Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1- Introduction
La plupart des calculs dans les systèmes électriques de puissance se font en traitant des
grandeurs adimensionnelles. Ces dernières s’obtiennent en divisant chaque grandeur (tension,
courant, puissance, etc. . .) par une grandeur de même dimension, appelée base. On dit que les
grandeurs sans dimension ainsi obtenues sont exprimées en per unit, ce que l’on note par pu.
Cette pratique universellement répandue offre principalement les avantages suivants :
En per unit, les paramètres des équipements construits d’une manière semblable ont des
valeurs assez proches, quelle que soit leur puissance nominale. Les valeurs des paramètres
étant prévisibles, on peut :
vérifier plus aisément la plausibilité de données ou de résultats
affecter des valeurs par défaut à des paramètres manquants, lorsque l’on désire chiffrer en
première approximation tel ou tel phénomène.
En per unit, les tensions sont, en régime de fonctionnement normal, proches de l’unité (c à d
proches de 1 pu). Ceci conduit généralement à un meilleur conditionnement numérique des
calculs, par suite d’une moins grande dispersion des valeurs numériques.
Le passage en per unit fait disparaître les transformateurs idéaux qui sont présents dans
les schémas équivalents des transformateurs réels. En d’autres termes, le système per unit
permet de faire abstraction des différents niveaux de tension
2- Passage en per unit d’un circuit électrique
La mise en per unit des équations qui régissent un circuit électrique requiert le choix de trois
grandeurs de base. Par exemple, si nous choisissons (arbitrairement) une puissance, une tension
et un temps de base, que nous notons respectivement les autres grandeurs de
base s’en déduisent en utilisant les lois fondamentales de l’électricité :
courant de base :
impédance de base :
flux de base :
inductance de base :
pulsation de base :
Considérons à présent le passage en per unit d’une relation bien connue du régime sinusoïdal :
On a successivement :
Comme cette relation ne fait pas intervenir le temps, n’est pas utilisé. Seule la puissance et la
tension de base sont utilisées en régime sinusoïdal.
Considérons ensuite la mise en per unit d’une équation différentielle typique du régime
dynamique :
On a successivement :
Cours enseigné à Esmer par Romaric
ADEGBOLA
Dans ce second exemple, le temps apparaît explicitement. On voit qu’il y a deux possibilités :
soit toutes les grandeurs sont mises en per unit, y compris le temps : l’équation est alors
strictement identique en unités physiques et en per unit
soit on préfère conserver le temps en secondes : il apparaît alors un facteur devant
l’opérateur de dérivation.
En principe, la mise en per unit de ces deux circuits requiert de choisir 6 grandeurs de base (4
en régime sinusoïdal). Il existe toutefois deux contraintes pratiques, qui ne laissent en fait que 4
degrés de liberté (3 en régime sinusoidal) :
Temps identiques. Pour des raisons de simplicité, on désire avoir le même temps en pu dans
les deux circuits. On choisit donc :
On obtient de même :
Un système per unit qui satisfait à (3, 5) est dit réciproque. En effet, la matrice d’inductance des
deux bobines étant symétrique, le quadripôle correspondant est réciproque.
En application de ce raisonnement, dans un circuit comportant plusieurs niveaux de tension
reliés par des transformateurs, on choisira partout un même temps de base et une même
puissance de base Ensuite, à chaque niveau de tension, on choisira une tension de base
l’impédance de base :
On voit que l’expression est la même, que l’on travaille en unités physiques ou per unit. Ce
confort justifie le choix de . Il est bien évident qu’on peut faire un autre choix, à condition
d’ajuster les relations en per unit par rapport aux expressions en unités physiques.
Cours enseigné à Esmer par Romaric
ADEGBOLA
4.2 Régime équilibré - analyse par phase
Comme on l’a vu dans un chapitre antérieur, si le régime est équilibré, l’analyse du système
triphasé peut se ramener à l’analyse d’une de ses phases. Dans ce cas, comme montré ci-après,
il est plus confortable de prendre une puissance triphasée comme base . On en déduit
le courant de base :
l’impédance de base :
où le choix de la phase est évidemment arbitraire. En per unit, cette expression devient :
c’est-à-dire la puissance calculée dans le circuit monophasé relatif à une phase. Le système per
unit prolonge la technique de l’analyse par phase en ce sens que les calculs en per unit ne
doivent plus du tout tenir compte de la présence des deux autres phases.
La puissance de base triphasée valant trois fois la puissance monophasée, les impédances de
base (7) et (9) ont la même valeur dans les deux systèmes. Il en est donc de même des
impédances en per unit.
Réseau et jeux de barres
LE CALCUL DE RÉPARTITION DE CHARGE (POWER FLOW)
Introduction
Le calcul de répartition de charge, ou encore calcul d’écoulement de charge (ou de puissance) est
sans aucun doute le calcul le plus fréquemment effectué dans les réseaux d’énergie électrique.
En termes simples, son objectif est de déterminer l’état électrique complet du réseau, à savoir
les tensions à tous les nœuds, les transits de puissance dans toutes les branches, les pertes, etc.
. ., à partir des consommations et des productions spécifiées en ses nœuds.
On utilise couramment la traduction anglaise « load flow ». En anglais, le terme « power flow »
est préféré.
15
En remplaçant par son expression (1), on obtient successivement :
16
2. Spécification des données du load flow
2.1 Données nodales
Le réseau est décrit par les 2N équations (3, 4).
En chaque nœud du réseau, ces équations font intervenir quatre grandeurs :
le module et la phase de la tension, les puissances active et réactive
Pour qu’inconnues et équations soient en nombre égal, il faut donc spécifier deux de ces quatre
grandeurs en chaque nœud.
En un jeu de barres où est connectée une charge, on spécifie les puissances active et réactive
consommées par celle-ci, car ces informations sont généralement disponibles au départ de
mesures.
Les équations relatives à un tel nœud sont données par (3,4) où sont les consommations
changées de signe. En un tel nœud, les inconnues sont donc
En un jeu de barres où sont connectés une charge et un générateur (c’est le cas quand les
auxiliaires d’une centrale sont alimentés via le jeu de barres où est connecté le générateur)
Dans ce cas, ce sont les données relatives au générateur qui dictent le type du nœud : PQ ou PV
selon le cas. L’injection de puissance active est évidemment la différence
entre puissance générée et la puissance consommée.
Pour traiter ce double problème, un des jeux de barres du réseau est désigné comme
référence angulaire et se voit imposer la phase de sa tension, plutôt que la puissance active.
Il est d’usage de spécifier une phase nulle, mais c’est arbitraire.
En ce nœud, l’´equation (3) n’est pas utilisée.
FIG.3.4 – load flow : données, équations et inconnues nodale (un générateur de référence)
Cours enseigné à Esmer par Romaric
21
ADEGBOLA , Année 2018-2019
Ce jeu de barres est qualifié de balancier (Slack bus). Nous supposerons dans ce qui suit qu’il
s’agit du N-ème nœud.
Au balancier, la relation (5) donne :
où les différents termes de la somme sont spécifiés dans les données, tandis que, comme
indiqué plus haut, p n’est connu qu’à l’issue du calcul.
Pour disposer d’une flexibilité au niveau de l’injection de puissance active au nœud balancier, il
est d’usage de choisir un jeu de barres où est connecté un générateur.
Qu’en est-il des pertes réactives et du rôle du balancier ?
En fait, en chaque nœud PV, la puissance réactive n’est pas spécifiée ; elle est le résultat du
calcul. Le problème de la spécifier indûment à tous les nœuds ne se pose donc pas.
En quelque sorte, chaque nœud PV joue (localement) le rôle de balancier pour la puissance
réactive. Evidemment, le problème réapparaît si l’on spécifie la puissance réactive de tous les
générateurs (une telle situation ne se présente jamais en pratique dans les calculs de réseaux
de transport mais elle peut se présenter dans un réseau de distribution hébergent des sources
d’énergie renouvelables dont aucune ne participe au réglage de la tension, pratique très
répandue à l’heure actuelle).
Si l’on met ce cas de côté, il est permis de spécifier soit la tension, soit la puissance réactive au
nœud balancier. Dans la mesure où une centrale est connectée à ce nœud, il sera plus naturel
(mais pas obligatoire) d’y spécifier la tension V , pour les raisons déjà mentionnées.
C’est le choix qui a été considéré à la fig3.4. Dans ce cas, il n’y a aucune inconnue à calculer au
22
nœud balancier.
Les équations (3) et (4) y sont utilisées pour calculer les puissances active et réactive injectées.
4. Exercice d’application
Considérons le problème élémentaire d'un générateur alimentant une charge
à travers une ligne triphasée. Celle-ci sera modélisée par son schéma équivalent en π.
Ce schéma doit répondre à la contrainte (en pu) :
24
En l’absence de transformateurs (ou, à partir d’un modèle simplifié et dans le cas
particulier du système per unit, lorsque les transformateurs sont modélisés par une simple
impédance que l’on peut intégrer dans le schéma équivalent suivant se déduit.
25
Les deux dernières lignes du système 7 consistent en un jeu de deux équations à autant
d’inconnues Sa résolution permet de déterminer les valeurs de l’ensemble des
tensions nodales complexes !
En supposant que les tensions et phases sont connues en chaque nœud (donc que le
précédent système a été résolu), les deux premières lignes du système 7 permettent ensuite
le calcul
En résumé
le problème de la répartition de charge d'un réseau donné est correctement
posé si nous considérons, en chaque nœud du réseau, un des types de contraintes ci-dessous :
P et Q imposés :
Nœud où est connecté une charge (avec le cas particulier P et Q = 0), représentent environ 80%
des nœuds.
P et V imposés :
Nœud où est connecté un générateur destiné à soutenir la tension, (environ 20% des nœuds).
V et δ imposés:
Nœud où est connecté un générateur qui joue le rôle de balancier. Il n’y en a qu’un seul.
26
Formulation à l'aide de la matrice d'admittance
Pour la résolution d’un problème de répartition de charges, il est plus commode de travailler
avec les admittances plutôt qu’avec les impédances.
Nous commencerons par un bref rappel des formules relative à l’application de la méthode dite
« de la matrice d’admittance » pour le calcul d’un réseau électrique quelconque.
Supposons que les éléments de liaison du réseau soient représentés par leur schéma équivalent
en π.
Le circuit ainsi obtenu peut être vu par chacun des nœuds qui correspondent aux jeux de barres
du réseau.
Vu la facilité avec laquelle les termes de la matrice d'admittance peuvent être calculés, elle
constitue le point de départ de la plupart des méthodes de calcul de la répartition des charges.
Cette méthode nous amène à la résolution d’équations non linéaires.
Supposons que le réseau soit composé d'éléments linéaires. Le circuit obéit alors à la
loi :
28
A ce stade, il existe plusieurs façons de résoudre le système.
En exprimant les équations relatives aux connus pour les nœud des générateurs
pour les nœuds des charges et aucune pour le nœud nous obtenons un
Système d’équation dont la résolution est généralement plus complexe au fur et à mesure que
le nombre de nœuds croît.
La résolution manuelle d’un tel problème n’est envisageable que pour un nombre de nœuds très
réduit.
Les systèmes plus complexes nécessiteront un soutien numérique à la résolution.
La solution la plus simple consiste à résoudre le système constitué par les équations non linéaires
8.4 et 8.5 à l’aide d’un logiciel informatique adapté tel que Mathématica… ou, encore plus
directement, par un logiciel spécialisé dans le calcul de load flow tel que Power World,…
Comme rappeler dans le chapitre précédent, d’autres solutions, basées sur les méthodes
itératives de Gauss-Seidel et Newton- Raphson sont envisageables.
29