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Revue française d'économie

« Entrepreneurship » et développement : un aperçu des différentes


approches
Yong He

Citer ce document / Cite this document :

He Yong. « Entrepreneurship » et développement : un aperçu des différentes approches. In: Revue française d'économie,
volume 9, n°1, 1994. pp. 183-204;

doi : https://doi.org/10.3406/rfeco.1994.949

https://www.persee.fr/doc/rfeco_0769-0479_1994_num_9_1_949

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Abstract
This article revisits the concept of National Systems of already developped in the journal in Winter
1992 with coauthors Michael Crow and Saviotti. The question is why economic agents and groups of
differ in the way they conduct technological change, despite the fact socio-economical systems are
singly open and that everybody in world can benefit from the access to science and technology.
consider that we can answer question only through the shift individuals or collective agents institutions.
The global interdépendance of National Systems of Innovation provide an insight view of specificity of
apprenticeship of creation and diffusion of technology. The concept explain why the and much
heralded movement of globalization is still of a relative importance compared to the domestic specific
innovativeness capacities.

Résumé
A travers une synthèse critique des différentes approches de «l 'entrepreneurship» dans le contexte de
leur implication sur l'économie du développement, nous montrons que les approches traitant
l'entrepreneur comme un être humain extraordinaire semblent moins pertinentes pour expliquer
l'émergence de l'entrepreneur dans les pays en voie de développement. Aussi dans ces pays, cette
émergence est en général un phénomène collectif qui dépend des conditions socio-culturelles et
macroéconomiques. Enfin, pour encourager l'émergence de l'entrepreneur et pour orienter son talent
dans les activités productives plutôt que dans les recherches des rentes, une bonne définition des
règles du jeu, c'est-à- dire des institutions semble capitale.
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184 Yong He

ment considérable. Il serait donc utile d'en faire une


synthèse analytique. L'originalité de notre présentation
consiste à les résumer en plusieurs approches pour
l'économie du développement.
Nous examinerons, tout d'abord, les possibilités
d'insérer l'entrepreneur dans le cadre conceptuel de la
science économique et l'implication de cette insertion sur
l'économie du développement. Ensuite, nous
présenterons trois approches : l'approche psychologique,
l'approche du capital humain et l'approche dite «sociétale»
sur la formation de l'entrepreneur. Enfin, avant de
conclure, nous introduirons l'approche institutionnelle
qui traite de la relation entre l'entrepreneur et l'État.

«Entrepreneurship» dans

l'économie du développement

Absence
la théoriede
néoclassique
l'entrepreneur dans

Après la première utilisation par l'économiste français


J.B. Say en 1803, « entrepreneur» est devenu un terme très
répandu dans la littérature économique. Pourtant
l'entrepreneur n'a pas sa place dans le cadre de l'équilibre
général. Comme l'a bien montré Baumol [1968], dans un
modèle de firme, cette dernière choisit parmi des
variables bien définies : les prix et les quantités en
calculant les coûts et les revenus associés à chaque série
de valeurs. Le manager ne se sert que d'une simple
calculatrice qui réagit mécaniquement aux changements
Yong He 185

qui lui sont imposés en égalisant le coût marginal au prix


de chaque produit. «Le modèle est essentiellement un
instrument de l'analyse optimale concernant les
problèmes bien définis. Ce sont précisément ces problèmes,
même s'ils existent réellement et même s'ils sont
importants, qui n'exigent pas le concours de l'entrepreneur
pour leurs solutions. » Baumol a souligné que même si on
dynamise le modèle, dans la mesure où les solutions
peuvent être trouvées par les calculs de probabilité,
l'entrepreneur n'a pas non plus de rôle à jouer.

Possibilité de l'introduction de l'entrepreneur

L'approche de «market process»1 conteste la théorie


néoclassique dans sa vision de l'équilibre en soulignant
que si l'on considère le marché comme un processus vers
l'équilibre, et non pas comme un état d'équilibre, le rôle
de l'entrepreneur devient essentiel. L'entrepreneur, au
lieu d'adapter passivement les paramètres du système du
marché, cherche à découvrir les vraies valeurs des biens
et l'équilibre n'est que le résultat de leurs interactions.
Dans cet esprit, plusieurs facteurs (certains sont
développés depuis plus d'un demi-siècle) peuvent s'introduire
dans le cadre théorique, ce qui justifie le rôle de
l'entrepreneur.

Innovation

La thèse la plus connue est celle de Schumpeter [1934].


Pour lui, la fonction de l'entrepreneur est l'innovation,
définie approximativement comme l'introduction de
nouvelles méthodes, de nouveaux produits, de nouvelles
186 Yong He

sources d'approvisionnement, et de nouvelles formes


d'organisations industrielles, etc. L'entrepreneur est à la
recherche d'une position de monopole et de profits. Par
conséquent, au lieu d'établir un état d'équilibre, il se
comporte de manière à «basculer l'état d'équilibre déjà
existant». Il s'agit d'un processus de «destruction
créative».

Incertitude

La distinction de Knight [1921] entre le risque et


l'incertitude a été souvent utilisée pour justifier le rôle de
l'entrepreneur. Pour lui, le premier est estimable en
utilisant le calcul de probabilité sur la base des
expériences du passé. Par contre, le profit est attribué au seul
type de risques qui n'est pas susceptible d'être évalué. Il
a appelé ce type de risque, complètement imprévisible,
l'incertitude. «Lorsque l'incertitude est absente, il semble
que tous les réajustements organiques deviendraient
mécaniques et tous organismes automatiques.»
«L'entreprise elle-même peut être de nature d'un jeu, dépendant
d'une grande proportion de facteurs imprévisibles»
(p. 275). Dans ce cas, une sorte de spécialisation s'impose.
Les gens possédant une bonne capacité de jugement,
confiants et aventureux, occuperont une place de
direction.

Défaillance du marché

Dans la théorie de la concurrence parfaite, l'information


est supposée parfaite, les coûts de transaction sont nuls,
Yong He 187

et X-inefficacité est absente. Cependant, l'abandon de


l'une de ces hypothèses exige l'introduction de
l'entrepreneur.

— Imperfection de l'information et coûts de transaction


Casson [1982] considère l'entrepreneur comme une
personne spécialisée dans les jugements sur la coordination
des ressources rares et possédant une capacité de
jugement supérieure aux autres. Les décisions des gens
peuvent être différentes de par leur différence au niveau
d'accès aux informations. Un entrepreneur est plus
confiant en ses décisions parce qu'il croit posséder des
informations pertinentes qui ne sont pas disponibles aux
autres. Mais le coût élevé de l'utilisation de l'information
dans les marchés conduit l'entrepreneur à internaliser
l'exploitation des informations sur la base desquelles il
exerce son jugement supérieur, c'est-à-dire à créer
l'entreprise.
L'approche de Casson se situe tout à fait dans la
logique du courant autrichien (voir Hayek [1937]), selon
laquelle le rôle de l'entrepreneur est lié à la possession
d'informations. Parce que l'information est rare,
différents individus peuvent avoir différentes appréciations.
Celui qui exploite le premier une information nouvelle
en tirera des profits. Par exemple, il prévoit
l'augmentation du prix d'une certaine ressource et fait
l'acquisition. Si cette prévision est correcte, il sera dans la position
de monopoleur temporaire. Lorsque tout le monde
connaît la vraie valeur de cette information, le profit
disparaît.

— X-inefficacité
Leibenstein [1968] a étendu sa théorie de X-efficacité en
188 Yong He

montrant que le rôle de l'entrepreneur consiste à


surmonter la X-inefficacité. Il a jugé que «il n'y a pas de
correspondance point par point entre les séries d'input et
d'output» pour trois raisons : 1. les contrats de travail
sont incomplets ; 2. les fonctions de production ne sont pas
complètement spécifiées ou connues ; 3. tous les facteurs
de production ne peuvent être trouvés dans les marchés.
Une des plus importantes capacités d'un entrepreneur
consiste à obtenir et à utiliser ces facteurs de production.
L'entrepreneur joue donc un rôle de «gap-filling» ou
d'« input compléter».

Implication pour l'économie du développement

Nous avons présenté plusieurs possibilités d'introduire


l'entrepreneur dans un cadre micro-économique. Ces
possibilités sont plus présentes dans une économie en voie
de développement. Un esprit innovateur est d'autant plus
nécessaire que les marchés ne sont pas encore bien
formés. La dominance de l'incertitude du fait de l'absence
de marchés financiers exige des gens capables de prendre
plus de risques. Aussi rencontre- t-on plus fréquemment
le problème de la défaillance des marchés (sur ces points,
voir entre autres, Leibenstein [1968], Leff [1979]).
S'il y a très peu de divergence quant à
l'importance du rôle de l'entrepreneur dans l'économie du
développement, il semble qu'il existe différentes
approches qui répondent aux questions suivantes : Qui
devient entrepreneur ? Quels sont les facteurs qui
déterminent la formation de l'entrepreneur? Comment aider
cette formation?
Yong He 189

Formation de l'entrepreneur

Approche psychologique

La vision de Schumpeter sur l'entrepreneur [1934] peut


être indéniablement classée dans cette approche. Pour
lui, l'entrepreneur a pour motivation la réussite
personnelle qui dépasse largement l'objectif de la maximisation
du profit. C'est une «volonté de conquête, de combat, et
d'être supérieur aux autres». C'est la «joie de créer et le
goût du travail bien fait ou simplement le plaisir
d'exercer son énergie et son ingéniosité» (p. 93). C'est un
rêve de construire un «royaume privé», même une
«dynastie». Santarelli et Pesciarelli [1990] ont souligné
une similarité entre l'entrepreneur de Schumpeter qui
dépasse la logique de la rationalité ordinaire et le
«superman» de Nietzsche qui vise les «plus grands
horizons» (higher ends).
Ce point de vue a suscité beaucoup d'études
empiriques. En étudiant les origines d'un certain nombre
d'entrepreneurs américains, Sarachek [1978] a trouvé
qu'à l'exception de ceux qui sont nés dans des familles
d'hommes d'affaire, ils ont souvent eu une enfance
pauvre et douloureuse, et ont donc une grande
motivation de changer leur situation. C'est ce qu'on appelle le
mythe «rags-to-riches». Miner, Smith et Bracker [1989]
ont prouvé que la motivation au travail constitue un
facteur important qui distingue les entrepreneurs et les
non-entrepreneurs. Singh [1989] a montré que la
croissance des petites entreprises est positivement liée aux
caractéristiques personnelles, surtout les valeurs de
travail et les styles de vie de leurs patrons.
190 Yong He

Ce point de vue est considéré par Leibenstein


[1987] comme une vision romantique de l'entrepreneur
qui traite celui-ci comme un « super-héros » possédant des
qualités extraordinaires. Pour nous, cela soulève une
problématique méthodologique intéressante.
Dans une approche typiquement néoclassique, par
exemple dans un système Walrasien, les agents
économiques sont atomiques en ce sens que l'équilibre est issu des
interactions de tout le monde. Cette approche implique
donc l'impersonnalité et l'anonymat en ce sens que
personne n'a une influence plus grande que les autres sur
le résultat final. Plus précisément personne ne compte plus
que les autres. Par contre, l'approche psychologique,
(l'approche «market process» également), distingue
nettement une classe de joueurs : les entrepreneurs, c'est-
à-dire une classe d'hommes psychologiquement
supérieurs aux autres. Dans le fond, elle juge que ce sont eux
qui jouent un rôle de meneurs dans le processus du marché,
alors que les autres, la grande majorité, ne peuvent que
les suivre.
Philosophiquement parlant, il est inutile de dire
que les deux approches se justifient. Sans entrer dans un
débat réservé aux philosophes, nous jugeons que
l'approche néoclassique est plus applicable dans une
économie du développement.
D'abord, l'approche psychologique ignore
l'importance du rôle de l'entrepreneur en tant qu'imitateur.
Baumol [1990] et Schmitz [1989] ont insisté sur le fait que
l'imitation joue un rôle plus important que l'innovation
à proprement parler dans le progrès de l'humanité. En ce
sens, tout le monde peut être un imitateur, donc un
entrepreneur.
Il est certain que dans la vie économique, il y a
Yong He 191

quelques génies qui réalisent de grandes découvertes


modifiant considérablement le rapport entre l'offre et la
demande, mais plus souvent ce sont les actions de la
plupart des gens qui réalisent un changement
fondamental. L'exemple donné par Leibeinstein [1987] est
significatif, si 2 % des entrepreneurs arrivent à 25 % de
réduction des coûts de leurs productions alors que 98 %
des entrepreneurs n'arrivent qu'à les réduire de 3 %, ces
derniers auront une contribution beaucoup plus
importante que les premiers sur la totalité des résultats.
Ensuite, l'approche psychologique juge
l'entrepreneur comme un être humain possédant une supériorité
absolue. Dans la réalité, la supériorité relative explique
mieux l'émergence de l'entrepreneur. L'exemple le plus
significatif est la formation des entrepreneurs ruraux en
Chine. Selon les critères de Schumpeter, les paysans
chinois sont certainement inférieurs aux citadins.
Pourtant depuis 15 ans, ce sont eux qui créent les miracles
économiques2. Deux explications sont possibles : il suffit
à un paysan d'avoir une capacité relativement supérieure
au niveau moyen des autres habitants de son village pour
devenir un entrepreneur; dans un marché où l'offre est
largement inférieure à la demande, il est facile de trouver
des opportunités et de réaliser un profit. Par conséquent,
les entrepreneurs du type Schumpeterien ou Knightien ne
sont pas vraiment indispensables pour réussir les affaires.
Ce qui se passe en Chine semble être identique à ce qui
se passe dans beaucoup d'autres pays asiatiques et dans
une partie des pays africains.
Enfin, ce qui semble justifier l'approche
psychologique, c'est que dans certains pays asiatiques et dans la
plupart des pays africains, les affaires économiques sont
en général menées par un groupe minoritaire de grands
192 Yong He

entrepreneurs et la formation des petits entrepreneurs est


beaucoup plus difficile3. Cet état de fait nous paraît
s'expliquer par l'intervention de l'État et les coûts de
transaction des marchés. On observe que lorsque
l'ingérence de l'État est excessive et que le fonctionnement des
marchés est difficile, le rôle des grands entrepreneurs
tend à être plus important. Dans ce cas, les entrepreneurs
ont souvent besoin d'une liaison étroite avec les pouvoirs
politiques ou de l'appui des capitalistes étrangers4. Par
contre, dans un pays où l'État poursuit une politique de
«laisser-faire» et où il y a moins d'obstacles physiques et
institutionnels dans les transactions des marchés, le rôle
des petits et moyens entrepreneurs tend à être plus
important. 5

Approche du capital humain

L'approche du capital humain repose sur l'idée que la


capacité de l'entrepreneur s'obtient grâce à la formation
et ne dépend pas du génie, comme le prétend l'approche
psychologique.
Schultz [1980] juge que la capacité entrepreneu-
riale est un capital humain qui peut être créé par
l'éducation formelle. On peut donc investir pour le
développer. Leibenstein [1987] affirme aussi que par
entraînement et par formation, on peut augmenter
l'input entrepreneurial indispensable à la croissance.
Elkan [1988] constate que d'une manière
générale, les hommes d'affaires africains savent bien gérer les
petites entreprises mais ne disposent pas de compétence
en matière d'organisation pour en exploiter de plus
grandes. En d'autres termes, le manque d'éducation
Yong He 193

formelle constitue une contrainte au développement


d'une classe d'entrepreneurs.
D'autres insistent sur l'importance de
l'apprentissage (learning by doing) dans la formation de la capacité
entrepreneuriale. Selon une enquête de Lentz et Laband
[1990], sur 1805 hommes d'affaire américains, la moitié
appartiennent à la deuxième génération et ont acquis
leur savoir-faire dans les entreprises de leurs parents.
Autrement dit, l'acquisition du talent entrepreneurial se
fait autant par l'apprentissage que par l'éducation
formelle.
Dans le contexte des pays en voie de
développement, le problème de l'élasticité de l'offre
entrepreneuriale s'est posé du fait du manque d'éducation. Pour
certains, les pays en développement sont condamnés par
le manque d'entrepreneurs. Leff [1979] conteste ce
jugement en soulignant que la croissance des pays en voie
de développement n'est pas inférieure à celle des pays
industrialisés; par contre pour Kilby [1983], si l'on
mesure par le taux de croissance des revenus par tête, mis
à part pour certains pays asiatiques, on peut
effectivement soutenir ce jugement.
L'approche du capital humain est pertinente dans
la mesure où un niveau moyen d'éducation élevé de la
population favorise la formation de classe
d'entrepreneurs et où le problème du niveau d'éducation des
entrepreneurs s'impose lorsque leurs entreprises
s'agrandissent et augmentent leur technologie.
Cependant, cette approche semble critiquable à
deux niveaux. Premièrement, elle ne rend toujours pas
compte de l'importance du niveau relatif de la capacité
entrepreneuriale. Comme nous l'avons montré, les
entrepreneurs ruraux chinois ont une formation en moyenne
194 Yong He

moins élevée que les citadins, mais cela n'empêche pas


leur succès entrepreneurial. Deuxièmement,
l'importance du niveau de l'éducation d'un entrepreneur peut
être relativisée par le fait que, lorsque son entreprise croît
et augmente sa technologie, elle peut embaucher des
managers mieux formés et spécialisés dans son équipe de
décision. C'est ce qui se passe dans beaucoup
d'entreprises asiatiques gérées par des entrepreneurs d'origine
chinoise.

Approche «sociétale»

A la différence de l'approche psychologique qui est par


méthodologie individualiste, l'approche dit «sociétale»
insiste sur l'importance des conditions socio-culturelles
et macro-économiques dans la formation de
l'entrepreneur.

Conditions socio-culturelles

Weber [1930] est l'un des précurseurs les plus connus de


cette approche. Pour lui, la formation des entrepreneurs
occidentaux est étroitement liée à l'esprit du protestant.
Dans la sociologie moderne, les interactions entre
l'économie et l'organisation sociale ont été beaucoup étudiées.
Blau [1964] considère que l'échange sur la base de la
confiance est un mécanisme aussi fondamental que
l'échange sur la base du contrat pour une société. Pour
Coleman [1988], certains facteurs sociologiques tels que
l'obligation et les normes sociales sont des composants du
capital social qui renforcent les organisations
économiques.
Yong He 195

On trouve des démarches analogues dans les


études sur la formation des entrepreneurs orientaux. On
montre que les structures sociales : la famille, les réseaux
et les ethnies s 'appuyant sur le Confucianisme renforce
l'efficacité des organisations économiques : le business,
les coopérations, etc. (voir Redding [1990]). Pour Wu
[1983], l'origine Confucianiste des entrepreneurs chinois
influence profondément leur comportement dans les
affaires : une production élevée de l'épargne et de
l'investissement; un désir fort de fournir à leurs enfants
une bonne éducation avant d'entrer dans les affaires; un
sens aigu de la fidélité et l'obligation mutuelle au sein des
familles chinoises «élargies» qui explique l'utilisation des
crédits mutuels de façon extensive.

Environnement économique

Certaines études privilégient la dépendance de


l'émergence de l'entrepreneur à l'environnement économique,
plutôt qu'à leurs capacités et aux efforts individuels.
Highfîeld et Smiley [1987] ont justifié l'hypothèse
selon laquelle certains facteurs macro-économiques :
surtout la diminution du taux de croissance et
l'augmentation du taux de chômage favorisent l'augmentation de
la création des entreprises. Cette corrélation entre la
création des entreprises et le chômage a aussi été vérifiée
par Storey et Jones [1987]. Ils affirment que, plutôt que
de poursuivre le profit (l'interprétation traditionnelle de
la motivation de l'entrepreneur), on s'auto-emploie
souvent parce qu'il est difficile de trouver un emploi dans
le marché du travail.
Pour O'Farrel et Crouchley [1983], la création des
entreprises dépend des conditions liées à la structure des
196 Yong He

marchés et aux spécificités régionales. Les régions moins


développées favorisent la création de nouvelles firmes,
parce que les entrepreneurs y ont davantage la possibilité
de jouer le rôle d'adaptateur et d'imitateur. Johnson et
Cathgart [1979] ont montré également qu'un
environnement favorable aux petites entreprises est plus adapté à
l'émergence de l'entrepreneur.
Dans son étude sur l'Italie, Brusco [1982] a
montré que l'émergence de l'entrepreneur est davantage
favorisée dans le secteur qu'il intitule «secondaire» que
dans le secteur «premier». Le secteur secondaire est
caractérisé par la demande de produits, plus variée et
segmentée, et par sa structure des marchés du travail plus
souple (ex. un niveau de la syndicalisation moins élevé).
Il y a aussi de nombreuses études sur la création
des entreprises par des immigrants dans les pays
industrialisés. Hoffman et Marger [1991] ont montré qu'aux
États-Unis, il y a une différence dans la création des
entreprises selon les immigrants de différentes origines.
Pour Timothy [1989], l'influence la plus importante sur
l'émergence des petites entreprises immigrantes est la
taille de la demande des marchés et l'offre de l'industrie.
Du côté de la demande, la taille du marché ethnique,
l'intensité de travail, l'instabilité de la demande, la
segmentation des marchés jouent un rôle important. Du
côté de l'offre : l'obstacle de la langue, la difficulté
d'entrer dans le marché du travail sont plus importants.
Evans [1989] a résumé ces facteurs en deux hypothèses :
taille du groupe d'immigrants : plus elle est grande, plus
il est facile aux entreprises de s'établir; niveau
d'isolation : plus nombreux sont les immigrés qui ne connaissent
pas la langue du pays d'accueil, plus facile sera
l'établissement des entreprises. En étudiant les entrepreneurs
Yong He 197

noirs dans 52 régions métropolitaines des États-Unis,


Boyd [1991] a confirmé ces hypothèses. Tous les facteurs
que nous avons évoqués ont été généralisés par Waldin-
ger [1986] dans sa théorie de l'entreprise immigrante.
En résumé, l'approche «sociétale» de la
formation de l'entrepreneur insiste sur l'aspect collectif de
l'émergence de l'entrepreneur. En d'autres termes, la
formation de l'entrepreneur n'est pas un phénomène isolé
et individuel. Par conséquent, l'émergence de
l'entrepreneur s'est faite par groupe. La formation de
l'entrepreneur dépend des conditions socio-économiques. La
structure socio-économique réprime ou favorise un groupe
d'entrepreneurs, non pas quelques entrepreneurs6. Cette
approche semble très pertinente surtout pour expliquer
le succès économique des pays d'Extrême-Orient.

Entrepreneurs et l'État :

l'approche institutionnelle

Si
conditions
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«institutionnelle»
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sont
les
un
de
et
198 Yong He

gains d'activités, les entrepreneurs allouent leur talent


dans des domaines plus profitables. Dans une étude
récente [1990], il montre que si le niveau de l'offre
entrepreneuriale varie entre les pays, les activités entre-
preneuriales varient davantage à cause de l'allocation des
ressources entrepreneuriales entre les activités
productives et les activités à la recherche des rentes (rent-
seeking). Tout dépend des règles des jeux qui
déterminent les paiements relatifs obtenus entre différentes
activités. De ce point de vue, une bonne définition
institutionnelle (les systèmes d'incitation, les définitions
des droits de propriété, l'accessibilité des informations)
devient essentielle. Ce problème a été formalisé par
Murphy, Shleifer et Vishny [1991] sous forme de
l'allocation du talent.
Du point de vue institutionnel, un autre problème
non moins important consiste à déterminer comment les
institutions laissent et garantissent la liberté de choix de
tous. Dans le contexte du développement, les opinions
sont partagées. Pour certains, le fait que les agents privés
ne sont pas capables ou n'ont pas de motivation à créer
une entreprise est une raison suffisante pour laquelle
l'État doit se substituer aux individus et jouer lui-même
le rôle de l'entrepreneur (Levy [1988]). Pour d'autres,
cette substitution a une conséquence plutôt néfaste. Une
récente étude de Marsden [1990] montre que dans les pays
africains, par crainte de l'absence d'entrepreneurs, tout
le monde estime que l'État doit assumer ce rôle. Pourtant,
malgré les contraintes financières, fiscales et matérielles,
les entrepreneurs africains sont en train de grandir et de
jouer un rôle de plus en plus important dans le
développement. Cela suggère que si leurs activités sont
encouragées, au lieu d'être réprimées par l'État, la perfor-
Yong He 199

mance des petites et moyennes entreprises s'améliorera


davantage. Pour Elkan [1988], les conditions de
fonctionnement des entreprises dépendent en grande partie de la
politique du gouvernement. Dans les pays où l'ingérence
de l'Etat est excessive, les possibilités de créations
d'entreprises sont limitées. En Afrique, une grande partie
des activités économiques sont aux mains des entreprises
para-étatiques ou font l'objet de contrôles et exigent des
licences. Tous les gouvernements africains n'ont pas la
même attitude à l'égard des entreprises privées. Certains,
tels que le Ghana et la Tanzanie, ont découragé
délibérément l'émergence du capitalisme privé. Dans les autres
pays, comme le Kenya et le Nigeria, l'entreprise privée
continue à jouer un rôle important.
Il y a un troisième problème soulevé par l'approche
institutionnelle qui nous paraît intéressant. Dans la
mesure où le risque des activités entrepreneuriales est
assumé par les individus, alors que leur succès bénéficie
à toute la société, il existe bel et bien un aspect typique
du bien collectif de ces activités. Dans ce cas, l'État doit-
il leur fournir dans une certaine mesure une assurance en
cas d'échec afin de les encourager? Cette nécessité de
l'assurance provient aussi de la nature spécifique des
activités entrepreneuriales7. Tout comme en cas de
succès les entrepreneurs ne prennent pas tous les
bénéfices, en cas d'échec, ils ne peuvent pas non plus
assumer toute la responsabilité. L'État semble devoir
institutionnaliser les mesures pour protéger toutes les initiatives
entrepreneuriales surtout en cas d'échec. En suivant ce
raisonnement, on peut penser que le problème consiste à
trouver un niveau optimal de l'assurance, car si cette
assurance couvre la totalité des risques, l'effet
d'incitation disparaît complètement.
200 Yong He

L'approche institutionnelle de l'entrepreneur a une


signification particulièrement importante pour
l'économie du développement. Le phénomène du
sous-développement s'explique largement par l'absence des
institutions efficaces permettant aux gens de sortir des conflits
dans la recherche des rentes. Grâce au renforcement des
droits de propriété, à la réduction des coûts de transaction
dans les marchés, à la garantie des choix des individus
dans leurs activités économiques, certains pays ont pu
sortir ou sont en train de sortir de la pauvreté, alors que
pour la plupart des pays en voie de développement, il y
a encore un grand effort à faire.

Cette synthèse des différentes approches


concernant l'entrepreneur amène trois remarques : les
approches traitant l'entrepreneur comme un être humain
extraordinaire semblent moins pertinentes pour
expliquer l'émergence de l'entrepreneur dans les pays en voie
de développement, dans ces pays, l'émergence de
l'entrepreneur est en général un phénomène collectif qui dépend
des conditions socio-culturelles et macro-économiques,
afin d'encourager l'émergence de l'entrepreneur et
d'orienter son talent dans les activités productives plutôt
que redistributives, une bonne définition des règles du
jeu, c'est-à-dire des institutions semble capitale.

Grand remerciement à mon atniJ.R. Chaponnière pour tout ce que je lui dois dans cette étude.
Je remercie également P. Judet, J.C. Simon et A. Valette pour leurs critiques et leurs
suggestions, et]. Larger pour sa contribution à l'amélioration du texte.
Yong He 201

Notes

1. Voir notamment Kizner [1973]. fonctionnaires très instruits se sont


Voir aussi Ikeda [1990] dans un aussi transformés en hommes
contexte comparatif sur la théorie de d'affaires à temps partiel.
«market process» et plusieurs 5. Par exemple, le succès de
approches similaires. l'économie rurale en Chine s'explique par le
2. Si en 1978, la valeur brute de fait que, depuis 15 ans, le
production des entreprises rurales n'a gouvernement a totalement levé les contraintes
représenté que 35,3 % de la institutionnelles dans les régions
production agricole et 9 % de la valeur brute rurales. Dans l'histoire de la Chine,
de la production sociale, en 1990, ces les réseaux d'échange entre les
mêmes pourcentages sont devenus villages étaient déjà très développés.
110,4 % et 27,9 %. Plus spectaculaire Sous le contrôle de l'État
encore, entre 1990 et 1992, la valeur bureaucratique féodal, ces réseaux n'ont pas pu
brute de production des entreprises se développer en marchés régionaux
rurales a presque doublé, passant de et nationaux. A l'époque de Mao,
846 à 1 650 milliards de yuans (Business cette situation demeurait telle.
weekly le 7 mars 1993). On peut Depuis 1978, Deng Xiaoping a
estimer qu'actuellement, les entreprises simplement levé ce contrôle. Comme il
rurales assurent au moins un tiers de l'a dit: «Le plus grand succès que
la production non-agricole nationale. nous n'avons pas du tout prévu est
Elles emploient environ 100 millions le développement des entreprises
de travailleurs, soit 22,6 % des rurales. Tout à coup apparaissent
travailleurs ruraux (Journal des d'innombrables petits producteurs,
entreprises rurales le 15 janvier 1993). des marchés et des exploitations
3. Selon la Banque Mondiale [1989, diversifiées. Si le Centre du Parti a un
p. 163], «en dehors du secteur peu contribué à ce succès, c'est qu'il
informel, les petites et moyennes a établi une politique de libéralisme »
entreprises sont rares. Ce manque (Le Quotidien de la Libération
d'entreprises capables de faire la jonction Qiefang Ribao], le 13 décembre 1992).
entre les technologies importées et 6. Sur ce point, il est aussi intéressant
locales — c'est-à-dire le "maillon de prendre l'argument de Etzioni
manquant " — est l'un des principaux [1987] sur la légitimation sociale et
obstacles au développement de institutionnelle de l'entrepreneur.
l'Afrique». Pour lui, l'entrepreneur a une
4. Selon Elkan [1988], d'après une fonction sociale qui dépasse largement les
enquête menée en 1975 auprès d'une attributs individuels. La hauteur du
centaine d'entreprises industrielles du changement que les entrepreneurs
Nigeria parmi les plus grandes, 68 % apportent à la société reflète le niveau
avaient été fondées par d'anciens de légitimité que la société leur
employés étrangers d'entreprises. attribue. Plus ce changement est grand,
Beaucoup d'hommes politiques et de plus fortes sont leur offre et leur
202 Yong He

demande, et plus importantes seront réussites, les échecs et les


les ressources allouées à la fonction changements de l'environnement inespérés
entrepreneuriale. sont tous les premières sources des
opportunités pour un entrepreneur et
7. Comme Drucker [1985] les réussites sont souvent les fruits des
(chapitre 3) Га montré avec raison, les résultats inespérés.

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