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Pistes pour un
Programme d'Aménagement
du Territoire d'Haïti
décembre 2010
modifiée 2 jan. 2011
Table des Matières
INTRODUCTION..............................................................................................................................................3
POUR UNE REMISE EN QUESTION DES DIVISIONS TERRITORIALES ADMINISTRATIVES HAÏTIENNES...............................3
Une répartition trop inégale...................................................................................................................3
Pour une nouvelle rationalité.................................................................................................................4
Les départements..............................................................................................................................5
Les communes..................................................................................................................................6
Les sections communales.................................................................................................................6
Les bourgs-jardins et les quartiers urbains.......................................................................................7
La centralisation démocratique.........................................................................................................7
LES INFRASTRUCTURES DE TRANSPORT.............................................................................................................8
Les routes..............................................................................................................................................9
Les ports................................................................................................................................................9
Les aéroports.........................................................................................................................................9
LA RÉPARTITION TERRITORIALE DES RESSOURCES..............................................................................................9
LE ZONAGE.................................................................................................................................................10
La constitution d'une nouvelle armature urbaine................................................................................10
Le zonage agricole et environnemental...............................................................................................10
Les zones franches et les Zones Économiques Spéciales (ZES).........................................................11
• le département des Nippes compte moins de 300,000 âmes alors que l'Ouest en compte plus de
3 millions, soit un rapport de 1 à 12.
• la commune de Grand-Boucan compte moins de 5,000 habitants tandis que celle de Port-au-
Prince en compte plus de 800,000, soit un rapport du 1 à 174.
• la 1e section communale de Morne Chandelle (Carrrefour) compte 354 habitants tandis que
celle de Turgeau en compte près de 500,000, soit un rapport de 1 à 1,351 !
Quelle raison valable peut justifier que les Nippes soient un département au même titre que l'Ouest ?
Qu'est-ce qui justifie que Grand-Boucan soit une commune au même titre que Port-au-Prince ? Ou que
1e Morne Chandelle soit une section communale au même titre que Turgeau. Comment les pouvoirs
exécutif et législatif ont pu concevoir de telles entités ? Puisqu'il est bien évident, pour prendre le cas
extrême, que Morne Chandelle ne peut être géré de la même manière que Turgeau.
La décentralisation ne peut se faire à partir de la division territoriale actuelle. Celle-ci résulte d'intérêts
étrangers à une véritable décentralisation telle que voulue par la Constitution de 1987. Peut-on raison-
nablement doter le département des Nippes, bien moins populeux que la section communale de
Turgeau, de structures techniques appropriées à la gestion d'un département ? Mieux : de quel conseil
technique sérieux peut prétendre la commune de Grand-Boucan 2 ? Enfin, faut-il une Assemblée de Sec-
tion Communale pour gérer un territoire renfermant moins de 100 familles (1e Morne Chandelle) ?
Les départements
Dans le but de donner aux départements une dimension raisonnable la proposition de départ pourrait
être tout simplement de réduire leur nombre à 4 :
• le département du Nord-Ouest qui comprendrait les départements actuels de l'Artibonite et du
Nord-Ouest en plus des communes de Cabaret et de l'Arcahaie ( 2,007,398 habitants),
• le département du Nord-Est qui comprendrait les départements actuels du Nord, du Nord-Est et
du Centre ( 2,414,361 h.),
• le département de la Capitale (ou de Port-au-Prince) qui comprendrait les communes de Port-
au-Prince, de Carrefour, de Pétion-Ville, de Tabarre, de Delmas, de Croix-des-Bouquets, de
Kenskoof, de Cité Soleil, de Fond-Verrettes, de Thomaseau, de Ganthier, de Cornillon
( 2,908,576 h.),
• le département du Sud qui comprendrait les départements actuels du Sud, de la Grande-Anse,
des Nippes et du Sud-Est, ainsi que l'île de la Gonâve et les communes de Petit-Goâve, de
Grand-Goâve, de Léogâne et de Gressier ( 2,592,908 h.).
Le rapport du département le plus populeux au département le moins populeux serait alors de 1.4.
Une alternative serait un département du Nord (Nord-Ouest, Nord, Nord-Est) et un département de
l'Artibonite (Artibonite et Centre), avec des populations sensiblement égales.
Le département de Port-au-Prince, essentiellement urbain (85%) a été délimité pour s'étendre vers l'est
de sorte à bouger son centre de gravité vers la République Dominicaine et à devenir la seule ville fron -
talière à caractère métropolitain de l'île. Une politique de modernisation de cette métropole devrait la
rendre, de par sa position, avantageusement compétitive à long terme par rapport à Santo-Domingo.
Les départements devraient constituer le nœud gordien de la décentralisation. Le gouvernement central
devrait surtout s'occuper d'orientation générale et de contrôle. L'exécution devrait revenir essentielle-
ment aux département et aux communes, soit par déconcentration des ministères soit par décentralisa-
tion des responsabilités aux conseils départementaux et communaux. La planification nationale indica-
tive devrait être concrétisée par une planification départementale collée à la réalité. En termes
d'allocation financières, un bon point de départ serait de considérer un montant de 40% pour le niveau
central (dont la moitié serait déconcentrée), de 30% pour le niveau départemental et de 30% pour le
niveau communal. Ce sont donc de véritables départements ministériels qu'auront à gérer les conseils
départementaux de concert avec l'État déconcentré.
Les communes
La proposition de départ en ce qui a trait aux communes conduit à l'établissement de dix communes par
département en moyenne pour un total de 40. Cette division correspond aux arrondissements actuels.
Chaque commune correspondrait alors à un arrondissement avec sa vice-délégation qui représenterait
l'État central dans la commune, vis-à-vis le Conseil Communal. La taille moyenne des communes serait
autour de 250,000 habitants et de 700km 2, avec une distance maximum au centre pas trop éloignée de
25 km (accessible en transport en commun). Seule la commune de La Gonâve s'écarterait sensiblement
de la dimension moyenne (en population) avec environs 80,000 habitants3.
La commune est la plus petite collectivité territoriale dotée d'autonomie par la Constitution haïtienne.
Cela sous-entend que le Conseil Communal dirige un gouvernement local avec des services spécialisés
administratif, sanitaire, de planification, de génie et autres.
Les communes devraient pouvoir offrir des services spécialisés de santé, l'enseignement universitaire
de base en plus des services qui relèvent traditionnellement des communes mais que celles-ci n'ont le
plus souvent pas les moyens d'opérer adéquatement. Au départ, le gouvernement de la République par
l'intermédiaire des vice-délégations offrira un support technique aux mairies pour le renforcement de la
collecte des taxes municipales. Parallèlement, une campagne de marketing sera financé par le pouvoir
central pour promouvoir le paiement volontaire des taxes par les contribuables. Cela suppose d'une part
une visibilité des mairies dans les travaux publics et une lutte visible contre la corruption.
La centralisation démocratique
La décentralisation prévue par la Constitution ne s'oppose pas à la gestion centrale de l'État.
Parallèlement à la décentralisation, la Constitution prévoit une mutation de la centralisation.
D'abord l’Assemblée Communale est issue des sections communales. L'Assemblée Départementale est
issue des communes. Le Conseil Interdépartemental est issu des départements. Ce Conseil est le vis-à-
vis du gouvernement central; il est une instance centrale mandatée de bas en haut.
De haut en bas, selon l'article 87.2 de la Constitution, C'EST le conseil interdépartemental qui, « de
concert avec l'Exécutif, étudie et planifie les projets de décentralisation et de développement du pays,
au point de vue social, économique, commercial, agricole et industriel. » Dès lors, la déclaration de
politique générale du Premier Ministre est soumise aux directives du Conseil Interdépartemental. Le
plan national détermine l'orientation des plans départementaux. Les plans départementaux orientent les
plans municipaux.
La Constitution Haïtienne donne donc un pouvoir considérable aux collectivités territoriales et limite
4 On peut lire dans le préambule de la Constitution que : « Le Peuple Haïtien proclame la présente Constitution (...) pour
fortifier l'unité nationale, en éliminant toutes discriminations entre les populations des villes et des campagnes . »
5 Dans le cas d'un marché, les investissements publics favoriseront la transformation du marché en nouvelle bourgade.
Les routes
La construction des routes secondaires et de pénétration seront à la charge respectivement des
gouvernements départementaux et communaux. En milieu urbain, la construction et l'entretien des rues
seront également à la charge des communes qui pourront déléguer aux sections communales. La
construction de routes de pénétration doit être la toute première priorité mais doit être accompagnés
d'investissements dans les centres tertiaires.
Le programme de réhabilitation routière présenté par l'UTE en 2005 est un bon point de départ en
matière de grandes routes mais il doit être revu en fonction de la logique suivante : Il faut des axes
routiers stratégiques d'intégration comme Ouanaminthe–Môle St-Nicolas ou Jacmel–Jérémie qui
permettront d'établir des réseaux départementaux et inter-départementaux et de partager des ressources
comme un aéroport international du Grand-Sud (Sud-Est inclus). C'est pourquoi le programme de
l'UTE doit être révisé en vue d'inclure au moins les tronçons Bainet–Vieux-Bourg d'Aquin, Port-de-
Paix–Môle St-Nicolas. Ce sont ces axes d'intégration qui auront préséance sur les liens avec Port-au-
Prince dans le but de favoriser l'éclosion de marchés départementaux.
Les ports
Un programme de réhabilitation et de construction de ports devra être étudié et mis en application.
Trois types de fonctions devront être pris en compte : l'import-export, le tourisme international et le
transport de marchandises et de passagers par cabotage. Le cabotage devra sérieusement être considéré,
particulièrement pour le transport de marchandises mais aussi pour le transport de passagers. Dans ce
dernier cas, le cabotage peut certainement être une option gagnante pour accommoder une masse
importante de passagers dans la baie de Port-au-Prince.
Les aéroports
En plus de l'aéroport international de Port-au-Prince et celui du Cap (en projet), un autre aéroport inter -
national devrait être construit pour desservir le Grand-Sud. La localisation idéale serait dans les envi-
rons de Aquin qui est le point central du nouveau département. Un réseau routier adéquat permettra
d'atteindre cet aéroport en moins de 2h30 à partir des principaux centres urbains du département :
Léogâne, Petit-Goâve, Jacmel, Les Cayes, Jérémie. Même les habitants de Léogâne auraient avantage à
utiliser cet aéroport au lieu de celui de Port-au-Prince, compte tenu des embouteillages à la capitale.
L'établissement d'un grand aéroport international à Aquin permettrait d'éviter d'investir des montants
substantiels pour agrandir les aéroports de Jérémie, des Cayes et de Jacmel.
En plus des aéroports internationaux, il faudra réaménager les petits aéroports existants en améliorant
les conditions de sécurité et les services.
Le zonage
Le zonage constitue à affecter les points du territoire à un usage déterminé d'une façon incitative,
indicative, ou limitative. Par exemple, la plus grande partie de la plaine du Cul-de-Sac est légalement
affectée à l'agriculture. Ce zonage n'a pas été respecté et cette plaine est devenue une zone urbaine
dense. Le zonage est un outil pour l'aménagement du territoire. Il peut contribuer à construire une
nouvelle armature urbaine; il peut servir à une politique de sécurité alimentaire ou de protection de
l'environnement; il peut aussi supporter une politique de zones franches ou de zones économiques
spéciales.