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Ière SESSION
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EPIGRAPHE
REMERCIEMENTS
Comme il est de coutume qu’à la fin de chaque cycle, l’étudiant doit élaborer un travail
couronnant son parcours académique, et que cela est le résultat de beaucoup de sacrifices,
ceci ne retient en rien l’expression de notre gratitude.
Nous remercions Dieu Eternel tout Puissant de nous avoir gardé sain et sauf durant tout notre
cursus, jusqu’à ces jours où nous arrivons au terminus. Nous remercions infiniment les mains
tendres que Dieu a données à nos parents, Nkalirwa Apollinaire et Mubalama Alphonsine pour
leur sympathie inconditionnelle à notre égard, nous les bénissons au Nom de Notre Sauveur
Jésus-Christ.
Dans cet ordre d’idée, nous tenons à remercier du fond de cœur, les membres du Collèges des
Animateurs des Elèves Marials ; CAEM/BKV pour toute forme d’accompagnement spirituel et
moral.
Que notre réussite face la fierté de tous ceux qui se sont sacrifiés pour notre compte,
allusions faites ici à nos frères et sœurs Pascal Bonjo Nkalirwa, Martha Nkalirwa ; Richard
Nkalirwa, Mugoli Nkalirwa et Iragi Nkalirwa et toute personne de bonne volonté, nous disons
merci.
Il serait aberrant d’oublier nos camarades de lutte avec qui nous endurés les peines durant les
cinq ans de formation, particulièrement Aimé Matabishi Byumanine, Bibentyo Muderhwa
Nelly, Bintu Bigaruka Roland et Mulumeoderhwa Bibentyo Unique, pour leur contribution
combien remarquable et louable ; qu’ils trouvent ici tous nos remerciements les plus sincères.
A tous nos amis, à Nathalie Amuli, Serges Aganze, Eliane Mambu, Thérèse Kyalu, Gratien
Olinabanji, Gratien Salazard Bukurukuru et Loli Ntabaza.
A tous ceux dont leurs noms ne sont pas cités ici mais dont les apports ont été une valeur
ajoutée à notre personne.
SIGLES ET ABREVIATIONS
ADJM : Action pour le développement de la jeunesse et de la femme ;
AFEM : Association de Femmes de Média ;
Av.JC : Avant Jésus-Christ ;
CADHP : Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ;
CAFCO : Cadre de Concertation de la Femme du Congo ;
CCF : Commission de la Condition de la Femme ;
CEDEF : Convention pour l’Elimination de toutes Discriminations à l’Egard des
Femmes ;
CENI : Commission Electorale Indépendante ;
CNS : Conseil National Souverain ;
CONAFED Comité national femme et développement ;
ECOSSOC : Conseil Economique et Social ;
FABACO : Femmes de l’Alliance des Bakongo ;
FAF : Femme Au Fone ;
DIH : Droit International Humanitaire ;
DIP : Droit International Public ;
DUDH : Déclaration Universelle de Droit de l’Homme ;
IPPF: International Planned Parenthood Federation;
MGF : Mutilations Génitales Féminines ;
MNC : Mouvement National du Congo ;
ONG : Organisation Non Gouvernementale ;
ONU : Organisation des Nations Unies ;
OUA : Organisation de l’Unité Africaine ;
UA : Union Africaine
RDC : République Démocratique du Congo ;
SCAEM ; Conférences Episcopales d’Afrique et de Madagascar
1
INTRODUCTION
1. PRESENTATION DU SUJET
A ce titre, cette étude est une contribution à la théorie de défense des droits de la
femme. Il est pour nous question de montrer en quoi les actions des mouvements des
femmes du Sud-Kivu contribuent, dans leurs actions de plaidoyers, dans l’application
dudit protocole mais aussi dans la promotion politique, économique et sociale de la
femme sur toute l’étendue de la province.
2. ETAT DE LA QUESTION
Nous ne sommes pas avouons-le, le premier à aborder un sujet sur le protocole
de Maputo. Ce protocole a déjà fait l’objet des divers ouvrages, quand bien même la
présente analyse revêt une originalité propre.
En effet, plusieurs travaux, mémoires, revues, conférences, émissions ont porté sur le
protocole de Maputo. Il nous revient de mener une démarche différente et
complémentaire qui s’est orienté dans différents aux plaidoyers des organisations
féminines, qui fait ainsi l’objet de notre recherche.
En lisant certains travaux, revues, articles, accords ayant trait à notre sujet de recherche,
certains auteurs, travaux, mémoires, revues et publications des ONG ont
particulièrement attiré notre attention. C’est entre autre :
- Henri Mendras1 montre qu’étudier la différence entre un homme et une
femme est l’un des problèmes majeurs de toute civilisation et les solutions sont
extrêmement variées. Selon l’argument de sens, la différence biologique est la cause de
la différence sociale et il ne faut pas chercher plus loin : partout les femmes sont des
1
H. Mendras, Eléments de sociologie, Paris, éd. Armand Colin, 2004, p.31.
2
femmes et les hommes sont les hommes ; il est donc naturel que les sociétés
reconnaissent et institutionnalisent cette différence biologique. Les tenants du
biologisme argumentent que les modèles sexuels nous viennent des primates qui étaient
des chasseurs, or les premiers hommes ayant vécu de la chasse pendant de millions
d’années, le dix mil ans récents où la chasse n’est plus le seul moyen de se nourrir, ont
été trop courts pour modifier les différences physiques acquises précédemment. Pour
l’auteur, c’est un fait que dans toutes les sociétés connues les hommes et les femmes
n’accomplissent pas les mêmes taches et n’assument pas les mêmes responsabilités. Le
plus souvent, la séparation est totale.
Homme et femme peuvent remplir des rôles complémentaires mais ne coopèrent dans
une même tache. D’où l’on tire la conclusion selon laquelle la prééminence masculine
est universelle. L’argument du pouvoir dans le groupe domestique, les lignages, le
travail et la vie sociale et politique doivent être pris en compte et le meilleur inducteur
du rapport d’inégalité entre homme et femme est sans doute les coutumes
successorales : transmission de biens et de l’identité. Dans toutes les sociétés connues,
les taches masculines et féminines sont complètement séparés ; jamais un homme
n’accomplira une tache féminine et réciproquement.
La société contemporaine est la première à établir en principe que, que tous les rôles
sociaux peuvent être accomplis indifféremment par les hommes et les femmes. L’auteur
a le mérite d’avoir souligné l’influence biologique sur le social même si aujourd’hui
dans la société actuelle avec les idéologies féministes l’on veut dire qu’il y a des taches
réservées aux hommes et celles réservées aux femmes.
-Monique Piettre soutient que pendant des longs siècles, c’est la femme qui
assumant la plupart des travaux agricoles. Tout d’abord parce que c’est elle qui avait été
l’investigatrice, mais plus encore de la puissance de vie dont elle était dépositaire et qui
ne pouvait qu’être favorable à la fertilité des champs.2 Le rapport qui existe entre cette
étude et les écrits de Monique est d’ordre antimonique, car l’auteur doit savoir qu’avant
de cultiver un champ, un grand travail est celui de fourrage réservé dans la plupart des
cas aux hommes, l’on ne peut pas cultiver un champ en pleine forêt où il y a beaucoup
d’arbres. Il n’est pas valide de vouloir justifier la marginalisation de la femme africaine
par ses activités champêtres qui faisaient sa fierté et son identité sociale dans son milieu.
2
M. Piettre, les conditions féminines à travers les âges, Paris, France-Empire, 1974, p.17.
3
3
R. Rezohazy, « Le protocole de Maputo de l’Union Africaine, un instrument pour la promotion des droits des femmes en
Afrique », Bruxelles, 2009
4 ACHPR, « La déclaration de Maputo », 23 juin 2003
5 G.Françoise, « de la parité, genèse d’un concept, naissance d’un mouvement ; nouvelles questions féminines », vol.15, n°4,
2004.
6
Françoise G., Idem, p.2
4
7
C. Munyerenkana Irenge, La problématique de la promotion sociologique de la femme à Bukavu, mémoire,
ISP/Bukavu, option histoire, 2007-2008, p.30.
8
H. L. Petanguy, violence sexuelle faite aux femmes dans les milieux ruraux, éd. Paris, PUF, 1999.
9
M. Kadobe B., De l’application du protocole de Maputo par les juridictions congolaises : cas de l’article 11 sur la protection
de la femme dans les conflits armés, mémoire, faculté de droit, UOB, 2010
5
-Isabelle jacquet nous montre que le fossé entre genre « gender cap » constaté
dans toutes les sociétés repose en grande partie sur la différence d’éducation. Dans les
pays du tiers monde, la situation est plus exacerbée puisque ce sont des femmes qui
paient la lourde charge de l’analphabétisme et du manque de formation. Les rapports de
la Banque mondiale et de l’Unicef contiennent des illustrations statistiques de cette
réalité ; en Afrique subsaharienne, on compte deux garçons pour une fille à l’école
primaire. Exemple, en 2000, plus de 20 millions de filles en âge scolaire n’étaient pas
scolarisées.10 En se souscrivant dans les pensées de l’auteur, nous soutenons aussi que
l’école n’est pas une émanation africaine. En Afrique, les parents n’envoyaient pas à
l’école que les enfants turbulents et généralement celui du sexe masculin. Il y a donc
lieu d’imaginer le sort des enfants filles qui n’attendaient que leurs futurs mariages.
A l’instar des travaux cités ci-haut, notre travail s’inscrit dans les plaidoyers des
organisations féminines du Sud-Kivu pour l’application du protocole de Maputo. Ce qui
nous permettra d’étudier à fond ce protocole, aujourd’hui sujet de plusieurs discordes
entre plusieurs camps. Il évalue également l’impact des actions de ces organisations
face au bien être de la femme au Sud-Kivu tel que garantie par le protocole de Maputo,
surtout sur le plan politique, économique et social.
3. PROBLEMATIQUE
Pour qu’il y ait problématique, il faut que l’on se soit entendu sur l’existence
d’un problème à solutionner.
Raymond Quivy et L.V Campenhoudt12 définissent la problématique comme une
annonce de projet de recherche sous forme d’une question de départ par laquelle le
10
I. Jacquet, Développement au masculin/féminin : le genre outil d’un nouveau concept, Paris, Le Harmattan,
1995, p.27.
11
P. Kaganda Mulumeoderhwa, Violences sexuelle envers la femme et la stabilité de la famille en période de
guerre en RD Congo, in Analyses sociales, Vol.12, Numéro unique, janvier-décembre 2004.
12
R. Quivy et Campenhoudt, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dumond, 1988, p.22.
6
chercheur doit exprimer le plus exactement possible, ce qu’il cherche à savoir, à évaluer,
à étudier et à mieux comprendre.
De nos jours, l’épineuse question du droit de la femme constitue une préoccupation
majeure.
En effet, par son ampleur et sa progression rapide mais aussi par la menace
sérieuse qu’il fait peser sur la stabilité socio-économique, le droit des femmes constitue
l’un de tous premiers défis du continent africain. Cette question de la femme est traitée
avec dextérité partout dans le monde car c’est un élément de la famille, base de la
société et source de toute vie, dont la constitution et les instruments juridiques
internationaux des droits des femmes font l’objet de priorité en matière de protection et
d’assistance.
En RDC, tout comme sur le continent africain en général, la femme a été l’objet d’une
chosification durant plusieurs années, surtout pendant la colonisation. La situation des
femmes de la province du Sud-Kivu est encore plus grave et ne peut être comparée avec
celle des femmes des Etats unis d’Amérique, du Canada ou de la France en raison de
viol, violences sexuelles et autres pratiques néfastes dont elles sont victimes dans
différents coins et village de la province. Ces problèmes paraissent dans la plupart de
cas comme les héritages des guerres successives survenues dans la région et dont malgré
tout, le gouvernement congolais était censé s’impliquer pour mettre fin à ces pratiques
dont les femmes du Sud-Kivu sont victimes, et cela tel que garanti par le protocole de
Maputo.
La femme et la fille Sud-Kivutienne sont prises dans cet engrenage dans la
mesure où certaines personnes pensent par exemple que scolariser une fille, c’est perdre
inutilement son économie. Cela dans le cadre de la célèbre expression très vécu à
Bukavu « la scolarité de la jeune fille a comme finalité à la cuisine ».
Plusieurs femmes n’accèdent pas aux instances de prise de décision vu leur statut de
femme. D’autres par contre, se sous-estiment elles-mêmes de part ce que dit la société
bukavienne sur la femme qu’elle ne peut rien, qu’elle est incapable.
Se référant à tout cela, une analyse exhaustive et systématique des faits permettra de
comprendre la situation actuelle des femmes, leurs plaidoyers pour qu’elles puissent
bénéficier de la protection et du droit consacrés par le protocole à la charte africaine des
droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes et autres lois et
conventions internationales tels que ratifiés par la RDC.
7
Dans le cadre de notre étude sur le protocole de Maputo certaines questions s'imposent à
nos investigations.
Elles peuvent être formulées de la manière suivante :
- La question qui se pose est celle de savoir comment est-ce que les femmes de
la RDC en général et celles du Sud-Kivu en particulier militent pour l’application
effective du protocole de Maputo ?
-L’autre question découle de la précédente et vise à savoir quelle lecture faire du
protocole de Maputo quinze ans après son adoption par l’Union Africaine face aux
instruments juridiques congolais des protections des droits de la femme ?
4. HYPOTHESES
Selon M. Grawitz, l’hypothèse d'un travail est l'ensemble de réponses
provisoires formulées au début d'une recherche se rapportant aux questions ou aux
problèmes posés dans la problématique, propositions susceptibles d'être confirmées,
infirmées ou nuancées par le résultat de la recherche en question.13 Elle est considérée
comme une solution provisoire dont on est enclin à vérifier. Quant à Paul Roger14
l’hypothèse est une proposition des réponses aux questions que l’on se pose à propos de
la recherche formulée en termes de l’observation et l’analyse puissent fournir une
réponse.
En guise réponse à la question de la problématique, nous répondrons
provisoirement comme suit :
En effet, pour défendre et promouvoir les droits de femmes dans la province du
Sud-Kivu, les organisations féminines du Sud-Kivu mettent sur pied des plaidoyers, des
lobbyings et des campagnes des sensibilisations. Dans un premier temps, leurs actions
visent à permettre aux femmes du Sud-Kivu de plaider efficacement pour le respect de
leurs droits et libertés fondamentaux, mais aussi l’application effective du protocole de
Maputo. Elles visent ainsi à améliorer la situation des femmes au niveau local. Dans un
deuxième lieu, les initiatives de ces mouvements et associations des femmes du Sud-
Kivu visent le fonctionnement des comités locaux ou provinciaux de pilotage de
l’application du protocole de Maputo et de la résolution 1325 du conseil de sécurité des
Nations Unies.
13
M. Grawitz, Méthodes de recherche en sciences sociales , Paris, Dalloz, 1990, p. 8.
14
P. Roger, Méthodes sociales 4ième éd., Paris, éd. Ouvrière, 1971, p.289.
8
Toutefois, pour être invocable en droit interne, le protocole (et dans le cas d’espèce le
protocole de Maputo) doit respecter les formalités liées à la ratification ou à
l’approbation, conformément aux dispositions constitutionnelles de la RDC. Quinze ans
après son adoption par l’UA, le protocole de Maputo suit la cour normale devant le doit
interne congolais. Pas de problèmes d’interprétation, ni de l’acceptation dudit protocole
en droit interne congolais. Ce dernier fait même l’objet de plusieurs revendications et
plaidoyers des femmes congolaises pour réclamer son application en bloc ou en partie.
Au-delà de celui-ci, il y a aussi certaines revendications qui étaient formulées en rapport
avec la modification de certaines dispositions du code de la famille congolais qui
mettait l’homme au-dessus de la femme.
5. METHODOLOGIE DU TRAVAIL
5.1. Méthode :
Selon R.Pinto et M.Grawitz la méthode un est ensemble d’opérations mis en
œuvre pour atteindre un ou plusieurs objectifs.16
Ces opérations constituent de façon plus ou moins abstraite ou concrète, précise ou
vague, un plan de travail en fonction d’un but.
Selon les exigences méthodologiques, tout travail scientifique doit avoir une
méthode. Ainsi, pour ce qui concerne notre recherche, nous nous servirons de la
méthode fonctionnelle appuyée par la théorie de l’approche en Relations
Internationales.
Robert King Merton17 envisagez cette méthode autour des trois concepts
suivants : les équivalents fonctionnels, les dysfonctions et les fonctions manifestes et
latentes.
Concernant la notion d’équivalent ou de substitut fonctionnel, Merton écrit : « de même
qu’un seul élément peut avoir plusieurs fonctions, de même qu’une fonction peut être
15
F.Surde, Droit européen et international des droits de l’homme, 11ième éd., PUF, Paris, 2002, p.46.
16
R.Pinto et M.Grawitz ; Méthodes de recherche en sciences sociales, Paris, DALLOZ, 1976, p.171.
17
R.K Merton, Eléments de théories et méthodes sociologiques, Paris, éd. Librairie plan, pp 112-115.
9
remplie par des éléments interchangeables »18. Telle organisation peut servir
d’équivalent ou de substitut fonctionnel à telle ou telle autre pour exercer la même
activité à ses côtés ou à sa place.
C’est à ce niveau que nous avons évoqué dans le cadre de cette étude l’intervention des
organisations féminines du Sud-Kivu et leurs partenaires locaux et internationaux dans
la matérialisation de leurs plaidoyers, projets et programmes ainsi que la mise en œuvre
du Protocole de Maputo et autres accords internationaux relatifs aux droits des femmes
ratifiés par la RDC, à l’instar de la convention sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination à l’égard des femmes CEDEF.
En ce qui concerne les dysfonctions, R.K Merton explique que les dysfonctions
contribuent à l’adoption ou à l’ajustement du système. En revanche, les dysfonctions
sont celles qui gèrent l’adaptation ou l’ajustement du système car certains phénomènes
et faits sociaux peuvent entrainer des conséquences et inconvénients économiques,
politiques et sociaux. Ainsi, les organisations féminines du Sud-Kivu rencontrent
certainement des défis dans la matérialisation et exécution de leurs différents
programmes et projets mis en œuvre en vue de défendre les droits de la femme et
l’application du protocole de Maputo sur toute l’étendue de la province du Sud-Kivu.
La distinction entre les qualificatifs « latente » et « manifeste » attribuée aux
fonctions sert, selon R.K Merton à échapper à la confusion entre les motivations
conscientes d’un comportement social et ses conséquences objectives. Ce qui renvoie à
distinguer les motifs et les fonctions, les intentions et les conséquences fonctionnelles
de l’action.
Ainsi, les fonctions manifestes de la promotion et de défense des droits de la femme,
voire même du protocole de Maputo est d’améliorer le bien-être de celle-ci notamment
sur le plan politique, économique et social.
Par contre, les fonctions latentes qu’elles remplies est qu’elles agissent ou interviennent
dans un but avoué de générer un certain nombre des réalisations des projets et
programmes susceptibles d’améliorer le bien-être de la femme en vue d’enrichir leur
mission ou celle de ses bénéficiaires directes et indirectes de ses programmes et projets
mis en œuvre.
18
R.K Merton, Eléments de théories et méthodes sociologiques, Paris, éd. Librairie plan, pp 112-115
10
5.2. Techniques :
Dans tous les cas, ce sont des procédés qui permettent au chercheur de récolter les
données de son travail. C’est dans ce cadre que nous avons utilisé tout au long de nos
recherches des techniques ci-après :
b) L’observation libre: Cette technique fait donc appel aux organes de sens.
L’observation nous a permis de nous rendre compte des campagnes des sensibilisations
et des plaidoyers de mouvements de femmes de la province du Sud-Kivu dans
l’application effective dudit protocole. Malgré la ratification et la publication au journal
officiel du protocole de Maputo par la RDC, les droits des femmes ne sont toujours pas
respectés, cela motivent ces regroupement à descendre chaque 8 mars lors des
célébrations de la Journée Internationale de la Femme ; dans la rue pour faire entendre
leurs voix au sujet des discriminations et autres traitements dont sont victimes les
femmes.
19
M. Grawitz at All, Méthodes des sciences sociales, Paris, éd. Dalloz, 1976, pp.76-79.
11
technique nous a facilité des conversations et dialogues avec certains d’entre eux. Notre
échantillons étant de 30 femmes, nous sommes en train en contact avec 4 membres du
bureau de Caucus de femmes, 6 animatrices de l’Association de femmes de média du
Sud-Kivu, 3 de Femme au Fone, 8 de l’ONG Amaldefea, 4 de l’ONG Muzirhe
bwacirhe, 7 de l’OND service d’accompagnement et de renforcement des capacités
d’autopromotion de la femme au Sud-Kivu, SARCAF Asbl et 2 membres de l’ONU
Femme. De ces entretiens, ces femmes ont exprimé leur souhait de voir le protocole de
Maputo être mis en œuvre et suivit lettre par lettre pour espérer voir l’amélioration dans
la condition de vie de la femme au Sud-Kivu, particulièrement la femme rurale.
Sur le plan social, l’intérêt réside dans le sens que le protocole de Maputo, étant un
traité international, est mal compris par la plus part des gens, nous dirions même qu’il
fait objet d’une mauvaise interprétation pour les uns pendant qu’il constitue un danger
pour les autres. Ceci étant, nous nous sommes décidés d’aborder ce thème pour voir si
nous n’apporterions pas certaines lumières à la population et à tout lecteur qui pourras
nous lire.
12
7. DELIMITATION DU SUJET
7.1.Délimitation temporel
Bien qu’ambitieux, notre étude ne peut prétendre couvrir l’univers tout entier, ni
tout le temps. Il porte essentiellement sur une période fixe bien déterminée.
Ainsi, nous avons orienté cette étude dans le temps allant de 2003 à 2014, période à
laquelle la plupart d’ONG ont entrepris la lutte du droit des femmes et la prise en charge
des femmes. Période où sont nées plusieurs organisations féminines en RDC, à travers
la ratification de la RDC, le 09/02/2009 du protocole de Maputo.
7.2.Délimitation spatial
Le travail est limité dans l’espace à la province du Sud-Kivu dans ses limites
actuelles compte tenu de la gravité de la situation des femmes à son sein.
7.3.Délimitation typologique
8. DIFFICULTES RENCONTREES
Tout travail scientifique comporte des difficultés qui exigent l’abréviation de la part
du chercheur. Pour ce qui nous concerne, nous avons connu d’énormes difficultés
d’ordre : documentaire, la rareté d’ouvrages dans les organisations féminines, sauf leurs
rapports. De fois même l’accès à ces rapports étaient compliqué. Rareté des personnes
ressources,…
Dans le chapitre deuxième, nous avons tenté de savoir les origines et même le contenu
du protocole de Maputo. Il a été aussi question de parler de la ratification et la mise en
œuvre dudit protocole. Ce qui a valu à ce chapitre le nom du protocole de Maputo
proprement dit.
Le troisième chapitre quant à elle a fait l’objet des plaidoyers des organisations
féminines du Sud-Kivu pour l’application du Protocole de Maputo par la RDC. Nous
sommes aussi revenus sur les actions des plaidoyers des organisations féminines du
Sud-Kivu pour la mise en application effective du protocole de Maputo par la RDC.
14
1.1. Le Genre
Selon l’ONU, par « Genre » on attend la construction socioculturelle des rôles
masculins et féminins et des rapports entre hommes et femmes. Poursuivant cette
définition, l’ONU précise : « alors que le sexe fait référence aux caractéristiques
biologiques, être né(e) homme ou femme, le genre décrit des fonctions sociales
assimilées et inculquées culturellement. Le genre est ainsi le résultat des relations de
pouvoir présent dans une société et sa conception, en conséquence, est dynamique et
diffère selon l’évolution du temps, l’environnement, les circonstances et les cultures.21
1. 2. La Parité
De manière stricte, le concept ‘parité’ est définit en politique comme une égalité
des représentations des hommes et des femmes dans les assemblées élues.22 Dans
plusieurs pays le débat sur les mécanismes à adopter pour améliorer la représentativité
des femmes dans les assemblées se heurte au choix entre les quotas et le principe de
20
M.Grawitz citée par Frantz Piard, construire le mémoire de sortie, Méthodes, procédés et procédures, 9ème édition, Paris,
Balleg, 2005, p.78.
21 http://monuc.unmissions.org, consulté le 4 mars 2018
22
Mariette Sineau, étude des cas de la parité : l’expérience française, p.21, Armand colin, 2007, Paris, 2009
15
parité. Certains pays ont accordé des quotas comme mesure transitoire avant d'adopter
la représentation paritaire (Cas de la Belgique avec la loi de 1994).
En France, la loi dite "loi sur la parité"23 oblige les partis politiques à présenter dans
tous les scrutins à liste, 50% de candidats de chaque sexe, sous peine que les partis
perdent une partie de financement que l'Etat leur accorde en fonction de scores
électoraux réalisés.24 En Belgique, les lois de parité connaissent leur apparition depuis le
milieu des années ‘90’.
23
Mariette Sineau, étude des cas de la parité : l’expérience française, p.21, Ed. Armand colin, Paris,2007
24
Loi du 6 Juin 2000, relative à l'égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives.
Parlement français.
25
GTZ, « Protocole de Maputo, un instrument pour la promotion de droits des femmes en Afrique », Munich, éd. Trichuldt,
2006, p.212
16
1.5. La Femme
La femme est définit comme étant une personne qui revendique ou qui assume
une part de féminité, en particulier en tant qu’être délicat et fragile. Aussi en tant que
personne exploitée et tant méprisée.26 D’après la même source, elle est l’épouse, celle
qui s’occupe du foyer, du ménager et des enfants.
La femme prise en générale comprend tout être humain de sexe féminin à l’exclusion
des enfants de ce même sexe. C’est-à-dire, c’est à cette catégorie que fait référence le
Droit International Humanitaire (DIH) quand il s’agit de la protection de la femme par
ce droit.
Simone De Beauvoir dit que « la femme est un ange du foyer, épouse et mère pieuse, se
vouant corps et âmes aux joies du ménage et elle élève elle-même ses fils sans confier
aux soins d’une nourrice ».27
Dans ce travail, nous comprenons par femme, comme une personne de sexe fémnin et
agent de la socialisation chargée de transmettre des valeurs culturelles (langue,
éducation de base, etc.) ; et une mère qui donne la vie.
26
Calixte Beyala, Le deuxième sexe , les faits et les mystères, Paris, L4Harmattan ? 1999, p.89
27
Simone B., Femmes artistes, femme ange du foyer , Paris, éd. Gallimard, 2003, p.54
17
1.6. Le Protocole
Se définit comme l’ensemble de conventions nécessaires pour faire coopérer des
entités distantes, en particulier pour établir et entretenir des échanges d’informations
entre ces entités.28
1.7. L’Avortement
Jean Lesueur définit l’avortement comme « l’expulsion prématurée du fœtus
volontairement provoquée artificiel quelconque »29. Le code pénal puni tout avortement
provoqué (art. 166). Bien que ces deux formes d’avortement soient distinctes, elles
comprennent cependant des éléments communs.
1.8.1. Le lobbying
Le lobbying est une activité de plaidoyer particulière visant à influencer une
entité politique, de manière à ce que le point de vue d'un individu ou d'une organisation
y soit représenté, et que la législation soit élaborée et mise en œuvre en conséquence. «
Le lobbying est une activité qui consiste à procéder à des interventions destinées à
influencer directement ou indirectement les processus d'élaboration, d'application ou
d'interprétation de mesures législatives, normes, règlements et plus généralement, de
toute intervention ou décision des pouvoirs publics 30 ».
1.8.2. Le plaidoyer
Le plaidoyer pour sa part, c'est l'ensemble des techniques déployées en vue
d'influencer les politiques publiques. Le plaidoyer politique vise à défendre une idée,
une cause ou une personne et par extension peut signifier aussi «donner une voix aux
gens». Un plaidoyer efficace passe par une compréhension et une analyse précise d'un
28 Dictionnaire Le Robert 2. Dictionnaire universel des noms propres. Alphabétique et analogique, Paris, 207,
avenue Parmentier, ISBN, 1990, pp.1346-1347.
29Lesueur Jean, « la protection de l’enfant à naitre », Paris, éd. Sellez, PUF, 2000.
30
J. Salomon, Dictionnaire de droit public, Bruylant, Bruxelles, 1987, p.832.
18
Ces deux concepts sont couramment utilisés par les ONG car elles interviennent parfois
pour la défense des causes des opprimés, cela en plusieurs domaines (juridique,
politique, économique et social), pour le lobbying et le plaidoyer les organisations
féminines qui interviennent au Sud-Kivu ne sont pas exclues.
1.9. L’Emancipation
Selon Kitenge Ya, l’émancipation est un courent qui permet à toutes les femmes
de se livrer à l’action sociale. C’est un phénomène le plus récent et cela se comprend
étant donné le niveau d’instruction et de culture qui était généralement le lot des femmes
durant toute l’époque coloniale. Bien mieux, il s’agit actuellement de l’égalité entre
l’homme et la femme aussi bien dans l’organisation familiale que la société. C’est-à-
dire, la femme prend de plus en plus conscience de ses responsabilités, de ses devoirs et
ses prérogatives au sein de la famille et de la société.
Dans ce travail, l’émancipation est sous entendue comme étant un courant qui
tente de mettre l’homme et la femme sur le même pied d’égalité par rapport aux
opportunités, il s’agit de a femme qui milite pour son intégration totale dans le secteur
de la vie sociale. Il faut aussi savoir que c’est ce courent qui est à l’origine de ce que
nous appelons aujourd’hui parité homme-femme.
L’action sur terrain des organisations et mouvements des femmes dans le monde
a fini par porter la question de la violence à l’égard des femmes sur le devant de la
scène. Dans leur lutte pour obtenir l’égalité et la reconnaissance de leurs droits dans le
nombreux domaines, les femmes ont appelé l’attention sur le fait que la violence à leur
égard ne résulte pas du hasard et des comportements individuels répréhensibles, mais
qu’elle est fondement enraciné dans les relations structurelles d’inégalité entre les
hommes et les femmes. En plaidant pour l’action et la répartition de ces violations au
31
J. Salomon, Dictionnaire de droit public, Bruylant, Bruxelles, 1987, p.832.
19
niveau national et local, ces mouvements des femmes ont dénoncé la violence à leur
égard comme une forme de discrimination et un mécanisme de perturbation de la
femme. Ces processus ont permis de détecter des multiples formes de manifestations de
violence à l’égard des femmes, de les porter hors de la sphère privée à l’attention du
public et obliger les Etats à rendre compte dans ce domaines.32
32
Rapport du Secrétariat Général des Nations Unies sur l’étude approfondie de toutes les formes de violence à
l’égard des femmes publié par l’UNICEF le 6 juillet 2006, pp.11-15.
33
A. Matundu Mbambi et M.C. Faray-Kele, L’inégalité du genre et les institutions sociales en RDC, Ottawa, Presse
universitaire de Laval ; 2010, p.145
34
F. Sudre et H. Hurrel, Le droit à la non-discrimination au sens de la convention européenne des droits de l’homme, NEMESIS-
BruylantT, Ed. Justice et Droit, Bruxelles, 2008, p 14.
20
La création du parti unique par Mobutu le 17 avril 1967 a eu comme premier effet la
suppression d’autres formations politiques et par ricochet, les associations féminines qui
y étaient attachées. Les ambitions hégémoniques et la tendance totalitariste de ce parti
ont poussé les animateurs de ce dernier d’incorporer toutes les associations féminines au
sein du parti et leurs présidentes sont devenues par la suite les premières propagandistes
du parti unique35. De lors, il appartenait au parti de promouvoir qui il veut et à ce titre la
première femme nommée ministre l’a été en 1967.
Avec le vent de la perestroïka, une pression internationale est exercée sur le Congo,
Zaïre à l’époque, ce qui conduira au discours présidentiel du 24 Avril 1990 ouvrant
ainsi le pays au multipartisme et au dialogue national sous le nom de la conférence
nationale souveraine(CNS).36 Avec le processus de démocratisation du pays qui venait
ainsi de commencer, les partis politiques et les associations et ONG ont vu le jour avec
empressement si bien que le nombre d’ONG est passé de 450 en 1990 à 2500 en 1996
et 4700 en 2003.37
Ces associations et ONG se sont organisées pour une action plus concertée dans
le cadre de la société civile congolaise.
Votée par referendum le 18 et le 19 décembre 2005, une nouvelle constitution a vu le
jour en R.D. Congo le 18 Février 2006. Modifié le 20 janvier 2011, ce texte a toujours
l’avantage de mentionner la parité homme-femme à son article 14. Toutefois, les
mesures d’exécution de cette disposition tardent à venir. Ces mesures d’exécution
devront imposer notamment la parité sur les listes électorales des partis et peut-être des
quotas au parlement et dans les pouvoirs exécutif et judiciaire au niveau national,
provincial et local.
La législation congolaise et la plupart des coutumes congolaises contiennent des
discriminations à l’égard de la femme, c’est pourquoi il est opportun d’analyser la
notion de la discrimination et d’examiner le genre de discrimination dont sont victimes
les femmes, y compris celles mariées.
35
D. Lochack, Réflexion sur la notion de discrimination, p 778, cité par Bereni L. et Chappe V., « La discrimination, de la
qualification juridique à l’outil sociologique », in Politix, n° 94, 2011/2 p.12.
36
J D. Mulikuza Mulengezi, Les droits de l’homme en République Démocratique du Congo. Quel bilan cinquante ans après ?,
Actes du cycle de conférences universitaires de Bukavu du 28-29 Juin 2010, Université Officielle de Bukavu, L’Harmattan,
Paris, 2012, p. 100.
37 Dorothea Hilhorst et Marie-Rose Bashirwa, Le mouvement des femmes au Sud-Kivu, République démocratique du Congo :
38
J. Rawls, Théorie de la justice et de l’égalité, seul, Paris, 1997, p.31.
39
F. Sudre et H. Hurrel, Le droit à la non-discrimination au sens de la convention européenne des droits de l’homme, NEMESIS-
BruylantT, éd. Justice et Droit, Bruxelles, 2008, p 14.
40
D. Lochack, Droits de la femme africaine au quotidien, Paris, La Découverte, 2003, p.15.
22
La RDC dispose d’un cadre législatif complet et la Constitution de 2006, dans ses
Articles 5, 14 et 15 a établi les fondements et légitimé l’égalité et l’équité politiques.41
La RDC a aussi ratifié ou reconnu un certain nombre de résolutions et de traités
internationaux importants comme la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations
Unies (en 2000), et le Protocole sur les droits des femmes africaines (en 2009). De plus,
en 2006, le pays a adopté une loi sur les violences sexuelles.
Cela étant dit, ces lois ne sont pas adéquatement mises en œuvre et elles ne sont pas
connues des populations, ce qui entrave le développement des femmes.
Par ailleurs, les pratiques d’ordre traditionnel entravent elles aussi ce développement,
par exemple dans la sphère familiale, où les transactions matrimoniales font de la
mariée une « propriété » de sa belle-famille, où la polygamie est acceptée, où les
croyances entourant la maternité restent primordiales pour les femmes, et où les filles
subissent des discriminations dans leur éducation.
Bien que la Constitution de la RD Congo établisse l’égalité en droit et que des quotas
réglementaires de représentation féminine au sein des institutions étatiques aient été
instaurés (30 % de femmes), la représentation des femmes reste faible en raison du
manque d’instruction et des obstacles culturels. Au niveau économique, dans la plupart
des familles, ce sont les hommes qui gèrent les revenus du foyer, et les activités
exercées par les femmes (petites activités et activités informelles), par leur nature, sont
généralement moins rentables. Dans les zones rurales, la répartition du travail est
inégale et les femmes ont la charge de la majorité des activités agricoles.
Bien que les violences sexuelles liées au conflit aient attiré l’attention au cours des
guerres, il est aussi manifeste que le taux de violences sexuelles commises par des civils
est non seulement élevé, mais semble exprimer la faible estime accordée aux femmes et
l’érosion des normes sociales qui protègent ces dernières.42
2.4. Histoire des mouvements des femmes au Sud-Kivu
Les organisations féminines du Sud ont depuis leurs origines concentré leur
attention sur la pauvreté, les conditions de travail, l’éducation et la santé mais plus
particulièrement sur les violences sexuelles et celles basées sur le genre.
Ces mouvements sont nés dans contexte d’après-guerre, des guerres qui ont caractérisé
la grande partie de la province du Sud-Kivu jusqu’au temps où certains penseurs ont
41
Loi n°06/006 du 9 mars 2006 telle que modifiée par la Loi n°11/003 du 25 juin 2011 portant organisation des élections
présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales
42
T. Zemouri, « les bavures de la guerre propre », in jeune Afrique l’intelligent, n°2169 du 5 au 11 aout 202, 42ème édition,
édition internationale.
23
appelé la province ; Capitale des violences sexuelles ; des guerres qui ont fait plusieurs
victimes notamment les femmes n’en étaient pas épargnées. A ces guerres, l’on citera
par exemple le massacre de Kaniola en 2003 où les femmes et les jeunes filles ont été
victimes. Plusieurs d’entre elles ont vu jour entre 1999 et 2006 et d’autres par contre
continuent à être créer.43
Ainsi, les négociations seront à l’origine de la création de structures de coordination des
organisations de femmes comme le Cadre permanent de concertation de la femme
congolaise (CAFCO), le Comité national Femme et développement (CONAFED), et le
Caucus des Femmes, en 2002 considérées comme les premières structures de défense
des droits de femme en province. La participation politique des femmes au
gouvernement de transition et après les élections de 2006 a été assurée de manière
insatisfaisante, de nombreuses femmes politiques ne s’étant pas senties entendues où
n’ayant pas été élues pour différentes raisons.
À l’échelle locale, de petites organisations et associations locales ont été mises en place
par les églises « Communauté ecclésiastique de base » pour les églises catholiques, «
noyaux » locaux de la Fédération protestante nationale des femmes, pour les églises
protestantes, etc.. De nombreuses femmes sont membres de plusieurs associations à la
fois, ce qui semble renforcer leur position en tant que femmes d’influence. Au tournant
du siècle, les ONG provinciales ont intégré les associations locales en tant que noyaux
locaux.44
3.1. Définition
Le mot « théorie » se conçoit sous trois sens opposés45 :
Le premier met l’accent sur l’opposition entre la théorie et la pratique : elle signifie une
connaissance désintéressée indépendante de ses explications. C’est ainsi qu’on attend
dénoncer les scientifiques des théoriciens pour fustiger des liens entre leurs
connaissances et les pratiques sur le terrain.
Le deuxième sens limite la théorie à une conception individuelle issue de l’imagination
et d’un parti pris de son producteur. Elle est dès lors comprise comme une construction
hypothétique ou l’opinion d’un savant ou philosophe sur une question controversée.
43
N. Habarugiri, L’apport des mouvements de la femme au développement de la femme. Cas de la ville de
Bukavu, mémoire (inédit) ISDR/BUKAVU, Aout 2010, p.30
44
N. Habaruguri, Op.cit., p.33.
45
P. Kaganda Mulumeoderhwa, Cours des théories sociologues, G2 UOB/FSSPA/, 2010-2011, p.8, inédit.
24
En 1851, Sojourner Truth publie J’aime la femme? qui traite des droits des femmes et
dont la thèse essentielle est que les hommes refusent des droits aux femmes à cause
d'une vision erronée qu'ils portent sur celles-ci47. Si des femmes de couleur peuvent
exercer des travaux supposés masculins alors toutes les femmes doivent avoir le droit de
pratiquer les mêmes métiers que les hommes. Enfin, Susan B. Anthony, arrêtée alors
qu'elle avait voulu illégalement voter se défend devant la cour dans un discours publié
en 1872.48 Dans ce manifeste, Susan B. Anthony critique la constitution et son parti-pris
masculinise qui se manifeste jusque dans le langage employé. Elle met en question la loi
qui s'impose aux femmes alors que celles-ci ne sont jamais désignées clairement
46
P Kaganda Mulumeorderhwa, Cours des théories sociologues, G2 UOB/FSSPA/, 2010-2011, p.8, inédit.
47
Truth Sojourner, J’aime la femme ? Théories féministes 2ème éd. Par Kolmar, Wendy et Bartowski, France, 2005,
p.94-100.
48
B. Susan Antony, Théories féministes 3ème Kolmar Wendy et Bartowski, France, p.55-61.
49
Francis Fukuyama, Women and the evolution of world politics, Foreign Affars, Sept.Oct.1998
25
Selon Tickner, les six principes de la théorie réaliste des Relations Internationales de
Hans Morgenthau (intérêt national, puissance politique, politique intérieure, autonome
du politique) sont basés sur une version partiale de la réalité qui privilégie la
masculinité.50
50
Francis Fukuyama, Women and the evolution of world politics, Foreign Affars, Sept.Oct.1998
51
Anne-Marie d’Aouest, Les approches féministes, dans Alex Macleod et Dan O’meara (dir), Théories des
relations internationales : contestations et résistances, Montréal, éd. Athéna, 2007, pp.281-303.
52
J. Anne Tchner Gender in international relations : feminist perspectives on archieving global security, New
York, Colombia University Press, 1992, p.305.
26
53
C. Stewart, Présentation de la convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des
femmes, Cambridge, Harvard Unirversity Press, 2006.
27
54
CEDEF, Règles essentielles de conventions de Genève et leurs protocoles additionnels, Genève, Septembre
1983-1990.
28
55
Déclaration de Maputo sur l’affirmation de l’égalité entre l’homme et la femme et la participation effective de
celle-ci au sein de l’union africaine, Mozambique Juin 2003
56
Itodo Samuel Anthony, Les droits des femmes et le développement, Bénin, 2016.
29
organisations non gouvernementales africaines dont la mission est de dénoncer ses abus
et signifier aux hommes que la femme africaine est comme toutes les autres femmes,
c’est-à-dire revendiquant son droit inaliénable à la dignité, le Protocole de Maputo fut
alors adopté dans ce concept par différents chefs d’Etats et de gouvernements africains
après plusieurs luttes des mouvements des femmes en Afrique. C’est alors dans ce cadre
qu’il vu jour, ce protocole qui vient lever les barrières tant politiques, culturelles et
légales qui poussent la femme à recourir à ses droits.
Le 11 juillet 2003, l’Afrique est entrée dans l’histoire pas comme ce continent
qui se suicide comme le mentionne Stephen Smith dans son célèbre ouvrage «
Négrologie », encore moins comme cet ailleurs étrange qui se caractérise
principalement par la violence, la morbidité et la calamité, mais comme un espace
capable de garantir les droits de l’ensemble de ses citoyens sans aucune forme de
ségrégation.
C’est ainsi qu’est sorti des fonds baptismaux, à Maputo, sous l’égide des chefs d’Etats
africains, le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif
aux droits de la femme. L’Afrique sonnait alors le glas du confinement de la femme
dans la sphère des seconds rôles. Cet instrument juridique inédit est venu matérialiser,
de façon particulière, les idées qui avaient longtemps été exprimées à travers le Plan
d’Action de Lagos en 1980, la Journée internationale de la femme africaine et plusieurs
autres outils juridiques comme la Convention sur l’élimination de toutes formes de
discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et les Pactes internationaux relatifs aux
droits civils et politiques, ainsi qu’aux droits économiques, sociaux et culturels.
57
Marie Thérèse Mengue, « Regard sur la situation de la femme au Cameroun », in Droits de l’homme, libertés et
justice sociale en Afrique centrale, Cahier africain des droits de l’homme, Etudes et documents de l’APDHAC,
Yaoundé, PUCAC, mars 2011, n°11, p. 45-74, p. 56.
30
A l’Alinéa 2(c) de l'Article 14, le Protocole de Maputo engage les États - parties à
prendre toutes les mesures appropriées pour protéger " les droits reproductifs des
femmes, particulièrement en autorisant l'avortement médicalisé, en cas d'agression
sexuelle, de viol, d'inceste et lorsque la grossesse met en danger la sante' mentale et
physique de la mère ou la vie de la mère et du fœtus".58
Il est important de relever que le Protocole de Maputo est le tout premier traité , à
reconnaître l'avortement , dans certaines conditions, comme un droit humain des
femmes , dont elles devraient jouir , sans restrictions ni crainte de poursuites judiciaires.
C'est pour aider à inverser cette tendance que la Commission Africaine a adopté
des Observations Générales n ° 2 sur l’Article 14.1 (a), (b), (c) et (f) et Article 14. 2 (a)
et (c)) du Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif
58
M. Jeugue Doungue, Discriminations à l’égard des femmes et développement durable à la lumière du Protocole
de Maputo relatif aux droits de la femme en Afrique, Yaoundé: PUCAC, mars 2011, n°11, p. 75-95, p. 84.
31
aux Droits des Femmes en Afrique, a l'occasion de sa 55eme Session Ordinaire tenue à
Luanda (Angola) du 28 Avril au 12 Mai 2014. Elles donnent des orientations claires sur
les obligations générales et spécifiques des États - parties en vue de favoriser
l'intégration et la mise en œuvre effectives des dispositions de l'Article 14 du Protocole
de Maputo.
Les dites Observations Générales doivent être utilisées également, lors de l'élaboration
et de la soumission par les États de leurs rapports périodiques, pour rendre compte des
mesures législatives et autres, par eux prises, dans le domaine de la promotion et de la
protection de la santé sexuelle et reproductive des femmes et des adolescentes.
La charte africaine des droits de l’Homme et des peuples a été adoptée le 27 juin
1981 à Nairobi lors de la 18ème session conférence de l’UA. Elle est entrée en vigueur le
21 octobre 1986. Cette charte s’inspire de la charte de l’Organisation de l’Unité
Africaine (OUA), de la charte des Nations-Unies, et de la déclaration universelle des
droits de l’homme.
Cependant, elle prend en compte les traditions historiques et les valeurs de civilisation
africaine59, en insistant sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et en accordant
également une grande place à la famille.
Le protocole de Maputo vient compléter cette charte, en affirmant
spécifiquement les droits des femmes en Afrique. Il énonce un certain nombre de droits
humains, comme l’alimentation, la santé, l’éducation, la dignité, la paix.
Il s’attache également à certaines inégalités entre les hommes et les femmes, condamne
la discrimination à l’encontre des femmes et statue sur héritage, la succession et droit
des veuves.
Ce protocole de 30 pages est un instrument régional pour la protection des droits
fondamentaux des femmes et se considère lui-même comme étant le premier instrument
législatif visant à protéger la femme africaine de toutes les formes de discrimination.
Ses 31 articles formulent une série de dispositions pour la protection des droits
spécifiques des femmes et des filles en Afrique, en tenant compte de l’environnement
socioculturel. Ainsi, le Protocole condamne et interdit les mutilations génitales
féminines et proclame le droit à l’autodétermination sexuelle, renforce les droits des
59
Texte intégral de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatifs aux droits des femmes en
Afrique, http://www.achrp.org/fr/instruments/archpr/, consulté le 14/01/2018.
32
femmes dans le mariage et reconnaît aux femmes et aux hommes des droits égaux de
posséder et d’acquérir des biens.
43 États ont signé le Protocole de Maputo60. Le protocole a été signé par les État
suivants : Afrique du Sud, Algérie, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun,
République démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana,
Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Guinée, Cap-Vert, Comores, Congo, Kenya,
Lesotho, Liberia, Libye, Madagascar, Malawi, Mali, Maurice, Mozambique, Namibie,
Niger, Nigeria, Rwanda, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Swaziland, Somalie,
Tanzanie, Togo, Tchad, Ouganda, Zambie, Zimbabwe (situation en novembre 2006).
Entre-temps, 20 États l’ont ratifié : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Comores, Djibouti,
Gambie, Lesotho, Libye, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Nigeria,
Rwanda, Zambie, Sénégal, Seychelles, Afrique du Sud, Togo.
15 États l’ont ratifié jusqu’en octobre 2005, et ayant ainsi atteint le quorum requis, il est
formellement entré en vigueur le 25 novembre 2005.
Le Protocole est le fruit des efforts déployés par un grand nombre d’organisations non
gouvernementales (ONG)61, en vue de protéger explicitement et de manière spécifique
les droits des femmes par un protocole additionnel à la Charte africaine des droits de
l’homme. Certaines clauses de la Charte de 1986 avaient été critiquées parce qu’elles
étaient formulées en des termes si vagues, notamment ce qui concerne les droits des
femmes, qu’il n’était guère possible d’en dégager des revendications pour des
modifications législatives ou des actions politiques concrètes, en dépit des
discriminations massives dont les femmes et les filles font l’objet en Afrique. Après de
nombreux cycles de consultation menés au niveau national et régional entre des acteurs
gouvernementaux et civils, un document commun, élaboré sous la direction de la
Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, a été adopté pour servir de
base au Protocole de Maputo.
60
Tableau de ratification du protocole de Maputo, situation en novembre 2006, in http://www.onufemmes.org consulté le
03 mars 2018
61
Women in Law and Development in Africa / Femmes Droits et Développement en Afrique (WiLDAF/FEDDAF), p.14.
62
Amnisty International, Le Protocole de Maputo de l’Union africaine : Un instrument pour la promotion des
droits des femmes en Afrique, éd. Francophone d’Amnesty international, Paris, 2009, p.5.
33
• Garantie de tous les droits fondamentaux reconnus au niveau international pour les
femmes (articles 2, 3, 4)
• Protection contre des pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé, telles que les
mutilations génitales féminines (article 5)
• Droit à la paix et protection particulière des femmes dans les conflits armés (articles
10, 11)
• Droit à la santé et en matière de reproduction, droit à la sécurité alimentaire (articles
14, 15, 18)
• Droits des femmes et des hommes à un traitement égal devant la loi, à une protection
égale de leurs droits et à un accès égal à la justice (articles 2, 8)
• Protection des femmes contre toutes formes d’exploitation et de traitements dégradants
(articles 2, 3, 4)
• Prise en compte de l’égalité entre hommes et femmes dans le droit matrimonial,
notamment en considération de la polygamie, des mariages forcés et précoces, et
protection des droits des veuves (articles 6, 7, 20, 21).
63
Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes
64
Slate Africa, « Le protocole de Maputo n’a pas vraiment sauvé les femmes africaines », 12 juillet
2018,http://www.slateafrique.com/310963/femmes-protocole-maputo-dix-ans-apres-maintenat,consulté le
14/01/2018.
34
2.2. De la ratification
Sur les 54 Etats-membres de l’Union Africaine, 36 ont signé et ratifié le
protocole de Maputo, 15 l’ont ni signé ni ratifié.66
La plupart des pays ayant ratifié le protocole se sont engagés dans des réformes visant à
promouvoir les droits des femmes. Selon le rapporteur spécial de la commission
africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) sur les droits des femmes en
Afrique, « l’adoption du protocole de Maputo a été un moment extraordinaire,
historique pour la réalisation des droits des femmes africaines. Aujourd’hui, ce texte
constitue un modèle et une source inépuisable d’inspiration. A condition que d’être
ratifier et pleinement mis en œuvre, il représente un véritable instrument d’action en
faveur de la transformation durable de nos sociétés ».67
La ratification du Protocole de Maputo reste un moment extraordinaire, historique mais
aussi une occasion en or pour réaliser les droits des femmes sur le continent africain.
Aujourd’hui, ce texte constitue un modèle et une source d’inspiration. A condition
d’être ratifié et pleinement mis en œuvre, il représente un véritable instrument d’action
en faveur de la transformation durable de nos sociétés. Poursuit Madame Soyata Mayga.
La convention sur l’élimination de toutes formes de violences et discriminations à
l’égard des femmes (CEDEF), ainsi que le Protocole à la charte africaine des droits de
l’homme et des peuples relatifs aux droits des femmes offrent un cadre lega l pour
lutter contre les violations des droits humains des femmes. En ratifiant ces instruments,
les Etats s’engagent à prendre en compte les droits humains des femmes.
Si presque tous les Etats africains ont ratifié la CEDEF (51 sur 53), 8 y ont tout
de même émis des réserves allant à l’encontre du principe même de non-discrimination.
65
Aimée Florentine Kabore, Droit des femmes en Afrique : Pourquoi le protocole de Maputo tarde-t-il à se
traduire en réalité sur terrain ?, Article de presse du journal Sidwaya, numéro unique du 30 juin 2015, Vol. 12.
66
http://www.archpr.org/fr/instruments/women-protocol/, Tableau de ratification par pays du protocole de
Maputo, consulté le 14/01/18,
67
Soyata Maiga, « Droits des femmes en Afrique, Rapport de la CEDHP, Maputo, juin 2015, pp 21-23.
35
68
FIDH, « Droits des femmes en Afrique : 15 pays n’ont toujours pas ratifié le protocole de Maputo ! », 10 juillet
2013, https://www.fidh.org/La-Federation-internationale-des-ligues-des-droits-des-femmes-en-afrique-15-pays-
n’ont-toujours-pas-ratifie-le-13642, consulté le 14/01/2018),
36
La coalition Afrique pour les droits des femmes : ratifier et respecter lance un appel aux
Etats n’ayant pas ratifié le protocole de Maputo à le faire. Ce texte, à l’instar de la convention
des NU sur l’élimination de toutes formes des discriminations des femmes ratifiée par la quasi-
totalité des Etats africains, offre un cadre juridique de référence pour assurer le respect des
droits humains des femmes : élimination des discriminations et des pratiques néfastes ; droit à
la vie et à l’intégrité physique ; égalité des droits en matière civile et familiale ; accès à la
justice ; droit de participation au processus politique ; protection dans les conflits armés ; droits
économiques et protection sociale ; droit à la santé et au contrôle des fonctions de
reproduction ; droit à la sécurité alimentaire, etc.69
organisations, auteurs de la campagne ‘‘Afrique pour le droit des femmes’’ attendaient depuis
la ratification du protocole par la RDC, les actions concrètes démontrant que la volonté des
autorités congolaises de respecter leurs engagements internationaux, notamment à travers cette
ratification du protocole de Maputo était prévisible.
Pour la RDC, la dépénalisation de l’avortement est une chose mais, l’effectivité de
celle-ci en est une autre. La philosophie du protocole de Maputo tend vers une dépénalisation
partielle mais grave de l’avortement car selon l’expression de l’article 14 2 c, c’est seulement
en cas de viol, inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale de la femme que
cet avortement est garanti par le fameux protocole. Une interprétation tout à fait stricte pour ce
qui concerne cet article est nécessaire pour ne pas encourager l’anarchie dans l’affaire de
l’avortement.
C’est pourquoi, comme la RDC n’a pas encore atteint un stade si important dans l’applicabilité
dudit protocole ; elle peut chercher des solutions pour ne pas totalement dépénaliser
l’avortement. La justification à cette allégation est que, la plupart des pays africains en général
et en particulier la RDC ne sont pas suffisamment équipés pour dépénaliser l’avortement et ceci
sans danger.
Après la ratification d’un traité, celui-ci commence à produire des effets sur le plan
interne. En général, pour qu’un traité ou une convention soit d’applicable sur le plan interne, il
faut que ledit traité acquière la qualité des normes internes de cet Etat là. La transformation
d’un traité en norme de droit interne se réalise par un processus appelé « Introduction ou
Réception ». A ce sujet, il existe globalement deux grands systèmes : le système des Etats
monistes et celui des Etats dits dualistes71.
Dans les Etats monistes, le système qui prévaut est celui de « l’incorporation
automatique » en ce sens que les traités acquièrent le statut de droit interne dès l’instant où ils
deviennent des normes internationales obligatoires pour l’Etat intéressé, c’est-à-dire dès que le
moment où cet Etat exprime sa volonté à être par voie de ratification, adhésion, acceptation,
etc. Tel est le système de beaucoup d’Etats Européens dont l’Allemagne, la France, l’Espagne,
de la majorité de pays latino-américains et une bonne partie des Etats africains (essentiellement
les pays d’expression française)72.
Par contre, dans les Etats dualistes, les traités, même ratifiés en bonne et due forme, ne
font pas partie du droit interne pour qu’ils deviennent normes internationales. Les traités
71
Luzolo Bambi Lessa, « Droit congolais, droits de l’homme et engagements internationaux », Séminaire international sur la
gestion de la transition en RDC du 26 au 28 avril 2004, p3.
72
André Mayambo, l’application de normes internationales relatives aux droits de l’homme par le congolais, inédit, p3. Cité
par Luzolo Bambi Lessa, Op.cit., p3.
38
doivent faire l’objet d’une réception formelle. La question du statut interne des instruments
internationaux relatif au droit de l’homme est bien réglée par les dispositions de la constitution
congolaise du 18 février 2006 en son article 215. En effet, cet article dispose : « les traités et
accords internationaux régulièrement conclus ont, dès leur publications, une force supérieure à
celles de lois, sous réserve pour chaque traité ou accord, de son application, par l’autre partie ».
La constitution congolaise consacre ainsi le système de l’incorporation automatique des traités
dans l’ordre juridique congolais. Les traités internationaux conclus par la RDC s’incorporent à
l’ordre juridique congolais à partir du moment où ils sont publiés dans le journal officiel. Ils s’y
incorporent avec un rang supérieur à la loi, que cette loi soit antérieure ou postérieure.
Toutefois, il importe d’indiquer que le régime des traités internationaux relatif aux droits de
l’homme diffère de celui des traités de type classique en ce que leur application ne peut pas être
soumise à la condition de réception.73
C’est à partir du moment où les traités sont publiés dans le journal officiel qu’ils
commencent à produire des effets dans le droit interne congolais.
A notre avis, nous demanderions au parlement congolais de voter une loi qui permettrait de
remédier la question de la dépénalisation de l’avortement. Cette loi devrait consacrer la
pratique de l’accouchement X. cette loi emboiterai le pas de la pratique française dans
l’accouchement sous X. au fait, si la femme a une grossesse qui rentre dans le cadre de l’article
14 du protocole de Maputo.
Toutefois, sans être moraliste, une femme qui porte un fœtus doit en être consciente qu’elle
porte en elle un enfant. D’où la nécessité de ne pas trop vouloir courir à l’avortement car ce
fœtus est un humain aussi.
Cette publication au Journal Officiel est importante parce qu’il existe depuis longtemps une
controverse sur le moment de l’entrée en vigueur d’une loi. Certains juristes invoquent l’article
142 de la Constitution qui stipule : « La loi entre en vigueur trente jours après sa publication
au journal officiel à moins qu’elle n’en dispose autrement ». Ils en déduisent que «
l’application des traités ratifiés dans les Cours et tribunaux congolais est facteur de leur
73
Luzolo Bambi Lessa, Op.cit., p4.
39
publication au journal officiel ». Donc pas de publication au Journal Officiel implique que pas
d’entrée en vigueur ! D’autres juristes plus audacieux considèrent que si l’absence de
publication est utilisée comme une mesure dilatoire avec la volonté d’empêcher l’entrée en
vigueur de la loi adoptée (et dans ce cas du protocole), elle ne doit pas bloquer indéfiniment
l’entrée en vigueur d’une loi votée par le Parlement. Un peu comme lorsque le Président de la
République ne promulgue pas la loi votée dans les 15 jours de sa transmission, l’article 140
prévoit que « A défaut de promulgation de la loi par le Président de la République dans les
délais constitutionnels, la promulgation est de droit »74.
Le protocole de Maputo, en publié, ceci entraine donc de multiples conséquences, entre autres
en matière d’applicabilité directe de ce texte. « Applicabilité directe » signifie qu’« est
directement applicable la règle de droit international qui, sans requérir aucune mesure interne
d’exécution, peut être appliquée dans l’Etat où cette règle est en vigueur »75. Ainsi est en cause
la possibilité pour un juge national d’ « appliquer » la règle internationale, c’est-à-dire
d’emprunter à son dispositif la solution du litige dont il est saisi.
74
Mukoko Samba, Forum sur la contribution de la femme à la reconstruction de R2publique Démocratique du
Congo, septembre, 1999.
75
Joe Verhoeven, La representativité au profit des femmes dans le gouvernement des pays sous developpés, Paris, éd.
Armand Colin, 2001.
76
Maurice Kamto, « Introduction générale : La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et les
perspectives de la protection des droits de l’homme en Afrique », AUPELF-UREF, Montréal, 1994, p.254.
40
l’importe quel avortement pour toutes les femmes enceintes même pendant le 9ième mois de
grossesse. Toutes les restrictions efficaces de l’avortement seraient abolies par le protocole.77
A ce niveau, plusieurs auteurs ont mal interprété ce protocole car l’article 14, 2ème alinéa
paragraphe c, est un peu claire en cette matière et défini le cas dans lesquels cet avortement
doit être toléré. C’est pourquoi, les Etats doivent être strict dans l’application de ce protocole,
interpréter de manière stricte de cette disposition qui dépénalise l’avortement et de faire en
sorte d’éviter certaines erreurs.
Le protocole de Maputo formulé avec l’assistance de la fédération internationale du planning
familial (IPPF) demande explicitement que toutes les méthodes de contraception, y incluent
celles qui sont abortives comme la pilule soit fournie par les gouvernements. Le traité exige la
permission de tuer non seulement à naitre conçu par un viol ou l’inceste, mais aussi lorsque la
grossesse met en danger la santé mentale ou physique de la mère.78
Aux Etats-Unis et ailleurs, cette dernière ouverture a été utilisée pour justifier tous les
avortements à n’importe quelle période puisque le médecin avorteur pouvait toujours se
défendre en disant que la femme aurait été dépressive ou anxieuse s’il avait refusé de pratiquer
l’avortement demandé. Ceci est certain : le Protocole de Maputo aboutira par l’avortement libre
sur tout le continent. C’est serait la première fois que tout un continent aurait reconnu un droit à
l’avortement. Il y aurait peut être une solution pour pallier à cette mauvaise foi de médecins
avorteurs, bien que l’organisation mondiale de la santé défini la santé comme un état de bien-
être physique, mentale et social complet ; elle n’est pas seulement l’absence des maladies ou de
déficience ; les médecins doivent être strict, au besoin même recourir au tribunal pour que
celui-ci apprécie si réellement si la femme est en danger et qu’il faut que médecin recours à
l’avortement comme seul moyen pouvant lui sauver. Ceci revient à dire que tout avortement
qui ne serait pas autoriser par le juge après sa libre appréciation sera retenu comme un fait
infractionnel et le médecin traiteur engagera sa responsabilité ainsi que tous les complices
doivent être dument poursuivit.
L’intervention du tribunal dans l’affaire de l’avortement aura comme avantage de n’est pas
libéraliser l’avortement en Afrique comme croient certaines personnes.
77
Humann Life International, « Le protocole de Maputo : un danger imminent », in http://www.hli.org, consulté le 05 mai
2018
78
N. Mufurume Gustave, Le protocole de Maputo, danger pour le droit interne des Etats, Mémoire Droit,
Université de Graben, 2011-2012.
41
Kamga Gustave, déplore le fait que l’article 14 soit si vivement critiqué par
d’imminentes personnalités. Cet article a pour titre : « droit à la santé et au contrôle des
fonctions de reproduction ». Que les Etats s’engagent à prendre toutes les mesures appropriées
pour assurer et protéger les droits reproduction des femmes particulièrement en autorisant
l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste, etc. est tout à fait
normal si nous déferons les droits de la femme ; une maternité ne doit pas être imposée à la
femme.80 Ainsi, Gustave fut contredit par Anne-Marie Kengne, qui trouve que ce qui est mal
c’est la vie et non la capacité de déclarer qu’un enfant ne mérite pas de vivre parce que conçu
dans des mauvaises conditions. Le rapport sexuel peut être mauvais, cela ne rend pas l’enfant
mauvais81. Selon elle, l’Afrique a besoin de redécouvrir ces valeurs où l’enfant c’est pour tout
le monde, pour la société.
Présenté initialement comme un document à lutter contre les mutilations génitales perpétrées
contre les femmes, il s’agit en fait de l’un des premiers textes de droit international à
revendiquer explicitement le droit à l’avortement. L’article 14 cité et critiqué par le Pape
79
« Le protocole de Maputo : Benoit XVI défend l’Afrique à naitre » in http://www.libertépolitique.com, consulté
le 26 mars 2018
80
Kamga Gustave, « droit à la santé et au contrôle des fonctions de reproduction », Yaoundé, PUCAC, mars 2011,
p. 43.
81
Anne Marie Kengne, Le Protocole de Maputo cherche l’éradication des cultures traditionnelles de l’Afrique,
Paris, Economica, 1999, p. 181.
42
émérite Benoit XVI, intitulé « droit à la santé et au contrôle des fonctions de reproduction » est
en effet une charge d’une violence sans précédent contre les enfants à naitre. L’article
incriminé contraint les Etats à « protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement
en autorisant l’avortement médicalisé, suivant les cas précédemment cités.
reproductive dans cet article ont exclu les droits du couple, de la famille et de la société (civile,
traditionnelle, culturelle et religieuse) et précisément prendre part à la promotion des droits de
la femme aux soins de santé. Par exemple, l’autorisation d’avorter et le choix de toutes les
méthodes de contraception pour les femmes (cfr. Articles 14, 1c et 2C) sont particulièrement
incompatibles avec les enseignements de l’Eglise catholique, sa tradition et ses pratiques… en
outre, l’Eglise affirme sans interruption depuis le premier siècle que c’est une grave faute
morale pour toute personne ou leur agent de procurer un avortement. Cet enseignement n’a pas
changé et demeure inchangeable !!!
A la lumière de ceci, nous observons que l’avortement et l’infanticide sont des crimes
abominables pour presque toutes nos cultures africaines, sociétés traditionnelles et religions.84
En ce qui concerne plus particulièrement le protocole de Maputo, Benoit XVI, dès son
élection, a suivi de très près le dossier grave aux évêques africains. Le 19/01/2006, la
conférence épiscopale de l’Ouganda dénonce le caractère subversif de ce document : « Jamais
dans l’histoire un protocole n’est allé aussi loin ! Nous croyons fermement que les peuples
d’Afrique n’ont aucun désir de voir ce protocole introduit dans leurs lois. Les situations de
forte détresse mentionnées dans le texte (viol, inceste, agression sexuelle) ne peuvent créer un
droit de supprimer une vie innocente. Ceci s’applique encore moins dans les cas définis d’un
danger pour la santé mentale ou physique de la mère. En fait, ceci est une porte ouverte à
l’avortement libre ».
Chris Smith, un député national américain, en visite au Nigeria a critiqué le protocole.
Selon le Daily champion de Lagos du 26 février 2007, Smith a déclaré que la vie
d’innombrables africains a été perdue ou blessée par les guerres, les crimes, les famines et les
maladies. L’avortement légal ou illégal menace la destruction de la prochaine génération
d’enfants africains. C’est faux de prétendre que l’avortement sera sans risques si c’est légal.
L’avortement n’est jamais sans risques pour l’enfant et peut causer des blessures physiques,
émotionnelles et psychologiques pour la femme si c’est légal ou illégal.85
84
Maurice Kamto, « Introduction générale : La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et les
perspectives de la protection des droits de l’homme en Afrique », op. cit, p. 36.
85
« Les dirigeants catholiques et africains s’opposent au protocole de Maputo », in
http://leprotocoledemaputo.org/index.html , consulté le 05 mai 2018
44
L’extrême gauche ne veut pas à ce que le Vatican puisse s’ingérer dans les affaires
internes des Etats. Elle met au-devant le célèbre principe de la non-immixtion dans les affaires
intérieures des Etats, principe cher en coopération internationale. Elle s’est alors rendu compte
que le Vatican était en train de violer ce principe.
86
« Le protocole de Maputo : un danger imminent », Op.cit., p.19.
45
Un protocole fort critiqué, la population congolaise n'est pas passée à côté. Elle n'a pas
conçu l'attitude du gouvernement congolais de l’avoir ratifier. Les portes étendards de cette
position sont surtout les églises qui, dans tout le pays, ont contesté cet acte. Dans divers
mouvements associatifs, tout tournait autour de la question du protocole de Maputo. L'Eglise
catholique tenait à tout prix pour que celui-ci ne soit pas ratifié et sensibilise même jusque
maintenant, la population congolaise pour atteindre son objectif.
La Femme Congolaise, Religieuse ou Laïque, s'est engagée à préserver la Vie, sous toutes ses
formes et tient à sa dignité de personne humaine créée à l'image de Dieu. Sur les 53 pays
membres de l'Union Africaine, neuf n'ont pas signé ledit Protocole. Cependant, vingt pays ont
signé et ratifié contre vingt-quatre qui l'ont signé mais ne l'ont pas ratifié. C'est le cas de la
République Démocratique du Congo dont les Femmes en colère, multiplient des actions pour
inviter le Gouvernement à ne pas ratifier le Protocole de Maputo. 87
Pour ce faire, celles-ci ont organisé des réunions visant à faire comprendre à toutes les femmes
congolaises tous les dangers et pièges que contient ce protocole. C'est dans ce contexte précis
qu'il faudrait situer une réunion des Femmes sur la non ratification du Protocole de Maputo,
tenue au Siège de l'Union des Supérieures Majeures (USUMA), situé sur la 13ème Rue, dans la
Commune de Limité, à Kinshasa. Initiée par « Dynamique Femmes pour la Paix » de la
Commission Episcopale Justice et paix de l'Eglise Catholique de la RD Congo, cette rencontre
a réuni des femmes membres des ONG locales.
C'est un constat amer d'autant plus que la plus part des congolais rejettent le protocole de
Maputo. C'est le cas des femmes qui voulaient interdire au gouvernement de ratifier ledit
protocole. Ces femmes comptaient le faire car elles étaient entrain de brandir le caractère sacré
de la vie humaine et elles supposaient que, autoriser l'avortement est révoltant et inconsolable
et c'est la raison pour laquelle le protocole de Maputo est une bombe à retardement.
Essayons un peu de revenir en arrière en s'inspirant à l'article 1 de la DUDH qui dispose que
tous les êtres humains...sont doués de raison et de conscience. La DUDH remet en cause la
personnalité juridique ; car selon le droit interne, la personnalité juridique commence dès la
conception, pourvu que l'enfant naisse vivant et viable. A ce niveau, ces femmes pourraient
avoir raison de s'acharner contre cette disposition qui autorise l'avortement car la vie existe
déjà.
87
Les femmes congolaises disent non à la ratification du protocole de Maputo » in http://www.cooperation.net
,consulté le 15 mai 2018
46
Malheureusement, avec cet article 1 de la DUDH, qui énonce une primauté du critère
philosophique de la vie par rapport au critère biologique et par conséquent, la vie commence
plus tôt à la naissance et non à la conception.
Une petite logique nous permet de déduire que, conformément à l'article 215 de la constitution
du 18 février 2006 qui dispose qu'une fois la convention ratifiée, elle a une autorité supérieure à
celle des lois ; une disposition autorisant l'avortement ne met pas en danger la vie car, nous
l'avons déjà dit, elle commence à la naissance.
47
88
F. Sudre, Droit européen et international des droits de l’homme, 11ème édition, PUF, Paris, 2012, p. 46.
89
Lunda Bululu, La conclusion des traités en droit constitutionnel zaïrois. Etude de droit international et de droit interne, éd.
Bruylant, ULB, Bruxelles, 1984, p 153.
90
J. Combacau et S. Sur, Droit international public, 8ème édition, LGDJ- Montchrestien, Paris, 2008, p. 182.
48
avec une femme d’un des grands pays du Monde comme la France, les USA, le Canada ; etc.
bien qu’elle joue un rôle important dans la vie sociale, elle n’est représentée à la grande
instance de prise des décisions au Pays. Des violences sexuelles et celles basées sur le genre
dont sont victimes les femmes ; et la province du Sud-Kivu en un certain moment considérée
comme le bastion des violences sexuelle.
93
Art. 213 et 214 de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi
du 20 janvier 2011.
94
Brusil Miranda Metou, « Le moyen de droit international devant les juridictions internes en Afrique : quelques exemples
d’Afrique noire francophone » in Revue québécoise de droit international, n° 22.1, Montréal, 2009, pp129-165, p.142.
95
Combacau J et Sur S, Droit public international, 5ème édition, Montchrestien, Paris, 2001, p 177.
50
96
Ngouelu-Mpemba Ya Moussoungou V, « La réception des droits de l’homme dans le droit positif congolais », L’Harmattan,
2003, pp 251-267, p 252.
97
Djiena Wembou M-C., « Les normes internationales relatives aux droits de l’homme dans la législation interne des Etats
africains : problèmes et perspectives », in Revue africain de droit international et comparé, éd. La société internationale de
droit international et comparé, 1999, Vol. 11, N° 1, p 54.
98 Marie Rose Bashirwa et Dorothea Hilhorst, «Le mouvement des femmes au Sud-Kivu, République démocratique du
Congo : Une analyse de la société civile » Genève, 2016 ;p.129
51
C’est dans ce cadre que l’Onu femme conscientise la population locale et surtout les
chefs coutumiers à travers différentes campagnes de sensibilisation et de mobilisation. Ainsi,
grâce au soutien de l’ONU-Femme, le projet BADILIKA de l’ONG Fondation Panzi a organisé
une série de formations à l’intention des chefs coutumiers venu de Kamanyola, Birava, Idjwi,
Mwenga, Fizi et Kavumu en province du Sud-Kivu et ceux venu de Maniema et Goma dans le
Nord-Kivu sur les techniques du plaidoyer. Des campagnes de sensibilisations et de
mobilisation par le projet Ushindi de la Fondation Panzi à la journée Internationale de la
Femme, le 8 mars 2016. Au total, 6587 personnes étaient touchées par les activités de
communication pour le changement de mentalités et des techniques de plaidoyers sur les droits
des femmes.100
2.1.2. Dépôt d’une pétition pour la révision de la loi électorale et la promulgation de loi
sur la parité. (2015)
L’une des premières actions menées par les mouvements des femmes du Sud-Kivu a eu
comme objectif la modification de la loi sur la parité ainsi que la modification de la loi
électorale qui ne respecte pas le principe de la représentation égale homme-femme alors même
que la Constitution l’a clairement établi dans son article 14: « La femme a droit à une
représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales. L’État
garantit la mise en œuvre de la parité hommes-femmes dans lesdites institutions. »
L’initiateur de cette initiative fut alors le mouvement rien sans les femmes qui, par la suite sera
soutenu par le Caucus de femmes, Afem, femme au fone et le centre Amaldefea.
Durant le mois d’Avril 2015, les membres de Rien Sans les Femmes ont ainsi initié une pétition
adressée au Parlement pour que l’alinéa 4 de l’article 13 de la loi électorale soit révisé et
99
Rapport interne AFEM, Douce Namwezi, approche genre : pas seulement une affaire des femmes, Bukavu,
Octobre 2015.
100
Rapport 2016 Fondation Panzi, document tiré des archives de l’ONG Fondation Panzi, p.9.
52
reformulé comme suit : «La non réalisation de la parité homme-femme constitue un motif
d’irrecevabilité de la liste concernée».
En moins de 3 semaines, 207.315 personnes ont signé cette pétition qui a été remise
officiellement au Président de l’Assemblée Nationale le 14 mai 2015 à Kinshasa, par une
délégation composée de représentants de 17 organisations de la société civile venue du Nord-
Kivu, du Sud-Kivu et de Kinshasa.101
Dans ce cadre, les membres de cette délégation ont pu également s’entretenir avec la Ministre
nationale du Genre, de la famille et de l’enfant, le Président du Sénat, le vice-président et la
questeur de la Commission Électorale Nationale Indépendante, les Chefs de 8 partis politiques
de la majorité et de l’opposition, le représentant du conseil des chefs coutumiers de la RDC
ainsi les députés nationaux membres de la Commission socioculturelle et du Caucus de
parlementaires du Sud-Kivu, afin de présenter l’objectif de la campagne rien sans les femmes et
d’obtenir l’implication d’un plus grand nombre de femmes dans la gestion de la chose publique
à travers les partis politiques.
2.1.3. Plaidoyer pour la nomination de 50% de femmes aux postes de prise de décisions
en marge de la journée internationale de la femme de mars 2016
Le manque des femmes aux instances de prises de décisions est parfois à l’origine du non
prise en compte de la spécificité des femmes en termes de besoin, d’intérêt, des ressources et
aspirations dans les efforts du développement du pays. D’où la persistance des disparités entre
les hommes et les femmes.102
Durant le mois de mars 2016, les mouvements des femmes du Sud-Kivu ont mené des
activités afin d’atteindre les 3 objectifs suivants :
a) mobiliser la communauté à soutenir leur cause (Cinquante-Cinquante);
b) renforcer l’engagement des autorités par rapport aux Femmes,
c) élargir les mouvements des Femmes dans la province du Sud-Kivu.
Les activités ont produit des résultats, surtout en ce qui concerne :
La visibilité des organisations féminines à travers l’organisation de 3 marches
pacifiques au Nord et Sud-Kivu, un match de football des équipes de femmes à Beni au Nord-
Kivu, à Kabare et à Walungu, la production et la diffusion d’émissions radio et télévision au
101
Rapport de rien sans les femmes de mai 2015 ; Kinshasa 2015
102
Marie Mossi ASADHO) et Mariana Duarte (OMCT), Alternative report, prepared for CEDAW 36th Cession, 7-25
August 2006.
53
Nord Kivu, Sud Kivu et à Kinshasa, ainsi que la production et distribution des pagnes et t-
shirts.103 Ce programme était l’œuvre de Femme au fone, réalisé par Afem et Mama Radio.
Ces différents éléments ont eu un impact direct sur la mobilisation de la communauté et
l’élargissement de leur mouvement étant donné que plus de 100 nouvelles organisations ont été
créé dans les semaines et mois suivants et qu’aujourd’hui les deux provinces, du nord et du
Sud-Kivu comptent plus de 160 organisations féminines.
2.1.4. Le plaidoyer par auprès des autorités
Plus de 43 autorités congolaises, particulièrement du Sud-Kivu ont signé un acte
d’engagement dans lequel elles s’engagent à nommer plus de femmes aux prises de poste de
décisions d’ici mars 2017 pour les positions où ils ont ce pouvoir. Parmi les personnes ayant
signés des actes d’engagement on peut souligner le Bourgmestre de la commune de Kadutu, le
Président de l’Assemblée Provinciale du Sud-Kivu, la Ministre Nationale du Commerce, le
Vice Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur, la Ministre Nationale de la Femme, Famille et
Enfant, la Présidente de la Dynamique de l’Opposition et le Secrétaire Général de la
COFEDEC.
2.1.5. Analyse participative de la loi n°15/03 du 1er aout 2015 portant modalité
d’application des droits de la femme et de la parité
Les associations de femmes, à travers certaines de ses organisations membres, ont
organisé différents ateliers d’analyse participative de la loi sur la parité avec des organisations
de la société civile et des acteurs clés, pour analyser les aspects positifs et négatifs de la loi,
notamment dans la ville de Bukavu et dans différents territoires de la province du Sud-Kivu : à
Kabare ; Walungu, Idjwi, Fizi, Shabunda, etc.
Par la suite, les rapports de ces ateliers ainsi qu’un rapport indépendant qui avait été produit par
l’Observatoire de la Parité, ont été partagés avec le Réseau des Femmes Juristes de l’Est de la
RDC (RAFEJE) qui a compilé les informations de tous ces rapports, et ajouté une analyse plus
juridique de la loi pour en sortir un rapport conjoint avec les organisations féminines de la
province.
Ce rapport compilé par le mouvement vise ainsi à analyser les forces et les faiblesses de cette
loi, sa conformité avec les engagements internationaux de la RDC ainsi que sa cohérence avec
les autres dispositions légales du pays.
Les conclusions du rapport soulignent en particulier que bien que cette loi fût très
attendue et que l’initiative de légiférer dans le domaine soit à saluer, elle reste encore trop floue
103
FAF, Rapport annuel de femmes au phone, Bukavu 2016
54
et inconsistante. Ainsi cette loi, en contenant des dispositions sur l’ensemble des droits des
femmes dans tous les domaines, dilue largement les possibilités de mettre en œuvre
concrètement le protocole de Maputo, mais aussi la parité entre les hommes et les femmes.
Bien qu’elle intègre la notion de discrimination positive et pose le principe de l’implication des
hommes dans la promotion du genre elle ne contient aucune disposition pratique ni de mesure
contraignante pour la mise en œuvre effective de la parité dans les sphères publiques comme
privées.104
Ce rapport final compilé était utilisé pour des actions de plaidoyer lors de la journée
internationale de la femme 2017.
2.1.6. Plaidoyer et monitoring de la mise en œuvre de la loi n°15/013 du 1er août 2015
portant modalités d’application des droits de la femme et de la parité
Ces associations ont accueilli favorablement la promulgation par le Président de la
RDC de la Loi n°15/013 du 1er août 2015 portant modalités d’application des droits de la
femme et de la parité. Cependant sa mise en œuvre effective sur le terrain tarde à se
matérialiser.
Dans ce contexte, elles ont lancé en novembre 2016 une grande action de plaidoyer et mobilisé
l’ensemble de ses membres afin d’informer les autorités concernées de l’existence de cette loi
et de ces dispositions concernant leur obligation de prendre des mesures pour l’exécution de la
parité notamment au moyen de la discrimination positive ainsi que leur devoir de recevabilité,
c’est-à-dire la publication de mesures et leur évaluation annuelle.
Ces femmes ont déjà pu rencontrer 43 autorités à ce sujet, confie la secrétaire exécutive du
Caucus de femme pour la paix au Sud-Kivu.
Durant l’année 2017, l’associations des femmes de médias, AFEM SK avait fait un
accompagnement pour rapprocher des autorités ciblées et les appuyer à développer et même
publier un rapport annuel d’évaluation des mesures prises pour la parité dans leurs institutions
mais également l’élaboration et l’exécution d’un plan d’action pluriannuel pour la mise en
œuvre de la parité à l’aide d’un guide pratique développé par le mouvement.105
104
S,Marcelle, « Plaidoyer sur la Campagne Rien Sans les Femmes », World Pulse, 14 mai 2015. in : https://www.worldpulse.
com/fr/community/users/sikuzani-marcelle/posts/36923.
105
AFEM/SK, Réalité des femmes avec référence spécial aux situations des conflits armés, Bukavu sept. 2006,
révisé, 2003.
55
2.2. Structures
Les préoccupations des femmes en RDC reçoivent l’attention de différentes structures
aussi bien dans la sphère étatique qu’en dehors, ainsi qu’au-delà des frontières du pays.
S’agissant du gouvernement, le Ministère national du genre, de la famille et de l’enfant et ses
Divisions du genre dans la province représentante de l’autorité politique sur les questions
relatives aux femmes (les violences sexuelles constituant le cadre de travail principal) et
mettent en place des activités en partenariat avec les ONG locales.
Les ONG internationales ont quant à elles créé des unités ou programmes de genre propres. A
l’exemple de l’ONU-Femme qui a accompagné la Commission Electorale Nationale
Indépendante (CENI) dans la mise en œuvre du programme d’opérationnalisation du cadre de
concertation « genre et élection ».
106
Rapport GADF sur la mise en œuvre du Protocole de Maputo, 2017.
56
Amnesty International quant à elle appuie les organisations féminines du Sud-Kivu surtout dans
le cadre de lutter contre les violences faites à la femme. Elle aussi ces organisations en
matériels et autres fournitures pour la concrétisation de leur programmes.107
Pour sa part, l’ONG Mercy Corp. aide à travers son apport en matériels aux organisations
féminines de la province du Sud-Kivu. Ces aides sont en grande partie constituées de matériels
de terrain, la distribution d’eau et la formation des femmes sur le leadership féminin.
Ces organisations et autres s’intéressent non seulement aux violences sexuelles, mais
aussi de plus en plus au leadership féminin, à la promotion des droits des femmes, et aux
activités socio-économiques. En 2013, un réseau d’ONGI travaillant sur le genre a été formé en
vue de promouvoir les synergies. À l’origine, le Cluster Protection du système de Clusters de
l’ONU s’intéressait uniquement aux violences sexuelles liées à la guerre, en lien avec le
mandat de la MONUSCO. Désormais, le Cluster travaille de plus en plus sur les violences
sexuelles et basées sur le genre de manière générale, dans des zones plus stables. Les
organisations de la société civile qui travaillent sur le genre sont généralement membres de
plusieurs structures telles que la Composante Femme du Sud-Kivu ou le Bureau de
coordination de la société civile (93 membres), ou encore de structures comme la Fédération
des femmes du Congo CAFCO (63 membres) et COFAS (44 membres) et d’autres du Caucus
de femmes. Ces structures de coordination s’attachent principalement à améliorer les capacités
des femmes et à intégrer les femmes aux sphères de prise de décision en tant qu’enjeux clés de
la lutte contre les discriminations à leur égard.
Enfin, à l’échelle locale, un certain nombre d’ONG disposent de bureaux à Walungu (le
RFDP, le CAMPS, Vovolib), d’autres disposent de points focaux dans la zone (l’AFEM,
VICO). Ces organisations ont cherché à renforcer le travail en comités, par exemple à travers
les Comités de la paix, les MUSO, les clubs d’écoute des radios, etc.
107
Amnesty International, Mettre fin à la violence contre les femmes au combat pour aujourd’hui, Ed.
Francophone d’Amnesty international, Paris, 2004, p.5.
57
3.1. Bilan
3.1.1. Leur lobbying et plaidoyer influencent la promotion des droits de la femme dans la
province
A chaque événement politique, ces organes prennent des positions très ouvertes à
travers les lettres, des tracts, des revues d'information et en font une large diffusion à la radio,
tout comme de descentes dur terrain dans le milieu des femmes afin de dissuader l'autorité
politique et d'éclairer la population sur les questions d'intérêt féminins.108
Ainsi ;
Femme au fone quant elle, après son une année d’activité au Sud-Kivu en 2016 s’est
engagé pour lutte contre la discrimination à l’égard de la femme sud-kivutienne.
Une année après, en 2017 cet engagement a produit des fruits, parce que FAF fait dès lors des
champagnes de sensibilisation contre toute forme de discrimination dont est victime la femme.
Ceci à travers des émissions de sensibilisation et de vulgarisation de droits de la femme sur les
ondes des différentes radios locales, qui sont leurs partenaires.
108
S. Marcelle « Plaidoyer sur la Campagne Rien Sans les Femmes », World Pulse, 14 mai 2018. Disponible sur :
https://www.worldpulse.com/fr/community/users/sikuzani-marcelle/posts/36923
109
http://www.AFM.com/afm/SK-en-mouvement consulté le 15 mai 2018
110
Buhenwa Elie, clinique juridique ; rapport de mai 2016, Panzi, 2016.
58
droits de la femme en particulier et aux droits de l'homme en général. Nous comprenons ici que
les retombées peuvent être multiples car les victimes sont soignées, encadrées et parfois les
commanditaires de ces actes sont traduits en justice. Ce qui peut éduquer ces derniers et même
la société.
Caucus de femmes du Sud-Kivu dénonce aussi les violations dont est victime la
femme dans la province du Sud-Kivu. Elle vulgarise surtout l’article 9 du protocole sur le Droit
de participation au processus politique et à la prise de décisions. Pour l’organisation, les
femmes vivotent car elles ne veulent pas s’adonner à la politique. Dans ces descentes dans
différents coins de la province, Caucus de femmes sensibilise les femmes à se représenter
quand il y a élections et à vouloir voter pour la femme afin d’espérer au changement des
conditions socio-politique de la femme et espérer une mise en œuvre effective du protocole de
Maputo.
Il en est de même pour l'ONG Women for Women qui fait aussi, dans le cadre du protocole de
Maputo, une vulgarisation dudit protocole et a fait le bilan de ses activités depuis 2016. Sur 604
cas de violation des droits humains, 230 cas sont liés aux mutilations génitales féminines, 84
aux violences sexuelles, 64 cas d'extorsion, 79 cas des pratiques néfastes et 147 cas divers. Il y
travaille en synergie avec plusieurs autres associations des droits humains et impliquées dans le
Sud-Kivu. Cette synergie a réussi à faire un plaidoyer pour la libération et autre forme de
solution pour 254 cas litigieux sur les 604 enregistrés.111
Héritiers de la justice, une ONG de défense des droits de l’homme intervient aussi dans le
cadre du Protocole de Maputo à travers son département femme et enfant. Celui-ci s’est
toujours impliqué à la vulgarisation de l’article 7 dudit protocole portant sur Séparation de
corps, divorce et annulation du mariage. Bien que ceci ne soit pas trop à la une de la ville de
Bukavu, l’ONG au moins en à faire sensibilisation dans le territoire de Fizi et Shabunda depuis
2015.
Héritiers de la justice à sensibiliser les femmes de ces deux territoires sur la prononciation par
voie judiciaire et non être un simple fait à constater. Elle sensibilise les femmes à vouloir le
déclamer car c’est de leur doit.
Selon son rapport de 2016 sur la situation de la femme au Sud-Kivu, l’ONG affirme que
plusieurs sont laissées à ces jours sans qu’il y a une prononciation par voie judiciaire. Elle
111
C. M. Vinas, « Gender Audit of the Peace, Security and Cooperation Framework of the Democratic Republic of
Congo and the Region », octobre 2015, International Alert et The Kvinna till Kvinna Foundation.
59
évoque notamment le phénomène de papas qui font 10 ans ou plus en voyage, elle pense que ça
est aussi une nouvelle forme de séparation de corps.
Néanmoins, et malgré tous ces efforts fournis par ces organisations et d’autres, au Sud-Kivu,
les hommes et les femmes continuent de s’inscrire dans des normes de genre fortement
inéquitables.
112
Observatoire de la Parité, Rapport sur l’État de la Parité en RDC : Rapport biennal sur l’état de la mise en
oeuvre progressive de la parité hommes-femmes dans les institutions nationales, provinciales et locales, 8 mars
2008 – 8 mars 2010, Bukavu, RDC : Observatoire de la Parité, p. 15. Disponible sur :
http://www.observatoiredelaparite.org/spip/IMG/pdf/rapport.pdf .
60
113
Rapport 2012 du projet d’Appui à la promotion politique de la femme et le leadership féminin au Sud-Kivu.
Document tiré des archives de l’ONU Femme/SK, p.18.
114
Idem, p.13.
115
Fiona Flitan, Etude sur la bonne pratique : l’autonomisation des femmes dans la socitété contemporaine,
PNUD-UICN, septembre 2008.
61
g) A la communauté locale
Participer aux ateliers et formations sur le genre et la parité hommes-femmes
dans leur communauté ;
Être ouverts aux échanges et aux dialogues au sujet des opportunités et défis que
représente l’autonomisation des femmes, aussi bien pour les femmes que pour les
hommes ;
Se montrer disposés à accorder les mêmes chances aux enfants, filles et garçons,
dès le plus jeune âge.
3.2 Perspectives
3.2.1. Réviser le code de la famille et compléter les législations spécifiques prévoyant les
droits de la femme.
Dans leurs perspectives, ces organisations à l’instar d’International Alert, de la
fédération des femmes du Congo, CAFCO et des femmes de la société civile du Sud-
Kivu prétendent s’adonner pour que le dispositif légal en matière des droits de la femme
en général et surtout des droits de la femme mariée soit révisé et compléter. Le code de
la famille et quelques lois spécifiques méritent simplement une modification qui
consistera en un complément législatif, en un toilettage des textes législatifs en vigueur
pour les débarrasser des dispositions devenues obsolètes. Justement, pour ces
organisations, la révision du code de la famille est une des solutions fermes que réserve
l’Etat congolais à la liste des points et questions qui ont été traités par le Comité CEDEF
au regard du dernier rapport périodique de la R.D.Congo, c’est-à-dire celui de 2013116.
La révision du code de la famille a été aussi la recommandation de la Norvège dans le
rapport du groupe de travail sur l’examen du rapport périodique de la RDC117
3.2.1.1 Révision du code la famille
Dans le code de la famille, il convient de revisiter les dispositions qui concernent
les matières suivantes :
Redéfinir la dot en en déterminer le maximum à demander à la famille du mari et
cela pour toutes les ethnies de la R. D. Congo ;
Supprimer simplement l’autorisation maritale ;
116
Rapport de caucus de femmes du Sud-Kivu sur l’étude approfondie des droits des femmes au Sud-Kivu sous
toutes ses formes, rapport publié par le soutien de International Alert, le 06 juillet 2016.
117
International Arlet, Etat de lieux de la parité dans la province du Sud-Kivu en République Démocratique du
Congo, Bukavu, 2014.
62
118
Françoise Nduwimana. «La Résolution 1325 du Conseil de sécurité de l‟ONU sur les femmes, la paix et la
sécurité Comprendre les implications, remplir les obligations», Bureau de la Conseillère spéciale pour la parité
entre les sexes et la promotion de la femme (OSAGI). Nations Unies.
119
ASADHO, Rapport sur l’Etat de droit sous la législature de 2006 à 2011 en République Démocratique du Congo,
p.34.
63
CONCLUSION
Cette étude a porté sur le protocole de Maputo et la RDC ; plaidoyers des organisations
féminines du Sud-Kivu. La problématique de cette étude est essentiellement axée deux
questions principales de la manière à faire ressortir l’apport des organisations féminines du
Sud-Kivu dans la défense et la promotion des droits de la femme et surtout dans la mise en
œuvre du protocole de Maputo. L’autre question était celle d’évaluer l’apport de ces
organisations face à la recevabilité dudit protocole à l’intérieur même du pays.
Les hypothèses ont été émises de manière à être confirmées, infirmées et nuancées.
Nous avons eu des hypothèses selon lesquelles pour défendre les droits de la femme dans la
province du Sud-Kivu, les organisations féminines mettent sur pied des plaidoyers, des
lobbyings et des sensibilisations. Dans un premier temps, les actions de mouvements de
femmes visent à permettre aux femmes du Sud-Kivu de plaider efficacement pour le respect de
leurs droits et libertés fondamentaux et améliorer ainsi la situation des femmes au niveau local.
Ces associations aides ces membres partenaires à devenir un moyen efficace pour la réforme
politique, économique et sociale, en la défense de droits de la femme en RDC et au Sud-Kivu
en particulier.
Ainsi, les mouvements de femmes initient les campagnes des entreprenariats des femmes pour
une résistance aux violences faites aux femmes. Elles sont visent aussi la sensibilisation et le
soutien aux candidates féminines aux échéances électorales afin d’accroitre leur participation
aux postes de prise des décisions. En plus, certaines d’entre elles visent la promotion de la santé
pour la promotion intégrale de la femme et dans le cadre de la promotion de l’article 14 du
protocole de Maputo. En dernier lieu, les mouvements de femmes du Sud-Kivu mettent sur
pied des activités de sensibilisation concernant les droits fondamentaux de la femme, l’égalité
des sexes et les de la femme à une vie sans violence. Pour cela, AFEM SK, MAMA RADIO,
CAUCUS DE FEMMES et CAFCO mettent en œuvre des campagnes de sensibilisation pour
sensibiliser la population sud-kivutienne en tant que manifestation d’inégalité et violation des
droits fondamentaux des femmes, qui sont des campagnes spéciales de sensibilisation conçues
pour mieux faire connaitre les textes internationaux relatifs aux droits de la femme, ratifiés par
la RDC à l’instar de la CEDEF et du Protocole de Maputo. Ces différents moyens utilisés par
ces associations des femmes en vue de défendre les droits de la femme au Sud-Kivu ont une
incidence positive sur la situation sur la situation des femmes au Sud-Kivu car ils améliorent
leurs conditions de vie et défend leurs droits fondamentaux.
64
AFEM SK, MAMA RADIO, CAUCUS DE FEMMES et CAFCO s’inscrivent dans une
logique de promotion de la femme, dans le cadre du protocole de Maputo ; de défendre les
droits de la femme au Sud-Kivu notamment la participation politique de la femme et le
leadership féminin, l’autonomisation économique de la femme, la lutte contre les violences
sexuelles et basées sur le genre, la gouvernance, paix et sécurité de la femme.
Comme résultats, à partir des données recueillies, nous avons constaté que pour
promouvoir et défendre les devoirs des femmes au Sud-Kivu, les organisations féminines ont
abouti à un certain nombre des résultats qualitatifs notamment sur le plan sociopolitique et
économique à travers les projets d’Appui à la législation sensible et leadership féminin à l’Est
de la RDC initié par l’ONU-femme a permis de constater que le projet d’Appui à la législation
sensible au genre et promotion du leadership féminin au Sud-Kivu et l’engagement des députés
provinciaux de la province ont permis un surcroit dans les processus d’autonomisations des
femmes. Les parlementaires ont, en effet, un rôle essentiel à jouer dans la mise en place d’un
environnement social, politique et juridique propice pour une plus grande égalité de chances
entre les hommes et les femmes et pour cela, ils doivent être nécessairement renforcés en
capacité des chances dans les idées.
Pour réaliser notre travail, nous avons utilisé la méthode fonctionnelle de Robert King
MERTON, cette méthode nous a permis d’analyser le rôle joué par les organisations féminines
du Sud-Kivu en vue de promouvoir le protocole de Maputo et défendre les droits des femmes
en RDC d’une manière générale et au Sud-Kivu en particulier. Quant aux techniques, nous
avons fait appel aux techniques de récolte des données et celles d’analyses des contenues.
Parmi les techniques de traitement des données, la technique documentaire, celle de l’entretien,
nous ont été utiles. La technique d’analyse des données nous a également aidé à comprendre, à
analyser, à critiquer et à interpréter nos données recueillies sur le terrain.
Notre travail a été subdivisé en trois chapitres. Le premier a porté sur les considérations
générales et théorique ; et l’aperçu historique sur les droits de la femme en République
Démocratique du Congo. Dans ce chapitre, nous avons circonscrit le contour sémantique des
concepts connexes et clés de travail ainsi que la théorie de base qui a constitué un ensemble des
concepts qui nous ont permis de résoudre intelligiblement les actions de plaidoyer menées par
les organisations féminines du Sud-Kivu dans le but de la mise en œuvre du protocole de
Maputo.
65
Le deuxième chapitre quant à lui a porté sur le protocole de Maputo, son historique, son
agenda, sa mise en œuvre et sa ratification.
Le troisième chapitre enfin a porté sur les actions de plaidoyer des organisations
féminines du Sud-Kivu pour l’application du protocole de Maputo par la RDC. Ce chapitre a
analysé les différentes actions réalisées au Sud-Kivu par les différentes organisations
notamment sur le plan social, économique et politique. Nous sommes revenus dans ce chapitre
sur le bilan de ces plaidoyers et sur les perspectives.
En fin, toute œuvre humaine étant non parfaite, nous ne prétendons pas avoir tout dit en
rapport avec le protocole de Maputo et à la problématique des actions de plaidoyers des
organisations féminines dans la province du Sud-Kivu. Un complément de la part d’autres
chercheurs est non négligeable.
66
BIBLIOGRAPHIE
I. DOCUMENTS OFFICIELS
II. OUVRAGES
39. Maurice Kamto, Introduction générale : La Charte africaine des droits de l’homme et
des peuples et les perspectives de la protection des droits de l’homme en Afrique,
AUPELF-UREF, Montréal, 1994
40. Mukoko Samba, Forum sur la contribution de la femme à la reconstruction de
République Démocratique du Congo, septembre, 1999.
41. Ngouelu-Mpemba Ya Moussoungou V., La réception des droits de l’homme dans le
droit positif congolais, L’Harmattan, 2003.
42. Marcelle S., Plaidoyer sur la Campagne Rien Sans les Femmes, World Pulse, 14 mai
2018.
43. Simone B., Femmes artistes, femme ange du foyer, Paris, éd. Gallimard, 2003
44. Kaganda Mulumeoderhwa P., Violences sexuelle envers la femme et la stabilité de la
famille en période de guerre en RD Congo, in « Analyses sociales », Vol.12, Numéro
unique, janvier-décembre 2004.
45. Roger P., Méthodes sociales 4ième éd., Paris, éd. Ouvrière, 1971
46. Quivy R. et Campenhoudt L., V., Manuel de recherche en sciences sociales, Paris,
Dumond, 1988
47. Rezohazy R., Le protocole de Maputo de l’Union Africaine, un instrument pour la
promotion des droits des femmes en Afrique, Bruxelles, 2009
48. Merton R., K, Eléments de théories et méthodes sociologiques, Paris, éd. Librairie plan
49. Pinto R. et Grawitz M., Méthodes de recherche en sciences sociales , Paris, DALLOZ,
1990.
1. AFEM/SK, Réalité des femmes avec référence spécial aux situations des conflits armés,
Bukavu sept. 2006, révisé, 2003.
2. Anne-Marie d’Aouest, Les approches féministes, dans Alex Macleod et Dan O’meara
(dir), Théories des relations internationales : contestations et résistances, Montréal, éd.
Athéna, 2007.
3. Amnesty International, Mettre fin à la violence contre les femmes au combat pour
aujourd’hui, Ed. Francophone d’Amnesty international, Paris, 2004.
4. Amnisty International, Le Protocole de Maputo de l’Union africaine : Un instrument
pour la promotion des droits des femmes en Afrique, éd. Francophone d’Amnesty
international, Paris, 2009.
5. ASADHO, Rapport sur l’Etat de droit sous la législature de 2006 à 2011 en
République Démocratique du Congo.
6. Buhenwa Elie, clinique juridique ; rapport de mai 2016, Panzi, 2016.
7. Djiena Wembou M-C., « Les normes internationales relatives aux droits de l’homme
dans la législation interne des Etats africains : problèmes et perspectives », in Revue
africain de droit international et comparé, éd. La société internationale de droit
international et comparé, 1999, Vol. 11, N° 1
8. FAF, Rapport annuel de femmes au phone, Bukavu 2016.
9. FIDH, « Droits des femmes en Afrique : 15 pays n’ont toujours pas ratifié le protocole
de Maputo ! ».
10. Françoise G., « de la parité, genèse d’un concept, naissance d’un mouvement ;
nouvelles questions féminines », vol.15, n°4, 2004.
11. GTZ, « Protocole de Maputo, un instrument pour la promotion de droits des femmes en
Afrique », Munich, éd. Trichuldt, 2006
69
V. DICTIONNAIRES
VI. WEBOGRAPHIE
SECTION II. APERCU HISTORIQUE SUR LES DROITS DE LA FEMME EN RDC ET DANS
LA PROVINCE DU SUD-KIVU .......................................................................................................... 19
2.1. Evolution de l’activisme des femmes en RDC ............................................................................. 19
2.2. Discrimination à l’égard des droits de la femme congolaise ........................................................ 21
2.3. Les Droits de la femme en RDC ................................................................................................... 21
2.4.Histoire des mouvements des femmes au Sud-Kivu ...................................................................... 22
SECTION III. CADRE THEORIQUE ............................................................................................ 23
3.1. Définition ...................................................................................................................................... 23
3.2 A propos de la théorie .................................................................................................................... 24
3.3. Contextualisation dans notre travail .............................................................................................. 25
CHAPITRE DEUXIEME : LE PROTOCOLE DE MAPUTO................................................................ 26
SECTION I. APERCU HISTORIQUE ET AGENDA DU PROTOCOLE .................................. 26
1.1 Aperçu historique ........................................................................................................................... 26
1.1.1. De la CCF à la CEDEF .......................................................................................................... 26
1.1.2. De la CEDEF au protocole de Maputo .................................................................................. 27
1.1.3. Le protocole de Maputo ......................................................................................................... 27
1.2. Agenda du protocole de Maputo .................................................................................................. 29
1.2.1. La commission africaine de droit de l’homme et le protocole de Maputo................................ 30
1.3. Priorités du Protocole de Maputo ................................................................................................. 32
SECTION II. MISE EN OEUVRE ET RATIFICATION ....................................................................... 33
2.1. Mise en œuvre ............................................................................................................................... 33
2.2. De la ratification ........................................................................................................................... 34
2.3. De la ratification du protocole de Maputo par la RDC ................................................................. 36
2.3.1. La RDC et le protocole de Maputo ........................................................................................... 38
SECTION IV. ANALYSES CRITIQUES DU PROTOCOLE DE MAPUTO ...................................... 39
4.1. LES OPINIONS CONTRE DU PROTOCOLE DE MAPUTO .............................................. 39
4.1.1. Controverse autour de l’avortement ...................................................................................... 39
4.1.2. L’Eglise catholique et le protocole de Maputo ...................................................................... 41
4.2. LES TENANTS DU PROTOCOLE DE MAPUTO ..................................................................... 44
4.2.1. L’extrême gauche soutien le protocole de Maputo .................................................................... 44
4.2.3 L’opinion congolaise sur le protocole de Maputo ...................................................................... 45
CHAPITRE TROISIEME : PLAIDOYERS DES ORGANISATIONS FEMININES DU SUD-KIVU
POUR L’APPLICATION DU PROTOCOLE DE MAPUTO PAR LA RDC. ....................................... 47
SECTION I. LE PROTOCOLE DE MAPUTO ET LES INSTRUMENTS JURIDIQUES NATIONAUX
DE PROTECTION DES DROITS DE LA FEMME............................................................................... 47
73
§1.1 Le processus d’intériorisation des conventions et traités internationaux relatifs aux droits des
femmes en R.D. Congo. ....................................................................................................................... 47
§1.2. La réception en droit congolais des droits internationaux de la femme ...................................... 49
SECTION II. LES ACTIONS DE PLAIDOYERS DES ORGANISATION FEMININES DU SUD-
KIVU ET L’APPLICATION DU PROTOCOLE DE MAPUTO ........................................................... 50
2.1. Différentes actions des associations des femmes du Sud-Kivu ................................................... 50
2.1.1. Campagnes de sensibilisation et de vulgarisation du protocole de Maputo.............................. 50
2.1.2. Dépôt d’une pétition pour la révision de la loi électorale et la promulgation de loi sur la parité.
(2015)………………………………………………………………………………………………...51
2.1.3. Plaidoyer pour la nomination de 50% de femmes aux postes de prise de décisions en
marge de la journée internationale de la femme de mars 2016 ........................................................... 52
2.1.4. Le plaidoyer par auprès des autorités....................................................................................... 53
2.1.5. Analyse participative de la loi n°15/03 du 1er aout 2015 portant modalité d’application des
droits de la femme et de la parité ........................................................................................................ 53
2.1.6. Plaidoyer et monitoring de la mise en œuvre de la loi n°15/013 du 1er août 2015 portant
modalités d’application des droits de la femme et de la parité ........................................................... 54
2.1.7. Élaboration du 8ième rapport parallèle sur la mise en œuvre du protocole de
Maputo ………………………………………………………………………………………………………………………………………55
2.1.9. Plaidoyer au niveau international................................................................................................ 55
2.2. Structures ...................................................................................................................................... 55
SECTION III. BILAN ET PERSSPECTVES DES PLAIDOYERS DES ORGANISATIONS
FEMININES DU SUD-KIVU POUR LA MISE EN APPLICATION EFECTIVE DU PROTOCOLE
DE MAPUTO .......................................................................................................................................... 57
3.1. Bilan .............................................................................................................................................. 57
3.1.1. Leur lobbying et plaidoyer influencent la promotion des droits de la femme dans la province 57
3.1.2. Leurs principales recommandations........................................................................................... 59
3.2 Perspectives ................................................................................................................................... 61
3.2.1. Réviser le code de la famille et compléter les législations spécifiques prévoyant les droits de la
femme…………………………………………………………………………………………………………………………………………61
3.3. Modification de quelques lois spécifiques : .................................................................................. 62
3.3.1. La loi électorale ........................................................................................................................ 62
CONCLUSION ...................................................................................................................................... 63
BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………………....66
Table des matières……………………………………………………………………………………………………………………………..71