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Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO

AVANT PROPOS

Les présentes notes de cours s’adressent à de jeunes esprits qui ont reçu une
formation principalement celle du niveau des humanités secondaires. Leur but est
moins d’enseigner les préceptes de la logique formelle que de donner aux étudiants
le sens d’une plus grande rigueur. Qu’on veuille donc bien ne pas chercher dans
nos notes la synthèse des principaux problèmes que pose la pensée scientifique ni
même de ceux que devrait résoudre une théorie complète du raisonnement.

Nous voulons seulement présenter aux étudiants qui abordent leurs études
universitaires les premières articulations de la logique formelle ou science du
raisonnement déductif.

Dans une première partie, nous restons fidèles aux logiciens anciens qui
étaient avant tout philosophes. Et là, nous réduisons au minimum la problématique
proprement philosophique. Car de la logique ancienne, nous ne retenons que la
logique des jugements de prédication (inférences et syllogismes catégoriques).

A la différence des anciens, nous tenons délibérément à une interprétation


minimale du jugement de prédication. Dans un deuxième temps, nous présentons les
premiers rudiments d’une logique moderne. C’est pourquoi une simple lecture de
présentes notes n’enrichirait aucun esprit épris de recherche. Elles ne peuvent être
profitables qu’aux étudiants qui les suivront, stylo à la main.

Enfin, nous abordons les éléments discursifs oraux et écrits en français dans
leur application logique.

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INTRODUCTION

I. CONTEXTE

La tradition ancienne désignait sous le nom de « Logique » l’étude, au niveau


philosophique, des conditions de validité de l’acte de la raison humaine et de son
œuvre propre, la connaissance scientifique. Cette étude devrait fournir les principes
et les règles d’exercice de la raison humaine dans l’édification du savoir
scientifique.

II. DEFINITION

La logique, dans le contexte que venons de décrire, était définie comme


l’étude philosophique de ce qui assure à un ensemble de connaissances la dignité de
« science » constitués. Bref, la science de la science. D’où la définition de Saint
Thomas d’Aquin qui stipule : « La logique est la discipline qui enseigne les règles
au moyen desquelles la raison humaine peut acquérir avec ordre, facilité et sans
erreur, l’ensemble des sciences. Elle n’étudie pas les choses en elles-mêmes, mais
elle nous apprend à bien penser, à bien conduire notre raison dans la recherche de la
vérité et à bien connaître les choses. Discipline d’ordre rationnel, elle suppose une
réflexion de la raison qui revient sur ses propres opérations pour découvrir les lois
fondamentales.

D’une manière générale, la logique apparaît comme l’aptitude spontanée de


notre raison à se diriger vers la vérité. On l’appelle à ce point le bon sens. A ce
niveau, Descartes dit de celui-ci, qu’il est la chose du monde la mieux partagée et
pourvu qu’on l’applique bien, avec un minimum de méthode, il peut suffire à la
rigueur pour conquérir la science.

III. BREF APERCU HISTORIQUE DE LA LOGIQUE

Au cours de l’histoire, la conception que l’on s’est faite de ce que doit être
une science constituée a beaucoup varié. Deux traits essentiels cependant ont

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persisté au cours de cette évolution. : la science n’est pas une simple compilation de
connaissances juxtaposées, mais elle doit former un ensemble de propositions
systématiquement enchaînées, un système. En outre, le système prétend
correspondre à la réalité de son objet, il a toujours une certaine prétention à la vérité
objective.

L’objectif de la logique ancienne étudiait, d’une part, ce qui garantit la vérité


d’une connaissance et, d’autre part, ce qui permet d’assembler un ensemble de
connaissances en un système scientifique.

Les problèmes qui concernaient la systématisation du savoir scientifique


firent l’objet de ce qu’on appelait au XVIème siècle, la « logique mineure » et au
XIXème siècle, la logique formelle.

Les problèmes qui concernent la Vérité des jugements firent l’objet de ce


qu’on appelait au XVIème siècle la « logique majeure » et au XIXème siècle la
« logique matérielle ». Ils ne sont plus considérés aujourd’hui comme faisant partie
de la logique proprement dite. On les étudie dans d’autres disciplines
philosophiques que l’on désigne du nom d’ « épistémologie »

De nos jours l’expression de « logique formelle » a l’apparence d’un


pléonasme (figure de style par laquelle on redouble une expression pour la
renforcer. Ex. Je l’ai vu de mes propres yeux, ou entendu de mes propres oreilles.)
et on désigne sous le simple nom de « logique » ce que les scolastiques du XVI ème
siècle appelaient « logique mineure » et les auteurs du XIXème siècle « logique
formelle ».

Comme on peut le constater, la logique est loin d’être une discipline


homogène et indivisible, elle est plutôt un ensemble des logiques particulières dont
la différentiation est dictée par différents principes servant de guide théorique par la
divergence de visions fonctionnelles. Démontrons cela par un survol rapide.

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Aristote assignait à sa logique le rôle d’organon (c’est-à-dire outil,


instrument d’investigation du réel). Cette perspective d’Aristote va inspirer la
philosophie cartésienne en visant la nature et la possession de la nature. Par ailleurs,
la logique de PORT ROYAL, cartésienne de son inspiration, place le
perfectionnement de la raison au-dessus de l’acquisition de la connaissance. Mais
entre Aristote et le cartésianisme règne le stoïcisme (doctrine selon laquelle
l’homme peut accéder au bonheur en surmontant ses passions et en méprisant les
événements extérieurs qui ne dépendent pas de lui).

Avec Leibniz, la logique entre dans une ère nouvelle dominée par les
exigences de calcul et des critères d’opérationnalité « Calculemus » telle est la
devise que Leibniz a transmise à la postérité, devise qui sera fort combattue par
Hegel. Le mérite de Leibniz est d’avoir introduit l’idée du raisonnement conçu
comme un calcul et celle d’une logique qui n’est pas seulement formelle mais
formalisé. Inventeur du projet d’un « calcus ratiocinator », il est également l’auteur
d’un projet d’une « lingua characteristica universalis » c’est-à-dire d’une langue
artificielle dotée de signification comme la langue naturelle, mais pourvue de toutes
les bonnes propriétés que nous voudrions lui donner comme celle dont Raymond
LULLE avait conçu l’idée ; c’est-à-dire créer une langue symbolique idéale au
Moyen-Age, mais qui n’a pu déboucher sur rien à l’époque. La raison raison ce que
malheureusement le niveau de la science, et en particulier, celui des Mathématiques,
était trop bas à l’époque. Néanmoins l’apport le plus décisif de Leibniz à la logique
est la formulation des lois de la logique de l’identité. Par logique de l’identité,
nous entendons les lois relatives aux raisonnements dont la validité ou la non-
validité dépend du terme « = » (égal). Sa règle est la suivante : « Sont les mêmes,
ceux qui peuvent être substitués l’un à l’autre, la vérité resta sauve ». Pour
Hegel en effet, la logique est la science globale de l’être et du devenir. Elle a une
vocation ontologisante et globalisante. Comment toute cette matière est-elle
répartie ?

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Avec Boole, retenons que sa contribution majeure à la logique peut se


résumer de la manière suivante : « la logique peut prendre la forme d’un calcul dont
la correction ne dépend pas de l’interprétation des symboles employés mais
seulement des lois qui régissent la manière dont ces symboles sont combinés ; que
l’algèbre appliquée jusque là aux nombres pouvait être étendue aux classes ; que les
quatre propositions fondamentales d’Aristote (interprétées en extension) pouvaient
être exprimées au moyen d’équations de l’algèbre ainsi étendue ; que la validité ou
la non-validité des syllogismes pouvaient être établies par un calcul algébrique sur
ces équations.

Quant à la logique classique, elle est présentée comme la première


formalisation du langage et du raisonnement mathématique. Ainsi, tout en
continuant la logique mathématique, elle intègre certains éléments de la logique
ancienne.

IV. OBJET DE LA LOGIQUE

La logique a pour objet naturel « l’étude des procédés par lesquels notre
raison peut rendre systématique un domaine du savoir. Ces procédés de
systématisation sont, à un premier niveau élémentaire, des raisonnements. Les
raisonnements sont regroupés en ensemble de plus en plus complexes, en des
systèmes qui obéissent à certaines exigences d’unité ou d’harmonie stylistiques,
exigences qui peuvent d’ailleurs varier selon les diverses sciences.

L’étude des divers types d’ordre suivant lequel se groupent les raisonnements
élémentaires et les énoncés qui leur servent de point de départ, fait l’objet d’une
discipline plus complexe, appelée « Méthodologie » ou Science de la méthode
scientifique. Evidemment la présente étude n’aborde pas cette question.

La logique a pour objet formel « les conditions de validité des


raisonnements ». Les valeurs fondamentales auxquelles cette science se réfère ne
sont pas immédiatement le Vrai et le faux, mais le « valable » (le correct, le
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contraignant, le démonstratif) et le « non valable » (l’incorrect, le non contraignant,


le non démonstratif).

V. OBJECTIF

Ce cours est une introduction à la logique formelle. L’objectif principal est de


permettre à l’étudiant d’acquérir la maîtrise de deux outils de calcul logique, soit le
calcul des propositions et le calcul des prédicats de premier ordre. Nous aborderons
ces calculs par le biais de méthodes sémantiques et syntaxiques (tables de vérité,
arbres de consistance, déduction naturelle).

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Chapitre premier

ETUDE DES OPERATIONS INTELLECTUELLES

Introduction

D’après Aristote, la logique ancienne se subdivise en trois chapitres qui


correspondent à trois actes de la raison :

 La conception (appréhension) : c’est l’acte par lequel l’esprit conçoit une idée
c’est-à-dire que c’est l’acte qui passe à l’esprit quand on pense à quelque
chose.
 Le jugement, qui est appelé composition ou division selon que l’esprit
affirme ou ni le rapport entre deux idées (concepts) c’est-à-dire une opération
par laquelle on établit une convenance ou une disconvenance.
 Le raisonnement (discours), c’est un acte par lequel l’esprit passe d’un
jugement à un autre afin d’arriver à une nouvelle connaissance.

Mais tout de suite il apparaît que le point de vue du logicien n’est pas le même que
celui du psychologue. De trois actes de l’esprit, lequel est le principal, auquel sont
ordonnés les autres ? Le psychologue répondrait : le jugement, car un concept n’a
d’intérêt que s’il sert à juger, et le but d’un raisonnement est de conclure, c’est-à-
dire de poser un jugement. Le logicien, lui, estime que c’est le raisonnement, parce
que c’est l’acte propre de la raison ; il dira donc que la première opération de l’esprit
est ordonnée par la seconde et la seconde par la troisième. Du point de vue logique,
donc, l’étude du concept et de la proposition n’est qu’une propédeutique à celle du
raisonnement. Son étude exige d’abord celle de ses éléments : le concept et la
proposition. La logique d’Aristote est contenue pour l’essentiel dans les analytiques,
qui traitent du raisonnement.

I.1. Le Concept et le terme

I.1.1. Notions de base

La pensée est une activité de l’esprit qui concerne d’abord par la fabrication
des concepts. L’esprit fabrique les concepts grâce au contact avec les objets (par
exemple la table, la craie, le mur etc.).

 Le concept provient du verbe « concevoir » qui veut dire se faire une idée de
quelque chose. Cet acte de l’esprit s’appelle « Conception ». Et le Concept

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devient alors la représentation mentale et intelligible de l’objet ou l’idée qui


passe à l’esprit quand on pense à quelque chose.
 Le terme, sens ordinaire et grammatical, est synonyme du mot. En logique, il
ne se réduit pas à un mot unique, mais traduit une idée logique (chose
signifiée). Le terme désigne « l’expression extérieure du concept » (signe
sensible du concept). Il peut être verbal, écrit ou gesticulé. Il existe
indépendamment du concept et diffère d’une langue à une autre.

Par exemple :

- Le terme français pain,


- Le terme lingala lipa,
- Le terme swahili mkate,
- Le terme anglais bread

Tous ces termes désignent tous la même réalité (Concept)

I.1.2. Sortes des concepts

D’une manière générale, les concepts désignent soit des êtres concrets, soit des êtres
de l’esprit. Ainsi, on distingue deux sortes principales de concepts :

 Le concept objectif : par exemple « maison », « banc » se réfère à des objets


réels
 Le concept mental : par exemple « cercle », « humanisme » n’existe que dans
l’esprit (être de raison).

I.1.3. Propriétés des concepts

Les concepts semblent être des noms qui désignent de grands ensembles
génériques. Ils représentent les caractères généraux des objets. L’idée d’un concept
est extraite à partir de l’abstraction, de la compréhension et de l’extension.

a) L’abstraction : C’est le fait que le concept soit extrait de l’intelligence et


décalque la réalité de la nature. Ex. Femme : féminin, féminité ; Blanche,
Blancheur, blanchâtre.
b) La compréhension : C’est l’ensemble des traits définitionnels d’un concept.
C’est l’ensemble des propriétés qui sont contenues dans un concept. Ex.
Homme : être, animal, vivant, raisonnable, parlant
Etienne : homme, noir, congolais, écrivain,…

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c) L’extension : C’est l’ensemble des individus, des sujets auxquels s’applique


le concept. C’est la quantité de la réalité à laquelle le concept se rapporte. Ex.
Homme : noir, blanc, jaune, rouge
Joueur : footballeur, basketteur, catcheur, boxeur etc.

NB. L’extension et la compréhension des concepts sont en raison inverse l’une


de l’autre. En d’autres termes :

- Plus grande est la compréhension d’un concept,


- Plus petite est son extension et inversement.

Ex. Homme : - grande compréhension parce qu’il est appliqué à plusieurs races

- Petite extension parce qu’il est appliqué à un seul individu


(SOCRATE).

La logique ancienne considère le terme et le mot comme l’expression orale ou écrite


d’un concept.

I.1.4. Classification des concepts

Elle se fait sous plusieurs points de vue, mais nous retiendrons deux
notamment :

a)La classification selon la quantité


b)La classification selon la qualité
a)Selon la quantité :
 Concepts universels : Un concept est dit universel, lorsqu’il est pris dans toute
son extension, ou lorsqu’il est affecté d’un quantificateur universel ou d’un
article défini. Ex. Tout homme, chaque personne, nul homme.
 Concept particulier : Un concept est dit particulier, lorsqu’il est pris dans une
partie seulement de son extension, ou une est affecté d’un quantificateur
particulier ou d’un article indéfini. Ex. Un homme, des femmes, quelques
étudiants, certains étudiants, beaucoup de, la majorité.

I.1.5. La définition et la division des concepts

a) Définition : Etant donné que la signification de certains concepts n’est pas


directement connue, on procède alors par la définition.

Définir un terme (concept), c’est le délimiter, c’est-à-dire le remplacer par


d’autres termes qui indiquent le même contenu que le premier ou la définition est

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une explication verbale d’un concept où on trouve des notes intelligibles qui
permettent de distinguer une chose d’une autre.

b) Sortes :
La logique classique distingue deux sortes principales de définitions : la
définition nominale et la définition réelle ;
 La définition nominale (verbale ou grammaticale) explique ce que signifie un
mot en lui-même, soit par l’étymologie soit par la traduction dans un autre
terme plus clair ou synonyme. Ex. le terme « concept » vient du latin
« concipere » qui veut dire concevoir. Ex. Le chef de l’Etat = Président
 La définition réelle (des choses) exprime (révèle) la nature de la chose dont
on parle. Elle détaille le contenu du terme (concept). Elle peut être descriptive
ou essentielle

Dans la définition descriptive, on énumère des propriétés. Elle est souvent utilisée
dans les sciences positives. La définition essentielle indique ce qui constitue la
chose nécessairement. Elle présente les notes essentielles de la chose. Elle peut être
physique si elle indique les éléments (les parties réelles) qui composent la chose, ou
elle peut être métaphysique si elle indique la chose par les éléments qui la
déterminent selon notre mode de penser (genre et espèce).

Les définitions essentielles qui se composent d’un genre et de différence


spécifique sont considérées comme des formules qui expriment mieux les essences
des choses. Ainsi, définir c’est situer un terme dans le système de classification en
genre et espèce de l’arbre de Porphyre.

Exemples ;

1. Le cercle est la partie du plan du mouvement d’un point autour d’un axe.
2. L’homme est composé d’un corps et d’une âme
3. L’homme est un animal raisonnable
4. Le bronze est un métal qui résulte d’un alliage de cuivre et de zinc.

D’autres définitions sont extrinsèques. C’est le cas de la définition causale qui


consiste à définir une chose, non pas en elle-même et c’est pourquoi elle est dite
extrinsèque- mais par sa cause, elle est dite cause efficiente.

c) Lois de la définition
Une bonne définition doit se conformer aux conditions suivantes :
- Etre claire que le défini : elle ne sert à rien si elle est exprimée en des termes
obscurs.
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- Eviter le cercle vicieux : pas de termes obscurs. Par exemple, le chat est
l’animal qui porte une fourrure, la fourrure est ce que porte le chat ;
- Eviter des termes négatifs : car , expliquer une chose c’est dire ce qu’elle est
et non ce qu’elle n’est pas. Par exemple : dire que l’homme n’est pas un
Ange, ce n’est pas éclairer la question sur la nature de l’homme ;
- Viser la concision : éliminer les mots inutiles ;
- Etre parfaitement convertible.
d) La division des concepts :
Les règles pour une bonne division :
 Qu’elle soit complète : énumérer tous les éléments dont le tout se compose
 Qu’elle soit exacte : les parties doivent être distinctes entre elles. Par
exemple : dire que l’homme est composé d’un corps, d’une âme, d’une
intelligence n’est pas une bonne division.
 Qu’elle soit Cohérente : fondée sur le même critère. Par exemple, ma
bibliothèque se compose de livres d’économie et de livres de format in-80
n’est pas correcte, car le format in-80 ne s’oppose pas à l’économie.

I.2. Classification et subdivision de la logique

1.2.1. Classification de la logique

Il existe plusieurs sortes de Logique, notamment la logique ancienne, la


logique moderne, la logique modale, la logique combinatoire, la logique
probabilitaire, la logique dialectique, la logique phénoménologique, etc.

1.2.1.1.2. Logique ancienne ou classique

C’est la Logique issue de l’école aristotélicienne et au sein de laquelle la


science logique se conçoit comme étant une recherche générale de sens
(métaphysique) d’une part, et d’autre part, comme étant une discipline bivalente
(basée sur deux valeurs de vérité : le Vrai et le Faux) ; normative (dans ce sens
qu’elle établit que le vrai doit être recherché parce qu’étant supérieur à la valeur qui
doit être rejetée, le faux en l’occurrence) et formelle (parce qu’elle tient à la forme
de la pensée plutôt qu’à sa matière, bref aux conditions de vérité propres à la pensée
ou au discours).

1.2.1.1.3. Logique moderne

Initiée par le philosophe et mathématicien allemand, G. LEIBNIZ et traversée


par plusieurs courants, cette logique est aussi appelée Logique propositionnelle,

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Logique formaliste, Logique mathématique, Logistique, etc. Contrairement à la


Logique classique, elle se caractérise par :

- Le recours aux symboles et au langage symbolique


- Le rejet du caractère normatif
- La tendance à se constituer en discipline autonome vis-à-vis de la philosophie
et de la psychologie et en discipline positive au même titre que les autres
sciences positives.
- L’adoption des systèmes tantôt à deux valeurs, tantôt à plus de deux valeurs,
etc.

1.2.1.1.4. Logique non classique

Appelée aussi Logique d’inspiration phénoménologique, cette logique postule


entre autre que la pensée logique s’exerce :

- Au niveau du langage, comme la recherche de signification dans la cohérence


de l’expression verbale ou écrite.
- Au niveau de l’objectivité pure, comme l’établissement des lois de la non-
contradiction ou de la conséquence.
- Au niveau transcendant (par l’intersubjectivité), comme une recherche des
lois formelles de la vérité possible.

Ainsi, pour Edmund HUSSERL, « la logique devient non seulement une science
visant à atteindre les lois à respecter pour que tout raisonnement formel soit
possible (logique et mathématique), mais aussi le fondement nécessaire du
monde matériel dont l’objectivité est une intersubjectivité présente dans chacune
de nos consciences ».

1.2.1.1.5. Logique dialectique

C’est un courant dont les principes fondamentaux ont été formulés entre
autres par HERACLITE D’EPHESE (Antiquité), NICOLAS DE CUSE (Moyen-
Age), HEGEL (18ème siècle), KARL MAX et F.ENGELS (19ème siècle), LENINE et
MAO TSE TOUNG (20ème siècle). Cette logique se caractérise par :

- La négation de la contradiction absolue


- L’affirmation de la contradiction comme la loi universelle qui régit toutes les
choses
- L’affirmation de la contradiction comme étant unité ou synthèse des
contraires.

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1.2.1.1.6. Logique modale

C’est une logique dont les catégories fondamentales sont les rapports
suivants :

- La nécessité
- L’impossibilité
- La possibilité
- La contingence

1.2.1.1.7. Logique combinatoire

Puisant son schéma de la mathématique combinatoire, cette Logique opère


par la combinaison d’éléments qui, formant un ensemble, ont des positions relatives
de nombres limités.

1.2.2. Subdivision de la Logique

La logique comprend deux grandes branches : la Logique formelle ou


mineure et la Logique matérielle ou majeure.

1.2.2.1. Logique formelle ou mineure

Fondée par ARISTOTE, elle étudie les formes et les lois du raisonnement,
sans intérêt pour le contenu et la signification des signes. Elle se pense sur les
systèmes formels, divers types de déduction et de calcul, où la validité l’emporte sur
la vérité, sur la réalité. Il y a cependant lieu de reconnaître ici trois niveaux
d’exploration du langage, à savoir :

- Le niveau syntaxique ou d’articulation du jeu des signes


- Le niveau sémantique où se dégagent des conditions relatives à la
signification, à la vérité.
- Le niveau pragmatique ou de l’articulation du sens sur le contexte.

1.2.2.2. Logique matérielle ou majeure

Fondée par Francis BACON, elle est aussi appelée Logique des sciences et
s’occupe du contenu des propositions, de leur vérité. Elle se subdivise elle-même en
épistémologie et en Méthodologie des sciences.

a) L’épistémologie ou théorie de la conscience


C’est une appréciation normative du statut, de la valeur, de la portée et des
limites de la démarche scientifique, ainsi que des résultats de celle-ci. C’est,

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autrement dit, « une étude de la connaissance en tant que rapport entre le sujet
et l’objet » (J. PIAGET) différant ainsi de la Logique proprement dite qui est
l’analyse formelle de la connaissance.
b) La méthodologie des sciences
C’est une réflexion critique, rétrospective et prospective sur les voies et
moyens qui mènent à l’investigation et à l’acquisition des connaissances, à la
découverte, à l’intention.

I.3.Logique classique et sciences connexes

I.3.1. Logique classique et grammaire

En commun, les deux s’occupent des propositions et des termes. Elles


diffèrent en ce que :

a) La grammaire étudie les règles qui régissent les diverses langues - La logique
vise à atteindre, par-delà les langues diverses, les lois qui régissent la pensée.
b) La grammaire, ainsi, étudie toutes les propositions, pourvu qu’elles aient un
contenu non absurde, qu’elles soient optatives, interrogatives, conditionnelles
ou constatives alors que la Logique ne considère plutôt comme propositions
que celles qui traduisent une prise de position à l’égard du vrai et du faux, ne
se préoccupant donc pas des propositions optatives ou interrogatives,
propositions qui ne sont ni vraies, ni fausses.

I.3.2. Logique classique et morale

En commun, elles sont normatives et bivalentes (vrai et faux ; bien et mal).


Elles se complètent en ce que la pratique de la Morale procède de la Logique : on ne
pratique la vertu que si on en connaît préalablement le concept. Bien plus, « pour
exprimer ses jugements, le moraliste doit respecter les principes de la Logique et ne
pas substituer à un concept l’opposé du sens reçu. A son tour, le Logicien doit
posséder des qualités morales : honnêteté, franchise, ect. »

I.3.3. Logique classique et Psychologie

En commun, elles étudient le monde de la pensée. Elles se diffèrent sur le


plan des tâches et des domaines. Ainsi : la psychologie porte sur notre vie intérieure
tout entière (plaisir, émotions, sensations, idées, passions, images, souvenirs,
inventions) et son investigation atteint aussi la vie psychique des malades mentaux
et des animaux, etc. La logique ne s’occupe pas de la vie de la pensée qu’au point de
vue des valeurs de vérité des propositions. Bref, la psychologie vise à définir les

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conditions d’existence des faits psychiques, alors que la Logique porte sur les
conditions de droit qui constituent et dominent la pensée valable.

I.3.4. Logique classique et Mathématique

En commun, les deux recourent à l’usage des symboles depuis les travaux de
Georges BOOLE et DE MORGAN (1847). Elles diffèrent en ce que, par exemple :

a) En mathématique, les opérations algébriques ou arithmétiques ont pour effet


de changer les quantités additionnées ou multipliées. Addition arithmétique :
A +A = 2A et multiplication arithmétique : A x A = A2 alors qu’en logique, il
n’y a pas de changement quantitatif : A + A = A et A x A = A
b) En logique, zéro s’oppose à toute donnée comme un inexistant absolu. En
mathématique, sauf en Arithmétique, zéro prend sa place dans la série des
nombres entiers et une loi de succession en indique le rang.

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Chapitre deuxième
DE LA LOGIQUE CLASSIQUE OU FORMELLE
2.1. Considérations générales
2.1.1. De la connaissance
2.1.1.1. De la connaissance directe
a) Définition : La connaissance directe, appelée aussi connaissance immédiate ou
intuitive, est celle qui atteint son objet par vision directe, sans détour. Ainsi on peut
compter :
* L’intuition sensible ou empirique : c’est la perception directe d’un fait physique
affectant un de nos organes sensoriels.
* L’intuition psychologique : c’est la perception immédiate de ses propres états de
conscience, de ce qui se passe en soi-même. Ex. Eprouver une joie.
* L’intuition divinatrice ou intellectuelle : C’est la découverte immédiate des
rapports entre les choses. Ex. A = B et B=C donc A= C
* L’intuition mystique : c’est la saisie immédiate des réalités religieuses.
2.1.2. De la connaissance indirecte
Appelée aussi connaissance médiate ou discursive, elle n’atteint son objet que
par le biais de moyens intermédiaires. C’est d’elle qu’il s’agira au chapitre relatif au
raisonnement.
2.2. Les principes ou lois logiques classiques
Tout raisonnement prend appui sur quelques principes fondamentaux évidents
d’emblée mais susceptibles d’être remis en question à l’heure actuelle. Les
principaux principes sont :
2.2.1. Le principe de non-contradiction ou de contradiction
De par ce principe, il est impossible d’affirmer et de nier en même temps un
même prédicat pour un même sujet. Autrement dit, un même concept ne peut être
défini, à la fois et au même point de vue, comme A et comme non A. A ce sujet, il
faut noter qu’il n’est pas ici question d’interdire.
2.2.2. Le principe d’identité
Formulé pour la première fois par PARMENIDE, en Grèce, lorsqu’il affirmait
que l’on ne pouvait rien dire de l’Etre si ce n’est « l’Etre est ». Au-delà des querelles
métaphysiques, ce principe affirme : « une fois un concept défini d’une certaine

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manière, sa définition doit rester constante, au cours d’un raisonnement ». A est A,


et on note P  P
2.2.3. Le principe du tiers-exclu

De par ce principe, « toute chose est ou n’est pas », tel que, entre A et ~A, il
n’y a pas d’autre position logique. Ce principe fixe ainsi l’impossibilité pour un
jugement d’avoir une autre valeur de vérité que le vrai ou le faux (exclusivement).
Autrement dit, on dirait qu’entre A et ~A il n’y a pas, dans l’univers logique, de
tiers possibilité. On note PV~P.

2.2.4. Le principe d’équivalence

Il y a équivalence entre une double négation et une affirmation. A  ~(~A). Il faut


cependant noter qu’une double négation peut supposer une négation renforcée et ne
pas équivaloir à une affirmation.

2.2.5. Du vrai ne découle que le vrai. Ex. Vero, nonnisi verum. Ici se confirme la
règle selon laquelle d’une subalterne vraie on conclue à une subalterne vraie.

2.2.6. Du faux peut découler le vrai ou le faux. Ex. falso sequitur quodlibet= du
faux peut découler n’importe quoi. (P1~P)  q. Ici se confirme la règle selon
laquelle d’une subalterne fausse on ne peut rien conclure d’emblée et absolument.

2.2.7. Dictum de omni, dictum de parte ou le principe d’inclusion: Ce qui est


affirmé du tout est affirmé aussi d’une partie de ce tout.

2.2.8. Le principe de non-extrapolation

La conclusion d’un raisonnement ne peut être plus riche que les prémisses. De
par ce principe, on illustre parfaitement que la Logique ne produit aucune
information nouvelle, elle traite l’information qu’on lui donne sans la dépasser
(l’extrapoler).

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2.2.9. Le conditionnel modus ponens  p  q p   q . Ex. Si le feu s’allume, la


maison, brûle. Et le feu s’allume, donc la maison brûle.

2.2.10. Le conditionnel modus tollens  p  q   q   p .Ex. Si le feu s’allume, la


maison brûle. Et la maison ne brûle pas, Donc le feu ne s’allume pas.

2.2.11. Le syllogisme hypothétique et la transitivité de l’implication

( p  q)(q  r   ( p  r ) . Ex. Si Biya est président, alors sa femme est riche. Si sa


femme est riche, alors sa famille est heureuse. Or Biya est Président, alors sa famille
est heureuse.

2.2.12. Le syllogisme disjonctif

( pvq )q   p

Ex. Un avocat est un défenseur ou un soldat est un criminel et un soldat est un


criminel donc un avocat est un défenseur.

2.2.13. Le dilemme destructif

( p  q)(m  n)(qvn)  (pvm)

Ex, Si je suis avocat alors je suis défenseur et si je suis soldat, alors je suis criminel,
alors je ne suis pas criminel. Or je ne suis pas criminel ou avocat.

2.2.14. La simplification

Soit q une proposition vraie et r une proposition fausse, alors

( pq)  p
( pvr )  p
( pr )  ( faux)
( pvr )  q(vrai)

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2.2.15. L’adjonction

p  ( pvq) Ex. Si le soleil luit alors le soleil luit et les habits sèchent

2.2.16. La conjonction

( pq)  (qp) Ex. Le chien aboie et la caravane passe. Donc la caravane passe et le

chien aboie.

2.2.17. La logique d’absorption

pv( pq)  p
p( pv)  p

Ex. L’absorption signifie qu’un argument isolé absorbe le connecteur V ou ˄ si ce


dernier relie l’argument à une formule qui le contient à nouveau dans une relation ˄
ou ˅. Dans ce cas, la valeur de p (1 ou 0) détermine la valeur de la totalité de la
famille (expression proportionnelle).

2.2.18. L’idempotence de la conjonction et de la disposition

(p˄q)→p

(p˅p)→p. Cela signifie que l’on peut supprimer les réceptions dans la conjonction
ou la disposition.

2.2.19. La commutativité de la conjonction et de la disjonction

( pq )  (qp )
( pvq)  (qvp)

Elle signifie que l’ordre des termes est indifférent pour les connecteurs ˄ et ˅.

2.2.20. La distributivité de la conjonction par rapport à la disjonction et de la


disjonction par rapport à la conjonction.

( p(qvr)  ( pq)v( pr )


( pv(qr )  ( pvq)( pvr)
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Ex. Mandela est sage et Sasu Ngwesu est honnêté ou Bemba est vicieux si et
seulement si Mandela est sage et Sasu est honnête ou si et seulement si Mandela est
sage et Bemba est vicieux. Ex. 3 x (4 +5)= (3x4)+(3x5)

2.2.21. La double négation

p   p
 p  p

Ex. Il est faux que je ne suis pas un homme équivaut à je suis un homme.

2.2.22. Implication matérielle (p→q)→(~pvq). Ex. 4=1+3

2.2.23. L’équivalence matérielle : (p  q)  ( p  q) (q  p )

2.2.24. L’extrapolation ( pq )  r    p  (q  r )

2.2.25. La loi de Morgan

~(p˄q)  ( ~p˄~q)

~(p˅q)  (~p˅~q)

2.2.26. Le principe de la transitivité de l’implication

( p  q)(q  m)  ( p  m)

2.2.27. Le principe de la commutativité de l’équivalence

( p  q)  ( q  p )

2.2.28. La réfutation par l’absurde

( p  q)( p  q)  p

2.2.29. Le dilemme

( p  q)(p  q)  q 

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2.2.30. Le dilemme constructif

( p  q)(m  n)( pvm  (qvn )

2.2.31. L’associativité de la conjonction et de la disjonction

Cela signifie que l’usage des parenthèses est libre et donc inutile à l’intérieur de la
formule :

p(qm)  ( pq)m
pv(qvm)  ( pvq)vm

2.2.32. Le principe de non-contradiction

~(p˄~p)

2.2.33. La loi de rétorsion

(~p→p)→p

2.2.34. La contra-position

(p→q)  (~q→~p)

2.2.35. La loi d’importation

( p  (q  r )  ( pq  r )

2.2.36. L’atténuation d’un conséquent

(p→q)→  p  (qvm )

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Deuxième partie

LOGIQUE ET EXPRESSION ORALE & ECRITE FRANÇAISE

I. DEFINITION, UTILITE, BUT DE LA LOGIQUE EXPRESSIVE

I.1. Définition :

Il y a plusieurs définitions du mot logique. Il y a d’abord le sens vulgaire, ici


le mot logique désigne un enchaînement régulier d’idées ou de faits. C’est donc
dans ce sens qu’on parle de la logique d’une argumentation des événements. Selon
le sens usuel de la philosophie, elle désigne l’étude normative des conditions
formelles de la vérité ou tout simplement la forme des preuves. C’est en ce dernier
sens que nous l’utiliserons dans ce cours.

I.2. But, utilité de la logique (enseignement pourquoi ?)

Cette question est fondée, parce que chacun de nous pense qu’il est logique. Nous
sommes tous des créatures logiques, c’est-à-dire nous raisonnons. Il n’existe pas
d’êtres humains qui soient incapables de raisonner, mais cela ne signifie pas que
nous obéissons à la raison dans toutes les circonstances. Cela ne signifie pas non
plus que nos raisonnements sont toujours justes. C’est pour cela que nous devons
apprendre à éviter certaines erreurs manifestes, autrement dit, à aborder nos
problèmes avec toutes les méthodes et à contrôler notre pensée grâce aux normes et
aux règles critiques.

René Descartes, grand mathématicien et philosophe français a publié un livre


intitulé « Discours de la méthode » qui débute par une réflexion un peu surprenante
que voici : « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée, car chacun pense
en être si bien pourvu que ceux qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre
chose, non point continue d’en désirer plus qu’ils n’en ont ». Alors que signifie les
mots « bon sens » que tout le monde croit posséder. C’est l’élément fondamental de
notre faculté de raisonner c’est-à-dire l’aptitude à distinguer le vrai du faux.

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Descartes admet que nous pouvons nous tromper alors que nous sommes doués de
raison, mais il indique que la confiance que nous avons en notre bon sens est un
indice que la raison est équitablement répartie entre les hommes. Mais cette
répartition n’est pas d’une égalité absolue, puisque chacun possède le bon sens.
Comment expliquer la différence considérable qui existe entre les opinions
humaines. Les opinions de certaines personnes sont indubitablement moins sensées
que celles des autres, car il ne suffit pas d’avoir de l’esprit, mais il faut aussi bien
l’employer. La différence principale qui existe entre l’entendement des êtres
humains ce que certains utilisent les méthodes de pensée appropriées tandis que les
autres ne le font pas. Si donc nous voulons améliorer notre entendement, nous
devons adopter les méthodes de pensée convenables. Une autre source d’erreur qui
affecte notre raisonnement est le fait que la majorité semble être condamnée par ses
émotions. Souvent la discussion se révèle impossible avec un individu qui a des
préjugés si profondément enracinés qu’il est inaccessible à un argument rationnel. Si
donc nous voulons être sensé, nous devons nous efforcer d’éliminer l’émotion
quand elle n’a pas lieu d’être présente, c’est-à-dire nous efforcer de nous en tenir
aux faits. La valeur d’une idée n’a rien à voir avec la personne de celui qui parle.

Les psychologues modernes ont tendance à faire valoir l’inconscient sur le


raisonnement des humains. En révélant les formes extravagantes du comportement.
Les psychologues attirent l’attention des hommes sur l’importance des facteurs non
rationnels de notre comportement afin que nous puissions apprendre à y prendre
garde, à les freiner et à atteindre de la sorte une attitude plus raisonnable.

Il est en effet difficile de penser rationnellement dans le domaine où entre en


jeu nos émotions et nos intérêts personnels, nous devenons dogmatiques (dirigé par
son vouloir) nous nous montrons suffisants mais sans fournir des preuves. Il peut
nous arriver de suivre aveuglement ceux qui font autorité sans même chercher à
vérifier si leur déclarations sont fondées sur des preuves. Respectons les experts,
mais évitons de les suivre sans discernement ; par-dessus tout gardons-nous de

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l’étroitesse d’esprit qui nous fait considérer comme incongrus (comme erronées),
Dangereuses ou subversives toutes les idées qui diffèrent des nôtres. La logique
nous apprend qu’il y a beaucoup plus de place pour les doutes que ne le supposent
les dogmaticiens, mais il faut se garder de douter de tout, nous devons être prêt à
croire quand il existe des preuves suffisantes, en d’autres termes, nous devons faire
preuve d’esprit critique plutôt d’esprit négatif.

I.3. La signification des mots ou la sémantique

1°) Définition de la sémantique

La définition de la sémantique est un des mots nouveaux pour désigner


l’étude des mots nouveaux et des signes ou symboles, c’est-à-dire qu’ils sont
destinés à représenter quelque chose d’autre qu’eux-mêmes.

2°) L’importance de la sémantique appliquée à la logique

La compréhension des principes sémantiques relatifs à l’emploi et à l’effet


des mots parce qu’elle nous aide à préciser nos idées et par là à penser
rationnellement. La sémantique est très importante dans la mesure où elle peut servir
à améliorer la communication entre les hommes et à faciliter ainsi la
compréhension.

3°) Rapport entre langage et pensée

Nul ne sait exactement ce que l’être pensant pourrait faire sans le langage,
mais il est certains que sa pensée en serait très limitée. L’intelligence humaine se
fonde sur notre aptitude à penser et à parler des choses qui se situent dans notre
environnement. Nous utilisons des mots pour désigner les choses. Le langage est
donc indispensable à l’être vivant qui pense. Si le vocabulaire est limité, l’étendue
de sa pensée s’en trouve également réduite.

Le langage influence aussi le contenu de nos pensées. La formulation de la


question agit sur notre esprit. Ex. En mode de sondage d’opinions, il existe une
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différence entre ces deux manières de poser la question : « Etes-vous favorable à la


poursuite de tel programme du gouvernement ? ». « Etes-vous opposé à ce que
votre pays continue à dépenser d’argent pour ce programme ? »

La formulation de la question peut comporter une nuance affective et la


majorité d’entre-nous est influençable par la forme de la question et la sémantique
s’occupe donc du langage dans la mesure où le langage est lié au problème de la
pensée et de la communication.

4°) Quelques confusions relatives aux mots

Les mots, les plus petits éléments du langage, ne sont pas des entités
mystérieuses. Ce sont des faits qui se produisent dans le temps et dans l’espace,
c’est-à-dire qu’ils ont une dimension physique et de signification. En tant qu’objet
physique les mots sont parlés ou écrits, mais la signification du mot est plus
importante que sa dimension physique. Mais le rapport entre le mot et la chose est
un rapport arbitraire en ce sens que, ce mot aurait pu être autre. Le principe selon
lequel la relation qui existe entre les mots et les choses est arbitraire est un principe
fondamental de la sémantique, cependant ce principe est souvent ignoré. On croit
soit que le mot est nécessairement lié à une chose et qu’il serait impossible de
désigner cette chose par un autre mot que celui sous lequel elle est connue. Ce qui
est vrai, c’est le fait qu’à partir du moment que les mots sont associés à des choses
bien déterminées un rapport est établi et nous provoquerions la confusion si nous
n’utilisons pas ce mot conformément à son acception habituelle. Mais un autre fait
évident est que, quand il commence à exister ce mot peut signifier n’importe quoi,
c’est-à-dire les mots peuvent avoir autant de sens que l’homme leur en donne.

Au fur et à mesure qu’une langue s’enrichit et se développe il devient possible


d’utiliser de nouveaux mots pour désigner des choses, ou d’employer des mots qui
existent déjà dans leur acception nouvelle. Ex. Le mot chirurgien vient d’une racine

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grecque qui signifie celui qui travaille avec ses mains. Jadis il signifiait donc un
travailleur.

Aujourd’hui ce mot désigne tout médecin pratiquant une opération sur un


organisme vivant. Il ne faut pas cependant abuser du principe qui dit que « les mots
sont arbitrairement associés aux choses ». Si nous voulons communiquer
efficacement avec nos semblables nous ne devons pas assigner selon notre plaisir de
nouvelles significations à des mots anciens.

L’emploi de mots dans leur sens habituel permet à l’interlocuteur ou au


lecteur la possibilité d’accorder plus d’attention à la pensée qu’au vocabulaire. Il
apparaît ainsi que le forgeron est un chirurgien ou que le médecin n’est pas un
docteur en se basant sur le fait qu’un docteur signifie réellement un professeur
qualifié.

Une autre catégorie d’erreur découle de la méconnaissance du fait que les


mots sont simplement des symboles sonores. Il y a cette méconnaissance lorsqu’on
croit que les mots ont un pouvoir magique. Ainsi par exemple, dans certaines tribus
dans le pacifique ont l’habitude de changer de nom après avoir été maudit, afin
d’échapper à la malédiction qui, selon eux les mots sont associés à leurs noms et de
là leur personne. Croire dans les pouvoirs magiques des mots, c’est croire que les
mots ont le pouvoir d’agir en eux-mêmes.

Une troisième erreur consiste à supposer que les mots nous donnent de
garantie en ce qui concerne les choses. C’est croire par exemple qu’un nom qui
sonne bien prouve la bonne qualité de ce qu’il représente ainsi par exemple, un
groupe des gens qui cherchent à entrainer le racisme ou le tribalisme utiliseront par
exemple l’expression « Association chrétienne » ou club de fraternité, Eglise du
Christ à Lubumbashi, afin de donner l’impression qu’ils conservent l’exemple de
l’amour du prochain. Nous devons nous prévenir contre ces supercheries.

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Notons aussi qu’il existe des nombreuses formes d’inoffensives qui reposent
sur le principe de s’illusionner. Ex. Sur le bateau transatlantique, l’appellation
troisième classe a été remplacée par l’appellation classe touristique parce que la
troisième classe avait quelque chose de trop inférieur. Objectivement les conditions
matérielles sont les mêmes, mais le changement de nom a un effet psychologique
agréable.

L’une des considérations fondamentales du présent chapitre est que la


signification des mots est fondée sur le choix arbitraire de l’homme. La
compréhension de cette donnée aidera plus à préciser l’application de la sémantique
à l’étymologie.

L’étymologie ; est une science qui traite de l’histoire des mots, de leur
dérivation à partir de leurs racines avec tout leur changement de forme,
d’orthographe et de signification : Elle décrit comment les mots ont acquis leur
signification présente. L’étude de l’étymologie nous aide à trouver les mots
appropriés pour exprimer une nuance précise du sens, mais elle ne détermine pas
l’utilisation du langage. Peu importe l’origine du mot, sa signification est celle que
nous lui donnons aujourd’hui. L’usage est roi en matière de langage et si les êtres
humains emploient habituellement dans des acceptions nouvelles, on ne peut pas
leur donner tort, car les mots sont des sons arbitrairement associés aux choses. Ils
signifient ce que l’homme veut leur faire dire, c’est-à-dire les mots sont multi
significatifs.

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II. LE RAISONNEMENT LOGIQUE ET LA MULTISIGNIFICATION DES


MOTS

Les mots désignent des objets, mais nous n’avons pas exactement un mot
pour chaque objet comme c’est le cas pour une boutonnière pour chaque bouton.
Plusieurs mots peuvent signifier la même chose. Ce sont les synonymes, en
revanche, un seul mot peut représenter plusieurs choses quand il existe un doute sur
la signification de celui qui parle ou qui écrit : il y a ambigüité. Ex. Le mot
secrétaire signifie : personne chargée de la correspondance. Un chasseur peut nous
dire qu’au cours de sa chasse, il a tué un secrétaire, c’est-à-dire un oiseau aux
longues pattes qui vit en Afrique du Sud. A ce sujet, il faut se mettre d’accord. Ex.
Une discussion où les mots clés sont utilisés avec des acceptions différentes. Deux
chercheurs font le recensement des chômeurs et trouvent des résultats tout à fait
différents quant au nombre de ces chômeurs. Cet écart peut provenir de différentes
causes : Il peut provenir entre autres de la sémantique. Il est possible que les
statisticiens aient attribué une définition différente au mot chômeur. Est-ce qu’un
saisonnier est un chômeur pendant les mois qu’il est au repos ? Le chercheur mal
informé le prendra pour un chômeur.

Avant de commencer à établir la statistique, il faut définir le mot chômeur. Si


le mot chômeur n’est pas défini, on aboutit à des querelles des mots inutiles. Il y a
aussi ce qu’on appelle « appels verbaux » qui ne sont que des accords apparents,
nous pouvons nous croire avec un interlocuteur uniquement à cause de l’ambigüité.
Un accord sur les mots peut donc masquer un véritable désaccord, cela est plus
dangereux.

Ainsi par exemple, il y avait une conférence internationale à YALTA, les


Américains étaient représentés par ROOSEVELT et CHURCHILL (Anglais) tandis
que le bloc Est par STALINE. Après l’occupation Russe en Pologne, STALINE
accepta des élections libres et démocratiques en Pologne. Quant à signer le Traité, il

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donna la condition que la Pologne reste libre. Or les termes amis, libres et
démocratiques avaient des significations différentes. Pour STALINE :

- Gouvernement ami ; un pays qui fera partie du bloc-Est, entre les mains
communistes
- Démocratie : les usines et autres ne sont pas aux mains de pays privilégiés
- Libres : votes libres pour renverser le gouvernement des pays qui ne sont pas
capitalistes. Or, les Américains et occidentaux l’entendaient autrement.

L’ambiguïté est un aspect omniprésent du langage, car la plupart des mots ont
plusieurs sens. Nous sommes tous concernés par l’ambiguïté dans la mesure où elle
constitue un obstacle à la communication. Il existe quatre catégories d’ambiguïtés :

 L’ambiguïté des mots pris séparément,


 L’ambiguïté de la phrase
 L’ambiguïté de l’accent d’insistance
 L’ambiguïté de la signification.

L’un des principes qui nous permettent de détecter l’ambiguïté des mots pris
séparément consiste à poser une question concernant les mots suspects en la
formulation de telle sorte qu’on puisse y répondre par oui ou non. Si la réponse par
l’affirmative ou par la négative exige que le sens soit précisé, alors c’est un signe
qu’il y a ambiguïté. Par exemple : Tous les hommes sont-ils égaux ? Pour répondre
à la question, il faut préciser le sens du mot « égaux ». La meilleure réponse est
alors « OUI » et « NON » selon le sens du mot « égaux ».

II.1. AMBIGUITE DES PHRASES

L’ambiguïté des phrases provient des propositions dont la construction


grammaticale peut conduire éventuellement à une fausse interprétation. Ces phrases
sont appelées « amphibologies ». C’est une ambiguïté qui est très aimée par les
diplomates dans leurs échanges des messages, leur langage. Ce langage permet à

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celui qui a écrit de déclarer plus tard qu’il ne voulait pas dire ce que le lecteur pense.
En d’autres termes, les diplomates ont un langage qui ne les engage en rien. Ce
même langage est utilisé par les devins et par les gens qui font des oracles (qui
prédisent l’avenir). Ainsi par exemple Delphes dans la Grèce antique annonçait des
événements à venir de façon qu’il avait toujours raison. Il disait par exemple : Le
dieu Appolon dit les Grecs, les Perses vaincront. Du grec, cette phrase marque une
ambiguïté).

L’ambiguïté de l’accent d’insistance intervient quand nous ne savons pas sur


quel mot porte cet accent d’insistance. C’est parce qu’il est plus intéressant
d’entendre une pièce interprétée par des comédiens de talent plutôt que de la lire
soi-même ? car les auteurs professionnels donnent aux mots l’accent qui convient.
Nous commettons des erreurs sur l’accent d’insistance quand dans une phrase nous
plaçons à tort l’accent sur certains mots et faussons ainsi le sens donné par l’auteur.
Ex. Tu ne porteras pas de faux témoignages sur ton prochain. Si l’on insiste sur le
mot « prochain », cela laisse entendre que le faux témoignage est autorisé à
condition que la prochaine ne soit pas assimilable au prochain. Ce qui est
évidemment faux. Elle a lieu lorsqu’une assertion rigoureusement vraie a des
connotations (sens) rigoureusement vraies. Ex. N’LANDU n’a pas battu sa femme
cette semaine. On pourrait voir à travers cette phrase que N’LANDU a peut-être
l’habitude de batte sa femme.

Conclusion :

Chaque fois que nous engageons dans une discussion, nous pouvons nous
demander si le mot est employé dans le sens différent. Toutefois que nous laissons
les éditoriaux aux autres professions de foi contenant des opinions et des arguments,
nous devons chercher à déterminer s’il n’existe pas une de quatre formes
d’ambiguïté que nous venons de voir. Et dans l’affirmative nous devons nous
demander si notre première interprétation de la signification est la seule possible qui
donne tout son sens au contexte donné. Le remède contre les inconvénients de
30
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Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO

l’ambiguïté consiste à exprimer clairement nos idées. Pour cela il faut définir nos
termes.

II.2. Définition des nos termes

Nous venons de voir que l’ambiguïté est souvent responsable de l’échec de la


communication, mais l’impossibilité de communiquer a aussi d’autres causes
notamment le fait de ne pas connaître la signification des mots employés par
notre interlocuteur. Il en résulte que nous ne saisissons pas ce que celui-ci veut
dire. La nécessité de définir les termes que nous employons a été évoquée par
VOLTAIRE, un philosophe français, lorsqu’il disait avant d’engager une discussion,
il faut définir les termes. Cependant et malheureusement l’habitude d’utiliser les
mots dépourvus de sens est fort répandu si bien que la communication se trouve fort
gênée parce que les mots sont ambigus, imprécis ou parce qu’ils sont utilisés avec
inexactitude, négligence ou sans leur donner un sens. L’ambiguïté n’équivaut pas
toujours à l’imprécision. Un mot ambigu peut être interprété des différentes
manières dans un contexte donné. Nous ne sommes pas sûrs du sens dans lequel il a
été employé. Un mot imprécis peut se comprendre facilement, mais ses limitations
demeurent vagues. Ex. Passage interdit aux véhicules. Le terme « véhicule » est
imprécis puisqu’on ne sait pas s’il englobe le vélo et mobylette.

Il existe certains mots qui sont à la fois ambigus et imprécis c’est-à-dire qui
ont une acception peu claire, c’est une sorte d’ambiguïté au second degré. Ex. Les
termes « indépendance, liberté, démocratie ». Pour les termes, il n’y a pas de
définitions universellement admises. Le dictionnaire se contente d’énumérer leurs
différentes utilisations.

Lors des discussions sérieuses, quand les mots clés sont sujets à différentes
interprétations, celui qui parle ou écrit doit, s’il veut se faire comprendre clairement,
préciser la définition qu’il donne à ce mot c’est-à-dire spécifier ou particulariser :
l’interlocuteur indique le sens précis dans lequel il utilise ce terme. Il doit donc

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Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO

commencer par cette mise au point en disant ou en écrivant que le mot « x »


signifie… Celui qui veut ainsi préciser le sens d’un mot dispose de trois
possibilités :

 Il peut adopter une des significations habituelles du mot en prenant celle qui
vient le mieux.
 Il peut stipuler (présenter) une version modifiée ou une définition courante.
 Il peut spécifier une nouvelle acception du terme.

Toutefois, celui qui veut spécifier doit faire preuve d’une grande circonspection
(prudence) quand il s’agit des significations nouvelles, car le lecteur et les auditeurs
ont du mal à suivre quelqu’un qui emploie des mots en leur donnant un sens
inhabituel.

Et la liberté de l’orateur est limitée par son désir de maintenir l’intérêt de son
public. Il faut noter en outre que des nouvelles acceptions engendrent la confusion,
car il est difficile de s’affranchir de vieilles habitudes et on continue généralement
de donner aux mots familiers leurs sens habituels. Ce qui est plus grave, la
stipulation des nouvelles acceptions peut contenir des preuves dangereuses pour le
naïf. Il devrait exister à l’usage des écrivains ou de penseurs un code d’éthique
linguistique (morale linguistique) : Il existe un code éthique pour les psychologues,
les médecins, etc. Quand il donne de signification nouvelle, il devrait avertir le
lecteur, Le danger est qu’on donne une nouvelle acception comme s’il s’agissait de
simplement d’une des significations admises par tout et ce faisant nous sommes
amenés à croire des choses que nous n’aurions pas pu accepter si nous avions été
informés. Ex. Webb définit la dictature comme un gouvernement qui exclut tout
débat et discussion préalable, que ce soit devant l’opinion publique ou en séance
privée. (Webb économiste britannique, fondateur du parti travailliste en partie à
tendance socialiste). Ici le mot clé est « en » ce qu’il dit en substance. Si Staline et
son comité décidaient d’envoyer des opposants politiques dans le camp de travail,

32
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Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO

mais en examinant la question entre eux en séance privée avant de prendre la


décision, alors leur conversation enlèverait tout stigmate de dictature à leur
gouvernement. Mais les dictatures telles qu’on les conçoit généralement sont des
régimes qui ne permettent pas à l’opinion publique de trancher les questions. On
peut dire que Webb a essayé de donner une signification nouvelle afin de fournir
une apparence honorable à une mauvaise chose. L’intention évidente était d’amener
l’électeur britannique à penser que le régime est plus autocratique (dictatorial) qu’on
le croit généralement.

L’astuce consiste à donner un mot nouveau sans mentionner sa nouveauté. Un


autre genre d’astuce employé dans la stipulation d’une définition consiste à
employer des mots familiers ayant des connotations favorable comme « démocratie,
liberté ou révolution et à en donner une définition nouvelle ayant un contenu
radicalement différent de celui qui leur est habituel. Si l’on n’y prend pas garde on
tombe dans le piège et on transfère les connotations favorables du mot connu sur le
nouveau contenu en estimant que ce dernier doit être aussi valable que l’ancien
puisqu’il porte le même nom. Nous avons ici l’erreur qui consiste à penser que les
mots sont garants des choses. Les socialistes disent qu’ils vivent en démocratie,
mais la démocratie prend une forme différente de la démocratie occidentale. Elle
correspond à la définition qu’ils donnent à ce mot à savoir : un système dans lequel
c’est le peuple et non le capitaliste qui est propriétaire des usines. Du fait que c’est
le même mot qui est utilisé, donne à penser qu’il s’agit de la même chose et puisque
la démocratie est considérée comme un bien, le naïf peut conclure que le système
socialiste doit être aussi satisfaisant que tout autre système. Quand des mépris de ce
genre surviennent dans une discussion, il est préférable d’abandonner purement et
simplement ce mot pour éviter de donner matière à confusion. Il faut plutôt
comparer les pratiques des niveaux sans tenir compte du nom qu’ils portent. Il est
important de définir les termes afin de faciliter la communication. Nous devons
nous exprimer clairement sans que nos propos puissent prêter à confusion.

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Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO

Voici quelques règles à suivre pour définir un mot. En quoi consiste une
définition ?

Une définition est une proposition qui indique que pour le mot A, les substituts
sont les mots x,y et z. Si nous consultons un dictionnaire pour trouver un mot
nouveau, nous trouvons trois sortes de définitions. Il y a des synonymes, des
exemples et l’analyse des significations. N’importe lequel suffira pourvu qu’il nous
précise le sens et permet de comprendre ce que l’utilisateur du mot veut dire. C’est
la définition analytique qui est la plus signifiante. Elle précise à quelle catégorie
générale de choses appartient un terme donné et indique ensuite le caractère de
différentiation qu’il possède dans cette catégorie. Quand nous définissons un
triangle en disant que c’est une figure plane à trois côtés, nous avons noté à quelle
catégorie de choses appartient le triangle : les figures planes et comment il se
différencie des autres figures planes qui ont trois côtés. La caractéristique
fondamentale d’une définition analytique, c’est la convertibilité, c’est-à-dire qu’on
peut renverser les membres sans altérer l’exactitude de la proposition. Ex. A=B+C
et B+C=A. En math : Triangle = figure plane à 3 côtés = figure plane à 3
côtés=Triangle. Homme= animal raisonnable → animal raisonnable = homme. Dans
les deux cas, il y a équivalence entre la définition et les mots définis.

Si une définition n’est pas convertible, elle ne convient pas, elle est soit trop
vaste et trop étroite. Ex. Propagande est toute parole ou action qui influence un
individu et le conduit à une fin prédéterminée. C’est une définition trop vaste parce
qu’elle englobe des fins qu’elle n’est pas sensée signifier. D’autres définitions sont
trop mauvaises parce que trop restrictives et ne couvrent pas un champ suffisant. Ex.
La religion est un culte rendu à un être suprême. Cette définition n’est pas exacte
par ce qu’il y a des religions qui ne rendent pas de culte à un être suprême (soleil,
lune etc.).

Ex. Aimer c’est exprimer l’amour envers quelqu’un. Les définitions par les
exemples sont insuffisantes. La définition par synonyme est parfois appelée
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Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO

définition circulaire. Ex. Un homme moral est un homme qui agit vertueusement.
Parce que dans le contexte le mot « moral » et « vertueux » sont des synonymes. Les
définitions circulaires sont convertibles, mais elles sont imparfaites dans la mesure
où elles n’apportent pas de précisions sur le mot à définir. Ex. La poésie : « Paradis
perdu » (extrait d’un poème). Cette définition ne donne pas la nature de la poésie.
Nous pouvons donc dire que seule la définition analytique est valable. Toutefois, il y
a des situations où il est impossible de donner une définition analytique et où seule
une définition par l’exemple est possible.

II.3. La question posée

L’une des règles d’une bonne discussion est que les différents protagonistes
doivent s’en tenir à la question et ne pas la déplacer. Leurs remarques doivent être
pertinentes et relevées du thème du débat. Ex. Supposons que la grande majorité a un
niveau de vie plus élevé du monde entier. Alors un contradicteur revient et dit qu’il y
a beaucoup des pauvres aux Etats-Unis.

La preuve donnée par le contradicteur ne présente aucun rapport logique avec


l’assertion. Son argument est en dehors de la question. Admettons que le fait avancé
par le contradicteur soit vrai. Eh bien, je n’ai pas prétendu que tous les américains
vivaient dans l’aisance, je n’ai pas non plus déclaré que la pauvreté n’existe pas aux
Etats-Unis, mais j’ai affirmé simplement que la majorité d’entre eux avaient le niveau
de vie le plus élevé du monde.

Pour réfuter mon assertion, mon contradicteur aurait dû citer un pays où la


majorité de la population bénéficie d’un niveau de vie supérieur. L’argumentation
implique donc une déviation ou un déplacement de la question ; il a créé une
diversion. Cela est malheureusement une chose difficile. Il cherche à donner
l’impression qu’il lui suffit pour le faire de prouver un point dont la démonstration est
plus facile. Ex. Un membre du conseil législatif voudrait faire passer une loi qui
rendrait obligatoire l’équivalence des prix de carottes ou du manioc à travers toute la

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Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO

République. Comme preuve pour appuyer son argumentation, il s’étend longuement


sur les pertes subies par les cultivateurs à une époque où le gouvernement ne
soutenait pas les prix des produits agricoles. Au lieu de répondre à la question : « Est-
ce qu’une égalité des prix à 100% est souhaitable ? il répond à celle qui pourrait se
formuler ainsi : « Est-ce qu’une certaine forme d’aide gouvernementale aux
agriculteurs est opportune ? »

Il est beaucoup plus facile de répondre à la première question qu’à la deuxième.


Quand un orateur approuve ce qui est évident, ce qu’il cherche une diversion. Les
diversions sont des pièges pour celui qui manque de réflexion et nous devons
demeurer constamment sur nos gardes en ce qui les concerne. Ex. Le pacifiste veut la
paix et le belliste veut la guerre. Pourquoi la guerre ? Pour défendre ses droits, son
pays et vous que ferez-vous en cas d’attaque de votre pays ? Je puis vous rassurer
qu’aucun pays ne s’apprête à nos attaques. Il existe un réel danger d’invasion.

Il y a une diversion qu’on appelle extension lorsque quelqu’un prétend que


certains chargés de pouvoirs des sociétés sont favorables aux objectifs des
organisations syndicales. Un contradicteur avance qu’il est faux de déclarer que tous
les fondés de pouvoirs soient bien disposés à l’égard des travailleurs. Ce
contradicteur ne s’attaque pas à l’assertion de celui qui a parlé de certains. Il a
procédé à une extension en passant de certain à tous.

Il y a une autre erreur qui peut être considérée comme exagération de l’attitude
qui consiste à s’en tenir à la question. Un individu peut rester fidèle à la question
posée c’est-à-dire cantonné. Ex. Pourquoi dit-on que tous les êtres humains croient en
Dieu ? Comment puis-je le savoir ?

La preuve en est que la croyance en Dieu est universellement répandue parmi les
hommes. C’est bien cela qu’on appelle s’en tenir à la question avec une inflexible
ténacité. En effet, celui qui parle affirme que tous les hommes croient en Dieu. Quand

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Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO

on lui demande d’en faire la preuve, il répond que tout le monde croit. Comment le
savez-vous ? Il répond, puis que c’est ainsi.

NB. Dans tout argument, il faut fournir une preuve pour justifier sa thèse et
cette preuve doit être constituée par un fait à partir duquel on peut déduire
cette preuve. Répéter simplement ce qu’on a dit ce n’est pas une preuve.

Le terme technique pour signifier ce genre de raisonnement est appelé


« pétition des principes ». Elle consiste à tenir pour admise sous une forme un peu
différente la proposition même qu’il s’agit de démontrer, c’est-à-dire dans la
pétition des principes nous prétendons prouver ce que nous nous contentons de
répéter.

Le cercle vicieux est en quelque sorte une forme prolongée de la pétition des
propositions. Il existe des étapes intermédiaires. Ex. un individu affirme que la
musique classique est supérieure à la musique moderne. On lui demande de prouver
et il répond. Les meilleurs critiques sont d’accord sur ce point ; Or, les meilleurs
critiques sont celles qui préfèrent la musique classique à la musique moderne.

L’argumentation par la définition : c’est une forme particulière de la pétition des


propos. Ex. Ali affirme que tous les musulmans sont vertueux. Amadou n’est pas
d’accord et il cite, ASENE qui, tout en étant musulman, est loin de se conduire
comme un modèle de vertus. Ali lui répond : ASENE peut bien fréquenter
régulièrement la mosquée, mais ce n’est pas un vrai musulman comment serait-il un
homme vertueux. Cet argument se contente de définir au lieu de démontrer. En
d’autres termes Ali dit ceci : « Je définis le musulman comme étant un homme
vertueux, donc je puis affirmer sans craindre la contradiction que tout musulman est
un homme vertueux, selon la définition que j’ai donnée.

Le raisonnement par définition n’apporte pas des preuves, il n’apporte que de


faux semblants de preuve et il passe réellement les faits sous silence. Il existe une
forme d’argumentation plus fausse qui consiste à falsifier ou à dénaturer les faits au
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moyen de la définition. Ex1. Le représentant de la Chine à l’ONU fut le général


WU. Il avait répondu sur l’attaque de la Chine contre la Corée du Sud en ces
termes : « La Chine n’a pas attaqué le Corée du Sud parce que la Chine est pacifiste
par définition. »

Ex2. Un communiste dit que dans les pays capitalistes, il n’ y a pas de liberté. On lui
demande la preuve. Il répond parce que par définition le capitaliste réduit le
travailleur à l’esclavage.

La pétition des principes par la qualification : Ici le sujet qui parle utilise des
épithètes. Ex. Division au Parlement. Les stupides divisions du parlement. Il y a
pétition des principes par qualification parce qu’on affirme quelque chose dont la
démonstration peut s’imposer. Il y a déjà une proposition toute faite et proposée par
l’interlocuteur. Ce genre de pétition de principe est probablement le plus dangereux,
car il agit sur notre répugnance, à mettre en question, affirmation catégorique. Notre
interlocuteur intimidé peut également en être peiné de savoir exactement ce qu’il
doit mettre en doute. Cette sortie en forme de pétition des principes est difficile à
dépister quand elle est formulée sous forme de question. Ex. Est-ce que l’agriculteur
bénéficiera de l’augmentation des salaires perçus par les travailleurs si nous
relevons les tarifs ? Réponse probable est : « Bien sûr qu’il en bénéficiera ».
Pourtant ici le seul problème semble être : « l’agriculteur va-t-il oui ou non en
bénéficier ? Mais il peut échapper que la question contient une hypothèse erronée à
savoir que le travailleur percevra un salaire plus élevé si nous relevons nos tarifs.
Nous devons donc prendre garde aux questions complexes sinon nous risquons
d’admettre certaines choses qui vont à l’encontre de nos intérêts. Ex. Au marché,
une femme demande à emballer le « milonge » ou le poisson salé alors que je ne fais
que visiter les étalages.

L’argument ad ignorantiam : C’est un argument qui fait appel à l’ignorance et


joue sur les lacunes de notre savoir. Ex. Un musulman dit : « Dieu a choisi
Mahomet comme prophète pour révéler la parole divine. Est-il capable d’en donner
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la preuve ? Si vous prétendez que cela n’est pas vrai, démontrez alors que je suis
dans l’erreur. Or l’interlocuteur est réellement incapable de prouver que Dieu avait
choisi Mahomet.

Ici, au lieu de prouver une assertion par une preuve formelle, on a recours au
fait que le contradicteur n’est pas en mesure d’apporter la preuve contraire. Le fait
de prétendre que notre contradicteur est incapable de fournir la preuve contraire
n’équivaut pas à prouver notre assertion. Le système juridique rejette l’argument ad
ignorantiam dans la mesure où il ne requiert pas que l’accusé fasse la preuve de son
innocence. C’est au Ministère public qu’il incombe de relever la culpabilité de
l’inculpé. L’impossibilité d’administrer la preuve de la culpabilité d’un individu ne
signifie pas pour autant que son innocence ait été démontrée. La loi s’exprime sans
équivoque à ce propos. « Tout homme est présumé innocent jusqu’à ce qu’on ait
apporté la preuve de sa culpabilité ».

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Chapitre troisième

LA FORME DE L’ARGUMENT

III.1. Définition de l’argument en matière des polémiques (débat autour d’une


vérité)

L’argument est une dispute où l’on essaie de triompher d’un adversaire en


prouvant qu’il est dans l’erreur.

En tant qu’élément fondamental du raisonnement : l’argument est une


considération à porter pour prouver une thèse ou pour la réfuter. L’argument pris
dans le sens de discours contenant une inférence est le sens même de la logique. Il
est vrai que tous les discours ne sont pas des arguments. On pourrait même dire que
la plupart n’en sont pas. Un récit d’un événement n’est pas un argument. Quand on
demande le pourquoi de nos affirmations ou de nos croyances, de nos pensées, de
nos avis et nous employons des arguments pour appuyer nos convictions. La
meilleure méthode pour tirer partie de nos lecteurs est d’examiner les arguments que
nous rencontrons. Pour cela il faut chercher à identifier la conclusion de l’auteur et
puis (chercher) examiner les raisons ou les prémisses qui justifient cette conclusion.
Le lecteur doit toujours avoir une question à l’esprit : « Quel est le point de vue de
l’auteur ? Que veut-il exactement prouver ou démontrer ? » . « Quelles sont les
raisons qu’il évoque ou qu’il avance pour persuader ? »

III.2. Composition d’un argument ou structure du syllogisme

Le syllogisme est la forme courante de l’argument. Il est composé de deux


prémisses et d’une conclusion. Le syllogisme le plus courant se présente sous la
forme suivante :

Tout homme est mortel (prémisse)

Or Socrate est un homme (prémisse)

Donc Socrate est mortel (conclusion)

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Le syllogisme possède deux prémisses, la majeure et la mineure.

On appelle majeure la prémisse qui contient l’attribut ou le prédicat de la


conclusion (grand terme de la conclusion) et est définie comme étant le prédicat de
la conclusion.

Le sujet de la conclusion est appelé « petit terme » (Ici Socrate). La prémisse


qui contient le petit terme s’appelle « mineure ». Le moyen terme c’est l’homme :
ainsi dénommé parce qu’il constitue le trait d’union entre les deux termes, dans le
cas concret l’homme relie « Socrate est mortel ». Le moyen terme c’est-à-dire
l’homme apparaît dans les deux prémisses et non dans la conclusion. Le syllogisme
que nous venons de voir est appelée syllogisme classique type ou aristotélicien
parce que Aristote fut le premier logicien à marquer cette structure et plus tard
d’autres logiciens ont examiné d’autres formes de syllogismes. Autres exemples :

- Si les prix continuent à monter les syndicats demanderont une nouvelle


augmentation des salaires
- Les prix sont en hausse, aussi pouvons-nous être assurés que les syndicats
réclameront le relèvement des salaires.

Cet argument est un syllogisme puisqu’il comporte deux prémisses conduisant à une
conclusion. Mais il ne contient pas le terme majeur, mineur et moyen. Il existe des
nombreuses confusions quant au rôle du syllogisme dans la pensée ; on dit parfois
que le syllogisme est artificiel et démodé. Mais aussi les logiciens ne prétendent pas
que le syllogisme est un modèle à imiter dans le langage courant, son opinion
consiste plutôt à considérer que c’est la forme que nous devrions réellement utiliser
dans nos raisonnements. Dans le langage quotidien, le même raisonnement pourrait
se présenter de la manière ci-après :

« Socrate doit mourir, un jour ou l’autre il disparaîtra, car il n’est qu’un homme et la
mort est le seul chemin commun à tous les êtres humains. »

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Il existe une autre raison à notre surprise d’apprendre que nous raisonnons par
syllogisme ce que nous développons rarement à fond dans la conversation courante.
Ce qui tombe sous les sens n’a pas besoin d’être ressassé (répété) et pour éviter
l’ennui et le manque d’intérêt nous laissons à notre interlocuteur le soin de faire
fonctionner son imagination. Quand ce qui est indiqué est trop évident pour être
mentionné nous pouvons omettre une des prémisses voire même la conclusion d’un
syllogisme. Voici un exemple :

MUTONKOLE a dû faire de bonnes affaires cette année, car il s’est acheté une
voiture. Ceci est un syllogisme mais il n’est complètement formulé. Il existe une
prémisse supplémentaire dans l’esprit de celui qui parle ; à savoir ceux qui achètent
de voitures ont des affaires prospères. Le syllogisme dont une proposition est sous
entendu sont des anthymêmes. Ex. Je pense, donc je suis ou je considère Feza
comme une femme intelligente naturellement, c’est une électrice indépendante
n’est-pas ? Ceci laisse supposer que toutes les électrices indépendantes sont
intelligentes. La police ne devait pas être armée. Cette méthode s’est révélée
satisfaisante. Cet argument peut sembler plus plausible dans sa forme incomplète
que s’il était entièrement développé. En effet, la prémisse manquante serait
approximativement celle-ci : Ce qui est bon pour l’Afrique, le sera aussi ailleurs.
Jusqu’ici nous nous sommes attachés à comprendre la nature de l’argument et les
moyens qui permettent de l’identifier et de l’analyser. Quand nous nous trouvons en
présence d’un argument nous devons nous poser la question suivante : « Quelle est
la conclusion ? Quelles sont les raisons fournies à l’appui de la conclusion ?

Mais il y a également d’autres questions que nous devons nous poser ; les
nouvelles questions concernant la valeur ou la non valeur de cet argument. Quels
sont les types d’arguments que nous considérons comme valables ? Quand vous
déclarez qu’un argument est probant, est-ce que vous entendez par là que vous êtes
d’accord avec la conclusion. Le fait que vous êtes ou non d’accord avec la prémisse
influence-t-il l’appréciation que vous portez sur un argument ? Pouvez-vous tout en

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refusant d’admettre la vérité contenue dans les prémisses accepter celle de la


conclusion. ? un argument peut-il être valide quand chacune de ses propositions est
fausse ? Un argument peut-il être faux, même si chacune de ses propositions est
vraie ?

Nous examinons toutes les questions dans le point suivant : Toutefois, il faut
faire attention à l’ambiguïté du mot « valide » quand il est appliqué aux arguments.
Par argument valide on peut désigner un argument dont la forme est correcte c’est-à-
dire que sa structure est telle que si les prémisses sont exactes, la conclusion doit
nécessairement l’être aussi. Un tel argument est valable même si les prémisses ne
sont pas vraies. D’autre part, un argument valide peut désigner celui qui est
complètement satisfaisant c’est-à-dire valide par sa forme et contenant des
propositions exactes. Un argument valide peut donc ne pas être entièrement
satisfaisant.

III.3. Forme de l’argument logique

Rappel :

La première partie du cours a été consacrée à la structure formelle de


l’argument courant qu’est le syllogisme. Rappelons ici le sens des termes clés
utilisés :

- Un argument est un discours contenant une inférence, c’est un raisonnement


destiné à prouver ou à réfuter une proposition
- Une inférence est une opération logique par laquelle on tire une conclusion
d’une ou de plusieurs propositions admises comme vraies. Il s’agit d’un
processus qui consiste à tirer des propositions ou des faits donnés, la
conséquence qui en résulte.
- Preuve est une démonstration suffisante pour justifier la conclusion, c’est un
ensemble des faits ou des raisons sur lesquels se fonde une raison ou une
proposition. C’est bien là le sens large du mot preuve. Au sens strict, preuve
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est un argument dans lequel la conclusion découle nécessairement des


prémisses. La preuve au sens strict est appelée en d’autres termes preuves
formelles aux démonstrations.
- Une assertion simple est toute affirmation qui n’est pas approuvé par des
raisons justificatives.
- Stipulation est une déclaration d’intention quant à la façon dont un mot va
être utilisé ; elle ne peut être ni vraie, ni fausse.

Les preuves comme l’argument englobent aussi la réfutation laquelle consiste


simplement à prouver la fausseté d’une assertion. Les preuves contraires aux
réfutations permettent parfois une forme spéciale qu’on appelle reductio ad
absurdum.

Selon les principes des « reductio ad absurdum » si une assertion implique


de conséquences absurdes, c’est-à-dire qui n’ont pas de sens, ou fausses ; c’est
quand elle est fausse.

Pour ce qui concerne la structure formelle du syllogisme, nous avons dit


qu’elle est généralement constituée d’une prémisse et d’une conclusion. Les
prémisses peuvent être formulées avant la conclusion. Il faut mentionner certains
éléments du syllogisme qu’on appelle indicateurs logiques dont le rôle est de
relier les prémisses à la conclusion. Quand les prémisses sont exprimées avant la
conclusion, le mot dont (aussi, delà, par conséquent etc.) sera utilisé pour tirer la
conclusion. Le mot donc précède toujours la conclusion d’un argument et il suit
toujours les prémisses.

Si par contre la conclusion est énoncée avant les prémisses, la conclusion est
suivi tout simplement par le mot parce que lié à l’argument. Ex. Vous ne pouvez
pas voter parce que votre nom n’est pas sur la liste électorale. Le mot parce que
précède toujours les prémisses. Il y a des arguments qui n’ont pas ou qui ne
contiennent pas d’indicateurs logiques, le sens seul est indicatif de la structure.

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Etienne KUBUYA Introduction au cours de logique L1 ECOPO

Ex. L’office de route n’a pas réfectionné la route ville-Ruashi. Les produits
miniers vont être difficilement acheminés vers la Ruashi. Nous connaîtrons une
rareté des produits artistiques sur le marché. Remarquons ici que plusieurs
conclusions peuvent être tirées d’un seul fait.

III.4. Argument formel ou nécessairement valide et une argument probable ou


non valable

Un argument valide est un argument qui contient une nécessité logique, en


d’autres termes il s’agit d’un argument formel ou nécessairement valide tel que si on
admet la vérité des prémisses, il est impossible que les conclusions puissent être
fausses.

Ex. Tout homme est mortel

Or Socrate est un homme

Donc Socrate est mortel

Un argument probable est un argument tel qu’il serait simplement


déraisonnable de rejeter la conclusion si l’on accepte les prémisses, c’est-à-dire qu’il
s’agit d’un argument qui prouve sans laisser subsister un doute appréciable. Il s’agit
d’un argument tel que les prémisses puissent être vraies et la conclusion être fausse
ou fortement probable.

Ex. Un homme est accusé de meurtre de son associé.

 L’inculpé est bénéficiaire d’une assurance-vie très substantielle souscrite par


la victime
 La victime était l’amant de la femme de l’inculpé
 Les experts en balistique ont démontré que la balle qui a provoqué la mort de
la victime provenait du révolver de l’inculpé.
 L’inculpé est dans l’impossibilité de fournir un alibi.

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La conclusion selon laquelle l’inculpé est coupable peut être fausse ou vraie. Elle
est donc simplement probable parce qu’il y a possibilité qu’il soit innocent.

III.4.1. Rapport entre la vérité et la validité d’un argument

Le point capital est le suivant : la vérité ou la fausseté des prémisses ou de la


conclusion n’a aucun rapport avec la valeur de l’argument. Il s’agit donc de bien
établir une nette distinction entre d’une part la structure logique d’un argument et
d’autre part la vérité ou la fausseté de la preuve. Il importe de garder présent à
l’esprit les définitions que les logiciens donnent aux termes vérités et valeurs. Une
assertion est vraie ou fausse ; elle est vraie quand elle rend compte exactement des
faits. Les arguments sont valides c’est-à-dire irréfutables ou non valides, il faut
noter que seules les assertions sont vraies ou fausses et que seules seuls les
arguments sont valides ou non.

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