Temps muqueux
L’incision est réalisée le plus souvent avec une lame de bistouri n°15. Elle doit être franche et
nette, en gardant un contact osseux permanent. Elle intéresse en même temps la muqueuse et le
périoste.
Il y a plusieurs variétés de tracés d’incision. Chaque tracé dépend d’abord des habitudes de
l’opérateur et de l’état local de la muqueuse, mais aussi du type d’intervention qu’on doit
pratiquer (avec ou sans dégagement osseux, fragmentation de la couronne, séparation des
racines…), la position de la dent (droite, oblique ou horizontale, présence de cuspides
apparentes…), de l’environnement anatomique de la dent et de l’étendue du champ opératoire
que l’on souhaite avoir.
- L’incision angulaire : elle est composée de deux segments :
un segment postérieur, crestal, avec une incision horizontale allant du bord antérieur de la
branche montante à la face distale de la couronne de la deuxième molaire.
Le deuxième segment est une incision de décharge vestibulaire verticale ou légèrement
oblique vers l’avant, qui permet une meilleure exposition du site opératoire. Selon l’étendue du
champ opératoire recherché, elle peut être réalisée à partir du tiers mésial de la première molaire
(Fig. ,3), du bord mésial de l’hémi papille entre la première et la deuxième molaire (Fig. ,2), ou
au bord distal de cette papille.
L’incision de décharge vestibulaire dans ce type de tracé présente cependant quelques
inconvénients : section en pleine muqueuse avec risque de saignements postopératoires,
application du lambeau insuffisante, sutures imparfaites voire difficiles à réaliser avec déchirure
de la muqueuse quand celle-ci est très fine, risque de rétraction gingivale au collet de la
deuxième molaire mandibulaire.
1. Incision linéaire ;
2. Tiers mésial de la première molaire ;
3. Bord mésial de l’hémipapille première-deuxième molaire ;
4. Bord distal de la papille.
.3Avulsion
Quand la dent est désolidarisée de son alvéole, l’avulsion proprement dite est réalisée. La dent
est saisie ferment avec le davier, en lui imprimant un mouvement, non seulement de traction vers
le haut, mais aussi de bascule vestibulaire et linguale.
L’opérateur doit « sentir » le mouvement naturel de la dent et la guider dans ce sens. En effet,
en cas de résistance ou de mouvement contradictoire, imprimé de manière trop brusque, il y a
risque de fracturer un ou plusieurs apex ou des fragments osseux de voisinage. Un fois l’avulsion
faite, il faut vérifier l’intégrité anatomique de la dent (présence de tous les apex en particulier).
Révision de l’alvéole et hémostase
L’alvéole est nettoyée minutieusement à l’aide d’une curette coudée. La curette est déposée au
fond de l’alvéole pour effectuer un mouvement de la profondeur vers la superficie. Il faut
éliminer tout débris pouvant retarder la cicatrisation alvéolaire : le reste du sac péricoronaire,
tissu de granulation, esquille osseuse, septum interradiculaire fracturé... etc.
Une régularisation osseuse de la périphérie du site opératoire doit être réalisée à la pince gouge
ou à la fraise boule. Puis un lavage abondant du site opératoire au sérum physiologique est
effectué.
En cas de saignement abondant ou de risques spécifiques avérés d’hémorragie poste
avulsionnelle, un hémostatique local peut être mis en place avant le temps de suture.
Les berges muqueuses sont rapprochées sans tension par des points séparés de fil résorbable ou
non, selon le choix de l’opérateur.
.2 Position linguale
Après incision et décollement muqueux, la dent est luxée du côté lingual. Il faut avoir pris soin
auparavant de protéger le nerf lingual avec un instrument sous-périosté, comme précisé plus
haut. L’opérateur vérifie l’intégrité de la corticale interne. Le cas échéant, l’esquille osseuse est
ôtée très prudemment.
.3 position dito-angulaire
Le degré d’inclusion est variable mais il est toujours procédé de la même façon pour le
dégagement de la couronne. Celle-ci est sectionnée dans son plus grand axe à l’aide d’une fraise
fissure diamantée ou en carbure de tungstène, réalisant une séparation corono-radiculaire.
La couronne extraite, une ostéotomie cunéiforme sus radiculaire peut faciliter l’avulsion des
racines. Cette technique n’est valable que dans le cas de figure où les racines ne sont pas
rétentives.
Lorsqu’elles le sont, il convient de les séparer avant de pouvoir les extraire individuellement.
.4 position mésio-angulaire
Dans le cas où la dent n’est pas bloquée par la deuxième molaire lors de l’élévation, la
technique se superpose avec celle décrite plus haute. La résection osseuse doit être cependant
Figure () : Extraction d’une 3ème molaire en position disto-angulaire.
plus importante.
Lorsque la dent est bloquée par la deuxième molaire, le fractionnement dentaire est inévitable.
L’obliquité du trait de section est fonction de celle de la dent et doit permettre à celle-ci de sortir
de son alvéole sans traumatiser la deuxième molaire. La technique de séparation corono-
radiculaire décrite plus haut peut être également appliquée ici.
.5 Horizontale
Un dégagement suffisant est réalisé pour permettre la séparation corono-radiculaire.
Il convient ensuite de dégager les racines afin de trouver un appui pour les extraire ensemble ou
après séparation si leur anatomie l’impose. La manœuvre d’Archer peut aussi ici montrer son
intérêt.
- L'incision linéaire ne possède pas de décharge en vestibulaire. Elle commence sur la partie
médio-tubérositaire et se termine au collet de la deuxième molaire maxillaire jusqu'à son angle
disto-vestibulaire.
Protocoles particuliers
Cas de dent horizontale
L'incision de décharge se fait en regard de la première molaire maxillaire afin de donner plus de
laxité au lambeau et de limiter les tensions des muqueuses. Le risque de projection dans la fosse
ptérygo-maxillaire est majoré.
6.3 Complications de l’avulsion de la M3
6.3.1 Complications peropératoires
6.3.1.1 Accidents généraux
Les complications générales liées à l’utilisation de produits anesthésiques locaux sont
nombreuses, allant du simple malaise vagal à la syncope cardiaque vraie, en passant par toute
l’échelle des manifestations allergiques ou d’intolérances possibles.
6.3.1.2 Accidents locaux
Ils ne sont pas à négliger on les distingue selon leurs mode de survenue [42].
- La douleur : qui est liée avec une injection brusque et ou à un produit anesthésique trop froid.
- La rupture de l’aiguille
Accident peu fréquent dans le cas d’une anesthésie péri apicale, le fragment d’aiguille peut le
plus souvent être extrait à l’aide d’une petite pince sans griffes ou auporte- aiguille.
Lors d’une anesthésie tronculaire à l’épine de Spix, le fragment cassé peut être perdu dans les
tissus mous. S’il n’est pas directement visible, l’exploration immédiate est à éviter : elle est
difficile, douloureuse, désagréable pour le patient, hémorragique et souvent infructueuse. Après
un bilan radiologique permettant la localisation précise du corps étranger dans les trois plans de
l’espace, l’exploration et l’ablation de ce corps étranger sont programmées au cours d’une séance
différée, parfois sous anesthésie générale, en fonction du degré de difficulté présumé. Dans
tous les cas, le patient est informé de la situation, des conséquences possibles et des modalités de
la prise en charge à suivre.
- Le saignement des tissus mous : suite aux gestes d’incision et de décollement muqueux est
généralement minime et cède le plus souvent à la compression.
- Lésions et dilacérations
Elles peuvent survenir suite à un dérapage du bistouri ou avec un décollement brutal, pour
éviter cela L’incision doit être réalisée de manière franche, sans à-coups, perpendiculaire et au
contact du plan osseux profond.
-Fracture ou mobilisation d’une dent voisine
Lors d’une manœuvre mal contrôlée (lors de l’élévation en particulier), la dent voisine peut
être lésée. La bonne maîtrise des gestes du praticien doit permettre d’éviter ce type de
complications dont la réparation devra être prise en charge ultérieurement, après information du
patient.
-Fracture d’un apex
L’ankylose peut être source de fracture d’un ou de plusieurs apex. Il en est de même, si un
apex est particulièrement rétentif de par sa position ou sa conformation anatomique. Un apex
facilement accessible et mobile peut être extrait avec un instrument adapté (pointe de
syndesmotome ou lime endocanalaire) par contre un apex profondément enfoui et non mobile, ne
pouvant être extrait que par un dégagement osseux important et dans des conditions de visibilité
parfois limitée, pose l’éventualité de l’abstention thérapeutique.
La plupart d’entre eux effectuent une migration vers la crête alvéolaire. Ils peuvent ainsi être
récupérés dans un second temps dans des conditions très simples.
D’autres apex migrent mais restent silencieux, s’intégrant à l’os alvéolaire. Dans tous les cas, les
complications secondaires (infectieuse ou nerveuse par irritation locale) lors d’apex laissés en
place sont très rares. Ainsi la surveillance et l’information du patient sont souvent préférables.
-Fracture alvéolaire
une manœuvre trop brusque peut fracturer et luxer le bord interne de l’alvéole. Même rare, le
risque de lésion du nerf lingual est à redouter.
- Luxation de l’ATM
La luxation A.T.M uni ou bilatérale se produit dans les extractions laborieuses chez les patients à
la pathologie articulaire, déterminée par une technique erronée ou le non-soutien de la mandibule
lors des extractions des M3. La réduction de la luxation se réalise immédiatement par la
technique Nelaton (application des pouces sur la face occlusale : on prend les deux branches
horizontales, on appuie avec une traction avant ensuite en haut et arrière, en tournant le menton
vers le maxillaire). Les lésions de l’A.T.M. nécessitent du repos articulaire et des anti-
inflammatoires.