1. INTRODUCTION
ELEMENTS FINIS
δLi Fi
Fi δLi
δθi
Mi
.
f ( [σ], [ε], [ε], t, S ) Mi
δθi
ANALYS LE
E MICROSTRUCTURA
1
De plus, la microstructure des matériaux étant fondamentalement hétérogène,
il est le plus souvent indispensable de prendre en compte, dans la loi de
comportement, les mécanismes de déformation et/ou d'endommagement qui
contrôlent la réponse mécanique (par exemple pour les polymères : mouvements
macromoléculaires locaux, désenchevêtrement des chaînes, glissement et
fragmentation des cristallites, bandes de cisaillement, cavitation, craquelure).
Ces impératifs s'avèrent très exigeants dans beaucoup d'applications des
polymères, eu égard à la complexité des microstructures et à la coopérativité des
mécanismes de déformation à des échelles multiples. C'est pourquoi la réalisation
des essais mécaniques pose tant de problèmes. On souhaiterait que l'éprouvette soit
une structure simple se déformant de manière homogène et bien contrôlée, avec un
minimum d'endommagement sous l'effet d'une sollicitation monotone. Nous verrons
dans ce chapitre qu'il n'en est rien. La conception d'un essai mécanique est un
objectif complexe qui ne peut conduire à des résultats fiables que si : i) la géométrie
de l'éprouvette et son mode de sollicitation favorisent une réponse simple, ii) les
mécanismes de déformation actifs sont connus, iii) les mesures de contrainte et de
déformation sont contrôlés à une échelle pertinente.
2. METHODOLOGIE EXPERIMENTALE
Longtemps, les ingénieurs ont réalisé des essais mécaniques avec le seul le
souci de reproduire, dans leur protocole expérimental, les conditions de sollicitations
auxquelles les pièces à fabriquer avec le matériau étaient sensées subir en service. Il
en résultait un nombre incalculable de tests ad hoc s'appuyant sur des normes
disparates, souvent propres à une compagnie ou à un secteur professionnel
(automobile, aéronautique, etc.). Il en résultait un coût important des campagnes
d'essais et une quasi-impossibilité de transposer les résultats à une autre application.
Progressivement, on a cherché à diminuer le nombre de tests, à définir des
méthodes aussi simples que possibles et, surtout à exploiter ces expériences de telle
façon que l'on puisse en déduire des lois de comportements intrinsèques du
matériau, et non plus seulement des valeurs caractéristiques ne permettant que des
classements sommaires.
2
Cl
CH
Cl CH2H2
C Cl
CH CH2 CH CH H2
Cl C CH Cl
CH2 Cl H C
HC 2 CH
H2C Cl
CH2 Cl CH
H2C CH
Cl Polymère(s) de base
Etirage CH
CH2
Cl
CH Cl
CH Cl
Cl C H2
H2 H2C CH
C
H2C CH CH
Cl Cl
Vieillissement
Adjuvants
Traitement T °C
thermique
Charges
et fibres
Comme nous l'avons signalé plus haut, les tests "maison" cèdent
progressivement la place à des tests fondamentaux correspondant à des modes de
sollicitation simples, ou supposés tels.
Outils
parallèles Cardans
d'alignement
Lubrifiant
Congés
arrondis
Rapport L / D
Rapport L / w
élevé
élevé
COMPRESSION TRACTION .
3
Un mode de sollicitation homogène et uniaxial (traction ou compression,
Figure 3) est préféré par beaucoup d'auteurs aux tests complexes (flexion, torsion).
En effet, les essais de traction ou de compression sont sensés donner directement la
loi de comportement du matériau sous forme de variables "effectives" :
σ eff (ε eff ,ε& eff ) .
Toutefois, même ces essais réputés simples présentent en réalité de nombreux
problèmes expérimentaux : i) flambage en compression, ii) confinement des mors en
traction, iii) instabilités plastiques (barillet, striction, bandes de cisaillement),
iv) phénomènes d'endommagement (cavitation, crazing), v) auto-échauffement, etc.
4
σ σ σ
ε ε ε
SAUT DE VITESSE DECHARGE RELAXATION
(ou de température) (recouvrance ou "Dip") (simple ou multiple)
σ σ τ
T,t
γ
ε ε
FROTTEMENT INTERIEUR VIEILLISSEMENT
(spectrométrie dynamique) (physique ou chimique)
CYCLAGE PLASTIQUE
(en cisaillement)
Dans tous les cas où l'on souhaite mettre en évidence les comportements
critiques de la matière (ruine aux temps longs, échauffement adiabatique,
endommagement, fissuration, etc.), il est essentiel de sortir du cadre standard des
essais traditionnels effectués la plupart du temps à des vitesses moyennes
( ε& eff ≈ 0,01 s-1). Des équipements spéciaux ont été développés pour accéder à ces
comportement particuliers. Certains sont classiques (tests de fluage, choc par masse
tombante, barres de Hopkinson…), d'autres beaucoup plus récemment (nano-
5
indentation instrumentée), Figure 6. Souvent, l'utilisation de ces dernières demande
une expérience particulière pour tirer le meilleur parti des résultats. C'est pourquoi
l'étude des comportements ultimes a intérêt à être menée dans le cadre de
programmes coopératifs au niveau européen.
3. DE LA MICROSTRUCTRURE A LA MACROSTRUCTURE
changements
1 nm conformationnels
cisaillement
10 nm lamellaire
cavitation
0,1 µm de nodules
micro-
1 µm craquelures
déformation
10 µm sphérolitique
bandes
1 mm de cisaillement
gradients
1 cm de déformation
10-1 m
6
Tableau 1. Principales techniques de caractérisation microstructurale
7
comportement trouvée serait caractéristique de la lamelle, du sphérolite individuel
ou du matériau dans le nodule, et non pas du matériau considéré dans son ensemble.
D'un autre côté, si l'on considère les hétérogénéités d'ordre comportemental
(notamment la striction), il faut que le V.E.R.soit petit par rapport à sa dimension
caractéristique afin que la loi de comportement représente bien le comportement
intrinsèque du matériau et non pas une moyenne des contraintes et des déformations
dans la striction et en dehors de la striction.
L'application du dernier concept est à l'origine de la notion de comportement
"vrai" dans l'essai de traction (Figure 8). Par contraste aux définition "nominales" de
la contrainte et de la déformation qui considèrent le comportement global de
l'éprouvette (εN = (L-Lo) / Lo ; σN = F / S o), nous avons montré l'intérêt de définir
des variables locales au niveau d'un V.E.R. situé au cœur da striction, typiquement
d'une dimension inférieure à 1 mm (G'Sell, 1979, 1988). Dans le cadre d'un schéma
lagrangien réactualisé, la déformation vraie est donc définie à partir de l'allongement
d'un élément de matière de longueur initiale l o par la relation ε zz = ln(l / l o ) . Quant
à la contrainte vraie, il est important de la définir au sens de Cauchy comme la force
par unité de section réelle de l'éprouvette dans la striction par la relation
σ zz = F / S .
S F
localement
déformation "vraie" contrainte "vraie"
εzz = ln ( / o) σzz = F / S
8
Interface Windows 95 / NT
de force σ
VCR
centrale
VidéoTraction
Interface Imprimante
Vidéo
σ
Machine de Traction
Servo-Hydraulique
(ou Electro-Mécanique)
9
ε zz = ln(l z / l oz ) . Dans le cas de l'éprouvette de traction en sablier, on n'accède en
principe qu'à la déformation transverse, εrr = ln(D/Do), la détermination de la
déformation axiale n'étant calculable que dans le cas où le volume spécifique reste
constant, et on a alors εzz = 2 ln(Do/D). Dans tous les cas, la formation de bandes de
cisaillement obliques apportent à la méthode des perturbations plus ou moins
sérieuses.
L'extensométrie sans contact présente des avantages sensibles lorsque
l'environnement est difficile (à chaud, à froid, sous atmosphère agressive, sous
irradiation, etc.) et lorsque l'échantillon est mou ou fragile (films minces…). Il suffit
de pouvoir imprimer les marqueurs et les observer au travers de la fenêtre de la
chambre d'environnement.
Quant à la contrainte vraie, elle est calculée automatiquement à partir du
signal du capteur de force et de la section instantanée de l'éprouvette déterminée par
analyse d'image vidéo.
Enfin, un point important de la méthode réside dans la possibilité de contrôler
en temps réel la vitesse de déformation, par exemple ε& zz = l& / l . Si cette variable
influe peu sur la contrainte dans certains matériaux (métaux à froid, caoutchouc),
elle joue un rôle considérable dans la loi de comportement de nombreux
thermoplastiques, comme nous le verrons ci-dessous.
durcissement
croissant
crochet
σ si vitreux
E / σy 20
forte influence
.
de ε et de T
10
Comme l'illustre le graphe de la Figure 11, les courbes contrainte vraie -
déformation vraie à vitesse de déformation constante sont caractérisées par plusieurs
aspects communs ; i) module d'Young de l'ordre de 1.000 MPa, ii) limite élastique
de l'ordre de E / 20, iii) durcissement plastique d'abord très faible puis de puis en
plus élevé, iv) sensibilité à la vitesse, | m = ∂ log σ / ∂ log ε& |ε , compris entre 0,02 et
0,2. La différence principale entre les amorphes et les semi-cristallins se manifeste
principalement au niveau de la limite élastique : crochet avec stade d'adoucissement
dans le premier groupe, transition progressive en forme de genou dans le second.
traction biaxiale
σeff Influence traction uniaxiale
de σH sur σY
compression
cisaillement simple
εeff
11
4. PROGRES RECENTS DES ESSAIS MECANIQUES
So
So exp( -ε )
4F 1
σ = σ zz × FT = 2 { +
πD 1 4R c / D}Log{1 + (D / 4R c )}
12
dans l'éprouvette en sablier, diminue jusqu'à une valeur minimum voisine de 7 mm
lors de la formation de la striction, avant d'augmenter rapidement lorsque la striction
se propage. En conséquence, le facteur de triaxialité de Bridgman atteint une valeur
minimum de l'ordre de 0,915 lorsque la déformation vaut environ 0,8, avant de
rejoindre une valeur unité aux grandes déformations qui l'éprouvette devient
40 1,00
FACTEUR DE TRIAXIALITE
RAYON DE COURBURE (mm)
Polyéthylène BRIGMAN (1944)
TUB 71 0,98
30
. T = 80 °C
ε = 5 10-3 s-1 0,96
20
0,94 Polyéthylène
TUB 71
10
0,92 . T = 80 °C
ε = 5 10-3 s-1
0 0,90
0 0,25 0,5 0,75 1,0 1,25 1,5 1,75 2,0 0 0,25 0,5 0,75 1,0 1,25 1,5 1,75 2,0
40
CONTRAINTE VRAIE (MPa)
30
20 Courbe
non corrigée
Polyéthylène
TUB 71
10
Courbe . T = 80 °C
corrigée ε = 5 10-3 s-1
0
0 0,25 0,5 0,75 1,0 1,25 1,5 1,75 2,0
DEFORMATION VRAIE
13
4.2. Mesure des variations de volume spécifique
εzz
εxxεyy
14
30 0,3
DEFORMATION VOLUMIQUE
CONTRAINTE VRAIE (MPa)
20 0,2
POLYPROPYLENE
10 0,1
T = 25 °C
.
ε = 5. 10-4 s-1
0 0
0,0 0,1 0,2 0,3
DEFORMATION VOLUMIQUE
CONTRAINTE VRAIE (MPa)
20 0,2
10 0,1
POLYSTYRENE CHOC
T = 25 °C
.
ε = 5. 10-4 s-1
0 0
0,0 0,1 0,2 0,3
15
d'écoulement. Toutefois, l'absence presque totale de durcissement pouvait laisser
suspecter quelque endommagement. En fait, on constate un phénomène tout à fait
remarquable puisque la déformation volumique est pratiquement égale à la
déformation axiale. Cela signifie que tout l'allongement de l'éprouvette est assumé
par la formation et l'ouverture des craquelures, sans intervention de bandes de
cisaillement. Il en résulte que l'éprouvette s'allonge sans diminution significative de
section.
1,2
DEFORMATION VRAIE
0,9 σ = 15 MPa
σ = 13 MPa
0,6
σ = 11 MPa
0,3
Polyéthylène SCLAIR 2907
T = 60 °C
0,0
0 25.000 50.000 75.000 100.000
TEMPS (s)
Nous avons mis au point (G'Sell et al., 1995) un test de fluage plus rigoureux dans
lequel la force appliquée diminue régulièrement au cours du temps de telle sorte que
la contrainte vraie reste strictement constante au niveau du V.E.R. où la déformation
vraie est mesurée. Des courbes typiques obtenues dans ces conditions sont
présentées à la Figure 19 dans le cas du polyéthylène à haute densité. On y voit que
la vitesse de déformation diminue continuellement au fur et à mesure que la
déformation augmente. Ce résultat est important car infirme l'existence d'une
accélération de la vitesse aux grandes déformations, souvent qualifié de "fluage
16
tertiaire" dans la littérature. Cette contradiction s'explique très clairement par le fait
que, dans les essais traditionnels, la section diminue en fin de fluage ce qui produit
une auto-accélération catastrophique du fluage.
Dans nos essais, les courbes ε(t) représentent le comportement intrinsèque du
polymère et devraient logiquement obéir aux mêmes lois que celles obtenues avec
les essais à vitesse constante. Si l'on utilise par exemple la loi de comportement de
G'Sell et Jonas (1979), σ(ε, ε& ) = K (1-exp(-wε)) exp(h ε²) ε& m on obtient facilement,
la loi de fluage ε& (σ, ε ) = [σ / K (1-exp(-wε)) exp(h ε²)]1/m qui correspond bien aux
courbes expérimentales.
Non seulement les courbes de fluage à contrainte vraie constante donnent
accès aux paramètres de la plasticité du matériau (notamment le coefficient de
durcissement, h, et le coefficient de sensibilité à la vitesse de déformation, m), mais
elles permettent de plus de prédire le comportement opérationnel d'une éprouvette
de traction sous l'effet d'un poids mort (à force constante). Les courbes calculées
ainsi sont présentées à la Figure 20, de même que les courbes expérimentales
correspondant aux mêmes valeurs de la contrainte nominale. On constate que la
modélisation reproduit très bien le "fluage tertiaire", pour lequel elle confirme que la
vitesse de fluage auto-accélérée résulte bien de la diminution catastrophique de
section aux grandes déformations. Si le stade initial de fluage n'est pas parfaitement
modélisé (en raison de la validité limitée de la fonction viscoélastique de
Maxwell, [1-exp(-wε)]) la fin des courbes, et notamment le temps à la rupture en
fluage est bien prédit dans une fourchette de variation de deux décades.
0,8
σi =15 MPa 13 MPa 11 MPa
DEFORMATION VRAIE
PE Sclair 2907
T = 60 °C
0,6
calcul
0,4 expérience
0,2
0
0,1 1 10 100 1.000 10.000
TEMPS (s)
17
5. CONCLUSIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Bridgman, P.W., 1944, "The Stress Distribution at the Neck of Tension Specimen,"
Transactions of the American Society of Metals, Vol. 32, pp. 533-574.
Dahoun, A., "Déformation plastique et textures cristallines induites dans les
polymères semi-cristallins", Thèse de Doctorat, INPL, Nancy (1992)
Favier, V., Giroud, T. et G'Sell, C., "Etude du comportement plastique de grades de
polyéthylène pour tubes sous pression", Travail non publié, (1998)
G'Sell, C. et Jonas, J.J., "Determination of the plastic behaviour of solid polymers at
constant true strain rate", Journal of Materials Science, 14 (1979) 583
G'Sell, C., "Instabilités de déformation pendant l'étirage des polymères solides",
Revue de Physique Appliquée, 23 (1988) 1085-1101.
G'Sell, C., Hiver, J.M., Dahoun, A. et Souahi, A., "Video-controlled tensile testing
of polymers and metals beyond the necking point", Journal of Materials Science, 27
(1992) 5031-5039
C. G'Sell, A. Dahoun et C. Poinsot, "Creep and yield behavior of semi-crystalline
polyethylene in uniaxial tension", Proceedings of an international IUTAM
Symposium on "Micromechanics of Plasticity and Damage of Multiphase
Materials", Sèvres (1995)
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