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du siècle
Les paradoxes
de l’économie
informelle
À qui profitent les règles ?
Laurence Fontaine
et Florence Weber (dir.)
LES PARADOXES DE L’ÉCONOMIE INFORMELLE
Karthala sur internet: http://www.karthala.com
(paiement sécurisé)
Les paradoxes
de l’économie informelle
à qui profitent les règles ?
Éditions Karthala
22-24, boulevard Arago
75013 Paris
Remerciements
à qui profitent
les règles économiques ?
Faiblesse du concept
alena ledeneva*
2. chrystia Freeland, Sale of the Century : Russia’s Wild Ride from Commu
nism to Capitalism, londres, crown, 2000.
crÉer deS PontS entre leS diSciPlineS 25
Réseaux
(Structures rendant
possible
l’économie informelle
Sociologie
approche des réseaux)
liens interpersonnels
PRatiques institutions
(constitutives (régulation
de l’économie de l’économie informelle
informelle Science politique
Anthropologie sociale Structure)
individu) institutions informelles :
Stratégies clientélisme/patronage
de survie corruption
Mafia
9. note des traducteurs : le blat est défini par l’auteur comme « l’utilisa-
tion de réseaux personnels pour obtenir des biens ou des services pénuriques
ou pour contourner certaines procédures formelles », alena ledeneva, How
Russia Really Works. The Informal Practices That Shaped postSoviet Politics
and Business, ithaca et londres, cornell university Press, 2006, p. 1.
10. alena ledeneva, Russia’s Economy of Favours : Blat, Networking and
Informal Exchange, cambridge, cambridge university Press, 1998.
crÉer deS PontS entre leS diSciPlineS 29
Le formel et l’informel
Informel et in-formel
Continuum Conflit
Entre formel et informel Entre formel et informel
(normes) (accès)
règles A B
(informel i) « déformalisation
les institutions sont des règles formelles »
des « règles du jeu » façonnées « informalisation
à la fois par les règles formelles de l’économie formelle »
et les contraintes informelles
Joueurs C D
« institutionalisation informelle » (informel ii)
(« formalisation » des stratégies « institutions parasites »
informelles des joueurs ») « Pratiques in-formelles »
Hypothèses et conclusions
31. Hernando de Soto, The Other Path : The Invisible Revolution in the
Third World, londres, tauris, 1989.
crÉer deS PontS entre leS diSciPlineS 45
40. note des traducteurs : le guanxi est défini par l’auteur comme une pra-
tique qui « implique l’échange de cadeaux, de faveurs, de banquets, le déve-
loppement de relations personnelles, de réseaux de dépendance mutuelle et
la création d’obligations et de dettes », alena ledeneva, « Blat and Guanxi :
informal Practices in russia and china », Comparative Studies in Society and
History, vol. 50, n° 1, 2008, p. 120.
2
caroline duFy
5. caroline dufy, Le Troc dans le marché ; pour une sociologie des tran
sactions dans la Russie postsoviétique, Paris, l’Harmattan, 2008.
6. Gregory Grossman, « the Second economy of the uSSr », Problems
of communism, 26, 1977, p. 25-40.
7. Janos Kornaï, Socialisme et économie de la pénurie, Paris, economica,
1984.
8. John amrit Poser, « Monetary disruptions and the emergence of Barter
in FSu economies », Communist Economies and Economic Transformation,
vol. 10, n° 2, 1998, p. 157-177.
54 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
19. La réflexion sur le secteur informel ne fait pas partie des questionne-
ments traditionnels de la discipline économique. elle émerge dans les années
1960 dans le monde de l’expertise et des organisations internationales pour
qualifier les dysfonctionnements observés à l’occasion de la « modernisation
économique » en afrique. le terme décrit alors une nébuleuse très vague de
self-emploi, de micro-entreprises, et est associé la pauvreté et l’exclusion.
20. Bruno lautier, L’économie informelle dans le tiers monde, Paris, la
découverte, 1994.
58 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
21. l’enquête mentionnée ici, a fait l’objet d’une exposition plus détaillé
dans l’ouvrage de caroline dufy, Le Troc dans le marché..., op. cit.
22. Florence Weber, « transactions marchandes, échanges rituels, relations
personnelles. une ethnographie économique après le Grand Partage », Genèses,
vol. 41, 2000, p. 85-107.
entre criMinalitÉ et norMaliSation 59
« Moi, ce que j’ai fait, je suis allé dans le nord et je leur ai dit
[aux dirigeants de la filiale de Gazprom], j’avais même emmené
ma femme, je leur ai dit : “donnez-moi vos dettes [créances non
remboursées] et moi, je me charge de vous les faire payer !”
Je leur ai proposé, au lieu d’attendre que ces dettes se trans-
forment en argent, je leur ai dit “prenez un veksel23 en attendant
et puis vous, donnez-moi un papier comme quoi vous me donnez
leur dette”.
et puis je suis allé à Moscou parce qu’à cette époque là, il
fallait passer par Moscou. J’ai obtenu qu’on me fasse donner des
tubes [de la part de l’usine métallurgique], et je les ai changés en
tout un tas de trucs et ainsi de suite. c’est moi qui l’ai inventé ce
schéma ».
23. dans les années 1990 en russie, les veksels ont été des titres très
répandus et dotés de formes multiples. Veksels simples mais également transfé-
rables – ils prennent alors la forme de lettre de change – ils ont été utilisés dans
une période de manque de trésorerie et de liquidités par les entreprises. Émis
par des entreprises ou des administrations, certains veksels – ceux d’entreprises
très profitables ou d’envergure fédérale – ont pu être considérés pratiquement
comme de la monnaie, c’est le cas des veksels des grandes banques, comme
la Sberbank, d’autres au contraire sont difficiles à revendre et s’échangeaient
alors à des valeurs très en-deçà de leur valeur faciale.
60 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
24. dans les échanges internationaux, l’industrie russe s’est vue brusque-
ment favorisée par rapport à des concurrents étrangers handicapés par des
devises réévaluées.
25. Sophie Brana, Mathilde Mesnard et Yves Zlotowski, La Transition
monétaire russe ; avatars de la monnaie, crises de la finance 1990-2000, Paris,
l’Harmattan, 2002.
entre criMinalitÉ et norMaliSation 63
L’informel criminalisé
laurence Fontaine
10. il avait imposé à tous les membres de la famille des devoirs mutuels,
reconnaissant au mariage les caractères d’une institution divine et indis-
soluble et attribuant au père et à la mère des droits réciproques, des devoirs
communs et la même autorité sur les enfants. toutefois cette égalité était de
plus en plus considérée comme relevant du domaine spirituel et moral que du
domaine pratique : l’ascétisme chrétien qui exalte le célibat, la tradition qui
la place sous la tutelle des hommes et les représentations qui insistent sur sa
faiblesse physiologique et psychologique expliquent pourquoi, malgré l’égalité
proclamée, la femme n’a droit qu’à une capacité juridique limitée, cf. Guido
rossi, « Statut juridique de la femme dans l’histoire du droit italien. Époque
médiévale et moderne », La Femme, Recueils de la société Jean Bodin, op. cit.,
p. 115-134.
11. Guido rossi, « Statut juridique de la femme... » art. cit., p. 117.
leS FeMMeS et l’ÉconoMie inForMelle 77
mariage ses biens à des trustees (le plus souvent des profession-
nels) par l’entremise desquels elle jouit ou dispose librement de
ses biens par vente, don, legs ou autrement. la cour de chan-
cellerie impose en outre aux maris récalcitrants les fameux
Settelments qui assurent au moins à la femme, sa vie durant,
l’équivalent d’un douaire et des revenus conformes à sa situa-
tion sociale. Pour les biens qui lui sont ainsi réservés, la femme
mariée a la capacité d’une femme célibataire12.
ces évolutions du droit des femmes mariées répondent à l’af-
firmation de plus en plus tranchée de leur rôle privé. Mais si
elles renforcent la tutelle des maris, paradoxalement elles leur
ouvrent des espaces de liberté en réorientant leurs rôles écono-
miques. de fait, la grande tâche des femmes est de trouver
moyen de faire coïncider des revenus irréguliers et des besoins
alimentaires quotidiens. Pour pouvoir assurer ce rôle, dans
plusieurs coutumes importantes, comme en Belgique, la femme
est expressément autorisée à s’obliger et à contracter pour tout
ce qui concerne les besoins du ménage, comme pour boire,
manger, se vêtir etc. et, au xviie siècle, il semble que si la règle
n’est pas énoncée, elle est admise13. dans les Pays-Bas septen-
trionaux, la femme mariée a de même le droit de contracter et de
faire des dettes pour les besoins du ménage indépendamment de
la tutelle de son mari14.
la grande question de la capacité de négociation des femmes
dans la famille et le couple, leur bargaining power, si cruciale
dans la réflexion contemporaine sur le développement15 est diffi-
cile à aborder car les documents d’histoire ne livrent guère de
renseignements. connaître les droits qu’elles ont sur les revenus
des pères et comment s’assemblent et se distribuent les revenus
au sein de la famille est très difficile à documenter pour l’époque
moderne. Quelques lettres d’épouses de la noblesse toulousaine
témoignent de l’attitude ambiguë des femmes sur les dépenses
16. cité par robert Forster, The Nobility of Toulouse in the Eighteenth
Century : A Social and Economic Study, new York, octagon Books, 1971,
p. 140.
17. Melanie tebbutt, Making ends meet. Pawnbroking and working class
credit, london, Methuen, 1984, p. 37-38, 66-67 et voir le chapitre 4.
18. Pierre Petot, « le statut de la femme... » art. cit., p. 251.
leS FeMMeS et l’ÉconoMie inForMelle 79
26. Jan Willem Bosch, « le statut de la femme... », art. cit., p. 347. Merry
e. Wiesner, Working Women in Renaissance Germany, new Brunswick-new
Jersey, 1986, p. 18 sq.
27. claudia opitz, « contraintes et libertés (1250-1500) », op. cit., p. 316.
en 1566 à Strasbourg, les compagnons qui travaillaient dans un atelier de cein-
ture se sont appuyés sur les règlements corporatifs suivant lesquels on ne devait
pas les obliger à travailler aux côtés d’une femme pour se débarrasser de la
concurrence des deux filles de l’employeur et, devant l’insistance du maître à
les faire travailler, toute la corporation a cessé le travail et l’affaire fut portée
devant le collège des villes de la diète d’augsbourg et le maître a dû céder
et ses filles cesser de travailler (Claudia Opitz, « Contraintes et libertés (1250-
1500) », op. cit., p. 317).
82 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
veut pas dire que les femmes ne travaillent plus dans l’artisanat,
mais qu’elles sont repoussées dans l’informel, le travail à domi-
cile, et dans les emplois subalternes28.
le commerce n’est pas exempt non plus de ces législations
restrictives sur l’activité des femmes : elles visent à les cantonner
dans la vente au détail29. en accord avec leur rôle de plus en plus
confiné au foyer, les femmes sont rejetées dans les secteurs de la
petite distribution des denrées alimentaires et dans celui des
services30. les femmes de la campagne qui s’occupent du pou-
lailler et des produits laitiers ont toutefois le droit de les vendre
au marché, soit directement, soit par l’intermédiaire de domesti-
ques, partout d’ailleurs en europe. Mais elles ne sont pas les
seules à entrer dans ces marchés : elles subissent la concurrence
des maraîchers et des jardiniers et elles doivent affronter l’armée
des colporteurs qui font commerce de tout ce qu’ils peuvent : du
panier de fruit aux restes de viande, même si ceux-là aussi sont
en majorité des femmes. l’analyse des infractions montre que
les femmes ne respectent pas les interdits et mêlent couramment
produits autorisés et produits interdits, jouant ainsi des espaces
et des clientèles et effaçant toujours plus la frontière entre le
formel et l’informel31. avec le démantèlement des structures
corporatives et des réglementations marchandes, on aurait pu
s’attendre à une entrée massive des femmes dans le commerce
alimentaire ; mais il n’en a rien été.
le troisième partage est une conséquence du départ des
hommes, que ce soit pour aller faire la guerre ou pour aller
gagner leur vie. il donne aux femmes pendant le temps de l’ab-
sence une autonomie de fait. chez les marins comme chez les
colporteurs, les longues absences des maris et leur haute morta-
32. Margaret Hunt, « Women, credit and the seafaring community in early
eighteenth-century », présenté à la session c 59 du 12e congrès international
d’histoire économique, Séville 1998, les femmes et les pratiques du crédit
(xviie-xixe siècles), coordonnée par M. Berg, l. Fontaine, c. Muldrew.
33. craig Muldrew and Steven King, « cash, Wages and the economy
of Makeshifts in england, 1650-1800 » in Experiencing Wages. Social and
Cultural aspects of Wage forms in Europe since 1500, Peter Scholliers and
leonard Schwartz (eds.), Berghahn, nY and oxford, 2004, p. 154-179
(172-173). Qui citent Hutton Court of Request p. 42 et donnent une estimation
des dettes désespérées qui sont abandonnées.
34. Merry e. Wiesner, « Paltry Peddlers or essential Merchants... » art. cit.,
p. 3-13.
84 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
35. les listes d’habitants enregistrent des veuves avec une fréquence qui
font d’elles un véritable groupe social. Jean-claude Perrot le note pour caen au
xviiie siècle, Genèse d’une ville moderne..., op. cit., p. 245.
leS FeMMeS et l’ÉconoMie inForMelle 85
36. Beverly lemire, « Petty Pawns and informal lending : Gender and
the transformation of Small-Scale credit in england, circa 1600-1800, » in
From Family Firms to Corporate Capitalism : Essay in Business and Indus
trial History in Honour of Peter Mathias, Kristine Bruland et Patrick o’Brien
(éds.,), clarendon Press, oxford, 1998, p. 112-138 ; William chester Jordan,
Women and Credit in PreIndustrial and Developing Societies, Philadelphia,
university of Pennsylvania Press, 1993, p. 93.
86 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
39. louis Sébastien Mercier, Tableau de Paris, édition établie sous la direc-
tion de Jean-claude Bonnet, 2 tomes, Mercure de France, Paris, 1994 [édition
originale publiée entre 1781 et 1789], t. 1, chap. clXVi, p. 392.
88 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
Le colportage
voix composée : “Mes amies, vous voyez que je ne suis pas plus
riche que vous ; voilà mes meubles, voilà le lit où je couche quand
je viens à Paris ; je vous donne mon argent sur votre conscience
et religion ; car je n’ai de vous aucune signature, vous le savez, je
ne puis rien réclamer en justice. Je suis utile à votre commerce ;
et quand je vous prodigue ma confiance, je dois avoir ma sûreté.
Soyez donc toutes ici solidaires l’une pour l’autre, et jurez devant
ce crucifix, l’image de notre divin Sauveur, que vous ne me ferez
aucun tort, et que vous me rendrez fidèlement ce que je vais vous
confier”.
toutes les poissardes et fruitières lèvent la main, et jurent
d’étrangler celle qui ne serait pas fidèle au paiement : des serments
épouvantables se mêlent à de longs signes de croix. alors l’adroit
sycophante prend les noms, et distribue à chacune un écu de six
livres, en leur disant : “Je ne gagne pas ce que vous gagnez, il
s’en faut”. la cohue se dissipe, et l’anthropophage reste seul avec
deux émissaires dont il règle les comptes et paie les gages »50.
50. louis Sébastien Mercier, Tableau de Paris, op. cit., t. 1, chap. ccXiX,
Prêteurs à la petite semaine, p. 548-551.
92 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
isabelle Guérin
9. Pour une analyse plus détaillée des trois secteurs, nous nous permet-
tons de renvoyer le lecteur à d’autres publications, en particulier celles regrou-
pées dans Breman et al. (eds) India’s Unfree Workforce, op. cit.
traVail illÉGal et SerVitude en inde du Sud 97
les trois secteurs ont été choisis pour deux raisons princi-
pales. tout d’abord, ils ont pour point commun d’être des sec-
teurs d’activité stratégique, soit en matière d’emploi (briquete-
ries), soit car ils concernent des denrées considérées comme
prioritaires par l’État indien (sucre et riz). ensuite ils illustrent
une diversité de cas de figures : le moulage de briques et la coupe
de canne sont typiques de formes de « néo-servitude », caracté-
risée par une relative liberté et motivée surtout par des facteurs
économiques, tandis que le séchage du riz s’apparente davan-
tage à des formes « traditionnelles » de servitude, combinant coer-
cition, enfermement et paternalisme.
12. Jan Breman, Footloose Labour : Working in the Indian Informal Eco
nomy, cambridge, cambridge university Press, 1996.
traVail illÉGal et SerVitude en inde du Sud 99
recrutement est souvent basé sur une avance initiale, mais la fai-
blesse des rémunérations oblige les travailleurs à réclamer régu-
lièrement de nouvelles avances, l’endettement total devenant
rapidement impossible à rembourser et atteignant plusieurs
années de salaire. nous nous somme focalisé ici sur les rizeries
de la banlieue de chennai (district de tiruvallur, qui compte
200 à 300 unités de séchage manuelles, embauchant environ
10 000 travailleurs). cette zone semble être la seule de l’État du
tamil nadu où les employeurs aient recours à la servitude
comme mode de gestion de la main-d’œuvre.
Conclusion
23. Breman, 2007, op. cit. Srivastava r. op. cit. Harriss-White B. 2006,
« Poverty and capitalism », Economic and Political Weekly, Xli (5), pp. 379-
382.
traVail illÉGal et SerVitude en inde du Sud 111
anneXe
2. alain Morice, « Quand la lutte contre l’emploi illégal cache les progrès
de la précarité légale », in didier Fassin, alain Morice et catherine Quiminal
(dir.), Les lois de l’inhospitalité. Les politiques de l’immigration à l’épreuve
des sanspapiers, Paris, la découverte, 1997, p. 177-196.
116 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
3. toutes les entreprises ainsi que les individus mentionnés dans cet essai
ont été anonymisés.
l’eXternaliSation deS illÉGalitÉS 117
4. en 1884, dans son arrêt Payne v. Western & Atlantic Railroad Corpo
ration, la cour Suprême du tennessee a formulé cette règle en des termes
devenus classiques : « All may dismiss their employees, be they many or few,
for good cause, for no cause, or even for cause morally wrong, without thereby
being guilty of legal wrong ». cf. andrew P. Morriss, « exploding Myths : an
empirical and economic reassessment of the rise of employment-at-Will »,
Missouri Law Review, n° 59, 1994, p. 679-771.
5. david autor, « outsourcing at will : the contribution of unjust
dismissal doctrine to the growth of employment outsourcing », Journal of
Labor Economics, vol. 21, 2003, p. 1-42.
118 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
12. Pour une perspective historique sur la définition légale de l’« employee »
aux États-unis, voir Jean-christian Vinel, « the old Has Been dying and the
new is Yet to Be Born : a Short note on the History of the employee », Labor
History, vol. 48, n° 2, 2007, p. 195-208.
l’eXternaliSation deS illÉGalitÉS 121
13. nous faisons référence ici au code du travail en vigueur jusqu’en mai
2008.
14. l’article l. 124-4-5 du code du travail range sans ambiguïté cette
« loi » du côté de l’illégalité : l’« indemnisation en cas d’arrêt de travail occa-
sionné par les intempéries (...) doit être versée par l’entrepreneur de travail
temporaire et n’est soumise à aucune condition d’ancienneté du salarié ».
l’eXternaliSation deS illÉGalitÉS 123
nois, vous comparez avec [les agences] auxquelles vous avez donné
des licences, et pour toutes celles qui n’ont pas de licences, vous
creusez !”. “Je n’ai pas les effectifs pour faire ça”. alors moi j’ai dit :
bon, et si moi, je vous donne tous les noms ? “Je n’ai pas les effectifs
pour ça non plus”. c’est ça le genre de conversation qu’on a ! ce
serait si simple pour un fonctionnaire de simplement comparer : qui
a une licence, qui n’en a pas, en se basant sur les pages jaunes. et ils
n’ont pas les effectifs pour ça à ce stade. »
Informalisation de la fidélité
19. la démarche est analogue, même si elle est moins lucrative, à celle
de ces traders qui quittent (ou menacent de quitter) leur employeur en empor-
tant les actifs qu’ils gèrent et en monnayant ceux-ci (et non pas seulement leur
force de travail). Voir Olivier Godechot, « Hold-up en finance. Les conditions
de possibilité des bonus élevés dans l’industrie financière », Revue française de
sociologie, vol. 47, n° 2, 2006, p. 341-371.
20. alain Morice, Recherches sur le paternalisme et le clientélisme
contemporains : méthodes et interprétations. Mémoire pour l’habilitation à
diriger des recherches, Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales,
1999.
l’eXternaliSation deS illÉGalitÉS 131
Encadré 5
« J’ai fait un truc à trois vitesses »
– Voilà. disons que j’ai fait un truc à trois vitesses. J’ai fait
les salariés stables. Puis les intérims qui sont stables mais qui ne
veulent pas, officiellement, être embauchés, mais qui sont tout le
temps chez moi, mais à ce moment-là je leur ai fait ce statut-là de
gestion ; bon, intérimaire, mais de gestion. et puis... t’as besoin aussi
de sociétés qui font du recrutement, qui passent des annonces, des
machins, et j’ai conservé deux, voire trois sociétés d’intérim qui font
un boulot classique. et donc qui sont aussi des sociétés où il y a un
grand groupe, où il y a des dirigeants importants, il y a des patrons
d’agence, il y a des commerciaux, il y a tout un statut qui font qu’ils
ont des frais supérieurs. »
21. ceux qu’en France on appelle les « intérimaires permanents » sont donc
l’équivalent des « regular temps », puisque la catégorie française n’implique pas
l’unicité de l’employeur final.
22. les quatre catégories ont été construites pour l’enquête américaine
mais possèdent une validité sur les deux terrains.
23. Ils illustrent aussi la difficulté méthodologique d’aborder toute la réalité
de l’intérim à partir des seules agences. une enquête centrée sur les agences
l’eXternaliSation deS illÉGalitÉS 133
Encadré 6
Filiberto, « journalier fictif »
dans une usine de polystyrène à Chicago
laisserait penser que ces intérimaires sont tournants, instables, alors que c’est
tout le contraire.
24. certains travailleurs autorisés sont recrutés par l’intermédiaire d’une
agence de travail journalier, mais ils sont rapidement embauchés ensuite, si
bien qu’ils forment toujours, à un moment donné, une minorité d’intérimaires.
134 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
25. ce refus de l’intérim n’est évidemment pas sans lien avec la parfaite
connaissance du statut illégal dudit salarié. on pourrait le formuler ainsi : à
partir d’une certaine position dans l’échelle hiérarchique d’une entreprise, le
recours à l’agence ne peut plus servir d’assurance contre le risque légal.
Figure 1. Deux modèles de segmentation interne du marché du travail 136
Marché primaire
↑ = travailleurs autorisés ↑ ↑
travailleurs autorisés
Marché secondaire
↑
↑ = travailleurs non-autorisés ↑
travailleurs non-autorisés
leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
SeGMentation SÉGrÉGuÉe
SeGMentation iMBriQuÉe
l’eXternaliSation deS illÉGalitÉS 137
Conclusion
De la complémentarité entre
secteur formel et secteur informel
Le cas des caissières au Vietnam
Sophie bernard
Conclusion
laura hansen *
10. en outre, le délit d’initié est l’une des violations les plus fréquentes
des lois fédérales américaines, stimulant l’imagination du public au point de
devenir le ressort de l’intrigue dans le film d’Oliver Stone de 1987, Wall Street
(Bainbridge, 1999).
11. Mitchel Y. Abolafia, Making Markets : Opportunism and Restraint on
Wall Street, cambridge, Harvard university Press, 2001.
166 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
1979 1 531
1980 1 558
1981 2 328
1982 2 299
1983 2 395
1984 3 176
1985 3 490
1986 4 471
Résultats
l’une des idées avancées dans cette recherche est que, quand
la réglementation est plus libérale, comme lors des phases de
déréglementation, il y a une augmentation du nombre des délits
d’initié. certains éléments confortent la théorie qu’une législa-
tion sur les marchés plus stricte entraîne moins de déviance. la
consultation des rapports annuels de la Sec montre que, dans
les années de déréglementation, sous l’administration reagan
(avant 1987), il y eut de moins en moins d’enquêtes de la Sec.
cependant, il y avait bien plus d’inculpations au sein de ces
enquêtes.
Identifier le mystérieux catalyseur du changement intervenu
en 1982 dans les modalités d’inculpation dépasse le cadre de
notre recherche, qui ne concerne que des personnes arrêtées en
1986 et 1987. De ce fait, il est difficile d’interroger les instances
de régulation fédérale, dans ce cas la Sec, sur le bon fonctionne-
ment ou non de la réglementation. la réponse est fonction, en
partie, de l’idéologie politique. l’autre problème, c’est le côté
réactif de la réglementation, qui est exploré plus en détail au
paragraphe suivant. on demandait à la personne interviewée si
elle croyait que la réglementation avait l’effet escompté sur les
fraudes en bourse et sur les délits d’initié, en gardant à l’esprit
que sa réponse pouvait être biaisée par son affiliation politique.
les réponses étaient d’une candeur inattendue.
les personnes interrogées pensaient qu’il y avait une forte
corrélation entre les délits d’initié et l’augmentation des fusions-
acquisitions (journal de terrain, juin 2003). Si c’était le cas, alors
il devrait y avoir une relation entre réglementation, enquêtes, et
activités de fusions-acquisitions. or, il est clair qu’il n’y a pas
de corrélation apparente entre le nombre des fusions-acquisi-
tions entre 1979 et 1986 et le nombre des enquêtes de la Sec
durant la même période31.
viewée a attaqué cette idée, quand elle a fait valoir que les
professionnels du secteur ne considéraient pas le délit d’initié
comme mauvais en soi, comparé à la grande délinquance en col
blanc comme les escroqueries (entretien par téléphone, Was-
hington d.c., juillet 2003). M. carberry (entretien, new York,
juin 2003) précise, pour sa part : « ne vous méprenez pas sur
mes paroles – le délit d’initié peut être assez odieux ». cepen-
dant, le crime fait l’objet de poursuites comme malum prohi
bitum35. M. carberry remarquait, dans le même entretien, que
« ce ne sont pas les dix commandements ; les gens font ça [des
malversations financières] depuis des siècles ». La clé, c’est de
poursuivre ces gens sur qui les autorités ont de l’information.
les interviewés étaient tous d’accord pour dire qu’il y avait
deux sortes de délits d’initié. il y a les délits d’initié dans les
périodes où se multiplient les « mauvaises nouvelles », comme
mentionné plus haut, par exemple dans la dernière décennie.
dans les années 1980, à Wall Street, il s’agissait plutôt de délits
d’initié basés sur des « bonnes nouvelles », comme les fusions-
acquisitions. Bien sûr, la nouvelle d’une fusion-acquisition n’est
pas perçue par tous comme une « bonne nouvelle », dans la
mesure où un certain nombre d’employés qui font doublon sont
souvent mis à la porte. Mais pour les investisseurs, les effets sur
la valeur des cours peuvent être positifs, autant pour l’entreprise
cible que pour l’entreprise prédatrice.
d’une manière ou d’une autre, qu’il soit basé sur de « bonnes »
ou de « mauvaises » nouvelles, le délit d’initié survient quand
des personnes tirent profit d’informations qui n’ont pas encore
été rendues publiques. Pour certains, la perte de statut liée à
une enquête, une inculpation et, parfois, une incarcération, n’est,
manifestement, pas toujours dissuasive36. un interviewé, du
bureau du procureur fédéral, considérait que le délit d’initié,
crime apparemment sans victime, était plus abstrait que la spécu-
lation boursière de type « bouilloire »37 (entretien, new York,
35. en droit, malum prohibitum désigne un acte qui est illégal parce qu’il
a été déclaré comme tel, par opposition à malum in se, acte répréhensible en
tant que tel, qui commet un mal intrinsèque (ndt).
36. Michael l. Benson, « emotions and adjudication : status degradation
among white- collar criminals », Justice Quarterly, vol. 7, 1990, p. 515-27.
37. la spéculation boursière dite de la « bouilloire » (boiler room), où les
stratégies de ventes forcées d’actifs douteux et d’autres investissements consti-
176 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
38. James B. Stewart, Den of Thieves, new York, Simon and Schuster,
1992.
39. une fraude « électronique » (wire fraud) est une fraude dans laquelle
il est fait usage de moyens de télécommunications, quel qu’il soit. dans la loi
américaine, c’est un facteur aggravant pour la peine, en particulier si la victime
est une institution financière. Il faut cependant qu’il soit fait usage d’infras-
tructures de communication entre plusieurs États. http ://en.wikipedia.org/wiki/
Wire_fraud (ndt).
40. dans l’affaire levine, l’usage que celui-ci avait de comptes off shore
n’était pas inhabituel, mais sa méthode consistant à recourir à une société écran
était une aberration. la dénonciation pour ce motif, auprès de la Sec, par un
employé de la Merrill lynch, et les transactions bancaires bizarres de levine
aux Bahamas, étaient inhabituelles.
178 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
43. ivan Boesky, Michael Milken et dennis levine étaient les coupables
clés des affaires de délit d’initié dans les années 1980.
ceuX Qui SaPent l’ÉdiFice Social 181
Conclusion
47. laura l. Hansen, 2009. « corporate crime : social diagnosis and treat-
ment. », art. cit.
48. Saskia Sassen, « the embeddedness of electronic markets... », art. cit.
8
Du don à la transaction :
le cas des personnes sans abri
claudia Girola
Corps et identité
Commerce de liens
Personnalisation et autonomie,
le dilemme d’une économie morale
7. les personnes sans abri rencontrées ont connu le travail surtout ouvrier
de façon prolongée (soudeurs, ajusteurs, opérateurs...).
8. certaines personnes, conscientes qu’elles ne répondent pas aux règles
du droit du travail, peuvent qualifier ces travaux de « travail au noir ». Pour-
tant, c’est moins les bénéfices que procure le non-paiement des charges qui
sont valorisés chez ces personnes que le geste de faire l’activité et la rela-
tion non contractuelle avec un tiers. cette dernière relation permet de refuser
l’offre et éventuellement de négocier. Bien entendu, toute cette situation ouvre
la possibilité de la réactualisation des relations hiérarchiques auxquelles préci-
sément les personnes veulent échapper, jusqu’aux dérives vers des abus et des
relations d’exploitation de la part de ceux qui proposent le travail (Jean-Fran-
çois laé et numa Murard, L’argent des pauvres : la vie quotidienne en cité de
transit, Paris, Éditions du Seuil, 1985).
200 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
*
* *
10.« n’y a-t-il pas des transactions marchandes qui (...) inaugurent des rela-
tions nouvelles ? » s’interroge Florence Weber, dans « transactions marchandes,
échanges rituels, relations personnelles. une ethnographie économique après le
Grand Partage », Genèses, 41, 2000, p. 105.
204 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
Le point de vue
des praticiens français
Table ronde du 17 septembre 2007
1. Par un décret du 18 avril 2008, soit quelques mois après cette table ronde,
la dilti a disparu, remplacée par la délégation nationale à la lutte contre la
fraude.
208 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
Thierry Priestley
Thomas Wanecq
dépanner comme ça, 2 000, 3 000 euros c’est quelque chose qui
est bien vécu et les gens ne pensent même pas à mal, ils ne
pensent pas que la sécurité sociale souffre dans cette affaire.
Souvent, les campagnes de pub contre le travail illégal se font
sur le thème : « Vous vous faites avoir, vous nuisez à votre
protection sociale, le travailleur n’est pas protégé. » Mais dans
un certain nombre de cas – de plus en plus nombreux je crois –
les employeurs et les salariés se mettent d’accord pour déclarer
des horaires a minima, pour déclarer des mi-temps, pour déclarer
quelque chose de suffisant pour que le salarié ait une protection
sociale, quelque chose qui ne correspondra pas du tout à l’acti-
vité qui devrait être déclarée et qui devrait donner lieu à un paie-
ment de cotisations sociales.
Je voudrais revenir sur la question de la perception des diffé-
rents acteurs, notamment de la sécurité sociale et de l’inspection
du travail. côté sécurité sociale, on l’a dit, vous avez aujourd’hui
des inspecteurs du recouvrement qui font de la lutte contre le
travail illégal, qui font de plus en plus de redressements avec – il
faut quand même le signaler – des taux de recouvrement très
faibles, vous condamnez une entreprise pour travail illégal, elle
fait faillite tout de suite, elle disparaît, l’effet de votre condam-
nation est assez symbolique. Mais la perception est un peu diffé-
rente du côté de l’inspection du travail. très jalouse de son indé-
pendance, elle éprouve parfois des réticences à concentrer son
activité sur les travailleurs non déclarés, les fameux « sans-pa-
piers ». les inspecteurs du travail savent que la procédure va
aboutir à un renvoi du clandestin dans son pays de départ et
certains se demandent si c’est bien là leur rôle les choses en fait
dépendent de la perception que chacun a du phénomène qu’il est
censé combattre.
en revanche, c’est vrai que quand vous allez rencontrer des
préfets dans les départements les plus sinistrés, dans les départe-
ments où la précarité, le chômage sont omniprésents, où la vie
est plus difficile, les représentants de l’État vous tiennent des
discours que vous devez prendre en compte. il m’est arrivé d’en-
tendre un préfet me dire : « Moi le travail illégal, je comprends
très bien qu’on fasse des missions, des rapports et que tout ça
nécessite des plans nationaux. Maintenant, moi je suis dans un
département, une ville où vous avez entre 20 et 25% de chômage.
Si c’est la seule façon pour certains de continuer à vivre... moi je
ne mettrai pas en péril la paix sociale, et le fait que les gens arri-
le Point de Vue deS PraticienS FranÇaiS 221
Julien Bayou
Thierry Priestley
Le travail au noir,
une fraude parfois vitale ?
Florence Weber
depuis les années 1980, je travaille sur les modes de vie des
classes populaires en France, qui étaient à ce moment-là large-
ment composées de salariés stables de la grande industrie1. Je
les ai étudiées à partir d’un terrain particulier, la région de Mont-
bard en Bourgogne, à la fois rurale et industrielle, où une grande
usine sidérurgique, dépendant du groupe Vallourec, détenait le
quasi-monopole de l’emploi masculin. il y avait un très fort
chômage féminin et les ouvriers hommes développaient en
marge de leur travail salarié des pratiques économiques non offi-
cielles d’une très grande variété, qui leur permettaient de vivre
mieux qu’ils n’auraient vécu sans elles.
Puis, dans les années 1990, autour de ces activités non offi-
cielles – pas franchement illégales mais qui constituaient une
espèce de zone grise largement tolérée –, j’ai assisté à un renfor-
cement des contrôles liés à l’augmentation du chômage, à l’ap-
parition des préretraites (les préretraites étaient légalement assi-
milées à du chômage). les administrations sociales ont donc fait
la chasse au cumul et aux activités non officielles au moment de
la préretraite, la tolérance antérieure a disparu, on a commencé à
parler de travail au noir pour ces activités. c’est aussi le moment
ne va pas bien. il fonctionne sur des principes qui ont été mis en
place à la fin de la dernière guerre mondiale, que l’on a beau-
coup ravaudés dans les dernières décennies et sur lesquels, me
semble-t-il, il est urgent de réfléchir aujourd’hui pour restaurer
une confiance envers l’État. Travailler au noir ou faire travailler
au noir, c’est ne pas déclarer certaines activités, certaines heures
de travail ou certains salariés, c’est manifester de la méfiance
envers l’État. Restaurer cette confiance envers l’État, c’est aussi
restaurer une forme de justice sociale. c’est la conclusion vers
laquelle je m’acheminerai.
au fait que vous êtes vous-même salarié. Mais ces droits sociaux
s’appliquent également à vos ayants droit, c’est-à-dire aux
membres de votre ménage. une partie des problèmes actuels
vient des difficultés d’articulation entre les droits sociaux qui
découlent de mon travail en tant qu’individu et ceux qui résul-
tent du fait que je vis dans un ménage et que dans ce ménage, il
y a autour de moi des parents, conjoint, concubin, etc., qui ont
des droits sociaux liés à leur emploi, et par rapport auxquels je
suis moi-même un ayant droit.
le troisième code concerné par le travail au noir, celui qui a
été mis en avant le plus nettement par ceux qui ont lutté contre
le travail au noir ces quinze dernières années, c’est le droit du
travail. Si vous travaillez au noir, cela veut dire que votre
employeur – un employeur qui peut être vous-même si vous êtes
un artisan ou un commerçant – ne respecte pas le droit du travail.
derrière ces questions de droit du travail, il n’y a pas seulement
des questions d’embauche et de droits sociaux. il y a aussi des
questions de conditions de travail. Quand on a un employé au
noir, il n’est pas couvert par les assurances, on ne fait pas forcé-
ment attention aux conditions dans lesquelles il travaille. les
secteurs dans lesquels il y a le plus de travail au noir sont des
secteurs dans lesquels les lois minimales autour du droit du
travail ne sont pas respectées. cette fois-ci, du côté du droit du
travail, la question se pose uniquement en termes de droits indi-
viduels, c’est-à-dire de droits du travailleur comme individu, et
non plus comme ménage.
le quatrième code auquel contrevient le travail au noir, c’est
le droit de la résidence, c’est-à-dire le droit des migrations inter-
nationales. il s’agit là de la grande question des migrants sans
papiers, en particulier des travailleurs migrants sans papiers.
c’est-à-dire non seulement de ceux qui migrent sans le titre de
résidence qui leur permettrait de trouver un emploi, mais aussi
des migrants qui ont un emploi, voire qui sont venus pour cet
emploi – c’est tout spécialement vrai dans le travail saisonnier –
tout en contrevenant au droit des migrations. on a vu, dans le
cas de l’économie criminelle, que le statut du produit entraînait
automatiquement la dissimulation du travail. ici, c’est le statut
du travailleur qui entraîne automatiquement, ou presque, la dis-
simulation du travail. Sans s’attarder sur ce phénomène, qui jus-
tifierait un débat à lui seul, on peut replacer la question actuelle
des migrants sans papiers dans l’histoire de l’immigration en
230 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
5. Marcel Mauss, Essai sur le don, nouvelle édition, Paris, PuF, collec-
tion Quadrige/Grands textes, 2007, avec une Préface de Florence Weber.
242 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
est que l’on ait attendu trop longtemps et que même les mieux
protégés soient devenus suffisamment fragiles pour n’avoir plus
envie de partager avec les moins protégés.
Bibliographie générale
Résumé
Résumé
Résumé
which gave rise to change between the 16th and 18th century (the
woman’s life cycle ; the development of the market and the
migration of men). in a second part, we shall examine the role
played by women as petty traders and financial brokers in Paris
in the eighteenth century because only such a micro-study allows
us to pick up the trail of women who were active in pawn-bro-
king and second-hand markets. We shall follow some of those
women which were at the heart of this micro-economy. and we
shall show that whatever the scope of their business, they also
worked together. they represented one of the links in the busi-
ness of finance and retail which was a driving force in the urban
economy, whereby money, goods and clothes changed hands in
a long chain of informal intermediaries. to conclude, we shall
ask if those experiences which trapped women in the grey
economy produced specific economic cultures.
Résumé
Résumé
Résumé
Résumé
Résumé
Résumé
Résumé
Noël BaRBe
ethnologue, chercheur au laboratoire d’anthropologie et
d’Histoire sur l’institution de la culture (Paris) et conseiller
pour l’ethnologie à la direction régionale des affaires cultu-
relles de Franche-comté.
Sophie BeRnaRd
Sociologue, maître de conférences à l’université Paris-dau-
phine, chercheure à l’institut de recherche interdisciplinaire
en Sciences Sociales (cnrS-Paris-dauphine).
Sébastien Chauvin
Sociologue, assistant professor à l’université d’amsterdam,
chercheur à l’institute for Migration and ethnic Studies et au
centre Maurice Halbwachs (cnrS-eHeSS-enS).
Caroline dufy
Sociologue, maître de conférences à l’institut d’études politi-
ques de Bordeaux, chercheure au laboratoire Science poli-
tique relations internationales territoires (cnrS-université
de Bordeaux-Science Po Bordeaux).
Laurence fontaine
Historienne, directrice de recherche au cnrS, rattachée au
centre Maurice Halbwachs (cnrS-eHeSS-enS) et ancienne
professeure à l’institut universitaire européen de Florence
(1995-2003).
274 leS ParadoXeS de l’ÉconoMie inForMelle
Claudia GiRola
docteure en anthropologie, maître de conférences en socio-
logie à l’université Paris 7 denis diderot, chercheure au
centre de Sociologie des Pratiques et des représentations
Politiques.
Isabelle GuéRin
Économiste, chargée de recherche à l’institut de recherche
pour le développement (laboratoire Population environne-
ment développement/université de Provence), responsable
du programme de recherche « Travail, finances et dynami-
ques sociales » de l’institut Français de Pondichéry et du pro-
gramme « Rural Employment and Microfinance : do Process
Matter ? » financé par l’Agence Nationale de la Recherche.
Laura hansen
Sociologue, assistant professor à l’université du Massachus-
sets à Boston.
Nicolas Jounin
Sociologue, maître de conférences à l’université Paris 8
Saint-denis et chercheur à l’unité de recherches Migrations
et Sociétés (ird-université Paris 7 denis diderot-université
nice-Sophia antipolis).
Alena ledeneva
Sociologue, professeure à la School of Slavonic and east
european Studies de l’university college london.
Florence WeBeR
Sociologue et anthropologue, professeure à l’École normale
supérieure (Paris), chercheure au centre Maurice Halbwachs
(cnrS-eHeSS-enS).
Table des matières
Remerciements ................................................................ 5
ISBN : 978-2-8111-0417-7