SMAOUI Walid
Pr. REBAI Nouri
Tumeurs de la vessie
PLAN
I. Introduction
II. Epidémiologie:
III. Anatomo-pathologie
IV. Histoire naturelle d’une TV
V. Diagnostic
VI. Examens paracliniques
VII. Bilan d’extension
VIII. Traitement
IX. Résultats
X. Conclusion
Objectifs
Tumeurs de la vessie
1. Introduction
*Tumeur la plus fréquente des voies excrétrices urinaires
*Tumeurs épithéliales : majorité des cancers de vessie Tumeur vésicale
(TV)= tumeur Épithéliales (ou urothéliales ou carcinome à cellules
transitionnelles)
*Regroupe un spectre de tumeurs ayant un potentiel d’agressivité
extrêmement variable, d’où leur répartition en :
a. Tumeurs vésicales non infiltrant le muscle vésical (TVNIM)
b. Tumeurs vésicales avec infiltration du muscle vésical (TVIM)
2. Epidémiologie:
Un carcinome vésical est diagnostiqué ou traité dans le monde
chez 2,7 millions de personnes chaque année.
Dans la majorité des cas, les tumeurs urothéliales apparaissent
après 60 ans.
Prédominance masculine: sexe Ratio: 5 hommes/1 Femme
En Tunisie, il constitue le premier cancer urologique
Le carcinome vésical est responsable de 3 % des décès par cancer
Son incidence est en augmentation d’environ 1 % par an.
La prévention des tumeurs de la vessie repose sur la lutte contre
les principaux facteurs de risque que sont le tabagisme et
l’exposition professionnelle (carcinogènes chimiques).
Facteurs de risque :
*Tabac : carcinogène n°1 (amines aromatiques contenues dans la fumée et
inhalés par les poumons), RR x 4
*Carcinogènes industriels :
dérivés des hydrocarbures (benzidine)
Colorants aromatiques dérivés de l’aniline
absorption essentiellement transdermique
Industries du plastique, cuir, colorants, peinture,
métallurgie, et de la chimie organique
*Bilharziose urinaire :
Afrique et Moyen-Orient
TV type épidermoïde (mauvais pronostic) (Shistosoma
Haematobium)
*Irritation chronique de la vessie : Lithiase vésicale, sonde vésicale à
demeure, cystite à répétition
*Irradiation pelvienne
* Médicaments (cyclophosphamide, phénacétine)
3. Anatomo-pathologie
Macroscopie :
Cystoscopie +++ : description des lésions endovésicales (aspect, nombre, taille,
localisation cartographie)
*Tumeurs papillaires végétantes : pédiculées, sessiles, papillomatose diffuse
*Tumeurs non papillaires ou solides bourgeonnantes et ulcérées (d’allures
infiltrantes)
*Tumeurs planes : lésions tumorales intéressant la couche superficielle de la
muqueuse vésicale (cis: carcinome in situ)
Figure 1-B : Évolution des tumeurs de vessie aux différents stades de la maladie
pT4 Tumeur envahissant l’une ou l’autre des structures suivantes : prostate, vésicules
séminales, utérus, vagin, paroi pelvienne ou paroi abdominale
5. Diagnostic
L’hématurie macroscopique, souvent terminale, est le signe clinique le plus
fréquent. Des signes d’irritation vésicale (pollakiurie, impériosité mictionnelle,
brûlure urinaire), en l’absence d’infection urinaire, sont observés dans 20 % des
cas. Les touchers pelviens permettent d’apprécier le degré d’extension locale en
cas de TVIM.
Dans une population à risque de cancer de la vessie du fait d’une exposition
professionnelle antérieure motivant un dépistage ciblé, il est recommandé de
mettre en place les examens de dépistage 20 ans après le début de l’exposition
au cancérogène vésical : Examens proposés en première intention et tous les 6
mois : Cytologie urinaire
6. Examens paracliniques
ECBU
Bilan rénal
Cytologie urinaire : examen de routine dans le suivi des TV traitées
Utile surtout si G3 ou CIS
Échographie urinaire :
Figure2 polype vésical visualisé à l’échographie
Figure4: Tumeur de vessie infiltrante développée dans un diverticule (TDM : Coupes avec
injection et cliché tardive)
Figure5 : Tumeur de la paroi latérale gauche de la vessie, cliché tardive
Cystoscopie et résection
*Endoscopie vésicale (cystoscopie) : +++
o Examen de référence, INDISPENSABLE
o Diagnostic macroscopique
o Définit caractères de la tumeur : Siège, nombre (unique ou
multiple), taille, aspect macro et type d’implantation, aspect de CIS
o État de la muqueuse avoisinante
o Réaliser des biopsies randomisées de la muqueuse et des zones
suspectes.
o Résection complète et profonde de la tumeur (RE/TV)
7. Bilan d’extension
Indiqué dans TVIM+++
+++ Uro-scanner couplé au scanner thoracique+++
Locorégional :
– Examen clinique (TR, aires ganglionnaires)
– UIV
– TDM abdomino-pelvienne :
*En cas de TVIM,
L’examen TDM thoraco-abdomino-pelvien constitue la référence pour le
bilan d’extension (sans puis avec injection de produit de contraste iodé,
si la fonction rénale le permet et en l’absence de contre-indication). Cet
examen a pour but :
- d’évaluer le retentissement sur le haut appareil urinaire et de
rechercher une lésion associée éventuelle du haut appareil : un temps
excrétoire tardif est donc recommandé ;
- d’apprécier l’envahissement des organes de voisinage et l’infiltration de
la graisse péri-vésicale, avec un risque de surestimation de l’extension
après RTUV du fait de remaniements inflammatoires de la graisse péri-
vésicale.
- de rechercher des adénopathies locorégionales : valeur prédictive
positive de l’ordre de 65 %. Le critère diagnostique d’adénopathie
métastatique pelvienne est fondé uniquement sur la taille (8mm de plus
petit axe) ;
d’éliminer des métastases à distance.
*En cas de TVNIM,
Le bilan d’extension par TDM n’est pas systématique, mais il est d’autant
plus justifié que le grade cellulaire est élevé ou que la tumeur est
volumineuse (diamètre > 3cm) puisqu’il existe un risque de sous-
stadification. --> À la recherche d’une éventuelle lésion du haut appareil
urinaire synchrone.
Curage ganglionnaire ilio-obturateur : 1er temps de la cystectomie
A distance :
– Foie (écho, TDM)++
– Poumons (TDM)++
– Os (scintigraphie)
-Cytologie urinaire.
-Cystoscopie avec cartographie des lésions associée à une résection
endoscopique.
-Évaluation du haut appareil par Uro-TDM.
-L’utilisation de la fluorescence lors de la RTUV est indiquée en cas de
suspicion de lésions à haut risque (cytologie de haut grade isolée sans lésion
visible à la cystoscopie ; antécédents de tumeurs à haut risque T1G3 et/ou Cis).
-Cytologie urinaire.
-Cystoscopie avec cartographie des lésions associée à une résection
endoscopique.
-Bilan d’extension avec TDM thoraco-abdomino-pelvienne (sans et avec
injection de produit de contraste iodé et temps excrétoires).
8. Traitement
• Dépend de la stadification en TVNIM ou TVIM (étude histologique des
copeaux de RTUV)
– Traitement conservateur :
Cystoscopie + RE/TV complète (1ère partie du traitement)
Instillations endovésicales
– Chirurgie radicale :
Cystoprostatectomie totale chez l’homme
Pelvectomie antérieure chez la femme
• Radiothérapie
• Chimiothérapie
• Radio-chimiothérapie concomittante
8.1 Prise en charge des TVNIM
8.1.1 But : diminuer le risque de récidive et de progression, donc
contrôler la maladie
8.1.2 Moyens :
Traitement conservateur +++
TVNIM à faible risque Résection complète (répétée) seule + surveillance
TV à risque intermédiaire Instillation endovésicale de :
BCG : modificateur de la réponse biologique
(immunothérapie) : 6 séances hébdomadaires
ou Mitomycine (chimiothérapie locale par action
cytostatique)
TV à haut risque BCG thérapie
* Cystectomie radicale :
*TVNIM multi-récidivante
*Papillomatose diffuse
*Autre type histologique que Carcinome à Cellules Transitionnelles
8.1.3 Protocol thérapeutique du traitement conservateur:
• Chimiothérapie intra vésicale:
8 instillations hebdomadaires d’amétycine
2 à 4 semaines après la résection de TV
Suivies ou non de TTT d’entretient par 6 instillations mensuelles
Complications:
Cystite chimique 15%
Passage systémique 3%
Réactions cutanées allergiques 12%
• BCG ttpie:
*Diminue le risque de récidive de 30 %
*Efficacité supérieure dans les TVNIM de haut grade
*70% de réponse complète sans récidive
*La seule qui a une efficacité sur la progression de 40%
*BCG à débuter 4 à 6 semaines après la RE/TV
*ECBU stérile, sondage a traumatique
*6 instillations hebdomadaires (induction) + 3 instillations hebdomadaires
(attaques) après un arrêt de 6 semaines
Tableau III : Traitement des TVNIM en fonction du risque de récidive et de
progression
*Effets secondaires de BCGtttpie:
-Locaux: cystite (pollakiurie, dysurie, hématurie, fuites urinaires)
-Régionaux: douleur pelvienne ou rénales, constipation, prostatite,
épididymite, orchite, abcès rénal
-Généraux: fièvre>38.5, Sd grippal, douleur musculaire, asthénie,
arthralgie, signes allergiques, rash cutanée
• Contre-indications de BCGtttpie:
ATCD de tuberculose
Leucémie
SIDA
Transplanté
Corticothérapie
Grossesse
Intermédiaire Cystoscopie : au 3e, 6e, 12e mois puis annuelle pendant 15 ans (à vie si
persistance de l’intoxication tabagique).
Cytologie urinaire : recommandée, couplée à la cystoscopie Uro-TDM :
tous les 2 ans et en cas de cytologie positive ou de symptôme en faveur
d’une atteinte du haut appareil.
Risque Examen de suivi
Élevé Cystoscopie : au 3e, 6e, 9e, 12e mois, puis tous les 6 mois la 2 e année, puis
annuelle à vie.
Cytologie urinaire : 3e, 6e, 9e, 12e mois, puis tous les 6 mois la 2e année,
puis annuelle à vie.
Uro-TDM : tous les 2 ans ou si cytologie positive ou de symptôme en
faveur d’une atteinte du haut appareil.
– phloroglucinol 80 mg × 6/j,
Effet indésirable Prise en charge spécifique
– ou oxybutinine 5 mg × 3/j,
Prévention :
Augmentation de la diurèse.
Suspension de la BCG-thérapie.
TV infiltrante N+ ou M+ :
– Chimiothérapie première puis cystectomie de rattrapage si
réponse complète
– Cystectomie puis chimiothérapie adjuvante pour N+
– Traitement palliatif des complications
Surveillance
– Examen Physique (touchers pelviens)
– TDM TAP : Thoraco-abdomino pelvien
– Radio thorax
– ECBU, Créatininémie
Tous les 6 mois pendant 2 ans puis 1 fois/an (recherche récidive et
métastases)
9. Résultats
TVNIM (RTUV ± BCG) :
– Plus la tumeur est superficielle et de bas grade plus les résultats
sont meilleurs
– Maladie contrôlée dans 80% des cas
– Nécessité de chirurgie aggressive (cystectomie) dans 20%
TVIM :
– Chirurgie : résultats % stade et grade (60-80% T2N0M0) (<10% N+)
– Radiothérapie : survie à 5 ans : 20 à 50% (T2, T3)
– Chimiothérapie : réponse courte (3 à 4 mois)
*Association radio-chimiothérapie :
TV infiltrante, malade inopérable
Résultats > radiothérapie ou chimiothérapie seule
*Chimiothérapie néoadjuvante a montré:
Un gain en survie de 5 % dans les TVIM et une plus grande
proportion de réponse complète pT0 après cystectomie
10. Conclusion
*Maladie grave quand localement avancée ou métastatique, donc TOUTE
hématurie doit être explorée
*Atteinte ou respect du muscle vésical est un élément CAPITAL
= pivot central de réflexion pour la compréhension de la prise en charge de ce
cancer