Introduction : Ancienne colonie portugaise indépendante en 1822, le Brésil est aujourd’hui
un Etat fédéral. D’abord habité par les Amérindiens, le pays a été peuplé par la suite de l’extérieur, par vagues venues au fil « des cycles de mise en valeur ». Ces cycles caractérisent l’histoire économique du Brésil marquée successivement par le bois (Pau do Brazil = bois de braise auquel le pays doit son nom), les mines d’or et produits agricoles (canne à sucre, café, cacao etc.) et enfin la phase d’industrialisation. Actuellement, si l’on considère l’étendue du pays (8 514 877 Km2), l’importance de sa population (214 400 000 habitants), l’immensité de ses ressources naturelles et ses performances économiques (PIB global : 2299 milliards de dollars en 2019), le Brésil apparait comme une puissance émergente nonobstant aux difficultés et défis considérables encore à relever.
I- Les facteurs de l’émergence du Brésil :
A- Position géographique privilégiée, territoire immense et riche : Le Brésil partage une frontière commune avec 10 pays de l’Amérique latine : Uruguay, Argentine, Paraguay, Bolivie, Pérou, Colombie, Venezuela, le Guyana, Surinam, la Guyane française et il est ouvert sur l’Océan atlantique. Cette position géographique privilégiée lui permet d’être en contact avec le monde (commerce) de développer la pêche. Cinquième pays du monde en termes de superficie, le Brésil est un pays continent (8 514 877 Km2) avec d’immenses ressources énergétiques et minières (hydrocarbures, phosphates, bauxite, étain, zinc, fer, nickel, or etc.). Sa topographie marquée par des plaines, l’abondance des précipitations et son hydrographie (Amazonie et ses affluents) ont permis de développer les cultures tropicales (café, cacao, canne à sucre, riz, coton, etc.) et tempérées (le blé).
B- Une population forte et dynamique : Puissance démographique (214 400 000
habitants). Forte population donc qui assure une main d’œuvre abondante et bon marché. Une population par ailleurs très composite mêlant en parts inégales les blancs (descendants pour la plus part de colons portugais), les noirs (descendants d’anciens esclaves) les amérindiens, des métis. Le sentiment national est vif, chacun se considère d’abord comme brésilien.
C- Les facteurs politiques et économiques: cycles de développement (bois, exportation
des produits agricoles, développement industriel), démocratisation, modernisation et ouverture économique sont également des facteurs qui caractérisent l’émergence du Brésil. Depuis les années 1960, mais notamment à partir des années 2000, les autorités (Luiz Ignacio Lula Da Silva) encouragent des coûts de production relativement faibles, une réforme agraire, un système financier solide et des taux d’intérêts élevés pour attirer les technologies et les capitaux étrangers dans le cadre de la délocalisation des multinationales. Dans la décennie 2000, le pays affiche des taux de croissance avoisinant 10 % par an, certains parlent alors de « miracle brésilien.» II- La puissance du Brésil : Le Brésil occupe aujourd‘hui une place de choix dans de nombreux domaines économiques. A- Une puissance agricole mondiale : Le Brésil est un pays agricole. Son agriculture est caractérisée par l’exploitation de la grande propriété et des monocultures d’exportation. Il est premier producteur et exportateur mondial de café, de sucre, d’agrumes, deuxième de cacao. De gros efforts sont faits pour améliorer les productions vivrières comme le riz, le maïs, le manioc, le blé. Le cheptel (bovin, ovin, porcin) ainsi que la volaille constituent un apport considérable pour l’alimentation. Le marché chinois est le principal destinataire des produits agricoles brésiliens (45 %). L’agriculture assure près de 40 % des recettes du commerce extérieur. B- Une industrie performante : Les efforts de l’industrialisation sont basés sur l’apport de capitaux et technologies étrangers et sur le monopole de mise en valeur des sociétés d’Etat. Le secteur industriel présente des aspects d’une grande modernité. Le Brésil est premier producteur mondial de fer (mines de Carajas), 2ème d’aluminium, son secteur automobile (avec la marque Engesa) est le plus puissant d’Amérique latine. La firme Embraer est 6 ème dans l’aéronautique au monde. Le Brésil a aussi montré son savoir-faire avec la construction du barrage d’Itaipu sur le Paraná qui alimente l’une des plus grandes centrales hydroélectriques du monde. Le secteur pétrolier est en pleine mutation, s’ouvrant à la concurrence étrangère. La société Pétro bas mène une politique d’internationalisation. Enfin, la diffusion mondiale des feuilletons –Télénovelas- du réseau de télévision Globo, la force du marché audiovisuel (8 ème rang mondial) et la réputation internationale de la musique populaire (Samba) reflètent assez bien la place du pays dans ces domaines. C- La percée commerciale : depuis quelques années, le solde commercial du pays est redevenu excédentaire (en 2019 par exemple, les exportations : 300 milliards de dollars contre des importations de 210 milliards de dollars : soit un excédent commercial de 90 milliards de dollars). Le Brésil est Co fondateur du marché commun de l’Amérique du sud (Le MERCOSUR signé le 26 mars 1991 à Asunción au Paraguay). Le MERCOSUR vise à améliorer les conditions de compétitivité et d’insertion dans le commerce international, et à favoriser la situation de ses pays membres : Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay. III- Le mal développement brésilien : A- Des disparités régionales fortes : On note un grand déséquilibre régional au Brésil. A un Sud-Est florissant, s’opposent un Nord-Est et l’Intérieur largement sous- développés ainsi que le montrent les différents indicateurs. En effet, le Sud-Est « poumon économique » du pays concentre 43 % de la population, 80 % de la production industrielle et financière, notamment dans « le Polygone des richesses » formé par Sao Paulo, Rio de Janeiro, Belo-Horizonte et Brasilia. Cette région prospère, constitue le centre industriel, bancaire et culturel du pays. A l’opposé, le Nord-Est est une région épave et au Nord l’Amazonie qui couvre 42 % du territoire n’abrite que 8 % de la population. B- Une économie extravertie et en difficulté : l’économie brésilienne est une économie fortement extravertie (capitaux des pays riches comme les Etats Unis, pays de l’Union Européenne, Japon, Chine / prédominance des cultures commerciales au détriment des cultures vivrières). La principale conséquence c’est un endettement élevé avec une dette publique qui représente 91,15 % du revenu national en 2019. Le Brésil subit aussi la baisse des prix du brut ainsi que le poids de la corruption. Les actions de Petro bas, à cause des scandales de corruption, se sont effondrées en bourse au point que la compagnie pétrolière fut contrainte de mettre en vente ses concessions par « blocs » dans les bassins du Brésil et du Golfe du Mexique. Un sentiment de révolte s’est emparé du pays et les gigantesques manifestations de mars 2015 ont entrainé la chute de la présidente Dilma Roussef. C- Des inégalités sociales considérables : La société brésilienne est l’une des plus inégalitaires au monde : 10% des foyers les plus riches détiennent 45,3% du revenu national, alors que les 40% des plus pauvres n’en reçoivent que 10,6%. Dans les campagnes, les fazendas représentent 1% des exploitants mais occupent 40% des superficies cultivables alors que les paysans sans terre (les caboclos) sont très nombreux. Ils ont même créé en 1984, le « Mouvement des sans terre ». Des efforts considérables ont été consentis par les autorités (notamment sous la présidence de Lula), mais le phénomène persiste encore. Aujourd’hui, l’espérance de vie est de 75 ans au Brésil, mais une différence de près de 10 ans existe entre les plus nantis et les plus pauvres. Dans la région du Nord-Est, si l’on meurt beaucoup plus de maladies infectieuses c’est parce que l’équipement hospitalier y est insuffisant ou vétuste, et les populations sont mal nourries. Dans les villes, le contraste est violent entre les quartiers riches et les bidonvilles (Favelas) ; ce qui explique la violence et l’insécurité.
Conclusion : Le Brésil a réalisé des progrès considérables pour sortir de la pauvreté en
mettant à profit ses potentialités naturelles et en mobilisant des capitaux étrangers et nationaux. Ses performances économiques appréciables demeurent fragiles à cause de la dépendance étrangère, et des fortes inégalités spatiales et sociales.