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DEBLAYAGE METHODOLOGIQUE, ONTOLOGIQUE,

EPISTEMOLOGIQUE

Plan

I. Définition (ontologie + épistémologie +


méthodologie/méthodologies ou techniques)
II. Approches
- déductive/inductive;
- hypothético-déductive;
- fondationnaliste/antifondationnalisme,
- positivisme/post positivisme;
- empirisme/rationalisme
- holisme/individualisme méthodologique
- normativité/réflexivité;
- prénotions/concepts/définitions;
- faits/jugements
III. Les grandes figures de l’épistémologie
I. DEFINITION ONTOLOGIE, EPISTEMOLOGIE,
METHODOLOGIE

1. Ontologie
De façon générale, l’ontologie est la philosophie de l’être ou de
l’existence. Elle se réfère aux éléments qui composent le champ
d’étude d’une théorie donnée. En « Résolution des conflits » par
exemple, les débats ontologiques peuvent toucher des questions
fondamentales telles que :
 quelle est la matière de la « Résolution des conflits » en tant
que domaine spécifique de l’action humaine;
 quelles sont les parties constituantes de cette matière et
comment celles-ci sont liées les unes aux autres et agissent-
elles entre elles pour former le système global de la
« Résolution des conflits »?
 quelles sont les propriétés, les formes et les propensions de ce
système global et de ses parties constituantes?
 Quelle est la conception du politique qui sous-tend les
différentes théories de la « Résolution des conflits » par
exemple.

L’ontologie, un exemple concret


On peut illustrer la question de l’ontologie de la façon suivante :
supposons qu’un biologiste, un architecte et un sociologue sont
invités à entrer dans la salle de classe lors d’un cours. Le
professeur invite chaque visiteur à décrire ce qu’il voit.
Le biologiste notera probablement l’existence de plusieurs types
d’organismes visibles et invisibles, agissant entre eux dans un
environnement ou le niveau d’humidité influe sur ces interactions.
Un architecte décrira les dimensions spatiales, l’arrangement de la
salle et la structure de cet espace physique, notamment les murs,
les colonnes, le plafond, etc.
Quant au sociologue, on peut s’attendre a ce qu’il fasse des
commentaires sur la division des occupants humains de la salle
entre au moins deux catégories sociales (professeur et étudiants), et
les relations de pouvoirs inégales entre eux.
Chacun de ces professionnels aurait raison. Chacun verra ce que sa
formation le pousse à voir. Chacun décrira le contenu, la forme et
les rapports à l’intérieur de la salle de classe en terme de catégories
ontologiques de sa propre discipline.
Supposons maintenant que nous invitons trois sociologues à entrer
dans la même salle de cours : un marxiste, une féministe et
wébérien. Tous appartiennent au même domaine d’étude et chacun
verra des inégalités et des rapports de pouvoir. Pourtant chacun
verra des inégalités et des rapports de pouvoirs différents.
Le marxiste mettra l’accent sur les origines sociales et les rapports
de classes sociales.
La féministe soulignera les rapports de genre à l’intérieur de la
salle.
Tandis que le wébérien décrira sans doute les différences
culturelles entre les occupants de la salle.

Donc l’ontologie n’est pas quelque chose qui existe


« objectivement », mais de ce qui existe d’après les théories qui
sous-tendent notre conception du monde. Nous ne pouvons savoir
lequel de ces présupposés théoriques est vrai ou faux parce que
justement ce sont des présupposés, c’est-à-dire, qu’ils se présentent
pour nous comme allant de soi. Pour décider laquelle de nos
théories se fonde sur les présupposés ontologiques les plus
appropriés, on examine les faits sociaux les plus pertinents, nous
devons entrer alors dans le domaine de l’épistémologie.

2. L’épistémologie

L’épistémologie pose une question : comment sait-on ce que l’on


prétend savoir? Ou, pour revenir aux perceptions ce qui constitue
la matière des RI ou de la Résolution des conflits (l’ontologie),
comment sait-on que ce que l’on perçoit constitue une forme de
connaissance adéquate dans ce domaine? Il s’agit d’une question
épistémologique.
En français, le terme « épistémologie » possède au moins deux
sens distincts. Le premier signifie l’étude critique des sciences,
tandis que le second, emprunté à l’usage anglo-américain,
concerne essentiellement la façon dont nous abordons les questions
touchant la nature de la connaissance, son acquisition et les façons
de l’évaluer. C’est cette deuxième conception qui prédomine en RI
en général et en Résolution des conflits en particulier.
L’épistémologie pose les questions suivantes :
 Qu’est-ce que la connaissance?
 D’où proviennent nos connaissances ou les produit-on?
 Comment peut-on vérifier le bien-fondé de nos
connaissances?
 Est-il même possible ou imaginable que nous puissions
atteindre la connaissance, et donc la vérité?

Commençons notre interrogation par le sens que nous accordons à


la notion même de « connaissance ». Traditionnellement, la
connaissance suppose un degré de certitude attaché à un énoncé ou
a une croyance. Autrement dit, il y a une différence fondamentale
entre la connaissance et une simple croyance. Pour être considérée
comme constituant de la connaissance, une croyance doit non
seulement être vraie, mais aussi doit être justifiée selon un
processus largement accepté.
Mais quelques significations donner aux termes « vraie » et
« justifiée ». Cela nous oblige à nous poser des questions telles
que : la vérité absolue existe-t-elle? Ou peut-on se contenter d’une
approximation de celle-ci? Ou encore doit-on renoncer carrément à
toute recherche de la vérité, puisqu’elle n’existe pas ou du moins
est très changeante? La réécriture constante de l’histoire, a la suite
de la découverte de nouveaux « faits », d’une nouvelle réflexion
sur des faits connus ou simplement pour satisfaire les exigences
des détenteurs du pouvoir de l’époque devraient nous mettre en
garde contre l’espoir d’établir facilement des vérités définitives.
Quant a la justification, dans la vie quotidienne elle peut revêtir
plusieurs formes qui devraient nous conseiller au moins une
certaine prudence a l’égard de ce que l’on considère comme de la
connaissance, d’autant plus qu’elle fait souvent appel a une
« autorité », telle qu’un livre, un expert reconnu, un professeur, le
gouvernement, le dernier gourou a la mode, CNN, ou tout
simplement une personne jugée « fiable ».
La question de la conception de la vérité et la justification de celle-
ci sous-tend toute approche épistémologique. Il existe trois grandes
visions de la vérité en philosophie : la vérité comme
correspondance; la vérité comme cohérence; et la conception
utilitariste ou pragmatique de la vérité.
- La vérité comme correspondance, ici la vérité est établie du
moment qu’il existe une correspondance stricte entre les faits et
notre représentation de la réalité. Dans ce cas, la vérité semble
posséder une valeur absolue : ou bien une croyance est fondée sur
des faits vérifiables, et alors elle est vraie ou bien elle ne l’est pas,
et alors elle est fausse. Cette version de la vérité est de loin la plus
répandue et la plus ancienne dans les sciences et dans la vie
quotidienne. Elle est attirante parce qu’elle est apparemment
simple et semble répondre de façon directe au besoin de « savoir la
vérité ». Elle affirme décrire la « réalité telle qu’elle est ». Mais le
problème c’est qu’est-ce que la réalité? Cela dépend largement de
la conception des uns et des autres.
Critique : Mais la critique majeure de cette conception de la vérité
est qu’elle ne nous permet pas de savoir ce que « correspondre a la
réalité » veut dire. Par exemple : « Paris est la capitale de la
France ». De telles affirmations tautologiques ne nous avancent pas
beaucoup sur le chemin de la connaissance.
- La vérité comme cohérence, ici pour les tenants de cette
conception de la vérité, il est impossible d’envisager une croyance
et sa justification comme vérité indépendamment d’autres
croyances, comme semblent le suggérer les partisans de la vérité
comme correspondance.
Toutes nos croyances s’insèrent forcement à l’intérieur d’un
ensemble de croyances déjà préexistantes. Par exemple, nous ne
pouvons pas savoir que Paris est la capitale de la France, si nous ne
savons pas préalablement ce qu’est une capitale, qui elle-même fait
partie d’un ensemble qui s’appelle « ville », et ainsi de suite.
La vérité d’une croyance dépend donc de sa cohérence par rapport
à l’ensemble de croyances en question. Il s’agit en fait d’une vision
holiste de la vérité. Mais la vérité comme cohérence tout en nous
fournissant des conditions nécessaires pour évaluer la validité
d’une croyance ne nous permet pas de dire sur quoi nous nous
fondons pour établir initialement la véracité ou la fausseté de
l’ensemble des croyances auquel elle appartient. Elle ne remplit
pas les conditions suffisantes pour produire de la connaissance.
Critique : Exemple : les adeptes des théories de la conspiration
(complot) fondent l’essentiel de leur prétention à la vérité sur
l’idée que chaque élément de leur théorie se tient et confirme donc
son hypothèse de base qui, elle-même, s’appuie sur la cohérence
de toutes les pièces justificatives qui sont présentées. La circularité
d’un tel raisonnement est évidente, il suffit de réfuter sa prémisse
initiale pour que toute la théorie tombe à l’eau.
- Enfin, devant les difficultés à établir une vérité incontestable, la
conception pragmatiste de la vérité propose une définition moins
ambitieuse qui met l’accent sur l’utilité : est vraie ce qui marche,
ce qui nous permet le mieux d’accomplir les choses. Il ne peut
donc y avoir de vérité absolue. Selon un des pragmatistes
contemporains les plus célèbres, l’américain Richard Rorty, les
pragmatistes voient la vérité comme « ce qui est bon a croire pour
nous » et « il y a toujours place pour des croyances améliorées,
puisque de nouvelles preuves ou de nouvelles hypothèses, ou tout
un vocabulaire nouveau, peuvent se présenter » (Rorty, Richard,
Objectivity, Relativism and Truth : Philosophical Papers, vol.1,
Cambridge, Cambridge University Press, 1991, p.23-24.).
Pour les pragmatistes comme Rorty donc, une croyance devient
alors vraie dans la mesure ou il existe, au sein d’une communauté
ou d’un groupe, un consensus, un « accord intersubjectif » sur son
utilité pour la communauté ou le groupe en question.
Critique : cette conception pragmatiste de la vérité offre une
certaine qui est particulièrement adaptée aux sciences sociales pose
aussi de grands problèmes : comment définir l’utilité? Ne risque-t-
on pas de tomber dans le relativisme, voire le nihilisme? N’est-il
pas dangereux de faire du consensus la jauge (indicateur) de la
vérité? Par exemple, jusqu’au XVIème siècle, les scientifiques ont
déclaré comme une vérité, que l’on n’avait vraiment pas intérêt à
contester, que le Soleil tournait autour de la Terre, idée que nous
savons aujourd’hui manifestement fausse, en dépit d’un consensus
très large parmi les experts de l’époque. Il en est du nombre de
planète, Neptune n’existe plus. Il y a maintenant 8 planètes au lieu
de 9.

3. Méthodologie/Techniques (méthodologies)

Si l’épistémologie est une réflexion sur la science, la méthodologie


en revanche est une réflexion sur les pratiques de la méthode.
La méthode (au singulier ou méthodologie) : c’est la marche
rationnelle de l’esprit pour arriver à la connaissance ou a la
démonstration de la vérité. Au sens le plus large et le plus élevé du
terme, la méthode (au singulier ou méthodologie) est constituée de
l’ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une
discipline cherche à atteindre les vérités qu’elle poursuit, les
démontre, les vérifie. Cette conception de la méthode dans le sens
général de procédure logique, inhérente a toute démarche
scientifique, permet de la considérer comme un ensemble de règles
indépendantes de toute recherche et contenu particulier, visant
surtout des processus et des formes de raisonnement et de
perception, rendant accessible la réalité à saisir.
Exemple : le fonctionnalisme (cherche à expliquer les
phénomènes sociaux par les fonctions que remplissent les
instituions sociales); le structuralisme (se fixe pour objectif de
dégager les règles d’association qui lient les phénomènes sociaux
les uns aux autres, insiste sur les structures, c’est-a-dire ce qui fait
l’unité du groupe social); le systémisme, la cybernétique (étude
formelle des communications et des informations a l’intérieur des
systèmes sociaux); la phénoménologie (privilégie les phénomènes,
c’est-a-dire, les données de l’expérience vécue que les noumènes
c’est-a-dire, les choses en soi révélées par la raison. Donc la
phénoménologie privilégie les sujets de l’action sociale, c’est-a-
dire, les acteurs et actrices, par opposition aux spécialistes qui les
observent; l’herméneutique (à l’origine interprétation des textes
sacrés), aujourd’hui sous le nom de sémiologie (science de
l’interprétation des signes comme éléments symboliques d’une
culture); historicisme (l’histoire se répète, et on cherche a repérer
les boucles de causalité); la dialectique (saisir les faits dans leur
devenir, dans leur mouvement dynamique, analyse des rapports
sociaux sous l’angle de leurs contradictions; l’analyse
archéologique (recherche les mécanismes du pouvoir dans leurs
formes primitives et spécifiques (condition d’apparition de la
prison).
Les méthodes (au pluriel ou les techniques) : procédés de
recherche qui serviront à mettre en œuvre concrètement et a
réaliser les opérations correspondant aux différentes de la méthode.
Exemple : Étude de cas; comparaison; entrevue; analyse de
contenu; histoire de vie; recherche-action, etc.,
Exemple 1 : pour réaliser une observation (méthode), on pourra
mettre en œuvre des procédés divers, interviewa, sondages
d’opinion, analyse de documents qui constituent autant de
techniques.
Exemple 2 : Roger Federere, nº1 mondial de Tennis
-Méthode de Roger Federere : fatiguer l’adversaire dès le début,
jouer du fond du court ou du filet, etc.,
-Technique de Roger Federere : revers, drive, service, la façon de
poser son pieds, de tenir sa raquette, de faire un tel geste.
-Donc la méthode est avant tout réflexion, elle utilise et organise
les techniques qui sont concrètes, en fonction du but : gagner.
Exemple 3 : un chasseur
-Méthode : stratégie adaptée au terrain, au temps qu’il fait, aux
habitudes du gibier, à la psychologie de son chien, etc.,
-Technique : excellent tireur acquise dans un stand de tir,
But : tuer et rapporter le maximum de gibier
Exemple 4 : un étudiant qui veut faire de la recherche
-Technique : interview, échelle d’attitudes en laboratoire
-Méthode : ne connaît pas les problèmes, ni les méthodes qui les
utilisent et les coordonnent, n’a pas une idée des buts, des
objectifs, c’est-a-dire, des sciences dont elles font parties, du
domaine dans lesquels vont s’appliquer ces méthodes.

METHODES QUALITATIVES/METHODES
QUANTITATIVES

Une méthode qualitative utilise les perceptions pour comprendre et


décrypter la réalité (interviews, observations de groupes, analyses
de documents) alors que la méthode quantitative compte des
unités, dénombre des objets à étudier ce qui implique une
définition précises des catégories. Exemple : la démographie est
susceptible de quantification sous la forme la plus simple :
comptabiliser les naissances, le nombre de morts.

II. LES APPROCHES

1. APPROCHE DEDUCTIVE/APPROCHE INDUCTIVE (cf.


Gauthier+Grawitz)

L’induction : traditionnellement, l’empirisme a recours à une


forme d’argumentation fondée sur l’induction. Cela signifie que
l’on construit son raisonnement a partir de l’observation d’une
situation, ou d’une relation de cause à effet et ensuite on passe
d’observation en observation (ou d’expérience en expérience) de
cas semblables pour établir une vérité au sujet du phénomène
étudié. La démarche inductive part du particulier vers le général.
Exemple : cf. joseph yao, p.27.
La déduction : le rationalisme a recours à une forme
d’argumentation fondée sur la déduction puisqu’il s’agit de déduire
la vérité au sujet de cas précis a partir de prémisses de portée
générale. La démarche déductive part du général vers le particulier
Exemple :
Approche hypothetico-deductive: Gauthier
Exemple:
Approche hypothetico-inductive:
Exemple:

FONDATIONNALISME/ANTIFONDATIONNALISME

Fondationnalisme : une épistémologie fondationnaliste considère


qu’il existe des prémisses indiscutables sur lesquelles on peut
fonder la vérité d’une interprétation ou une explication des choses.
Exemple : toute approche théorique qui se réclame de l’empirisme
prétend que la vérité de la connaissance dépend étroitement de sa
correspondance à la réalité observée, c’est-a-dire, l’étude objective
de la réalité nous mène inexorablement à la vérité.
Antifondationnalisme : ils rejettent l’existence de prémisses sur
lesquelles on peut fonder la connaissance.
Exemple : les postmodernistes en RI sont des
Antifondationnalisme. Ils proclament l’idée qu’il ne peut y avoir
aucune grande théorie qui expliquerait le monde et permettrait de
démontrer par le fait même la supériorité d’une théorie par rapport
à une autre. La vérité serait donc essentiellement une question de
pouvoir, ou de rapports de forces.

POSITIVISME/POSTPOSITIVISME

Positivisme : souvent confondu avec l’empirisme, il va pourtant


plus loin et se veut une véritable « science ». Tout en partageant la
conception empiriste de l’acquisition des connaissances, le
positivisme comprend aussi une approche méthodologique qui met
l’accent sur la méthode des sciences naturelles, en particulier sur la
formulation d’hypothèses empiriquement vérifiables ou
falsifiables, la méthode inductive et l’élaboration de théories
générales ou d’explications de portée générale. Sur le plan
ontologique, il se limite à ce qui est observable, soit physiquement,
soit par inférence (par déduction).
On peut résumer les 4 prémisses principales du positivisme de la
façon suivante :
 l’unité de la science, c’est-a-dire, les mêmes méthodologies
s’appliquent dans le monde physique que dans le monde
social;
 la distinction entre faits et valeurs, c’est-a-dire, les faits étant
neutres et la connaissance scientifique étant indépendante des
valeurs y compris celles de l’observateur. On peut donc faire
une distinction nette entre le sujet (l’observateur) et l’objet
d’une recherche;
 le monde social tout comme le monde naturel, a des
régularités que l’on peut découvrir a travers les théorise;
 la façon de déterminer la vérité d’une affirmation passe par
une référence aux faits.
Exemple : néoréalisme et néolibéralisme en RI
Postpositivisme : conception des sciences sociales qui rejette toute
tentative d’assimiler ces dernières aux sciences naturelles. Ces
partisans partagent une conception de la réalité comme une
« construction sociale », c’est-a-dire, l’idée que les données
immuables et non problématisées si importantes chez les
positivistes ne sont qu’une fiction faisant croire qu’il s’agirait d’un
ordre naturel. La notion de construction sociale souligne au
contraire le fait que cet ordre prétendument naturel n’existe que
parce que les hommes l’ont imaginé tel quel.
Exemple : les théories critiques; les théories féministes critiques.

EMPIRISME/RATIONALISME

Empirisme : une épistémologie empiriste prétend que la


connaissance est fondée essentiellement sur l’expérience et
l’observation comme source de la connaissance. Cette position
épistémologique s’appuie sur la notion de vérité comme
correspondance. A prime abord, l’empirisme présente l’avantage
d’être relativement simple. Il s’agit d’observer des faits et d’écarter
tout ce qui n’est pas observable, exercice en fait complexe et
contestable.
Critique : 1. Mais l’observation se fait toujours dans le cadre de
connaissances déjà établies chez l’observateur, d’où un problème
de perception a partir de conceptions théoriques préconçues.
L’observation brute et « objective » des faits sociaux n’existe tout
simplement pas; 2. En se limitant a l’observable, le chercheur ne
peut que constater des corrélations entre des faits, ce qui restreint
de beaucoup la capacité de proposer des hypothèses explicatives,
plutôt que descriptives, car la corrélation ne constitue pas en soi un
lien entre cause et effet.
Rationalisme : les partisans d’une approche épistémologique
fondée sur le rationalisme prétendent que nos cinq sens ne suffiront
jamais pour comprendre notre monde, d’autant plus que tout n’est
pas observable. Il faut fonder la connaissance sur la logique,
l’intelligence et la réflexion, c’est-a-dire, sur une forme de
raisonnement pour établir une relation entre cause a effet. Le
rationalisme insiste ainsi sur la notion de l’existence d’une
connaissance a priori, c’est-a-dire, qui existe indépendamment de
l’expérience ou de l’observation antérieure. Exemple : la plupart
des axiomes mathématiques ne sont pas fondés sur l’expérience
mais uniquement sur la réflexion et l’application de la logique.
Mais appliquer un raisonnement qui convient parfaitement aux
mathématiques n’est pas aussi facile dans le monde social. Les
rationalistes acceptent alors l’idée que nous puissions acquérir une
certaine expérience de la vie a travers l’apprentissage du langage et
l’éducation, et qui deviennent des acquis qui nous permettent de
nous servir de nos facultés de raisonnement. Le rationalisme établit
un lien entre la vérité et la cohérence.
Critique : 1. la place de l’expérience est négligée; 2. il prétend que
la raison utilisée correctement sous formes de déductions à partir
de principes généraux nous apportera la vérité. Pourtant,
l’expérience nous montre que c’est loin d’être le cas; 3. Le
rationalisme est fondé sur une prémisse pour le moins discutable,
celle qui suppose que tous les êtres humains raisonnent de la même
façon.

Individualisme méthodologique
Il met l’accent sur l’importance du rôle joué par les unités
constituantes dans le fonctionnement du système, prétend que le
système est la somme de ses parties. On part des unités (États par
exemple) pour expliquer ou comprendre les RI (système)
Exemple : Comprendre l’anarchie du système international a partir
de l’État comme unité de base
-Approche holiste
Il prétend que le système a une existence propre et agit selon des
règles de fonctionnement qui lui sont propres. Le système existe
indépendamment de ses unités constituantes.
Exemple : Comprendre l’anarchie du système international par la
logique du système qui détermine la nature des rapports
interétatiques ainsi que la marge de manœuvre dont dispose les
États.

NORMATIVITE/REFLEXISME

Normativité : concerne les normes, les jugements de valeur ou les


présupposés idéologiques sous-jacents, souvent implicites et
parfois non reconnues par le theoricien-lui-meme, qui accompagne
toute approche théorique. Les chercheurs sont des êtres humains
qui vivent dans des sociétés particulières, à des moments
particuliers, dans une époque historique donnée. C’est le contexte
social, politique et historique dans lequel se déroule toute réflexion
théorique qui nous oblige à poser des questions sur le rapport entre
l’observateur et son domaine de recherche.
Exemple : en présumant que la classe sociale est plus significative
que l’ethnie ou le genre et de privilégier une approche
épistémologique par rapport à une autre.
Réflexivité : réflexion théorique sur le processus même de
théorisation. Les réflexivistes prétendent que le chercheur doit être
conscient à la fois des présupposés normatifs de sa propre pensée,
voire de ses préjugés, et des valeurs et des normes qui sous-tendent
toute théorie. Ils refusent toute séparation entre valeurs et faits, ou
entre théorie et pratique, et insistent sur le fait que toute analyse
doit toujours tenir compte du contexte social.
Exemple : toutes les approches postpositivistes sont réflexivistes
en ce sens qu’elles reconnaissent qu’il faut questionner l’existence
même des standards objectifs pour évaluer des prétentions a la
connaissance qui se trouvent en concurrence.
PRENOTIONS/CONCEPTS/DEFINITIONS

Prénotions : idées confuses, mélangées, vagues sur un sujet et on


les emploie couramment avec assurance comme s’ils
correspondaient a des choses bien.
Exemple : les hommes n’ont pas attendu l’avènement des sciences
sociales pour se faire une idée de sur le droit, la morale, la famille
ou l’État. Descartes doutait de toutes les idées qu’il avait reçu
antérieurement (doute cartésien).
Concepts : abstraction représentant un objet, la propriété d’un objet
d’un phénomène. L’être humain communique avec ses semblables
au moyen d’un langage, c’est-a-dire d’un système de
communication. Tout système de communication utilise des
symboles. En science sociale le symbole le plus utilisé c’est le
concept.
Exemple : le pouvoir, le statut social, la classe sociale
On attribue en général trois rôles au concept :
1. le concept permet d’exprimer un point de vue sur une réalité.
C’est pourquoi un concept ne peut jamais s’appliquer a une seule
réalité; exemple : la domination/aliénation;
2. le concept permet de faire une classification, une généralisation;
ici conceptualiser peut vouloir dire généraliser; exemple : escalade,
tension, crise, on peut généraliser tous ces objets par le mot conflit.
3. le concept sert aussi de pierre angulaire sur laquelle se monte la
théorie. Il est le moyen de communication le plus simple qu’utilise
tout ceux qui veulent faire usage de cette théorie; exemple : la
souveraineté en RI.

Définitions : une définition sert à clarifier et à préciser un concept.


En général, deux genres de définitions existent : une définition
conceptuelle et une définition opérationnelle.
Exemple : démocratie : 1. gouvernement du peuple, par le peuple
et pour le peuple; 2. système politique pluraliste ou des élections
sont organisées périodiquement, de manière libre, transparente
avec possibilités d’alternance et un respect des droits et libertés des
individus et des groupes.

FAITS ET JUGEMENTS (HUFTY)

LES GRANDES FIGURES DE L’EPISTEMOLOGIE

- Karl Popper (1902-1994) et le rationalisme critique

Selon Popper, auteur de Conjonctures et réfutations, une théorie


scientifique forme un corps d’hypothèses (ou conjonctures) dont la
validité se mesure a sa capacité à résister a des expériences
cruciales susceptibles de tester sa validité. La science progresse
donc par conjectures et réfutations. Le propre de la science réside
dans sa capacité à se corriger elle-même et non dans le fait de
proposer des vérités définitives.

- Thomas Kuhn (1922-1996) et la structure des révolutions


scientifiques

Cet ancien physicien et historien des sciences a profondément


renouvelé l’approche des théories scientifiques. Il considère que
l’histoire des sciences évolue par cycles. A une époque donnée, un
paradigme (théorie dominante) s’impose jusqu'à ce qu’émerge une
période de crise. La révolution scientifique qui s’ouvre verra
l’émergence d’un nouveau paradigme dominant.

- Imre Lakatos (1922-1974) et les programmes de


recherche scientifique

Hongrois, immigré en Grande Bretagne, c’est lui qui succède à


Popper à la tête du département de philosophie de la prestigieuse
London School of Economics. Pour Lakatos, chaque science inscrit
son activité dans des « programmes de recherche », cadres de
pensée qui ordonnent et fixent des orientations de recherche. Un
programme de recherche scientifique (PRS) est composé d’un
noyau dur (ensemble d’hypothèses formant le cœur de la théorie)
et d’hypothèses auxiliaires qui constituent une sorte de « ceinture
protectrice ». le PRS fixe une heuristique positive, c’est-a-dire
qu’il désigne des orientations de recherche.

- Gaston Bachelard (1884-1962) : la raison et l’imagination

Bachelard était d’abord professeur de Physique et de chimie au


collège. Ensuite, il obtient l’agrégation de philosophie et soutient
sa thèse de doctorat en 1927. Nommé professeur d’histoire et de
philosophie des sciences a la faculté des lettres de Dijon, il termine
sa carrière a la Sorbonne ou il enseigne jusqu’en 1954.
Selon ce philosophe français, auteur de la Formation de l’esprit
scientifique, la pensée possède deux versants : la raison et
l’imagination et l’imagination. La science doit se défaire de la
puissance évocatrice de l’imagination pour atteindre une rationalité
abstraite. La science est une lutte permanente contre les erreurs et
les images trompeuses. Elle ne progresse qu’en s’opposant et
n’évolue jamais sur une terre ferme et assurée. « L’esprit
scientifique se constitue sur un ensemble d’erreurs rectifiées ».

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