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Approximation des équations

aux dérivées partielles


par Guy CHAVENT
Professeur de Mathématiques à l’Université de Paris-Dauphine
Directeur Scientifique à l’Institut National de Recherches en Informatique
et en Automatique (INRIA-Rocquencourt)

1. Qu’est-ce qu’un schéma aux différences finies ? ........................... A 550 - 2


1.1 Différences finies pour les problèmes stationnaires ................................ — 2
1.1.1 Problème continu ............................................................................... — 2
1.1.2 Discrétisation du domaine ................................................................. — 3
1.1.3 Discrétisation des coefficients, seconds membres et inconnues ... — 3
1.1.4 Choix du schéma numérique............................................................. — 3
1.2 Discrétisation en temps des problèmes d’évolution ................................ — 5
1.2.1 Problèmes continu et semi-discrétisé en espace............................. — 5
1.2.2 Discrétisation du temps et choix du schéma en temps................... — 5
2. Consistance, précision ou ordre, stabilité d’un schéma DF ........ — 5
2.1 Consistance, précision ou ordre d’un schéma .......................................... — 6
2.2 Stabilité pour un problème d’évolution linéaire ....................................... — 7
2.2.1 Méthode de von Neumann matricielle ............................................. — 7
2.2.2 Méthode de von Neumann scalaire .................................................. — 8

3. Construction de schéma DF pour les opérateurs du 2e ordre


(elliptiques) ................................................................................................ — 10
3.1 Approximation de la solution sur une maille :
une constante plus une valeur par arête ................................................... — 10
3.2 Approximation du flux sur une maille : espace de Raviart-Thomas ....... — 10
3.3 Équation dans une maille ........................................................................... — 11
3.4 Conditions de raccord et conditions aux limites....................................... — 12
3.5 Schéma aux différences finies.................................................................... — 12
3.6 Remarques, généralisation ......................................................................... — 13

4. Construction de schéma DF pour les opérateurs du 1er ordre


(transport) .................................................................................................. — 14
4.1 Notion de caractéristique............................................................................ — 15
4.2 Conditions aux limites et initiales .............................................................. — 15
4.3 Méthode de transport-projection ............................................................... — 16
4.4 Schéma décentré amont pour les problèmes linéaires............................ — 17
4.5 Schéma de Godunov pour les problèmes non linéaires.......................... — 18
Références bibliographiques ......................................................................... — 20

n s’intéresse dans cet article à la discrétisation des équations aux dérivées


O partielles, dans lesquelles l’inconnue est une fonction u (la température par
exemple) dépendant de plusieurs variables d’espace x1 ...xn (notées x de façon
abrégée) et du temps t. On appellera Ω le domaine de l’espace et [0, T] l’intervalle
8 - 1993

de temps où l’on cherche à connaître la température. Ainsi l’évolution de la


température (u(x, t)) dans une barre infinie ( Ω =  ) et homogène à partir d’une
température initiale (u0 (x)) connue est-elle donnée par :

∂u ∂ 2u 
c ---------- ( x,t ) – a -------------- ( x,t ) = 0 pour tout x ∈ Ω et tout t ∈ [ 0,T ] 
∂t
A 550

∂x 2  (1)
u ( x,0 ) = u 0 ( x ) pour tout x ∈ Ω 

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où c est la capacité thermique et a est la conductivité thermique de la barre. La


méthode des différences finies a été, historiquement, la première méthode
connue pour calculer, sur un ordinateur, une solution approchée de (1). L’idée
consistait à remplacer la recherche de la fonction u(x, t) par celle d’un vecteur
n n
( u i , i = ...– 2, – 1,0,1,2... ; n = 0,1,2...) dont la composante u i représentait une
approximation de u(x, t) au point (xi , t n) d’un maillage couvrant Ω × [0,T] (nous
noterons que n représente un indice et non un exposant !). Par exemple, si l’on
choisit :
xi = ih, t n = n∆t (2)
où h > 0 et ∆t > 0 représentent les pas de discrétisation en espace et en temps,
alors une approximation aux différences finies de (1) est :
n+1 n n n n
ui – ui 2u i – u i – 1 – u i + 1 
c ----------------------------- + a --------------------------------------------------- = 0 
∆t h2 

i = ... – 2,– 1,0,1,2..., n = 0,1,2...  (3)

0 
ui = ui 0 i = ...– 2,– 1,0,1,2...
Aujourd’hui, de nombreuses autres méthodes d’approximation sont apparues
(éléments finis, méthodes spectrales, volumes finis...) mais les schémas aux diffé-
rences finies gardent une grande importante pratique, en particulier de par leur
grande facilité de mise en œuvre et leur efficacité numérique, surtout du point
de vue du temps de calcul.

1. Qu’est-ce qu’un schéma g (x ) terme source frontière ; pour un élément de frontière dS


autour du point x, g (x ) dS représente le flux thermique
aux différences finies ? ∇u
(resp. masse) injecté à travers dS ;
vecteur gradient de la fonction u, c’est-à-dire :
∇u ( x ) = ( ∂ u  ∂ x 1 ( x ),..., ∂ u  ∂ x n ( x ) ) ∈  n
1.1 Différences finies pour les problèmes
∇⋅ q divergence de q , pour un champ de vecteurs q ( x )
stationnaires quelconque, c’est-à-dire le scalaire :
∇ ⋅ q ( x ) = ( ∂ q 1  ∂ x 1 ( x ) + ... + ∂ q n  ∂ x n ( x ) ) ∈ 
1.1.1 Problème continu
Ainsi l’équation (4) modélise le calcul de la température (resp. la
Nous considérons donc le cas d’un problème dans lequel la fonc- pression) d’équilibre dans un corps (resp. un milieu poreux) dans
tion inconnue u est indépendante du temps t, et ne dépend que des lequel on injecte de l’énergie thermique (resp. de la masse) en
variables d’espace x = (x1 ... xn ) ∈ Ω où Ω est le domaine de  n , chaque point avec une densité volumique f et à travers chaque point
n = 1, 2 ou 3 occupé par le corps dans lequel on cherche à déterminer de la frontière avec une densité surfacique g.
u. Nous illustrons notre propos par un exemple provenant, au choix,
La première chose à faire avant même de commencer à penser
de la thermique ou de l’hydraulique des milieux poreux :
à la résolution numérique de l’équation (4) est de vérifier qu’elle est
bien posée mathématiquement, c’est-à-dire qu’elle a une solution u

trouver la fonction u : Ω →  telle que  et une seule pour des seconds membres dans une classe raison-
– ∇ ⋅ (a∇u ) = f dans Ω  nable. L’ingénieur se fiera souvent à son intuition physique pour
 effectuer cette vérification, mais il est utile, lorsque c’est possible,
∂u sur ∂ Ω  (4)
a --------- = g  de démontrer mathématiquement un théorème d’existence et
∂ν
 d’unicité. Cela permet, d’une part, de mieux cerner les conditions
lorsque a : Ω →  , f : Ω →  et g : ∂ Ω →  sont connues  (régularité, signe des coefficients et des seconds membres) dans
 lesquelles l’équation a des solutions et, d’autre part, de mettre en
évidence des propriétés de l’équation utiles lors de la construction
L’interprétation thermique (resp. hydraulique) est : ultérieure de l’approximation numérique. Dans le cas de notre
u (x, t ) température (resp. pression) au point x à l’instant t ; exemple (4), l’intuition physique prédit (et la théorie confirme !) que
a (x ) conductivité (resp. perméabilité) en x ; la température u ne pourra être déterminée qu’à une constante près
f (x ) terme source distribué ; pour un élément de volume dx (il n’y a aucun point à température fixée !) et qu’un état stationnaire
autour du point x, f (x ) dx représente le flux thermique ne pourra être atteint que si le bilan total des sources de chaleur
(watts) [resp. de masse (kilogrammes par seconde)] injecté est nul, c’est-à-dire :
dans l’élément dx ;
 

f+
∂Ω
g = 0 (5)

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L’étude des résultats théoriques d’existence et d’unicité sort du ■ Si Ω est formé d’une réunion de rectangles, il est facile conceptuel-
cadre de cet article. Nous indiquerons aux paragraphes 3 et 4 lement de construire un maillage rectangulaire t h recouvrant Ω,
quelques résultats partiels concernant les problèmes elliptiques mais il n’existe plus de numérotation aussi régulière que dans le cas
[c’est-à-dire similaires à (4)] et les problèmes de transport, mais nous précédent. On préfère alors souvent se ramener au cas précédent en
renvoyons le lecteur aux autres articles de la rubrique Mathéma- ajoutant un certain nombre de mailles mortes pour obtenir un
tiques de ce traité, ainsi qu’aux ouvrages [8] [6] [1]. domaine rectangulaire du type précédent (figure 3 ). On utilise
On a pris l’habitude de distinguer, pour des raisons historiques ensuite des artifices informatiques ou mathématiques pour
surtout, deux classes de méthodes pour l’approximation numérique n’effectuer les calculs que dans les mailles vives. Le prix à payer est
des équations aux dérivées partielles : les méthodes de différences une augmentation de la place mémoire nécessaire puisque tous les
finies, objet de cet article, et les méthodes d’éléments finis (voir vecteurs et matrices sont liés à la taille Nh du maillage étendu.
l’article spécialisé [A 656]). En fait la différence conceptuelle entre ■ Si Ω peut être mis en bijection par une application régulière avec
les deux méthodes s’est estompée (§ 1.1.4), et nous précisons dans un rectangle, on se ramène au cas (sympathique) du rectangle en
les trois paragraphes suivants ce que nous entendons par méthode, effectuant le changement de variable correspondant dans l’équation
ou plutôt schéma, aux différences finies. aux dérivées partielles. Le prix à payer ici est en général une plus
grande complexité de l’équation à résoudre sur le rectangle.
1.1.2 Discrétisation du domaine ■ Si Ω n’entre dans aucune des catégories précédentes, on entre en
pratique dans le domaine d’application des méthodes d’éléments
finis qui, elles, sont bien adaptées à la discrétisation de géométries
On recouvre le domaine Ω par une famille th de mailles Kh ,i ,
complexes.
i = 1, ..., Nh (intervalles si Ω ⊂  , rectangles si Ω ⊂  2 , parallélé-
pipèdes si Ω ⊂  3 ) de côtés parallèles aux axes. Les centres de ces
1.1.3 Discrétisation des coefficients,
mailles forment les points xi , mentionnés dans l’introduction, en
seconds membres et inconnues
lesquels on cherche à approximer la fonction connue u. Cette opéra-
tion est plus ou moins facile suivant la forme de Ω. On remplace toutes les fonctions de Ω →  par des fonctions
■ Si Ω est un intervalle, un rectangle ou un parallélépipède de côtés constantes sur chaque maille de t h , et les fonctions de ∂Ω →  par
parallèles aux axes, la construction de th ainsi que sa numérotation des fonctions constantes sur chaque arête ou face de ∂ t h . Dans le
sont très aisées : on utilise soit une numérotation multi-indicielle (1, 2 cas du problème continu (4) par exemple, on remplace :
ou 3 suivant la dimension de Ω ) comme indiqué sur la figure 1 pour a par ah telle que ah (x ) = aK = Cte ∀x ∈ K, ∀K ∈ t h
le cas d’un rectangle, soit une numérotation mono-indicielle résul-
tant d’un choix a priori d’un ordre des mailles de th . Le choix le plus
f par fh telle que fh (x ) = fK = Cte ∀x ∈ K, ∀K ∈ t h
usité consiste à numéroter les mailles suivant les côtés de Ω de lon-
gueur croissante, comme indiqué sur la figure 2. C’est cette numé-
rotation régulière qui permet à la méthode des DF (différences finies) u par uh telle que uh (x ) = uK = Cte ∀x ∈ K , ∀K ∈ t h
de développer toute son efficacité et sa simplicité (il est ainsi très
facile de trouver les mailles voisines d’une maille donnée : par exem- g par gh telle que gh (x ) = gA = Cte ∀x ∈ A , ∀A ∈ ∂ t h
ple la 54e maille de la figure 2 a pour voisines les mailles d’indice
54 – 1, 54 + 1, 54 – 8, 54 + 8). On note dans la suite ∂ t h l’ensemble Les nombres ( a K , f K , K ∈ t h ) et ( g A , A ∈ ∂ t h ) constituent les
des arêtes ( Ω ⊂  2 ) ou faces ( Ω ⊂  3 ) des mailles de t h qui sont données du problème discrétisé, les nombres ( u K , K ∈ t h)
situées sur le bord ∂Ω de Ω. constituent les inconnues du problème discrétisé. On va ainsi tenter
d’approcher la solution exacte u : Ω →  inconnue (et qui, sauf cas
particulier où une solution analytique existe, le reste à jamais) par
une fonction uh constante par morceaux sur t h (et qui elle est calcu-
lable par l’ordinateur).

1.1.4 Choix du schéma numérique


Il faut maintenant choisir les équations liant les inconnues
uK , K ∈ t h de façon à imiter au mieux l’équation aux dérivées
partielles à résoudre et ses conditions aux limites. Cette phase
cruciale est naturellement très délicate, et l’objectif de cet article est
de donner quelques guides pour le choix du schéma numérique et
quelques vérifications à effectuer sur le schéma une fois celui-ci
Figure 1 – Maillage DF d’un rectangle choisi.
et sa numérotation naturelle à 2 indices

Figure 3 – Maillage DF d’une réunion de rectangles


Figure 2 – Maillage DF d’un rectangle (les mailles mortes sont en grisé)
et sa numérotation classique à 1 indice

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■ Le point de vue historique ce qui revient à écrire la condition aux limites non pas sur ∂ Ω, mais
La méthode des différences finies, prise au sens strict, consiste à une distance ∆ x à l’intérieur de Ω ! La situation est pire dans la
à remplacer partout, dans l’équation aux dérivées partielles et dans maille coin (1,1), où l’application du même procédé amène à écrire
les conditions aux limites, les dérivées par des différences finies deux équations (une pour l’arête frontière verticale, une pour l’arête
calculées sur le maillage t h . Essayons d’appliquer cette méthode frontière horizontale), ce qui amène finalement à avoir plus d’équa-
tions que d’inconnues ! La situation ne serait d’ailleurs guère plus
à l’approximation de l’équation (4) sur un rectangle : suivant les prin-
brillante si l’on avait à approcher une condition de Dirichlet u = g
cipes énoncés au paragraphe 1.1.2, nous recouvrons Ω par le
∂u
maillage t h de la figure 1, puis, suivant le paragraphe 1.1.3, nous sur ∂Ω au lieu de la condition de Neumann a --------- = g : imposer
∂n
supposons connues les valeurs de a h ( x ) ≡ a ij et f h ( x ) ≡ f ij sur
u 1, 2 = gA dans la maille (1,3) par exemple revient à imposer la
chaque maille Kij de t h , ainsi que les valeurs de gh (x ) = gA sur condition u = g non pas sur ∂Ω, mais à une distance ∆x /2 à l’intérieur
chaque arête A ⊂ ∂ t h . La méthode des différences finies appliquée de Ω ! Ce sont là des exemples des difficultés rencontrées lorsqu’on
à la discrétisation de l’équation – ∇ · (a ∇u ) = f dans Ω consiste à veut utiliser la méthode des différences finies pour construire un
remplacer : schéma numérique. Naturellement des palliatifs ont été proposés
(maillage débordant d’une demi-maille autour de Ω pour les condi-
∂u tions aux limites de Dirichlet, mailles extérieures fictives pour les
--------- au point  i + ----- , j 
1
∂x  2  (6) conditions aux limites de Neumann), mais d’autres écueils peuvent
u i + 1, j – u i , j se présenter : pour un problème tel que (4), obtention d’une matrice
par --------------------------------- où ∆ x 1 = ( ∆ x i + ∆ x i + 1 )  2 non symétrique (alors que l’opérateur est auto-adjoint) par suite
∆x 1 i + -----
i + ----- 2 d’une discrétisation maladroite des conditions aux limites ; pour un
2
problème du premier ordre, choix entre la différence finie avant ou
arrière ou centrée pour représenter la dérivée première en une
∂u
a --------- au point  i + ----- , j 
1
 maille, etc. En conclusion, la méthode des différences finies est trop
∂x 2 
(7) ouverte, laisse trop de choix à l’ingénieur, et nous déconseillons donc
u i + 1, j – u i , j l’utilisation de cette méthode pour l’établissement du schéma numé-
par a --------------------------------
- où a 1 est à définir
1
i + ----- , j ∆x 1 i + ----- , j rique. Il est cependant utile, une fois le schéma numérique établi
2 i + ----- 2 par une autre méthode, de vérifier qu’il s’interprète bien en termes
2
de différences finies. Cette vérification permet éventuellement de
∂ ∂u détecter des erreurs de calcul, et assure de la consistance du
– --------  a --------- au point ( i , j )
∂x  ∂x  (8)
schéma (§ 2.1).

u i , j – u i – 1, j u i , j – u i + 1, j ■ Le point de vue moderne


a i – ----
1 --------------------------------- + a 1 ----------------------------------
-, j
2 ∆ x i – ---- 1
-
i + ----- , j
2
∆ x i + ----
1
-
Aujourd’hui l’opposition entre différences finies et éléments finis
2 2 s’est fortement estompée : les premières peuvent souvent être
par ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- obtenues comme cas particuliers des seconds (c’est ce que nous
∆ xi
ferons au paragraphe 3). L’important apparaît plutôt d’utiliser une
etc. méthode d’approximation adaptée au type mathématique de
l’équation que l’on veut approcher, les équations discrètes finales
On obtient ainsi, en chaque maille Kij intérieure à Ω (c’est-à-dire
pouvant être du type éléments finis ou différences finies suivant le
dont aucune arête ne se trouve sur la frontière ∂Ω de Ω ), l’équation
maillage utilisé et les approximations faites. C’est cette approche que
discrète suivante :
nous suivons ici, puisque nous donnons, dans la suite, des principes
u i, j – u i – 1, j u i, j – u i + 1, j d’approximation spécifiques pour deux classes importantes
 d’équations de la physique mathématique : éléments finis
a i – ----
1 -------------------------------- + a 1 --------------------------------- 
2
-, j ∆x 1
i – -----
i + ----- , j
2 ∆x i + ----
1
-  mixtes-hybrides pour les problèmes elliptiques au paragraphe 3
2 2
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------  méthode de transport-projection pour les problèmes de transport au
∆x i  paragraphe 4. On verra que ces méthodes mènent à un schéma aux

ui , j – ui , j – 1 ui , j – ui , j + 1  différences finies, caractérisé par le fait que les inconnues u ij sont
1 --------------------------------- + a
a i , j – ---- 1 ---------------------------------
 (9) définies sur un maillage rectangulaire permettant une numérotation
- ∆ y i , j + ----
- ∆ y j + ----  simple à 2 indices (en dimension 2) des inconnues u [un exemple
2 1
j – ----- 2 1
- 
2 2
 d’un tel schéma est fourni par l’approximation (3)].
+ ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------- = f ij
∆ yj 
 ■ Vérifications à effectuer sur le schéma
 Un schéma numérique, pour un problème stationnaire, doit
i = 2,...,13, j = 2,...,7 
d’abord avoir une solution unique, de façon que la solution
Il reste alors, pour avoir autant d’équations discrètes que approchée soit parfaitement déterminée. Dans la plupart des cas,
d’inconnues ( uij , i = 1, ...,14, j = 1,...,8), à associer une équation cette propriété existe pour le problème continu, et la méthode de
discrète à chaque maille Kij frontière (c’est-à-dire dont une arête au discrétisation choisie pour établir le schéma numérique se doit de
la préserver.
moins se trouve sur ∂ Ω ), ce qui devrait résulter logiquement de
l’application de la méthode des différences finies à la discrétisation Un schéma numérique doit ensuite ressembler, lorsque le pas
∂u d’espace h tend vers zéro, à l’équation qu’il est censé approcher (on
de la condition aux limites a --------- = g . En fait il n’y a pas de solution dit qu’il est consistant). La précision (« de l’ordre de h, ou de h 2... »,
∂n
très satisfaisante : l’arête frontière A de la maille (1,2) de la figure 1 etc.), avec laquelle cette ressemblance a lieu, définit la précision ou
∂u ∂u n n
2u i – u i – 1 – u i + 1
n
par exemple est verticale, et donc a --------- = a --------- , ce qui suggère
∂n ∂x l’ordre du schéma. Par exemple, les termes -------------------------------------------------- du
h2
d’utiliser (7) et donne la condition aux limites discrètes : ∂ u 2
- ( x i , t n ) de l’équation (1) se ressemblent, à une
schéma (3) et – ------------
u 2, 2 – u 1, 2 ∂ x2
a 1 + ----
1 ------------------------------
- = gA (10)
2
-, 2 ∆x 1 + ---- 1 erreur de l’ordre de h 2 près, lorsque h → 0 : le schéma (3) est
-
2 consistant et d’ordre 2 en espace. Nous verrons au paragraphe 2 les
définitions précises et des techniques permettant de vérifier la
consistance et de calculer l’ordre d’un schéma.

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1.2 Discrétisation en temps des problèmes Par exemple, ∂ Uh / ∂ t est approché raisonnablement par
1
d’évolution n+1
(U h –
n
U h )∆t n + ----
sur
2
-
] t n, t n + 1 [
, avec une précision de l’ordre
de ∆t ou ∆t 2 comme indiqué en (14). Suivant l’instant que l’on
1.2.1 Problèmes continu et semi-discrétisé en espace
choisit, dans ]t n, t n + 1[, pour évaluer les autres termes de l’équa-
tion, on obtient l’un des schémas suivants :
Nous considérons maintenant des problèmes d’évolution, dans
lesquels l’inconnue u dépend, en plus de variables d’espace x, de n+1 n
la variable temps t. Par exemple, le problème d’évolution corres- Uh –Uh n n+1 
- + Ah ( ( 1 – θ ) U h + θ U h )
B h ------------------------------- 
pondant à (4) en thermique ou en hydraulique des milieux poreux ∆t n + 1  2 
est : = ( 1 – θ ) fh ( t n ) + θ fh ( t n + 1 )  (13)

trouver la fonction u : Ω × ] 0, T [ →  telle que
0
U h = U h0 n = 0, 1,..., N t – 1 
 

∂u 
b --------- – ∇ ⋅ ( a ∇u ) = f dans Ω × ] 0, T [  où θ est un paramètre à choisir dans [0, 1]. La discrétisation (13) de
∂t
 l’équation (12) porte le nom de θ -méthode :
u = u0 sur Ω à t = 0  (11)
 — lorsque θ = 0 et Bh est diagonale, la θ -méthode est explicite (pas
lorsque b : Ω →  , a : Ω →  , f : Ω × ] 0, T [ →   de système linéaire à résoudre pour calculer U h lorsque U h est
n+1 n

 connu) ;
g : ∂ Ω × ] 0, T [ →  , u 0 : Ω →  sont connus  — lorsque θ > 0 ou Bh n’est pas diagonale, la θ -méthode est
implicite : il faut résoudre un système (linéaire) à chaque pas de
où b représente en thermique [resp. hydraulique] la capacité temps.
thermique [resp. le coefficient de stockage, produit de la porosité
par la compressibilité par la masse volumique du fluide]. Afin de choisir entre les diverses discrétisations en temps, l’ingé-
nieur dispose de deux critères : la précision du schéma et sa stabilité,
Il faut naturellement vérifier que le problème continu est bien posé, qui sont définis précisément au paragraphe 2. Par exemple, l’applica-
ce qui est le cas de (11) (car maintenant la température est fixée à tion de ces deux critères au choix du paramètre θ de la θ -méthode
l’instant initial). On commence par effectuer une semi-discrétisation donne les résultats suivants :
en espace, c’est-à-dire que l’on discrétise le terme – ∇ · (a ∇u ), à
chaque instant t, comme on le ferait pour un problème stationnaire : — précision de la θ -méthode :
comme au paragraphe 1.1.2, on recouvre Ω par le maillage t h de O ( ∆t ) si θ ≠ 1  2 
la figure 2, et on remplace comme au paragraphe 1.1.3, à chaque  (14)
instant t, la recherche du profil de température x → u (x, t ) par celle O (∆t 2) si θ = 1  2 
d’un profil x → uh (x, t ) constant sur chaque maille Kh . Comme il y
a 112 mailles dans le maillage de la figure 2, cela revient à chercher, — stabilité de la θ -méthode :
à chaque instant t, un vecteur U h ( t ) ∈  112 formé des valeurs de
stable si λ min ∆ t < 2  ( 1 – 2 θ ) 0  θ < 1  2 
la fonction uh (t ) sur chaque maille de t h . En utilisant une des tech- –1 
niques d’approximation suggérées au paragraphe 1.1.2 (par ( où λ min = plus petite valeur propre de B h A h )  (15)

exemple la méthode qui est décrite en détail au paragraphe 3), inconditionnellement stable si 1  2  θ  1 
l’équation (11) est remplacée par le système suivant d’équations
différentielles : Les choix intéressants pour θ sont alors :
• θ = 0 [avantages : schéma explicite, donc immédiat à
dU h  programmer, faible coût de calcul pour un pas de temps ; inconvé-
B h ------------- ( t ) + A h U h ( t ) = f h , t ∈ ]0,T [ 
dt  (12) nients : stable seulement si ∆t < 2 /λ min , donc impossibilité de pren-
U h ( 0 ) = U 0h  dre des grands pas de temps, précision médiocre en O (∆t )] ;
 • θ = 1/2, dit schéma de Crank-Nicholson [avantages :
inconditionnellement stable, donc possibilité de prendre des pas de
où Ah , Bh sont des matrices de  112 . On dit que l’on a effectué une temps aussi grands que l’on veut, bonne précision en O (∆t 2) ;
semi-discrétisation en espace de l’équation (11). inconvénients : schéma implicite, donc nécessité de résoudre un
système linéaire à chaque pas de temps].
1.2.2 Discrétisation du temps
et choix du schéma en temps
L’intervalle de temps ]0, T [ est découpé en Nt petits intervalles
2. Consistance,
]t n – 1, t n [, n = 1, 2,..., N t et la recherche de la fonction t → Uh (t ) de précision ou ordre,
]0, T [ →  112 est remplacée par la recherche de N t vecteurs stabilité d’un schéma DF
n
U h ∈  112 , n = 1, 2,..., N t , l’objectif étant que les fonctions constantes
n Un schéma aux différences finies doit, pour être utilisable, satis-
par morceaux x → u h ( x ) correspondantes soient une approxima-
faire nécessairement au moins deux conditions.
tion de la solution exacte x → u (x, t n ) à chaque instant de discréti-
sation t n. ■ Le schéma doit être consistant, c’est-à-dire que l’équation
approchée doit ressembler à l’équation continue que l’on veut
résoudre. Il est espéré que cette propriété entraîne que le schéma est
convergent, c’est-à-dire que la solution discrète U h converge,
lorsque la discrétisation est affinée (h → 0) vers la solution exacte U.

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La consistance d’un schéma est, comme nous le verrons (§ 2.1), une ■ Exemple
propriété facile à vérifier par des calculs élémentaires, alors que la Étudions la consistance et l’ordre de l’approximation de
preuve de la convergence d’un schéma est beaucoup plus délicate, l’équation :
et souvent impossible pour des systèmes trop complexes. Il faut – (aux )x = f dans Ω = ]0, 1[ (22)
noter en outre que la vérification de la consistance se fait en pratique
en évaluant la précision ou l’ordre avec lequel l’équation discrète par le schéma à trois points sur un maillage uniforme de pas
approche l’équation continue. Là encore, il est espéré que cet ordre ∆x = h = 1/Nh :
sur l’équation du schéma coïncidera avec l’ordre de convergence sur
la solution, c’est-à-dire la puissance de h avec laquelle une norme ui + 1 – ui ui – ui – 1
a i + ----1 ------------------------- + a 1 -------------------------
convenable de uh – u converge vers zéro. La détermination de l’ordre 2
- h i – -----
2 h
de convergence d’un schéma se fait par des techniques similaires à – ------------------------------------------------------------------------------------------ = f i , i = 2, 3,..., N h – 1 (23)
h
celles utilisées pour prouver la convergence du schéma, et est donc
une opération difficile. Bien qu’il n’y ait pas de théorie générale, nos (22) et (23) sont simplement les versions 1 – D de (4) et (10) ; les
deux espoirs (consistance ⇒ convergence, ordre du schéma en cas 2 – D ou 3 – D se traitent de la même façon que le cas 1 – D
équation = ordre de convergence du schéma) sont vérifiés dans plu- présenté ici.
sieurs cas particuliers. Nous nous limitons ici à l’étude de la consis-
tance et de l’ordre en équation, renvoyant le lecteur à l’article La formule de Taylor appliquée à u entre les points :
Méthode des éléments finis [A 656] et à la littérature (voir 1 = ( x i + x i + 1 )  2 et x i + 1 ou x i
x i + ----
paragraphes 3 et 4) pour des démonstrations de convergence et des -
2
calculs d’ordre de convergence.
s’écrit [on note u′ 1 etc.] :
= u′ x i + ----
■ Pour les problèmes instationnaires, le schéma doit être 1
i + -----
2
 -
2

stable, comme l’est le système continu : lorsque l’on annule les h h2 h3
termes source, la solution du système doit rester bornée au cours ui + 1 1 + ----- u ′ 1 + -------------- u′′ 1 + -------------- u′′′ 1 + O ( h 4) (24)
= u i + ----
2
- 2 i + ----- 2 × 4 i + ---- 2
- 6×8 i + -----
2
du temps. Lorsque le schéma ne vérifie pas cette propriété, les 2
erreurs d’arrondi s’amplifient extrêmement rapidement d’un pas de
h h2 h3
temps sur l’autre, et la solution calculée explose, c’est-à-dire prend 1 – ----- u′ 1 + -------------- u′′ 1 – -------------- u′′′ 1 + O ( h 4 ) (25)
u i = u i + ----
des valeurs égales à plus ou moins l’infini de la machine. 2
- 2 i + -----
2
2 × 4 i + -----
2
6 ×8 i + -----
2

d’où :
2.1 Consistance, précision ou ordre h3
u i + 1 – u i = hu′ 1 + -------------- u′′′ 1 + O ( h 4 ) (26)
i + ----- 3×8 i + -----
d’un schéma 2 2

et, en multipliant par a i + ----


1 :
Considérons une équation aux dérivées partielles stationnaire sur -
2
un domaine Ω de  2 (les généralisations au cas instationnaire et h3
au cas de  3 sont immédiates) : 1 ( u i + 1 – u i ) = h ( au′ ) 1 + -------------- ( au′′′ ) 1 + O ( h 4 ) (27)
a i + ----
2
- i + -----
2 3×8 i + -----
2
∂u ∂u
 ∂ x1 ∂ x2 
E u ( x ), ----------- ( x ), ----------- ( x )... = 0 ∀x ∈ Ω (16) De même, en remplaçant dans (27) i par i – 1 on trouve :

h3
qu’on approche à l’aide d’un schéma aux différences finies : 1 ( u i – u i – 1 ) = h ( au′ ) 1 + -------------- ( au′′′ )
a i – ---- 1 + O ( h4 ) (28)
2
- i – -----
2 3 ×8 i – -----
2
Eh (U1 ,..., UNh ) = 0 (17)
Afin d’évaluer (27) moins (28), on applique de nouveau les
où U1 ,..., UNh sont les valeurs inconnues de la solution approchée
formules de Taylor aux fonctions au’ et au ’’’, ce qui donne [comparer
uh sur chaque maille de t h .
avec (26)] :
Pour toute solution régulière u de l’équation exacte (16), on note :
h3
ui = valeur de u au centre de la i-ème maille (18) ( au′ ) i + ----
1 – ( au′ ) 1 = h ( au′ )′i + -------------- ( au′ )′′′ + O ( h4 )
2
- i – -----
2 3 ×8 i

Les u i n’ont aucune raison de vérifier l’équation approchée (17) :


( au′′′ ) i + ----
1 – ( au′′′ ) 1 = h ( au′′′ )′i + O ( h 3 )
- i – -----
Eh (u1 ,..., uNh ) ≠ 0 (19) 2 2

et c’est la valeur de Eh (u1 ,..., uNh ) qui permet de mesurer la ressem- En portant dans (27) moins (28) et en divisant par h 2 il vient :
blance de l’équation approchée et de l’équation exacte.
1 ( ui + 1 – ui ) – a 1 ( ui – ui – 1 )
a i + ----
- i – -----
2 2
Définition 1 ----------------------------------------------------------------------------------------------
-
h2
Le schéma aux différences finies (17) pour l’approximation de
l’équation (16) est dit : h2 h2
= ( au ′ )′i + -------------- ( au ′ )′′′ + O ( h 2 ) + -------------- ( au′′′ )′i + O ( h 4 ) + O ( h 2 )
— consistant si et seulement si, pour toute solution régulière 3×8 i 3×8
u de (16) on a :
Eh (u1 ,..., uNh ) → 0 (20) Mais u est la solution exacte de l’équation (22), donc – ( au ′ )′i = f i ,
de sorte qu’il reste :
lorsque la taille h du maillage tend vers zéro ;
— d’ordre  en équation si et seulement si, pour toute solution 1 ( ui + 1 – ui ) – a 1 ( ui – ui – 1 )
a i + ----
- i – -----
2 2
régulière u de (16) on a : - – fi = O ( h 2 )
– ----------------------------------------------------------------------------------------------- (29)
h2
Eh (u1 ,..., uNh ) = O (h ζ ) (21)
ce qui prouve que le schéma (23) est consistant avec l’équation (22)
lorsque la taille h du maillage tend vers zéro. et d’ordre 2 en équation.

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■ Remarque où Mh (∆t ) est appelée la matrice de passage, G nh est un vecteur


Lorsque le maillage n’est pas uniforme, le schéma (23) devient faisant intervenir les termes source actifs entre les instants n et n + 1
en 1 – D : et où on a supposé la discrétisation en temps uniforme pour simpli-
fier. Le schéma (13), par exemple, est de la forme (34) avec :
ui + 1 – ui ui – ui – 1
1 ------------------------- – a
a i + ---- 1 -------------------------
2
- h i + ----1 i – -----
2 h i – ----1 M h = ( B h + θ ∆t A h ) –1 ( B h – ( 1 – θ ) ∆t A h ) 
-
2
-
2 
– ------------------------------------------------------------------------------------------ = f i i = 2,3,..., N h – 1 (30) n  (35)
hi G h = ( B h + θ ∆t A h ) ∆t { ( 1 – θ ) f h ( t ) + θ f h ( t
– 1 n n + 1 ) }

De même que précédemment, on trouve :
Pour étudier la stabilité du schéma (34), on considère le cas où
ui + 1 – ui le système évolue sous sa propre dynamique à partir d’un état initial
1 ------------------------- = ( au′ ) 1 + O ( h 2 )
a i + ---- 0 n
2
- h i + ----1
-
i + -----
2 U h sans interventions extérieures (on suppose donc G h = 0) :
2
n+1 n 0
Uh = M h ( ∆t ) U h U h donné (36)
1 = ( x i + x i + 1 )  2 est le milieu de l’intervalle [xi , xi + 1],
où le point x i + ----
-
2
et non l’interface entre la maille centrée en x i et celle centrée en xi + 1 .
En appliquant la formule de Taylor à (au ’) entre xi et x i + ---- Définition 2
1 ou x 1 ,
- i – -----
2 2 Le schéma (34) est dit :
on trouve facilement que : • asymptotiquement stable (pour un pas de temps ∆ t donné)
ui + 1 – ui ui – ui – 1 si et seulement si il existe une norme || || sur  Nh telle que, pour
1 ------------------------- – a
a i + ---- 1 -------------------------
2
- h i + ----1 i – -----
2 h i – ----1 0 n
-
2
-
2
tout U h , la solution U h de (36) vérifie :
~ - – fi = O ( h )
– ---------------------------------------------------------------------------------------- (31)
hi n 0
||U h ||  ||U h || ∀n ∈  (37)

~ hi – 1 hi hi + 1 • T-stable (pour une durée de simulation T donnée) si et


où 1 –x
h i = |x i + ---- 1 | = ------------- + -------- + --------------
- i – ----- 4 2 4
2 2 seulement si il existe une norme || || sur  Nh et un nombre

On voit donc que le schéma (31) est consistant et d’ordre 1. Quant α > 0 tels que, pour tout U 0h et pour toute discrétisation de
1 n
au schéma habituel (30), si on choisit h i – 1 = ----- h i = h i + 1 , et si on l’intervalle [0,T ] en Nt pas de temps, la solution U h de (36)
2 vérifie :
affine le maillage en gardant ces propositions et en laissant xi fixe,
n 0
~ 3 ||U h ||  exp ( α T ) || U h || ∀n ∈ { 0, 1,2,..., N t } (38)
on constate que h i = ----- h i , de sorte que :
4
ui + 1 – ui ui – ui – 1 L’asymptotique stabilité d’un schéma permet de simuler l’équation
1 ------------------------- – a 1 -------------------------
a i + ---- sur des temps aussi longs que l’on veut, on est garanti que la solution
2
- h i + ----1
-
i – -----
2 h i – ----
1
-
2 2 3 reste bornée lorsque le nombre de pas de temps tend vers l’infini.
– ----------------------------------------------------------------------------------------- – f i → – ----- ( au ′ )′i – f i ≠ 0 (32)
hi 4 La stabilité simple ne permet de simuler l’équation que sur une
période de temps finie, d’autant plus courte que α est grand.
donc le schéma (30) n’est pas consistant ! Pourtant il est couram- La méthode de von Neumann pour l’étude de la stabilité du
ment utilisé sans aucun problème. schéma (34) consiste à étudier les propriétés d’amplification de la
Le paradoxe est levé lorsque l’on remarque que le schéma (30) matrice de passage M h ( ∆ t ). Nous allons décrire (§ 2.2.1) son
devient consistant si l’on ajoute la condition que le maillage application aux problèmes avec conditions aux limites, puis nous
s’uniformise lorsque h → 0, c’est-à-dire : décrirons (§ 2.2.2) une variante très populaire, mais limitée au cas
des problèmes avec conditions aux limites périodiques ou posés sur
(hi + 1 – hi )/(hi + hi + 1) → 0 (33)
 n tout entier. Il existe une autre méthode pour l’étude de la stabilité,
ce qui est naturel d’un point de vue pratique (lorsqu’on peut mettre la méthode de l’énergie, basée sur des estimations a priori liées à
autant de points que l’on veut, autant les distribuer uniformément...). la structure de l’équation aux dérivées partielles, que nous ne décri-
On se contente donc en général de vérifier la consistance pour des rons pas ici.
maillages réguliers.
2.2.1 Méthode de von Neumann matricielle
2.2 Stabilité pour un problème Le système (36) se réécrit :
d’évolution linéaire
n 0
U h = ( M h ( ∆t ) ) n U h n ∈  (39)
Une fois une discrétisation en espace et en temps choisie, le
schéma aux différences finies est, pour une équation linéaire, de la et par conséquent, en notant encore || || la norme matricielle induite
forme : par une norme vectorielle || || sur  Nh :
n+1 n n
Uh = M h ( ∆t )U h + Gh (34)
n 0
||U h ||  || ( M h ( ∆t ) ) n || ||U h || (40)

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Mais on sait que le rayon spectral d’une matrice est la borne infé- une recherche numérique de plus grande valeur propre, mais ce
rieure de ses normes matricielles induites [2]. On en déduit donc calcul est à recommencer à chaque changement de pas de discrétisa-
immédiatement la proposition 1. tion h et n’est pas effectué en général).
■ Remarque
Proposition 1 Dans le cas très particulier du schéma (13) pour le problème (11)
Le schéma (34) est : en dimension 1 d’espace, avec a (x ) et b (x ) constants et des condi-
— asymptotiquement stable (pour les pas de temps tions aux limites de Dirichlet (u = 0) au lieu de Neumann (∂u / ∂n = 0),
∆t < ∆tmax ) dès que : on peut calculer explicitement toutes les valeurs propres µ de C, et
on constate que :
ρ (Mh (∆t )) < 1 ∀∆t < ∆tmax (si Mh (∆t ) non symétrique ) (41) 2a
µ max = ------------
- (50)
ou que : bh 2

ρ ( M h ( ∆t ) )  1 ∀∆ t < ∆ t max ( si M h ( ∆ t ) est symétrique )(42) On dit alors que le schéma (25) a une « condition de stabilité en
∆t /h 2 » : si on divise le pas d’espace par 2, il faut diviser le pas de
— T-stable (pour n’importe quel T) dès qu’il existe α > 0 et temps par 4 !
∆tmax > 0 tels que :
ρ (Mh (∆t )) < 1 + α ∆t ∀∆t < ∆tmax (43) 2.2.2 Méthode de von Neumann scalaire
Le schéma est dit conditionnellement stable si ∆tmax < ∞,
inconditionnellement stable si ∆tmax = +∞. Cette méthode, d’un usage très pratique, est un cas particulier de
la précédente : au lieu d’évaluer le rayon spectral ρ (Mh (∆t )) de la
matrice de passage, on se contente d’évaluer sa norme ||Mh (∆t )|| 2 ,
Nous illustrons maintenant ce résultat sur le schéma (13) pour induite par la norme euclidienne, et de vérifier que :
lequel la matrice Mh a été explicitée en (35) et peut se réécrire :
|| M h ( ∆t ) || 2  1 (stabilité asymptotique) (51)
1 1 1 1 1 1
– ----- – ----- – ----- – ----- – ----- ---
Mh = Bh 2  I + θ ∆t B h 2 A h B h 2 –1   I – ( 1 – θ ) ∆t Bh 2 Ah Bh 2  B h2 (44) ou que :
|| M h ( ∆t ) || 2  1 + α ∆ t ( T -stabilité ) (52)
où Bh est diagonale définie positive, Ah symétrique semi-définie
positive et où I est la matrice identité. En posant : Le calcul de ||Mh (∆t )||2 peut se faire très facilement en utilisant
1 1
le fait que la transformée de Fourier est une isométrie pour la norme
– ----- – ----- || ||2 , dès que l’on peut transformer par Fourier en espace l’équation
2 2
C = Bh Ah Bh et N h = ( I + θ ∆ t C ) –1 ( I – ( 1 – θ ) ∆ tC ) (45) dont on étudie la stabilité. Cela a lieu dans deux cas :
on voit que Mh et Nh ont les mêmes valeurs propres λ, qui sont liées Ω =  n ( u vérifie l ′ équation sur  n tout entier ) (53)
aux valeurs propres µ de C par la relation :
n
1 – ( 1 – θ ) µ ∆t
λ = -----------------------------------------
1 + θµ ∆t
(46) Ω = ∏ [ ai , bi ] avec conditions aux limites périodiques (54)
i=1

qui se réécrit : n
(u peut être prolongé à  tout entier par périodicité tout en vérifiant
µ ∆t l’équation).
λ = 1 – --------------------------
1 + θµ ∆t
Explicitons cette méthode dans le cas Ω =  (la généralisation
Ainsi la condition |λ|  1 (car ici Mh est symétrique) se traduit aux problèmes en dimensions 2 et 3 d’espace est immédiate). À
µ∆t chaque instant t n = n∆t, la solution u (.,t n ) est donc approchée par
sur µ par 0  --------------------------  2 , soit : n
1 + θµ ∆ t la suite des nombres ( u i , i ∈  ), auxquels on associe la fonction en
n
escalier u h ( x ) définie par :
( 1 – 2 θ ) µ ∆t  2 (47)
— Si 1  2  θ  1 , la condition est toujours vérifiée, et le n n 1 1
u h ( x ) = u i dès que  i – -----  h < x <  i + -----  h (55)
schéma (13) est inconditionnellement asymptotiquement stable. 2 2
— Si 0  θ < 1  2 , la condition n’est vérifiée que si : ^n
et sa transformée de Fourier u h ( k ) définie par :
µ ∆t  2  ( 1 – 2 θ )

(48)
^n n
pour toute valeur propre µ de C, c’est-à-dire si : u h ( k ) = Cte u h ( x ) exp ( i k x ) dx (56)


∆t  ∆ t max où la constante est telle que la transformation de Fourier soit une


 2 2
2
–1
µ max  isométrie de L x (  ) sur L k (  ) :
avec ∆ t max = --------------------- 
1 – 2θ  (49)
1 1  ^n n
2 
– ----- – ----- |u h | L2 (  ) = |u h | L2 (  ) (57)
2
où µ max = plus grande valeur propre de C = B h A h B h  k x

On détermine ensuite (on verra comment plus loin sur un


et donc le schéma (13) est conditionnellement asymptotiquement exemple) le coefficient d’amplification m ( k ) ∈  pour le nombre
stable. d’onde k (fréquence spatiale) du schéma dont on étudie la stabilité,
Il est difficile d’aller plus loin dans cette approche matricielle de qui vérifie :
la stabilité, car le calcul des valeurs propres de C est en général ^n
uh
+1 ^n
(k ) = m (k ) u h (k ) (58)
impossible à la main (on peut naturellement déterminer µmax par

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D’où : Prenons la transformée de Fourier de (63). En remarquant que la


n
n+1 ^n +1 transformée de Fourier de x → uh (x + h ) est exp ( ikh ) u^ h ( k ) , il
|u h | L2 (  ) = |u h | L2 (  ) [d’après (57)]
x k vient :
^n +1 ^n n+1 ^n
|u h | L2 (  )  { sup k ∈  | m ( k ) | } | u h | [d’après (58)] u h (k) – u h(k)
^
2 – exp ( – ikh ) – exp ( ikh ) ^ n
- u h ( k ) 
2
k Lk (  ) b --------------------------------------------- + ( 1 – θ ) a ---------------------------------------------------------------------
∆t h2 
^n
|u h | = |u h |
n
[d’après (57)]  (64)
2
Lk (  )
2
Lx (  ) 2 – exp ( – ikh ) – exp ( ikh ) ^ n + 1 
+ θ a -------------------------------------------------------------------------
- u h ( k ) = 0 
h2
soit |u h
n+1
| L2 (  )  { sup k ∈  | m ( k ) | } | u h |
n
2 
x Lx (  )
ce qui se réécrit :
ce qui montre que Mh (∆t ) est ici une matrice infinie :
2a ( 1 – cos kh )
||M h ( ∆t )|| 2  sup| m ( k ) | (59) 1 – ( 1 – θ ) ∆t ------------------------------------------ -
k∈ ^n +1 bh 2 n
uh ( k ) = -------------------------------------------------------------------------------- u^h ( k ) (65)
2a ( 1 – cos kh )
On a ainsi la proposition 2. 1 + θ ∆t ------------------------------------------ -
bh 2
ce qui montre que le coefficient d’amplification m (k ) associé au
Proposition 2
schéma (62) est donné par :
Le schéma ayant généré (58) est :
1 – ( 1 – θ ) ∆t µ ( k ) 2a
— asymptotiquement stable (pour les pas de temps m ( k ) = --------------------------------------------------- où µ ( k ) = ------------
- ( 1 – cos kh ) (66)
∆t < ∆tmax ) dès que : 1 + θ ∆t µ ( k ) bh 2

sup| m ( k ) |  1 ∀∆ t < ∆ t max (60)


On remarque que la formule donnant m (k ) dans (66) est la même
k∈ que celle donnant la valeur propre λ de Mh dans (46).
— T-stable (pour n’importe quel T ) dès qu’il existe : α > 0 et Les mêmes calculs montrent alors que :
∆tmax > 0 tels que : — si 1  2  θ  1 , on a toujours sup k ∈  |a ( k ) |  1 , et le
sup| m ( k ) |  1 + α ∆ t ∀∆ t < ∆ t max schéma (13) est inconditionnellement asymptotiquement stable ;
(61) — si 0  θ < 1  2 , la condition sup k ∈  |a ( k ) |  1 n’est vérifiée
k∈
que si :
Appliquons cette proposition une fois encore au même µ ( k ) ∆t  2  ( 1 – 2 θ ) k∈ (67)
schéma (13) discrétisant l’équation (12), mais dans le cas où Ω = 
Mais le sup de µ (k ) est donné par :
pour satisfaire les hypothèses de la méthode. On suppose Ω = 
recouvert par un maillage uniforme de taille h > 0, le pas de temps 2a
∆t uniforme pendant toute la durée de la simulation, et les coeffi- sup µ ( k ) = ------------
2
- (68)
k∈
bh
cients a (x ) et b (x ) constants. Le schéma (13) se réduit alors (§ 3) au
schéma (9), ce qui donne, pour un second membre nul : de sorte que (67) est équivalent à :
n+1 n n n n
ui – ui 2u i – ui–1 – ui+1 2a∆t
b ------------------------------ + ( 1 – θ ) a --------------------------------------------------- -  2(1 – 2θ)
--------------
∆t h 2 bh 2
(62)
n+1 n+1 n+1
2 ui – ui – 1 – ui + 1 c’est-à-dire :
+ θ a ----------------------------------------------------------
- = 0, ∀i ∈  ∆t b
h2 -  ----------------------------
-------- (69)
h2 a (1 – 2θ )
Il faut maintenant calculer le coefficient d’amplification m (k )
associé au schéma (62). qui est la condition de stabilité à vérifier dans le cas 0  θ < 1  2 .
On réécrit pour cela l’équation aux différences vérifiée par les fonc- Pour terminer, mentionnons que la simplicité de la méthode de
n n+1 von Neumann scalaire la fait utiliser pour l’étude de la stabilité de
tions en escalier u h ( x ) et u h ( x ) , et qui se déduit immédiatement problèmes qui ne rentrent pas stricto sensu dans l’un des cas (53)
de (62) : ou (54). On se ramène pour cela à l’un de ces deux cas en modifiant
les conditions aux limites du problème [en les repoussant à l’infini
n+1 n n n n
u h (x) – u h(x) 2u h ( x ) – u h ( x – h ) – u h ( x + h )  pour se ramener à (53), ou en les remplaçant par des conditions
b ---------------------------------------------- + ( 1 – θ )a ------------------------------------------------------------------------------------
-  périodiques pour se ramener à (54)]. Cela revient, dans le système
∆t h2 
 (63) d’équations discrètes décrivant l’évolution de la solution et dont on
n+1
2u h (x ) – u h (x – h ) – u h (x + h )
n+1 n+1
 veut étudier la stabilité, à écarter les équations correspondant aux
- = 0 
+ θ a --------------------------------------------------------------------------------------------------------------- conditions aux limites, et à ne s’intéresser qu’à la stabilité de l’équa-
h2  tion associée à un point intérieur du maillage initial. Le pari fait
(souvent implicitement) est que les résultats de stabilité obtenus
pour presque tout x ∈  . restent valables lorsqu’on réintroduit les conditions aux limites, ce
qui est en général le cas si ces dernières ont été discrétisées
raisonnablement.

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3. Construction de schéma DF
pour les opérateurs
du 2e ordre (elliptiques)
On va développer dans ce paragraphe une approximation aux
différences finies pour le problème :

trouver la fonction u : Ω →  telle que 


– ∇ ⋅ (a∇u ) = f dans Ω 
 Figure 4 – Le domaine  et sa rectangulation t h
u = ue sur ∂Ω D 
 adaptée aux conditions aux limites
∂u 
a --------- = g sur ∂Ω N (70)
∂ν 

lorsque a : Ω →  , f : Ω →  , u e : ∂Ω D →  , 
On a donc en tout 5 degrés de liberté UK , TUK , A , A ⊂ ∂K pour

g : ∂Ω N →  sont connus  approcher u sur chaque maille K de t h .

où Ω est un domaine de  2 recouvert par une famille t h de


mailles rectangulaires de côtés parallèles aux axes (§ 1.1.2), et où
∂ΩD et ∂ΩN forment une partition du bord ∂Ω de Ω, correspondant
3.2 Approximation du flux sur une maille :
aux conditions aux limites de Dirichlet (u imposé) et de Neumann espace de Raviart-Thomas
(flux a ∂u / ∂ν imposé).
On suppose que le maillage t h a été choisi adapté aux conditions
L’inconnue vectorielle q ( flux ) est approchée sur chaque maille
aux limites, c’est-à-dire que ∂ ΩD et ∂ ΩN sont chacune formées
exactement d’un certain nombre d’arêtes de t h (figure 4). K ∈ t h par :
Dans un problème tel que (70) les inconnues physiquement q K ∈ X K ⊂ [ ∞ ( K ) ]2 (75)
significatives sont :
où X K est l’espace de Raviart-Thomas sur K , choisi de façon à
u : Ω →  , température ou pression (71) vérifier :

a) ∇ ⋅ q K = constante sur K , ∀ q K ∈ X K ;
q = – a ∇ u : Ω →  2 , vecteur flux de chaleur ou de fluide (72)

La méthode d’éléments finis mixtes hybrides que nous allons b) q K ⋅ ν K = constante sur A , ∀ q K ∈ X K , ∀A ⊂ ∂ K ;
utiliser pour construire notre schéma aux différences finies approche
séparément, sur chaque maille K , l’inconnue scalaire u par une c) q K ∈ X K est parfaitement déterminé par la connaissance de
valeur moyenne UK sur K plus une valeur moyenne T UK , A sur son flux :
chaque côté A de K, et le champ de vecteur q par q K ; on écrit
ensuite que l’équation (70) est vérifiée, dans un sens approché, sur
Q K, A =  A
q K ⋅ νK ∀A ⊂ ∂ K (76)
chaque maille K de t h , puis que les températures et les flux sont à travers chacun des 4 côtés A de K.
continus sur les arêtes communes à deux mailles, puis que les
conditions aux limites sont vérifiées sur les arêtes frontières. Le La condition a) exprime le fait que la divergence de q K se trouve
schéma aux différences finies proprement dit liant les inconnues de dans le même espace de dimension finie que l’approximation u K
mailles UK est obtenu très simplement en éliminant les inconnues choisie pour l’inconnue scalaire. Cette propriété est très utile au
paragraphe 3.3 lorsque nous établissons les équations discrètes
auxiliaires TUK , A et q K . sur K.
La condition c ) permet d’écrire très commodément, au
paragraphe 3.4, le raccord des flux entre deux mailles contiguës K
3.1 Approximation de la solution et K ’ ayant en commun l’arête A : il suffit, vu que ν K et ν K ′ sont
sur une maille : une constante opposés, d’écrire que les champs de vecteurs q K et q K ′ ont des
plus une valeur par arête flux QK , A et QK’ , A opposés.
L’inconnue scalaire u est d’abord approchée sur chaque maille La condition b) a alors pour conséquence que :
K ∈ t h par une constante :
qK ⋅ ν K = qK′⋅ ν K (= constante !) en tout point de l′ arête A (77)
U K = constante sur K
(73)
(approximation de la valeur moyenne de u sur K ) c’est-à-dire que les composantes normales des champs q K et q K ′
se raccordent en tout point de l’arête A commune à K et K ’. La
Cette seule valeur moyenne est insuffisante pour décrire
continuité de la composante normale ainsi obtenue est très utile en
correctement u sur K : la continuité de u d’une maille à sa voisine
pratique : par exemple si l’on veut faire avancer des particules le long
par exemple ne peut s’écrire à l’aide des UK . On introduit donc
quatre inconnues supplémentaires décrivant u sur chacune des des lignes de champ de q K et q K ′ , on est sûr qu’il n’y a jamais
quatre arêtes A formant le bord de K : d’ambiguïté sur le devenir de la particule lorsqu’elle rencontre
l’arête A.
TU K, A = constante sur A, ∀A ⊂ ∂ K
(74)
(approximation de la valeur moyenne de la trace de u sur l′arête A)

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Définissons alors quatre champs de vecteurs élémentaires W K, A , 3.3 Équation dans une maille
A ⊂ ∂K associés à chaque côté A de la maille K par (notations de
la figure 5). Nous allons maintenant approcher, sur la maille K, la première
équation de (70), qui se réécrit en introduisant le vecteur flux q :
W K, A = |K | –1 MA M ∀A ⊂ ∂ K (78)

où |K | représente l’aire de la maille K. La figure 6 illustre un de ces ∇⋅ q = f dans K (87)


champs de vecteurs.
Ces quatre champs élémentaires satisfont la propriété a ) car : q = – a∇u dans K (88)

∇ ⋅ W K, A = |K | –1 = constante sur K (79) soit, de façon équivalente :

et la propriété b ) car :  K
v∇ ⋅ q = 
K
fv ∀v : K →  (89)
 | A | –1 en tout point de l ′ arête A
W K, A ⋅ ν K = 
 0 sur le reste du bord ∂ K de K
(80)
 K
q ⋅ s
------------------- =
a

K
u∇ ⋅ s – 
∂K
us ⋅ νK ∀ s : K → 2 (90)

D’où :
Vu que u est approché sur K par une fonction constante UK et sur
 K
∇ ⋅ W K, A = 1 ∀A ⊂ ∂ K (81)
∂K par une fonction constante sur chaque arête TUK , A , A ⊂ ∂K, et
que q est approché par un champ q K dont la divergence est

B
W K, A ⋅ ν K = δ A,B ∀A,B ⊂ ∂ K (82)
constante sur K, il est naturel de choisir comme analogue discret
de (89) et (90) les équations suivantes :

On voit ainsi que le champ de vecteurs élémentaires W K, A a un K


K ∇ ⋅ q K = 
K
f Vk ∀V K ∈  (91)
flux de + 1 à travers le côté A de K (les flux sortant de K étant comptés
positivement) et de 0 à travers les trois autres côtés de K. Au vu
de la propriété c ), il est alors naturel de définir : K
qK ⋅ s K
-------------------------
a
-= 
K
UK ∇ ⋅ s K – ∑
A ⊂ ∂K

A
TU K, A s K ⋅ ν K
(92)
l′espace de Raviart-Thomas (d ′ ordre le plus bas)  ∀s K ∈ XK

sur K est l ′ espace X K de dimension 4 engendré 
Si l’on suppose, comme il est d’usage, que le second membre f
par les quatre champs de vecteurs élémentaires  (83)
et le coefficient a sont constants sur chaque maille K de t h :

W K, A , A ⊂ ∂ K  f = ( fK , K ∈ th ) (93)

Ainsi tout champ q K ∈ X K est de la forme : a = ( aK , K ∈ th ) (94)

q K (x ) = ∑ Q K, A W K, A ( x ) (84) alors tous les intégrandes dans (91) et (92) sont des fonctions
constantes, à l’exception de la première intégrale de (92), où l’on a
A ⊂ ∂K
à intégrer un polynôme de degré 2. On décide alors de calculer cette
et il résulte de (81) et (82) que : intégrale par la formule approchée suivante :


K
∇⋅ qK = ∑
A ⊂ ∂K
Q K, A (85)  ψ≈
K
|K | 
I K ( ψ ) = ---------- ( ψ ( a 1 ) + ψ ( a 2 ) + ψ ( a 3 ) + ψ ( a 4 ) )
4 
 (95)
où les a i ( i = 1,..., 4 ) sont les 4 sommets de la maille K 
A
q K ⋅ ν K = Q K, A A ⊂ ∂K (86)

On voit ainsi que les coefficients QK , A de q K sur la base W K, A


sont exactement les flux de q K à travers chacun des 4 côtés de
la maille K , qui déterminent donc parfaitement q K comme le
demande la propriété c ).

Figure 5 – Notations pour la définition des champs Figure 6 – Représentation du champ de vecteurs W K, A dont le flux
à travers l’arête A est 1 et le flux à travers les autres arêtes est 0
de vecteurs W K, A de X K

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L’équation (91) se réécrit alors, puisque ∇ ⋅ q K est constant sur ■ En chaque arête frontière A située sur ∂ΩN , et donc bordée par
K, en tenant compte de (85) : un seul élément K de t h , on impose le flux traversant l’arête :

∑ Q K, A = |K | f K (96) QK, A + Qe, A = 0 (106)


A ⊂ ∂K
où :
et l’équation (92) se réécrit, en prenant pour s K successivement les Q e, A = A
g (107)
quatre champs de vecteurs élémentaires W K, A formant la base de

X K , et en tenant compte des propriétés (81) et (82) des W K, A :


3.5 Schéma aux différences finies

–1
aK Q K, B I K ( W K, B ⋅ W K, A ) = U K – TU K,A ∀A ⊂ ∂ K (97)
B ⊂ ∂K
Les équations (96), (100), (102), (103), (104) et (106) constituent les
Un calcul élémentaire montre que : équations discrètes approchant l’équation elliptique (70). En
remarquant que le raccord des températures (102) amène à ne
0 si B ≠ A considérer qu’une seule température moyenne TUA sur chaque
IK ( W K, B ⋅ W K, A ) =  (98) arête A :
 h K, A  |A | si B = A
TU A = TU K, A ∀K ∈ t h , A ⊂ ∂ K (108)
|K |
où h K, A = --------------- = distance du centre de K à l ′ arête A (99) ces équations discrètes se réécrivent :
2 |A |
de sorte que (97) se réécrit : ∑ Q K, A = | K | f K ∀K ∈ t h (109)
A ⊂ ∂K
–1
h K, A a K |A | –1 Q K, A = U K – TU K, A ∀A ⊂ ∂ K (100) –1
h K, A a K | A | –1 Q K, A = U K – TU A ∀K ∈ t h , ∀A ⊂ ∂ K (110)
Les équations cherchées liant, sur K , les neuf inconnues UK ,
TUK , A , A ⊂ ∂K et QK, A , A ⊂ ∂K sont ainsi : QK, A + QK ’, A = 0 ∀A intérieure (111)
— l’équation (96), appelée équation de bilan, parce qu’elle traduit TUA = Ue, A A ⊂ ∂ΩD (112)
exactement le fait que le débit de chaleur quittant la maille K à travers
ses 4 côtés est exactement égal au débit de chaleur injecté dans la QK, A + Qe, A = 0 ∀A ⊂ ∂ΩN (113)
maille par le terme source ;
— les 4 équations (100) (une pour chaque arête A et K ), appelées Pour obtenir le schéma aux différences finies cherché liant les
équations de consistance, puisqu’elles se réécrivent sur chaque arête valeurs de maille UK seulement, il suffit d’éliminer les inconnues
A, en utilisant (84) et (80) : QK, A et TUA de (109), (110), (111), (112) et (113).
Éliminons d’abord TU A sur les arêtes A intérieures, et donc
TU K , A – U K  bordées par deux éléments K et K ’. Écrivons (110) une fois pour K
q ⋅ ν K = | A | –1 Q K, A = – a K ---------------------------------- 
K et A, puis une autre fois pour K ’ et A :
hK , A  (101)
 –1
en tout point de A  h K, A a K | A | –1 Q K, A = U K – TU A
–1
ce qui traduit bien le fait que (100) est consistante avec l’équation h K ′, A a K ′ | A | –1 Q K ′, A = U K ′ – TU A
q = – a∇u.
En soustrayant il vient, compte tenu de (111) :
–1 –1
 h K, A a K + h K ′, A a K ′  | A | – 1 Q K, A = U K – U K ′ (114)
3.4 Conditions de raccord et conditions En notant :
aux limites
hK, K ’ = hK, A + hK ’,A = distance des centres des mailles K et K ’ (115)

–1 –1 –1
Nous complétons maintenant les équations (96) et (100) par des h K, A a K + h K ′, A a K ′
équations précisant l’interaction d’une maille K avec les mailles a K, K ′ = ---------------------------------------------------------- = conductivité intermaille (116)
h K, K ′
voisines ou avec l’extérieur à travers la frontière ∂Ω.
■ En chaque arête A intérieure, c’est-à-dire bordée par deux élé- QK, K ’ = QK, A = débit de la maille K vers la maille K ’ (117)
ments K et K ’ de t h , on impose le raccord des températures :
l’équation (114) se réécrit :
TUK, A = TUK ’, A (102)
UK – UK ′
et des flux (les normales extérieures à K et K ’ sont opposées) : Q K, K ′ = | A | a K, K ′ ------------------------- ∀A intérieure (118)
h K, K ′
QK, A + QK ’, A = 0 (103)
Éliminons ensuite TUA sur les arêtes frontières A situées sur ∂ΩD ,
■ En chaque arête frontière A située sur ∂ΩD , et donc bordée par un et donc bordées par un seul élément K. En portant (112) dans (110),
seul élément K de t h , on impose la température : on trouve :
TUK, A = Ue, A (104) U K – U e, A
Q K, A = |A |a K ----------------------------- ∀A ⊂ ∂Ω D (119)
h K, A
où Ue, A = valeur moyenne de ue sur l’arête A (105)

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Enfin, sur les arêtes frontières A situées sur ∂ΩN , le débit QK, A
est directement donné par la condition aux limites (113) :
QK, A = – Qe, A ∀A ⊂ ∂ Ω N (120)
l’équation (110) ne servant alors qu’à calculer TUA si l’on en a besoin.
Il suffit alors, pour obtenir une équation ne faisant intervenir que
les inconnues UK associées aux mailles, de reporter les formules
(118), (119) et (120) donnant le débit à travers les différents types
d’arêtes dans l’équation de bilan (109). On obtient ainsi :

1 UK – UK ′
∑ ------------------ a K, K ′ -------------------------
2h K, A h K, K ′
K ′ ∈ (K )

1 UK – Ue , A
+ ∑ ------------------ a K ----------------------------
2 hK , A hK , A
- (121)
A ⊂ ∂ K ∩ ∂Ω D
Figure 7 – Le domaine  , les conditions aux limites,
1
+ ∑ ---------- Q e , A = f K
|K |
∀K ∈ t h le maillage et sa numérotation pour l’exemple du paragraphe 3.5
A ⊂ ∂ K ∩ ∂Ω N

où :
 ( K ) = ensemble des mailles K ′ voisines de K , 
c ′ est-à-dire ayant une arête A commune avec K 
(122)

L’équation (121) est le schéma aux différences finies cherché pour


l’approximation du problème elliptique (70). En une maille K inté-
rieure à Ω, (121) coïncide avec le schéma (9) obtenu directement par
différences finies au paragraphe 1 ! La matrice du système (121) est
pentadiagonale, symétrique, définie positive dès que ∂ΩD contient
au moins une arête A. Le calcul de UK sur chaque maille K ∈ t h peut
donc se faire commodément par une méthode de Choleski, ou de
gradient conjugué si le système est de trop grande taille.
Figure 8 – La matrice Ah et le second membre Fh
Exemple
pour l’exemple de la figure 7
On considère le problème (70) posé sur Ω = ]0, 1[ × ]0, 1[, avec des
conditions de Dirichlet et de Neumann sur ∂ΩD et ∂ΩN comme indiqué
sur la figure 7, et où on suppose a ≡ 1, u e ≡ 0, g ≡ 0 . On recouvre Ω par
un maillage 3 × 3 dont les mailles sont numérotées comme sur la 3.6 Remarques, généralisation
figure 7.
On peut se poser la question de l’intérêt de l’approche développée
Le maillage étant uniforme, on a ici :
ci-dessus pour établir le schéma aux différences finies (121), alors
2hK, A = hK, K ’ = h = 1/3 (123) qu’au paragraphe 1 nous avons établi en 3 lignes, par la méthode
des différences finies, le schéma (9) auquel se réduit (121) en une
de sorte que (121) se réécrit, puisque aK = 1, ue , A = Qe , A = 0 : maille intérieure ! Voici quelques éléments de réponse.

1   ■ La méthodologie développée permet de discrétiser de façon très


-------2  ∑ ( U K – U K ′ ) + 2 ∑ UK  = fK ∀K ∈ t h (124) naturelle (voir paragraphe 3.4) les conditions aux limites de Dirichlet
h  K ′ ∈ (K ) A ⊂ ∂ K ∩ ∂Ω D  et de Neumann, alors que cela n’était pas du tout évident par la
méthode des différences finies comme nous l’avons montré au
Avec la numérotation de la figure 7, (124) se réécrit sous forme paragraphe 1.1.4.
matricielle :
A h U h = Fh (125) ■ La matrice associée à (121) est à coup sûr symétrique définie posi-
tive [car le problème (70) correspond à un opérateur autoadjoint dont
où la matrice 9 × 9 A h et le second membre Fh sont décrits dans la les valeurs propres sont toutes strictement positives]. Au contraire,
figure 8. On constate par exemple sur la (seule !) maille intérieure 5 une discrétisation maladroite des conditions de Neumann par la
(correspondant à la 5e ligne de la matrice) que l’on retrouve bien le méthode des différences finies peut mener à une matrice non
schéma usuel du laplacien à 5 points avec coefficients 4,–1,– 1,– 1,– 1. symétrique !
Une fois les UK calculés sur chaque maille, les débits à travers ■ Le schéma (121) est consistant et convergent : on montre en effet
chaque arête du maillage se calculent, là où on en a besoin, à l’aide que si la solution exacte u est régulière, on a :
des formules (118), (119) et (120), ce qui permet de déterminer
parfaitement q h ( x ) en n’importe quel point x de Ω non situé sur ||u – u h || L 2 ( Ω ) + || q – q h || H ( div, Ω )  constante × h (126)
une arête (en un point situé sur une arête, la composante tangentielle
■ L’approche utilisée nous a amené à définir des inconnues
de q h est en général discontinue, mais sa composante normale est
continue). auxiliaires q K sur chaque élément K et TUA sur chaque arête A que
Ensuite, les valeurs moyennes TUA de u sur chaque arête du l’on peut calculer a posteriori par des calculs locaux extrêmement
maillage se calculent, toujours là où on en a besoin seulement, à simples, et uniquement là où et si on en a besoin (voir à la fin du
l’aide de la formule (110). paragraphe 3.5). La possibilité de disposer de ces quantités est un
atout important de la méthode. Au contraire, la méthode des diffé-
rences finies ne donne aucune indication sur le moyen de construire
ces quantités.

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La méthodologie développée ci-avant s’étend sans difficulté à c ) Lorsque C est la saturation (pourcentage en volume) de l’un
l’établissement de schéma aux différences finies en dimension 3 de deux fluides non miscibles circulant simultanément dans un
d’espace : il suffit de remplacer les rectangles par des parallélépi- milieu poreux, alors :
pèdes et les arêtes par des faces.
F = b ( C ) q ( x, t ) (132)
Enfin le lien avec les méthodes d’éléments finis mixtes hybrides
est très fort : si dans (92) on calcule exactement la première intégrale où q est le vecteur vitesse globale de deux fluides, somme des
vecteurs vitesse de chacun des deux fluides, et où b : [0, 1] → [0, 1]
(ce qui est tout à fait possible), I K ( W K, B ⋅ W K, A ) est remplacé par
est une fonction continue monotone croissante (flux fractionnaire).
K
W K, B ⋅ W K, A qui n’est plus nécessairement nul si B ≠ A. Il d ) Lorsque C est le vecteur ( ρ , ρ v , ρ E ) de la densité, de la quantité
devient alors impossible d’éliminer à la main les inconnues QK, A de mouvement par unité de volume et de l’énergie volumique d’un
et TUK, A . On peut seulement éliminer à la main les inconnues UK fluide en mouvement (dynamique des gaz), alors F est donné par :
et QK, A , et se ramener à un système (symétrique défini positif) en
les inconnues d’arêtes TUA : on a alors une méthode d’éléments finis F ρ = ρv ( vecteur de  3 ) 
mixtes hybrides, qui se généralise facilement au cas de mailles non 

rectangulaires (triangles, quadrilatères en dimension 2, tétraèdres, F ρv
= pI + ρ v ⊗ v ( matrice 3 × 3 )  (133)
etc., en dimension 3). 

F ρE = (ρE + p) v ( vecteur de  3 ) 

4. Construction de schéma DF où p est la pression, reliée aux inconnues principales ρ, v et E,


par exemple dans le cas des gaz parfaits, par :
pour les opérateurs
 ρ
1
du 1er ordre (transport) p = ( γ – 1 ) E – ----- v ⋅ v
2
où γ est le rapport des capacités thermiques massiques (cp /cV ).
Les lois de conservation forment une classe très importante des
Les exemples ci-avant sont classés en fait par ordre de
équations de la physique. Si on dénote par C le scalaire dont on veut
complexité croissante du point de vue de la résolution numérique.
écrire la conservation (concentration par exemple) et par F le Dans l’exemple a ), le flux F est proportionnel à ∇C. On a un
vecteur flux associé (qui permet de calculer le débit horaire de C phénomène de diffusion, qui gomme instantanément toute
traversant une surface donnée), la conservation de C sur un volume V discontinuité de C susceptible d’être présente dans les conditions
s’écrit : initiales : on a un problème dit parabolique dont les solutions sont
d
---------
dt
 V
C+  ∂V
F ⋅ νV = 0 (127)
régulières et dont l’approximation relève des techniques décrites aux
paragraphes 2 et 3.
Dans les exemples b ), c ) et d ), le flux F dépend de C (et non
où ν V représente la normale extérieure à V. La formule de Green de ∇C ), de sorte que l’équation (129) complémentée par (131), (132)
permet de réécrire (127) sous la forme : ou (133) est une équation aux dérivées partielles du premier ordre,
dite hyperbolique.

dt
d
---------  V
C+ 
V
∇⋅ F = 0 (128) Dans l’exemple b ), F est linéaire par rapport à C, et la solution
contient, à un instant t donné, les discontinuités présentes dans la
condition initiale, et qui se sont propagées (équation hyperbolique
ce qui montre, lorsque le volume V est pris de plus en plus petit, linéaire).
que C et F doivent être liés par la relation : Dans l’exemple c ), F est non linéaire par rapport à C, et la solu-
tion contient, à un instant t donné, des discontinuités même si les
∂C conditions initiales n’en contiennent aucune : des discontinuités
----------- + ∇ ⋅ F = 0 (129)
∂t (chocs) peuvent apparaître au cours du temps (équation hyperbo-
lique non linéaire).
qui est la forme classique d’une loi de conservation. Cependant la
forme équivalente (127) est aussi utile pour établir des schémas Dans l’exemple d ) enfin, on a un système de lois de conservation
numériques comme nous le verrons. Les exemples de loi de conser- couplées et non linéaires ; là encore des chocs peuvent apparaître.
vation sont nombreux. La difficulté pour la résolution numérique des lois de conservation
a ) Lorsque C est la température u (proportionnelle à la quantité scalaires [cas a ) ou b ) ou c )] et a fortiori des systèmes de lois de
conservation (cas d )) vient de la possible discontinuité de leur
de chaleur), alors F est le flux thermique q = – a ∇ C : solution : un choc est localisé sur une partie de mesure nulle du
domaine Ω où l’on résout l’équation, partie qu’il est impossible de
F = – a ∇C (130) représenter correctement sur un maillage régulier couvrant Ω ! La
littérature sur la résolution numérique des systèmes de lois de
et on obtient l’équation de la chaleur (11). conservation scalaires est extrêmement vaste. Nous nous
b ) Lorsque C est la concentration d’une substance dissoute dans contentons ici de donner quelques idées de base sur l’approximation
un fluide circulant dans un milieu poreux, alors : des exemples scalaires b ) et c ). Nous renvoyons le lecteur aux
ouvrages de Brenier et Hennart [1], Jeffrey [5] et Pironneau [6] pour
des développements plus poussés et l’étude des systèmes de lois
F = C q ( x, t ) (131)
de conservation.
où q = – a ∇ P est le vecteur vitesse du fluide en chaque point du
milieu poreux et où P est la pression du fluide.

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4.1 Notion de caractéristique 4.2 Conditions aux limites et initiales


On considère ici le cas linéaire (129) (131) :
Donnons-nous un point x ∈ Ω et t ∈ ]0, T [ et cherchons les condi-
∂C tions pour que C soit bien déterminé en ce point. Déplaçons-nous
--------- + ∇ ⋅ F = 0, F = C q ( x, t ) (134)
∂t sur la caractéristique  x, t vers les τ < 0 en remontant donc le temps
jusqu’à ce qu’elle sorte du cylindre Ω × ]0, T [. Deux cas sont
où q ( x, t ) est un champ de vecteurs donné, et où l’on ne se pré- possibles :
occupe pas encore de spécifier de conditions initiales et aux limites. — soit la caractéristique sort du cylindre par sa base, c’est-à-dire
La caractéristique de l’équation (134) issue d’un point x0 ∈ Ω et en un point (x0 , 0) avec x0 ∈ Ω. D’après le corollaire 1, C (x, t ) est
d’un instant t 0 ∈ [0, T ] est la courbe  x0 , t0 = { ( X ( τ ),T ( τ ) ), τ réel } connu dès que C (x0 , 0) est connu. On a donc besoin d’une condition
initiale :
de Ω × [0, T ] (voir figure 9) définie par : C (x, 0) = C0 (x ) ∀x ∈ Ω (138)
dX
---------- ( τ ) = q ( X ( τ ),T ( τ ) ) ,X ( 0 ) = x 0  — soit la caractéristique sort du cylindre par sa face latérale
dτ  (comme illustré sur la figure 10), c’est-à-dire en un point (x0 ,t 0 ) avec
dT  (135)
x0 ∈ ∂Ω et t 0  t . Mais puisque la caractéristique rentre dans Ω en
--------- ( τ ) = 1 ,T ( 0 ) = t 0 
dτ 
(x0 ,t0 ), c’est nécessairement que q est rentrant dans Ω en x0 ,t 0 :
où le second membre de l’équation donnant dX /dτ est le coefficient
de ∇C dans (134). ( x 0 , t 0 ) ∈ Σ – =  ( x,t ) ∈ ∂Ω × ]0,T [ | q ( x,t ) ⋅ ν ( x )  0  (139)
Voyons maintenant comment doit se comporter une solution
où ν est la normale extérieure à Ω. D’après le corollaire 1, on connaît
régulière C (c’est-à-dire sans discontinuité) le long de la caractéris-
donc C (x, t ) dès que l’on s’est donné une condition aux limites
tique  x0 t0 . Posons pour cela :
sur Σ – :
W (τ ) = C (X (τ ), T (τ )) (136) C (x, t ) = Ce (x, t ) ∀ (x, t ) ∈ Σ – (140)
et calculons :
p
dW ∂C dX ∂C dT
------------ =
dτ ∑ ---------- ( X ( τ ), T ( τ ) ) -----------i ( τ ) + ---------- ( X ( τ ), T ( τ ) ) --------- ( τ )
∂ xi dτ ∂t dτ
i=1

c’est-à-dire d’après (135) :


dW ∂C
------------ ( τ ) = ∇ ⋅ C ( X ( τ ),T ( τ ) ) ⋅ q ( X ( τ ),T ( τ ) ) + ----------- ( X ( τ ),T ( τ ) )
dτ ∂t
∂C
= ∇ ⋅ C ( X ( τ ),T ( τ ) ) q ( X ( τ ),T ( τ ) ) + ----------- ( X ( τ ),T ( τ ) )
∂t

– C ( X ( τ ) , T ( τ ) )∇ ⋅ q ( X ( τ ) , T ( τ ) )

c’est-à-dire :
dW Figure 9 – La courbe caractéristique  x , t issue de x0 , t0
------------ ( τ ) + W ( τ ) ∇ ⋅ q ( X ( τ ), T ( τ ) ) = 0 ∀τ (137)
dτ pour l’équation (134)
0 0

On a donc montré la proposition 3.

Proposition 3
Dans les zones où la solution C de (134) est régulière, elle
satisfait l’équation différentielle (137) le long de chaque courbe
caractéristique  x0 , t0 . En particulier, si ∇ ⋅ q = 0 , la solution C
est constante le long des courbes caractéristiques.

On dit que la solution C se transporte le long des courbes carac-


téristiques, d’où le nom équation de transport donné à (134).

Corollaire 1
Si on connaît une solution régulière C de (134) en un point
(x0, t0 ), on la connaît en tous les autres points de la
caractéristique  x0 , t0 . Figure 10 – Conditions initiales et aux limites pour l’équation (134)
dans le cas où q = q ( x ) est indépendant de t
On appelle aussi souvent caractéristiques, par abus de langage, (les lignes dans  représentent les lignes de courant du champ q )

les lignes du champ q dans Ω, qui sont les projections sur Ω des
vraies caractéristiques qui, elles se trouvent dans le cylindre
Ω × ]0, T [ (comparer les figures 9 et 10).

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Souvent, même lorsque q dépend de t , les parties de ∂Ω où q


est entrant ou sortant sont fixées au cours du temps. On peut alors
poser :
Γ – = x ∈ Ω | q ⋅ ν  0  (141)

et alors Σ– = Γ– × ]0, T [ (142)


Exemple
Quelles sont les conditions aux limites à adjoindre au problème :
∂C ∂
--------- + -------- ( q ( x ) C ) = 0 0  x  1, 0  t  T (143)
∂t ∂x
Comme on le voit en traçant les courbes caractéristiques dans le
rectangle [0,1] × [0,T ] (figure 11), la réponse dépend du signe de q (x )
sur ]0,1[ :

C ( 0, t ) = C eg ( t ) ∀t ∈ ]0,1[ si q ( x ) > 0 ∀x ∈ ]0,1[ 



C ( 1 , t ) = C ed ( t ) ∀t ∈ ]0,1[ si q ( x ) > 0 ∀x ∈ ]0,1[ 

 si q ( x ) > 0 1
∀x ∈  0, ----- 
C ( 0, t ) = C eg ( t )  2 
∀t ∈ ]0,1[  
et C ( 1, t ) = C ed ( t )  et q ( x ) < 0 1 
∀x ∈  -----, 1  (144)
 2


 si q ( x ) > 0 1 
∀x ∈  0, -----
 2 
pas de conditions   Figure 11 – Utilisation des caractéristiques pour déterminer
aux limites requises  et q ( x ) < 0 1
∀x ∈  -----, 1 
  les conditions aux limites associées à un problème linéaire du 1er ordre
2

et on pose :
~k + 1
C h ( x ) = C ( x, t k + 1 ) (151)
4.3 Méthode de transport-projection
d ) on pose :
Cette méthode permet, pour les problèmes en dimension 1 k+1 ~k + 1
d’espace, de construire des schémas aux différences finies. Nous Ci = valeur moyenne de C h ( x ) sur  x i – ----
1 , x 1 (152)
- i + -----
l’exposons dans le cas d’une équation sur  tout entier : 2 2

∂C ∂F L’étape b ) est une étape de reconstruction (on essaye d’imaginer


----------- + --------- = 0, x ∈ , 0<t<T (145) le profil de C à partir de ses valeurs moyennes sur chaque inter-
∂t ∂x
valle), l’étape c ) est une étape de transport (on résout l’équation
où le flux F est donné par (131) ou (132), et avec la condition initiale : de transport entre t k et t k + 1) et l’étape d ) est une étape de projec-
tion [prendre la valeur moyenne ~sur chaque intervalle revient à
C (x, 0) = C0 (x ) (146) projeter, dans L 2 (  ), la fonction C kh + 1 sur l’espace des fonctions
constantes sur chaque intervalle].
k k
On veut approcher C (., t n ) par ( C i , i ∈ , k ∈  ), où C i repré- Le schéma décentré amont (pour les problèmes linéaires), le
sente une approximation de la valeur moyenne de u sur schéma de Godunov (pour les problèmes non linéaires), les schémas
k MUSL rentrent dans le cadre précédent selon les choix faits aux
 x i – ----1- , x i + ----1- à l’instant t , où : points b ) et c ).
2 2
Nous explicitons maintenant les deux premiers schémas, qui
x i = ih, i ∈  correspondent au choix le plus simple pour b ) :
 (147) k
a ) on se donne ( C i , i ∈  ) à l’instant t k ;
t h = k∆t, k ∈ 
b ) on associe à ces nombres la fonction constante par morceaux :
sont les points de discrétisation en espace et en temps. k k
1  x<x
C h ( x ) = C i dès que x i – ---- 1 (153)
Le principe de la méthode de transport-projection est le suivant : - i + -----
2 2
k
a ) on se donne ( C i , i ∈  ) à l’instant t k ;
b ) on associe à ces nombres : c ) d ) soit C (x, t ) la solution exacte de (149) et (150). En
intégrant (149) en espace × temps sur le rectangle
k k
Ch ( x ) = fonction interpolant les Ci, i∈ (148) Q =  x i – ----
1,x 1 × t k , t k + 1 (figure 12), on trouve :
- i + -----
2 2
c ) on résout au mieux l’équation :
∂C ∂F
--------- + ---------- = 0,
∂t ∂x
x ∈ , tk < t < tk+1 (149)  x i + ----1-

x i – ----1-
2
C ( x, t k + 1 ) – C ( x, t k ) dx



2
tk + 1  (154)
C ( x, tk ) =
k
( x ), x∈ +  F xi + ----12- , t  – F xi – ----12- ,t   dt = 0, ∀i ∈  
Ch (150) tk 

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(ce qui revient aussi à écrire la formulation intégrale (127) de la loi soit dans x > 0  : on dit que l’on va chercher
1,
i + -----
x 3
i + -----   si q  x
i + ----- 
1
de conservation sur le volume V =  x i – ----
1,x
- i + -----
1 et à l’intégrer de 2 2 2
2 2 l’information en amont par rapport au sens de q (x ). Si donc on
t k à t k + 1). En utilisant (150), (153), (151) et (152), et en définissant : suppose :
1 = q x 1  > 0
q i + ---- (162)

1 tk + 1 - i + -----
k + -----
2 1  2 2
F = --------- F x i + ----
1 , t  dt 
1
i + ----- ∆t tk -
2 (155) l’équation (160) se réécrit :
2
= flux moyen en x i + ----
1 entre t k et t k + 1 
k 
-
2 dq
1 , t  = C i  1 – ( t – t k ) ---------  x
C x i + ---- 1  (163)
2
-
 dx i + ---- -
2 
on peut réécrire (154) sous la forme :
1 1 1

 
k + ----- k + ----- k + -----
k+1 k 2 2 2
h (C i – C i ) + ∆t F 1 –F 1 = 0, ∀i ∈  et donc, d’après (155), on trouve pour le flux F 1 la valeur
i + ----- i – ----- i + -----
2 2 2
approchée :
c’est-à-dire : 1
k + -----
 ∆t dq 
 i + ----12- 
2 k
1 1 F 1 1  1 – -------- -----------
= C i q i + ---- (164)
k + -----
2
k + -----
2 i + ----- -
2  2 dx
2
k+1 k F 1 – F 1
Ci –Ci i + ----- i – ----- (156)
2 2
- + ----------------------------------------- = 0,
----------------------------- ∀i ∈  Dans beaucoup de problèmes, q est conservatif, c’est-à-dire ici
∆t h dq /dx = 0, ou bien q varie lentement à l’échelle d’une maille et on
Le schéma est donc parfaitement défini dès que l’on a estimé le néglige le terme correctif en dq /dx. L’expression du flux se réduit
1 alors à :
k + -----
2 1
flux F k + -----
1 . Cela requiert le calcul de la solution C (x, t ) de (149) 2 k
i + -----
2
F 1 = C i q i + ----
1 1 >0
lorsque q i + ---- (165)
i + ----- - -
et (150) sur la maille espace × temps Q par la méthode des carac- 2 2 2

téristiques. Nous distinguerons donc le cas linéaire du cas non


1
linéaire. k + -----
2 k
F 1 = C i + 1 q i + ----
1 1 <0
lorsque q i + ---- (166)
i + ----- - -
2 2 2

4.4 Schéma décentré amont Ainsi le schéma (156) s’écrit-il :


pour les problèmes linéaires k k
k+1 k C i q i + ---- 1 – Ci–1q
-
1
i – -----
Ci –Ci 2 2
On suppose dans ce paragraphe que F est donné par (131) : - + --------------------------------------------------------- = 0 là où q > 0
---------------------------- (167)
∆t h
F (x, t ) = C (x, t )q (x ) (157)
k k
où q est une fonction continûment dérivable sur  (158) k+1 k C i + 1 q i + ---- 1 –Ci q
-
1
i – -----
Ci –Ci 2 2
- + --------------------------------------------------------- = 0 là où q < 0
---------------------------- (168)
1
k + ----- ∆t h
2
Pour évaluer F 1 , il suffit de trouver une valeur approchée de
i + -----
2
c’est bien un schéma décentré amont : la discrétisation de d(Cq )/dx
C x t  pour tout t ∈ ]t k, t k + 1[. Remontons pour cela sur la carac- dépend du signe de q, et le schéma est explicite.
1,
i + -----
2
~
téristique C x jusqu’au point ( x, t k ) (figure 12). Les équations
i + ----- , t
1
2
(135) et (137) s’écrivent de façon approchée :
~
x 1 –x
i + -----
2 (159)
- = q  x i + ----
------------------------ 1 
t – tk 2
-

~
1 , t  – C ( x, t k )
C x i + ----
-
2 ~ dq (160)
- + C ( x, t k ) --------- x i + ----
----------------------------------------------------------- 1  = 0
t – tk dx 2
-

~
On est sûr que x se trouve dans une des deux mailles adjacentes
~
à x i + ----
1 si |x
- 1 – x |  h , ce qui est le cas d’après (159) dès que :
2 i + -----
2

∆t Figure 12 – La maille espace-temps Q =  x i – ----1- , x i + ----1- ×  t k , t k + 1


sup |q ( x )| --------  1 (161)
x∈ h 2 2
pour la détermination du schéma décentré-amont
Cette condition, typique des problèmes du 1er ordre, porte le nom (le dessin correspond au cas où q (x ) > 0)
de condition de Courant-Friedrichs-Levy (CFL). Lorsqu’elle est satis-
~
faite, le point x se trouve soit dans x 1 , x 1   si q  x 1  < 0  ,
i – ----- i + ----- i + -----
2 2 2

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■ Remarques On a donc montré la proposition 4.


● Il est facile de vérifier, en utilisant la méthode de von Neumann
scalaire décrite au paragraphe 2.2.2, que les schémas (167) et (168)
sont stables (pour q (x ) = constante) si et seulement si la condition de Proposition 4
Courant-Friedrichs-Levy (161) est vérifiée. Dans les zones où la solution C (x, t ) de (145) (170) est régu-
lière, elle satisfait, le long de chaque courbe caractéristique
Il est aussi facile de vérifier que le schéma centré :
 x0 , t0 , C ( x0 , t0 ) la relation :
k+1 k k k
Ci – C i qi + 1 C i + 1 – qi – 1 C i – 1 C (X (τ ), T (τ )) = W (τ ) (177)
- + ------------------------------------------------------------ = 0
--------------------------- (169)
∆t 2h En particulier, si dq /dx = 0 la solution C est constante le long
des courbes caractéristiques  x0 , t0 , C ( x0 , t0 ) .
est asymptotiquement instable quels que soient ∆t et h et donc
inutilisable.
● En utilisant les méthodes du paragraphe 2.1, on voit que les La méthode des caractéristiques se généralise donc au cas non
schémas (167) ou (168) sont d’ordre O (∆t + h ) (en l’équation), et que linéaire, avec la complication qu’il y a, en un point (x0 ,t0 ) donné,
le schéma (169) (instable !) est d’ordre O (∆t + h 2). une infinité de caractéristiques dépendant de la valeur de la
solution C en x0 , t0 !
Revenons maintenant à la méthode de transport-projection (156).
1
4.5 Schéma de Godunov Pour évaluer le flux F
k + -----
2
on ne peut plus, comme dans le cas
1
pour les problèmes non linéaires i + -----
2
linéaire, remonter sur la caractéristique passant par  x i + ----
1,t
-
2
On suppose dans ce paragraphe que F est donné par (132) : 1,t ,
puisque cette caractéristique dépend de la valeur de C en x i + ----
-
2
F (x, t ) = b (C (x, t ))q (x ) (170) qui est justement ce que nous cherchons à évaluer !
où q est une fonction continûment dérivable sur  (171) La proposition 4 nous montre cependant que la solution
b est une fonction deux fois continûment dérivable de 1 , t  ne dépend, pour t k  t  t k + 1 , que de la solution
C  x i + ----
-
2
 dans  (172) k
C h ( x ) pour les x tels que :
Il nous faut d’abord adapter la méthode des caractéristiques : le
∂C 1 |  sup | b ′ ( w ) | sup | q ( x ) | ∆ t
|x – x i + ----
coefficient de ---------- dans (145) (170) étant maintenant b’(C (x, t ))q (x ), -
w∈ x∈ (178)
∂x 2

le second membre de dX /dτ dans l’équation (135) définissant les


En particulier, si on respecte la condition de Courant-Frie-
caractéristiques devrait être b’(C (x, t ))q (x ), mais on ne connaît pas
drichs-Levy :
C (x, t ) ! On est donc amené à résoudre simultanément (135) et (137).
La caractéristique de l’équation (145) (170) issue d’un point ∆t
sup | b ′ ( w ) | sup | q ( x ) | --------  1
x 0 ∈ Ω =  et d’un instant t0 ∈ [0,T ] et correspondant à une valeur h (179)
w∈ x∈

w 0 ∈  de la solution, est la courbe  x0 , t0 , w0 de  × [ 0, T ] × 


(comparer à (161)), alors on est sûr que C  x i + ----
1 , t  ne dépend, pour
-
définie par : 2
k k
dX t k  t  t k + 1 , que de C i et C i + 1 . Il suffira donc, pour calculer
---------- ( τ ) = b′ ( W ( τ ) ) q ( X ( τ ) ) ,X ( 0 ) = x 0 
dτ  C  x i + ----
1 , t  , de résoudre le problème de Riemann :
-
dT  2
--------- ( τ ) = 1 ,T ( 0 ) = t 0  (173)
dτ  ∂c ∂
dW dq  --------- + -------- b ( c )q i + ----
1 = 0, x ∈ , t k  t  t k + 1
------------ ( τ ) + b ( W ( τ ) ) --------- ( X ( τ ) ) = 0 ,W ( 0 ) = w 0  ∂t ∂x -
dτ dx
2 
C i
k
si x  x 
Nous pouvons maintenant comparer W (τ ) avec C (X (τ ), T (τ )) en 
1
i + -----  (180)
c (x, t ) = 
k 2 
posant :
C k 
V (τ ) = W (τ ) – C (X (τ ),T (τ )) (174) si x>x 
 i+1 1
i + ----- 
2
où C est une solution, supposée régulière, de (145) (170). On vérifie
facilement que : dont la solution exacte vérifie :
dV dq k
---------- = { b ( C ( X, T ) ) – b ( W ) } --------- ( X ) 1,t = ξ
c  x i + ---- = constante ∀t > 0
dτ dx - 1
i + ----- (181)
(175) 2 2
∂C
+ { b ′ ( C ( X , T ) ) – b ′ ( W ) } ----------- ( X , T ) q ( X ) où :
∂x
k k k
d’où, en supposant q, dq /dx, ∂C /∂x, b ’et b ’’ bornées : ξ 1 minimise sgn ( C i + 1 – C i ) b ( w ) q i + ----
1 
-
i + -----
2  2
dV
----------  Cte V ( τ ) pour w ∈ I
k
(C i ,
k
C i + 1) 
dτ 
avec :  (182)
sgn = fonction signe ( vaut + 1 ou – 1 ) , 
et donc V ( τ )  V ( 0 ) exp ( Cte × τ ) (176) 
k k k k k k 
I ( C i , C i + 1 ) = Min { C i , C i + 1 } , Max { C i , C i + 1 } 

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La preuve de ce résultat sort du cadre de cet article : il faut calculer, On doit donc se donner une valeur extérieure en tout point de
à l’aide de (173), la solution caractéristique de (180), qui est : ∂Ω et à chaque instant, soit pour notre problème sur ]a, b [ :
k k k
∀c ∈ I ( C i , C i + 1 ) : x ( c , t ) = x i + ----
1 + b′(c )q
-
1 (t – t k )
i + -----
(183) Ca, k∈ ( valeur extérieure en x = a ) (187)
2 2
k
et qui est multivoque dès que la fonction b n’est pas monotone. Il Cb, k∈ ( valeur extérieure en x = b ) (188)
faut alors remplacer cette solution multivoque par une solution
discontinue, en ayant soin que le ou les chocs introduits soient bien On discrétise ensuite Ω = ]a, b [ en N intervalles de longueur
k
entropiques (voir références [1] [5]). On obtient alors (181). h = (b – a )/N. Connaissant la solution C i , i = 1,2,..., N à l’instant t k,
Lorsque q (x ) varie lentement sur  x i – ----
1,x
-
3 , on approche la
i + ----- on calcule la solution à l’instant t k + 1 de la façon suivante :
2 2
k
1 , t  pour t k  t  t k + 1 de (149) ou (150) par la
solution C x i + ---- on calcule ξ i + ----
1 i = 0, 1,...,N en résolvant
- 
-
2 2

1
k + ----- N + 1 fois le problème d’optimisation (182)  (189)
2
solution c x i + ----
1 , t  de (180). Cela donne pour
-
F 1 l’expression : avec la convention :
2 i + -----
2
k k k k
1 C0 = Ca, CN + 1 = C b ∀k ∈  (190)
k + -----
2 k
F 1 = b ξ i + ----1-  q i + ----1- ∀i ∈ , ∀k ∈  (184)
i + ----- 2 2
On calcule les flux :
2
1
Le schéma (156) (184) est le schéma de Godunov pour la résolution k + -----
2 k
de (145) et (170). Il est valable pour une fonction b régulière mais F 1 = b ξ 1  q i + ----1- i = 0, 1,..., N (191)
i + ----- i + -----
2 2 2
de forme quelconque et pour un champ q (x ) variant peu d’une maille
à l’autre. puis la solution à l’instant k + 1 par (156), c’est-à-dire :
■ Remarques 1 1
k + ----- k + -----
1 > 0 et b est une fonction croissante (par exemple
● Lorsque q i + ---- 2 2
- k+1 k F 1 –F 1
2 Ci – Ci i + ----- i – -----
2 2
lorsque b (w ) = w, ce qui est le cas linéaire du paragraphe 4.4), la ------------------------------ + ------------------------------------- = 0 i = 1, 2,..., N (192)
∆t h
résolution de (182) donne immédiatement :
k
k
ξ i + ----1- = C i
k
(185) Remarquer que, dans ce calcul, la condition aux limites C a ne joue
2 k k k
un rôle que si ξ 1 = C 0 = C a . Par exemple lorsque q > 0 et que b
-----
de sorte que (184) se réduit à : 2
est croissante, on a toujours (185) :
1
k + ----- k k k k
F 1
2
= b
k
(C i )q i + ----
1 (186) ξ1 = C0 = Ca , et donc C a influe sur la solution,
i + ----- - -----
2 2 2
k k
qui contient bien (165) comme cas particulier. ξ 1 = CN, k
et donc C N + 1 = C b n ′ a aucune influence
k
N + -----
● Lorsque l’on veut résoudre (145) ou (170) sur un intervalle 2
sur la solution
Ω = ]a, b [ au lieu de  tout entier se pose le problème des conditions
aux limites : à la différence du cas linéaire, on ne peut connaître à
l’avance les parties de ∂Ω où b ’(C )q est entrant dans Ω et où il faut
imposer la valeur de C, puisque C est l’inconnue et que le signe de
b ’(C ) est inconnu !

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Notations et Symboles Notations et Symboles

Symboles Définitions Symboles Définitions

∂u ∂u T ∆t n + θ = t n + 1 – t n pas de temps entre t n et t n + 1.


∇ opérateur gradient : ∇u = ----------- ... -----------
∂ x1 ∂ xn n+θ
fh
n n+1
notation abrégée pour ( 1 – θ ) f h + θ f h .
∇· opérateur divergence : O (∆ t ) de l’ordre de ∆ t.
∂q ∂ qn Gh
n
vecteur faisant intervenir les sources
∇ ⋅ q = -----------1- + ... + -------------
∂ x1 ∂ xn à l’instant n.
Ω domaine de  n , n = 1,2,3. ρ (M h ) rayon spectral de la matrice
∂Ω bord de Ω. M h = sup  λ , λ = valeur propre de M h  .
∂ΩD partie du bord de Ω où on impose u (x, t ) solution de l’équation aux dérivées
une condition de Dirichlet. partielles au point x à l’instant t.
∂ΩN partie du bord de Ω où impose u (. , t ) fonction (x → u (x, t )).
une condition de Neumann. K maille de t h .
ν normale extérieure à Ω sur ∂Ω. A arête du maillage t h .
normale extérieure à K sur ∂ K. |A| longueur de l’arête A.
νK
XK espace de Raviart-Thomas
f:Ω→  second membre de l’équation
(sources dans Ω). (engendré par les 4 W K, A ).
g : ∂Ω →  condition aux limites de Neumann
(sources frontières). UK valeur sur K de la solution approchée
dans la maille K.
a, b : Ω →  fonctions représentant une caractéristique
physique du milieu. TUK, A valeur sur le côté A de la solution
maillage recouvrant Ω, formé de Nh approchée dans la maille K.
th
mailles Ki numérotées de i = 1 à i = Nh . qK champ de vecteurs
Ki maille (voir t h ).
Nh nombre de mailles du maillage. de X K approchant q = – a ∇u sur K.
h taille du maillage = plus grand côté Q K, A flux de q K sortant de K
de la plus grande maille de t h à travers le côté A.
h ensemble des arêtes (si Ω ⊂  2 )
ou des faces (si Ω ⊂  3 ) de mailles de t h . W K, A champ de vecteurs élémentaires de X K ,
dont le flux sortant de K à travers le côté A
∂ th  A ∈ h | A ⊂ ∂ Ω et ∃ K ∈ t h tel que A ⊂ ∂ K  vaut 1, et zéro à travers les trois autres
t temps. côtés.
T durée du problème d’évolution. δA , B = 0 si A ≠ B ou 1 si A = B
(symbole de Kronecker)
u0 : Ω →  condition initiale.
hK , A = | K | / (2 | A |) distance du centre de K
ue : ∂ Ω D →  condition aux limites de Dirichlet. à l’arête A.
uh : Ω →  solution approchée, constante hK, K’ = hK, A + hK’, A distance du centre de K au centre de K ’,
sur chaque maille de t h . pour deux éléments voisins K et K ’.
Uh = [U1 ...UNh ]T vecteur des valeurs de uh fK valeur moyenne de f sur K.
sur chaque maille.
Ah matrice Nh × Nh représentant l’opérateur
en espace discrétisé.
Q e, A =  A
g débit injecté dans Ω à travers l’arête A.
Bh matrice Nh × Nh représentant l’opérateur Ue , A valeur moyenne de ue sur l’arête A.
en temps discrétisé. aK valeur moyenne de a sur K.
Mh matrice Nh × Nh faisant passer de l’état aK , K ’ conductivité intermaille
à l’instant n à l’état à l’instant n + 1. TUA valeur de la solution approchée
Nt nombre d’intervalles de discrétisation sur l’arête A.
en temps. (K ) ensemble des mailles voisines de K,
t n,n = 0,1,...,Nt instant de discrétisation du temps c’est-à-dire ayant un côté commun avec K.
(t 0 = 0,t Nt = T ).

Références bibliographiques

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[5] JEFFREY (A.). – Quasilinear hyperbolic tion à l’analyse numérique des équations aux
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