SIMONE DE BEAUVOIR
ANTOINE BLONDIN
MICHEL BUTOR
LOUIS-FERDINAND CÉLINE
JACQUES CHARDONNE
GRAHAM GREENE
FRANÇOIS MAURIAC
MAURICE MERLEAU-PONTY
ALBERTO MORAVIA
FRANÇOISE SAGAN
JEAN-PAUL SARTRE
ROGER VAILLAND
Un volume : 10,80 F
Licence eden-75-2fe7be07224a4abe-7feacdd7e8fe405a accordée le 20
décembre 2019 à E16-00873453-Jouvet-François
QUINZE ÉCRIVAINS
DU MÊME AUTEUR
Chez Julliard :
LES ÉCRIVAINS EN PERSONNE (1960)
Chez Grasset :
VÉRITÉS SUR LES JEUNES FILLES (1960)
Chez Seghers :
Texte de MOURIR A MADRID
Film de Frédéric Rossif (1963)
MADELEINE CHAPSAL
QUINZE
ÉCRIVAINS
ENTRETIENS
RENÉ JULLIARD
30 et 34, rue de l'Université
PARIS
IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE
SUR PUR FIL DU MARAIS VINGT
EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS DE 1 A
— Pourquoi ?
G. B. — Parce qu'un philosophe digne de ce nom doit
pouvoir enchaîner indéfiniment sa pensée, or je suis inca-
pable de suivre la mienne pendant très longtemps.
— Qui encore ?
J. L. B. — Toulet, vous savez, le poète de Rimes et
Contrerimes ? Il y a un petit poème de lui, un peu érotique...
Attendez :
D'un noir éclair mêlés, il semble
Qu'on ne soit plus qu'un seul.
Soudain, dans un même linceul,
On se voit deux ensemble.
(Ce sont les draps...)
— Mais encore ?
J. L. B. — Je compose plutôt des méditations. Je m'inté-
resse à l'anecdote, à ce qui est épique. Regardez les Evan-
giles, c'est à la fois l'épique et l'anecdote. D'où leur succès...
— Et les nouvelles ?
J. L. B. — J'en fais encore, mais elles sont de plus en plus
courtes, de plus en plus libres. Vous comprenez, maintenant,
il faut que je dicte, et cela m'oblige à me surveiller. Ma mère,
par exemple, à qui je dicte beaucoup, a des goûts littéraires :
il faut que je lui explique que ce que je lui dis n'est qu'un
brouillon, que cela va s'améliorer... J'aime mieux dicter aux
jeunes secrétaires de la Bibliothèque nationale : elles ne
disent rien, elles n'en pensent peut-être pas moins ! Mais elles
ne disent rien...
— En marine.
J. L. B. — Ah! Les couleurs se ternissent, je vois du gris.
Comme on s'intéresse à la littérature dans votre pays ! Ce
n'est pas du tout comme ça en Argentine. Certains de mes
amis ont appris que j'écrivais lorsque j'ai reçu le Prix
Formentor.
— Que croyaient-ils ?
J. L. B. — Ils savaient que j'étais directeur de la Biblio-
thèque nationale, cela leur suffisait. Hier, ici, on m'a pré-
senté quelqu'un en me disant : « Le poète Untel »; on ne peut
pas faire ça à Buenos Aires, la personne croirait qu'on se
moque d'elle. A Montevideo, peut-être... mais pas à Buenos
Aires. Savez-vous que beaucoup d'écrivains argentins se
sont suicidés ? Ils se sentaient trop isolés.
— Non...
— Du cinéma ?
J. L. B. — Oui. J'adore le cinéma, surtout les westerns.
J'ai fait un scénario, on me l'a refusé avec enthousiasme.
Ou plutôt, non, on m'a dit : c'est parfait, c'est merveilleux,
il faudrait seulement que vous changiez le sujet, les person-
nages... et les décors.
— C'était quoi, un western ?
J. L. B. — C'était un peu épique, cela se passait dans les
faubourgs de Buenos Aires, dans la banlieue, chez les gens
qui jouent du couteau, les « compraditos ».
— Les westerns, Bernard Shaw, Paul Verlaine, Bouvard
et Pécuchet ! La poésie épique ! Savez-vous que vous m'éton-
nez ? Ce n'est pas ainsi que je m'imaginais...
J. L. B. — Ça y est! Je vous ai déçue! J'aurais dû res-
sembler à Borges ! C'est que je suis un peu fatigué...
— Qui, « ils » ?
T. C. — Eh bien! ceux qui s'appellent Michel Butor,
Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Ionesco, Beckett... Ils
sont merveilleux, j'admire beaucoup ce qu'ils font et je pense
que cela devait être fait. Seulement je ne crois pas qu'ils
prêtent la moindre attention à ceux qui les lisent. Aucun
d'entre eux. Je crois qu'ils se moquent éperdument d'entrer
ou non en communication avec les lecteurs ou les specta-
teurs... Moi, c'est tout le contraire, je désire être en contact
étroit avec le lecteur, je cherche à rendre la communica-
tion la plus parfaite possible, dans une clarté toujours, tou-
jours, et toujours plus grande. Comprenez-vous ? Et après
tout, n'est-ce pas ce que continuait quand même à chercher
Joyce ? Il me semble qu'il y a une sorte de complaisance,
pour un artiste, à exclure le public, à s'absorber complète-
ment en soi et dans des soucis de technique. Comme je vous
l'ai dit, je travaille dans un sens absolument opposé. Voilà,
c'est tout pour ma littérature. Quoi d'autre ?
— Non, ce n'est pas tout, pas tout du tout... Dites-moi
comment vous est venue l'idée d'enquêter sur ce meurtre-là ?
T. C. — Je songeais à ce que je vous ai dit : faire un travail
créateur à partir d'un reportage. Puis j'ai lu l'histoire de ce
crime dans un journal, il occupait une petite place en bas
de page — vous pensez comme ce qui se passe dans le Kansas
intéresse New York! Et soudain j'ai décidé d'aller voir. J'ai
demandé à une amie de m'accompagner — Harper Lee, elle
vient d'écrire un excellent roman, To Kill a Mocking-Bird,
qui est un best-seller aux États-Unis. Nous avons le même
âge, je la connais depuis que j'ai trois ans. Nous sommes
partis pour dix jours et nous sommes restés sept mois. Elle
m'a aidé.
— A quoi ?
T. C. — A interviewer les gens. Je les interrogeais une fois,
puis elle une autre, et nous comparions les résultats de nos
enquêtes.
— Quels gens ?
T. C. — Tous ceux qui avaient approché les victimes, qui
avaient quelque chose à dire sur elles ou sur le meurtre, et
les assassins, bien sûr.
— Où écrivez-vous ?
T. C. — D'habitude à New York, mais pas cette fois-là.
J'ai travaillé en Suisse sans voir personne, et puis je pars
maintenant pour la Corse.
— Travaillez-vous beaucoup ?
M. D. — Q u a n d je travaille, j'arrive à des horaires formi-
dables : dix heures par jour quelquefois. Mais je reste aussi
plusieurs mois sans rien faire.
— A t t e n d a n t quoi ?
M. D. — Ne me p o s a n t pas de questions. E n général, c'est
l'éditeur qui vous relance. Alors on se m e t à y penser, les
choses c o m m e n c e n t c o m m e cela.
— Qui aimez-vous en l i t t é r a t u r e ?
M. D. — Leiris, Blanchot, Bataille, Queneau, des Forêts.
— Pourquoi ?
M. D. — Ils o n t tous une passion irrésistible de la recherche
romanesque. Chez les autres romanciers, je la vois t o u j o u r s ,
cette recherche-là, plus ou moins t r u q u é e , plus ou m o i n s
plagiaire...
— Lisez-vous b e a u c o u p ?
M. D. — Pas beaucoup, mais je lis toujours. J'ai toujours
des livres à lire, un livre en train. En ce moment Le Guépard.
Je n'aime pas beaucoup, mais il y a une sorte de fureur
littéraire chez Lampedusa. Il est porté par la littérature.
Cela, c'est tellement rare que je m'incline.
— Et la politique ? Vous vous intéressez beaucoup,
je crois, à la politique ?
M. D. — Bien sûr! c'est inévitable. Je suis politisée à vie.
Je ne peux plus m'en défaire. J'ai milité sept ans au parti
communiste, et puis la guerre d'Algérie étant là, je consi-
dère comme criminels les gens qui ne prennent pas parti.
Cette guerre est une hypothèque morale et intellectuelle
terrible...
— Pourquoi amusante ?
J. D. — C'était nouveau. C'est drôle de se trouver en
prison... La première fois, j'y suis allé avec un enthousiasme
délirant! C'était aussi important pour moi que d'aller faire
un grand voyage. Dans toute ma jeunesse je désirais con-
naître la Grèce... Quand je suis parti pour la prison, je suis
parti avec le même plaisir. Tu vas faire l'expérience de la
solitude, de la brutalité, de la saloperie, tu vas voir. Et ma
foi...
— Pourquoi ?
J. G. — C'est un sensuel. Plus sensuel que Balzac qui
s'emberlificote dans des phrases énormes.
En revanche, on peut faire des phrases énormes et être
sensuel, comme Proust. Ça se sent à la phrase, il l'abandonne,
il est obligé de l'abandonner.
— Mais n'y avait-il pas aussi des gens qui étaient moins
que des animaux ?
J. G. — Il y en a partout. Il y en a en Russie, en Amérique,
dans le monde entier. Ça dépend de leur caractère. Demain
partons égaux, le soir même nous ne serons plus égaux. Moi,
j'aurai mangé ma tartine de confiture, vous, vous l'aurez
mise de côté. Le lendemain, c'est fini, vous serez plus riche
que moi. Et puis nous ne serons pas pareils. L'égalité, c'est
une utopie. C'est une rigolade. Alors, évidemment, nous ne
pourrons pas faire que tout le monde soit heureux, ça n'est
pas possible. D'autant que chacun va au bonheur dans une
chasse qui lui est particulière.
Imaginez que demain le gouvernement me dise : Il y a
des loisirs obligatoires. Vous allez vous reposer six jours par
semaine. Pendant ces six jours, je vais organiser vos loisirs.
Lundi, vous allez voir un match de football... (Ça m'emmerde!)
Le mardi, un match de boxe... (Ça m'emmerde!) Le jeudi, vous
allez lire... Les autres, si on les oblige à lire, ils veulent aller
au match de football... On ne fait pas le bonheur des gens !
— Vous auriez préféré vivre à une autre époque ?
J. G. — Non, je ne fais pas de choix. Au contraire, celle-ci
me permet de faire des comparaisons. Je suis très bien comme
je suis. Je ne voudrais pas changer. Depuis le début de ma
vie, je remercie la Providence de m'avoir donné la vie que
j'ai eue. C'est difficile à avouer à notre époque, mais j'ai été
tout le temps heureux.
Même à la guerre de 14, même en prison, même menacé de
mort violente, j'ai toujours été remarquablement heureux.
— Et il y arrive ?
C. L.-S. — Parfois.
— Vous peignez ?
H. M. — Je fais de l'aquarelle, lorsque je n'ai pas envie
d'écrire. Vous savez, j'en ai assez de la littérature, je vou-
drais en sortir...
— Depuis quand ?
H. M. — Depuis ces dix dernières années. J'écris tout de
même! C'est difficile d'y échapper, et puis quand on a un
talent, il faut bien l'utiliser... Mais je n'en fais plus une telle
affaire, comme autrefois. Il faut dire que j'avais quelque
chose sur la poitrine dont il fallait que je me débarrasse.
— Qu'écrivez-vous ?
H. M. — La seconde partie de Nexus et ce sera la fin de
mon autobiographie.
— Et maintenant ?
H. M. — J'ai atteint un équilibre puisque j'ai fait ce que je
voulais faire. Je m'en suis aperçu à Big Sur, soudain, cela
a été la fin d'une période de luttes, je me suis accepté, et puis
j'ai senti que j'avais fait tout ce que je pouvais faire, et de
mon mieux, que demander d'autre à la vie ? C'est la tragédie
actuelle : la plupart des gens souffrent de ne pas faire ce qu'ils
ont envie de faire.
— P o u r q u o i le fait-il ?
H. de M. — P o u r se r e m o n t e r du s e n t i m e n t de sa mort. Il
v i e n t d ' a v o i r son « coup de vieux ». Des raisons absurdes,
une bonne qui part, une a u t r e qui ne vient pas... Il sent sa
m o r t prochaine. Au b o u t de vingt ans de retraite, il est à bout,
il n ' a plus le s e n t i m e n t d'exister. Le fait de retourner a u
danger, d'avoir peur, peur de la police, va-t-il lui redonner sa
jeunesse ? Il v e u t retourner dans l'arène, il y va...
— On ne le retient pas ?
— Et il va mourir ?
H. DE M. — Il meurt de quatre coups d'épée...
— Comme le taureau ?
H. DE M. — Sa mort est uniquement symbolique. Je tiens
à le préciser; quelques lecteurs du manuscrit (qui devaient
l'avoir lu en diagonale) ont cru à un assassinat politique... Il
n'est pas question de cela. Celestino est seul dans sa chambre,
il n'y a pas d'assassinat autre que l'assassinat symbolique
par les quatre coups d'épée qu'il a vu donner au taureau,
quelques heures plus tôt. Celestino est le taureau. Et en vieil-
lissant, tel le taureau, à mesure qu'il se sent plus persécuté,
il devient plus violent et plus méchant.
— Celestino est le taureau ?
H. DE M. — Pour moi, la course de taureaux est une repré-
sentat ion de la passion de l'homme. Tous les dimanches, dans
l'arène, le peuple espagnol se donne la représentation de la
passion de l'homme.
H . DE M. — J e le c o n n a i s d e p u i s q u ' i l e s t é c r i t . J ' e n ai
p a r l é d a n s m e s Carnets de l ' a n n é e 1938 1 J e ne c o m p r e n a i s
p a s p o u r q u o i il n ' a v a i t p a s é t é m i e u x e t p l u s v i t e r e c o n n u .
P o u r m o i , c ' e s t le p l u s b e a u l i v r e s u r la g u e r r e e s p a g n o l e e t
le p l u s b e a u l i v r e d ' A n d r é M a l r a u x .
H . DE M. — Il e s t s y m p a t h i q u e p a r c e q u ' i l s o u f f r e e t p a r c e
qu'il meurt.
— M a i s p o u r q u o i a v e z - v o u s m i s e n l u i ce q u e v o u s a p p e l e z
des « parcelles de fascisme » ?
H . DE M. — S o n é g o ï s m e , s o n i n d i v i d u a l i s m e , s o n p e u d e
p e n c h a n t à l ' e s p o i r , s o n a c c e p t a t i o n c o m p l a i s a n t e de la v i e
bourgeoise (c'est d'ailleurs M a r x qui a dit que t o u t a n a r c h i s t e
finit e n p e t i t - b o u r g e o i s ) : p o u r q u o i ai-je v o u l u , en Celestino,
ces « p a r c e l l e s d e f a s c i s m e » ( d o n t p a r m o m e n t s il se r e n d
c o m p t e e t c o n t r e l e s q u e l l e s il l u t t e ) ? P o u r d e u x r a i s o n s :
d ' a b o r d parce qu'il est espagnol, e t qu'il y a t o u j o u r s chez
les E s p a g n o l s d e l ' h é t é r o c l i t e e t d u b a r o q u e . V o u s r e m a r -
q u e r e z a u s s i q u ' i l e s t a t h é e , p o u r t a n t j ' a i m i s c h e z lui q u e l -
ques parcelles incongrues de catholicisme... C'est u n E s p a -
gnol, c'est t o u t .
— La deuxième raison ?
H . DE M. — L e t r a g i q u e . J ' a i v o u l u p o u r m o n h é r o s la
m o r t la plus t r a g i q u e , e t la m o r t la p l u s t r a g i q u e e s t la m o r t
de l ' h o m m e e n g a g é q u i se d é s e n g a g e à la l u m i è r e d e s a m o r t .
C e l e s t i n o se r é p è t e s o u v e n t l a p h r a s e d e T r o t s k y : « Si l a v i e
— D a n s L e C h a o s et l a N u i t , v o u s c i t e z s o u v e n t M a r x e t
Trotsky. Vous intéressez-vous au c o m m u n i s m e ?
H. DE M. — Je ne me retrouve pas très facilement dans
le livre de Marx. Mais il y a chez lui des phrases tellement
frappantes — chez Trotsky aussi. En fait, c 'est Celestino qui
s'intéresse à Marx et à Trotsky, mais lorsque j'écris sur un
sujet, je l'étudie le mieux que je peux. Je ne connais pas
plus la guerre civile espagnole que je ne connaissais le jan-
sénisme lorsque j'ai écrit Port-Royal. Certains catholiques
ont alors pensé que je m'étais rapproché du catholicisme.
Lorsqu'ils ont su que j'étais demeuré le même, sans l'ombre
de foi, ils étaient furieux, ils m'ont dit : « Vous n'avez pas le
droit de toucher à cela! « Ce n'est pas vrai : si j'ai la sensibi-
lité et l'imagination suffisantes pour montrer les choses avec
force et vraisemblance, j'ai le droit de traiter tous les sujets.
Comment pensez-vous que les gens de gauche prendront ce
livre ?
— Je n'en sais rien.
H. DE M. — Mon homme est un original, un incontrôlable,
un fou-fou... Il y a eu deux millions d'anarchistes en Espagne.
Pourquoi n'y en aurait-il pas eu un comme lui ? Il est d'ail-
leurs tellement indépendant qu'il n'a jamais été inscrit à
aucun des deux partis anarchistes. C'est vraisemblable, je le
sais. Mais il y a des choses, dans ce livre, qui ne pourront
être comprises que par ceux qui connaissent bien l'Espagne.
Par exemple, le passage où, tout athée qu'il soit, Celestino
permet à des religieuses de s'échapper saines et sauves d'un
couvent... Dans L'Espoir, il y a un passage du même ordre :
dans une église incendiée par les anarchistes, tout près du
tombeau de Cervantès demeuré intact, il reste un Christ,
debout sur sa croix. Sur le tombeau, on voit une inscription
à la main, et une flèche dans la direction du Christ tracée
par un des incendiaires : « Cervantès, c'est Lui qui t'a
sauvé... »
— Et le « désengagement » ?
H. DE M. — Il y a certainement des gens qui meurent,
comme Celestino, en se disant : « Puisqu'on meurt, plus rien
n'a d'importance. » D'autres doivent se dire au contraire :
« Ma vie est justifiée, j'ai servi, mes enfants me continuent... »
Cela dépend des caractères. En mourant, Don Quichotte
ne croit plus à sa chevalerie. L'Ivan Ilitch de Toltoï se rend
compte qu'il n'a pas vécu comme il fallait. Les Espagnols,
en tous les cas, sont très familiers avec l'idée du néant.
— Et vous ?
— Vous dites qu'il est vieux et vous lui donnez votre âge ?
H. DE M. — Il y a en moi un mélange de vieillesse et de
jeunesse...
— Êtes-vous retourné à Madrid ?
H. DE M. — Je le voulais, et puis, je ne sais pas si vous le
savez, j'ai eu, il y a trois ans, une insolation. Depuis, lorsque
je me trouve dans une foule, j'ai des vertiges, des étourdis-
sements : j'ai dû renoncer à ce déplacement. Mais je me suis
renseigné, j'ai lu, j'ai fait parler les gens.
— Et les courses de taureaux, en avez-vous revu ?
H. DE M. — Et j'en reverrai, s'il y en a de bonnes ! J'aime
la technique de la corrida. J'aime moins le clinquant des
costumes, je préférerais voir les toreros habillés d'une façon
qu'on ne remarquera pas, plus. sobre, comme les boxeurs
ou les tennismen. Et puis la tauromachie moderne, ce n'est
plus cela.
— Tous se répètent ?
J. P. — Non, pas tous, bien sûr.
— Et l'année prochaine ?
J. P. — Eh bien! j'y vois déjà deux ou trois ouvrages
d'auteurs inconnus, qui me paraissent très beaux : un récit
de Frantz-André Burgute, La Narratrice, c'est l'histoire de
deux amants qui imaginent entre eux, pour assurer leur
amour, un troisième personnage, une femme de chair et d'os
— qui l'imaginent à tout instant jusqu'à la rendre plus réelle
qu'eux-mêmes. Vous verrez ce qui s'ensuit. Ah! je vois aussi
Cette vie m 'aime, de Stève Jourdain. C'est, au long d'une
suite d'expériences vécues, étonnantes, amusantes, un nou-
veau Discours de la Méthode que nous propose Jourdain; ou
plutôt une méthode sans discours. Il vous faut le lire. Vous
ne l'oublierez pas.
— Ê t e s - v o u s t o u j o u r s a u s s i o u v e r t à ce q u i e s t n e u f , à ce
q u i c h o q u e nos h a b i t u d e s , nous p r e n d d ' a s s a u t ?
J . P . — J e le v o u d r a i s b i e n .
— C o m m e n t l'expliquez-vous ?
J . P . — J e s u p p o s e q u e l ' e s s e n t i e l n e p e u t p a s se d i r e . Il
f a u t t o u r n e r t o u t a u t o u r , p r e n d r e s u r l u i les v u e s les p l u s
d i f f é r e n t e s p o s s i b l e e t p u i s a t t e n d r e q u e t o u t c e l a se r e c o m -
p o s e e n v o u s . L ' a r t , c ' e s t ce q u ' i l e s t p l u s f a c i l e d ' ê t r e q u e d e
définir.
— Q u ' a t t e n d e z - v o u s de la l i t t é r a t u r e ?
J . P. — M a i n t e n a n t , cela m e gêne u n p e u m o i n s . O u p l u t ô t
je crois s a v o i r à quelles c o n d i t i o n s cela ne m e g ê n e r a i t plus
du tout.
— E t de l ' A c a d é m i e , q u e p e n s e z - v o u s ?
J . P . — P a s le m o i n s d u m o n d e . C ' e s t le c o n t r a i r e : j e
voudrais que l'Académie devînt plus a c a d é m i q u e encore
q u ' e l l e n ' e s t ; a c a d é m i q u e à n ' e n p a s finir. J e v o u d r a i s q u ' e l l e
se rappelât tous les jours qu'elle nous a promis, il y a quelque
trois cents ans, une grammaire, une poétique, une rhétorique.
Or, j'ai beau chercher, je ne vois pas aujourd'hui un seul
grammairien parmi les Quarante. Ce serait peu : la France
a eu depuis quatre-vingts ans, de l'avis des philologues du
monde entier, les plus grands linguistes qu'on ait jamais vus :
Darmesteter, Bréal, Victor Henry, l'admirable Meillet, Mario
Roques. Or, pas un d'entre eux n'a été appelé à l'Académie
française. De sorte que le jour où Brunot a couvert d'invec-
tives la grammaire de l'Académie, il ne s'est pas trouvé un
académicien pour lui répliquer. Or, les trois quarts des invec-
tives portaient à faux, Brunot ayant tout simplement con-
fondu la linguistique et la grammaire.
— Lesquelles ?
J. P. — Eh bien ! il y a d'abord la réception : le discours.
C'est très difficile quand on n'est pas naturellement éloquent.
Voilà trois ans que Montherlant s'y prépare. Porto-Riche n'y
est jamais parvenu. Ni Clemenceau.
— Mais encore ?
J. P. — A tout hasard, je suppose que c'est une séance
d'union, de réconciliation. Vous savez que l'académicien,
une fois élu, doit oublier les divers incidents de son élection.
Il lui faut se persuader qu'il a été choisi dans l'enthousiasme,
par tous ses confrères (même par ceux qui le traitaient chaque
jour d'imbécile, ou d'esprit perfide, ou de personnage
immoral). C'est d'ailleurs là une entreprise généreuse et noble.
— Eh bien ?
J. P. — Mais c'est aussi une entreprise difficile. Je sup-
pose qu'au cours de cette séance on vous tend des pièges, on
vous fait passer toute sorte de tests. On surveille votre
expression, vos sourires, vos grimaces. Enfin l'on s'assure
par tous les moyens que vous avez oublié ce qu'il faut oublier.
— Parlez-vous sérieusement ?
J. P. — Non, je ne crois pas.
JACQUES PRÉVERT
-
LORS vous republiez Histoires ?
JACQUES PRÉVERT 1 — Oui, avec quelques inédits,
des contes pour enfants, des nouvelles, tout un
fatras...
— Q u a n d avez-vous c o m m e n c é à écrire ?
J. P. — Moi ? Très t a r d . J e m ' y s u i s mis à cause de
Michaux. J e revenais d ' A m é r i q u e . Il me dit : « Vous avez
déjà écrit, vous ? » J e lui dis : « Oui. » Il me dit : « P o u r q u o i
vous n'écrivez plus ? » J e lui dis : « J e ne sais pas. » Il m e d i t :
« Vous avez t o r t . » J e lui dis : « Ah! » Il me dit : « Oui, il f a u t
écrire, vous allez le faire et vous me direz ce que vous faites...»
E t je l'ai fait. C'est m a r r a n t , hein ? Il a insisté p o u r lui, p o u r
son plaisir personnel, parce que ça lui faisait plaisir q u e
j'écrive...
— E t ça a m a r c h é ?
J. P. — Très fort. Paroles s'est t o u t de suite très bien
vendu. Il f a u t dire que j'ai u n éditeur, René Bertelé, qui sait
ce que c'est que faire un livre. C'est rare. C'est lui qui a v o u l u
m'éditer. Mais je n ' y pensais pas. J e ne sais pas encore pour-
quoi j ' a i accepté...
— Rien, rien ?
J. P. — Une fois, on m'a demandé d'écrire mes souvenirs,
et je me suis aperçu que dès que je voulais parler de moi, il
fallait que je parle des autres... C'était indiscret. Jusqu'à
sept ans, encore, ça allait, mais après, ça pouvait compro-
mettre des gens. J'ai appelé ça : Raconte pas ta vie, il y avait
en exergue une phrase de Mac Orlan qui disait à peu près :
notre vie est tellement mêlée à celle des autres qu'il ne nous
appartient pas d'en parler...
— Vous avez bien connu les surréalistes ?
J. P. — Oui, mais je n'écrivais pas à ce moment-là. J'aimais
flâner, j'aimais les femmes, j'aimais la nuit. Savez-vous ce
que je faisais ? J'allais prendre une chambre dans un hôtel
vers les neuf heures. C'était pour dormir. Mais je l'aurais dit
comme ça, tout de go, on me l'aurait refusée, ma chambre,
on aurait cru que je venais me droguer, ou je ne sais quoi...
Une chambre pour dormir ? Et quoi encore... Alors je disais
que j'attendais une petite, et que si elle n'était pas là à
minuit, il fallait me réveiller. A minuit, le garçon me réveil-
lait en me disant : « Elle n'est pas venue, vous en faites pas,
une de perdue, dix de retrouvées! » Je m'habillais, j'étais
reposé, tout frais, levé de bonne heure, et je pouvais tra-
verser tout Paris, le voir, y vivre, Paris la nuit, Paris...
JEAN ROSTAND
OUS réclamez souvent, et avec insistance, « le droit
d'être naturaliste ». Qu'entendez-vous par là ?
- JEAN ROSTAND — Il faut que je vous raconte
comment les choses se sont passées. Parce que ce n'est pas
une idée qui m'est poussée comme ça, dans le secret de mon
cabinet !... Pas du tout. Elle m'a été apportée de l'extérieur.
Depuis longtemps, je recevais des lettres de jeunes gens qui
me disaient : « Nous aimons beaucoup l'histoire naturelle,
mais par ailleurs nos études ne marchent pas... » Puis, peu
à peu, j'ai reçu également des lettres de parents : « Nos
enfants ont un goût prononcé pour l'histoire naturelle, mais
comme ils n'ont pas une aptitude suffisante pour les mathé-
matiques ou les lettres, ils ne peuvent pas terminer leurs
études... » Ces lettres devenant de plus en plus nombreuses,
je me suis donc dit : « Il y a un problème », et j'ai examiné les
choses de plus près.
— Qu'avez-vous constaté ?
J. R. Quelque chose de très grave : les programmes
scolaires sont organisés de telle sorte qu'il est nécessaire, pour
poursuivre des études et obtenir des diplômes, d'être bon
soit en mathématiques, soit en lettres. Je ne vous dis pas
que cela soit mal, et j'ai le plus grand respect pour les lettres
— Depuis quand ?
J. R. — Depuis toujours. La biologie est une science qui
est apparue au XVIII siècle. Elle avait alors une extrême
importance. Diderot parlait « d'un nouvel art de penser »,
« d'une nouvelle logique », et il a même écrit : « C'est le siècle
des sciences naturelles qui commence, les mathématiques
sont finies. » Il se trompait, il ne voyait pas que les mathé-
matiques sont une science de l'imagination, qu'elles permet-
tront toujours de découvrir quelque chose de nouveau. Mais
dès le siècle suivant, en Angleterre, Thomas Huxley — le
père de Julian et d'Aldous — faisait des conférences pour
alerter le public sur l'insuffisance de l'intérêt accordé dans
l'enseignement à la biologie. Il disait que les siècles futurs
ne comprendraient pas leur négligence... Nous ne sommes pas
plus avancés ! La biologie, à qui nous devons tant de choses,
continue d'être traitée en parente pauvre.
— E t c o m m e n t l'avez-vous résolu ?
C. S. — J e venais de finir L'Herbe à Perpignan, je suis
p a r t i p o u r É t r e t a t , avec m o n éditeur, J é r ô m e Lindon — il
s'agissait de corriger les épreuves très vite — et en r e v e n a n t
d ' É t r e t a t , dans le car qui nous r a m e n a i t à Paris, Lindon m ' a
dit : « Qu'est-ce que vous allez faire m a i n t e n a n t ? » E h bien !
je revois encore l'endroit, c'était dans le car entre E t r e t a t
et Bréauté, t o u t le livre m ' e s t a p p a r u d ' u n seul coup; c o m m e
on dit, vous savez, que les romans de Dostoïevsky se dérou-
lent en une seconde, ou m ê m e en une fraction de seconde...
J e revois encore le t o u r n a n t , la route, l'arbre... Oui, d ' u n seul
coup, t o u t m ' e s t sauté à l'esprit, je p e u x dire t o u t ensemble,
dans une bouffée violente... Les ancêtres de Reixach, la
guerre, tout...
— Pourquoi ?
C. S. — J'ai travaillé presque un an sans savoir comment
cela allait pouvoir se construire. Je voulais une composition
simultanée, et ne voyais pas comment j'allais pouvoir y
parvenir.
Je suis rentré à Paris, et brusquement j'ai trouvé un truc...
— Lequel ?
C. S. — Les crayons de couleur. Oui, j'ai attribué à chaque
personnage, à chaque thème, une couleur. Et comme cela,
j'ai pu construire l'ensemble. Comme un tableau.
— C'est vous qui avez inventé cette technique ?
C. S. — Pour moi, oui. Mais un jour où je disais cela à
Lindon, il m'a dit que Samuel Beckett... — et Dieu sait si
ma recherche est différente de celle de Beckett —, que
Beckett venait de lui dire qu'il avait eu soudain l'idée, alors
qu'il éprouvait lui aussi des difficultés, d'écrire avec des
encres de couleurs...
— C o m m e n t e x p l i q u e z - v o u s cela ?
W . S. — T o u t ce q u e j ' a l l a i s p u b l i e r m a i n t e n a n t d e v a i t
i m m a n q u a b l e m e n t a t t i r e r la c u r i o s i t é d u p u b l i c . . .
— Tiens, p o u r q u o i cela ?
W . S. — P a r c e q u e m o n p r e m i e r l i v r e L i e d o w n i n d a r k n e s s ,
p u b l i é il y a d i x a n s a u x E t a t s - U n i s , a c o n n u u n t r è s g r o s
s u c c è s e t a suffi à f a i r e d e m o i u n a u t e u r c o n n u . Ce l i v r e
c o n t i n u e d ' a i l l e u r s à se v e n d r e t r è s r é g u l i è r e m e n t . ( I l a a u s s i
— Pourquoi ?
W. S. — Je ne vous apprends sans doute rien, mais la
société américaine est une société « suroptimiste ». En dehors
de la guerre de Sécession, elle n'a jamais connu la tragédie
et l'horreur sur son propre sol. (On en remet d'ailleurs un peu
à propos de cette guerre de Sécession, mais c'est la seule
guerre que nous ayons connue...) Il y a une terrible diffé-
rence entre le fait d'envoyer des régiments se battre à l'étran-
ger, même s'il y a beaucoup de morts, et celui de subir
l'invasion, comme l'ont subie tant de populations euro-
péennes, de voir massacrer les civils, découvrir l' existence
des camps de concentration et se trouver dans l' obligation
de faire face à toutes les horreurs qui sont les vôtres depuis
des siècles.
Aussi l'Amérique a-t-elle plus de mal que l'Europe à
concevoir la tragédie. Les Américains n'aiment pas qu 'on
leur dise que les gens peuvent être déséquilibrés, désespérés,
parfois corrompus, que la vie peut être horrible... Nous
avons une expression pour expliquer leur volonté d'opti-
misme : ils veulent voir la vie comme « un bol de cerises ».
Et ils repoussent toute représentation tragique, sans se
rendre compte que cette représentation peut servir de
catharsis, qu'accepter, sur le plan de l'art, une image tra-
gique de l'existence peut justement servir à se libérer de
l'horreur et à mieux jouir de l'existence...
— Vous dites que l'on a accusé votre livre d'être non
seulement un livre tragique mais aussi un livre « sale ». Il
est vrai que vous abordez tous les sujets, en particulier les
questions sexuelles, avec une liberté qui ne doit pas être
courante dans la puritaine Amérique...
W. S. — Personnellement, je ne trouve pas du tout que
mon livre soit choquant. Les critiques n'ont pas voulu voir
une chose : que j'essayais d'aller au fond du problème que
me posaient deux caractères, celui de Cass et celui de Mason,
et que je cherchais à trouver les raisons qui ont poussé Cass
à assassiner Mason. Ce travail s'est révélé très compliqué
(jamais je ne referai un livre avec une intrigue aussi compli-
quée!), il m'a fallu retracer toute l'histoire de ces deux
hommes, analyser complètement leur personnalité, et je ne
pouvais pas en exclure les éléments sexuels.
ANDRÉ BRETON
MARGUERITE DURAS
JEAN GIONO
Entretien avec Jean Giono, en avril 1960, il avait quitté sa
retraite de Manosque (Haute-Provence) pour la montagne de
Lure, où il assistait à la réalisation d'un film, Crésus, écrit par
lui et joué par Fernandel. Depuis, Jean Giono a publié chez
Gallimard Noé (1961) et Le Désastre de Pavie (1963).
MICHEL LEIRIS
CLAUDE LEVI-STRAUSS
HENRY MILLER
HENRY DE MONTHERLANT
JEAN PAULHAN
JACQUES PRÉVERT
C'est Maurice Saillet, l'essayiste, qui m'a dit un jour : « Tout
de même, vous devriez voir Prévert... » Tout de même, cela
voulait dire : on a beau le connaître, on a beau savoir par cœur,
Paroles, Histoires, ses chansons et ses poèmes, on sait peu de
choses de lui. Je suis allée le voir en mars 1963, dans son appar-
tement de Montmartre, j'ai vu sa femme, sa fille, ses « collages »,
sa terrasse, qu'il partageait avec Boris Vian, j'ai écouté ses
disques, j'ai lu ses poèmes inédits, je l'ai vu vivre, fumer, des-
siner, je l'ai questionné comme j'ai voulu, et je ne sais toujours
rien sur sa vie.
J E A N ROSTAND
CLAUDE SIMON
WILLIAM STYRON
N ° d'édition 2944
N° d'impression 2680
D é p ô t légal 2 t r i m e s t r e 1963
C O L L E C T I O N
H I S T O I R E DE L ' A R T
dirigée par JEAN-FRANÇOIS REVEL
K e n n e t h CLARK
L'ART DU PAYSAGE
Anthony BLUNT
LA THÉORIE DES ARTS
EN I T A L I E DE 1450 A 1600
John GOLDING
LE C U B I S M E
Emil K A U F M A N N
L'ARCHITECTURE DU
SIÈCLE DE LUMIÈRE
(1750-1810)
A n t h o n y BLUNT
PHILIBERT DELORME
LES ENTRETIENS AVEC DES ÉCRIVAINS QUE MADELEINE
CHAPSAL PUBLIE DANS PRENNENT UNE
I M P O R T A N C E D E PLUS E N PLUS G R A N D E DANS
L'EXPLICATION ET LA PÉNÉTRATION DE LA LITTÉRATURE
D'AUJOURD'HUI.
APRÈS QUI RÉUNISSAIT
DOUZE ÉCRIVAINS PARMI LESQUELS SARTRE, SAGAN,
BEAUVOIR, MAURIAC, CÉLINE ET MORAVIA, VOICI UN
SECOND RECUEIL, QUI GROUPE
ENTRE AUTRES BATAILLE, BORGES, BRETON, DURAS
GIONO, LEIRIS, LÉVI-STRAUSS, MILLER, MONTHERLANT,
PAULHAN, PRÉVERT, ROSTAND, SIMON...
MENÉ, POUSSÉ PAR DES QUESTIONS SOUVENT INTIMES
CHAQUE ÉCRIVAIN ICI INTERROGÉ RÉVÈLE A MADELEINE
CHAPSAL CE QU'IL N'AVAIT JAMAIS DIT SUR LUI-MÊME E T
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