant de la sociologie selon lequel la réalité sociale peut être décrite et comprise à travers les
pratiques ordinaires et banales de la vie quotidienne. |\/
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Chapitre
La préparation de la négociation
2
« Il faut toujours être prêt à négocier mais ne jamais négocier sans être prêt. »
Richard NIXON
« La chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés. »
Louis PASTEUR
« Une des clés du succès est la confiance en soi, une des clés de la confiance en soi est la
préparation. »
Arthur ASHE
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Objectifs
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■ Réaliser un diagnostic du contexte, des enjeux et des relations pour chacun des acteurs de la
négociation.
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■ Fixer des objectifs, concevoir une stratégie et élaborer un plan d’action avant chaque round de
négociation.
■ Mettre en place des techniques de préparation physique et mentale.
Sommaire
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Cas introductif |\/
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Sacha Goude est heureux d’avoir signé son contrat chez Moulagevit, le leader de
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l’impression 3D, mais il est maintenant sous la pression de prouver les promesses faites
durant la phase de recrutement. Rejoindre un marché qui est promis à faire plusieurs
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dizaines de milliards d’euros dans la décennie lui procure une motivation supérieure. Il
ressent un intense contentement à avoir été reconnu apte à représenter un produit innovant
et porteur de développement. Sa directrice des ventes, Kirsten Grossman, a donné un
ciblage précis à son équipe d’ingénieurs commerciaux. Il s’agit de cibler les leaders
d’opinion pour réaliser un développement de ce produit star.
Cet après-midi, il rencontre son premier prospect. Il s’agit d’un cabinet d’architecte. Le
premier contact a été réalisé via le site web du prospect sur lequel Sacha a mentionné
qu’il était intéressé pour apporter une proposition innovante à un concours d’architecture
auquel le cabinet participe. Il avait sélectionné cette information sur un article paru sur le
site Internet de l’hebdomadaire Le Point. L’assistante l’a ensuite contacté et le rendez-
vous a été finalisé par mail directement avec l’une des associées : Mme Pulcher.
Le cursus universitaire et les trainings que Sacha a réalisés avec succès lui facilitent la
gestion du stress que produit une telle rencontre. Depuis une semaine, il a rassemblé toutes
les informations lui permettant de faire une première bonne impression en comparatif de
ses principaux concurrents. Il synthétise tout ce chaos informationnel afin d’en dégager une
vision d’ensemble. Le premier bénéfice qu’il en tire est de gérer ses émotions ; il a appris
que le stress négatif augmente avec les notions d’inconnu, de flou et d’altérité. Quand il
pratiquait le sport en compétition, il savait qu’il valait mieux connaître précisément les
caractéristiques de ses adversaires et leurs habitudes de jeu, surtout s’ils étaient a priori
supérieurs. Même s’il a désormais confiance en ses capacités d’improvisation, il sait
qu’une bonne préparation lui permet de mieux s’adapter aux imprévus.
Avec détermination, il complète la matrice de négociation qui lui servira d’outil de contrôle
à chaque phase de la vente.
Il prévoit de faire une proposition argumentée lors de cette première rencontre, et bien qu’il
se sente prêt à finaliser le tout immédiatement, il sait que d’autres acteurs décisionnaires
apparaîtront au cours de l’entretien et qu’il sera probablement nécessaire d’avoir d’autres
rencontres pour signer la commande. Il construit ainsi une matrice qui liste les différents
acteurs dont l’influence est avérée sur l’accord final et précise pour chaque rencontre : les
enjeux, les objectifs, les arguments, les questions, les contreparties.
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Comme il l’a appris dans les ouvrages Dunod, Sacha réserve une colonne pour un « invité
surprise » afin de se préparer à toute éventualité et renforcer sa préparation à la survenue
d’un acteur non identifié. Étant d’une génération habituée à tout partager sur les réseaux
sociaux, il ajoute une rubrique « spectateurs et opinion publique » pour prendre davantage
en compte les effets de buzz sur la négociation. Il n’oublie pas de s’inclure dans cette
matrice afin de pratiquer cette technique de distanciation qui consiste à s’analyser comme
un acteur parmi les autres.
Maintenant, Sacha doit déterminer ce qui sera négociable et ce qui ne le sera pas et
s’engager dans la rencontre. Il sait que des images positives de modèles auxquels il
s’identifie sont des atouts dans la gestion des interactions qui l’attendent mais cela n’est
pas suffisant. Il définit sa stratégie en passant en revue les éléments de contexte lui
permettant d’établir un diagnostic de la situation : contraintes, enjeux, rapports de pouvoir,
rapports de confiance.
Section 1 L’ÉTABLISSEMENT DU DIAGNOSTIC
L’établissement d’un diagnostic préalable à l’entretien consiste à réfléchir à partir des données de
départ à la disposition du négociateur. Il s’agit de cerner :
l’objet à débattre (réel ou masqué) ;
le contexte général et particulier (opportunités et menaces) ;
les enjeux et les priorités de chacune des parties (forces et faiblesses) ;
les rapports de force et de confiance existants et leurs évolutions possibles ;
la personnalité et le style des négociateurs.
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Saisir les exigences du contexte et intégrer les enjeux de la négociation pour chacun des parties
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prenantes est indispensable pour élaborer la stratégie gagnante. Le négociateur ne peut prétendre à
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une préparation sérieuse s’il ne maîtrise pas les caractéristiques de l’objet de la négociation et sa
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valeur ajoutée et s’il ignore les enjeux pour lui-même, pour sa firme et pour les autres
protagonistes.
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manifestations sportives : dans les deux cas, il est nécessaire d’avoir l’esprit de compétition et
la volonté d’aboutir ; dans les deux cas, il faut tenir compte des enjeux réels et symboliques
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qui se cachent derrière les objectifs affichés : carrière, prime, respect des règles de l’art,
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1.2 Le contexte
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REMARQUE
Ces différentes questions peuvent être synthétisées dans une analyse attraits-atouts (SWOT), qui doit notamment permettre de
faire ressortir :
l’avantage clé, qui doit permettre au négociateur de saisir la principale opportunité identifiée et doit lui servir de tremplin dans
la négociation (ex. : une solution innovante permettant au client de réduire ses coûts de possession d’un produit et
d’améliorer son empreinte écologique) ;
la force, qui permettra au négociateur de faire face aux menaces et d’endiguer les éventuelles demandes injustifiées de
l’autre partie (ex. : un savoir-faire spécifique protégé par un brevet) ;
le point faible qui, s’il n’est pas corrigé, permettra à vos éventuels concurrents de vous sortir de la négociation (ex. :
l’absence d’une certification qualité exigée par l’acheteur) ;
– la contrainte, qui peut empêcher le négociateur de tirer parti d’une opportunité et de conclure l’accord à son avantage
(ex. : l’absence d’une plate-forme logistique située à proximité du client et permettant de le livrer en moins de 24 heures).
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Focus
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1.3 Les enjeux
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Définir les enjeux consiste à déterminer ce qui est vraiment important pour les protagonistes. Les
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enjeux correspondent en effet à ce que les acteurs ont à gagner ou à perdre dans la négociation. Ces
enjeux détermineront pour une large part la posture et les positions des acteurs.
By
En principe, toute institution fait un bilan d’activité à la fin de chaque exercice comptable, à la
lumière duquel elle décide de ses objectifs pour l’exercice suivant. À cette occasion, les managers
des équipes rencontrent généralement les salariés individuellement et leur fixent les buts à
atteindre. Ainsi, les négociateurs peuvent se voir assignés des objectifs quantitatifs et qualitatifs
(CA, marges, part de marché, portefeuille clients, compétences, formations, comportements, etc.).
De ce fait, ils sont directement impliqués par les résultats de leur entreprise dont ils épousent en
partie les politiques et les enjeux et dont dépendent leur promotion, leurs revenus, voire même leur
poste. Il convient donc de distinguer les enjeux pour les entreprises ou les entités concernées de
ceux des acteurs qui mèneront les négociations. Il faut également différencier les enjeux immédiats
de ceux à plus long terme.
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Ce modèle divise par ailleurs le processus en plusieurs étapes : l’anticipation et la
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reconnaissance d’un besoin ; la détermination des spécifications et des quantités de l’achat à
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réaliser ; la recherche et la qualification des fournisseurs potentiels ; l’analyse et l’évaluation
des propositions faites par ces derniers ; le choix d’une ou plusieurs entreprises en fonction
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Par la suite, plusieurs recherches (Woodside et Vyas, 1984 ; Moller, 1986) relativisent le
caractère linéaire de ce modèle et le complètent en introduisant notamment deux nouvelles
phases jugées particulièrement importantes : une étape de présélection des fournisseurs et une
phase de négociation.
D’après Pras et Tarondeau (1981), il semble qu’il existe très peu de situations où toutes les
étapes du processus d’achat sont passées en revue : cela n’arrive que pour les achats
entièrement nouveaux. Pour les achats modifiés ou les achats routiniers, seules les dernières
étapes sont importantes.
* L’achat modifié peut concerner un produit nouveau chez un fournisseur connu ou un produit
connu chez un nouveau fournisseur.
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l’information : l’acheteur, qui connaît bien le dossier, le marché (produit, prix et coût), les
concurrents et les fournisseurs possède un avantage dans la discussion ;
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l’influence : celui qui est leader d’opinion au sein de sa profession ou de la filière (vis-à-vis
des clients finaux) tire un pouvoir de la position qu’il occupe. De même, le client ou le
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fournisseur qui bénéficie d’une image valorisante peut servir de référence à l’autre partie,
diminuant ainsi l’espace de négociation ;
By
le temps : celui qui peut attendre a du pouvoir (il peut rechercher de l’information, interrompre
la négociation, rechercher d’autres solutions).
En résumé, la manière dont l’autre partie utilisera son pouvoir de négociation dépendra en grande
partie du niveau du risque perçu et de la part que représentera l’achat dans ses coûts.
Ainsi, par exemple, plus l’achat représentera une part importante des coûts du client et moins le
choix du produit sera risqué, plus l’acheteur aura tendance à exercer son pouvoir pour faire
pression sur les prix. À l’inverse, si l’achat est risqué mais ne représente pas une part importante
des coûts du client, l’acheteur utilisera son pouvoir pour faire plutôt pression sur la qualité.
La capacité personnelle d’un négociateur à exploiter le pouvoir en sa possession est fonction :
de ses compétences et de son expérience : connaissance du marché et des fournisseurs,
maîtrise des techniques d’entretien etc. ;
de son comportement verbal et non verbal : force de persuasion, tendance à la prise de
risques, maîtrise de soi.
REMARQUE
Le concept de pouvoir est important dans les décisions stratégiques des entreprises. En effet, selon le modèle des cinq forces
concurrentielles de M. Porter (1985), afin d’élaborer sa stratégie et prendre les décisions adéquates, l’entreprise doit d’abord
évaluer sa position dans son secteur d’activité. Cette position est mesurée en termes de pouvoir des cinq facteurs suivants :
pouvoir de négociation des clients (si l’entreprise a un client principal qui représente une part importante de son CA, celui-ci
disposera de plus de pouvoir du fait de son poids et inversement) ; pouvoir de négociation des fournisseurs (si le nombre de
fournisseurs est important, l’entreprise peut mieux négocier que dans le cas contraire) ; pouvoir des nouveaux entrants ; pouvoir
des produits de substitution ; pouvoir des concurrents.
À ces cinq forces vient s’ajouter le pouvoir des pouvoirs publics, qui peut être incarné par le pouvoir législatif, le leader d’opinion,
le pouvoir des médias, etc.
Le négociateur peut utiliser ce modèle des cinq forces pour évaluer les rapports de forces au sein du secteur d’activité.
Focus
L’asymétrie d’information
La quantité et la qualité des informations détenues par les négociateurs leur confèrent une
partie de leur pouvoir. En effet, celui qui détient le plus d’informations est en mesure de les
exploiter à son avantage et d’imposer ses conditions. Le marché où il y a une libre circulation
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des informations en totale transparence n’existe pas dans la réalité. Au contraire, une
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asymétrie d’information fait que, généralement, un seul protagoniste détient une partie des
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informations ignorées par les autres (en principe les plus importantes) qu’il garde
précieusement pour lui et qui lui permettent notamment de jouer sur les prix et sur les clauses
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contractuelles. En raison de cette asymétrie, les indicateurs tels que le prix (Akerlof, 1970) ne
sont plus fiables.
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Focus
Les styles de négociation
Il est possible de distinguer plusieurs styles de négociation commerciale en se fondant
notamment sur les travaux de différents auteurs cités par Dupont (1994) :
Le mode déterminé est celui dans lequel le négociateur est centré exclusivement sur le résultat
et focalise son attention sur la finalisation d’un accord. Les négociateurs adoptant ce style
voient généralement la négociation comme un combat. Ils privilégient les stratégies directes et
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cherchent à convaincre l’acheteur en utilisant une argumentation unilatérale et rythmée fondée
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sur l’utilisation des caractéristiques perçues de l’acheteur (notamment ses besoins primaires).
Ce type de négociateurs préfère le passage en force et cherche à occuper l’espace pour
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« exister ». Il devient agressif en cas de tension.
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Le mode conciliant est celui dans lequel le négociateur est centré sur la recherche de
compromis et fonde sa stratégie sur la relation. Les négociateurs privilégiant ce style pensent
la négociation comme un processus relationnel qui se doit de respecter les rituels sociaux. Ils
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plusieurs fournisseurs, suivre scrupuleusement les procédures établies.
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Généralement, le degré d’incertitude et le niveau de risque dépendent de la situation
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d’achat. Plus la valeur et la complexité technique d’un achat seront importantes, plus le
risque perçu sera élevé et plus de nombreuses fonctions et personnes seront impliquées
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dans la décision.
Les principales variables identifiées qui affectent le déroulement du processus d’achat en
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Une préparation suppose d’une part l’anticipation des événements, d’autre part, la mise en place
des plans d’action en réponse à ces éventuels scenarii. Le négociateur commencera par lister ses
objectifs par ordre de priorité : ceux sur lesquels il n’y a pas de compromis possible et ceux qu’il
peut « sacrifier » à ses interlocuteurs en échange de contreparties. Il déterminera ensuite une
stratégie relationnelle en tenant compte de l’étude du contexte qu’il a effectuée et notamment de
l’analyse des rapports de force et de confiance. Partant de là, il collectera le maximum
d’informations qu’il classera en catégories. Chaque catégorie servira à la construction d’un plan
d’action.
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1 Déterminer une ligne d’objectifs |\/
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Définir les objectifs respectifs de tous les protagonistes est la première étape à suivre. Bien les
cerner facilite la mise en place d’un ensemble de micro-décisions à prendre et surtout aide à mieux
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comprendre le discours de ses interlocuteurs et saisir l’implicite, le non-dit, ainsi que les stratégies
sous-jacentes.
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adaptative. |\/
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Focus
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La rationalité limitée
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Ce concept a été présenté par H. A. Simon dans les années cinquante en réponse au modèle
microéconomique qui prône la rationalité du consommateur dans toute situation d’achat. Ce
modèle microéconomique stipule que la décision prise est optimale dans un marché régulé par
la main invisible (Smith, 1776) où la concurrence est pure et parfaite.
Simon a développé une théorie du comportement décisionnel de l’acteur en entreprise selon
laquelle le comportement de l’acteur serait induit par trois critères, à savoir :
la qualité et la quantité des informations détenues : du fait que l’acheteur ne dispose pas de
l’ensemble des informations, il prendra une première décision qui peut ne pas être la bonne ;
les objectifs et les motivations : l’acheteur n’est pas toujours mû par la raison, il peut effectuer
un achat impulsif sous l’effet de l’influence ou de la manipulation ; il peut privilégier ses
propres intérêts ou ceux de son service sur l’intérêt général de l’entreprise ;
les moyens disponibles : l’acheteur n’a pas toujours la liberté du choix, il est tributaire de son
pouvoir d’achat ou d’autres conditions qui lui imposent une décision non optimale.
Il en découle, d’une part, que l’acteur opte pour une décision satisfaisante faute de pouvoir
choisir la décision optimale ; d’autre part, il a intérêt à se faire assister par l’organisation, du
fait qu’elle détient une partie des informations. Finalement, l’entreprise possède une part du
pouvoir de décision des acteurs.
Le négociateur se trouve dans la même situation que l’acheteur dont la rationalité est limitée. Il
optera donc pour la décision qu’il jugera la moins mauvaise et la défendra par un mécanisme
de rationalisation a posteriori destiné à mettre fin au risque perçu (phénomène de dissonance
cognitive).
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d’avoir une avance sur eux : puisque le négociateur a déjà intériorisé leurs objectifs, il saura leur
proposer la solution qu’il aura imaginée. |\/
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Afin de pouvoir les identifier et d’en faciliter l’exploitation, ces objectifs doivent répondre à
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Focus
Le plan d’action commercial (PAC)
Le plan d’action commercial est la description de l’ensemble des actions commerciales que
l’entreprise doit mener d’une manière ordonnée pour atteindre ses objectifs et développer son
activité. Il s’agit de déterminer dans l’ordre :
les objectifs de l’entreprise à long terme ;
les objectifs de vente à court terme par clientèle cible, par type de client (prospects et clients
actuels) et par produit ;
les programmes de fidélisation et de développement de la clientèle actuelle ainsi que les plans
de conquête (prospection) à mettre en place ;
le calendrier de toutes ces actions ;
le budget alloué à chacune d’entre elles ;
le choix des collaborateurs et des partenaires ;
les indicateurs de suivi.
Tout est consigné sur la feuille de route des négociateurs. Cela permet de s’assurer de la
cohérence et de la pertinence de l’ensemble des actions.
L’élaboration du PAC nécessite une analyse du portefeuille de clients, une analyse de marché
ainsi qu’une négociation interne des objectifs de vente. Le PAC complète le plan marketing en
précisant les moyens avec lesquels l’entreprise diffusera ses offres auprès de ses clientèles
cibles.
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1.3 La construction de scenariii |\/
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Toute négociation présuppose pour chacun des protagonistes la possibilité de faire évoluer sa
position initiale dans le but d’atteindre son objectif final. La théorie des jeux intervient à ce niveau.
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En effet, le négociateur imaginera la réaction de ses partenaires et réagira en fonction des moyens
dont il dispose et des informations en sa possession. Comme il y a une part d’incertitude relative
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stratégie distributive (S2) à la moindre tentative d’opposition avérée.
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Dans tous les cas, il s’agit d’anticiper une sortie de la négociation en ayant identifié les
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MEilleures SOlutions de REpli (MESORE ou BATNA en anglais) en fonction de l’avancée des
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différents scenariii. Les différentes MESORE doivent être hiérarchisées en partant du plus petit
échelon acceptable jusqu’à venir tutoyer la ligne basse de ses objectifs.
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Focus
La MESORE (BATNA)
La Meilleure solution de rechange (ou MESORE) est la traduction du terme anglo-saxon Best
Alternative To a Negotiated Agreement (BATNA). C’est un concept de la négociation
raisonnée qui consiste à prévoir, au moment de la préparation de la négociation, une solution
de repli au cas où la négociation n’aboutit pas.
La MESORE présente un double intérêt. D’une part, elle protège le négociateur de ses propres
réactions ou angoisses face à un adversaire qui l’impressionne et qui risque de lui faire signer
des clauses inacceptables. D’autre part, elle permet au négociateur de connaître ses atouts
qu’il pourra exploiter lors de la négociation.
Le négociateur a intérêt à non seulement prévoir sa MESORE, mais à anticiper celles de toutes
les parties prenantes. Ainsi, il peut les étudier afin d’envisager la solution susceptible de
convenir à tous.
Selon Fisher et Ury, celui qui possède la meilleure MESORE se retrouve en situation de
pouvoir sur la négociation. En effet, celui qui se sent en possession de la meilleure MESORE,
quelle qu’en soit la réalité comparative entre les parties prenantes, bénéficie d’un
accroissement de sa confiance en soi donc d’une amélioration de ses capacités d’anticipation
et de sa motivation. Il est apte à mieux préparer ses rounds puis à les conduire avec plus
d’autorité. Toute réflexion supplémentaire qui améliore la MESORE, subjectivement, au
propre regard du négociateur, renforce la mise en scène de ses compétences.
EXEMPLE
Dans une négociation où l’objectif est de signer un nouveau contrat augmentant les quantités délivrées et les services
périphériques et visant une augmentation de marge brute de 7 %, les mesures peuvent être hiérarchisées comme suit :
Niveau 0 : obtenir une recommandation pour un autre prospect ayant un besoin à court terme.
Niveau 1 : rentrer en transaction avec un concurrent de cet interlocuteur.
Niveau 2 : rester dans la sélection pour la short-list.
Niveau 3 : postuler sur le prochain marché avec cet interlocuteur.
Niveau 4 : ouvrir sur un nouveau marché avec cet interlocuteur.
Niveau 5 : renouveler le contrat en cours au tarif inférieur, éliminant un concurrent agressif.
Niveau 6 : renouveler le contrat en cours aux mêmes conditions sur les mêmes quantités.
Focus
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Créativité et construction de scenarii
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La créativité ne se commande pas. Depuis Koestler et son cri d’Archimède, nous savons qu’il
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chances et faire surgir des solutions éclairantes (Altshuller, 2002, avec sa méthode TRIZ, Tony
Buzan, 2011, et ses cartes heuristiques ou Michel Fustier, 1975, et ses concepts circulaires).
Pour les scenarii, la matrice PESTEL est une aide semblable pour se projeter dans une
négociation et envisager toutes les combinaisons possibles. PESTEL consiste à évaluer une
situation selon les filtres suivants :
Politique (esprit du temps, tendance dans le milieu des affaires, changement de régime
territorial, politique de l’offre ou de la demande, etc.).
Économique (croissance des marchés, évolution de la concurrence, comportement des
consommateurs, etc.).
Socioculturel (mode de vie en cours et prospective, climat social, spécificités culturelles,
etc.).
Technologique (niveau de l’équipement mécanique et informatique, gestion de l’innovation,
obsolescence, etc.).
Environnemental (recherche d’une performance globale incluant l’écologie, protection des
sites et des espèces, limitation des risques de la pollution, suppression de l’obsolescence
programmée à court terme, etc.).
Légal (conformité aux réglementations internes et professionnelles, respect des lois et des
différentes instances juridiques, etc.).
Confronter ses stratégies, ses contreparties et ses solutions de rechange à cette matrice permet
de multiplier les scenarii et donc de se préparer à s’adapter à ceux qui semblent les plus
probables, tout en gardant à l’esprit l’ensemble des possibles.
DÉFINITION
Le centre de décision (ou centre d’achat) : il peut être défini comme l’ensemble des responsables opérationnels et
fonctionnels prenant part à la décision finale d’acquisition d’un bien ou d’un service.
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On distingue au sein du centre d’achat un certain nombre de rôles types :
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les utilisateurs qui recevront le bien acquis ;
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les prescripteurs internes ou externes qui définissent la nature des biens qui seront achetés ;
les conseillers qui suggèrent des critères de sélection de prestations ou de fournisseurs ;
les décideurs qui ont le pouvoir d’engager l’entreprise et qui tranchent en cas de conflit ;
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les filtres qui contrôlent les communications entre les membres du centre d’achat ;
les acheteurs qui négocient les termes et les conditions du contrat, puis passent les
commandes.
La composition de ce centre d’achat varie considérablement en fonction de l’importance du bien
acheté, de sa valeur et son degré de criticité. Ainsi, par exemple, dans une entreprise, lorsque la
complexité des produits et l’incertitude commerciale sont faibles, le processus de décision est
dominé par le service achat ou laissé aux utilisateurs selon le degré de maturité de la fonction
(Wind, 1978).
Le concept de centre d’achat est également pertinent pour analyser la décision du consommateur,
qui subit de multiples influences de la part de son entourage. Ainsi, l’acheteur d’une crème solaire
en parapharmacie sera influencé par des prescripteurs (médecins, pharmaciens), des utilisateurs
(famille), des conseillers (amis, forums Internet), des filtres (banque, belle-mère).
Tableau 2.5 L’analyse du centre d’achat
Une fois les parties prenantes identifiées, l’analyse du centre d’achat consiste à déterminer pour
chacune d’elles leurs contraintes, leurs ressources, leurs objectifs et leurs enjeux.
Focus
La prise de rendez-vous par téléphone
La prise de rendez-vous par téléphone est généralement un préalable clé à l’entretien de
négociation. Elle nécessite une préparation physique et mentale :
sur le plan physique : la voix trahit souvent l’état de celui qui parle. La fatigue, l’énervement
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ou le manque de confiance en soi sont facilement perceptibles par l’interlocuteur. Il est donc
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important de bien articuler, d’éviter le ton monocorde, de moduler sa voix et d’avoir une
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intonation chaleureuse afin d’inspirer un certain dynamisme, une assurance, du sérieux et de la
sincérité ;
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sur le plan mental : connaître le nom et la fonction de son interlocuteur, connaître l’activité de
l’entreprise, montre le lien entre l’offre et les besoins de la firme, être précis et concis dans
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ses propos, savoir attiser la curiosité et susciter l’intérêt pour décrocher un rendez-vous. Il est
important de prévoir les éventuels barrages et filtres et les moyens de les contourner. En effet,
il est peu probable de tomber directement sur la bonne personne. L’appel est généralement
reçu soit par la standardiste, soit par la secrétaire dont le rôle est de faire le tri des coups de
fil.
Il est possible de faire précéder l’appel par un mailing. En effet, envoyer dans un premier
temps un courriel personnalisé où l’offre est habilement présentée (éviter d’en dire trop et
insister sur la solution apportée à l’entreprise) facilite la prise de rendez-vous. C’est un moyen
aussi de contourner l’objection de la secrétaire en affirmant avoir déjà pris contact avec le
responsable concerné et d’augmenter ainsi la probabilité de pouvoir lui parler directement.
Focus
Élaborer et communiquer des éléments de langage
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Élaborer des « éléments de langage » dépend en toute première instance des cibles qui sont
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définies. Le communicant ne parle pas devant les caméras grand public avec une sémantique
identique à celle qu’il mobilisera lors d’un dîner en compagnie de capitaines d’industrie.
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La logique d’influence d’un négociateur consiste d’abord à visualiser les interactions entre les
différents acteurs et leurs pouvoirs de décision respectifs sous la forme d’un schéma
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(« décidogramme »).
Ensuite, il étaye tous les thèmes de son discours en deux sous-ensembles interdépendants :
des éléments symboliques plus vastes que l’objet de la négociation (intérêts généraux, valeurs,
idéologies, etc.) ;
des éléments substantiels découlant immédiatement de la signature de l’accord (prix
compétitifs, primes, promotions, etc.).
Il fait, en troisième lieu, l’inventaire des gains et des pertes potentielles autour de ces deux
typologies pour chaque personne contactée.
Avant d’annoncer le premier élément de langage, tout négociateur en situation de lobbyiste
prendra soin de faire considérer à son interlocuteur qu’il est l’homme de la situation, quelle
que soit la réalité de son pouvoir d’influence. Ses mots et expressions seront particulièrement
soignés, car leur efficacité et leur capacité d’être relayés dépendront :
de leur concision et de la facilité de leur mémorisation (des faits, des chiffres imagés, des
aphorismes populaires, des slogans partisans, des idées reçues etc.) ;
de leur cohérence dans le temps et l’espace ;
de leur adéquation avec les règles et les process habituels de prises de décision ou les
habitudes d’y déroger.
Enfin, les différentes tactiques soutenant les propos formulés seront différenciées selon que
l’interlocuteur sous influence est un potentiel allié ou un opposant rédhibitoire :
Le cheval de Troie (particulièrement utilisé en communication électronique).
L’appartenance au camp du bien contre l’empire du mal.
L’appel au tiers salvateur (lui seul peut intercéder en faveur d’une stratégie gagnante).
L’émergence d’un faux indépendant (le partenaire se positionnera en indépendant alors qu’il ne
le sera pas).
L’arracheur de dents (l’acteur désigné viendra solutionner brutalement le problème urgent qui
met l’accord en danger).
Le baudet (il lui sera présenté une belle carotte qui se transformera en bâton s’il ne la saisit
pas).
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1. Énoncer une promesse qui repose sur une caractéristique générale du produit ou du service
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créant une nette différence entre la solution proposée et celle des concurrents.
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2. Reposer sur des éléments de preuve provenant idéalement de sources indépendantes de la
partie qui l’énonce (témoignages de tiers, démonstrations, faits et données objectifs, etc.).
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3. Répondre aux attentes spécifiques de ceux auquel il s’adresse grâce à la mise en évidence
d’un avantage ou d’un bénéfice (lié par exemple à l’usage par l’acheteur du produit ou service
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vendu).
Afin de préparer un argumentaire adapté à chaque partie prenante, le négociateur devra ainsi :
lister l’ensemble des caractéristiques des produits ou services faisant l’objet de la négociation
en mettant en évidence les éléments qui contrastent avec les produits et service concurrents ;
identifier les preuves qui appuient ces affirmations ;
interpréter ces caractéristiques au regard des avantages procurés, c’est-à-dire des bénéfices
clients identifiés lors du recueil d’informations.
Idéalement, cette construction s’opère à l’issue d’un travail collectif associant compétences
commerciales et techniques, négociateurs expérimentés et débutants. Il doit aboutir à un document
écrit et à l’élaboration de supports de présentation.
Cet argumentaire se décline à plusieurs moments de la négociation. Ainsi, par exemple, lors
d’une démarche de prospection de nouveaux clients, il variera en fonction des acteurs du centre
d’achat :
lors des premiers contacts (par courriel ou par écrit), où il y a une amorce de l’offre et son
intérêt pour le prospect, il s’agit de susciter la curiosité des utilisateurs et des prescripteurs
sans trop donner de détails ;
à l’occasion de l’appel téléphonique au décideur, il s’agit de contourner les filtres afin de
pouvoir contacter directement le prospect et convenir d’un entretien ;
enfin, pendant les rounds de la négociation, où il faut montrer à l’acheteur le bénéfice de
l’offre et sa valeur ajoutée par rapport à toutes les autres disponibles sur le marché.
Focus
Le choix des contreparties possibles
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La préparation des contreparties à fournir consiste à réaliser une liste hiérarchisée des
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contreparties recevables par chaque acteur décisionnaire. Voici, à titre d’exemple, une liste de
contreparties possibles :
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contre-productives du fait de la rébellion d’une part croissante des consommateurs contre
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un statut dans lequel ils se sentent enfermés. Ce consommateur refuse désormais d’être
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manipulé ou « piégé » et développe des mécanismes de défense lui permettant de résister
aux multiples sollicitations auxquelles il est constamment confronté (Roux, 2007).
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Ces modèles ne cessent donc d’évoluer pour laisser place à d’autres modèles
économiques plus en adéquation avec la conjoncture actuelle. Ainsi, par réaction face à
l’hyperconsommation dans les pays industrialisés et à ses effets négatifs sur la planète
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Tels des acteurs avant une représentation, les négociateurs doivent prendre en compte plusieurs
dimensions structurantes de l’échange afin de pouvoir réaliser une performance et interpréter leur
rôle :
les éléments physiques du décor : l’espace de vente, le mobilier, les vêtements, les
accessoires, etc. Ces éléments constituent un cadre destiné à produire une impression (il est
par exemple possible d’agencer les lieux pour produire un sentiment de sérieux, de confiance,
de propreté et d’esthétique qui renforcera le positionnement qualitatif de la marque et du
produit) ;
les éléments symboliques de l’échange : il s’agit de l’ensemble des scenarii et des dialogues
qui ont été préparés avant la rencontre (diagnostic, stratégie, objectifs, plan d’action,
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arguments, liste de questions, contreparties, etc.) et que le négociateur a intérêt à se remémorer
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avant l’action sous la forme d’une carte mentale mobilisable durant l’entretien ;
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les éléments de caractère, c’est-à-dire la manière dont le négociateur se mettra en condition
pour entrer dans son rôle et incarner son personnage de vendeur ou d’acheteur.
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1 Se mettre en condition
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La mise en condition doit permettre au négociateur de gérer le stress induit par la relation à venir
et de limiter l’anxiété, qui dégrade tout type de performance. Elle vise à développer la confiance en
soi et à anticiper son succès pour réaliser une programmation gagnante. Cette préparation se fait sur
deux plans : mental et physique.
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d’entrée à la prise de congé :
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Être en boucle d’autocontrôle sur son comportement non verbal (penser successivement à
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plusieurs parties de son corps en partant des pieds jusqu’à la tête et en renouvelant l’opération
autant de fois que dure l’attente).
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Rester en contact visuel avec les espaces disponibles et les accessoires présents (focaliser
son regard sur des détails).
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Focus
Les techniques de préparation des athlètes
La littérature en psychologie du sport insiste sur l’importance de la préparation mentale et/ou
psychologique d’un athlète avant une performance sportive. Les recherches dans ce domaine
partent souvent d’une comparaison entre les sportifs d’élite et les autres ; elles constatent que
les athlètes de haut-niveau disposent d’un potentiel psychologique initial composé de facteurs
de plusieurs natures : des facteurs affectifs et émotionnels (dont le contrôle du stress, de
l’anxiété et de la souffrance), des facteurs cognitifs (dont la capacité de concentration et de
contrôle de l’attention, la capacité à prendre en compte des éléments multiples, l’anticipation,
l’automatisation de l’exécution de certaines tâches), des facteurs relationnels (dont l’ouverture
sur autrui et la coopération) et des facteurs comportementaux (comme l’engagement, la
combativité, le respect des règles, etc.). Les athlètes de haut-niveau possèdent ainsi une plus
grande confiance en eux, un niveau plus élevé de motivation, un meilleur contrôle de leur
attention ainsi qu’une plus grande maîtrise de leur anxiété que les athlètes de moins bon niveau
(Mahoney, Avener, 1977 ; Orlick, Partington, 1988).
Pour être pleinement efficace, ce potentiel doit cependant être activé par des stratégies
mentales de réussite observées chez les sportifs les plus performants. Cette « force mentale »
serait proche de l’état d’esprit « volontaire », dénommé « hardiesse » par Kobassa (1979), qui
est un trait individuel agissant à titre d’agent tampon entre les facteurs de stress de
l’environnement et les réactions de l’individu. Selon Kobassa (1979), trois caractéristiques
générales sont considérées typiques de l’état d’esprit de ces personnes : l’habilité à s’investir
complètement dans leur activité (l’engagement) ; la croyance qu’ils peuvent contrôler et
influencer les événements en toute circonstance (le contrôle) ; l’idée que certaines situations
imprévues sont de passionnants défis à entreprendre (le défi). Ce type d’état d’esprit
volontaire, nommé « hardiesse », n’est pas inné, mais il est appris et développé à travers
l’interaction entre l’individu et son environnement. Grâce à un entraînement mental, ces
stratégies peuvent être utilisées a priori chez tous les sportifs qui désirent atteindre leur
meilleur potentiel. Ainsi, quatre habilités mentales semblent particulièrement importantes dans
le domaine sportif :
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la relaxation, qui permet par différentes techniques de mieux gérer le stress et l’anxiété
(actions sur le tonus musculaire ou viscéral) ;
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la gestion des objectifs, qui consiste à appliquer la théorie des buts (Locke, 1968) selon
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laquelle la fixation d’un objectif concret et difficile assortie d’un retour sur la performance
réalisée est plus efficace qu’un objectif vague ou non défini ;
l’imagerie mentale, qui consiste à évoquer mentalement les caractéristiques d’un objet,
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événement ou processus absent du champ perceptif. Ces images peuvent renvoyer à n’importe
quel registre sensoriel : visuel, kinesthésique, auditive, tactile ou gustatif ;
le dialogue interne, qui consiste à se parler positivement à soi-même chaque fois que l’on
pense à quelque chose (Le Scanff, 2005).
Quelles que soient les techniques utilisées, cette préparation mentale vient en complément de
la préparation physique et technique du sportif et doit être adaptée à ses caractéristiques
personnelles.
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vous pour présenter son offre.
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L’acheteur, après avoir identifié les besoins, prend contact avec les fournisseurs éventuels.
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Dans ce cas, le lieu de rencontre est fonction de la position de force de l’un ou de l’autre.
Les deux parties souhaitent un partenariat, elles vont négocier le lieu (neutre, ou chez l’un ou
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l’autre).
En effet, celui qui négocie sur son territoire est en terrain acquis. Il peut exercer son pouvoir ne
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serait-ce que par la manière d’agencer les places dédiées à chacun des négociateurs. La distribution
spatiale joue donc un rôle important dans la nature de la relation établie.
Conscientes de l’importance du lieu de négociation et de son impact sur les termes de l’échange,
certaines firmes optent pour des lieux neutres (les grands hôtels, des salles de réunion externes,
etc.). Ce lieu soi-disant neutre ne l’est pas vraiment car il participe à la construction et/ou à la
consolidation d’une image de marque. Il s’agit donc d’une stratégie parmi d’autres de la gestion des
impressions. Parfois, c’est le seul lieu possible de rencontre pour ne pas altérer l’image des
parties.
Focus
Le marketing du point de vente
Les éléments matériels et symboliques de contexte ont un rôle direct dans la vente. Le magasin,
le mobilier, la PLV (Publicité sur le lieu de vente) participent en effet à l’efficacité
commerciale. Le marketing du point de vente désigne ainsi l’ensemble des techniques
déployées sur un point de vente afin de développer du trafic (marketing d’entrée), de
transformer le chaland en acheteur (marketing de transformation), puis de l’inciter à revenir
(marketing de fidélisation).
À côté des techniques traditionnelles de merchandising (conception du magasin, présentation
et optimisation des produits sur l’espace de vente), de communication et d’animation
commerciale, de nouvelles pratiques de théâtralisation de l’espace de vente se développent
dans le but de faire vivre une « expérience » au client. Cette expérience dépasse le cadre strict
du produit ou service vendu pour créer un événement qui « marquera » l’histoire personnelle
du consommateur (à l’instar des touristes qui visitent un site touristique pour pouvoir en
reparler en famille des mois et des années plus tard). Le but est de favoriser l’acte d’achat par
la création d’une ambiance favorable, voire « euphorisante », et d’augmenter la fréquentation
du point de vente en entrant en résonance avec la vie du client. Cette théâtralisation s’opère
notamment par la mise en scène de l’offre commerciale, la création d’éléments différenciants
qui complètent la prestation de base, l’implication du client dans la production du produit ou
service et la personnalisation de l’offre.
Le négociateur qui opère dans un tel cadre participe directement à cette expérience vécue. Ces
attitudes et ces méthodes doivent être en cohérence avec les éléments constitutifs du marketing
du point de vente sur lesquels il est d’ailleurs invité à prendre appui.
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2.2 La répartition des rôles au sein de l’équipe de négociation
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Dans le cadre d’une négociation pluri-interlocuteurs, il est important de répartir les rôles
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respectifs de chacun avant le démarrage des échanges. Cette répartition se fera de la même manière
que dans une démarche de planification de projets (David, 2013) : à chaque moment clé de la
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négociation, il est nécessaire de définir ceux qui seront responsables de l’action et de son suivi,
ceux qui la réaliseront, ceux qui devront être consultés ou informés.
Dans les négociations complexes, il convient de définir :
l’équipe de pilotage, formée des décideurs et des commanditaires ;
les individus qui ont un rôle de conseil et d’aide (facilitateurs) ;
les protagonistes qui ne participent pas directement aux échanges, mais qui renforcent le
groupe par leur simple présence ;
les acteurs dont la mission est la critique permanente des propositions adverses ; ils
permettent la discussion et l’avancée de la négociation grâce à leurs objections (avocats du
diable).
Ces rôles seront déterminés en fonction des profils des acteurs de l’équipe ainsi que de la
composition de l’écurie.
Focus
Les types de négociateurs
Bourrelly (2011)* a souhaité « profiler » les négociateurs, selon ses propres termes, afin de
leur fournir un outil leur permettant non seulement de mieux se connaître mais de décrypter la
personnalité de leurs interlocuteurs. Il a identifié les leviers utilisés par les négociateurs qu’il
a classés selon les trois niveaux suivants :
Le sens stratégique (vision à long terme, sens du rapport de force, etc. : l’aspect « froid » de la
négociation).
Le sens relationnel (la séduction, la persuasion, etc. : l’aspect « chaud » de la négociation).
Le sens de l’équité (la justice, la relation gagnant-gagnant, etc.).
L’auteur identifie à partir de ces niveaux six profils de négociateurs, à savoir :
le stratège : froid, calculateur et stratégique, il doit son succès à une bonne préparation
anticipant tout type de scénario. Il ne s’implique pas émotionnellement, traite les informations
et les analyse en termes de menace et opportunité en vue de prendre des décisions ;
le manipulateur : calculateur, égocentrique et relationnel, il a le sens de la communication,
analyse la faiblesse de son interlocuteur pour pouvoir l’exploiter à son avantage. Il est créatif
et surprenant ;
le séducteur : charmeur, sympathique et beau parleur, il est créatif et empathique. Il réussit à se
faire apprécier en instaurant un climat de négociation agréable. Il sait tirer profit des forces et
faiblesses de son interlocuteur ;
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le diplomate : mesuré, chaleureux et courtois, il s’appuie sur les sentiments et les émotions et
veut avoir de bonnes relations avec tout le monde. Il a la volonté d’être juste et honnête, mais
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peut être paternaliste. Il gère son temps de négociation et sait manifester un refus avec fermeté
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et douceur ;
le médiateur : neutre, discret et consensuel, il sait proposer les solutions gagnant-gagnant grâce
à une préparation qui tient compte de propositions réalistes, honnêtes et équilibrées ;
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le politique : sur la forme, il ressemble au médiateur, mais sur le fond, il est plutôt stratège. Il
a un discours ferme et autoritaire. Pour atteindre ses objectifs personnels, il noue des alliances
en permanence.
Connaître son propre profil est important pour le négociateur. En effet, il pourra ainsi anticiper
sa réaction face aux autres types de profils et ajuster son comportement en fonction de celui de
son interlocuteur.
Par ailleurs, dans le cas d’une négociation pluri-interlocuteurs, un choix des rôles sera fait au
préalable en fonction des profils des uns et des autres.
L’ESSENTIEL
À l’instar d’une pièce de théâtre, une négociation commerciale doit son succès à une
minutieuse préparation des éléments du décor, une parfaite maîtrise du texte, une
soigneuse préparation de son costume et de ses accessoires, une excellente interprétation
du rôle, une grande capacité à interagir avec son public cible grâce à un esprit vif et une
improvisation pertinente, audacieuse mais respectueuse des règles de conduite.
La négociation exige la mise en place d’une stratégie. En effet, dans un environnement
fortement concurrentiel où, pour ne pas disparaître, il faut non seulement être à la pointe
de la technologie et innover constamment, il faut aussi soigner la relation client, être
continuellement attentif à ses attentes, le séduire et le convaincre par des attentions et des
propositions personnalisées : c’est que nous sommes face à un nouveau client. Averti, il
refuse désormais le statut de cible auquel il est assigné et dont il veut s’affranchir.
Conscient des risques qui l’entourent et soucieux de sa responsabilité, il est dorénavant
acteur à part entière.
L’élaboration d’une stratégie présuppose une méticuleuse préparation de plusieurs
micro-programmes d’action, chacun d’entre eux contribue significativement à l’atteinte
des objectifs finaux. Cela consiste aussi à prévoir et anticiper plusieurs scenarii où jeux
de pouvoir et compromis s’alternent au gré de la situation. L’effort fourni pour la
préparation est proportionnel à l’importance des enjeux.
Les négociateurs performants, maniant avec aisance et pondération les concepts
rhétoriques aristotéliciens : ethos, logos, pathos, incarnent les rôles qui leur incombent
grâce à un auto-conditionnement qui transparaît à travers une communication verbale et
non verbale appropriée.
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Questions de réflexion
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EXERCICES
CORRIGÉS
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Après cette rencontre et avant la proposition finale, il déterminera les types d’acteurs qui
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devront bénéficier d’un contact (mail, téléphone, visites interpersonnelles, réunions,
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invitations…) qui sera de nature à influencer positivement la prise de décision en faveur de son
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imprimante 3D.
Avant chaque nouvelle rencontre, il revisitera les objectifs et les enjeux.
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Chapitre
L’ouverture de la négociation
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« Ce qui persuade, c’est le caractère de celui qui parle, non son langage. »
MÉNANDRE
« Vous n’aurez jamais une seconde chance de faire une première bonne impression. »
Gustav WHITE
« Le même discours dans la bouche d’un homme obscur, ou dans celle d’un homme qu’on
considère, produit des impressions bien différentes. »
EURIPIDE
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Objectifs
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Sommaire
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Cas introductif
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Sacha Goude a réussi à décrocher un premier rendez-vous avec un grand cabinet d’architecte
situé dans le 5e arrondissement de Paris qui est détenteur de plusieurs marchés en
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Sacha Goude (Sacha) : « Je vous remercie Mme Pulcher et croyez-moi, ma proposition va
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contribuer à la réalisation de votre projet, mais d’abord, permettez-moi de vous poser
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quelques questions, me permettez-vous de prendre des notes ? »
Mme Pulcher (Mme P.) : « Je vous en prie. »
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Sacha : « Je sais que votre cabinet travaille très souvent sur des projets à l’étranger.
Comment faites-vous lorsqu’un client vous demande des modifications importantes par
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Une première impression favorable (ou défavorable) engendre un effet positif (ou négatif),
dénommé « effet de halo » par les spécialistes (Thorndike, 1920 ; Asch, 1946). Ce biais cognitif
affecte la perception d’une personne ou d’une marque de la manière suivante : le cerveau
sélectionne les informations allant dans le sens de la première impression ressentie pour tenter de
la confirmer. Ainsi, Clifford (1975) a démontré dans une célèbre expérience que des personnes
étaient jugées plus intelligentes que d’autres uniquement sur la base de leur attrait physique.
DÉFINITION
L’effet de halo : lorsqu’une personne est jugée agréable, les autres qualités de cette personne sont jugées au travers du prisme
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de cette impression favorable (ou inversement pour une caractéristique négative).
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La première impression se forme ainsi à partir d’un dialogue entre deux subjectivités : elle se
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produit donc entre un pathos et un ethos, puis s’interprète par le logos ; chacun ressent un sentiment,
une émotion qu’il intellectualise par un décryptage « rationnel » possible grâce à des grilles de
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REMARQUE
Renvoyer une image conforme aux attentes de son interlocuteur (de nature à favoriser une perception positive) nécessite à la fois
une préparation psychique et physique. Cependant, il faut savoir rester soi-même et être fidèle à sa propre personnalité afin d’être
crédible dans son rôle.
Focus
Le concept de gestion des impressions chez Goffman
La gestion des impressions est une figure omniprésente dans tout comportement social
(Goffman, 1959 ; Hogan, 1983 ; Schlenker 1980, 1985). Goffman explique que la gestion des
impressions est un instrument pour gagner l’approbation de son auditoire. Ce processus, par
lequel un individu s’efforce de contrôler l’impression qu’il fait sur les autres, possède ses
règles propres : la personne doit se comporter conformément à l’identité qu’elle a choisie et
accepter ainsi de respecter les identités des autres individus.
Parmi les techniques les plus utilisées (consciemment ou non) il est possible de citer : le
conformisme (se ranger à l’opinion de l’autre) ; la flatterie (souligner les mérites d’autrui) ;
l’auto-promotion (attirer l’attention sur ses succès, mettre en avant ses qualités) ; la faute
avouée (reconnaître sa responsabilité et demander à être pardonné) ; la faveur (faire un cadeau
ou quelque chose de sympathique pour quelqu’un sans rien demander en retour) ; la minoration
des conséquences d’une faute, etc.
Le management des impressions peut toutefois varier selon les dimensions suivantes :
la quantité d’efforts fournis par les acteurs pour présenter les informations ;
le degré de conscience de l’acteur de sa tentative de créer une bonne impression ;
le degré de perception du comportement (trompeur ou authentique) ;
le caractère contrôlé ou spontané du comportement (automatique) ;
la perception de l’intentionnalité des acteurs.
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La gestion de la première impression passe par deux types de communication : la communication
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non verbale (CNV) et la communication verbale (CV). Alors que la CV passe par le verbe écrit ou
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oral, la CNV s’exprime à travers le langage corporel, l’expression du visage, le regard, l’intonation
de la voix, la proxémique. Elle s’exprime aussi par les artefacts : le choix vestimentaire, les
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de tétanisation physique et psychologique, des difficultés à s’exprimer ou une tendance à se
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dévaloriser avec une sensation de tristesse ou de découragement. Le repli répond à un manque
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de sens ou de cohérence.
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D’après Hauvette, ces trois états de défense cohabitent en chacun dans un ordre privilégié qui
teinte notre comportement, ainsi que nos relations. Certaines personnes auront par exemple comme
réaction spontanée de défense le repli puis la fuite, quand d’autres auront d’abord des réactions de
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EXEMPLE
Par un après-midi pluvieux et venteux, un jeune ingénieur commercial a rendez-vous dans le 8e arrondissement de Paris avec une
banque française classée au 3e rang mondial. Il s’apprête à traverser la rue quand une voiture passe et l’éclabousse. Ses
chaussures et le revers de son pantalon sont mouillés, ce qui le contrarie terriblement. Étant juste dans les délais pour arriver à
l’heure, il se présente à l’accueil du siège et est introduit immédiatement dans une salle de réunion où l’attendent deux décideurs.
Stressé par l’importance de la rencontre et s’imaginant trahi par les éclaboussures, il fait semblant d’ignorer le regard interrogatif
de ses interlocuteurs, sans chercher à rebondir sur cette anecdote pour la transformer en atout relationnel. Ayant du mal à
contrôler ses émotions, il salue en bégayant et écorche le nom d’un des acheteurs. En s’excusant, il sourit nerveusement. Les
deux interlocuteurs échangent un regard désapprobateur. Le climat n’est déjà plus propice à l’échange…
Depuis cette mésaventure, notre jeune ingénieur commercial s’attache à ce que tous ses débuts d’entretien deviennent des rituels
pour prouver à soi même et à ses clients qu’il n’existe pas de grand ou de petit rendez-vous. Tous sont l’occasion de gérer les
impressions en faisant le marketing de sa personne. Même lorsqu’il est contraint d’arriver à la dernière minute, il fait semblant
d’agir comme s’il s’agissait de son premier rendez-vous de la journée.
Focus
La proxémique ou l’importance du territoire
Dès les années soixante, E.T Hall a élaboré les fondements de la proxémique, qui étudie le
rôle de la distance physique dans la communication entre les personnes.
Il existe quatre zones de proximité dont les distances peuvent varier selon les cultures :
La zone publique : tout ce que le regard de chaque acteur présent peut parcourir.
La zone sociale : toute personne qui se trouve à portée du bras tendu si l’on fait deux ou trois
pas en sa direction (3 à 4 m).
La zone personnelle : toute personne qui peut toucher mon bras tendu avec son bras tendu (>
1,50 m).
La zone intime : toute personne qui se tient dans une zone séparée de moins d’un avant-bras
plié contre leur buste (moins de 50 cm). En négociation, cette zone intime constitue une
barrière qui ne peut être franchie sans conséquence immédiate.
Plusieurs travaux ont utilisé ce cadre théorique pour étudier des situations de négociation,
notamment dans des conditions d’échange interculturel. Il apparaît important de jauger ses
déplacements en fonction des différentes zones du territoire commun que l’on partage durant
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une négociation. Ainsi, envahir le territoire de l’autre sans précaution (s’asseoir sans y avoir
été invité, entrer de manière abrupte en parlant fort et en interrompant une conversation, etc.)
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peut induire des réactions de retrait, voire des comportements agressifs.
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La CNV est si complexe à maîtriser dans le feu de l’action qu’il est nécessaire de se munir d’un
outil qui permet de repérer les quatre points cardinaux des signes émis par ses interlocuteurs afin
de renforcer nos intuitions et nos analyses de la situation. Ces quatre typologies de signaux sont
aussi celles que nos partenaires décryptent en simultané ou avec un temps de latence qui peut se
prolonger après la réunion, lors de la prise de décision. Ces points sont les suivants :
La présence corporelle est le maintien du corps et tout ce qui touche à la zone proximale de la
peau (les bijoux, le maquillage, les tatouages, les odeurs, les accessoires) ; selon votre
présence corporelle, votre vis-à-vis se fera une opinion sur :
votre état physiologique ;
votre âge ;
votre énergie disponible ;
votre histoire vécue ;
votre valeur de témoin ou d’acteur social.
Les postures sont les gestes adoptés et toutes les différentes poses corporelles où l’on se fige
plus de quelques secondes ; selon les postures et leur affirmation dans l’espace disponible,
vous renforcerez ou vous dégraderez la valeur de votre prise de parole en montrant par
exemple :
une attitude d’ouverture (sourire) ;
une attitude d’écoute active (silhouette stable avec quelques acquiescements
de la tête) ;
une position de confort (proche de la neutralité) ;
une position d’influence (déploiement optimum compatible avec les usages
en vigueur et les variétés des postures soutenues).
Les flashs renvoient à tous les micro-mouvements plus ou moins perceptibles par son
interlocuteur (les mimiques, les esquisses de posture vite abandonnées pour une autre, les sons
brefs non verbaux) ; les flashs communiqueront vos pensées profondes ou vos réels sentiments
sur la situation et les acteurs présents. De même, ils vous renseigneront sur l’avancée du
processus de négociation chez vos interlocuteurs. Il suffit de constater s’ils sont conformes au
texte que vous prononcez ou bien s’ils sont contradictoires. On distingue notamment :
le toucher furtif de la tête et du corps (nez, oreilles, cheveux, mains, cou,
etc.) ;
les mimiques qui expriment brièvement un sentiment (surprise,
contentement, envie, étonnement, dégoût, énervement) ;
les variations saccadées et multiples du corps (pieds, jambes, épaules, cou,
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etc.) ; |\/
les signaux verbaux traduisibles par des borborygmes ou des onomatopées
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(euh, ahah, hum, gloup, etc.).
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Les enchaînements se définissent comme toutes les suites de gestes se cumulant avant une
période de repos (les différentes postures soutenant ou infirmant un questionnement ou une
argumentation, mais aussi les tics, les répétitions, les rituels, les idiosyncrasies[1]). Avec les
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enchaînements de vos postures, vous interagissez avec vos partenaires pour tempérer leur
attitude, la renforcer ou au contraire vous y opposer. Plusieurs enchaînements de posture sont
utilisés :
dominantes, recherchant la soumission de l’autre (axe corporel tirant vers le
haut avec le menton relevé, épaules tendues, membres supérieurs détachés
du buste) ;
culpabilisées (affaissement de la colonne vertébrale, tête plongeante, épaules
basses, bras ramassés sur le corps) ;
coopératives (ancrage au sol des pieds, tête dans le même axe que le corps,
ouverture modérée des membres supérieurs) ;
de retrait, voire d’opposition (buste en arrière, bras croisés derrière la tête,
tête désaxée du reste du corps).
Il est utile de garder à l’esprit que le langage du corps, à défaut d’être analysé en temps réel par
la plupart des interlocuteurs, nourrit l’intuition que le récepteur se fait de l’émetteur (et
réciproquement).
2 La communication verbale lors des premiers échanges
Dès l’ouverture de la négociation, il est capital de donner l’impression que nous ne traitons pas
mécaniquement d’une affaire mais que nous sommes également des humains, sortant de l’anonymat
au moins le temps des échanges. Il s’agit d’engager le début de la conversation en faisant allusion à
un fait ou un événement de préférence neutre qui n’enflamme pas les passions, à moins d’être sûr
d’abonder dans le sens de l’autre (même équipe de foot qui vient de gagner). Il convient néanmoins
de ne pas trop s’attarder sur ce sujet annexe et d’orienter la discussion autour de l’objet de la
rencontre.
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se déroule. Il s’agit en fait de respecter une série d’échanges codés qui engagent peu les
participants et dans laquelle chacun sait ce qu’il doit faire. Le respect des rituels présente
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l’avantage de situer sans risque les protagonistes : chacun prend le temps d’observer l’autre en le
4$
EXEMPLE
En France, il est ainsi d’usage, au début d’une réunion et avant de s’asseoir, de se saluer d’un signe de tête, de se serrer la main
et d’échanger quelques formules de politesse. Dans certains cas, il est même habituel de se faire la bise. En Allemagne, aux
États-Unis et encore plus en Chine, ce type de salutations provoque immédiatement un choc interculturel, l’embrassade étant
réservée aux intimes.
Cette phase de rituel se distingue des passe-temps qui permettent, une fois passées les
convenances, de meubler les temps morts tout en évitant de parler de l’objet de la négociation (lors
d’un déjeuner en commun, de l’attente d’un protagoniste important ou d’une soirée imposée par les
circonstances par exemple). Il s’agit ici de se lancer dans des lieux communs ou des sujets d’intérêt
général pour remplir le silence en évitant de livrer des informations importantes à l’autre partie.
Ces temps d’échange peuvent concerner plusieurs sujets de discussion tels que :
parler du temps et du climat (ex. : les journées qui s’allongent, le climat doux et agréable,
etc.) ;
s’interroger sur l’état des affaires (ex. : l’impact d’une nouvelle réglementation sur la
productivité de son client) ;
évoquer un événement sportif qui vient de se dérouler dans la région (ex. : le match de
dimanche dernier qui a fait accéder l’équipe à la première division) ;
faire remarquer l’agréable accueil réservé aux visiteurs et féliciter sur le design des lieux
(ex. : compliment sur la luminosité des lieux, etc.) ;
relever un détail présent sur les lieux (ex. : une sculpture d’un jeune artiste très en vogue).
Focus
Qui prend l’initiative de la parole ?
L’avantage est souvent au profit de la personne qui parle en premier. En effet, elle peut diriger
le cours de la discussion selon ses propres aspirations et objectifs. Cependant, celui qui prend
la parole en premier ne doit pas d’emblée dévoiler toutes ses cartes, car dans ce cas,
l’avantage passe vite du côté de celui qui écoute : ce dernier dispose de plus de temps de
réflexion pour argumenter, persuader, etc. De plus, l’usage veut que l’interlocuteur qui dispose
d’un rapport de force favorable décide finalement qui doit s’exprimer en premier. Il est donc
ingénieux de mettre en place une stratégie de prise de parole qui anticipe le déroulement de
l’échange.
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2.2 S’intéresser à son interlocuteur |\/
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Il est également important de faire preuve dès l’entrée de jeu de bienveillance et d’afficher la
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l’interlocuteur. Internet et les différents abonnements aux sites d’information facilitent la sélection
des données relationnelles essentielles des interlocuteurs.
REMARQUE
Relever avec intérêt dans le bureau de son interlocuteur la présence d’un trophée ou d’une récompense dans un domaine
professionnel, sportif ou autre peut créer une complicité, voire un partage de valeurs communes. Citer l’actualité récente de
l’entreprise du client est une autre manière d’accélérer son implication dans la relation.
Focus
Faut-il flatter le client ?
L’être humain est probablement séducteur par nature, il a besoin de plaire et d’être estimé
(cela fait d’ailleurs partie de la pyramide des besoins établis par Maslow). Il est donc
agréable d’entendre un compliment ou une louange. Certains commerciaux ou consultants en
font d’ailleurs une règle de la vente, forts de leur expérience ou des études montrant qu’une
personne éprouve de la sympathie à l’égard de celui qui la complimente, même lorsque ses
compliments sont sans nuance, infondés et intéressés. Cependant, il existe une différence
fondamentale entre complimenter ou féliciter et flatter. En effet, le verbe « flatter » selon le
petit Robert c’est : « louer excessivement ou faussement quelqu’un pour plaire, séduire, […]
chercher à tromper, déguiser la vérité, etc. »
La bienveillance et l’instauration d’un climat de confiance, qui constituent un principe
d’échange entre le vendeur et ses clients, interdisent la flatterie alors qu’elles appellent à la
séduction. En effet, selon l’analyse transactionnelle, c’est toujours celui qui réceptionne le
message qui lui donne sa valeur positive ou négative. Féliciter une personne qui se fait une
mauvaise impression de vous ne signifie pas qu’elle se sentira valorisée par vos propos.
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de sécurité physique et psychologique d’autre part. Pour ce faire, il est important de veiller aux
points suivants :
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Se présenter (nom, société, métier).
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Rappeler la structure des différents rounds de négociation prévus ainsi que les acteurs
concernés.
REMARQUE
Ne pas être reconnu comme partenaire légitime de la négociation dès le départ revient à subir l’échange. Cette situation peut
conduire le négociateur à être en inhibition de l’action, à se justifier ou encore à ne pas être en capacité de remettre en cause un
accord initié par des instances supérieures.
En résumé, la meilleure manière de créer une première impression favorable consiste souvent à
s’adresser au pathos par la reconnaissance de l’autre et de son système de valeur. C’est aussi
l’occasion de démontrer son niveau de préparation et de professionnalisme (ethos). De fait, les
personnes concernées se trouvent valorisées par cette identification de traits positifs illustrant leur
parcours ou leur façons d’être.
EXEMPLE
Dans une enseigne informatique parisienne du nom de Surcouf, lors du premier rendez-vous, l’ingénieur commercial salue ainsi
son interlocuteur : « Je suis heureux de rencontrer le fondateur de Surcouf qui a choisi ce nom célèbre. J’ai toujours aimé ce
corsaire qui répondit aux Anglais lorsque ceux-ci l’accusaient de se battre pour l’argent alors qu’eux menaient croisière pour
l’honneur : “Messieurs, on se bat toujours pour ce que l’on n’a pas”. »
Section 2
Il est nécessaire mais pas suffisant de faire bonne impression, lors d’un premier contact. En effet,
une fois la relation installée, le négociateur doit réussir à la transformer en relation d’affaire pour
atteindre ses objectifs. Il sélectionnera une technique d’introduction adéquate à la situation en tenant
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compte notamment de l’expression (ou non) d’un besoin. Cela est d’autant plus vrai que la
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négociation est complexe et qu’elle mobilise plusieurs acteurs dont les niveaux de pouvoir et les
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rôles sont, de prime abord, difficilement repérables.
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Une astuce pour bénéficier de l’attention des interlocuteurs lors de l’ouverture d’une négociation
consiste à construire un discours autour de leurs besoins et attentes. Selon la situation, celui-ci se
fondera essentiellement sur le pathos (en attirant l’attention), l’ethos (en affirmant sa crédibilité) ou
le logos (en rationalisant les besoins).
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un sens ou une utilité pour l’autre partie. C’est pourquoi il est recommandé d’utiliser un objet
(démonstration produit, cadeaux publicitaires, plaquettes, échantillons, catalogues, etc.) pour
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entrer en relation et « briser la glace » (ice-breaking).
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L’humour : lorsqu’il est utilisé à bon escient, il permet de se démarquer parce qu’il génère un
décalage avec la réalité attendue et oblige l’autre à réfléchir pour comprendre la situation.
Ainsi, les jeux de mots sont souvent d’excellents capteurs d’attention tant qu’ils restent
By
Focus
Comment affirmer sa crédibilité
Affirmer sa crédibilité revient à agir sur les trois registres suivants :
sur le plan personnel : l’affirmation de soi ;
sur le plan social : le respect des pratiques sociales et des normes établies ;
sur le plan technique : la maîtrise de l’offre.
Citons quelques-unes de ces qualités intrinsèques à la crédibilité d’un négociateur dans la
phase d’ouverture :
le sens de l’organisation : la présentation d’un plan détaillé tenant compte du temps imparti à
la rencontre, accompagné selon les cas de démonstrations fiables (éviter les problèmes
techniques, l’oubli de certains éléments, etc.). La sélection des questions à poser et des
arguments à développer est centrale : il est généralement conseillé de prendre appui sur deux
ou trois points clés, annoncés à l’avance et exploités successivement ;
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l’esprit de repartie : avoir l’esprit vif et alerte, poser la question clé, rebondir sur un mot,
une remarque ou un propos prononcé par le prospect en orientant le cours de l’échange vers le
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but assigné sans heurter ni agresser son interlocuteur. Il est pour cela utile de l’écouter
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activement, de poser des questions afin d’approfondir les sujets abordés, puis de reformuler
ses propos en lui montrant que vous avez compris les enjeux essentiels de la question pour lui
et son entreprise ;
By
la maîtrise de son sujet : savoir présenter d’une manière simple des sujets complexes sans
les banaliser. C’est particulièrement important quand il s’agit d’une négociation entre deux
groupes dont les membres appartiennent à des univers disciplinaires différents. Délivrer un
conseil permet par exemple de se valoriser et de rassurer le client. Il faut pour cela respecter
cinq étapes : reformuler les faits, exposer son diagnostic, proposer plusieurs solutions,
exprimer explicitement sa préférence pour l’une d’elles puis échanger sur les modalités
d’application.
En résumé, la crédibilité s’affirme par une cohérence entre l’ethos, le pathos et le logos, avec
un équilibre bien dosé, pertinent et en phase avec chaque situation.
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quatre schémas comportementaux : la Dominance (J’agis sur un environnement perçu comme
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hostile), l’Influence (J’agis sur un environnement perçu comme favorable), la Stabilité
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(J’accepte un environnement perçu comme favorable) et la Conformité (J’accepte un
environnement perçu comme hostile). La version moderne des catégories du DISC a
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popularisé la théorie de Marston en associant des couleurs à chaque type : le rouge pour la
dominance, le jaune pour l’influence, le vert pour la stabilité et le bleu pour la conformité.
By
Dans chacun de ces modèles, il existe une façon de communiquer adaptée à chaque type
d’interlocuteur. C’est pourquoi, la plupart de ces théories préconisent d’utiliser un processus de
communication qui convient au profil de l’autre partie afin d’éviter au maximum des difficultés de
compréhension et des réactions négatives.
Focus
Les différents styles de communication
Inspirés des travaux du Dr Marston, psychologue américain (1928), quatre styles de
communication ont été définis :
La communication tournée vers « l’homme » : elle comporte une part de subjectivité,
d’émotivité, de sensibilité, d’altruisme et d’empathie.
La communication dirigée vers « l’action » : elle est pragmatique, poursuit le but de la
réalisation d’objectifs, l’obtention de résultats.
La communication orientée vers « l’idée » : elle favorise l’imagination, la créativité et
l’innovation.
La communication menée par « la méthode » : elle est essentiellement objective, relative à la
planification, les précisions et l’organisation logique et conceptuelle.
À l’inverse, il est possible pour des raisons pratiques (difficulté à repérer le profil de son
interlocuteur) ou éthiques (refus de réduire la personnalité d’un individu à un profil dominant ou
d’utiliser la connaissance de sa personnalité pour l’influencer) de varier les canaux de
communication utilisés par le négociateur pour s’assurer que les messages clés seront reçus avec le
moins de bruit possible (parasitage).
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2.1 La méta-négociation
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Dans les négociations complexes et à fort enjeu, les négociateurs ont intérêt à s’entendre sur le
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processus avant de parler contenu : ils négocient la négociation pour garantir son bon déroulement
et sa réussite. En pratique, il s’agit de discuter des règles qui régiront le fonctionnement des
By
échanges : lieux, acteurs concernés, parties prenantes et calendrier des rencontres, date limite pour
parvenir à un accord, ordre du jour, règles de prises de parole, cadres juridique, réglementaire ou
technique qui serviront de fondement aux travaux et au degré de confidentialité. Il s’agit en fait de
donner un cadre structuré au déroulement de la négociation. Cela se fait d’une manière consensuelle
en apparence mais, à analyser la situation de plus près, il s’avère que ce cadre joue en faveur de
celui qui est en situation de force. Dans la méta-négociation, il est essentiel de séparer le contenu
de la forme. En effet, alors que le premier se rattache au logos pur, a priori, la meilleure manière
possible de négocier rationnellement la forme se rapporte à l’ethos. Finalement, c’est la forme qui
va réellement trancher et orienter la suite, le pouvoir étant du côté de la forme dominante, donc de
l’instance disposant de plus de pouvoir et des autorités qui s’y rattachent.
Ces préliminaires ont plusieurs buts :
favoriser le bon fonctionnement des échanges en initialisant leur dynamique ;
tester l’état des relations (rapports de force et de confiance) avant toute discussion ;
amorcer l’élaboration d’une vision commune du problème à résoudre en levant les éventuels
malentendus sur les termes et les objets de négociation.
Il s’agit donc d’un moment clé qui permet de construire un cadre de référence commun et qui
programme fortement la suite du processus.
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fonctionnement (la façon dont elle gère les relations entre les membres du groupe) et de prise de
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décision (la façon dont le leadership est assuré). Dans un groupe, il peut par exemple exister
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plusieurs types de leaders : un représentant institutionnel qui possède la responsabilité officielle et
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symbolique de l’échange, un leader effectif qui conduit les aspects opérationnels de la négociation,
un référent (qui n’est pas forcément présent à la table des négociations) auquel le groupe aura
recours en cas de problème relationnel ou de blocage. Il peut surgir aussi un contre-leader qui
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condensera les résistances et les freins si l’objet de la négociation est perçu comme dépassant le
seuil de recevabilité des habitudes du groupe.
Dans tous les cas, il est important de respecter la structure du leadership de l’autre partie, sous
peine de susciter de fortes réactions de défense ou de contre-attaque.
REMARQUE
Dans nombre de négociations, seuls les décideurs parlent tandis que les autres tentent vainement de savoir qui est qui et qui fait
quoi, jusqu’à ce que l’un des chefs prenne l’initiative de faire les présentations. Selon les cultures, ce rituel peut varier jusqu’à
s’inverser, comme au Japon, où le véritable décideur reste silencieux.
EXEMPLE
Lors d’un projet de fabrication d’une centrale nucléaire en Allemagne, la délégation française, dirigée par un polytechnicien,
comprend également deux ingénieurs spécialisés, un porte-parole du ministère de l’Énergie et un ingénieur commercial. Lors du
premier rendez-vous, le porte-parole de l’équipe française remarque rapidement que l’un des Allemands semble superviser ses
collègues, alors qu’il n’a pas pris la parole et se contente de prendre des notes. Un débat s’installe alors au sein de l’équipe : faut-
il l’amener à participer à l’échange en s’adressant directement à lui ou respecter la structure de leadership de l’autre partie ?
Pour aller plus loin
Techniques de manipulation habituellement utilisées lors de la phase
d’accueil
« Manipuler », selon le Petit Robert, c’est « influencer habilement [un groupe, un
individu] pour le faire penser et agir comme on le souhaite ». Il ne faut donc pas
confondre la manipulation avec la séduction, puisque l’une et l’autre ne font pas appel aux
mêmes mécanismes. En effet, alors que la manipulation utilise le « faire-croire » pour
« faire agir » ou « faire faire », la séduction consiste à plaire pour obtenir l’approbation et
l’adhésion à la proposition présentée[4]. La condition sine qua non d’une manipulation
réussie est l’inconscience de l’intéressé (au moins dans l’immédiat de la prise de
décision). Il cesse d’être objet de manipulation à l’instant où il réalise qu’il est manipulé.
Les techniques de manipulation se fondent, pour la plupart, essentiellement sur les trois
actions suivantes :
fournir une information, un « savoir » souvent tronqué ou faux (qui sera
ultérieurement corrigé après avoir obtenu une première prise de décision) ;
faire croire au libre arbitre du sujet (celui qui prend la décision croit le faire en toute
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connaissance de cause alors qu’il ne détient pas toutes les informations au moment de
l’action) ;
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compter sur une persévérance de l’individu dans son choix, une rémanence de la
décision initiale. Cette notion s’explique par la théorie de l’engagement qui stipule
4$
qu’une fois la décision communiquée, on s’y engage même si les conditions ne sont
plus celles annoncées au départ.
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plus disponibles. Malgré l’absence des avantages, la personne va persévérer dans sa
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prise de décision (ex. : sur une vitrine d’une boutique de prêt-à-porter est affiché
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« Soldes jusqu’à 70 % ». Une fois le seuil franchi, il s’avère que cette promotion ne
s’applique qu’aux fins de série situées au fond de la boutique. Avant de l’atteindre,
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vous passez devant la nouvelle collection, vous continuez, mais ce que vous trouvez
vous déçoit, à l’exception d’une jolie chemise. Vous demandez votre taille, mais elle
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n’est plus disponible. La vendeuse se charge alors de vous trouver l’équivalent dans
la nouvelle collection qui n’est évidemment pas soldée).
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EXEMPLE
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Ainsi, ce n’est parce que le négociateur respecte scrupuleusement la coutume japonaise, en offrant un cadeau personnalisé à ses
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interlocuteurs, qu’ils vont juger positivement sa prestation. L’ouverture de la négociation sera ressentie comme prometteuse si, en
échangeant sa carte de visite et le cadeau symbolique (ethos), il démontre sa connaissance de leurs postes, de l’historique de leur
entreprise et de leur marché (logos), tout en transmettant son désir de performance dans les échanges (pathos).
By
L’ESSENTIEL
Vos interlocuteurs ont vécu quelques milliers de mises en relation, dont un grand nombre
dans le cadre d’une négociation. Comme vous, lors de l’ouverture, ils cherchent à faire
rentrer la situation dans un cadre connu, une représentation mentale où ils se sentent
favorablement installés vers l’obtention du meilleur résultat possible dans le temps
consacré.
Vous devez être capable de soutenir la pression induite par ce premier test, c’est-à-dire :
vous efforcer de faire une première impression favorable ;
instaurer un cadre de négociation où votre territoire est délimité ;
neutraliser la tentation de dominance de l’autre partie ;
renforcer l’expression du territoire des autres même s’ils ne vous sont pas a priori
favorables ;
prendre l’initiative de créer un territoire commun propice à l’accord où peut se
conjuguer l’essentiel des objectifs implicites et formels de tous les participants.
Questions de réflexion
1 ■ Peut-on pour faire bonne impression jouer un personnage radicalement différent de notre
personnalité lors de l’ouverture de la négociation ?
2 ■ Faut-il toujours ressembler au client ?
3 ■ Être ou paraître ? Aucune réponse binaire ne peut contenter un négociateur visant
l’excellence professionnelle.
EXERCICES
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permettent de mieux préparer la phase d’accueil. |\/
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3.1 Au-delà du rituel de rencontre
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Le négociateur doit connaître son canevas de prise de contact sur le bout des doigts. Cela lui
permet de s’installer sur le territoire de la transaction en portant son attention sur les techniques
By
à adapter face aux personnes présentes. Cette connaissance automatique de son texte lui permet
alors de se concentrer sur les signaux qu’il envoie à son ou ses interlocuteur(s) ainsi que sur
l’analyse des signes marquants émergeant de ses vis-à-vis.
Consultez ce questionnement en visualisant une situation de négociation que vous avez réalisée.
Identifiez les améliorations que vous auriez pu provoquer dans la qualité de l’échange.
Faites de même pour une situation de négociation que vous pourriez mener prochainement.
Quels sont les signes visuels positifs à adresser à vos interlocuteurs ?
Quels sont les niveaux sonores à moduler, les interjections et les sons à émettre en plus des
paroles ?
Quelle est la gestion de l’espace qui vous apparaît comme équilibrée avec le positionnement
et les déplacements de vos interlocuteurs ?
Quelles sont les odeurs de vos parfums, vêtements et accessoires qui vous sont favorables et
vous mettent à l’aise ? Sont-elles compatibles avec les personnes présentes ? Sont-elles
invasives et correspondent-elles à votre stratégie distributive ?
Quelle est l’émotion principale dont vous voulez laisser l’empreinte sur cette réunion ?
Comment exprimez-vous cette intention profonde pendant cette phase d’accueil ?
Quel est le noyau dur de votre texte qui est spécifique à cette séquence ?
Quelles sont les pratiques culturelles et d’appartenance à respecter sous peine d’interrompre
immédiatement la discussion ou d’entacher le début de séance ?
Quel sera votre scénario bis, en cas d’abus de position dominante de vos interlocuteurs dès
les premiers mots ? en cas de non-respect des rituels de prise de contact ?
Quels sont les moyens d’auto-contrôle qui vous serviront à savoir si vous n’êtes pas en train
de précipiter les interactions d’accueil ? Que vous n’êtes pas en train d’envahir l’espace de la
réunion et de réduire l’expression de vos interlocuteurs ?
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admises par les protagonistes, il est ressenti comme positif par tous les acteurs présents. Vous
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démontrez ainsi à vos interlocuteurs votre implication et votre aptitude à relever les défis
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proposés. Vous vous imposez en tant que partenaire de jeu crédible.
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À titre de préparation antistress, répondez aux questions suivantes. Vous aurez ainsi une boucle
de pratiques à mettre en œuvre durant cette phase d’accueil ainsi que tout au long de la
rencontre. Ces micro-pratiques que vous mobiliserez neutraliseront la majeure partie des signes
By
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interlocuteurs que vous avez raté l’occasion de faire une bonne première impression.
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Tout est-il perdu lorsque nous sommes sûrs de n’avoir pas l’acceptation de nos interlocuteurs
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dès le premier contact ?
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Dans les situations suivantes, choisissez ce qui vous semble possible de tenter lorsque la
première impression semble en votre défaveur, qu’il s’agisse d’une négociation où vous
By
rencontrez vos interlocuteurs pour la première fois ou d’une première impression ratée avec
vos partenaires habituels :
Vous vous excusez pour le geste, le mot ou le vêtement/accessoire que vous avez identifié
comme facteur de ce malentendu.
Vous renforcez votre phase d’écoute en comptant vous crédibiliser par la qualité de votre
analyse que vous démontrerez, plus tard dans l’entretien, par argumentations ciblées
graduelles.
Vous cherchez à renforcer la convivialité en arborant un visage souriant et engageant (work
face).
Vous faites semblant de ne pas vous apercevoir de la situation et continuez votre séance sans
rien signifier autour de cette tension.
Vous faites de la surenchère en soulignant la cause de la tension et en expliquant que bien tenir
son rôle professionnel signifie de savoir négocier profitablement avec tout type d’acteurs.
Vous formulez très rapidement que l’essentiel dans cette négociation consiste à trouver des
accords satisfaisants pour les différentes parties prenantes et non de s’apprécier socialement
ou affectivement.
Vous faites de l’anti-vente en annonçant qu’il est préférable de ne pas continuer l’entretien vu
l’état d’esprit dans lequel la négociation débute. Puis, après régulation, vous développez le
plan prévu.
Vous prétextez une cause pour différer la rencontre, en comptant sur une meilleure préparation
pour affronter cette situation tendue.
Vous vous levez et annoncez que les conditions ne sont pas réunies pour avoir des échanges
fructueux et donc vous différez sine die.
Envisagez votre réponse selon que vous êtes dans la situation suivante :
Vos interlocuteurs sont plus âgés et possèdent plus de pouvoir et d’autorité que vous-même.
Vos interlocuteurs ont le même statut que vous avec les mêmes prérogatives.
Vous êtes dans la position de l’acheteur.
Vos clients sont des cibles prioritaires.
Vos prospects sont nombreux dans le même secteur.
CORRIGÉS
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de la découverte et ainsi d’être complémentaire avec la préparation dite à froid réalisée les
jours précédant la rencontre. Il consiste à :
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rééquilibrer son attention sur les mécanismes corporels et vocaux alors que les
enjeux deviennent obsédants ;
ancrer sa communication verbale grâce à une répétition des contenus essentiels à
By
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obtenir l’expression verbale d’un démenti ou à défaut un différé de la rencontre.
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[1] L’idiosyncrasie est le comportement propre à un individu face aux influences de divers agents extérieurs.
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[2] Le modèle des styles de communication est par exemple très utilisé actuellement dans les théories américaines de vente
adaptative. Ce modèle se fonde sur deux dimensions du comportement humain : la volonté de domination (affirmation de soi et
By
désir de contrôle élevé) et la sociabilité (recherche des interactions avec autrui). Il distingue quatre styles de communication en
croisant ces variables : le style émotif (forte sociabilité et forte volonté de domination), le style directif (faible sociabilité et forte
volonté de domination), le style réfléchi (faible sociabilité et faible volonté de domination), le style empathique (forte sociabilité et
faible volonté de domination).
[3] Le modèle des préférences cérébrales d’Hermann identifie les modes préférentiels de traitement de l’information d’un individu.
Il repose notamment sur les travaux de R.W Sperry (asymétrie cérébrale) et sur la théorie du cerveau triunique (Paul D.
MacLean). Le modèle distingue quatre modes de pensée associés à une partie du cerveau utilisée par une personne en
fonctionnement habituel et en fonctionnement « sous tension »: le mode analytique, le mode séquentiel, le mode interpersonnel et le
mode imaginatif.
[4] En fait, tout se joue au niveau du « faire-croire » car les deux modalités du pouvoir et du vouloir sont exclues du répertoire
perceptif du manipulé.
Chapitre
La découverte des attentes
4
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Objectifs |\/
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■ Identifier les besoins et les motivations profondes de son interlocuteur.
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■ Structurer et adapter son questionnement pour contourner les défenses de l’autre partie.
■ Actualiser les données issues de sa préparation et présenter une synthèse de la découverte
By
Sommaire
Cas introductif
Sacha Goude, ingénieur commercial en impression 3D, en période d’essai chez Moulagevit,
est face à ses prospects architectes : Mme Pulcher et M. Pasaroni. Dans la découverte de
ses deux interlocuteurs, il ne veut pas faire d’erreurs de junior qui lui seront reprochées
ensuite par sa directrice des ventes Kirsten Grossman lors du débriefing de cette première
séance. Il ne perd donc pas de vue que son comportement vise à placer ses interlocuteurs
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en situation de narration confortable. Savoir à quel carburant, à quelles motivations
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profondes ils fonctionnent est une priorité. Il sait que lorsqu’on a identifié les
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automatismes d’un individu, on augmente les chances de lui présenter l’objet de ses
attentes sous un jour recevable.
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professeurs. Il veille donc à élargir son questionnement basique et rituel, qui lui a permis
de franchir l’étape de l’ouverture de la négociation avec succès ; il traque les valeurs et
les dimensions symboliques qui animent ses interviewés. Il sait que mettre son produit au
service des ambitions de ses clients est un sésame vers la décision positive.
Ainsi, lorsque Mme Pulcher joue son premier test sérieux autour de son produit,
l’imprimante 3D, il ne saute pas sur l’occasion de formuler un questionnement, qui
viendra obligatoirement dans la suite de la découverte et qui traitera des composantes
techniques, financières et juridiques de l’offre.
me
M P. : « Alors, c’est de cette chimère de la 3D dont vous venez nous parler ? Je ne pense
pas que ce soit vraiment une solution pour nous. Regardez cette maquette avec les
différents buildings : il y a beaucoup trop de détails, on peut difficilement les montrer à
nos clients par une reprographie. »
Sacha : « Comment avez-vous réussi à gagner ce concours au Qatar ? »
Sacha regarde ses deux interlocuteurs, il voit que M. Pasaroni diffère sa réponse devant
l’empressement de Mme Pulcher à exprimer la dynamique entrepreneuriale de son cabinet,
dont elle est une actrice majeure. Sacha n’oubliera pas de relancer M. Pasaroni à la
moindre relâche de son interlocutrice principale.
Sans le signifier, dans cette première rencontre, l’architecte partenaire ne sera qu’un faire-
valoir. En revanche, il lui sera sans doute bien utile pour compléter sa recherche sur les
attentes, les freins et les motivations de l’ensemble des acteurs concernés par
l’installation d’imprimantes 3D chez ce client. En effet, afin de limiter les oppositions à
cette innovation, il convient de connaître ce qui fera réagir les collaborateurs du cabinet,
habitués à leur façon de travailler ; il faut identifier ce que pensent tous les utilisateurs
potentiels, les autres associés, les cadres fonctionnels du groupe mais aussi les confrères
concurrents. Sacha ne fera pas l’impasse de connaître, également, le point de vue des
personnes spectatrices en lien avec l’installation des nouvelles machines. Elles seront les
porteuses d’une opinion qui colporte des images pouvant facilement virer à la rumeur
destructrice.
Sacha, professionnellement, n’a aucune envie de se précipiter sur l’argumentation de sa
proposition initiale, qu’il va réaliser dans l’étape suivante. Il recherche la meilleure
actualisation des informations qu’il a collectées pendant sa préparation, tant d’un point de
vue concret que sur un niveau de création de valeurs et de symboles.
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Section 1 LA STRUCTURE DES ATTENTES
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La phase de découverte consiste à identifier les besoins de ses clients grâce au questionnement,
By
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l’augmentation du nombre des postures non verbales « d’ouverture » (buste avancé, sourire,
relâchement des épaules, etc.) ;
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la confidentialité des informations délivrées.
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qui lui manquent sans avoir à partager, consciemment ou inconsciemment, celles dont il est le
possesseur. La rétention d’information lors d’une interaction est toujours le résultat d’un
comportement déterminé et d’une attitude peu contrôlée : volontaire (par décision) et involontaire
(par omission). Pendant cette phase d’écoute, chaque acteur se retrouve dans une logique de don ou
de contre-don par rapport aux informations les plus pertinentes à l’avancée de la signature : « Je te
donne si tu me donnes. »
Dans tout questionnement apportant la preuve de la mémorisation des informations délivrées, il y
a manifestement une valorisation de l’interlocuteur ; l’interviewé entrera alors plus aisément dans
un comportement réflexe d’apport de précisions, voire de justifications.
Pour rentrer dans cette dynamique de découverte ciblée, il est nécessaire de :
personnaliser les questions avec des faits à haute valeur narcissique ;
présenter succinctement des faits, des résultats d’études, des exemples personnels et laisser
réagir l’autre sans s’opposer ;
reformuler les informations émises et ajouter un élément d’actualité ;
transposer les réponses dans le futur proche et à moyen terme ;
faire décrire les points de vue supposés ou exprimés des parties prenantes absentes.
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financiers, etc.).
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1.3 Décrypter les contenus symboliques
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Tout élément concret (ou tout assemblage de contenus substantiels) est porteur d’une signification,
d’un sens, d’une symbolique pour chaque acteur concerné. La compréhension de ces codes est
indispensable pour décrypter les motivations d’achat, ainsi qu’une part des objections qui seront
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formulées contre l’offre, car de nombreuses réticences à la décision finale positive seront le reflet
du système de valeurs de l’individu. Chaque acteur attribue une portée symbolique à toutes ses
activités même s’il en est conscient à divers degrés.
Charles Handy (1995) recense tous les agissements d’un acteur dans une grille d’investigation
mobilisable lors de cette étape de découverte. Selon cet auteur, tout acteur adapté au troisième
millénaire est dans l’obligation de maîtriser les types d’activités suivants :
salariée (son poste, son mode de rémunération, ses avantages contractuels, son pouvoir sur ses
subalternes et ses partenaires, etc.) ;
libérale (sa capitalisation mobilière et immobilière autre que dans l’exercice de son contrat de
travail, la constitution d’un héritage, etc.) ;
domestique (l’animation et l’entretien de son foyer) ;
associative (la contribution à une vie de groupe et de réseau sportif, artistique, politique et
philanthropique) ;
apprenante (l’actualisation et l’amélioration de ses expertises et de ses connaissances
généralistes).
L’ensemble de ces activités permet à chacun d’écrire son récit, son roman, sa légende personnelle
fortement inductrice de ses décisions prises lors de toutes les négociations privées ou
professionnelles. Cette vision globale est interdépendante des valeurs que l’individu sélectionne et
privilégie dans ses choix organisationnels. Principalement, l’ensemble des valeurs s’articule entre
quatre pôles :
les valeurs professionnelles (excellence, fiabilité, endurance, ténacité, challenge, esprit
d’équipe, répétition, démarches d’études et d’adaptation continue, etc.) ;
les valeurs artistiques (performance, esthétique, style, improvisation, démarche de recherche
et innovation, etc.) ;
les valeurs collaboratives (échange, convivialité, soutien social, solidarité, conception et
réalisation anonyme et collective, démarche de mise en réseau et d’actualisation permanente,
etc.) ;
les valeurs religieuses et politiques (dogmes, prosélytisme, militantisme, fidélité, rigorisme,
etc.).
Dans une découverte performante, autant que les données substantielles, les dimensions
symboliques doivent faire l’objet d’une actualisation ; ce qui valait dans le passé ou est actif dans
le présent ne possède pas la garantie d’être un élément moteur pour le contrat à venir.
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Focus
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L’évolution des valeurs des acteurs de la négociation
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comme l’a baptisée Rochefort (2007)*. Elle connaît une véritable évolution au niveau de son
système de valeurs depuis le milieu du XXe siècle, qui impacte directement le mode de vie de
chacun. Outre les conséquences de la consommation sur l’environnement au sens le plus large
du terme, elle induit un changement au niveau du comportement individuel, des habitudes et du
mode de vie. Ce pouvoir transformationnel est d’une telle ampleur qu’il inquiète le
consommateur lui-même, le poussant souvent à une forme de schizophrénie. En effet, au départ,
le principe fondateur de la consommation est la satisfaction des besoins ; il s’est très vite
transformé en satisfaction de désirs qui par nature ne se satisfont jamais totalement, ce qui
enclenche un processus sans fin, ponctué par des prises de conscience de la manipulation à
laquelle nous sommes soumis, voire par une révolte. Par ailleurs, de nouvelles valeurs
apparaissent en permanence, comme par exemple les valeurs liées à l’écologie et au
développement durable. De plus, avec l’avènement d’Internet, le système de valeurs connaît
une véritable révolution. En effet, alors que par le passé, l’appartenance se faisait soit par les
liens de sang, soit par le partage de valeurs idéologiques, philosophiques et religieuses,
actuellement, nous assistons à une appartenance fondée sur les modes de consommation.
L’exemple le plus patent est celui de la communauté des internautes qui, partant de ce mode de
consommation, vont fabriquer un nouveau système de valeurs avec des codes et des règles
nouvelles*. Il en découle non seulement un changement au niveau du mode de vie, mais une
interrogation sur ses propres croyances, voire sur sa conception et sa perception de
l’environnement.
Ainsi, le système de valeurs, à l’instar de tout système, n’est pas figé : il évolue dans et avec
le temps. Klinkenberg (1996) explique qu’« un système, pour rester dynamique, doit en effet
toujours comporter un composant évolutif »**. Il y a donc en permanence une stabilité des
principes fondateurs et une mutation au moins d’une des normes constitutives générées par le
système lui-même ou le contexte.
Les valeurs, objets de négociation entre les parties, n’échappent pas à cette règle. Par
conséquent, le négociateur doit intégrer l’éventualité d’une transformation des valeurs lors de
la négociation, surtout si elle s’étale dans le temps :
en posant des questions qui permettent de valider les valeurs immuables et de repérer celles
susceptibles de changer au gré du contexte ;
en jouant avec le système de valeurs de l’autre partie pour mieux l’influencer lors des
relances, reformulations et résumés ;
en anticipant les changements comportementaux de son interlocuteur et sa manière de conduire
la négociation.
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* Rober Rochefort, Le Bon Consommateur et le Mauvais Citoyen, Paris, Odile Jacob, 2007,
312 p. |\/
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** D’où l’expression parodiée : « Dis-moi quelle marque tu consommes, je te dirai qui tu es. »
*** J.-M. Klinkenberg, Précis de sémiotique générale, Bruxelles, De Boeck, 1996, p. 282.
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Les idéalistes (Platon) ou cholériques (Galien) : ils représentent moins de 10 % de la
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population ; ils sont souvent qualifiés de « créatifs », « enthousiastes », « sympathiques »,
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« subjectifs », « passionnés », « tempétueux », « intuitifs », « sensibles ». Il est possible de les
identifier par leur capacité d’écoute et d’empathie, leur difficulté à se positionner clairement
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et leur tendance à suivre le dernier qui a parlé, leur aversion au conflit, leur compétence en
matière de communication et de mise en relation ;
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Chaque personnalité (tempérament et caractère) est étayée autour d’automatismes de satisfaction
de ses pulsions ; il est donc possible de connaître les itinéraires les plus fréquents qui sont
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empruntés pour satisfaire les besoins manifestes et latents.
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La multiplicité des pulsions et émotions qui traversent un acteur peut se réduire dans un modèle
pouvant être mobilisé lors de la négociation sans perdre le fil des préoccupations substantielles.
Lawrence et Nohria (2002) indiquent ainsi que l’ensemble des agissements d’une personnalité se
conjugue en quatre types de pulsions, qui se déclinent deux à deux :
la pulsion d’apprentissage (drive to learn) et la pulsion relationnelle (drive to bond) ;
la pulsion de défense (drive to defend) et la pulsion de conquête (drive to acquire).
Chaque personnalité, durant la séance de négociation, sera traversée par une pulsion majeure
dominante et sa mineure complémentaire. L’identification de celles-ci permettra de présenter son
offre en fonction des désirs profondément ancrés chez ses interlocuteurs autant sous ses aspects
fonctionnels que financiers et réglementaires.
La pulsion d’apprentissage décrit le réflexe de découverte de nouveaux savoirs théoriques et
pratiques. Elle est reliée à l’instinct de curiosité.
La pulsion relationnelle consiste à se lancer dans le tissage de réseaux, à développer les
facteurs de la convivialité et de la sympathie. Elle est liée à l’instinct grégaire et au besoin
d’amour et d’affection.
La pulsion de défense met en relief les valeurs, les idées, les pratiques et les biens substantiels
qui mobilisent instantanément les réflexes guerriers en cas de perte de sécurité et de confort.
Elle est liée à l’instinct de survie.
La pulsion de conquête entreprend l’élargissement des territoires sur lesquels le pouvoir et
l’autorité de l’acteur peuvent s’exercer. Elle est liée à l’instinct de possession et d’acquisition.
Chaque nouvelle offre argumentée, comme la personnalité du négociateur qui la portera,
provoquera chez le décideur une intensité pulsionnelle dont une dominante émergera. Cette
résultante sera décisive dans la prise de décision finale car elle débordera, parfois, toutes les
rationalisations formulées et contredira les contraintes et les réglementations en cours.
Figure 4.1 Les pulsions fondamentales[1]
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3.2 Savoir reconnaître les rôles exprimant les pulsions
Il est possible d’identifier la pulsion dominante qui anime un individu, quelle que soit sa
personnalité, au travers de ses comportements. Les personnages de la créativité appliquée de Roger
von Oech (1987) permettent de visualiser les quatre théâtralisations que prennent le plus souvent
ces pulsions :
L’explorateur : il présente une curiosité permanente, un élan vers la connaissance de nouveaux
savoirs centraux pour sa construction personnelle.
L’artiste : il exprime, par sa soif de rencontres avec de nouvelles personnes qui s’agrègent en
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réseau, sa nécessité de faire vivre intensément ses relations.
Le juge : il censure tout élan vital surnuméraire, qui provoque une situation de changement
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inquiétant le confort et la sécurité des acteurs dont il se considère le référent.
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Le conquérant : il se lance dans une dynamique d’expansion de ses valeurs et de ses croyances
sur des territoires nouveaux.
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Ces différentes expressions sont décelables en tant que pulsion majeure et mineure, notamment
par la communication non verbale de l’interviewé durant la phase de découverte.
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Découvrir les objectifs et les enjeux du prospect permet de mieux personnaliser l’offre et
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présenter des arguments plus convaincants. Souni (2008) a classé les objectifs du client en quatre
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catégories complémentaires :
La solution apportée à une difficulté : le vendeur doit être en mesure de résoudre un problème
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1.1 Les techniques de questionnement
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Montaigne (1608), reprenant le rhéteur Quintilien (Ier siècle apr. J.-C.) nous instruit sur
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l’importance du questionnement pour mener à bon port ses affaires : « J’ai suivi six honnêtes
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serviteurs. Ils m’apprirent tout ce que je connais. Ils se nomment : Quoi et Pourquoi et Quand et Où
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et Qui et Comment ».
Les pratiques les plus orthodoxes se résument en une suite de techniques qui encadrent le
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recueillies et d’étayer l’argumentation de sa proposition initiale.
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Afin de ne pas passer à côté d’un point important, il est recommandé, autant que possible, de
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structurer l’utilisation de ces différentes techniques en focalisant progressivement l’attention de son
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insatisfaction, difficultés rencontrées et leurs conséquences, budget, etc.) avant de focaliser sur
les enjeux (freins et motivations, risques perçus, relations entre les acteurs) pour faire
finalement émerger une solution ;
utilisation de questions ouvertes en début d’entretien, puis de questions fermées ;
utilisation de questions simples et peu engageantes en début d’entretien et évocation des
questions délicates en fin de découverte.
Focus
Comment approfondir un point potentiellement décisif ?
Plusieurs niveaux logiques participent au cheminement de notre pensée et se déclinent en
fonction de notre vision du monde, c’est-à-dire des valeurs, croyances, normes et règles qui
sous-tendent nos décisions (Bandler, Grinder, 1980) :
Nous percevons une situation, nous faisons une expérience (description des faits et du
ressenti).
Nous donnons à cette expérience une interprétation, une signification.
Nous l’évaluons, nous la jugeons.
Utiliser ces différents niveaux cognitifs pour catégoriser les informations délivrées sert à
éviter de se perdre dans le discours de l’autre et à lever les éventuelles ambiguïtés en posant
des questions adaptées. L’objectif de ces questions complémentaires est de vérifier sur quel
fondement repose l’information donnée par l’interlocuteur afin de développer un argument ou
d’opérer un recadrage. L’idée n’est pas de faire un interrogatoire systématique sur ces
différents niveaux, mais d’approfondir le questionnement uniquement lorsque le discours de
l’autre dérive dans une direction qui ne nous est pas favorable (information contestable car
trop large ou trop éloignée de l’objectif fixé).
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Ainsi, face à un interlocuteur qui affirme la difficulté de conclure immédiatement (évocation
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d’une règle), il est possible d’approfondir le sujet en demandant quelles seraient les
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conséquences d’un tel acte, quelles sont les causes de ce contretemps ou s’il est possible de
parler à un décideur en capacité de s’engager.
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De même, face un acteur qui affirme l’importance d’un critère spécifique qui fondera sa
décision (jugement), il est recommandé de demander des précisions sur ce sujet : « Qu’est-ce
qui vous fait dire que ? » ; « En quoi est-ce inacceptable… ? »
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Enfin, face à un protagoniste qui n’explicite pas les motifs de ses choix ou invoque des
explications incomplètes, il est souhaitable de l’interroger sur les hypothèses qui fondent son
jugement (« Comment savez-vous que ? » ; « À quoi reconnaissez-vous que ? »).
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Focus
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tactiques compétitives. L’intention est de soumettre la partie adverse en l’obligeant à s’engager sur
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une proposition sans qu’elle ait eu l’opportunité de l’actualiser et de s’ajuster avec les personnes
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présentes.
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REMARQUE
Hors de toute considération stratégique ou culturelle, certaines personnalités difficiles ne peuvent éviter de déstabiliser autrui dans
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Toutes ces situations de bras de fer révèlent un point commun dans les tentatives de
déstructuration de la phase exploratoire. Les cadrages de questionnement sont réfutés
successivement, les questionnements sont banalisés avant d’être marginalisés, les reformulations
démenties, et l’autre est sommé d’en venir au fait sans avoir pu percevoir une quelconque ébauche
de besoin. Le manque de temps est fréquemment invoqué pour justifier cette agressivité.
Éviter d’être déstabilisé et réussir à conduire une exploration des attentes devient une nécessité,
surtout si le négociateur a choisi une stratégie intégrative et que son interlocuteur est dans une
logique compétitive ; il faut alors forcer la coopération, quitte à ne poser qu’une seule question
d’ouverture.
Plusieurs tactiques, graduellement offensives, se révèlent utiles pour restaurer la qualité des
échanges :
la négociation de la consigne : une redéfinition des buts de l’entretien et du type de
questionnements indispensables est faite conjointement ;
l’inversion de la phase exploratoire : le négociateur accepte de répondre aux questions des
acheteurs avant de poser les siennes ;
la formulation des risques : les risques d’un échec de la négociation sont formulés avec le
potentiel de nuisance induit chez chacun des protagonistes (primum nocere, « nuire avant
tout ») ;
la menace d’interruption : un différé de la réunion est demandé et appliqué en cas de
maintien de l’opposition ;
le déroulé de la proposition initiale et la relance d’exploration à chaque objection : en cas
d’impossibilité de mener l’exploration et dans l’obligation de maintenir l’échange, l’offre est
formulée, mais chaque fois qu’une objection est faite, un questionnement exhaustif est
proposé ;
le recours à un autre acteur : face à un maintien de l’opposition et dans l’impossibilité de
stabiliser les échanges, une demande de changement d’interlocuteur est faite aux acteurs
présents.
Focus
Techniques révélatrices d’une stratégie compétitive,
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habituellement utilisées lors de la phase exploratoire
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Des acheteurs réfractaires à toute forme de coopération refusent de se soumettre au jeu des
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2.2 L’exposé-découverte
Dans certaines situations, sans volonté de compétition avérée, il est impossible de conduire une
phase de découverte exhaustive d’un seul élan. La dynamique de groupe, les objets en jeu, les
différences de statuts, sociaux autant que les personnalités présentes, peuvent induire un état
émotionnel dont l’effet principal est d’interdire la description fiable et complète de la situation et
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du point de vue des différents acteurs décideurs.
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Devant cet état de fait, le négociateur choisira de séquencer sa découverte autour de deux ou trois
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exposés des services qu’il peut proposer à ses cibles. Après chaque module présenté, il fera réagir
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son ou ses interlocuteur(s) afin de découvrir l’ensemble des informations qui lui seront nécessaires
lors de sa proposition initiale.
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EXEMPLE
Un conseiller en gestion privée rencontre un prospect qui possède un potentiel de 1,5 million d’euros d’investissement.
Connaissant les réactions habituelles de cette catégorie de cibles, le négociateur prévoit de structurer la phase de découverte
autour de trois mini-exposés successifs :
un pari à long terme en actions boursières nominatives de 150 000 euros (5 minutes) ;
un investissement garanti en produits d’assurance multisupports de 300 000 euros (10 minutes) ;
un placement immobilier défiscalisé pour 750 000 euros (15 minutes).
Après chaque exposé, il fait réagir son interlocuteur et initie une phase de découverte. Le résumé global des besoins interviendra
après les réponses obtenues suite au troisième exposé.
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leur désir de finalisation.
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Focus
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Le don et le contre-don
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de vue. |\/
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Une matrice de découverte est un outil de suivi efficace pour construire la négociation entretien
après entretien. Ce recueil d’informations permet de :
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En outre, faire le point sur les attentes de certaines personnes périphériques à la signature de
l’accord permet souvent d’éviter la mobilisation de groupes de pression sur le décideur.
Ces acteurs, qui se situent entre le décideur principal et les spectateurs anonymes, appartiennent à
la chaîne de valeur ou au réseau d’affaires des négociateurs : fabricants, concepteurs, distributeurs,
utilisateurs, administratifs, experts et conseillers, hiérarchie, clients, destructeurs finaux,
représentants des consommateurs (class actions), pouvoirs publics, autorités légales et morales.
Focus
Gérer le rapport de force par la négociation à plusieurs
coups/rounds et acteurs
Même lorsqu’une négociation se joue en une seule rencontre, il est rare qu’elle n’implique
qu’un seul acteur, soit celui qui se trouve en vis-à-vis.
Dès la préparation et les premiers contacts avec nos interlocuteurs futurs, il est aisé de
discerner le climat des premiers échanges. Pour neutraliser toute stratégie relationnelle de
domination en sa défaveur, il convient de :
collecter les noms et les références ayant valeur d’influence pour ses futurs interlocuteurs ;
décrire par courriel l’objet et les modalités de la réunion ;
contacter et rencontrer les autres parties prenantes de la négociation qui seront présentes ou
absentes lors des échanges ;
structurer en plusieurs réunions (plusieurs rounds) le processus de négociation et attribuer une
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séance entière à l’exploration ;
acter par écrit le contenu des séances ;
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communiquer aux différentes parties prenantes absentes et présentes l’avancée des
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négociations.
L’ESSENTIEL
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Si nous avons besoin de parler pour faire avancer une négociation, nous pouvons exercer
notre art d’écouter pour réduire notre temps d’argumentation. L’art du négociateur
consiste à savoir faire une proposition initiale que l’autre ne peut pas refuser. La maîtrise
de la phase exploratoire est au centre de la qualité du ciblage de son argumentation
initiale. Les pratiques suivantes développent les chances de percevoir le point de vue
ainsi que les besoins manifestes et latents de ses interlocuteurs :
exprimer des comportements d’écoute active (neutralité bienveillante) en rupture avec
les comportements d’accueil ;
différer toute tentative de justification ou de contre-argumentation des propos émis ;
soutenir par sa communication non verbale les argumentations de ses interlocuteurs sans
les interrompre ;
s’assurer que toutes les personnes présentes s’expriment ou se justifient de ne pas le
faire ;
poser en fin de séquence les questions fermées dont vous attendez les réponses précises ;
formuler un résumé des points de vue dominants et minoritaires exprimés avant de
franchir l’étape suivante de la proposition ;
tester partiellement ou complètement la proposition initiale en fin de séquence sans
contre-argumenter ;
ne pas oublier de rajouter les points de vue des parties prenantes absentes qui sont
influentes dans la décision.
Questions de réflexion
1 ■ Que penser des stratégies dites « de coopération » lorsqu’aucune phase d’écoute
réciproque ne peut être observée durant la totalité d’un entretien ?
2 ■ Est-il éthique d’analyser la personnalité et les pulsions de son interlocuteur ?
3 ■ Comment éviter de perdre sa qualité d’argumentation lorsque vous écoutez un point de
vue contradictoire au vôtre et qui vous convainc ?
EXERCICES
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4.1 Au-delà des mots
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Regardez une interview télé qui a été diffusée en direct et cherchez à identifier dans le langage
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non verbal :
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Ensuite, re-visionnez la séquence en notant les paroles prononcées au moment où surgissent les
flashs (mimiques, etc.), les postures et les enchaînements originaux.
Identifiez les moments précis où le langage corporel induit une négation des propos exposés.
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4.3 Par-delà le refus de se raconter
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d’euros. Dans les premiers entretiens, vos prospects, sont sur la réserve. Il est presque
impossible d’identifier les données clés et les réelles aspirations qui se cachent derrière la
demande de performance et de sécurité de leurs actifs dont toutes ces personnes se réclament.
Vous êtes un expert en ingénierie financière internationale. Vous avez réponse à tout et
connaissance de tous les montages financiers imaginables. Très souvent, votre prospect
expérimenté est informé par la concurrence.
Répondez aux questions qui sont posées dans le tableau suivant afin de cibler votre
découverte :
CORRIGÉS
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1. La présence corporelle donne une référence sur le niveau d’énergie disponible
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ainsi que sur la qualité du rôle que l’interlocuteur veut donner en cette occasion.
Toute variation de la présence corporelle au cours de l’entretien sera une
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Chapitre
La présentation de l’offre
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« Dites aux gens qu’il existe un milliard d’étoiles dans la galaxie et ils vous croiront. Dites-leur
qu’il y a de la peinture fraîche sur une chaise et ils auront besoin d’y toucher pour se convaincre. »
Keith GARBUTT
« Ne discutez jamais, vous ne convaincrez personne. Les opinions sont comme des clous ; plus on
tape dessus, plus on les enfonce. »
Alexandre DUMAS FILS
« On se persuade mieux, pour l’ordinaire, par les raisons qu’on a soi-même trouvées, que par
celles qui sont venues dans l’esprit des autres. »
Blaise PASCAL
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Objectifs
incarnant l’offre.
■ Oser montrer une attitude gagnante en affichant sa proposition initiale.
■ Savoir utiliser les objections comme dynamique de crédibilité.
Sommaire
Cas introductif
Sacha Goude termine sa séquence de découverte par ces mots : « Mme Pulcher et
M. Pasaroni, vous êtes deux architectes qui cherchez à améliorer constamment vos temps
de réponse et l’esthétique de vos propositions d’ouvrages d’art. Vos deux cabinets
possèdent les caractéristiques de vos meilleurs concurrents qui, depuis cette année, se
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lancent massivement dans l’équipement 3D de leurs services et de leurs sous-traitants. » Il
enchaîne sur l’histoire de la fondation de sa société, Moulagevit, autour de son PDG
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actuel, qui a passé cinq ans dans une start-up de la Silicon Valley. Il n’oublie pas de
glisser une anecdote sur son stage en Californie pour décliner les raisons qui l’ont poussé
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Section 1
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VALEUR
Afin de présenter une solution personnalisée et argumentée à son interlocuteur, le négociateur doit
s’appuyer sur l’offre de son entreprise. Il doit démontrer que celle-ci est susceptible de satisfaire
l’autre partie en répondant à ses besoins et ses attentes. Cet ajustement s’opère à travers trois
dimensions :
la prestation elle-même : il s’agit de démontrer que le caractère unique du produit/service
(qualité, prix, innovation, etc.) satisfait, voire excède les attentes de l’autre partie ;
l’entreprise qui fabrique et/ou distribue la prestation : il s’agit de montrer qu’elle engage son
image et sa réputation au-delà de la délivrance de la prestation de base (service client,
réactivité, garantie, technologie, valeur, etc.) parce qu’elle appartient au même monde que
l’autre partie ;
le commercial qui la propose : il s’agit pour le négociateur d’incarner les valeurs de
l’entreprise qu’il représente et, au-delà, de se conformer aux règles de l’art et au rôle attendu
d’un vendeur (en conseillant par exemple utilement l’acheteur quelle que soit la situation).
1 Différencier sa prestation
L’offre proposée doit immédiatement être perçue par l’autre partie comme créatrice de valeur
pour lui-même et son entreprise. Cette valeur a un caractère relatif, d’une part parce qu’elle dépend
des caractéristiques du client et de la situation dans laquelle il se trouve et d’autre part, parce
qu’elle est appréciée par comparaison avec les offres des concurrents. Elle peut être définie comme
l’évaluation globale de l’utilité d’un produit fondée sur les perceptions de ce qui est reçu et donné
ou comme le rapport entre les bénéfices et les sacrifices perçus (Aurier et al., 2004).
Pour créer une valeur perçue attractive, le négociateur doit donc s’efforcer de montrer que son
offre :
se différencie nettement des offres existantes ;
élimine une source d’insatisfaction ou de frustration ;
génère un gain substantiel ou symbolique.
L’objectif consiste à faire prendre conscience à l’autre qu’il obtiendra un bénéfice maximal pour
un sacrifice (en termes financiers ou autres) relativement faible. Deux stratégies sont généralement
utilisées : jouer sur les caractéristiques du produit (effet de nouveauté ou service différenciant) ou
sur son prix (bas ou élevé).
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Focus
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Certains auteurs considèrent que cette valeur est le prix que celui-ci est prêt à payer pour
acquérir un bien ou un service ; le prix est donc une approximation, un indicateur de la valeur
d’un bien pour le client. Cette conception se rapproche de la notion de valeur d’échange en
économie, qui est le « taux auquel une marchandise s’échange contre une autre marchandise »
(Echaudemaison, 1989).
À l’opposé, d’autres auteurs considèrent que le prix est un des attributs, une composante de la
valeur. Dans ce cas, la valeur pour le client est une synthèse des différentes caractéristiques du
bien, dont le prix est une composante parmi d’autres. Pour ces auteurs, la valeur n’existe pas
en tant que telle mais est une représentation mentale du client (valeur perçue) qui dépend de
ses attentes. Cette valeur relative se définit par rapport aux offres des concurrents : elle peut
diminuer sans qu’aucun de ses attributs ne soit modifié, uniquement parce qu’une nouvelle
offre est apparue ou a évolué. Cette conception est liée à la notion de valeur d’usage qui est
« l’utilité d’un bien évaluée soit de manière objective et générale (le pain fournit un certain
nombre de calories), soit de manière subjective et donc variable d’un individu à l’autre. »
(Echaudemaison, 1989).
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1.2 La mise en avant du prix
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Certaines entreprises développent une stratégie marketing fondée sur des coûts bas. Elles
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nouvelle frontière de la stratégie marketing et communication.
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DÉFINITION
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Storytelling (ou communication narrative) : c’est une technique qui consiste à propager l’histoire ou les histoires, vraies ou
vraisemblables, des personnes morales ou physiques. Au sein des entreprises, il privilégie une complicité émotionnelle tant avec
les consommateurs qu’avec les autres parties prenantes, contrairement à une approche publicitaire classique.
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En effet, il est avéré que les émotions sont des vecteurs privilégiés pour pouvoir influencer, voire
manipuler le prospect. Il faut donc émouvoir le client pour l’attirer et le fidéliser, raconter une
histoire qui fait rêver et construit un lien avec l’acheteur, lien qui apparaîtra comme rationnel.
L’offre est présentée comme un parcours générateur de sens, donc de rationalisation de ses
émotions et de ses appartenances.
En outre, narrer une histoire, une anecdote permet aussi de construire et consolider la culture
d’entreprise, de fédérer les partenaires et renforcer leur sentiment de fierté et d’appartenance à
cette structure. Le storytelling permet par exemple de communiquer la responsabilité sociétale de
l’entreprise : à travers l’histoire racontée, elle dévoile son éthique, ses centres d’intérêt et ses
priorités en matière de gestion d’approvisionnement, de ressources humaines, etc.
Ces contes modernes combinent les concepts suivants :
le logos, par la structure de la forme narrative (un contexte hostile ou sauvage, la présence
d’un héros, un objet de quête, un moyen pour l’acquérir, un obstacle à contourner et enfin un
résultat) ;
l’ethos, par la mise en avant des valeurs, du charisme et de l’éthique du « commanditaire » du
récit ;
le pathos, par l’appel à l’émotion du destinataire et la promesse d’une expérience excitante.
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2.2 La dynamique de réseau |\/
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Les produits ou services qui s’imposent sur le marché sont rarement les plus aboutis
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techniquement, mais sont adoptés par un nombre significatif d’acteurs influents (Callon, Latour,
1992). Pour diffuser l’offre, le négociateur doit ainsi mobiliser des alliés et faire converger leurs
intérêts vers la promotion du produit ou service par une communication personnalisée.
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1. Sélectionner les acteurs influents et les messages à leur délivrer. Plusieurs stratégies de
communication sont possibles :
initier une information singulière dans des réseaux déjà constitués isolés les uns de autres ;
mettre en relation certains réseaux autonomes autour d’un même message ;
créer un réseau temporaire réunissant des acteurs qui ne sont pas habituellement reliés entre eux autour de l’objet à
négocier.
2. Animer le réseau pour lui procurer de la valeur : la dynamique des réseaux s’inscrit en effet
dans une logique d’échange d’informations qui se convertissent en dons et promesses de dons.
Pour être vécue comme utile, l’information mise en circuit doit être porteuse ou annonciatrice
d’une valeur dont l’acteur qui la véhiculera pourra s’emparer. Les dons et les promesses de
dons se répartissent en biens et services matériels (cadeaux, service après-vente, reprises,
rétrocessions d’honoraires, avantages en nature, primes, accès prioritaires, etc.), en
opportunités d’affaires (mise en relation, conditions privilégiées sur des transactions futures,
accès à l’information, renforcement des compétences) et en valeurs abstraites d’ordre
symbolique (décorations, titres, accès privatifs à un club, renforcement du leadership et des
appartenances, etc.).
La création et l’animation de ces réseaux peuvent se faire en présentiel (repas d’affaires,
colloques et conférences, réunions, rendez-vous interpersonnels, voyages d’études, organisation de
loisirs, laboratoires d’idées, etc.) ou à distance (communications électroniques, visioconférences,
newsletters, blogs, réseaux sociaux, etc.).
REMARQUE
En cas de stratégie compétitive, certains réseaux doivent être neutralisés pour limiter leur capacité de nuisance sur les décideurs.
Cela peut être fait de trois manières :
Utiliser des leurres qui détournent l’attention durant le temps nécessaire à la signature de l’accord (banalisation des
tractations en cours, répétition de messages peu signifiants sur l’avancée des accords, etc.).
Semer le trouble et dissuader d’intervenir devant la complexité de la situation, entretenue à dessein (annonce d’intentions
contradictoires, résultats d’études ambivalents, équivalence des risques et des avantages, changements imperceptibles pour
le public, etc.).
Procéder à une stratégie virale sur le principe des offrandes ; comme avec le cheval de Troie, un don aux valeurs manifestes
contient un passager clandestin qui occupe les territoires disponibles.
Focus
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Le renforcement narcissique de l’acteur |\/
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Nous agissons par automatisme, par routine, selon notre expérience, avant de nous lancer dans
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les adaptations qui sont des innovations coûteuses en temps et énergie. Chacun de nos réflexes
vise à restaurer ou accroître notre satisfaction. Tout acteur cherche à se renforcer
narcissiquement sur ce qu’il est ou croit être. Ce renforcement narcissique est le
By
développement du sentiment de plénitude que chacun ressent lorsque les événements de sa vie
lui semblent conformes à ce que Carl G Jung nomme « sa légende personnelle ».
À chaque fois que les faits confortent ce storytelling que chaque être se fait de lui-même, il se
sent valorisé. Notamment lorsqu’il prend une revanche sur une défaite passée ou qu’il efface
les effets d’un traumatisme ancien. Tout don ou promesse de don, matériel ou abstrait, lui
permettant de faire évoluer sa trajectoire personnelle sera un levier d’influence.
Ainsi, le renforcement d’un acteur est pleinement dépendant de son appartenance à une
dynamique de réseau ; en effet, il peut y trouver des occasions de se réaliser de nature
différente (professionnelles, loisirs, politiques, etc.). Appartenir à une négociation en cours,
être un acteur influent ou périphérique d’un processus de création ou de conquête de valeur
peut être vécu comme une occasion de construire un chapitre de sa légende personnelle.
À ce titre, un négociateur, au-delà de la valeur substantielle parfois minime de l’offre qu’il
proposera, peut réussir à transformer l’interlocuteur en allié en lui faisant un don symbolique.
3 Incarner l’offre
L’argumentation de la proposition initiale est la première occasion d’exercer son influence en
continu, voire son leadership vis-à-vis des participants. Le négociateur doit passer en exhibition-
vente, c’est-à-dire mobiliser tous ses savoir-faire et savoir-être au service du contenu (logos) de sa
proposition. Dans notre société du spectacle, l’appel aux émotions (pathos) apporte une prime
certaine à la notion rationnelle de travail ou d’affaire. Les acteurs doivent être émetteurs d’un
projet de réalisation de soi ou, tout du moins, d’hédonisme ; ces signes de développement personnel
créeront, lors des rencontres, une appartenance (ethos) entre acteurs sociaux en vogue. L’efficacité
contemporaine exige que la totalité des moyens d’expressions qui soutient l’offre apparaisse
comme ancrée au projet personnel du vendeur.
Le rôle du négociateur doit être compatible avec le storytelling de la société qui fabrique ou
distribue le produit. Il doit présenter l’offre avec une totale implication corporelle, qui est devenue
un des déclencheurs d’achats : sans interrompre le sens de l’histoire qu’il raconte, il doit faire
corps avec ses produits qu’il défend en témoin vivant de tous les clients satisfaits par leur
utilisation.
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des autres commerciaux, de l’acheteur et de la société en général. Ces rôles sont respectivement
ceux du :
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super-vendeur : il incarne l’entreprise, ses valeurs, ses compétences, son professionnalisme
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pas centralisées par une seule et même personne, mais chacun doit jouer à la perfection son
rôle ;
challenger : il se compare à ses pairs pour se fixer vis-à-vis de lui-même des objectifs à
atteindre et des façons de faire qui respectent les règles de l’art du métier. Il se « vend » à
travers sa performance. Il « se respecte » en ayant le sentiment du travail bien fait. À chaque
réalisation, il se rassure et augmente sa confiance en soi. Ainsi, chaque négociation est un défi
personnel à remporter et une preuve supplémentaire qui conforte l’affirmation de soi ;
super-conseiller : il représente pour le client une source d’expertise et de solutions
personnalisées. Ce dernier exige de lui le sens des responsabilités, la compétence, l’honnêteté,
la fiabilité, la bienveillance et la tenue des promesses. La tentation est grande de se rallier au
point de vue du client et de s’en faire l’avocat vis-à-vis de l’entreprise ;
ambassadeur : il s’évertue à valoriser la fonction de commercial et le statut du vendeur, qui
souffrent généralement d’un déficit d’image.
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négociateur est identifié ou distancié : |\/
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1. En situation de_xe "vente transactionnelle (logos)"_ vente transactionnelle (logos), le
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La soutenance de sa proposition initiale est une épreuve qui comporte des figures obligatoires et
des figures libres, livrées à l’interprétation et au style du négociateur.
L’impératif de représentation est de gérer un paradoxe semblable à celui du comédien ; il faut
démontrer son expérience dans la gestion de situations semblables, voire similaires, tout en laissant
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paraître une notion d’improvisation, comme lors d’une rencontre unique et innovante.
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1 La personnalisation de l’offre
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La phase de la découverte prend tout son sens lors de la personnalisation de l’offre. L’avantage
pour le négociateur est de limiter les sources d’objection et gagner ainsi du temps pour conclure. La
By
stratégie de présentation de l’offre consiste à construire un discours fondé sur les besoins de
l’acheteur et de présenter les aspects de l’offre qui correspondent à ses désirs conscients et
inconscients.
REMARQUE
L’effet de la PAI sera optimal si le négociateur recherche à :
rassembler en une communauté d’intérêt les personnes concernées par l’offre (les absents comme les présents) ;
rationaliser, minimiser, banaliser les effets négatifs induits par le caractère innovant de l’offre ;
mettre en avant les quelques itinéraires permettant l’acquisition de la valeur apportée par les produits-services.
Focus
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La narration de la PAI
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Toute proposition initiale cible un effet premier ; la création d’un climat d’écoute à la faveur
du négociateur est en effet la chambre d’écho à la communication qu’il recherche. Une analyse
systémique de la situation permet de recenser tous les acteurs inclus dans la négociation, d’en
By
pondérer l’importance et d’argumenter son offre en fonction des différents acteurs concernés,
faisant système. Cette simple procédure renoue avec les rituels d’écoute du conte et, par-delà
le conscient, appelle l’assemblée à évaluer l’histoire en cours.
La PAI gagnera à être structurée en deux parties valorisant tous les acteurs par le rappel d’une
hiérarchie incontestable :
une partie majeure traitera de l’appropriation de l’offre par le décideur principal et les co-
décideurs ;
une partie mineure concernera les problématiques des utilisateurs, des consommateurs, des
prescripteurs, des filtres et des spectateurs.
Le maintien de l’attention créée par la valorisation des acteurs sera prolongé tant que durera la
réponse à cette question centrale : comment l’offre s’insère-t-elle dans l’univers des personnes
concernées par l’achat ?
Un développement de sa PAI comportant un début, un milieu, une fin avec deux à cinq temps
forts progressifs est une pratique de narration existant dans tous les mythes et les contes
ancestraux.
En effet, le conte tient son auditoire en haleine par un ressort narratif principal sur lequel
viennent s’organiser toutes les informations ; il raconte comment une population est perturbée
par une intervention extérieure puis décrit toutes ses tentatives de résolution des problèmes
créés par l’objet nouveau. Ce déterminisme est présent de façon universelle, quelle que soit la
situation de vente, les groupes sociaux ou les produits/services en jeu.
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métaphores, témoignages, etc.) pour créer une relation de connivence avec le prospect et lui
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faire croire qu’il partage les mêmes valeurs. Dans ce cadre, on fait appel au pathos ;
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une présentation destinée à réactiver chez l’interlocuteur les atouts et la valeur ajoutée de
l’offre dans toutes ses dimensions (prestation, entreprise, force de vente). Ce type de
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présentation est généralement utilisé pour maintenir le lien avec un interlocuteur qui n’est pas
en position d’achat (soit parce qu’il n’est pas décideur, soit parce qu’il n’est pas prêt à
s’engager sur l’offre) ou pour fidéliser un client après l’achat (service après-vente). L’accent
By
2 La théâtralisation de l’offre
Le rôle du négociateur est de mettre en scène l’offre. Son scénario consiste à mettre en avant un
manque ressenti pour ensuite présenter les moyens de combler ce manque (incarnés par l’offre). Il
doit gérer à la fois la tension induite et le temps de l’argumentation. Le défi est de réussir cette
exhibition-vente sans provoquer le rejet de ses interlocuteurs. Il est indispensable de rappeler le
cadre temporel ainsi que les points principaux qui seront successivement abordés. Annoncer
l’existence d’un temps où les objections des acheteurs seront traitées consécutivement renforce les
probabilités de décrire l’offre en une seule fois sans être interrompu.
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capacité de faire surgir d’autres décors, accessoires et personnages transforment radicalement
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le contexte dans lequel les spectateurs découvrent l’offre. Ici, la montée dramatique du
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discours se fera par surprises successives, sans faire obligatoirement des transitions
immédiatement décryptables ; la vente émotionnelle se noue autour de cette dimension, où les
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de l’action, déroulent une chronologie démontrant l’existence de trois, quatre ou cinq temps
forts dont ils souligneront par leur expressivité la graduation. Ils acteront ainsi l’avancée
logique de la démonstration entreprise. La montée dramatique du discours nécessitera des
rappels, des précisions sur les faits acquis précédemment.
La vente relationnelle impose au négociateur de s’assurer régulièrement de la bonne
compréhension par autrui de la logique de ses développements.
REMARQUE
Il est recommandé d’organiser la gestion des matériels et accessoires en fonction du type de montée dramatique recherchée pour
sa PAI. En effet, la mobilisation des outils doit renforcer le type d’exhibition. La gestuelle ne doit pas s’effacer devant les supports
de démonstration (documents papiers ou informatiques), quel que soit leur degré d’attractivité.
Focus
L’efficacité des stimuli visuels
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La présentation de l’offre se fait principalement selon deux modes complémentaires et
solidaires l’un de l’autre :
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le discours verbal autour du produit/service, de sa valeur ajoutée, de ses attributs substantiels
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et symboliques, etc. Ce discours s’accompagne du langage corporel (qui lui donne corps et
l’appuie) et recourt à des techniques telles que les figures de styles ;
l’exposition de l’objet lui-même ou de sa représentation, qui joue un rôle important dans la
By
manipulation de l’acheteur. En effet, l’image est tout aussi efficace dans la persuasion et la
conviction et participe à la formation des impressions.
Roland Barthes (1964) a montré la force de l’image et son impact sur la manifestation du sens
voulu. Il a expliqué comment les formes et les couleurs sont des connotations qui renvoient à
des valeurs ou des connaissances partagées par un groupe ou une communauté.
Les avancées en neurosciences permettent de prouver que les images attirent en premier
l’attention et jouent un rôle d’accroche. Si elles réussissent à capter l’attention, la cible va
chercher à décrypter le sens caché (ou manifeste) de ce qu’elle perçoit.
L’explication de ce phénomène est présentée par les neurosciences (Damasio, 1995), qui
montrent l’implication des émotions dans la formation des raisonnements : l’œil est stimulé
par la vue d’un objet, le cerveau cherche à interpréter ce qu’il voit par comparaison avec ce
qu’il connaît et ainsi à se faire une opinion positive ou négative selon le ressenti du moment.
Section 3
Argumenter consiste à établir un pont entre l’offre et les besoins du client, puis à créer le désir
autour de sa proposition commerciale. Un argument est d’autant plus efficace qu’il diminue la
distance entre les propositions et les protagonistes impliqués dans la négociation. Un argument qui
convainc opère sur l’émotion (pathos), l’information factuelle et formelle (logos) et sur les qualités
du négociateur à jouer l’empathie et l’appartenance avec la personne (ethos).
1 L’argumentation de l’offre
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L’utilisation d’arguments vise à convaincre l’autre partie du bien-fondé de la proposition.
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L’efficacité de l’argumentation suppose une présentation :
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structurée : l’argumentation doit intervenir une fois la découverte réalisée, afin de sélectionner
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les points qui intéressent l’interlocuteur ; ces arguments seront hiérarchisés, les plus percutants
étant de préférence communiqués au début et à la fin de la présentation ;
orientée : les arguments doivent faire progresser l’autre partie dans un sens qui nous soit
By
1. Énoncer une caractéristique de l’offre de nature substantielle (technologie, SAV, garantie, etc.)
ou symbolique (image de marque, valeurs, etc.).
2. Apporter la preuve de la valeur de cette caractéristique.
3. Traduire cette valeur en un bénéfice concret de nature à satisfaire les attentes de l’autre partie.
La manière dont le négociateur ordonnera ces trois éléments dépendra de la situation. Dans tous
les cas, il devra s’affirmer pour limiter les risques d’être interrompu dans son développement
mixant la promesse, la preuve et la personnalisation.
1. Énoncer un bénéfice.
2. Promettre un avantage.
3. Apporter la preuve de ce dernier.
4. Développer d’autres avantages.
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EXEMPLE |\/
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Un conseiller d’une agence événementielle argumente sa proposition face à un directeur de la communication, que sa direction a
chargé d’organiser la convention annuelle des cadres commerciaux :
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« Vous êtes certain de marquer les esprits et de recevoir les félicitations de votre direction (bénéfice) car ce week-end se
déroulera dans un cadre exceptionnel (avantage). L’hôtel est classé 5 étoiles (preuve) et bénéficie de nombreuses prestations
comme la vue sur mer, un restaurant gastronomique et de multiples activités sportives et culturelles (autres avantages) ».
By
EXEMPLE
Un conseiller d’une agence événementielle est confronté à deux acheteurs de même niveau hiérarchique ; ils s’opposent entre
eux par principe et n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le type et les modalités d’organisation d’un séminaire destiné aux
salariés d’une entreprise qui vient de fusionner avec une société autrefois concurrente.
« Si je comprends bien, vous êtes aujourd’hui confrontés à la nécessité de créer une culture d’entreprise commune pour faire
coopérer des salariés autrefois concurrents. Deux solutions peuvent nous permettre d’atteindre cet objectif :
1. La première consiste à sortir les employés de leur cadre habituel en les faisant participer en équipe mixte à des activités
culturelles et sportives lors d’un week-end à la campagne par exemple. Nous avons de solides partenaires parmi les clubs de
vacances qui ont l’habitude d’assurer la logistique de ce type d’événements, qui permettent de créer une cohésion au sein
d’une équipe en jouant sur la dynamique de groupe. Il faut, dans ce cadre, faire particulièrement attention aux conditions de
sécurité et prévenir le personnel suffisamment à l’avance.
2. Une autre solution consiste à mettre en scène et à filmer lors d’une soirée au sein de votre entreprise les projets et les
réussites de vos salariés, après les avoir fait travailler en équipe mixte au sein d’ateliers thématiques. L’association Zouzou
vient de mettre en ligne les vidéos réalisées par leurs bénévoles avec le concours de notre entreprise lors de leur soirée de
gala, qui était animée par le célèbre animateur de télévision A. ; il est donc nécessaire de s’assurer de l’accord des salariés
au regard du droit à l’image.
[…] Compte tenu de vos enjeux, je pense que la première solution est la meilleure, étant entendu qu’on peut s’inspirer de ces
deux concepts pour créer un événement unique.
Étant donné les impératifs à respecter, je propose que l’on se mette d’accord sur le principe d’un rendez-vous destiné à élaborer
le programme précis de ces journées sur la base du budget que vous m’avez indiqué ».
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d’une démonstration destinée à convaincre l’autre partie que l’offre proposée est à même de
satisfaire ses besoins. La technique s’appuie sur l’art du syllogisme (faire le lien entre une règle
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générale et un cas particulier) et consiste à mettre en avant une caractéristique de son offre qui
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semble importante et différenciante aux yeux du client, puis de traduire cette promesse en bénéfice
concret.
By
EXEMPLE
Un conseiller d’une agence événementielle préconise de faire appel à un humoriste vedette pour être le maître de cérémonie lors
de la convention annuelle des cadres d’une entreprise cliente qui connaît quelques difficultés conjoncturelles.
« C’est un des humoristes les plus appréciés de sa génération. Il est intervenu lors de la cérémonie d’investiture du nouveau PDG
de la multinationale Bamby et a permis de faire passer des messages clés dans la bonne humeur. Avec lui aux commandes, vous
êtes assurés d’éviter tout conflit lors de cette journée et d’initier une dynamique positive pour améliorer le climat social à
l’intérieur de l’entreprise. »
Focus
L’efficacité respective des types de preuves
Plusieurs types de preuves peuvent être utilisés pour étayer un argument. Ces preuves sont
hiérarchisées par ordre d’efficacité :
Le témoignage d’un client : les avis de clients satisfaits sont les preuves les plus efficaces de
la valeur d’usage de votre prestation, notamment lorsque le prospect peut facilement
s’identifier à votre client (même groupe de référence, secteur d’activité ou taille d’entreprise
identique, etc.).
La démonstration du produit : une démonstration concrète du produit ou du service (ou des
photographies et une vidéo en ligne mettant en scène l’offre) rend l’apport évident, sans qu’il
soit nécessaire de présenter l’ensemble de ses caractéristiques et de ses fonctionnalités. Cette
présentation doit mettre en avant l’avantage comparatif (ou le caractère unique) de l’offre et
donc être parfaitement préparée et répétée.
Les expertises et certifications externes : un document explicatif (article de presse, étude,
test comparatif, etc.) ou une reconnaissance (prix, label, certification, etc.) émanant d’une
source considérée comme indépendante peut renforcer votre argumentation et étayer plusieurs
avantages de votre offre.
Les données techniques : les données chiffrées (calcul de rentabilité, niveau de
consommation, autonomie, etc.) font office de preuve à condition d’être précises et comparées
par rapport à un référent (produit concurrent, comparaison des données dans le temps, etc.).
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À défaut de preuves, il est recommandé de faire appel à des figures de styles (slogans,
métaphores, etc.), des lieux communs (proverbes, dictons, etc.) ou des histoires (anecdotes,
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projections, etc.).
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L’art du négociateur réside aussi dans sa capacité à traiter les objections de l’interlocuteur pour
parvenir à la conclusion d’un accord. Contrairement aux manœuvres destinées à déstabiliser la
partie adverse (interruption de parole, pression physique ou psychologique, etc.), l’objection n’est
pas une agression personnelle ; c’est un rituel de sécurisation ou un signe d’intérêt qui cache une
demande d’information, une crainte. C’est l’occasion d’approfondir sa connaissance du client et
d’apporter de nouveaux arguments que les étapes précédentes n’ont pas permis de développer. Il est
donc important de créer un climat qui permette à l’interlocuteur d’exprimer ses principales
objections afin d’éviter que ces dernières ne surgissent en fin de processus et retardent la
conclusion de l’accord (voire n’apparaissent qu’une fois l’accord conclu, remettant en cause la
relation entre les parties et les ventes futures). Le négociateur doit signifier que toute objection est
la bienvenue et qu’elle ne génère aucune tension.
|
est invoquée très tôt (dès le début, voire en amont de l’entretien) ;
revient ou non dans la conversation ; |\/
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est enchaînée par une série d’autres objections les unes à la suite des autres.
Cette attitude permettra au négociateur averti de reconnaître si l’objection est sincère et si elle est
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fondée : généralement, une véritable objection qui n’est pas traitée revient sous différentes formes
dans la conversation, contrairement aux objections non sincères (qui sont invoquées très tôt et
By
peuvent être soit répétées à l’identique, soit abandonnées au profit d’une nouvelle objection de
principe).
REMARQUE
Il est important de différencier une objection d’une demande de concession. Avec une objection, il ne faut pas jouer au chat et à la
souris ; toute remarque d’un client mérite d’être validée en citant ses propres mots. Ce n’est qu’une fois certifiée par une
demande explicite, parfois à plusieurs niveaux d’entendement, que la formulation d’une contrepartie peut être avancée
graduellement. Ainsi les risques d’excéder l’espérance de la partie adverse par une volonté d’anticipation de la demande
diminuent au profit d’un processus d’ajustement où chaque nouvelle avancée est décidée entre les parties.
Focus
Quand faut-il répondre à une objection ?
Une fois la nature de l’objection identifiée (Est-elle sincère et/ou fondée ?) par le négociateur,
il convient de décider du moment le plus favorable pour la traiter. Plusieurs possibilités se
présentent :
le traitement anticipé : il s’agit de désamorcer une objection non fondée et de créer la surprise
(car contrairement à l’usage, c’est le vendeur qui indique les inconvénients de son offre). Cette
technique est risquée dans la mesure où elle attire l’attention sur un point qui n’aurait peut-être
jamais été abordé par l’acheteur et peut faire survenir d’autres objections ;
le traitement immédiat : il s’agit de répondre immédiatement à l’objection formulée par
l’acheteur lorsque celle-ci apparaît comme déterminante et que le négociateur peut facilement
la traiter.
la négation de l’objection : l’objection est purement et simplement ignorée car le négociateur
considère qu’elle est mineure et non fondée ;
le traitement différé : il s’agit de repousser en fin d’entretien le traitement de l’objection, soit
parce que le négociateur ne dispose pas d’éléments suffisants pour y répondre (la découverte
des attentes et la proposition initiale n’ont pas encore pu être effectuées, l’objection est
inattendue et suppose un délai de réflexion pour élaborer une réponse), soit pour vérifier qu’il
ne s’agit pas d’une tactique purement dilatoire de la part de l’autre partie.
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reçue avec calme et bienveillance. Il s’agit en fait d’un palier pouvant conduire à la conclusion de
|\/
la négociation. Le plus efficace est souvent de faire preuve de diplomatie en essayant de décrypter
$!
l’origine et le sens de l’objection avant de procéder à un recadrage au moment opportun.
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sont possibles : une relance « écho » qui consiste à reprendre les derniers mots de l’acheteur
pour l’amener à clarifier ses arguments (« Votre produit semble compliqué », « compliqué,
c’est-à-dire ? »), une reformulation interprétative (« Si je vous comprends bien, vous pensez
que ce produit est peu valorisant socialement ») ou une question directe destinée à approfondir
un point particulier (À quel produit faites-vous référence lorsque… ?). Questionner prouve
que le négociateur s’intéresse aux interrogations de l’interlocuteur et est à son écoute, ce qui
crée un climat de confiance.
2. Requalifier l’objection pour montrer qu’elle est bien prise en compte. Selon la situation, le
négociateur cherchera à relativiser ou au contraire à amplifier les oppositions. Minimiser une
objection est un moyen de contourner l’obstacle. Il est possible d’effectuer, pour ce faire, une
reformulation atténuée (« Vous n’êtes pas situé à proximité », « Notre entrepôt est
effectivement situé à 1 h 30 de route de votre entreprise »). À l’inverse, lorsque l’objection
s’inscrit dans le plan d’argumentation, il est utile de lui donner de l’ampleur en insistant sur
l’importance du critère évoqué pour prendre appui dessus et en faire un argument : (« Je ne
suis pas certain que mes salariés sauront se servir de votre logiciel », « C’est précisément
pour cette raison que nous avons mis en place un service d’assistance gratuit… »).
3. Répondre à l’objection au moyen d’un argument contenant un élément de preuve. Lorsque le
négociateur souhaite relativiser les arguments de l’interlocuteur, il peut grouper les objections
en lots pour tenter de noyer une objection forte parmi d’autres plus mineures (« Si je résume
votre point de vue, vos interrogations portent sur plusieurs éléments : la sécurité, la livraison,
l’esthétique… », « En ce qui concerne la livraison… »). Inversement, traiter une seule
objection parmi celles qui ont été émises permet de privilégier l’argument qui est le plus
favorable au négociateur.
REMARQUE
Lorsque le négociateur dispose d’une réponse certaine et définitive à l’objection d’un client, il peut engager l’interlocuteur vers la
conclusion en anticipant la décision finale. Cette technique s’articule en trois phases :
1. Légitimer l’objection (« Je comprends votre point de vue… »).
2. Isoler l’objection (« À part ce point, y a-t-il un autre élément qui vous gêne ? »).
3. Anticiper l’accord (« Dans la mesure où nous vous donnons satisfaction sur ce point, êtes-vous d’accord pour signer… ? »).
Focus
Recadrer une objection
Lorsque le négociateur est confronté à une opposition ferme sur certains points, il peut
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s’efforcer de mettre en perspective l’objection afin d’avancer vers la conclusion de l’accord.
Il est alors possible de rechercher à modifier le point de vue d’autrui en le plaçant dans un
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autre cadre de référence.
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(« Vous êtes trop cher ! » = « La question que vous vous posez est de savoir comment nous
justifions nos tarifs, n’est-ce pas ? » ; « Vous êtes bien jeune » = « Vous vous demandez sans
doute si je peux vous conseiller efficacement ? »).
Le recadrage de contenu. Toute objection globale doit être contre-argumentée sur un point
précis (zoom avant) ; a contrario, lorsque l’objection concerne un élément particulier, elle peut
être levée par une vision d’ensemble de l’offre (zoom arrière) (ex. : « Les couleurs sont moins
vives. » ; Vendeur : « C’est vrai sur certaines teintes ; en revanche, en choisissant ce modèle,
vous bénéficiez de plusieurs avantages évidents… »).
Le recadrage temporel. Le négociateur incite l’interlocuteur à se projeter sur une utilisation
du produit dans un autre moment (usage immédiat ou au contraire différé).
L’autodérision. L’humour permet d’installer une complicité, de dédramatiser une situation et
de faire tomber les masques. (« Il n’est pas très design votre produit ! » ; Vendeur : « Figurez-
vous que nos services marketing se sont efforcés de le rendre le plus laid possible sur la base
d’une étude client montrant que plus les couleurs étaient criardes, mieux le produit se
vendrait !).
1. Gagner du temps en différant la réponse. Selon la personne, il est possible d’ignorer purement
ou simplement l’objection ou de créer une diversion en répondant à une autre objection que
celle qui était posée.
2. Semer le doute dans l’esprit de l’autre pour ouvrir une brèche dans ses croyances. Il faut
montrer à l’interlocuteur que les valeurs et les opinions sont partagées tout en démontrant
qu’une solution différente et peut-être plus efficace que celle qu’il connaît existe
probablement.
3. Surprendre l’autre pour ébranler sa conviction et montrer sa détermination à satisfaire les
attentes adverses.
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Les techniques les plus efficaces pour réussir ces trois temps se fondent généralement sur l’art du
questionnement. Il est par exemple possible de poser à l’interlocuteur une série de questions qui
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l’amènent à répondre positivement et qui ont pour résultat de fractionner l’objection en la traitant de
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atout pour le négociateur. En effet, soit il répond à l’objection par un argument objectif et crédible
car démontrable. Soit, il fait appel au pathos, en faisant preuve d’empathie avec l’interlocuteur et
en cherchant à le rassurer en provoquant une émotion positive chez lui. Il peut également faire appel
à l’ethos pour neutraliser l’objection.
Focus
L’art de la repartie : construction de l’improvisation et
créativité
Avoir l’esprit d’ascenseur est un handicap dans l’interaction avec son client ; répondre avec
un étage de décalage constitue un frein à la prise de décision, quelle que soit la pertinence de
la réponse faite. À chaque fois qu’une objection surgit, la première impression qui sera perçue
par l’objecteur à la réponse faite sera la rapidité de la repartie. Plus le temps de latence sera
important, plus l’insécurité et l’attente de l’interlocuteur croîtra et donc, plus le contenu devra
être riche, percutant, adapté, etc.
Or, nos réponses sont de deux natures :
soit nous connaissons la réponse car il s’agit d’une objection récurrente et il est aisé
d’enchaîner instantanément ;
soit il s’agit d’une situation inédite ou présentée sous un jour nouveau et, même à l’esprit
motivé et compétent, il devient essentiel d’avoir un temps de recul.
Dans ce second cas, pour optimiser nos capacités neuronales, chacun a besoin de réduire le
stress généré par l’interpellation impromptue ainsi que de masquer le temps de réflexion
nécessaire pour assembler la repartie décisive.
Au-delà des techniques cherchant à gagner du temps (retournement de questions, annonce de
différé de traitement, reformulation, diversion sur un autre sujet, présentation de la photo de
son chien, etc.), une procédure respectant les principes associatifs de la créativité permet une
reprise de parole immédiate tout en élaborant sa réponse directement à partir des propres mots
de son client.
La technique est simple, il s’agit de prendre un point d’accord à l’intérieur de l’opinion de son
opposant et de construire à partir de ces mots une association positive qui débouchera sur une
solution par étapes ajustées logiquement.
Les contraintes d’improvisation à respecter pour appliquer cette procédure sont les suivantes :
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Formuler un point d’accord authentique, aussi minime soit-il, qui permet la reprise de parole
quasi instantanée sur l’objection. |\/
$!
Justifier ce point d’accord et renforcer la problématique.
Associer positivement des éléments pour tracer l’itinéraire de la solution.
4$
Afin de ne pas entraver le processus créatif, il est important de ne pas différer son temps de
réponse et de s’engager immédiatement dans la procédure étape par étape en se faisant
By
confiance : l’improvisation se fait chemin faisant, pas à pas. Elle démontrera la capacité de
gestion logique de l’imprévu par le négociateur.
Pour assurer les bonnes transitions de cette narration, il est indispensable de conserver une
dynamique verbale positive. Il faut donc bannir les formes négatives (non, ne, ne pas) ainsi
que les articulations du langage qui s’opposent directement à l’opinion de l’interlocuteur
(mais, cependant, certes, quoique, néanmoins, ceci dit, en revanche, par contre, etc.).
|
inscrites dans l’imagerie mentale d’un individu (Zaltman, 2004). Autrement dit, une
|\/
association entre des idées et des mots se construit au niveau de l’inconscient ; par l’effet
$!
qu’elle produit sur l’affect et les émotions qu’elle suscite, elle sera mémorisée. La simple
évocation de cette idée-image va provoquer une émotion qui se transforme en pensée
4$
consciente. Lorsque ces réseaux sont partagés par plusieurs personnes, nous sommes en
présence de « schémas consensuels » (modèle mental que des personnes utilisent de
By
**
La métonymie consiste à remplacer un mot par un autre qui lui est associé (« Je bois un
verre » à la place de « Je bois de l’eau »).
***
Gerald Zaltman, Dans la tête du client, Éditions d’Organisation, Paris, 2004, 381 p.
L’ESSENTIEL
La présentation de l’offre est une phase impatiemment attendue par l’ensemble des
parties prenantes. En effet, la réussite de cette étape permet la visualisation de l’offre,
donc facilite l’intégration du produit/service dans l’univers de l’acheteur et prépare ainsi
la voie à la négociation et à son aboutissement.
Le négociateur doit d’emblée miser sur la promesse d’une proposition initiale
percutante, créatrice de valeur pour les décideurs, différenciante et marquante. Afin
d’atteindre cet objectif, il est amené à mettre en scène sa proposition en utilisant le
storytelling de sa société et de son itinéraire de vendeur afin de renforcer son image de
marque et construire une relation consacrée avec l’acheteur.
Il endosse alors quatre rôles vis-à-vis de sa hiérarchie, de ses pairs, de ses clients et de
la société en général. Qu’il opère par identification ou par distanciation, il doit concilier
son style de négociation au type de vente dont il est en charge (transactionnelle,
relationnelle ou émotionnelle), de manière à être cohérent avec lui-même et convaincant
aux yeux des autres acteurs.
Sa force réside dans l’exercice d’une rhétorique dont l’enjeu est de faire une promesse
personnalisée et d’en apporter la preuve avec détermination. Elle réside aussi dans sa
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capacité à interpréter avec brio le rôle qui lui incombe, à gérer les tensions, les
intentions, le temps et à mobiliser toutes les énergies pour favoriser un dénouement
$!
positif.
Remporter ce défi lui permet de minimiser les risques d’une objection quelle que soit sa
4$
nature (sincère, tactique, non fondée ou de principe) qu’il pourra, selon le cas, ignorer,
contourner ou exploiter. Il doit être en mesure de les identifier au préalable afin de
By
Questions de réflexion
1 ■ Peut-on conclure sans négocier après avoir argumenté avec succès sa proposition
initiale ?
2 ■ Peut-on prendre de la distance lorsque par nature on a besoin de croire à son produit et à
son entreprise ?
3 ■ Quelles sont les limites éthiques à l’utilisation des figures de style en négociation ?
EXERCICES
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financiers complexes lorsque la stabilité politique n’est pas garantie.
Il ne veut pas prendre de risque avec le produit de son travail à la clinique. La part provenant
$!
d’autres sources ne lui pose pas de problème de placement avec des garanties moindres.
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Twitter (140 caractères maximum). Vous décidez de lui envoyer votre proposition en trois
tweets successifs.
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5.1 Une PAI pont d’or vers un accord définitif
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$!
« Professeur, pour trouver la solution à votre recherche, je me suis inspiré d’un membre du
4$
Conseil de l’Ordre des médecins pour qui notre banque opère depuis une décennie. La gestion
privée de Parishot est devenue la première française, placée parmi les meilleures
By
internationales, car nous savons que les patrimoines sont le fruit de choix stratégiques qui se
sont révélés profitables sur plusieurs générations. J’ai opté pour Parishot, car je suis stimulé
par les rencontres avec des personnes exigeantes sur les leviers du rendement, de la sécurité,
de la transmission ainsi que de la jouissance des biens.
En ce qui concerne votre situation actuelle et principalement celle que vous vivrez dans huit
ans, lors de votre retraite à temps complet, il convient de distinguer les responsabilités qui
vous incombent des envies qui vous motivent.
D’abord, vous et votre épouse avez le besoin d’assurer l’avenir de votre dernier enfant qui fera
sans doute de longues études puisque, comme vous-même, il veut entrer à la faculté de
médecine. Les dispositions d’assurances sont prises pour vos enfants de votre premier mariage.
L’autre point concerne votre immobilier locatif parisien, dont nous savons optimiser les
rendements. Surtout, je peux vous apporter un conseil à forte valeur ajoutée sur les options que
vous avez à prendre pour vivre une retraite conforme à vos vœux. Nous avons huit ans pour
inscrire votre trajectoire vers votre objectif de profit optimal.
Avant de décrire les modalités techniques, je me suis assuré qu’elles respectent les habitudes
que vous avez envers les personnes de votre entourage privé ou professionnel, notamment dans
votre clinique.
Principalement, vos 150 000 euros d’épargne annuelle seront placés dans un voilier de 17 m
loué au sein d’une société qui assure des croisières dans les Caraïbes. 100 K€ seront affectés
au remboursement du crédit de l’embarcation et ainsi, vous en serez le propriétaire lors de
votre passage à la retraite. D’ici cette date, vous pourrez le rejoindre pour des séjours
réguliers. Cet investissement est une niche fiscale réservée aux départements d’outre-mer.
Pour les 50 K€, vous avez l’opportunité, dans le contexte actuel, de profiter en toute légalité
des investissements sur les marchés asiatiques en sachant que cela rééquilibrera votre
portefeuille boursier européen. Si les cotations baissaient dans notre région, elles seraient
maintenues sur le continent oriental, qui est en développement soutenu. Nous vous proposons un
véhicule financier sécurisé par Parishot dans cette démarche. À tout moment, selon vos besoins,
notamment pendant vos missions pour Médecins sans frontières avec lesquels vous voulez
continuer de collaborer après votre retraite, vous pourrez obtenir des liquidités avec ce type de
titres boursiers.
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Pour conclure, je peux m’entretenir avec l’expert-comptable de votre clinique pour convertir
votre récent héritage en un placement dans de l’immobilier spéculatif touristique parisien.
$!
Selon le même modèle que votre bateau, vous pouvez renforcer vos revenus en valorisant votre
4$
Tweet 1
« Pr, conservez vos dispositions patrimoniales sur lesquelles nous pouvons renforcer vos
rendements actuels + 2 % pour transmission aux vôtres. »
Tweet 2
« Pr, pour 100 K€/an, achetons en gestion partagée et défiscalisée un cata de 17m aux Caraïbes.
Vous en profiterez, il sera à vous dans 8 ans. »
Tweet 3
« Pr, les 50 K€/an en actions asiatiques sécurisées faciliteront missions MSF. Pensons à
immobilier touristique parisien pour 700 K€ #BPHOT. »
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By
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Chapitre
La négociation de l’offre
6
« L’art du compromis consiste à partager un gâteau de telle sorte que chacun croit avoir la plus
grosse part. »
Henri KISSINGER
« Il perd, celui qui sait ce qu’il va faire s’il gagne. Il gagne, celui qui sait ce qu’il va faire s’il
perd. »
Nicolas MACHIAVEL
« Rien n’est stupide comme vaincre, la vraie gloire est convaincre. »
Victor HUGO
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Objectifs
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Sommaire
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assurant le maintien ou le renforcement de la relation.
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Cas introductif
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C’est la deuxième fois que Sacha Goude rencontre l’associée du cabinet d’architecture,
By
Mme Pulcher. Avant ce deuxième round de négociation, il fait le point avec sa directrice
des ventes, Kirsten Grossman. Elle lui explique que leur offre d’imprimante 3D ne se
prête pas facilement aux techniques de ventes du XXe siècle ; elle lui fait comprendre que,
malgré ses élans de débutant, lors du premier round, il s’est montré trop classique dans
son approche de l’architecte et de son partenaire, M. Pasaroni. Il a présenté une position
affichée initiale de technicien, misant tout sur la force d’innovation du produit. Face à ses
deux prospects, il s’est montré en anticipation sur les concessions et contreparties qu’il
était prêt à faire. Avant ce nouveau round, il se laisse convaincre par sa directrice des
ventes que le deuxième modèle de négociation qu’il veut interpréter n’est pas le plus
adapté, ni au produit, ni à son statut d’ingénieur commercial junior. La négociation
raisonnée ne promet pas en effet d’être plus efficace ; résoudre, tout seul, les dilemmes et
conflits de ses futurs clients avant de les argumenter selon des critères objectifs apparaît
comme un long itinéraire pavé d’embûches. Même en cas de succès, les dépenses en
temps et en énergie seraient disproportionnées. Or Sacha n’a pas que ce seul prospect en
portefeuille ; s’il ne veut pas sombrer et faire un burn out, il lui est nécessaire de mettre le
stratège responsable, qu’il se sent devenir, aux commandes.
Kirsten le félicite d’avoir planifié sa deuxième réunion, un après-midi où M. Pasaroni est,
de nouveau, présent dans les locaux de Mme Pulcher. Maintenant, il lui faut le consolider
en allié pour cette première signature ainsi que le pré-sensibiliser à un prochain achat
pour son propre cabinet à Milan.
Pour cette deuxième rencontre, Sacha veut projeter tous les protagonistes vers un modèle de
négociation dit « responsable », où le négociateur avisé tient compte des spécificités
actuelles des décideurs. En effet, le moindre acteur central ou périphérique d’un processus
contractuel s’affirme de manière spectaculaire, que ce soit en présentiel ou par
communication virtuelle. Il n’hésite pas à formuler des souhaits ambivalents et des
aspirations personnelles contradictoires avec ses attentes professionnelles, devant
n’importe quelle offre. Sacha ne peut pas se présenter comme ayant réponse à tout ou
comme un médiateur, un arbitre, voire un expert. La meilleure stratégie consiste à
annoncer qu’il est un négociateur responsable, bien dans la mouvance actuelle, qu’il
mettra en scène la recherche des solutions nécessaires à la mise en œuvre, dans ce
cabinet, de matériel innovant. Il proposera de partager le leadership des discussions avec
tous les types d’experts présents et consultables à distance. Ainsi, il obtiendra la
meilleure des dynamiques de groupe ; chacun contribuera au scénario d’implémentation
définissant ainsi le maximum de valeur ajoutée.
La situation est favorable à cette pratique responsable de gestion des échanges
commerciaux ; Mme Pulcher et M. Pasaroni fonctionnent déjà ainsi avec leurs équipes.
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Devant la complexité croissante des technologies et des échanges multiculturels, rares
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sont devenus les concepteurs géniaux qui ont une vision clé en main. En ce début de
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troisième millénaire, la méthodologie de conduite de projet a débouché sur des principes
organisationnels qui s’étayent plus sur les ressorts de la réalisation de performances
4$
artistiques. Lors des négociations, avant l’intimité des discussions sur les modalités
juridiques et financières de l’offre, chacun est exposé à tenir son rôle en public dans
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travers de celle des autres ». Il en découle que : |\/
l’intérêt personnel est compatible avec l’intérêt général, mieux encore, il est préservé par ce
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dernier ;
4$
Deux courants de pensée fournissent des méthodes pour cadrer le contexte, réguler la relation à
l’autre et parvenir à un résultat optimal. Leurs principes sous-jacents, leurs règles et leurs pratiques
diffèrent :
Les partisans de la négociation classique considèrent qu’une négociation efficace est une
interaction où chaque partie pense avoir obtenu satisfaction, en concédant un élément ayant peu
de valeur à ses yeux en échange d’une contrepartie avantageuse. La construction de ce
compromis part des positions affichées et peut se faire par tous les moyens en jouant
indifféremment sur la relation entre les négociateurs ou sur le contenu de l’accord.
Les adeptes de la négociation raisonnée (Fisher et Ury, 1982) considèrent que l’évaluation du
résultat doit reposer sur des critères objectifs et qu’il est nécessaire pour y parvenir de traiter
séparément les questions qui relèvent du contenu de l’accord, de celles qui impliquent les
personnes.
Dans ce cadre, la réussite de la négociation suppose d’imaginer une solution procurant un
bénéfice mutuel qui satisfasse les motivations réelles des acteurs, par-delà les positions affichées.
Tableau 6.1 Deux conceptions de la négociation
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La logique voudrait que l’ensemble des parties prenantes optent pour une stratégie de
$!
coopération. Dans ce cas, chaque acteur délivre les informations en toute transparence. Cependant,
les protagonistes sont confrontés individuellement au risque d’une collaboration unilatérale. Celui
4$
qui fait ce choix peut être pénalisé du fait d’avoir accordé sa confiance. Inversement, le négociateur
compétitif a davantage de chances d’aboutir à une solution très favorable pour lui, mais au risque
By
Focus
L’effet d’ancrage
En psychologie, un ancrage est un phénomène qui consiste à corréler un état interne (une
émotion ressentie) avec un événement externe. Le premier chercheur qui a mis en évidence ce
fait est Pavlov, avec son expérience sur le conditionnement animal (faire précéder l’octroi de
nourriture par un son de cloche. Le chien est conditionné de cette manière à saliver à l’écoute
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de ce bruit, même en l’absence de nourriture). |\/
L’effet d’ancrage consiste à rester attaché à une première impression. Celle-ci devient un
$!
repère pour se construire un point de vue à propos d’une question particulière.
En négociation, la proposition initiale se transforme en première impression dans l’inconscient
4$
marché ou la concurrence.
Dans ce cadre, la partie qui fait la première offre bénéficie d’un avantage stratégique (à condition
d’être préparée). Le négociateur qui n’est pas en situation d’effectuer la première proposition ne
doit rituellement jamais accepter la proposition initiale de l’autre ; il effectue immédiatement une
contre-proposition pour fixer un point de référence proche de son propre niveau d’aspiration, tout
en signalant son intention de continuer à négocier.
DÉFINITION
La concession : c’est un avantage accordé à l’autre partie. Les concessions mutuelles procèdent d’une recherche d’équilibre
entre gains et pertes pour chacun des protagonistes.
DÉFINITION
La contrepartie : c’est une compensation demandée en échange d’un avantage accordé. Elle procède d’un élargissement du
champ de la négociation.
Le rituel consiste à refuser, dans un premier temps, toute demande de concession et à maintenir sa
proposition initiale en argumentant.
Si le négociateur doit commencer à céder, il est attendu que :
il ne concède rien sans contrepartie, même si cette dernière est d’ordre symbolique ;
il fasse des concessions successives dont la valeur est de plus en plus faible, en argumentant
de plus en plus longtemps à chaque fois. L’image généralement utilisée par les professionnels
est celle du presse-citron : pour retirer les dernières gouttes du fruit, il est nécessaire de
presser de plus en plus fort et de plus en plus longtemps.
À chaque étape, le négociateur assortira ses propos d’arguments personnalisés accompagnés de
preuves.
EXEMPLE
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Un représentant d’un fabricant de peinture rencontre un entrepreneur du bâtiment, client fidèle de la société, pour négocier une
$!
remise annuelle sur les prix catalogue. Celui-ci informe le vendeur qu’il vient de décrocher un nouveau chantier sur 30 mois pour
peindre les façades des HLM de la ville et qu’en conséquence, ses commandes de produits augmenteront significativement. Il
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demande une remise de 10 % supérieure aux conditions habituelles. Après un premier refus argumenté, le représentant en
peinture propose une formation gratuite d’une journée sur les produits pour les nouveaux employés qui seront embauchés afin de
faire face à ce projet. Le peintre insiste pour obtenir une remise supplémentaire et indique qu’il a obtenu une proposition 15 %
By
moins chère de la part d’autres concurrents ainsi que des facilités de paiement. Le vendeur argumente pour différencier sa
prestation de celle de la concurrence et consent un allongement des délais de paiement en contrepartie d’une garantie bancaire.
Face à la pression de son client qui continue à exiger une baisse de prix (arguant du fait qu’il a dû lui-même baisser ses tarifs pour
remporter l’appel d’offres), le représentant propose une remise exceptionnelle de 2 % supplémentaires uniquement sur les
commandes relatives à ce chantier en contrepartie d’une livraison programmée à date fixe. Le chef d’entreprise propose alors de
« couper la poire en deux » en demandant une remise additionnelle de 6 % sur l’ensemble du catalogue…
Dans cette situation, face à un partage faussement équitable, notre vendeur restera ferme et maintiendra son offre. S’il décide
finalement de céder à la pression de son client pour consolider la relation, il devra veiller à ne pas accorder une remise
supplémentaire supérieure à 4 % (il a déjà accordé 2 %) sur les commandes de ce chantier.
Le non-respect de ces us et coutumes peut conduire à un échec de la négociation et/ou à une forte
insatisfaction des parties prenantes. C’est la principale raison pour laquelle les négociateurs
expérimentés détestent échanger avec des novices, dont les comportements imprévisibles sont
déroutants.
REMARQUE
Afin d’éviter tout risque d’escalade et de dérapage, Osgood (1962) suggère d’appliquer un principe de réciprocité baptisé GRIT
model (Graduated Reduction in Tension Model). Selon ce modèle, il s’avère efficace de faire une première concession unilatérale
de faible ampleur (pour établir une relation de confiance sans donner l’impression d’être faible), puis d’inviter l’autre à faire de
même. Si ce dernier accepte, il est recommandé de maintenir ce cercle vertueux de concessions successives réciproques en
diversifiant la nature des dons et contre-dons. Si l’autre partie ignore la première initiative, l’auteur suggère de faire une seconde
tentative. En effet, il est rare de programmer cette dynamique du premier coup.
Focus
Comment sortir d’une situation de blocage ?
Les sources de blocage sont généralement dues soit à des conflits d’intérêt, soit à des
problèmes relationnels. Dans les deux cas, le désaccord peut s’envenimer au risque d’une
rupture de la négociation. Il est alors important de trouver le moyen de débloquer la situation à
condition d’avoir la volonté d’arriver à un accord, au meilleur des cas positif et a minima ne
compromettant pas une future transaction. Il est alors nécessaire d’identifier la source du
problème, d’évaluer sa portée et de changer de comportement (Caverivière, Souni, 2009).
Cependant, il est difficile pour un négociateur en forte identification au produit et à son
entreprise de prendre de la distance. Le style du négociateur étant étroitement lié à son
tempérament, il n’est pas aisé, par exemple, de modifier son comportement du tout au tout pour
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passer par exemple de réflexes coopératifs à une posture compétitive. La volonté, à elle seule,
peut ne pas suffire pour sortir de l’impasse. Des solutions peuvent être alors envisagées, telles
$!
que :
4$
acceptable par l’ensemble des parties prenantes car perçue comme équitable ;
l’arbitrage. Les deux parties acceptent de se soumettre à la décision d’un tiers, en dehors des
voies judiciaires ;
l’expertise. L’expert indépendant a vocation à déterminer une information précise qui servira
de référence pour prendre la décision finale (expert immobilier capable de fixer un prix au m²
pour un bien précis : étage, arrondissement, ensoleillement, etc.) ;
le lobbying. Celui-ci joue un rôle de plus en plus important, surtout à l’ère de l’Internet, qui
facilite et accélère le processus de diffusion de l’information, l’activation des réseaux et leur
mobilisation. Il représente un réel moyen de pression pour soutenir les entreprises qui savent
le développer.
|
partisans de la négociation raisonnée, il faut se forcer à prendre de la distance pour éviter la
confusion entre les personnes et les objets.
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Selon Fisher et Ury, dissocier les questions de personnes et les différends doit se faire au niveau
4$
REMARQUE
Généralement, lorsqu’une discussion s’anime, la distance entre les protagonistes se creuse. Le débat glisse de l’objet de la
négociation (ad rem) à la relation entre les protagonistes (ad hominem) :
L’ethos se focalise sur la personne du vendeur ou du client (ses qualités ou ses défauts) et non sur ce qu’il représente (la
marque, le produit).
Le pathos se concentre sur les valeurs et les émotions et non les positions défendues par les protagonistes.
Le logos se focalise sur l’implication personnelle des acteurs (et non les causes et les effets).
EXEMPLE
Lors du premier round de négociation entre deux entreprises qui envisagent un contrat de partenariat, deux négociateurs des
parties adverses se reconnaissent. En effet, ils ont partagé les bancs d’une grande école de commerce. Il existait une grande
rivalité entre eux depuis la première année, où ils se disputaient la place du major de promotion. Ils n’ont eu de cesse de se
jalouser et de saboter leurs travaux respectifs.
Au début de la négociation, le ton est vite monté entre eux. Ils se sont replacés tous les deux en forte identification à leur position
initiale d’anciens élèves. Fort heureusement, la négociation était multipartite et l’un des membres de l’équipe a recentré le débat
autour des enjeux du partenariat et les gains respectifs pour les deux firmes.
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EXEMPLE
Un groupe de quatre cadres doit suivre une formation en management des équipes afin de régler des problèmes de productivité au
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sein de leur firme. Un appel d’offres a été lancé, deux instituts de formation ont été retenus dont la qualité et le contenu des
formations sont équivalents, l’une à Casablanca et l’autre à Paris. Celle de Casablanca offre une formation de 120 heures étalées
sur 4 semaines. Elle prévoit aussi deux excursions dans des sites touristiques (une la première semaine, l’autre à la fin du séjour)
By
et une soirée de gala. Par ailleurs, l’hôtel avec lequel cette société a signé une convention se trouve au cœur de la médina. Il
s’agit d’un ancien riad transformé en hôtel 5 étoiles et équipé d’un hammam fonctionnant au feu de bois, d’un spa et d’un
complexe sportif.
La formation dispensée en France est également de 120 heures étalées sur 3 semaines. Par contre, le prix est plus élevé de 10 %.
Un cocktail de bienvenue est prévu à l’arrivée et un dîner dans un restaurant situé sur les Champs-Élysées est programmé pour la
veille du départ. L’hôtel est situé à proximité des locaux du cabinet de formation (pas besoin de transport).
Les quatre dirigeants concernés sont partagés entre le Maroc et la France. Deux d’entre eux veulent absolument partir à
Casablanca et les deux autres insistent pour suivre la formation à Paris. Tous estiment que ce choix leur permettra d’optimiser
leur temps d’absence au bureau. Le DRH les convie à une réunion pour comprendre les motivations des uns et des autres et
pouvoir ainsi les départager. Suite à son questionnement, il s’avère que l’un des cadres a déjà bénéficié, dans son ancienne
entreprise, d’une formation au Maroc, il en garde un très bon souvenir. Quant au second, il veut profiter du voyage pour faire une
visite à l’un des sous-traitants de l’entreprise. En effet, il y a quelques questions qu’il veut régler sur place après avoir vérifié les
conditions de travail et autres formalités.
Concernant les adeptes de la formation à Paris, l’un ne veut pas s’absenter au-delà de trois semaines parce qu’il veut confier
l’intérim à son adjointe qui est enceinte et va partir en congé de maternité. Le quatrième a quelques soucis de santé, il souhaite
profiter de son séjour à Paris pour passer des examens médicaux et consulter un spécialiste de grande renommée. Cela lui évitera
de prendre un congé alors que l’entreprise connaît quelques problèmes et a besoin de la présence de tout son staff.
Après avoir analysé la situation et ouvert les discussions, le choix de l’institut de formation parisien a été reconnu par tous comme
étant le plus judicieux à condition de programmer une mission de trois jours pour le cadre qui doit rencontrer son homologue à
Casablanca. Le DRH décide donc d’opter pour cette solution.
2.3 Imaginer des solutions procurant un bénéfice mutuel
Face à une opposition perçue comme incompatible, le débat se focalise généralement sur les
seules dimensions qui posent problème. N’entrevoir qu’une solution possible ou qu’un seul axe de
dialogue conduit souvent à s’opposer dans un binarisme stérile. La négociation risque alors de se
réduire à une guerre de position et de s’enliser. Identifier les attentes et besoins sous-jacents aux
positions est une première étape d’ouverture qu’il convient de transformer par une démarche
créative de recherche d’idées nouvelles. L’objectif consiste à imaginer des solutions pour agrandir
les bénéfices potentiels de chacune des parties, plutôt que de lutter pour partager les gains.
Fisher et Ury désignent comme des « options » les solutions potentielles qui conviennent aux deux
parties. La génération d’options efficaces se réalise en deux temps : la recherche d’idées, puis
l’évaluation de ces idées. Plusieurs techniques existent comme le remue-méninges (brainstorming),
l’utilisation de cartes conceptuelles (mindmapping), etc.
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d’aboutir à des résultats satisfaisants, en exigeant que le résultat repose sur des critères objectifs.
Ainsi, les choix seront opérés en fonction de règles établies et acceptées par tous plutôt que sur la
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base de considérations subjectives privilégiant parfois les uns au détriment des autres. Cette
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recherche de critères objectifs vise à libérer les négociateurs de la nécessité de défendre par
principe une position affichée pour ne pas paraître ou se sentir faible. Ainsi, chacun peut focaliser
By
Focus
Négocier dans des situations difficiles
Qu’est-ce qu’une situation difficile dans le cadre d’une négociation ?
La difficulté peut se situer principalement sur les niveaux suivants :
la personnalité ou l’humeur des interlocuteurs : les personnes caractérielles, paranoïdes,
schizo-typiques, compulsives ou addictives entravent l’établissement d’une relation d’échange
et de dialogue ;
le déséquilibre manifeste du pouvoir en faveur d’une des parties : l’interlocuteur dont le
pouvoir est en sa faveur est généralement en position de force, il peut donc influencer le
déroulement de la négociation et imposer ses lois ;
le non-respect délibéré des rites et conventions de la négociation : mauvaise foi, mensonge,
distorsion, dévalorisation, déni, etc. ;
la crise ouverte : situation économique et politique difficile, actualité porteuse de scandales,
etc.
Un négociateur est amené à rencontrer des personnes difficiles ayant au moins l’une de ces
caractéristiques au cours de sa carrière. Comment doit-il gérer une telle situation ?
Garder son calme et reprendre le contrôle de soi.
Lui faire verbaliser des propositions de solution multiples.
Faire preuve d’audace, d’autorité et de créativité face au détenteur de pouvoir, lui montrer
qu’aucune situation n’est immuable et que toute menace peut se transformer en opportunité,
qu’on a la volonté et les compétences pour opérer.
Diagnostiquer les points faibles de l’autre par un questionnement adéquat.
Recadrer la situation en projetant l’autre partie vers la suite du processus.
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conception, pour tenir compte des transformations du monde et de l’arrivée de la génération Y aux
$!
postes décisionnaires :
Les acheteurs, mieux informés, mieux organisés (réseaux sociaux, class actions, etc.) et plus
4$
d’informations, buzz négatif, etc.). Ce risque existe non seulement pendant la négociation, mais
également après la vente.
Le nombre des acteurs susceptibles d’influencer les décideurs en amont ou en aval de l’acte de
vente se multiplie. Les négociateurs doivent désormais tenir compte du fait que l’accord sera
évalué au regard de nombreux critères par des parties prenantes qui ne partagent pas
nécessairement les mêmes valeurs, la même culture, ni la même conception de la négociation.
Une négociation, même bilatérale, mono-culturelle et secrète, doit désormais être appréhendée
comme un échange multipartite intégrant de nombreuses interactions parallèles.
Dans ce contexte, certains usages hérités de la négociation classique ou de la négociation
raisonnée semblent moins adaptés aux enjeux actuels :
l’adoption de postures autoritaires ou agressives est susceptible d’être dévoilée ou amplifiée
via Internet. Elles peuvent se retourner contre leurs auteurs et nuire à la réputation de
l’entreprise ;
la découverte des enjeux, besoins et motivations profonds des acteurs est plus délicate à mener
lors de négociations intégrant des protagonistes aux cultures, attentes et personnalités
diverses ;
l’élaboration de solutions nouvelles et créatives nécessite, pour être légitime, l’implication du
plus grand nombre d’acteurs possible dans un processus créatif de co-construction. Ces
résultats seront communiqués par une mise en scène sophistiquée et spectaculaire ;
la gestion des risques et les techniques d’influence doivent désormais être pensées dans un
cadre plus large que la relation entre les négociateurs et leurs partenaires d’affaires pour
inclure les opinions publiques.
Ces caractéristiques plaident pour l’adoption d’un nouveau modèle de négociation : la
négociation responsable.
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Le principe de précaution s’installe comme un vecteur essentiel des négociations dans nos
sociétés de consommation. Quelles que soient les motivations idéologiques des acteurs et les
$!
pratiques d’influence, il convient de prendre toutes les mesures pour que le spectateur ne puisse se
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retrouver en situation d’être heurté psychologiquement par le résultat des échanges. Par effet de
buzz, tout spectateur périphérique, même aucunement concerné par le résultat immédiat de l’accord,
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Avant toute espérance éthique ou désir démocratique, le partage du leadership (Pearce et Conger,
2003) est un modus operandi qui vise à améliorer la dynamique de groupe, la fluidité dans la
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recherche de solution et la performance. À chaque changement de leader, chaque partie prenante
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assume la recherche d’équilibre entre les différentes positions ; ainsi, à tour de rôle, chaque camp
progresse dans la compréhension des points d’inflexibilité de l’autre. À chaque réunion, les leaders
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3.3 Préférer des résultats reposant sur des critères durables (RSE)
La nécessité de médiatiser les négociations et de se protéger des risques portés par l’opinion
publique force à intégrer d’autres considérations dépassant les seuls critères économiques et
technologiques, tant que cela ne nuit pas aux intérêts financiers et d’expertise technique des
décideurs. Les critères de la RSE (Responsabilité sociale des entreprises) guident alors les
accords vers une notion de performance globale, puisqu’elle ajoute à sa dimension économique :
une appréciation sociale qui comprend les intérêts quotidiens et à long terme des groupes
sociaux ;
une redéfinition des valeurs qui renforce le sens des actions entreprises ;
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une projection vers les environnements urbain et naturel qui privilégie le maintien de
l’équilibre des écosystèmes, tout en favorisant la productivité.
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Au cours d’une négociation, les différents niveaux de vie des acteurs et les différences culturelles
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peuvent ne pas s’accorder sur une définition ambitieuse de la performance globale ; avoir une
exigence minimale sur chacun des quatre critères (économique, social, sociétal, environnemental)
By
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n’entravant plus l’atteinte des objectifs. |\/
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3.5 Mobiliser les parties prenantes
4$
Négocier à l’internationale ou via l’Internet augmente les risques liés aux facteurs culturels,
économiques, politiques, financiers. Il est alors recommandé de se prémunir contre toutes ces
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menaces.
Pour éviter les pièges liés aux aspects culturels et ethnologiques, des auteurs se sont penchés sur
la question tels que Bobot (2008) et Souni (2008). Ils s’accordent tous avec la thèse de Goffman
qui met en avant la nécessité du respect de l’ordre social par un comportement conforme aux rituels
en vigueur, afin d’éviter de rompre le dialogue pour « déviance du comportement ».
Concernant les autres facteurs (économiques, politiques et financiers), il est important de savoir
construire des réseaux, lier des alliances dans le milieu professionnel, politique, médiatique,
syndical et de mobiliser le grand public. En effet, les entreprises dépendent de la puissance de leur
lobbying qui occupe de plus en plus de place, au même titre que le marketing ou la communication.
DÉFINITION
Le lobbying : c’est l’influence exercée par un groupe sur les décisionnaires grâce à leur système de connexion élargi dans les
secteurs clés et à leur pouvoir financier. Il passe également par le pouvoir médiatique et le développement des relations avec les
institutions les plus influentes telles que le pouvoir législatif.
Le lobbying prend en charge :
la communication autour de l’entreprise et de ses concurrents ;
l’analyse des lois en vigueur afin d’en détecter les faiblesses et de pouvoir ainsi les
contourner quand elles ne sont pas favorables à l’entreprise ;
la pratique du mécénat, qui a pour but de renforcer son image auprès du public et de s’entourer
de plus d’alliés.
Le négociateur responsable doit décliner les stratégies d’influence de son entreprise au niveau
des parties prenantes à la négociation en s’attachant à prévoir une communication grand public. Le
plus souvent, il appliquera en mode dégradé et pour quelques acteurs clés les pratiques d’influence
qui lui permettront d’obtenir une décision en sa faveur. La frontière entre ces stratégies de lobbying
et la corruption est ténue. Le négociateur devra donc prévoir une large communication pour
légitimer l’implication des différentes parties prenantes auprès du grand public.
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$!
L’interaction entre les parties se déroule au sein d’un contexte normé (rites, valeurs, identités,
4$
usages, etc.) qui s’impose aux acteurs par un processus d’identification. Quel que soit le modèle de
négociation (classique, raisonnée ou responsable), toutes les stratégies et tactiques sont possibles
By
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Source : d’après Dupont (2011) et Cathelineau (1992).
$!
1 La négociation à dominante coopérative
4$
La négociation intégrative est fondée sur une volonté d’atteindre un résultat satisfaisant pour
By
l’ensemble des parties prenantes. Ses partisans voient dans la collaboration le moyen de répondre
aux besoins et attentes de l’ensemble des protagonistes. Ce type de négociations tend à sauvegarder,
maintenir ou renforcer la qualité de la relation entre les négociateurs. Elle valorise la créativité et
la recherche d’options constructives car il s’agit moins de démontrer la validité d’une position que
de persuader l’autre de l’intérêt d’agir d’ensemble.
Les stratégies coopératives sont généralement privilégiées par les acheteurs dans le cadre
d’achats stratégiques (où les coûts de rupture sont souvent importants et les pressions
symboliques). Il en est de même pour les achats fortement risqués qui imposent une stratégie de
sécurisation face à un produit ou service de faible valeur, mais dont le défaut d’approvisionnement
peut entraîner des conséquences dramatiques.
Focus
Le dilemme du prisonnier*
Deux prisonniers placés dans deux cellules séparées sont soumis à un marché proposé par les
policiers. Ce marché consiste à accepter ou refuser de dénoncer son complice aux conditions
suivantes :
s’ils se dénoncent mutuellement, ils ont chacun une remise de peine d’un an ;
si l’un dénonce alors que l’autre ne le fait pas, le premier bénéficie d’une remise de peine de
cinq ans tandis que l’autre écope d’une peine maximale ;
s’ils se couvrent mutuellement, ils sont acquittés.
La logique voudrait que les deux prisonniers se couvrent mutuellement, sauf que chacun
d’entre eux se trouve face au dilemme suivant : « Et si mon complice me dénonçait, alors que
moi, je le couvre ? »
En négociation, les parties prenantes sont confrontées au même dilemme. En effet, chacune doit
mettre en place une stratégie de négociation qui tient compte de l’éventuelle stratégie de
l’autre (à l’image d’un jeu d’échecs). Seulement, les comportements présupposés ne sont pas
forcément adoptés. Neumann (1944) et plus tard Nash (1994) et Schelling (2005) ont
développé la théorie des jeux, qui consiste à prendre des décisions par anticipation des
réactions des parties adverses.
*
Énoncé pour la première fois par Albert W. Tucker en 1950 à Princeton.
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1.1 Les stratégies à dominante intégrative
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$!
Une stratégie intégrative vise à multiplier les gains, afin que chacun reparte gagnant. Selon l’enjeu
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L’objectif est de ne pas tirer pleinement profit de la situation favorable (dans le partage des
gains par exemple) pour inciter l’autre à l’innovation et la créativité. Le négociateur
responsable proposera systématiquement un partage du leadership.
La stratégie gagnant-gagnant (win-win) : contrairement à une idée répandue qui voudrait
qu’elle soit la norme, cette stratégie n’est efficace que lorsque les rapports de force sont
équilibrés et la relation de confiance établie. Il s’agit d’une stratégie d’équilibre fondée sur la
réciprocité (égalité dans le partage des gains par exemple). Elle se nourrit de concessions
mutuelles, d’échanges d’informations et de séances de créativité pour surmonter d’éventuels
blocages. Le négociateur responsable veillera au casting des intervenants, qu’il renouvellera
autant que nécessaire en cas de blocage.
La stratégie de demande (requête) : lorsque la confiance est élevée mais que le rapport de
force est très défavorable, il est possible de solliciter la bienveillance de l’autre en lui
demandant de s’inscrire dans une perspective de long terme. Le négociateur responsable
demandera une évaluation de la performance sur la base des critères de RSE.
EXEMPLE
Une université de renom propose à une grande banque nationale un cursus diplômant sur mesure pour former les salariés du
groupe et leur permettre d’évoluer en interne. Les deux institutions collaborent déjà sur de nombreux projets de recherche et de
formation initiale (stages, alternance, etc.). Le responsable du service Formation continue de l’université privilégie une stratégie
gagnant-gagnant. Il propose de faire participer à l’élaboration et à la mise en œuvre du dispositif de formation construit en
partenariat un nombre équivalent d’experts (formateurs, professionnels, consultants, etc.) désignés par la banque et de personnels
représentant l’université (enseignants, chercheurs, ingénieurs de formation, etc.).
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priorités des différentes parties. Le donnant-donnant, par rapport à la technique de négociation
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point par point, lie plusieurs objets de négociation entre eux. Les parties doivent être animées
$!
d’une forte volonté d’accord (coopératif), sinon, c’est le rapport de force qui mobilise la
négociation.
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L’élargissement : de façon simplifiée, cette tactique consiste à faire entrer dans la discussion
des éléments qui n’étaient pas inscrits dans le domaine initial de la négociation. Elle peut
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REMARQUE
Tout être humain est sensible aux signes de reconnaissance que lui envoie son entourage. Signaler à l’autre que, grâce à son
attitude, l’atteinte d’un consensus sera facile et rapide, permet de créer les conditions de la réussite. Ainsi, valoriser le respect
d’un rite ou d’une règle (« Je vois que vous respectez parfaitement les usages de notre profession »), remercier l’autre pour le
climat positif qu’il instaure (« Je vous sais gré de ne pas avoir tenu compte de cette erreur typographique dans la rédaction du
projet »), offrir un don symbolique (échantillons de produits, invitations à des événements, objets publicitaires, etc.) sont des
éléments qui facilitent la coopération.
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fonction des pouvoirs dont ils disposent. Ils fondent leur raisonnement sur la maximisation du profit
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individuel et l’appropriation du gain. Leur but est de s’accaparer la plus grosse part possible des
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bénéfices disponibles (métaphoriquement représentés sous la forme d’un gâteau) au détriment de
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l’adversaire. En effet, de leur point de vue, le résultat est une équation à somme nulle : ce qui est
gagné par une partie est forcément perdu par l’autre. Par conséquent, chacun défend sa position, tout
en veillant à ne pas provoquer la rupture (même s’il peut en brandir la menace).
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La négociation distributive est très utilisée par les acheteurs dans le cadre d’achats peu risqués
(risques technologiques ou commerciaux faibles en raison d’une concurrence importante ou d’un
process maîtrisé) mais représentant un coût et un volume significatifs.
Focus
Se préparer à dire « non »
Lors d’un round de négociation, le plus difficile est de refuser une proposition sans
compromettre le processus de l’échange, voire même, l’interrompre.
Il existe plusieurs raisons qui font qu’il est difficile de dire « non » dont les trois suivantes :
la culpabilité ressentie (certaines cultures sont culpabilisantes vis-à-vis des personnes qui
disent « non ») ;
la peur de l’exclusion (dire « non », c’est s’opposer à la volonté de l’autre et par conséquent,
risque perçu de désamour) ;
l’appréhension de la réaction de l’autre (risque d’être agressé).
En pratique, il faut faire preuve d’affirmation de soi pour dire « non ». Respecter un ensemble
de règles est nécessaire pour ne pas bloquer la négociation :
Conserver son calme et sa sérénité.
Expliquer les raisons du refus, notamment en argumentant les raisons pour lesquelles il est
impossible de donner son accord.
Proposer une solution alternative pour aboutir à un accord. Cette solution est en fait un « non »
déguisé en « oui mais ». Il s’agit d’un accord de principe assorti d’une condition qui préserve
l’intérêt du négociateur.
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à cette extrémité ;
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2. La stratégie défensive : lorsque la perception des rapports de confiance et de pouvoir
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semble mitigée, la prudence impose de ne pas chercher le conflit sans pour autant accepter
inconditionnellement les demandes de l’adversaire. Les négociateurs privilégieront l’usage du
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compromis. Cette stratégie permettra au négociateur responsable de prouver qu’il n’est pas le
premier agresseur ;
3. Le marchandage : le marchandage est une stratégie opportuniste dans laquelle les parties
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rapprochent petit à petit leurs exigences initiales élevées pour aboutir à un accord. Il s’impose
lorsque l’enjeu est significatif mais que le pouvoir du négociateur est faible : il cherche à
obtenir quelques avantages en négociant point par point les termes de l’accord. Le négociateur
responsable développera un lobbying intensif pour mobiliser par vagues successives des
alliés parmi les parties prenantes.
EXEMPLE
Un industriel, fournisseur historique d’une importante entreprise nationale des pays de l’Est, est informé que suite à une affaire
politico-financière de corruption, l’ensemble de ses interlocuteurs sur place ont été remplacés. Quelques jours après, un nouvel
appel d’offres est lancé sur une partie des références livrées habituellement par son entreprise ; il lui est demandé d’y répondre
par écrit avant tout nouvel échange direct et ce afin d’éviter tout risque de scandale. Même s’il sait que l’innovation qu’il vient de
mettre au point est susceptible de vraiment intéresser son client, notre fabricant est conscient que la concurrence profitera de
cette opportunité pour faire des offres attractives, d’autant que de nouveaux acteurs essaient de pénétrer le marché. Face à cette
évolution des rapports de force et de confiance installés, le responsable commercial de l’entreprise adopte dans un premier temps
une stratégie défensive et évite toute tactique destinée à faire pression sur son client. Dans un second temps, il envisage de mettre
en œuvre une stratégie de marchandage et de nouvelles actions de lobbying.
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rééquilibrage pour combler ce passif.
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La pyramide inversée : cette technique vise à imposer son propre rythme en empêchant
$!
l’autre partie d’accéder ou de transmettre de l’information ; par exemple, le négociateur
demande directement le prix de vente, sans laisser le temps à son interlocuteur de poser des
4$
il est possible de trouver une illustration dans les séries films policiers, sont utilisées :
démarrer l’entretien par un reproche, une menace ou une punition
(« Compte tenu de vos retards de livraison, nous envisageons de vous… ») ;
alterner les échanges conciliants et agressifs (« le bon et le méchant ») ;
prolonger les silences en taisant toute expression ;
dramatiser la situation, mentir sur son budget ou son réel pouvoir de
décision, faire durer les échanges en multipliant les points à traiter et en
revenant au moindre prétexte sur ce qui est acquis, etc.
La dernière offre : cette tactique consiste à affirmer que l’offre formulée est la dernière
(« C’est à prendre ou à laisser ») et qu’il n’est pas possible de faire d’autre concession.
REMARQUE
Une tactique d’influence fréquente dans les négociations multipartites consiste à rappeler à l’autre partie qu’elle s’écarte des
normes communément admises (« Je ne comprends pas pour quelle raison vous vous écartez ainsi des règles déontologiques de
notre profession, c’est la première fois que je vois cela… »). En signifiant publiquement à l’interlocuteur qu’il est déviant, l’objectif
est d’affaiblir ses résistances pour demander des concessions supplémentaires.
Focus
Faire face aux manœuvres de déstabilisation
Face à la pression exercée par l’autre partie, il faut refuser la dévalorisation et ne pas
chercher à se justifier en essayant d’argumenter immédiatement. Les réflexes à développer
consistent à :
s’efforcer de garder son sang-froid pour ne prendre aucune décision majeure sans avoir pris le
temps de la réflexion, voire de la consultation ;
envoyer des signes montrant le refus de la dévalorisation (rester affairé dans le hall d’attente,
partir après une attente trop longue, rester debout lorsqu’on risque de se trouver assis, en
position d’infériorité, etc.) ;
gagner du temps en demandant de meilleures conditions d’entretien (demander un autre siège)
ou en prenant acte des propos de l’interlocuteur sans entrer dans le fonds du débat (« Je ne
peux être d’accord, mais je comprends ce que vous voulez dire ») ;
adopter une attitude centrée sur la recherche d’informations et la résolution de problèmes :
exposer les enjeux calmement et demander des précisions sur les faits en posant des
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questions ;
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reformuler et répondre en répétant ses propos autant de fois que nécessaire, jusqu’à ce que la
pression retombe.
$!
Par ailleurs, en cas de certitude qu’il s’agit d’une tactique de la part de l’autre partie, le plus
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efficace pour la désamorcer consiste, généralement, à signaler qu’on n’est pas dupe en
relevant la manœuvre utilisée (« C’est curieux, j’ai l’impression d’assister à la technique du
By
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respect pour les idées de l’autre et à faire preuve de bienveillance, de calme et de
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retenue. L’ethos est alors mis en avant (« Je comprends tout à fait votre point de vue
$!
même si je ne le partage pas. Je suis sûr que, par ailleurs, nous pouvons trouver un
terrain d’entente et que ce qui nous unit est plus important que ce qui nous sépare »).
4$
By
L’ESSENTIEL
■La négociation de l’offre
Deux grands courants de pensée proposent des modèles de négociation d’une offre
commerciale :
la négociation classique, dans laquelle la recherche de solutions se fonde essentiellement
sur un processus de concessions et de contreparties à partir des positions affichées ;
la négociation raisonnée, dans laquelle la solution privilégiée est celle qui procure un
bénéfice mutuel, grâce à une exploration des intérêts et des motivations de chacune des
parties.
Cependant, avec l’avènement des NTIC et d’Internet, les parties prenantes à la
négociation ne sont plus protégées par le secret des affaires : un public beaucoup plus
large est désormais impacté par les résultats de la négociation, dont le retentissement est
le plus souvent indirect mais certain. La portée de toute décision entrepreneuriale
dépasse la sphère marchande pour retentir sur l’environnement économique et
écologique de l’entreprise et par ricochet, sur l’environnement social et politique.
Cette prise de conscience exige la mise en place de nouveaux principes de négociation.
La négociation responsable doit adopter les règles suivantes :
Le processus de négociation doit se fonder sur la quête de solutions défendables
publiquement.
Le leadership sera idéalement partagé par l’ensemble des parties prenantes pour
favoriser la recherche de solutions innovantes acceptables par tous.
Les solutions intégreront également les critères sociaux et environnementaux pour être
conformes à la RSE et respecter l’intérêt général à long terme. Au-delà de l’enjeu
économique et financier, les parties prenantes doivent porter d’autres valeurs.
La participation des acteurs au processus de négociation doit être valorisée pour
permettre un turnover efficace des compétences et des talents.
Quel que soit le modèle de négociation utilisé en référence, les négociateurs
développeront des stratégies et des tactiques spécifiques privilégiant selon les cas une
approche coopérative ou conflictuelle pour atteindre leur but.
Questions de réflexion
1 ■ L’accord sur un principe d’équité est-il équitable pour l’ensemble des parties prenantes ?
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2 ■ Quel rôle peut jouer le lobbying pour débloquer une situation de crise lors d’une
négociation ?
$!
3 ■ Comment adopter une négociation responsable qui refuse de partager le leadership ?
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EXERCICES
By
une résistance accrue des pneumatiques, dont les rotations d’entretien sont
fréquentes selon les conditions d’atterrissage et de pilotage ;
une motorisation des trains d’atterrissage qui permettrait de ne pas utiliser les
réacteurs lors du roulage des appareils sur les pistes avant le décollage et après
l’atterrissage. Les dépenses de carburant seraient alors diminuées.
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Picwick limited (UK), société anglaise, et APPHP, consortium allemand qui
fabrique des trains d’atterrissage ;
$!
Safrané et Honeybee, deux sociétés françaises qui développent des
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Tonio, après concertation avec Sergio, décide de faire une première rencontre avec l’ensemble
de ces partenaires potentiels.
En fonction de l’impact sur le grand public et compte tenu de la communication pouvant être
faite autour de cette innovation (protection de l’environnement par diminution des émissions de
Co2, conformité aux futures normes européennes, arguments publicitaires des compagnies low-
cost, etc.), il décide d’appliquer un modèle de négociation responsable. Leur volonté
d’optimiser les compétences et les ressources les persuade de réunir deux types de prestataires
pouvant fournir une solution concurrente (Taxiboot et les autres). D’autre part, Picwick limited
et APPHP sont concurrents, comme Safrané et Honeybee.
Que proposera Tonio lors de ce premier round pour impliquer le maximum d’acteurs sur le
projet ?
6.2 Un round pour répéter la négociation responsable
Durant l’intervalle entre la première rencontre et la seconde réunion commune, Tonio et Sergio
définissent un planning de l’élaboration des solutions où, à tour de rôle, chaque prestataire sera
le leader des travaux ; ils transmettent ce planning aux cinq prestataires afin de les préparer à
se positionner sur une ou plusieurs des étapes suivantes :
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À l’issue de la seconde réunion, quelques obstacles sont apparus comme sérieux et doivent être
pris en considération par Tonio et Sergio ; ceux-ci concernent principalement le devenir de la
$!
collaboration de Picwick limited. Il est manifeste que les signes objectifs d’une implication
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optimale dans le projet ne sont pas présents ; Pickwick limited craint de fonctionner en
partenariat avec son concurrent habituel APPHP. D’autre part, Honeybee, démontre
By
CORRIGÉS
Enfin, Tonio attirera l’attention sur le fait que, en dehors de Bigbus et Bing, de nouveaux
constructeurs sont en voie d’émergence sur le continent asiatique. Comme les contraintes
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environnementales ne cessent d’augmenter sur le territoire européen, lieu de transit des flottes
mondiales, les premiers qui développeront cette solution pourront décliner leur offre sur l’autre
$!
moitié du marché de la construction aéronautique, en complément de Bigbus.
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Il fixera une date de deuxième rencontre commune en rappelant que la prochaine étape, pour
ceux qui veulent poursuivre l’aventure, consistera à définir les responsabilités réciproques
By
selon les séquences d’élaboration de la solution. Si l’un des pressentis se retirait des échanges,
PA contacterait un suppléant sur la liste établie qui a servi pour cette présélection.
Tonio et Sergio terminent leur tour de table en annonçant qu’ils se tiennent à la disposition de
chacun pour préciser toute demande technique sur le projet ; ils remercient également Safrané et
Honeybee pour les partenariats actuels sur d’autres systèmes en cours de développement.
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industriel pour ne pas collaborer ouvertement. Safrané et Honeybee donnent l’exemple d’une
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entente potentielle, en s’étayant sur leurs habitudes de partenariats en cours avec PA. Taxiboot
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suit les propositions de l’agenda et est accepté par tous pour son rôle, car il connaît la
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Tonio et Sergio acceptent que APPHP soit le leader de la première étape. D’autre part, ils font
définir les leaderships transversaux. À chaque fois qu’un arbitrage technique sera attendu,
notamment pour sortir d’une solution de blocage, un expert interviendra :
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en matière de développement durable. Ils ont également relaté les échos que cette opération
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commençait à susciter dans les médias et dans les instances de protection de l’environnement,
tout en assurant que les acteurs de la distribution de voyages et le grand public n’allaient pas
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tarder à suivre.
By
[1]Le terme « protagoniste » (de prôtos, « premier » et agônizesthai, « concourir ») est pris au sens d’acteurs jouant un rôle, comme
dans la tragédie grecque.
[2]
Jean-Louis Lascoux, Et tu deviendras médiateur et peut-être philosophe, Édition Médiateur, 2008.
[3] La méta-négociation est l’ensemble des procédures, règles, principes et tactiques qui structurent le déroulement de la négociation
(Christophe Dupont, p. 131).
[4]
Classiquement, en sciences du langage, les modalités sont des outils d’analyse du rôle et de la construction du discours des
personnages. On distingue : la modalité du pouvoir (qui peut être interprétée comme une permission ou une possibilité) ; la modalité
du devoir (obligation ou probabilité) ; la modalité du savoir (connaissances et compétences) ; la modalité du vouloir (motivation
finale ou instrumentale).
[5]
Action de se déplacer au sol en roulant.
Chapitre
La finalisation de la négociation
7
« Que la stratégie soit belle est un fait mais n’oubliez pas de regarder le résultat. »
Winston CHURCHILL
« La victoire sur soi est la plus belle des victoires. »
PLATON
« En toute chose c’est la fin qui est essentielle. »
ARISTOTE
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Objectifs |\/
$!
■ Repérer le moment clé pour déclencher un accord immédiat et accompagner la signature du
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contrat.
■ Identifier les pulsions dominantes des acheteurs pour déterminer leur profil et susciter leur
By
Sommaire
Cas introductif
Sacha Goude répond depuis une heure aux interrogations sur les principales fonctions de ses
imprimantes 3D, que sa société Moulagevit distribue. Les deux architectes, Mme Pulcher et
son partenaire M. Pasaroni, conceptualisent aisément la valeur ajoutée que cet outil
apporterait dans leurs équipes et chez leurs clients. Les modalités de formation de leurs
collaborateurs très qualifiés ne semblent plus un obstacle. Ils ralentissent leur fréquence
de prise de parole ; ils sont de plus en plus décontractés, calmes, presque souriants.
Manifestement, ils visualisent les machines dans leur environnement quotidien. C’est
l’architecte italien qui prend l’initiative, alors qu’il n’est pourtant présent que pour
accompagner la réflexion. Visiblement, le processus d’achat est bien enclenché ; ils ont dû
se concerter après la première réunion et consulter leurs associés.
Pasaroni demande le prix clés en main d’une imprimante.
Sacha engage immédiatement la narration de quatre scenarii d’acquisition et minore
l’argumentation des deux premiers.
« Vous pouvez tout de suite installer chez vous une première version de notre produit phare,
la 3D Strategis, pour 55 000 euros. C’est rapide. Vous pouvez la mettre en œuvre ici,
immédiatement, avec vos équipes. M. Pasaroni, vous pouvez faire de même dans vos
locaux de Milan. L’idéal serait d’en équiper aussi votre client qatari actuel. »
Sacha marque un silence pour diagnostiquer la recevabilité de cette proposition. Dans cette
pratique de l’accord direct, où il agit comme si la décision positive était prise, il sait, une
fois l’affirmation conclusive faite, qu’il faut attendre la réaction de son interlocuteur. En
l’absence d’enthousiasme, il décline sa deuxième solution, tout en sachant qu’il ne s’agit
|
que d’une option qui met l’accent sur une modalité financière.
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« Vous pouvez aussi l’acquérir en location-vente, pour 1 800 euros mensuels pendant 3 ans
$!
mais, avant d’en arriver là, il y a une autre solution. »
Sacha décrit ensuite son scénario « haut de gamme » ; si l’achat de 2 Strategis était fait, le
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prix de l’unité descendrait à 40 000 euros. Un achat installé chez chacun des architectes
peut être considéré par Moulagevit comme une vente groupée. Sacha voit nettement les
By
silhouettes de ses interlocuteurs s’orienter l’une vers l’autre, comme pour se concerter,
même s’ils évitent d’échanger un regard complice. « Pouvez-vous m’en installer une à
Milan ? » demande Pasaroni. Une brève affirmation suffit à Sacha ; leur bureau italien
distribue en priorité la capitale industrielle italienne.
Après un nouveau silence, l’ingénieur commercial lance le cheval de bataille de son
troisième scénario, qui assure le meilleur équipement de ses clients au meilleur coût ; si
5 exemplaires de la Strategis sont commandés sur un même bon, le coût promotionnel sera
de 11 000 euros l’unité. Il argumente que cette offre est réalisable car les coûts de la
formation initiale des collaborateurs, de la hot-line d’après-vente et du coaching sont
semblables pour une ou cinq machines fournies. Mme Pulcher sourit, amusée. Sacha
comprend qu’il ne devra pas déballer l’inventaire marketing des justifications de cette
offre ; on est entre professionnels. Il ne parlera pas win-win ou nécessité de partenariat
durable, ni marge proportionnelle. Pasaroni connaît également les principes du
déclenchement de l’achat, que tous deux mettent également à l’œuvre avec leurs clients et
partenaires. Tous deux, pour signer immédiatement, même pour acquérir une innovation
technologique, doivent être convaincus d’avoir en face d’eux un négociateur à leur
mesure ; ils veulent se reconnaître dans les pratiques de Sacha et secrètement espèrent
découvrir une astuce de closing pouvant leur servir dans leur propre relation client.
Malgré tous leurs a priori initiaux sur la formule du 5 exemplaires pour le prix d’un seul,
ils ressentent les effets attractifs de l’offre faite, car ils désirent s’approprier cette
innovation qui défendrait leurs valeurs professionnelles et leur créativité chez leurs
clients tout en les formant à une nouvelle technologie. Quand Sacha demande s’il peut
passer au protocole d’accord, Mme Pulcher affirme que, même en en installant une chez son
client du Moyen-Orient, 3 exemplaires lui suffisent actuellement. »
Sacha se tourne vers M. Pasaroni : « Vous collaborez aussi à un concours sur le futur musée
de la femme avec vos confrères parisiens. Vous pouvez équiper votre bureau milanais
ainsi que vos locaux en Île-de-France. »
Quand Pasaroni lui demande si l’ensemble des 5 Strategis peut être acquis en location-vente
par Mme Pulcher et lui pour 1 800 euros mensuels, la décision est prise. Un rituel
d’ajustement du loyer à 1 720 euros est nécessaire pour sceller l’accord. Sacha a
l’autorisation de sa directrice des ventes de signer jusqu’à 1 550 euros pour que la société
Moulagevit soit référencée dans un cabinet parisien d’architectes.
Pendant qu’il rédige les premières modalités du contrat, Sacha pense déjà à la célébration de
l’accord. Il garde à l’esprit qu’il doit faire une dernière impression favorable pour
faciliter la formation et l’après-vente et donc programmer positivement la fidélisation.
|
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La phase concluant la négociation est généralement assez courte et potentiellement pleine de
$!
surprises et de rebondissements. Durant cette étape, le négociateur commercial doit donc affronter
une double peur : sa propre peur de vendre (ou de ne pas vendre) d’une part, la peur du client
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négociation, où une série de problèmes délicats à résoudre peuvent se poser : mise entre
parenthèses de certaines questions, renvoi à des entretiens ultérieurs, pièges de dernière minute,
arrivée de nouveaux acteurs, revirements et rétractations, etc.
S’il existe des techniques pour accélérer le processus et franchir les derniers obstacles, il est
important, au-delà de ces procédés, de repérer le moment adéquat où les parties ont une vision
suffisamment mature de la question débattue pour établir un protocole d’accord (ou de désaccord)
et consolider la relation.
1 Le déclenchement de la conclusion
Chacun de nous rêve d’un scénario idyllique de la prise de décision. Nous aimerions que la
décision et les modalités d’application d’une négociation émergent « naturellement » des
interactions et qu’elles soient actées avec évidence par la totalité des personnes concernées.
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En fait, l’épreuve du closing, tout en étant une conséquence logique des étapes précédentes,
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possède une dynamique propre qui peut faire basculer les rounds de négociation vers la réussite
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complète ou compromettre les résultats entrevus.
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consommables gratuits ? ») ou un avantage supplémentaire.
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Présenter une posture neutre et décontractée. Le client vit un sentiment de sécurité à l’idée
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de conclure les échanges. Il a tendance à :
manipuler un objet calmement (stylo, document, produit, etc.) ;
4$
Focus
Le train de la prise de décision risque de ne passer qu’une
seule fois
Les neurosciences affirment que les émotions sont centrales dans le processus de prise de
décision. Autant un déficit émotionnel peut handicaper la qualité rationnelle des engagements
pris par une personne, autant un excès ou une gestion insatisfaisante des flux émotionnels
perturbera la performance décisionnelle de l’individu.
Le référentiel fixé par l’annonce de l’entrée dans le cadre final d’une négociation est un
recours essentiel pour la sécurisation des interlocuteurs. Les plages favorables à la prise de
décision sont cycliques. Elles dépendent d’un sentiment de plénitude chez l’acteur, qui émet
des signaux d’achats (verbaux et non verbaux) de son désir d’entrer dans la phase de
finalisation des débats.
En cas de non-concrétisation, un nouveau cycle d’analyse est initié.
Plus le nombre de cycles vécus sera important, plus la prise de décision apparaîtra comme
complexe et plus les temps d’apparition d’un moment propice au dénouement des négociations
engagées seront espacés.
Aussi, dès les premiers signaux d’achats repérés, il est fortement recommandé d’annoncer le
passage à l’étape de conclusion en s’assurant que :
les émotions communiquées sont bienveillantes, sans ressemblance avec une froide neutralité
ou une hystérie souriante ;
le cadre et les modalités de l’accord à prendre sont succinctement et clairement formulés sous
forme de scenarii différenciés ;
le silence est maintenu pour permettre la réponse et l’engagement dans le cadre édicté ;
les dernières objections sont traitées en s’orientant directement vers une formulation d’un
accord total possible et une co-construction de la décision.
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La technique de l’accord direct est appliquée lorsque :
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le vendeur déclenche la phase de conclusion avant d’obtenir la moindre verbalisation
$!
d’accord de ses interlocuteurs ;
la rédaction du protocole d’accord commence autour d’un des scenarii d’acquisition ;
4$
les dernières objections provoquent un traitement ritualisé où tous les acteurs concernés co-
construisent les réponses positives (immédiates ou dans un futur proche) à l’intérieur du
scénario choisi.
By
Toute tentative d’accord direct ne doit pas compromettre le devenir de la conclusion ; lorsque
cette première technique de finition n’est pas acceptée, une alternative de conclusion est
immédiatement tentée. Pour s’adapter à tout refus brutal de ses interlocuteurs et, éventuellement,
relancer un round de négociation sur un sujet insuffisamment clarifié, il est nécessaire de prévoir
par précaution d’autres procédés de closing.
REMARQUE
Essuyer un refus lors de sa tentative d’accord direct reste une opportunité et une avancée dans le processus d’achat ; cette
verbalisation négative précise généralement les derniers freins à lever pour obtenir la signature d’un accord partiel, total ou
différé. Le refus reste souvent une invitation consciente ou inconsciente à élaborer un compromis ; il devient alors nécessaire de
formuler une nouvelle offre de service plus compétitive. Parfois, les conditions exigées sont incompatibles, mais cela ne signifie
pas systématiquement une impossibilité d’accord. Dans le cas d’un maintien d’une position irrecevable, une tactique
d’ajournement sine die ou de simulacre de rupture suffit souvent à renouer les échanges positivement.
Focus
Le réflexe permanent de tenter un accord direct
Prospecter de nouvelles entreprises est pour les groupes internationaux de conseil et de
coaching une activité fortement benchmarkée. Les investissements en temps et en ressources
humaines (congrès, salons, incentives, etc.) sont massifs et souvent redondants, car tous les
concurrents pratiquent les mêmes techniques. Les démonstrations de matériel informatique,
ainsi que les teasing exposant des process de gestion ou de management innovants participent
de ces démonstrations ; le but est d’engager une première prestation de services chez le
prospect.
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Un coaching de cadres dirigeants, offert à titre d’expérimentation, est un moyen efficace de
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démontrer les compétences de son cabinet de conseil et donc de nouer la relation
$!
commerciale. Certains directeurs associés opèrent ainsi ; ils proposent un coaching bref à des
ingénieurs commerciaux, des chefs de projet, des membres du directoire. Pendant une ou deux
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semaines, quelques cadres de l’entreprise ciblée deviennent les testeurs d’un coaching dont
l’objet est unique : l’accroissement de la virtuosité dans la pratique de l’accord direct.
By
Après une observation d’une négociation en cours, le coach renforce auprès du cadre en
formation particulière son analyse du système des acteurs concernés, notamment leur niveau
d’autorité et de pouvoir.
L’essentiel de son message pédagogique consiste à faire augmenter chez son coaché le nombre
d’accords directs. Quels que soient les acteurs concernés par la négociation et le mode de
rencontre choisi (à distance ou en présentiel), l’intention du coach est de faire tenter un
nombre d’accords directs supérieur à l’habitude.
Les effets accélérateurs sur la conclusion des accords en cours autant que la simplification
obtenue lors des process complexes de closing provoque l’intérêt de la société prospectée.
Tenter plus d’accords directs sans augmenter les risques de rupture par la préparation d’une
alternative est une gestion simplificatrice de la fin des échanges ; la technique permet de mieux
gérer un automatisme de défense intrapsychique qui pèse sur tous les acteurs, vendeurs comme
acheteurs. Le rappel constant de l’objectif final est un moyen de recentrer les acteurs autour de
la décision à prendre ; il doit régulièrement se conclure par un accord direct. Quels que soient
les responsables des atermoiements, l’initiative de la conclusion est à la charge du vendeur.
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personnels du décideur. |\/
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2 L’accompagnement de la décision
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Focus
L’élaboration du compromis
Girard (De la guerre, 2007), académicien, affirme que lorsqu’une dynamique conflictuelle et
donc compétitive est engagée, il est très délicat, voire impossible, de rétablir la coopération
avant la défaite totale d’un camp. Sur cette base, il est judicieux de penser, en négociateur
responsable, qu’un mauvais compromis est préférable à un bon procès. Il est donc de bon
commerce d’interpréter tous les signaux valant annonce potentielle d’escalade compétitive
afin de les désamorcer, quelle que soit la stratégie employée. En effet, il est prudent de
différer toute tentative de mise sous pression de ses interlocuteurs si l’on ne possède pas la
certitude d’une alternative gagnante. Si ce principe semble évident lors d’une stratégie
intégrative, il est aussi incontournable d’agir de la sorte en cas de stratégie distributive. En
effet, si la négociation se prolonge dans un climat conflictuel entretenu par une ou plusieurs
parties prenantes, cela signifie qu’il existe un réel profit à différer au maximum l’épreuve de
la répartition ; dès lors, le closing sera particulièrement offensif de part et d’autre,
fréquemment sans effet direct sur le résultat.
Il est donc particulièrement économique, pragmatique et souvent éthique de s’orienter vers un
compromis sans grande ambition plutôt que de s’engager dans des joutes stériles.
L’élaboration du compromis se déroule avec des degrés de transparence directement
influencés par la stratégie. Établir un compromis en situation coopérative et en négociateur
responsable consiste donc à prendre en compte la hiérarchisation des aspirations de chaque
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acteur concerné et à tracer le cadre dans lequel le protocole d’accord s’établira. En cas de
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stratégie compétitive, les influences, voire les manipulations, consisteront à inverser les
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valeurs, les banaliser, les réduire, les transmuter jusqu’à atteindre le point d’illusion d’un
accord profitable pour tous ou, pour le moins, pas autant négatif que cela pourrait l’être pour
4$
certains.
By
EXEMPLE
En septembre 2008, un groupe spécialiste du transport de fret à travers le monde depuis le paquet du particulier jusqu’aux produits
urgents pour les entreprises recherche une prestation de team building pour ses 150 cadres européens. Le staff souhaite
remobiliser les équipes autour des objectifs de sortie de crise. L’agence, lors du démarrage du closing, propose quatre types
d’interventions scénarisées :
un séminaire itinérant de trois jours au Kenya dans une réserve animale avec logement sous la tente, séances plénières
et commissions en fin d’après-midi et en soirée ;
un séminaire d’un week-end dans un riad de Marrakech avec séances de travail en salle, soirée culturelle avec
musique et raid dans l’Atlas en 4 × 4 ;
un séminaire du samedi matin au dimanche après-midi dans un golf hôtel de Chantilly à proximité de l’aéroport
Charles-de-Gaulle consacré à l’optimisation de la prospection et à la fidélisation des clients ;
un événementiel « 24 heures chrono » (départ samedi matin 6 h 00 à l’aéroport Charles-de-Gaulle, direction
Ouarzazate ; midi : séance plénière et ateliers dans un camp en plein air avec écran gonflable au milieu du grand Sud
marocain ; 18 heures : discours de stratégie ; 20 heures : dîner et soirée ; embarquement minuit ; retour Roissy dimanche
matin 6 h 00).
Si le premier scénario au Kenya est instantanément éliminé pour cette occasion mais considéré comme possible dans un futur
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moins tendu économiquement, l’alternative porte très rapidement sur le golf hôtel à Chantilly et le « 24 heures chrono » Sur des
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critères de temps mobilisé pour leurs cadres et de coût d’hébergement, l’opération éclair à Ouarzazate est choisie rapidement ; la
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conquête de nouveaux clients sert de thématique centrale à cette opération de mobilisation des équipes.
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Chaque scénario proposé trace le cadre où l’engagement doit se conclure. Une ou deux offres
potentielles sont exprimées de façon minimaliste ; principalement, elles serviront de repoussoir et
By
donc d’encadrement du champ des possibles. A contrario, il convient de souligner les deux
principales solutions vers lesquelles convergera la prise de décision.
L’acheteur élabore l’architecture de son offre avec des éléments de langage qui répondent aux
critères d’achat de ses interlocuteurs. Les deux scenarii principaux sur lesquels il veut obtenir
l’accord cumulent les réponses attendues autour des quatre axes suivants : critères matériels et
technologiques, critères juridiques et réglementaires, critères esthétiques et de notoriété, critères
d’excellence et d’innovation.
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est obtenue, alors, il y aura fidélisation potentielle. L’accord inattendu et complexe à élaborer
$!
survalorisera le négociateur. En effet, chaque acteur peut alors communiquer dans son entourage sa
performance personnelle et, éventuellement celle collective, en termes d’efficience ; le temps
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économisé par rapport aux pronostics pessimistes ambiants deviendra un argument positif de
professionnalisme. Celui qui aura facilité cette prise d’accord accélérée sera alors considéré
By
3 L’engagement du décideur
La multiplicité des motivations et des émotions qui guident un individu peut se réduire à quatre
types de pulsions (Lawrence et Nohria, 2002) : pulsion de défense (instinct de survie), pulsion
d’acquisition (instinct de possession), pulsion d’apprentissage (instinct de curiosité), pulsion
relationnelle (instinct grégaire et maternel). Le modèle de Roger von Oech (1987), présenté
précédemment, permet de visualiser les quatre rôles dans lesquels se cristallisent ces pulsions :
l’explorateur, l’artiste, le juge et le conquérant.
Plusieurs techniques permettent de mettre fin à la discussion sur les éléments de l’offre en jouant
sur les pulsions qui guident les comportements de l’interlocuteur. Elles se déclinent généralement
en deux temps :
verrouiller les caractéristiques de l’offre afin d’éviter une dernière objection ou une ultime
demande de concession ;
déclencher la décision pour éviter que l’interlocuteur ne repousse le moment de l’engagement
sous un prétexte quelconque par crainte des conséquences de cet acte.
Ces stimulations sont autant de tentatives pour conduire l’interlocuteur à la signature de l’accord.
L’objectif est d’activer la pulsion dominante chez l’interlocuteur dans le but de lui faire prendre une
décision.
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EXEMPLE |\/
$!
Finalement, cette offre est la seule qui puisse vous permettre d’être livré en moins de 12 heures sur ces nouvelles références très
recherchées par vos clients. Sachez également que la personnalisation de nos produits aux couleurs de votre société ne donne lieu,
4$
EXEMPLE
Finalement, la question centrale est de savoir si, oui ou non, vous souhaitez défiscaliser une partie de vos revenus. J’ai pu vous
démontrer que notre offre répond parfaitement à ce besoin. Est-ce bien cela que vous souhaitez ?
EXEMPLE
Si je résume, seule notre offre vous garantit de pouvoir :
économiser de l’argent à l’achat comme à l’usage grâce à nos coûts plus bas que la concurrence ;
faire bénéficier vos employés d’un confort inégalé (modèle toute option) et d’une sécurité maximale (il s’agit d’un 4 × 4) ;
profiter d’un service tout compris de proximité chez votre concessionnaire Renard.
Comment voyez-vous désormais la suite des événements ?
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vivre intensément son réseau de relations. Il est traversé par les pulsions relationnelles et
d’apprentissage. Il peut prolonger l’échange uniquement pour le plaisir de la conversation.
$!
Afin de déclencher la décision, il est utile de projeter l’interlocuteur dans la situation du
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propriétaire qui utilise et fait partager son choix (technique de la « peau de l’ours »). Ce profil sera
par ailleurs sensible à la délivrance d’un dernier avantage supplémentaire d’ordre symbolique
By
(information, cadeau, etc.), destiné à consolider le lien de connivence avec l’autre partie ou le
valorisant aux yeux de son réseau.
EXEMPLE
Où pourriez-vous installer cette magnifique lithographie ? […] C’est un très bon choix. Je vous invite à me suivre pour régler les
derniers détails… Savez-vous qu’un nouvel artiste viendra dans trois semaines dans notre galerie pour exposer ses derniers
travaux ? Je peux vous envoyer une invitation personnalisée si vous le souhaitez.
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La fausse alternative (ou « aiguillage ») : ce procédé éculé consiste à amener le client à
prendre une décision en lui offrant un choix entre deux solutions qui impliquent l’achat
$!
(« Souhaitez-vous que j’emballe ces chaussures ou préférez-vous les garder aux pieds ?).
4$
Une négociation est rarement un processus isolé dans le temps et l’espace. Les parties prenantes
sont appelées à se rencontrer à nouveau. La conclusion (ou le refus) d’un accord ne signe
généralement pas la fin de la relation. Quel que soit le résultat, le processus de négociation gagne à
être analysé par chacun des protagonistes pour établir un bilan et gérer l’avenir au mieux de leurs
intérêts. En cas d’accord, les parties devront mettre en œuvre les termes du contrat (livraison,
installation, paiement, etc.) et s’efforcer de valoriser ce marché auprès d’un maximum de parties
prenantes. En cas d’échec, l’analyse critique du processus doit permettre d’enclencher une
dynamique de progrès.
Comme lors de l’ouverture de la négociation, les dernières étapes de la négociation marquent
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durablement l’esprit des interlocuteurs et ont une influence sur leurs échanges futurs. Le fait que les
artistes situent les moments les plus forts de leur performance en fin de spectacle n’est pas un
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hasard. Laisser un souvenir impérissable qui fera revenir le spectateur est une figure obligatoire de
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tout art. En matière de négociation, il semble même que la dernière impression ait au moins autant
d’impact sur la formation du jugement que la première (Bergeron, Fallu, Roy, 2008 ; Cox et Cox,
By
2002), notamment lorsqu’une évolution favorable a été constatée entre le début et la fin de
l’échange.
DÉFINITION
La dernière impression : elle correspond à l’évaluation qui se forme dans les derniers instants de l’échange. Cette dernière
impression favorise la mémorisation.
1 L’établissement du bilan
Au-delà du constat essentiel sur le fait d’être parvenu ou non à un accord, le négociateur doit
s’efforcer d’évaluer sa propre performance et envisager le résultat du point de vue de l’ensemble
des parties prenantes.
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De plus, lorsque l’accord est conclu grâce à un leadership partagé, une recherche de solution
satisfaisante, publiquement appréciée, est le gage d’une nouvelle négociation concernant l’avenir.
$!
Le négociateur responsable inscrira alors les bénéfices de la négociation dans un cadre intégrant les
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également souhaitable d’évaluer l’impact de la négociation sur tous les acteurs. Remettre les choses
dans leur contexte et les analyser à froid permet de repérer ses axes d’amélioration. En effet, la
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négociation est un parcours constitué de plusieurs actions concomitantes ou diachroniques, chacune
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ainsi son image vis-à-vis :
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de lui-même. En effet, chaque succès lui permet de gagner en expérience, en assurance et en
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estime de soi. Son ethos se développe et facilite par effet de halo la réussite de futurs
échanges ;
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de son entreprise. Les décideurs lui accorderont plus de confiance, le valoriseront pour le
transformer en exemple pour ses collègues, voire en symbole. Cette consécration se traduit en
By
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EXEMPLE
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$!
Une enseigne de voiture d’une grande renommée, réputée, entre autres, pour sa stabilité routière, a lancé sur le marché une
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nouvelle automobile. Malgré le sérieux de cette grande marque, deux ou trois accidents similaires se sont produits (ces voitures
ont fait des tonneaux sur la route). Il s’est avéré que les accidents sont provoqués à cause d’un problème technique. Cette
enseigne a donc décidé de contacter tous les clients qui ont acheté ce modèle et de les reprendre pour éviter d’éventuels autres
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accidents. Malgré cette crise, cette entreprise a augmenté son capital confiance.
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prévaloir ; il s’agit de réussir le challenge d’ouvrir le champ de la négociation à
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l’ensemble des acteurs (consommateurs et spectateurs compris) en les impliquant dans une
$!
réflexion stratégique ouvrant sur l’avenir. Ainsi, par eux-mêmes, ils découvriront des
océans bleus, où l’utilisation de l’objet de la négociation en cours sera soit un générateur
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En d’autres termes, la stratégie océan bleu recherche à engager les décisionnaires sur une
autre problématique que celle exigeant uniquement la sécurisation des avantages en place
ou la gestion de crise, si les difficultés atteignent un point où l’urgence est de s’en
extraire. En négociation responsable, le protocole d’accord co-construit entre les parties
prenantes permet aussi de se démarquer de la concurrence ; il devient démonstratif des
contributions réciproques qui mettent en scène les créations de valeur initiées par la
signature. Chaque partie prenante peut s’en emparer et la communiquer dans son réseau.
Dans cette optique de co-construction, les offres concurrentielles peuvent être neutralisées
par alliance, par compétition ou par rabaissement au rang de sous-traitant après
l’obtention de l’accord avec ses décideurs.
L’ESSENTIEL
Déclencher le closing est une véritable performance du négociateur, qui requiert
l’identification des signaux d’adhésion à l’offre. Il doit tenter l’accord direct et
appliquer un scénario alternatif face à un refus. Le négociateur responsable accompagne
la décision grâce à une mise en scène bien rôdée des options d’achat, de manière à
projeter son interlocuteur dans l’univers de l’offre et l’impliquer dans un happy end. La
performance sera évaluée tant sur des critères écologiques et sociétaux, qu’économiques
et sociaux.
Sa compétence réside dans sa capacité à :
repérer la nature des pulsions qui animent le décideur afin d’en faire un levier de
conclusion du processus d’achat ;
détecter les raisons du succès ou de l’échec de la négociation pour corriger et améliorer
sa prestation ;
gérer l’après-vente afin de fidéliser ses clients.
La perpétuelle innovation technologique et l’informatisation du marché rendent
indispensable la relation au client, même après l’acquisition de l’offre. Savoir entretenir
cette relation fait désormais partie du rôle du négociateur. Réussir cette « intrusion »
entre le client et les biens achetés participe à développer le capital confiance et à se
construire une bonne image.
Questions de réflexion
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1 ■ Comment défendre le résultat d’une négociation considérée comme un succès par les
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parties prenantes, mais dénoncée par le grand public ?
$!
2 ■ Une négociation menée dans le respect des règles de l’art et conduisant à un compromis
satisfaisant est-elle préférable à un échange partiel aboutissant à un résultat immédiat
4$
optimal ?
3 ■ Que faire lorsque l’accord sert davantage les intérêts personnels du négociateur que ceux
By
EXERCICES
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main sans créativité mais unifiés et sous label européen.
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40 agences doivent être rénovées totalement et bénéficier d’actions de sensibilisation sur les
$!
innovations prévues.
Une amélioration de l’accueil des clients, que se soit au comptoir ou dans un bureau
4$
Antoine Dove est très sensible aux conditions de travail de ses équipes, qui doivent toujours
être bien supérieures aux exigences légales.
Sa collaboratrice influente, Pascale, donnerait son âme au diable pour une technologie
nouvelle apporteuse de notoriété.
Sergio Brousso, le président du directoire, fait totale confiance à son DG. Son principal
critère d’achat en cours est le degré d’innovation des signes d’appartenance à la marque ABC,
qui doivent être multipliés et unifiés sur tous les sites régionaux de l’entreprise. Paris est
presque au niveau désiré par le président.
Theorie & Praxis a été consulté, car le groupe de conseil est reconnu pour sa capacité à offrir
des prestations clés en main qui mixent conception, réalisation et mise en main durable.
Jean Habermas, en négociateur responsable, s’apprête à proposer les 4 scenarii qui regroupent
les données disponibles et accompagnent ses clients dans la prise de décision.
Quelles sont ces quatre options d’achat que Habermas va proposer à Antoine et Pascale ?
Décrivez les 4 scenarii que Jean Habermas avancera comme cadre du closing dans lequel il
mobilisera des techniques de verrouillage et d’engagement :
un scénario de rejet servant à condenser l’agressivité et le stress inhérents à toute
prise de décision, qui possède une chance quasi nulle d’être acceptée et qui flatte
l’image des co-décideurs ;
un scénario haut de gamme respectant les priorités auxquelles ABC et son
président aspire ;
un scénario équilibré tant en prix qu’en apport d’innovations sociales et
technologiques ;
un scénario de guerre économique servant à neutraliser Junger & Junger.
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bouleversée par les modalités du contrat. |\/
Les experts, les conseillers, les consultants, les prescripteurs et chaque personne qui fait
$!
fonction de filtre pour accéder aux parties prenantes sont obnubilés par toute attaque contre
leur domaine d’expertise ou remettant en cause leur éthique et leur déontologie.
4$
Les utilisateurs ou les consommateurs résistent à toute idée de perdre un bénéfice produit ou
un avantage d’usage, que ce soit pour un nouveau produit ou un produit de remplacement.
By
Les spectateurs présentiels (ou à distance via Internet et les réseaux sociaux) de la
négociation colportent la rumeur négative dès qu’ils se sentent en situation de risque par la
signature de l’accord en cours.
Listez pour chaque acteur les valeurs substantielles et symboliques et les contreparties qui
peuvent être proposées lors du closing pour finaliser la négociation.
Notamment, quelles initiatives tentera-t-il dans le but de générer des prescripteurs autour de ce
premier contrat dans le secteur d’activité de l’architecture ?
CORRIGÉS
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7.1 Quatre scenarii pour emballer l’accord
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$!
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Le type d’agences en place sur Paris intra-muros sera celui qui sera étendu à
l’ensemble des territoires.
Le modèle organisationnel sera celui des grandes compagnies privées
d’assurances. Les clients urbains haut de gamme s’y sentiront à l’aise.
Les groupes de conseil et de formation managériale opérant sur les grandes
compagnies mondiales accompagneront le changement chez ABC expertise,
dont le président est issu.
L’approche budgétaire oscille actuellement entre 8,5 et 9 millions d’euros.
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effectifs des 40 agences complètement transformées pour limiter les risques
$!
psychosociaux à des seuils très bas, comme c’est le cas dans les 70 autres du
réseau. Deux innovations technologiques d’expertise technique des voitures,
4$
Les agences seront toutes simplifiées et les locaux, dans toutes les villes, seront
souvent déménagés au profit de surfaces plus réduites.
Le modèle sera celui des agences de loueurs automobiles en gare ferroviaire.
Les regroupements d’effectifs et les déménagements de site seront l’occasion
d’anticiper des départs à la retraite, ainsi que d’inciter à projeter certains profils
vers des trajectoires professionnelles passant vers d’autres entreprises. Le
turnover des nouveaux entrants permettra de sélectionner les collaborateurs
aptes à fonctionner immédiatement sous les nouvelles normes managériales.
Le budget est de 7,5 millions, négociable selon les offres concurrentes.
Il répétera les points forts de son argumentaire décliné en direction des parties
By
Ensuite, Sacha planifiera une réunion de service dans les locaux de sa cliente avec les
principaux utilisateurs ; il présentera alors la formation complète, qui sera à disposition des
collaborateurs, tout en réalisant un teasing sur l’intégralité des prestations offertes par la 3D
Strategis.
Sa directrice des ventes interviendra au cours de cette présentation, qui se clôturera par un
cocktail dînatoire. Un collègue senior de Sacha intervenant habituellement sur un secteur
d’activité autre que l’architecture viendra aussi soutenir l’animation de l’opération.
Les associés de Mme Pulcher seront conviés à cette fin de journée, de même que les partenaires
parisiens de M. Pasaroni.
À l’issue de cette opération, Sacha invitera Mme Pulcher et M. Pasaroni à un séminaire d’un
week-end que Moulagevit organisera pour la première fois autour du noyau dur d’architectes
présents au cocktail : le cabinet Theorie & Praxis interviendra pour actualiser les
connaissances sur l’utilisation de l’impression 3D, qui révolutionne complètement les corps de
métiers traditionnels du bâtiment. La veille technologique permettra de constater les avancées
rapides de cette innovation et ses implications possibles dans un cadre du développement
durable.
Sacha n’oubliera pas de décliner en interne, chez Moulagevit, tous les retours d’expérience de
cette prospection réussie devenant une source de prescription.
Avec modestie et humilité, il ne ratera aucune occasion de citer, succinctement, devant ses
pairs, les facteurs de succès de cette opération, qui dépendent de sa gestion et de la bonne tenue
de son rôle.
Le marketing de soi-même est devenu un facteur clé de la réussite professionnelle du
négociateur ; Sacha, aguerri autour des principes de la première et de la dernière impression,
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ne laisse donc pas cette figure imposée aux bons soins du hasard.
$!
Il se fait metteur en scène de son rôle de négociateur tant chez ses clients et prospects que
devant sa hiérarchie en s’appropriant les rituels de son entreprise pour les interpréter avec son
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style personnel.
By
[1] ll y a dissonance cognitive lorsque les faits sont en contradiction avec les croyances d’un individu. Ce décalage crée alors un
inconfort psychologique qu’il cherche à réduire (Léon Festinger, 1957) en niant la réalité pour conserver intact ses croyances ou en
modifiant sa vision du monde pour prendre en compte le réel.
Conclusion
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masquer ses sentiments et ses émotions, concéder un élément ayant peu de valeur pour soi mais qui
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en représente beaucoup pour autrui, moyennant une importante contrepartie. Lorsque la négociation
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est conduite de manière raisonnée, par les parties elles-mêmes ou avec l’aide d’un tiers médiateur,
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la priorité voire l’urgence ne consiste souvent qu’à sortir d’une situation conflictuelle ou à
consolider une relation de confiance déjà installée.
By
Or, les décisions ne sont plus exclusivement internes aux entreprises. Aucun échange ne peut se
tenir avec la certitude de rester sous le sceau du secret. Les échanges sont désormais dépendants
des évaluations de publics indirectement concernés en raison de :
l’arrivée d’une nouvelle génération rompue au partage de l’information via les réseaux
sociaux et à la mise en scène de son existence sous des ressorts ludiques ;
la démocratisation de technologies capables de surveiller et de traiter des masses
considérables de données ;
la sensibilité aux valeurs de l’humanitaire et de l’écologie (RSE) ;
l’émergence de lanceurs d’alertes déterminés.
Ces facteurs plaident pour une conception de la négociation plus responsable et plus transparente,
autant par intention stratégique et pragmatique que par ambition morale et éthique.
Ce droit de regard imposé par un contexte de globalisation doit tenir compte de tous les enjeux à
court, moyen et long terme et pas exclusivement des intérêts propres aux parties prenantes. En
négociation responsable, le bilan de l’action passée est le point de départ de l’action future. Ce
modèle repose sur l’implication d’un nombre significatif d’acteurs (incluant les opinions publiques)
dans un processus créatif de co-construction en leadership partagé, dont les résultats seront
communiqués par une mise en scène sophistiquée et spectaculaire.
Ces attitudes et ces savoir-faire ne sont pas innés. La négociation responsable s’enseigne et se
partage. Le négociateur doit agir comme un acteur qui joue un rôle devant un large public. Il doit
donner de multiples sens au processus de négociation car il doit rallier à sa cause une forte majorité
de spectateurs tout en neutralisant par ses interprétations variées ceux qui ne sont pas ses partisans.
Ce négociateur existe-t-il vraiment ? Le modèle de négociation responsable peut en effet sembler
à certains utopique ou prématuré. Que se passe-t-il si les autres acteurs refusent de jouer le jeu ?
Peut-on procéder à une négociation responsable en cas de crise ou de conflit ? Est-elle efficace en
cas de dissymétrie des rapports de pouvoir ? Comment le négociateur peut-il intégrer et valoriser
l’ensemble des parties prenantes ? Jusqu’où peut-il être en identification ou au contraire en
distanciation par rapport aux acteurs et aux objets de la négociation ? A-t-il l’ambition de faire
modèle ?
Comme pour la négociation classique ou la négociation raisonnée, le modèle de la négociation
responsable n’est pleinement efficace que dans certaines situations. Les conditions nécessaires à
son application ont trait au pouvoir, au devoir, au savoir et au vouloir du négociateur (Coquet,
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1976). Ces quatre mots conditionnent fortement son autonomie, sa légitimité et ses capacités
$!
d’influence. Il lui faut en effet :
pouvoir (c’est-à-dire avoir la permission et la possibilité de) partager les leaderships et gérer
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les transitions ;
devoir élaborer une solution défendable publiquement sous peine d’être décrédibilisé ;
savoir mobiliser les parties prenantes pour co-construire une solution, sachant qu’en l’absence
By
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négociateur, qui endosse, tel un costume scénique, les singularités attendues par les followers.
Notre époque moderne est marquée par la cohabitation de différents types de leaders : aristocrate,
scientifique, communicateur et animateur, charismatique, transformationnel, authentique. Le
troisième millénaire voit poindre dans les représentations sociales un type de leader artistique ne
négociant plus dans les situations à fort enjeu sans appliquer le modèle de la négociation
responsable. Le négociateur « artiste » est un promoteur de modalités de production durable.
Bibliographie
AKERLOF G.A., « The market for “lemons”: quality uncertainty and the market mechanism », in The
Quarterly Journal of Economics, 1970, Vol. 84, no 3, p. 488.
ALTSHULLER G., Et soudain apparut l’inventeur, A. Seredinski, Poitiers (85 rue de Quinçay,
86000), 2002.
ASCH S.E., « Forming impressions of personality », in The Journal of Abnormal and Social
Psychology, 1946, Vol. 41, no 3, pp. 258-290.
AUDEBERT-LASROCHAS P., « Comment différencier négociation et vente », in Revue française de
gestion : hommes et techniques, 2004.
BARBIER J.-Y., « Le cas des vendeurs adaptatifs dans le secteur automobile », in Négociations,
2011, Vol. 15, no 1, p. 47.
|
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ZARTMAN I.W., The Negotiation process: theories and applications, Sage Publications, Beverly
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Index
A
accord direct [1]
accord [1], [2]
achat nouveau [1]
acheteurs [1]
affirmation de soi [1]
amorçage [1]
ancrage [1]
approche distributive [1]
|
approche dyadique [1]
approche intégrative [1]
|\/
$!
après-vente [1]
4$
argumentaire [1]
argumentation [1], [2]
By
B
besoins [1]
biais cognitifs [1]
bilan [1]
C
centre d’achat [1], [2]
centre de décision [1]
closing [1]
communication narrative [1]
communication non verbale [1], [2]
communication verbale [1]
comportement non verbal [1]
concession [1]
conciliation [1]
conclusion [1]
confiance [1]
conflits [1]
confrontation [1]
conquérant [1], [2]
consommateur [1]
consultation [1]
contexte [1], [2], [3]
contre-don [1]
contrepartie [1], [2]
|
crédibilité [1] |\/
$!
D
4$
décideurs [1]
By
découverte [1]
dernière impression [1]
dernière offre [1]
dilemme du prisonnier [1]
DISC [1]
distance [1]
distanciation [1], [2], [3]
don [1]
E
échec [1], [2]
écoute active [1]
effet de cadrage [1]
effet de halo [1]
élargissement [1]
éléments de langage [1], [2]
émotions [1]
enjeux [1]
ethos [1], [2], [3]
explorateur [1], [2]
F
faux pivot [1]
figures de styles [1]
G
gestion des impressions [1]
globalisation [1]
|
|\/
$!
I
4$
identification [1]
influence [1], [2]
By
J
juge [1], [2]
L
leurre [1]
ligne d’objectifs [1]
lobbying [1]
logos [1], [2], [3]
M
manipulation [1], [2], [3]
marchandage [1]
mauvaise foi [1]
meilleure solution de rechange [1]
MESORE (BATNA) [1]
méta-négociation [1]
méthode AIDA [1]
N
négociation classique [1], [2]
négociation commerciale [1], [2]
négociation en groupe [1]
négociation intégrative [1]
négociation interculturelle [1]
négociation raisonnée [1], [2], [3]
négociation responsable [1]
négociations complexe [1]
|
neutralité bienveillante [1] |\/
$!
O
4$
objectifs [1]
By
P
paquet [1]
passage en force [1]
pathos [1], [2], [3]
personnalisation [1]
persuasion knowledge model [1]
persuasion [1]
plan d’action commercial (PAC) [1]
point d’aspiration [1]
point de réserve [1]
point de rupture simulé [1]
point de rupture [1]
points d’appui [1]
porte au nez [1]
position affichée initiale [1], [2]
position réaliste attendue [1]
pouvoir [1]
première impression [1], [2], [3]
préparation mentale [1]
préparation physique [1]
préparation [1]
prescripteurs [1]
preuves [1]
|
prix [1] |\/
$!
promesse [1]
4$
proxémie [1]
proxémique [1]
By
pulsions [1]
pyramide inversée [1]
Q
questionnement [1], [2], [3]
R
rachat à l’identique [1]
rachat modifié [1]
rapports de confiance [1]
rapports de pouvoir [1]
rationalité limitée [1]
reformulation [1]
relance [1]
relation [1]
résumé-diagnostic [1]
rhétorique [1], [2]
S
salami [1]
scénario [1], [2]
scenario [1]
séduction [1]
signaux d’achat [1]
SONCAS [1]
storytelling [1]
stratégie défensive [1]
stratégie distributive [1]
|
stratégie gagnant-gagnant [1] |\/
$!
stratégie intégrative [1]
4$
stratégie [1]
stratégies génériques de négociation [1]
By
T
théorie des jeux [1], [2]
triangle rhétorique [1]
trois marches [1]
types de négociateur [1]
U
utilisateurs [1]
V
vente adaptative [1]
vente émotionnelle [1]
vente relationnelle [1], [2]
vente transactionnelle [1]
vente [1]
Z
zone d’accord possible [1]
|
|\/
$!
4$
By