AVANT PROPOS
Les présentes notes de cours s’adressent à de jeunes esprits qui ont reçu une
formation principalement celle du niveau des humanités secondaires. Leur but est
moins d’enseigner les préceptes de la logique formelle que de donner aux étudiants
le sens d’une plus grande rigueur. Qu’on veuille donc bien ne pas chercher dans
nos notes la synthèse des principaux problèmes que pose la pensée scientifique ni
même de ceux que devrait résoudre une théorie complète du raisonnement.
Nous voulons seulement présenter aux étudiants qui abordent leurs études
universitaires les premières articulations de la logique formelle ou science du
raisonnement déductif.
Dans une première partie, nous restons fidèles aux logiciens anciens qui
étaient avant tout philosophes. Et là, nous réduisons au minimum la problématique
proprement philosophique. Car de la logique ancienne, nous ne retenons que la
logique des jugements de prédication (inférences et syllogismes catégoriques).
Enfin, nous abordons les éléments discursifs oraux et écrits en français dans
leur application logique.
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INTRODUCTION
I. CONTEXTE
II. DEFINITION
Au cours de l’histoire, la conception que l’on s’est faite de ce que doit être
une science constituée a beaucoup varié. Deux traits essentiels cependant ont
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persisté au cours de cette évolution. : la science n’est pas une simple compilation de
connaissances juxtaposées, mais elle doit former un ensemble de propositions
systématiquement enchaînées, un système. En outre, le système prétend
correspondre à la réalité de son objet, il a toujours une certaine prétention à la vérité
objective.
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Avec Leibniz, la logique entre dans une ère nouvelle dominée par les
exigences de calcul et des critères d’opérationnalité « Calculemus » telle est la
devise que Leibniz a transmise à la postérité, devise qui sera fort combattue par
Hegel. Le mérite de Leibniz est d’avoir introduit l’idée du raisonnement conçu
comme un calcul et celle d’une logique qui n’est pas seulement formelle mais
formalisé. Inventeur du projet d’un « calcus ratiocinator », il est également l’auteur
d’un projet d’une « lingua characteristica universalis » c’est-à-dire d’une langue
artificielle dotée de signification comme la langue naturelle, mais pourvue de toutes
les bonnes propriétés que nous voudrions lui donner comme celle dont Raymond
LULLE avait conçu l’idée ; c’est-à-dire créer une langue symbolique idéale au
Moyen-Age, mais qui n’a pu déboucher sur rien à l’époque. La raison raison ce que
malheureusement le niveau de la science, et en particulier, celui des Mathématiques,
était trop bas à l’époque. Néanmoins l’apport le plus décisif de Leibniz à la logique
est la formulation des lois de la logique de l’identité. Par logique de l’identité,
nous entendons les lois relatives aux raisonnements dont la validité ou la non-
validité dépend du terme « = » (égal). Sa règle est la suivante : « Sont les mêmes,
ceux qui peuvent être substitués l’un à l’autre, la vérité resta sauve ». Pour
Hegel en effet, la logique est la science globale de l’être et du devenir. Elle a une
vocation ontologisante et globalisante. Comment toute cette matière est-elle
répartie ?
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La logique a pour objet naturel « l’étude des procédés par lesquels notre
raison peut rendre systématique un domaine du savoir. Ces procédés de
systématisation sont, à un premier niveau élémentaire, des raisonnements. Les
raisonnements sont regroupés en ensemble de plus en plus complexes, en des
systèmes qui obéissent à certaines exigences d’unité ou d’harmonie stylistiques,
exigences qui peuvent d’ailleurs varier selon les diverses sciences.
L’étude des divers types d’ordre suivant lequel se groupent les raisonnements
élémentaires et les énoncés qui leur servent de point de départ, fait l’objet d’une
discipline plus complexe, appelée « Méthodologie » ou Science de la méthode
scientifique. Evidemment la présente étude n’aborde pas cette question.
V. OBJECTIF
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Chapitre premier
Introduction
La conception (appréhension) : c’est l’acte par lequel l’esprit conçoit une idée
c’est-à-dire que c’est l’acte qui passe à l’esprit quand on pense à quelque
chose.
Le jugement, qui est appelé composition ou division selon que l’esprit
affirme ou ni le rapport entre deux idées (concepts) c’est-à-dire une opération
par laquelle on établit une convenance ou une disconvenance.
Le raisonnement (discours), c’est un acte par lequel l’esprit passe d’un
jugement à un autre afin d’arriver à une nouvelle connaissance.
Mais tout de suite il apparaît que le point de vue du logicien n’est pas le même que
celui du psychologue. De trois actes de l’esprit, lequel est le principal, auquel sont
ordonnés les autres ? Le psychologue répondrait : le jugement, car un concept n’a
d’intérêt que s’il sert à juger, et le but d’un raisonnement est de conclure, c’est-à-
dire de poser un jugement. Le logicien, lui, estime que c’est le raisonnement, parce
que c’est l’acte propre de la raison ; il dira donc que la première opération de l’esprit
est ordonnée par la seconde et la seconde par la troisième. Du point de vue logique,
donc, l’étude du concept et de la proposition n’est qu’une propédeutique à celle du
raisonnement. Son étude exige d’abord celle de ses éléments : le concept et la
proposition. La logique d’Aristote est contenue pour l’essentiel dans les analytiques,
qui traitent du raisonnement.
La pensée est une activité de l’esprit qui concerne d’abord par la fabrication
des concepts. L’esprit fabrique les concepts grâce au contact avec les objets (par
exemple la table, la craie, le mur etc.).
Le concept provient du verbe « concevoir » qui veut dire se faire une idée de
quelque chose. Cet acte de l’esprit s’appelle « Conception ». Et le Concept
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Par exemple :
D’une manière générale, les concepts désignent soit des êtres concrets, soit des êtres
de l’esprit. Ainsi, on distingue deux sortes principales de concepts :
Les concepts semblent être des noms qui désignent de grands ensembles
génériques. Ils représentent les caractères généraux des objets. L’idée d’un concept
est extraite à partir de l’abstraction, de la compréhension et de l’extension.
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Ex. Homme : - grande compréhension parce qu’il est appliqué à plusieurs races
Elle se fait sous plusieurs points de vue, mais nous retiendrons deux
notamment :
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une explication verbale d’un concept où on trouve des notes intelligibles qui
permettent de distinguer une chose d’une autre.
b) Sortes :
La logique classique distingue deux sortes principales de définitions : la
définition nominale et la définition réelle ;
La définition nominale (verbale ou grammaticale) explique ce que signifie un
mot en lui-même, soit par l’étymologie soit par la traduction dans un autre
terme plus clair ou synonyme. Ex. le terme « concept » vient du latin
« concipere » qui veut dire concevoir. Ex. Le chef de l’Etat = Président
La définition réelle (des choses) exprime (révèle) la nature de la chose dont
on parle. Elle détaille le contenu du terme (concept). Elle peut être descriptive
ou essentielle
Dans la définition descriptive, on énumère des propriétés. Elle est souvent utilisée
dans les sciences positives. La définition essentielle indique ce qui constitue la
chose nécessairement. Elle présente les notes essentielles de la chose. Elle peut être
physique si elle indique les éléments (les parties réelles) qui composent la chose, ou
elle peut être métaphysique si elle indique la chose par les éléments qui la
déterminent selon notre mode de penser (genre et espèce).
Exemples ;
1. Le cercle est la partie du plan du mouvement d’un point autour d’un axe.
2. L’homme est composé d’un corps et d’une âme
3. L’homme est un animal raisonnable
4. Le bronze est un métal qui résulte d’un alliage de cuivre et de zinc.
c) Lois de la définition
Une bonne définition doit se conformer aux conditions suivantes :
- Etre claire que le défini : elle ne sert à rien si elle est exprimée en des termes
obscurs.
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- Eviter le cercle vicieux : pas de termes obscurs. Par exemple, le chat est
l’animal qui porte une fourrure, la fourrure est ce que porte le chat ;
- Eviter des termes négatifs : car , expliquer une chose c’est dire ce qu’elle est
et non ce qu’elle n’est pas. Par exemple : dire que l’homme n’est pas un
Ange, ce n’est pas éclairer la question sur la nature de l’homme ;
- Viser la concision : éliminer les mots inutiles ;
- Etre parfaitement convertible.
d) La division des concepts :
Les règles pour une bonne division :
Qu’elle soit complète : énumérer tous les éléments dont le tout se compose
Qu’elle soit exacte : les parties doivent être distinctes entre elles. Par
exemple : dire que l’homme est composé d’un corps, d’une âme, d’une
intelligence n’est pas une bonne division.
Qu’elle soit Cohérente : fondée sur le même critère. Par exemple, ma
bibliothèque se compose de livres d’économie et de livres de format in-80
n’est pas correcte, car le format in-80 ne s’oppose pas à l’économie.
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Ainsi, pour Edmund HUSSERL, « la logique devient non seulement une science
visant à atteindre les lois à respecter pour que tout raisonnement formel soit
possible (logique et mathématique), mais aussi le fondement nécessaire du
monde matériel dont l’objectivité est une intersubjectivité présente dans chacune
de nos consciences ».
C’est un courant dont les principes fondamentaux ont été formulés entre
autres par HERACLITE D’EPHESE (Antiquité), NICOLAS DE CUSE (Moyen-
Age), HEGEL (18ème siècle), KARL MAX et F.ENGELS (19ème siècle), LENINE et
MAO TSE TOUNG (20ème siècle). Cette logique se caractérise par :
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C’est une logique dont les catégories fondamentales sont les rapports
suivants :
- La nécessité
- L’impossibilité
- La possibilité
- La contingence
Fondée par ARISTOTE, elle étudie les formes et les lois du raisonnement,
sans intérêt pour le contenu et la signification des signes. Elle se pense sur les
systèmes formels, divers types de déduction et de calcul, où la validité l’emporte sur
la vérité, sur la réalité. Il y a cependant lieu de reconnaître ici trois niveaux
d’exploration du langage, à savoir :
Fondée par Francis BACON, elle est aussi appelée Logique des sciences et
s’occupe du contenu des propositions, de leur vérité. Elle se subdivise elle-même en
épistémologie et en Méthodologie des sciences.
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autrement dit, « une étude de la connaissance en tant que rapport entre le sujet
et l’objet » (J. PIAGET) différant ainsi de la Logique proprement dite qui est
l’analyse formelle de la connaissance.
b) La méthodologie des sciences
C’est une réflexion critique, rétrospective et prospective sur les voies et
moyens qui mènent à l’investigation et à l’acquisition des connaissances, à la
découverte, à l’intention.
a) La grammaire étudie les règles qui régissent les diverses langues - La logique
vise à atteindre, par-delà les langues diverses, les lois qui régissent la pensée.
b) La grammaire, ainsi, étudie toutes les propositions, pourvu qu’elles aient un
contenu non absurde, qu’elles soient optatives, interrogatives, conditionnelles
ou constatives alors que la Logique ne considère plutôt comme propositions
que celles qui traduisent une prise de position à l’égard du vrai et du faux, ne
se préoccupant donc pas des propositions optatives ou interrogatives,
propositions qui ne sont ni vraies, ni fausses.
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conditions d’existence des faits psychiques, alors que la Logique porte sur les
conditions de droit qui constituent et dominent la pensée valable.
En commun, les deux recourent à l’usage des symboles depuis les travaux de
Georges BOOLE et DE MORGAN (1847). Elles diffèrent en ce que, par exemple :
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Chapitre deuxième
DE LA LOGIQUE CLASSIQUE OU FORMELLE
2.1. Considérations générales
2.1.1. De la connaissance
2.1.1.1. De la connaissance directe
a) Définition : La connaissance directe, appelée aussi connaissance immédiate ou
intuitive, est celle qui atteint son objet par vision directe, sans détour. Ainsi on peut
compter :
* L’intuition sensible ou empirique : c’est la perception directe d’un fait physique
affectant un de nos organes sensoriels.
* L’intuition psychologique : c’est la perception immédiate de ses propres états de
conscience, de ce qui se passe en soi-même. Ex. Eprouver une joie.
* L’intuition divinatrice ou intellectuelle : C’est la découverte immédiate des
rapports entre les choses. Ex. A = B et B=C donc A= C
* L’intuition mystique : c’est la saisie immédiate des réalités religieuses.
2.1.2. De la connaissance indirecte
Appelée aussi connaissance médiate ou discursive, elle n’atteint son objet que
par le biais de moyens intermédiaires. C’est d’elle qu’il s’agira au chapitre relatif au
raisonnement.
2.2. Les principes ou lois logiques classiques
Tout raisonnement prend appui sur quelques principes fondamentaux évidents
d’emblée mais susceptibles d’être remis en question à l’heure actuelle. Les
principaux principes sont :
2.2.1. Le principe de non-contradiction ou de contradiction
De par ce principe, il est impossible d’affirmer et de nier en même temps un
même prédicat pour un même sujet. Autrement dit, un même concept ne peut être
défini, à la fois et au même point de vue, comme A et comme non A. A ce sujet, il
faut noter qu’il n’est pas ici question d’interdire.
2.2.2. Le principe d’identité
Formulé pour la première fois par PARMENIDE, en Grèce, lorsqu’il affirmait
que l’on ne pouvait rien dire de l’Etre si ce n’est « l’Etre est ». Au-delà des querelles
métaphysiques, ce principe affirme : « une fois un concept défini d’une certaine
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De par ce principe, « toute chose est ou n’est pas », tel que, entre A et ~A, il
n’y a pas d’autre position logique. Ce principe fixe ainsi l’impossibilité pour un
jugement d’avoir une autre valeur de vérité que le vrai ou le faux (exclusivement).
Autrement dit, on dirait qu’entre A et ~A il n’y a pas, dans l’univers logique, de
tiers possibilité. On note PV~P.
2.2.5. Du vrai ne découle que le vrai. Ex. Vero, nonnisi verum. Ici se confirme la
règle selon laquelle d’une subalterne vraie on conclue à une subalterne vraie.
2.2.6. Du faux peut découler le vrai ou le faux. Ex. falso sequitur quodlibet= du
faux peut découler n’importe quoi. (P1~P) q. Ici se confirme la règle selon
laquelle d’une subalterne fausse on ne peut rien conclure d’emblée et absolument.
La conclusion d’un raisonnement ne peut être plus riche que les prémisses. De
par ce principe, on illustre parfaitement que la Logique ne produit aucune
information nouvelle, elle traite l’information qu’on lui donne sans la dépasser
(l’extrapoler).
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( pvq )q p
Ex, Si je suis avocat alors je suis défenseur et si je suis soldat, alors je suis criminel,
alors je ne suis pas criminel. Or je ne suis pas criminel ou avocat.
2.2.14. La simplification
( pq) p
( pvr ) p
( pr ) ( faux)
( pvr ) q(vrai)
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2.2.15. L’adjonction
p ( pvq) Ex. Si le soleil luit alors le soleil luit et les habits sèchent
2.2.16. La conjonction
( pq) (qp) Ex. Le chien aboie et la caravane passe. Donc la caravane passe et le
chien aboie.
pv( pq) p
p( pv) p
(p˄q)→p
(p˅p)→p. Cela signifie que l’on peut supprimer les réceptions dans la conjonction
ou la disposition.
( pq ) (qp )
( pvq) (qvp)
Elle signifie que l’ordre des termes est indifférent pour les connecteurs ˄ et ˅.
Ex. Mandela est sage et Sasu Ngwesu est honnêté ou Bemba est vicieux si et
seulement si Mandela est sage et Sasu est honnête ou si et seulement si Mandela est
sage et Bemba est vicieux. Ex. 3 x (4 +5)= (3x4)+(3x5)
p p
p p
Ex. Il est faux que je ne suis pas un homme équivaut à je suis un homme.
~(p˄q) ( ~p˄~q)
~(p˅q) (~p˅~q)
( p q)(q m) ( p m)
( p q) ( q p )
( p q)( p q) p
2.2.29. Le dilemme
( p q)(p q) q
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Cela signifie que l’usage des parenthèses est libre et donc inutile à l’intérieur de la
formule :
p(qm) ( pq)m
pv(qvm) ( pvq)vm
~(p˄~p)
(~p→p)→p
2.2.34. La contra-position
(p→q) (~q→~p)
( p (q r ) ( pq r )
(p→q)→ p (qvm )
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Deuxième partie
I.1. Définition :
Cette question est fondée, parce que chacun de nous pense qu’il est logique. Nous
sommes tous des créatures logiques, c’est-à-dire nous raisonnons. Il n’existe pas
d’êtres humains qui soient incapables de raisonner, mais cela ne signifie pas que
nous obéissons à la raison dans toutes les circonstances. Cela ne signifie pas non
plus que nos raisonnements sont toujours justes. C’est pour cela que nous devons
apprendre à éviter certaines erreurs manifestes, autrement dit, à aborder nos
problèmes avec toutes les méthodes et à contrôler notre pensée grâce aux normes et
aux règles critiques.
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Descartes admet que nous pouvons nous tromper alors que nous sommes doués de
raison, mais il indique que la confiance que nous avons en notre bon sens est un
indice que la raison est équitablement répartie entre les hommes. Mais cette
répartition n’est pas d’une égalité absolue, puisque chacun possède le bon sens.
Comment expliquer la différence considérable qui existe entre les opinions
humaines. Les opinions de certaines personnes sont indubitablement moins sensées
que celles des autres, car il ne suffit pas d’avoir de l’esprit, mais il faut aussi bien
l’employer. La différence principale qui existe entre l’entendement des êtres
humains ce que certains utilisent les méthodes de pensée appropriées tandis que les
autres ne le font pas. Si donc nous voulons améliorer notre entendement, nous
devons adopter les méthodes de pensée convenables. Une autre source d’erreur qui
affecte notre raisonnement est le fait que la majorité semble être condamnée par ses
émotions. Souvent la discussion se révèle impossible avec un individu qui a des
préjugés si profondément enracinés qu’il est inaccessible à un argument rationnel. Si
donc nous voulons être sensé, nous devons nous efforcer d’éliminer l’émotion
quand elle n’a pas lieu d’être présente, c’est-à-dire nous efforcer de nous en tenir
aux faits. La valeur d’une idée n’a rien à voir avec la personne de celui qui parle.
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l’étroitesse d’esprit qui nous fait considérer comme incongrus (comme erronées),
Dangereuses ou subversives toutes les idées qui diffèrent des nôtres. La logique
nous apprend qu’il y a beaucoup plus de place pour les doutes que ne le supposent
les dogmaticiens, mais il faut se garder de douter de tout, nous devons être prêt à
croire quand il existe des preuves suffisantes, en d’autres termes, nous devons faire
preuve d’esprit critique plutôt d’esprit négatif.
Nul ne sait exactement ce que l’être pensant pourrait faire sans le langage,
mais il est certains que sa pensée en serait très limitée. L’intelligence humaine se
fonde sur notre aptitude à penser et à parler des choses qui se situent dans notre
environnement. Nous utilisons des mots pour désigner les choses. Le langage est
donc indispensable à l’être vivant qui pense. Si le vocabulaire est limité, l’étendue
de sa pensée s’en trouve également réduite.
Les mots, les plus petits éléments du langage, ne sont pas des entités
mystérieuses. Ce sont des faits qui se produisent dans le temps et dans l’espace,
c’est-à-dire qu’ils ont une dimension physique et de signification. En tant qu’objet
physique les mots sont parlés ou écrits, mais la signification du mot est plus
importante que sa dimension physique. Mais le rapport entre le mot et la chose est
un rapport arbitraire en ce sens que, ce mot aurait pu être autre. Le principe selon
lequel la relation qui existe entre les mots et les choses est arbitraire est un principe
fondamental de la sémantique, cependant ce principe est souvent ignoré. On croit
soit que le mot est nécessairement lié à une chose et qu’il serait impossible de
désigner cette chose par un autre mot que celui sous lequel elle est connue. Ce qui
est vrai, c’est le fait qu’à partir du moment que les mots sont associés à des choses
bien déterminées un rapport est établi et nous provoquerions la confusion si nous
n’utilisons pas ce mot conformément à son acception habituelle. Mais un autre fait
évident est que, quand il commence à exister ce mot peut signifier n’importe quoi,
c’est-à-dire les mots peuvent avoir autant de sens que l’homme leur en donne.
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grecque qui signifie celui qui travaille avec ses mains. Jadis il signifiait donc un
travailleur.
Une troisième erreur consiste à supposer que les mots nous donnent de
garantie en ce qui concerne les choses. C’est croire par exemple qu’un nom qui
sonne bien prouve la bonne qualité de ce qu’il représente ainsi par exemple, un
groupe des gens qui cherchent à entrainer le racisme ou le tribalisme utiliseront par
exemple l’expression « Association chrétienne » ou club de fraternité, Eglise du
Christ à Lubumbashi, afin de donner l’impression qu’ils conservent l’exemple de
l’amour du prochain. Nous devons nous prévenir contre ces supercheries.
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Notons aussi qu’il existe des nombreuses formes d’inoffensives qui reposent
sur le principe de s’illusionner. Ex. Sur le bateau transatlantique, l’appellation
troisième classe a été remplacée par l’appellation classe touristique parce que la
troisième classe avait quelque chose de trop inférieur. Objectivement les conditions
matérielles sont les mêmes, mais le changement de nom a un effet psychologique
agréable.
L’étymologie ; est une science qui traite de l’histoire des mots, de leur
dérivation à partir de leurs racines avec tout leur changement de forme,
d’orthographe et de signification : Elle décrit comment les mots ont acquis leur
signification présente. L’étude de l’étymologie nous aide à trouver les mots
appropriés pour exprimer une nuance précise du sens, mais elle ne détermine pas
l’utilisation du langage. Peu importe l’origine du mot, sa signification est celle que
nous lui donnons aujourd’hui. L’usage est roi en matière de langage et si les êtres
humains emploient habituellement dans des acceptions nouvelles, on ne peut pas
leur donner tort, car les mots sont des sons arbitrairement associés aux choses. Ils
signifient ce que l’homme veut leur faire dire, c’est-à-dire les mots sont multi
significatifs.
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Les mots désignent des objets, mais nous n’avons pas exactement un mot
pour chaque objet comme c’est le cas pour une boutonnière pour chaque bouton.
Plusieurs mots peuvent signifier la même chose. Ce sont les synonymes, en
revanche, un seul mot peut représenter plusieurs choses quand il existe un doute sur
la signification de celui qui parle ou qui écrit : il y a ambigüité. Ex. Le mot
secrétaire signifie : personne chargée de la correspondance. Un chasseur peut nous
dire qu’au cours de sa chasse, il a tué un secrétaire, c’est-à-dire un oiseau aux
longues pattes qui vit en Afrique du Sud. A ce sujet, il faut se mettre d’accord. Ex.
Une discussion où les mots clés sont utilisés avec des acceptions différentes. Deux
chercheurs font le recensement des chômeurs et trouvent des résultats tout à fait
différents quant au nombre de ces chômeurs. Cet écart peut provenir de différentes
causes : Il peut provenir entre autres de la sémantique. Il est possible que les
statisticiens aient attribué une définition différente au mot chômeur. Est-ce qu’un
saisonnier est un chômeur pendant les mois qu’il est au repos ? Le chercheur mal
informé le prendra pour un chômeur.
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donna la condition que la Pologne reste libre. Or les termes amis, libres et
démocratiques avaient des significations différentes. Pour STALINE :
- Gouvernement ami ; un pays qui fera partie du bloc-Est, entre les mains
communistes
- Démocratie : les usines et autres ne sont pas aux mains de pays privilégiés
- Libres : votes libres pour renverser le gouvernement des pays qui ne sont pas
capitalistes. Or, les Américains et occidentaux l’entendaient autrement.
L’ambiguïté est un aspect omniprésent du langage, car la plupart des mots ont
plusieurs sens. Nous sommes tous concernés par l’ambiguïté dans la mesure où elle
constitue un obstacle à la communication. Il existe quatre catégories d’ambiguïtés :
L’un des principes qui nous permettent de détecter l’ambiguïté des mots pris
séparément consiste à poser une question concernant les mots suspects en la
formulation de telle sorte qu’on puisse y répondre par oui ou non. Si la réponse par
l’affirmative ou par la négative exige que le sens soit précisé, alors c’est un signe
qu’il y a ambiguïté. Par exemple : Tous les hommes sont-ils égaux ? Pour répondre
à la question, il faut préciser le sens du mot « égaux ». La meilleure réponse est
alors « OUI » et « NON » selon le sens du mot « égaux ».
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celui qui a écrit de déclarer plus tard qu’il ne voulait pas dire ce que le lecteur pense.
En d’autres termes, les diplomates ont un langage qui ne les engage en rien. Ce
même langage est utilisé par les devins et par les gens qui font des oracles (qui
prédisent l’avenir). Ainsi par exemple Delphes dans la Grèce antique annonçait des
événements à venir de façon qu’il avait toujours raison. Il disait par exemple : Le
dieu Appolon dit les Grecs, les Perses vaincront. Du grec, cette phrase marque une
ambiguïté).
Conclusion :
Chaque fois que nous engageons dans une discussion, nous pouvons nous
demander si le mot est employé dans le sens différent. Toutefois que nous laissons
les éditoriaux aux autres professions de foi contenant des opinions et des arguments,
nous devons chercher à déterminer s’il n’existe pas une de quatre formes
d’ambiguïté que nous venons de voir. Et dans l’affirmative nous devons nous
demander si notre première interprétation de la signification est la seule possible qui
donne tout son sens au contexte donné. Le remède contre les inconvénients de
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l’ambiguïté consiste à exprimer clairement nos idées. Pour cela il faut définir nos
termes.
Il existe certains mots qui sont à la fois ambigus et imprécis c’est-à-dire qui
ont une acception peu claire, c’est une sorte d’ambiguïté au second degré. Ex. Les
termes « indépendance, liberté, démocratie ». Pour les termes, il n’y a pas de
définitions universellement admises. Le dictionnaire se contente d’énumérer leurs
différentes utilisations.
Lors des discussions sérieuses, quand les mots clés sont sujets à différentes
interprétations, celui qui parle ou écrit doit, s’il veut se faire comprendre clairement,
préciser la définition qu’il donne à ce mot c’est-à-dire spécifier ou particulariser :
l’interlocuteur indique le sens précis dans lequel il utilise ce terme. Il doit donc
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Il peut adopter une des significations habituelles du mot en prenant celle qui
vient le mieux.
Il peut stipuler (présenter) une version modifiée ou une définition courante.
Il peut spécifier une nouvelle acception du terme.
Toutefois, celui qui veut spécifier doit faire preuve d’une grande circonspection
(prudence) quand il s’agit des significations nouvelles, car le lecteur et les auditeurs
ont du mal à suivre quelqu’un qui emploie des mots en leur donnant un sens
inhabituel.
Et la liberté de l’orateur est limitée par son désir de maintenir l’intérêt de son
public. Il faut noter en outre que des nouvelles acceptions engendrent la confusion,
car il est difficile de s’affranchir de vieilles habitudes et on continue généralement
de donner aux mots familiers leurs sens habituels. Ce qui est plus grave, la
stipulation des nouvelles acceptions peut contenir des preuves dangereuses pour le
naïf. Il devrait exister à l’usage des écrivains ou de penseurs un code d’éthique
linguistique (morale linguistique) : Il existe un code éthique pour les psychologues,
les médecins, etc. Quand il donne de signification nouvelle, il devrait avertir le
lecteur, Le danger est qu’on donne une nouvelle acception comme s’il s’agissait de
simplement d’une des significations admises par tout et ce faisant nous sommes
amenés à croire des choses que nous n’aurions pas pu accepter si nous avions été
informés. Ex. Webb définit la dictature comme un gouvernement qui exclut tout
débat et discussion préalable, que ce soit devant l’opinion publique ou en séance
privée. (Webb économiste britannique, fondateur du parti travailliste en partie à
tendance socialiste). Ici le mot clé est « en » ce qu’il dit en substance. Si Staline et
son comité décidaient d’envoyer des opposants politiques dans le camp de travail,
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Voici quelques règles à suivre pour définir un mot. En quoi consiste une
définition ?
Une définition est une proposition qui indique que pour le mot A, les substituts
sont les mots x,y et z. Si nous consultons un dictionnaire pour trouver un mot
nouveau, nous trouvons trois sortes de définitions. Il y a des synonymes, des
exemples et l’analyse des significations. N’importe lequel suffira pourvu qu’il nous
précise le sens et permet de comprendre ce que l’utilisateur du mot veut dire. C’est
la définition analytique qui est la plus signifiante. Elle précise à quelle catégorie
générale de choses appartient un terme donné et indique ensuite le caractère de
différentiation qu’il possède dans cette catégorie. Quand nous définissons un
triangle en disant que c’est une figure plane à trois côtés, nous avons noté à quelle
catégorie de choses appartient le triangle : les figures planes et comment il se
différencie des autres figures planes qui ont trois côtés. La caractéristique
fondamentale d’une définition analytique, c’est la convertibilité, c’est-à-dire qu’on
peut renverser les membres sans altérer l’exactitude de la proposition. Ex. A=B+C
et B+C=A. En math : Triangle = figure plane à 3 côtés = figure plane à 3
côtés=Triangle. Homme= animal raisonnable → animal raisonnable = homme. Dans
les deux cas, il y a équivalence entre la définition et les mots définis.
Si une définition n’est pas convertible, elle ne convient pas, elle est soit trop
vaste et trop étroite. Ex. Propagande est toute parole ou action qui influence un
individu et le conduit à une fin prédéterminée. C’est une définition trop vaste parce
qu’elle englobe des fins qu’elle n’est pas sensée signifier. D’autres définitions sont
trop mauvaises parce que trop restrictives et ne couvrent pas un champ suffisant. Ex.
La religion est un culte rendu à un être suprême. Cette définition n’est pas exacte
par ce qu’il y a des religions qui ne rendent pas de culte à un être suprême (soleil,
lune etc.).
Ex. Aimer c’est exprimer l’amour envers quelqu’un. Les définitions par les
exemples sont insuffisantes. La définition par synonyme est parfois appelée
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définition circulaire. Ex. Un homme moral est un homme qui agit vertueusement.
Parce que dans le contexte le mot « moral » et « vertueux » sont des synonymes. Les
définitions circulaires sont convertibles, mais elles sont imparfaites dans la mesure
où elles n’apportent pas de précisions sur le mot à définir. Ex. La poésie : « Paradis
perdu » (extrait d’un poème). Cette définition ne donne pas la nature de la poésie.
Nous pouvons donc dire que seule la définition analytique est valable. Toutefois, il y
a des situations où il est impossible de donner une définition analytique et où seule
une définition par l’exemple est possible.
L’une des règles d’une bonne discussion est que les différents protagonistes
doivent s’en tenir à la question et ne pas la déplacer. Leurs remarques doivent être
pertinentes et relevées du thème du débat. Ex. Supposons que la grande majorité a un
niveau de vie plus élevé du monde entier. Alors un contradicteur revient et dit qu’il y
a beaucoup des pauvres aux Etats-Unis.
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Il y a une autre erreur qui peut être considérée comme exagération de l’attitude
qui consiste à s’en tenir à la question. Un individu peut rester fidèle à la question
posée c’est-à-dire cantonné. Ex. Pourquoi dit-on que tous les êtres humains croient en
Dieu ? Comment puis-je le savoir ?
La preuve en est que la croyance en Dieu est universellement répandue parmi les
hommes. C’est bien cela qu’on appelle s’en tenir à la question avec une inflexible
ténacité. En effet, celui qui parle affirme que tous les hommes croient en Dieu. Quand
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on lui demande d’en faire la preuve, il répond que tout le monde croit. Comment le
savez-vous ? Il répond, puis que c’est ainsi.
NB. Dans tout argument, il faut fournir une preuve pour justifier sa thèse et
cette preuve doit être constituée par un fait à partir duquel on peut déduire
cette preuve. Répéter simplement ce qu’on a dit ce n’est pas une preuve.
Le cercle vicieux est en quelque sorte une forme prolongée de la pétition des
propositions. Il existe des étapes intermédiaires. Ex. un individu affirme que la
musique classique est supérieure à la musique moderne. On lui demande de prouver
et il répond. Les meilleurs critiques sont d’accord sur ce point ; Or, les meilleurs
critiques sont celles qui préfèrent la musique classique à la musique moderne.
Ex2. Un communiste dit que dans les pays capitalistes, il n’ y a pas de liberté. On lui
demande la preuve. Il répond parce que par définition le capitaliste réduit le
travailleur à l’esclavage.
La pétition des principes par la qualification : Ici le sujet qui parle utilise des
épithètes. Ex. Division au Parlement. Les stupides divisions du parlement. Il y a
pétition des principes par qualification parce qu’on affirme quelque chose dont la
démonstration peut s’imposer. Il y a déjà une proposition toute faite et proposée par
l’interlocuteur. Ce genre de pétition de principe est probablement le plus dangereux,
car il agit sur notre répugnance, à mettre en question, affirmation catégorique. Notre
interlocuteur intimidé peut également en être peiné de savoir exactement ce qu’il
doit mettre en doute. Cette sortie en forme de pétition des principes est difficile à
dépister quand elle est formulée sous forme de question. Ex. Est-ce que l’agriculteur
bénéficiera de l’augmentation des salaires perçus par les travailleurs si nous
relevons les tarifs ? Réponse probable est : « Bien sûr qu’il en bénéficiera ».
Pourtant ici le seul problème semble être : « l’agriculteur va-t-il oui ou non en
bénéficier ? Mais il peut échapper que la question contient une hypothèse erronée à
savoir que le travailleur percevra un salaire plus élevé si nous relevons nos tarifs.
Nous devons donc prendre garde aux questions complexes sinon nous risquons
d’admettre certaines choses qui vont à l’encontre de nos intérêts. Ex. Au marché,
une femme demande à emballer le « milonge » ou le poisson salé alors que je ne fais
que visiter les étalages.
la preuve ? Si vous prétendez que cela n’est pas vrai, démontrez alors que je suis
dans l’erreur. Or l’interlocuteur est réellement incapable de prouver que Dieu avait
choisi Mahomet.
Ici, au lieu de prouver une assertion par une preuve formelle, on a recours au
fait que le contradicteur n’est pas en mesure d’apporter la preuve contraire. Le fait
de prétendre que notre contradicteur est incapable de fournir la preuve contraire
n’équivaut pas à prouver notre assertion. Le système juridique rejette l’argument ad
ignorantiam dans la mesure où il ne requiert pas que l’accusé fasse la preuve de son
innocence. C’est au Ministère public qu’il incombe de relever la culpabilité de
l’inculpé. L’impossibilité d’administrer la preuve de la culpabilité d’un individu ne
signifie pas pour autant que son innocence ait été démontrée. La loi s’exprime sans
équivoque à ce propos. « Tout homme est présumé innocent jusqu’à ce qu’on ait
apporté la preuve de sa culpabilité ».
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Chapitre troisième
LA FORME DE L’ARGUMENT
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Cet argument est un syllogisme puisqu’il comporte deux prémisses conduisant à une
conclusion. Mais il ne contient pas le terme majeur, mineur et moyen. Il existe des
nombreuses confusions quant au rôle du syllogisme dans la pensée ; on dit parfois
que le syllogisme est artificiel et démodé. Mais aussi les logiciens ne prétendent pas
que le syllogisme est un modèle à imiter dans le langage courant, son opinion
consiste plutôt à considérer que c’est la forme que nous devrions réellement utiliser
dans nos raisonnements. Dans le langage quotidien, le même raisonnement pourrait
se présenter de la manière ci-après :
« Socrate doit mourir, un jour ou l’autre il disparaîtra, car il n’est qu’un homme et la
mort est le seul chemin commun à tous les êtres humains. »
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Il existe une autre raison à notre surprise d’apprendre que nous raisonnons par
syllogisme ce que nous développons rarement à fond dans la conversation courante.
Ce qui tombe sous les sens n’a pas besoin d’être ressassé (répété) et pour éviter
l’ennui et le manque d’intérêt nous laissons à notre interlocuteur le soin de faire
fonctionner son imagination. Quand ce qui est indiqué est trop évident pour être
mentionné nous pouvons omettre une des prémisses voire même la conclusion d’un
syllogisme. Voici un exemple :
MUTONKOLE a dû faire de bonnes affaires cette année, car il s’est acheté une
voiture. Ceci est un syllogisme mais il n’est complètement formulé. Il existe une
prémisse supplémentaire dans l’esprit de celui qui parle ; à savoir ceux qui achètent
de voitures ont des affaires prospères. Le syllogisme dont une proposition est sous
entendu sont des anthymêmes. Ex. Je pense, donc je suis ou je considère Feza
comme une femme intelligente naturellement, c’est une électrice indépendante
n’est-pas ? Ceci laisse supposer que toutes les électrices indépendantes sont
intelligentes. La police ne devait pas être armée. Cette méthode s’est révélée
satisfaisante. Cet argument peut sembler plus plausible dans sa forme incomplète
que s’il était entièrement développé. En effet, la prémisse manquante serait
approximativement celle-ci : Ce qui est bon pour l’Afrique, le sera aussi ailleurs.
Jusqu’ici nous nous sommes attachés à comprendre la nature de l’argument et les
moyens qui permettent de l’identifier et de l’analyser. Quand nous nous trouvons en
présence d’un argument nous devons nous poser la question suivante : « Quelle est
la conclusion ? Quelles sont les raisons fournies à l’appui de la conclusion ?
Mais il y a également d’autres questions que nous devons nous poser ; les
nouvelles questions concernant la valeur ou la non valeur de cet argument. Quels
sont les types d’arguments que nous considérons comme valables ? Quand vous
déclarez qu’un argument est probant, est-ce que vous entendez par là que vous êtes
d’accord avec la conclusion. Le fait que vous êtes ou non d’accord avec la prémisse
influence-t-il l’appréciation que vous portez sur un argument ? Pouvez-vous tout en
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Nous examinons toutes les questions dans le point suivant : Toutefois, il faut
faire attention à l’ambiguïté du mot « valide » quand il est appliqué aux arguments.
Par argument valide on peut désigner un argument dont la forme est correcte c’est-à-
dire que sa structure est telle que si les prémisses sont exactes, la conclusion doit
nécessairement l’être aussi. Un tel argument est valable même si les prémisses ne
sont pas vraies. D’autre part, un argument valide peut désigner celui qui est
complètement satisfaisant c’est-à-dire valide par sa forme et contenant des
propositions exactes. Un argument valide peut donc ne pas être entièrement
satisfaisant.
Rappel :
Si par contre la conclusion est énoncée avant les prémisses, la conclusion est
suivi tout simplement par le mot parce que lié à l’argument. Ex. Vous ne pouvez
pas voter parce que votre nom n’est pas sur la liste électorale. Le mot parce que
précède toujours les prémisses. Il y a des arguments qui n’ont pas ou qui ne
contiennent pas d’indicateurs logiques, le sens seul est indicatif de la structure.
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Ex. L’office de route n’a pas réfectionné la route ville-Ruashi. Les produits
miniers vont être difficilement acheminés vers la Ruashi. Nous connaîtrons une
rareté des produits artistiques sur le marché. Remarquons ici que plusieurs
conclusions peuvent être tirées d’un seul fait.
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La conclusion selon laquelle l’inculpé est coupable peut être fausse ou vraie. Elle
est donc simplement probable parce qu’il y a possibilité qu’il soit innocent.
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