CJFI
COURRIER JURIDIQUE DES FINANCES ET DE L’INDUSTRIE
SEPTEMBRE 2009 - 10 euros
- NUMÉRO SPÉCIAL -
Sommaire
Éditorial ............................................................................................Page 3
Catherine BERGEAL
Directrice de la publication
« […] En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me mets sous le coup des
articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de
diffamation. Et c’est volontairement que je m’expose ».
La loi en vigueur est toujours, en grande partie, la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de
la presse, même si l’émergence de nouveaux moyens de communication, audiovisuelle
et par voie électronique, a justifié la mise en œuvre de lois spécifiques.
Ce numéro spécial du CJFI s’adresse, notamment, aux agents publics, victimes d’actes
de diffamation, d’injure ou d’outrage, et aussi ceux d’entre eux qui ont été accusés, à
tort, d’avoir proféré de tels propos.
Zola savait qu’il s’exposait aux foudres de la loi, puisqu’il ne disposait pas, alors, des
preuves qui lui auraient permis de justifier de la véracité de ses accusations.
Le régime de cette exception de vérité est étudié dans ce numéro spécial du CJFI. Il a
été rédigé par Françoise Rémery, magistrat, chef du bureau du droit pénal, en
collaboration avec Martine Durret (Direction des affaires juridiques).
Nous espérons que ce guide pratique vous sera utile. N’hésitez pas à nous consulter, si
vous n’y trouvez pas ce que vous cherchez !
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 3
Première partie : Les actions devant le juge pénal
Première sous-partie : les actions
en cas de diffamation et d’injure devant le juge pénal
L’article 29 de la loi du 29 juillet 1881 sur la L‘infraction suppose la réunion d’un élément
liberté de la presse dispose que : « toute matériel et d’un élément intentionnel.
allégation ou imputation d’un fait qui porte
atteinte à l’honneur ou à la considération
de la personne ou du corps auquel le fait 1.1. Un élément matériel
est imputé est une diffamation […] Toute
expression outrageante, termes de mépris L’élément matériel consiste dans
ou invective qui ne renferme l’imputation l’allégation ou l’imputation d’un fait
d’aucun fait est une injure. » déterminé, de nature à porter atteinte à
l’honneur ou à la considération d’une
Cette loi repose sur un difficile équilibre entre personne.
deux principes : la liberté d’expression,
d’une part et le respect dû à l’honneur, la
probité et la réputation de la personne, 1.1.1. La diffamation ne doit porter que
d’autre part. sur des faits précis et déterminés
C’est pourquoi la loi prévoit des dispositions L’imputation doit porter sur un fait particulier,
dérogatoires au droit commun, notamment c’est-à-dire « sur une allégation dont
en matière de procédure et de prescription, l’exactitude ou la fausseté peuvent être
qui soumettent l’action d’une victime d’une établies dans le cadre d’un débat
infraction relevant du droit de la presse à des contradictoire1 ».
règles de forme et de fond particulièrement
contraignantes. Cette précision permet de distinguer la
diffamation de l’injure.
La diffusion de propos diffamatoires ou
injurieux peut être faite par voie de presse La diffamation peut être faite sous une forme
ou par mise en ligne sur internet. La plupart déguisée ou dubitative ou par voie
des règles sont communes aux deux d’insinuation2.
hypothèses, à l’exception des textes
spécifiques qui régissent la communication
audiovisuelle et la communication au public 1.1.2. L’allégation doit porter atteinte à
par voie électronique. l’honneur ou à la considération
4 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
La critique est toujours admissible3. Elle ne • accusations portées, contre un écrivain,
doit pas être confondue avec la diffamation de n’être pas l’auteur de son livre9,
punissable.
• accusations portées, contre une
Lorsque l’attaque est dirigée contre l’action personne, d’avoir été condamnée
ou l’œuvre, elle n’est pas, en principe, pénalement10,
répréhensible. Chacun est libre de critiquer
une gestion commerciale malheureuse4. • accusations portées, contre une
personne, d’être favorable à la torture11.
De même, la seule critique de produits ne
peut constituer une atteinte à l’honneur ou à Les propos ne doivent pas être pris
la probité, à condition qu’elle ne mette pas isolément, mais interprétés les uns par
en cause le propriétaire ou le producteur5 : rapport aux autres et replacés dans leur
« Dès lors qu’elles ne concernent pas la contexte. Leur caractère diffamatoire doit
personne physique ou morale, les appré- s’apprécier au regard de l’ensemble de
ciations, même excessives, touchant les l’article12. La Cour de cassation a jugé que
produits ou les prestations d’une entreprise les termes « protecteur des intérêts fiscaux
industrielle ou commerciale n’entrent pas du lobby pétrolier » ne portaient pas atteinte
dans les prévisions de l’article 29 de la loi à l’honneur et à la considération d’un
du 29 juillet 1881 ». parlementaire, dès lors que « dans le
contexte de l’article, l’expression avait pour
À ce titre, il est, certes, admis que des objet de rappeler les choix politiques de ce
atteintes portées aux qualités profession- député13 ».
nelles puissent constituer une diffamation.
Cependant, quand les tribunaux retiennent, Les mêmes faits, quand ils sont indivisibles,
dans un tel cas, le caractère diffamatoire ne peuvent pas être poursuivis sur une
du propos, la bonne foi de l’auteur est double qualification de diffamation et
souvent admise. d’injure 14 (à ce titre, voir infra :
chapitre 4.1.2.).
En revanche, l’attaque dirigée contre la
personne peut être diffamatoire. Il y a ainsi
diffamation à affirmer qu’une société 1.1.3. La diffamation doit viser une
n’obtient ses contrats que grâce à l’aide de personne physique ou morale15
parlementaires6.
L’infraction n’est établie que si elle est
Ont ainsi été considérées comme dirigée contre une personne déterminée, un
diffamatoires, les allégations suivantes : corps constitué ou une collectivité, avec une
précision suffisante pour que cette personne
• accusations portées, contre un avocat, ou ce corps soit identifié.
de profiter de la maladie d’un confrère
pour le ruiner7,
9
Cass. Crim., 10 octobre 1973, Bull. crim. n° 351.
• accusations portées, contre une 10
Cass. Crim., 22 avril 1958, Bull. crim. n° 333.
personne, de manquer à ses devoirs de 11
Cass. Ch. Mixte, 24 novembre 2000, Gaz. Pal.
famille8, 2000. 2713.
12
Cass. Crim., 29 janvier 2008, pourvoi n° 06-88097,
Revue droit pénal mai 2008, comm. M. Véron, p. 34.
Dans cette espèce, le texte imputait, sous la forme
d’insinuations, des manquements délibérés aux
devoirs de sa charge, par un magistrat, que la mise
3
Cass. Civ. 1 ère , 29 novembre 2005, Droit de entre guillemets de certains passages, ne faisait
l’immatériel décembre 2005, n° 11. pas disparaître.
4
Cass. Crim., 10 juin 1960, Bull. crim. n° 313. 13
Cass. Crim., 1er décembre 1998, Bull. crim. n° 324 ;
5 voir aussi Cass. Crim., 21 février 1984, Bull. crim.
Cass. Crim., 8 février 1994, Bull. n° 58.
n° 65, et Cass. Crim., 18 octobre 1994, pourvoi
6
Cass. Crim., 18 janvier 1962, Bull. crim. n° 51. n° 92-84.994.
7 14
Cass. Crim., 28 janvier 1986, Bull. crim. n° 36. Cass. Crim., 26 avril 2000, JCP, 2000, IV, 2461.
8 15
Cass. Crim., 23 décembre 1968, Gaz. Pal. Cass. Crim., 16 septembre 2003, JCP, éd. G.,
1969.1.146. IV, 2895.
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 5
Il n’est, toutefois, pas nécessaire que la • si le groupe n’est pas doté de la
personne visée soit nommée ou expres- personnalité morale, toute action faite au
sément désignée, si son identification est nom du groupement est, en principe,
rendue possible par les termes du discours exclue et aucune poursuite du chef de
ou de l’écrit ou par des circonstances diffamation ne sera possible.
extrinsèques qui éclairent et confirment cette
désignation de manière évidente16. Toutefois, dans ce dernier cas, la solution
doit être nuancée et dépend, en partie, de
Il faut distinguer la diffamation commise la composition du groupe en cause.
envers les particuliers, prévue à l’article 32
alinéa 1er de la loi du 29 juillet 1881, de celle
commise à l’encontre des personnes * Si le groupe est composé d’un nombre
publiques ou des corps constitués prévue important de personnes, dont aucune ne
aux articles 30 et 31 de cette loi. En effet, peut se considérer atteinte à titre personnel,
les règles de poursuite et les sanctions sont aucune poursuite du chef de diffamation ne
différentes suivant la qualité de la personne sera possible.
diffamée.
Il en est ainsi pour des faits atteignant une
profession, considérée dans son ensemble,
1.1.3.1. La diffamation à l’encontre ne mettant en cause aucune personne
des particuliers physique ou morale déterminée 18. La
jurisprudence considère qu’une profession
Le terme « particuliers », au sens de n’est pas une personne au sens de
l’article 32 alinéa 1er de la loi du 29 juillet l’article 29 de la loi de 1881, même si elle
1881, s’applique à toute personne, physique est représentée par des organismes dotés
ou morale, qui ne relève pas des catégories de la personnalité morale.
mentionnées aux articles 30 et 31, soit
parce qu’elle n’a pas l’une des qualités
énoncées à cet article, soit parce que les * En revanche, si certains membres du
imputations diffamatoires n’ont aucun lien groupe ont été précisément désignés ou
avec sa fonction ou sa qualité. sont personnellement identifiables, ces
personnes pourront exercer des poursuites
Dès lors que la personne est identifiée ou à titre individuel.
identifiable, qu’il s’agisse d’une personne
physique ou d’une personne morale, telle Dans cette hypothèse, ces personnes ne
une société ou une association, elle pourra pourront pas agir au nom du groupement
se constituer partie civile et demander mais uniquement en leur nom, à condition
réparation de son préjudice en raison des de démontrer qu’elles ont subi un préjudice
propos diffamatoires qui l’auront atteinte. qui leur est propre, à la suite de l’atteinte
personnelle qu’elles ont subie.
L’identification présente plus de difficultés,
lorsque les imputations diffamatoires visent
un groupe. Il faut alors distinguer suivant * Lorsque le groupe, non doté de la
que le groupe est, ou non, doté de la personnalité juridique, est composé d’un
personnalité morale : nombre très restreint de personnes, chacun
de ses membres pourra exercer des
• si le groupe est doté de la personnalité poursuites en diffamation.
morale, la personne morale sera
considérée comme diffamée et pourra
exercer l’action en réparation reconnue 18
Cass. Crim., 16 septembre 2003, Bull. crim. n° 161,
à la partie civile17 ; Revue droit pénal 2004, comm. 2 obs, Véron,
concernant des professionnels de l’élevage ; Cass.
Crim., 5 mai 1964, Bull. crim. n° 146, s’agissant de
la profession de mannequin dont l’article litigieux
avait dénoncé « la misère morale » ; Cass. Crim.,
19 janvier 1982, Bull. crim. n° 19 pour la profession
16 de médecins ; TGI Paris, 13 décembre 1978,
Cass. Crim., 3 février 2000, D. 2000, IR, p. 76.
D. 1979, J., p. 378 pour les « femmes avocates »,
17
Cass. Crim., 12 octobre 1976, Bull. crim. n° 287 et Cass. Crim., 22 novembre 1934, DP, 1936, 1, p. 27
relatif à la diffamation d’une société anonyme. pour des attaques visant le « clergé catholique ».
6 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
Ces poursuites ne pourront pas avoir lieu Cette précision distingue ce délit spécial
au nom du groupe, mais au nom de chacun des délits de droit commun prévus par les
de ses membres et pour son compte, à la articles 434-1621 et 434-2522 du code pénal,
condition, là encore, que la personne dont les cibles sont les décisions rendues
démontre qu’elle a subi un préjudice qui lui par les juridictions.
est propre. Mais, dans le cas d’un groupe
restreint, cette démonstration sera facilitée Le premier de ces textes sanctionne la
puisque les imputations diffamatoires publication, avant l’intervention de la
adressées collectivement à une entité décision juridictionnelle définitive, de
composée d’un petit nombre de membres, commentaires tendant à exercer des
atteignent nécessairement chacun pressions, en vue d’influencer les
d’entre eux19. déclarations des témoins ou les décisions
des juridictions d’instruction ou de jugement.
Le second, réprime le fait de chercher à
1.1.3.2. Les diffamations commises jeter le discrédit, publiquement par des
envers les tribunaux, les actes, paroles, écrits ou images de toute
armées, les cours, les corps nature sur un acte ou une décision
constitués, les administrations juridictionnelle, dans des conditions de
et les administrations publiques nature à porter atteinte à l’autorité de la
désignés à l’article 30 de la loi justice ou à son indépendance.
du 29 juillet 1881
Dans ces deux cas, lorsque l’infraction est
La loi du 29 juillet 1881 a spécialement commise par voie de presse écrite ou
incriminé les diffamations envers les audiovisuelle, les dispositions qui régissent
institutions de l’État. ces matières, donc la loi sur la presse et la
loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la
Lorsque les institutions de l’État sont confiance dans l’économie numérique, dite
atteintes dans leur honneur, c’est l’État lui-
même qui est bafoué. C’est pourquoi les
diffamations et injures adressées aux corps,
21
Article 434-16 du code pénal : « La publication,
aux armées, aux tribunaux et aux
avant l’intervention de la décision juridictionnelle
administrations publiques, considérés dans définitive, de commentaires tendant à exercer des
leur ensemble, sont punissables. pressions en vue d’influencer les déclarations des
témoins ou la décision des juridictions d’instruction
ou de jugement est punie de six mois
* La notion de « tribunaux » concerne d’emprisonnement et de 7.500 euros d’amende.
Lorsque l’infraction est commise par le voie de la
l’ensemble des tribunaux civils, administratifs
presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions
ou militaires. En revanche, l’interprétation particulières des lois qui régissent ces matières
stricte de la loi pénale ne permet pas de faire sont applicables en ce qui concerne la
entrer dans le champ d’application du texte, détermination des personnes responsables. »
les autorités administratives indépendantes 22
Article 434-25 du code pénal : « Le fait de
disposant d’un pouvoir de sanction20. chercher à jeter le discrédit, publiquement par
actes, paroles, écrits ou images de toute nature,
Dans le cas de diffamation envers les sur un acte ou une décision juridictionnelle, dans
des conditions de nature à porter atteinte à l’autorité
tribunaux, les imputations doivent atteindre
de la justice ou à son indépendance est puni de
la juridiction elle-même. six mois d’emprisonnement et de 7.500 euros
d’amende.
Les dispositions de l’alinéa précédent ne
s’appliquent pas aux commentaires techniques ni
aux actes, paroles, écrits ou images de toute
19 nature tendant à la réformation, la cassation ou la
CA Paris, 11ème ch., section B, 8 octobre 1998, pour
révision d’une décision.
un groupe de neuf policiers composant l’effectif
Lorsque l’infraction est commise par la voie de la
total d’un groupe au sein de la Brigade de répression
presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions
du proxénétisme, spécialement désigné dans
particulières des lois qui régissent ces matières
l’article de presse litigieux ; Cass. Crim., 6 décembre
sont applicables en ce qui concerne la détermi-
1994, Revue droit pénal 1995, comm. n° 93 pour
nation des personnes responsables.
des propos diffamatoires visant une équipe de dix
L’action publique se prescrit par trois mois révolus,
médecins au sein d’un hôpital.
à compter du jour où l’infraction définie au présent
20
En ce sens : Jurisclasseur Lois pénales annexes, article a été commise, si dans cet intervalle il n’a
fasc. 110. été fait aucun acte d’instruction ou de poursuite. »
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 7
loi LCEN, déterminent les personnes Il n’existe, à notre connaissance, qu’une
responsables. En outre, la prescription du seule décision de la Chambre criminelle de
délit prévu par l’article 434-25 est de trois la Cour de cassation sur ce sujet. Elle
mois (et non de trois ans comme en droit concerne le Gouvernement de la Polynésie
commun) à compter du jour de commission française, que la Haute juridiction a qualifié
de l’infraction. de « corps constitué » au sens de
l’article 30 de la loi de 188126.
* La notion d’« armées » vise les armées Bien qu’aucune décision n’ait paru concerner
de terre, de l’air et de mer, ainsi que « les le Gouvernement de la République française,
mouvements reconnus de la Résistance23 ». cette jurisprudence pourrait être transposée.
Pour que l’article 30 soit applicable, le Dès lors, l’imputation des manœuvres
propos diffamatoire doit viser l’armée dans mensongères pourrait être considérée
son ensemble ou l’une de ses unités et non comme une atteinte à la probité et à
un militaire en particulier. Dans ce dernier l’honneur du Gouvernement, au sens des
cas, c’est l’article 31 de la loi de 1881 qui articles 29 et 30 de la loi de 1881.
sanctionne les diffamations envers les
fonctionnaires, les dépositaires ou agents Dans ce cas, la poursuite ne pourrait avoir
de l’autorité publique, ou chargé d’une lieu, en application des articles 47 et 48
mission de service public qui s’appliquerait. alinéa 1er de la loi du 29 juillet 1881, qu’à la
requête du ministère public, sur plainte
préalable du Premier ministre, agissant au
* La notion de « corps constitués » nom du Gouvernement dont il dirige l’action.
recoupe, au sens de la jurisprudence24, les
seuls corps ayant une existence légale
permanente et auxquels les lois ont dévolu * La notion « d’administrations publiques »
une parcelle de l’autorité ou de vise les organismes exerçant une parcelle
l’administration publiques. de la puissance publique. Il faut, mais il suffit,
qu’un service public administratif soit en
Sont ainsi des corps constitués, au sens cause. Pour ces raisons, la qualité
de l’article 30 de la loi du 29 juillet 1881, le d’administration publique a été refusée aux
Conseil d’État, les assemblées parlemen- établissements publics industriels et
taires, les conseils régionaux, les conseils commerciaux27.
généraux, les conseils municipaux, un
syndicat intercommunal, les universités
ainsi que les chambres de commerce. 1.1.3.3. Les diffamations envers les
membres des ministères ou
S’agissant des ordres professionnels, une des Chambres parlementaires,
partie de la doctrine admet que les conseils les fonctionnaires, les déposi-
de l’ordre des architectes, des avocats ou taires ou agents de l’autorité
des médecins sont des corps constitués25. publique, les citoyens chargés
Toutefois, aucune jurisprudence n’est d’un service ou d’un mandat
encore intervenue sur ce sujet. public, les jurés ou témoins en
raison de leur déposition,
Le Gouvernement peut-il être considéré désignés à l’article 31 de la loi
comme un corps constitué ou une adminis- du 29 juillet 1881
tration publique au sens du texte de
répression ? En effet, une réponse négative * Les personnes visées par l’article 31
à cette question, condition préalable de
l’infraction, empêcherait toute poursuite. Dans ces hypothèses, la diffamation atteint
un « serviteur de l’État », à raison de ses
23
fonctions. Elle ne frappe pas une entité dans
Loi n° 51-18 du 5 janvier 1951 article 28.
son ensemble, mais une personne qui doit
24
Cass. Crim., 26 avril 1952, Bull. crim. n° 106. être identifiée, ou du moins, identifiable.
25
M. Bouzat, sous CA Paris, 20 mai 1953, JCP, 1953,
éd. G., II, 7886 ; M. Patin, D. 1950, p. 558. Pour ces 26
Cass. Crim., 19 février 2002, Revue droit pénal
auteurs, une telle conclusion découle du fait que
2002, comm. n° 94.
ces ordres professionnels sont créés par la loi et
27
ont des prérogatives de puissance publique. Cass. Crim., 25 juin 1953, Bull. crim. n° 224.
8 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
** La notion de « membres des ministères ** La notion de « citoyens chargés d’un
ou de l’une ou l’autre Chambre » recouvre les service public » a un sens un peu différent
ministres, les secrétaires d’État, c’est-à-dire en droit de la presse, en droit administratif
tous ceux qui font partie du Gouvernement et en droit pénal. En effet, si ces personnes
de la République française, les députés et sont traditionnellement définies comme
les sénateurs. « les personnes, privées ou publiques qui,
sans être dépositaires d’une parcelle de
En revanche, l’interprétation stricte de la loi l’autorité publique, accomplissent, à titre
pénale s’oppose à considérer comme tels temporaire ou permanent, volontairement ou
les membres de cabinets ministériels, tels sur réquisition des autorités, un service
les directeurs, les chefs de cabinet et les public quelconque30 », la jurisprudence en
conseillers techniques, ainsi que le personnel a une définition plus restrictive en matière
attaché aux assemblées parlementaires. Ils de droit de la presse en considérant que la
sont protégés soit comme fonctionnaires, soit qualité de dépositaire ou agent de l’autorité
comme dépositaires ou agents de l’autorité publique ou de citoyen chargé d’un service
publique, ou chargés d’un service ou d’un ou d’un mandat public, au sens de
mandat public. l’article 31 de la loi du 29 juillet 1881 n’est
reconnue qu’à celui qui accomplit une
** La notion de « fonctionnaires publics » mission d’intérêt général en exerçant des
désigne, au sens strict du terme, les agents prérogatives de puissance publique31.
qui sont attachés à un service public pour
y tenir un emploi permanent, prévu dans Ont ainsi été qualifiés de citoyens chargés
l’organisation du service et dont l’activité d’un service public :
principale est de tenir cet emploi.
• un directeur de piscine municipale32,
Ont ainsi été considérés comme tels : des
agents et officiers de police d’un • un directeur de caisse régionale de
commissariat local, le directeur d’un centre sécurité sociale33.
hospitalier, les magistrats, les agents des
contributions, etc. En revanche, cette qualité a été déniée :
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 9
** La notion de « jurés ou témoins » À titre d’exemple38, le fait de reprocher à un
concerne les personnes qui déposent, sous commissaire de police de fournir des
la foi du serment, devant le juge d’instruction renseignements sur des réfugiés à un
ou les juridictions de jugement. Seules Gouvernement étranger contre la remise
entrent dans le champ d’application de d’argent, entre dans le champ d’application
l’article 31 les jurés ou témoins visés « à du texte. En effet, la personne est visée en
raison de leur déposition ». sa qualité de fonctionnaire et les faits
rapportés sont bien relatifs à ses fonctions.
* Les conditions de mise en œuvre de En revanche, le fait de reprocher à un
l’article 31 procureur de la République de s’introduire
dans un théâtre, en galante compagnie et
Pour l’ensemble des personnes
sans avoir payé sa place, ne peut être
mentionnées à l’article 31 de la loi du
poursuivi sur le fondement de l’article 31.
29 juillet 1881, la Cour de cassation a exigé
En effet, si la personne en cause est bien
que soit rapportée la preuve de l’existence
visée à raison de sa qualité, les faits qui lui
du lien entre l’imputation diffamatoire et les
sont imputés relèvent exclusivement de sa
fonctions exercées par celui qui se prétend
vie privée. Même si ces imputations ont pour
atteint en ces qualités.
objet de discréditer l’homme public, elles
Les propos litigieux doivent ainsi « contenir ne contiennent pas la critique d’actes de la
la critique d’un acte de la fonction ou d’un fonction39.
abus de la fonction » et établir que « la
Lorsque les imputations diffamatoires visent
qualité ou la fonction de la personne visée
la personne à raison, à la fois de ses
a été, soit le moyen d’accomplir l’acte
fonctions et de sa vie privée, il faut distinguer
imputé, soit son support nécessaire37 ». Il
suivant que les imputations sont indivisibles
importe peu que les fonctions aient cessé
ou non :
au moment de la diffamation.
10 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
implique celle de la mauvaise foi, qui est La distribution résulte de la diffusion person-
présumée dans le cadre de la mise en œuvre nelle à un certain nombre de destinataires
de la loi du 29 juillet 1881 : suivant une auxquels on a porté ou envoyé l’écrit, peu
jurisprudence constante, les imputations important que l’opération soit réalisé à titre
diffamatoires sont réputées, de droit, faites onéreux ou gratuit.
avec l’intention de nuire41.
Les diffamations contenues dans une lettre
Cette présomption n’est toutefois pas et concernant une personne autre que le
irréfragable. Les prévenus, qui ne bénéficient destinataire ne sont susceptibles de
pas d’une immunité prévue par l’article 41 recevoir une qualification pénale que s’il est
de la loi du 29 juillet 1881 (voir infra : établi que cette lettre a été adressée au
chapitre 5.1.), peuvent rapporter la preuve tiers dans des conditions exclusives de tout
de leur bonne foi42, dans les conditions qui caractère confidentiel : tel n’est pas le cas
sont étudiées plus loin (voir infra : lorsqu’il n’est pas démontré qu’une lettre
chapitre 5.2.). adressée à un tiers devait être divulguée,
lorsque cette divulgation ne résulte que de
La reprise d’une imputation diffamatoire l’initiative du seul destinataire de la lettre.
constitue, en elle-même, une diffamation qui
implique l’intention de nuire. Cette L’absence de publicité n’implique cependant
présomption ne peut disparaître qu’en pas l’absence d’infraction, puisque les faits
présence de faits justificatifs, de nature à peuvent constituer, si les autres éléments
faire admettre la bonne foi43. sont réunis, une contravention de
diffamation non publique (article R. 621-1 du
code pénal) contravention de la première
1.3. La publicité permet de distinguer classe punie d’une amende de 38 euros.
le délit de diffamation publique, de
la contravention de diffamation
non publique 1.3.2. La condition de publicité dépend
de la composition du groupe des
1.3.1. Le caractère public des propos destinataires des écrits injurieux
rend délictuel le comportement ou diffamatoires, lorsque le
message a été envoyé par son
Le délit suppose qu’une publicité soit donnée auteur à d’autres personnes
aux écrits ou propos en cause par l’un des
moyens énoncés à l’article 23 de la loi du La publicité fait défaut si les écrits sont
29 juillet 1881, à savoir la distribution, la exclusivement destinés à un groupe de
mise en vente ou l’exposition d’écrits, de personnes liées par une communauté
dessins d’emblèmes ou d’images ou le fait d’intérêts44, mais il y a diffamation publique
de proférer des discours, cris ou menaces lorsque ces écrits viennent à la
dans les lieux ou réunions publics. connaissance de personnes étrangères à
cette communauté.
Cet article, très large, mentionne plus
généralement « tout autre support de l’écrit, La jurisprudence dominante rejette le
de la parole ou de l’image » et « tout moyen caractère public de la diffusion, lorsque les
de communication au public par voie personnes sont juridiquement rattachées à
électronique », ce qui le rend applicable aux une entité ou ont entre elles des intérêts
services de communication au public, matériels convergents (syndicat, parti
suivant l’article 6-V de la loi n° 2004-575 du politique, entreprise, société, adhérents
21 juin 2004 pour la confiance dans d’une association45, corps professionnel,
l’économie numérique, dite loi LCEN. membres de la police nationale46…).
41
Cass. Crim., 20 février 1990, Revue droit pénal
1990, comm. 250.
44
42
Cass. Crim., 30 mai 2007, pourvoi n° 06-86.326,
Cass. Civ. 2ème, 29 juin 1988, Bull. civ. II, n° 160.
AJ pénal Septembre 2007, comm. Guillaume Royer.
43
Cass. Crim., 4 décembre 2007, pourvoi n° 06-87444 : 45
Cass. Crim., 15 juillet 1981, Bull. crim. n° 232 ;
confirmation de l’arrêt ayant condamné un directeur
Cass. Crim., 21 février 1995, Bull. crim. n° 76.
de publication et le journaliste rédacteur d’un article
46
reproduisant des propos diffamatoires tenus par un Cass. Civ. 2ème, 8 novembre 1993, Bull. civ. II,
tiers. n° 318.
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 11
Dans ces hypothèses, les personnes Ces règles sont transposables à la mise
concernées sont liées par une communauté en ligne sur internet. Si le site ou le
d’intérêts et les propos tenus ou les écrits message électronique est consultable par
diffusés ne sortent pas du cadre étroit de la des personnes étrangères au groupe de
communauté à laquelle appartiennent ceux personnes liées par une communauté
auxquels ils sont destinés et, le cas d’intérêts, l’élément de publicité sera
échéant, ceux qui en sont les auteurs. caractérisé53.
12 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
1.4.2. En matière contraventionnelle Contrairement à la diffamation, l’injure ne
renferme l’imputation d’aucun fait.
La diffamation non publique prévue et
réprimée par l’article R. 621-1 du code pénal L’injure constitue un délit ou une contra-
constitue une contravention de première vention, selon qu’elle est publique ou non.
classe, punie d’une amende de 38 euros.
Pour être constitué, le délit d’injure suppose
une publicité par l’un des moyens définis à
1.5. Les réparations sur intérêts civils l’article 23 de la loi du 29 juillet 1881, à savoir
la distribution, la mise en vente ou
Les victimes de diffamation ou d’injure l’exposition d’écrits, de dessins d’emblèmes
peuvent demander aux juridictions ou d’images ou le fait de proférer des
répressives, statuant sur intérêts civils, la discours, cris ou menaces dans les lieux ou
réparation intégrale de leur préjudice suivant réunions publics.
tout mode de réparation54, à savoir :
Cet article, très large, mentionne plus
• l’allocation d’une somme d’argent à titre généralement « tout autre support de l’écrit,
de dommages-intérêts, de la parole ou de l’image » et « tout moyen
de communication au public par voire
• l’insertion d’une réponse55 ou d’une électronique », ce qui le rend applicable aux
rectification, services de communication au public suivant
l’article 6-V de la loi n° 2004-575 du 21 juin
• la suppression partielle ou totale de 2004 pour la confiance dans l’économie
l’écrit, numérique.
2. L’injure
2.1. Un élément matériel
Aux termes de l’article 29 alinéa 2 de la loi
du 29 juillet 1881 « Toute expression 2.1.1. Toute expression outrageante, de
outrageante, termes de mépris ou invective mépris ou d’invective visant une personne
qui ne renferme l’imputation d’aucun fait est ou un groupe déterminé et qui porte atteinte
une injure ». à son honneur et à sa dignité est une injure.
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 13
Pour apprécier le caractère offensant du En revanche, lorsque les propos
propos et l’atteinte à la dignité de la n’atteignent qu’une profession déterminée
personne, les tribunaux tiennent compte du dans son ensemble et n’en reportent le
contexte et du ton employé par l’auteur59. blâme sur aucune personne déterminée, le
Ainsi, la jurisprudence admet le « droit à délit d’injure n’est pas constitué63.
l’humour » et prend en compte la polémique
politique, à condition toutefois, dans chacun
de ces cas, que les propos n’excèdent pas, 2.1.3. L’injure, réprimée par l’article 33
par leur violence et leur outrance, les limites alinéa 1er de la loi du 29 juillet 1881, envers
autorisées de la critique satirique 60, ni les tribunaux, les armées, les cours, les
celles, admissibles, de la polémique corps constitués, les administrations et les
politique61. administrations publiques désignés à
l’article 30 de la loi du 29 juillet 1881 ainsi
qu’envers les membres des ministères ou
2.1.2. L’injure à l’encontre des particuliers. des Chambres parlementaires, les
fonctionnaires, les dépositaires ou agents
Le terme « particuliers », au sens de de l’autorité publique, les citoyens chargés
l’article 33 alinéa 2 de la loi du 29 juillet d’un service ou d’un mandat public, les jurés
1881, s’applique à toute personne, physique ou témoins en raison de leur déposition,
ou morale, qui ne relève pas des catégories désignés à l’article 31 de la loi du 29 juillet
mentionnées aux articles 30 et 31, soit 1881, suit le même régime que celui déjà
parce qu’elle n’a pas l’une des qualités étudié en matière de diffamation (voir supra :
énoncées à cet article, soit parce que les chapitres 1.1.3.2. et 1.1.3.3.).
injures n’ont aucun lien avec sa fonction ou
sa qualité. Dès lors que la personne est • Lorsque les institutions de l’État sont
identifiée ou identifiable, qu’il s’agisse d’une outragées, c’est l’État lui-même qui est
personne physique ou d’une personne bafoué. C’est pourquoi les injures
morale, telle une société ou une adressées aux corps, aux armées, aux
association, elle pourra se constituer partie tribunaux et aux administrations
civile et demander réparation de son publiques, considérés dans leur
préjudice en raison des propos injurieux qui ensemble, sont punissables.
l’auront atteinte.
• Quand l’injure atteint un « serviteur de
L’identification présente plus de difficultés l’État » à raison de ses fonctions, la
lorsque les imputations visent un groupe. À personne doit être identifiée, ou du moins
ce titre, les règles dégagées en matière de identifiable.
diffamation (voir supra : chapitre 1.1.3.1.)
sont transposables à l’injure.
2.1.4. Dans le cas où l’injure atteint des
L’injure doit viser une personne déterminée personnes désignées à l’article 31 de la loi
ou déterminable ou un groupe de personnes. du 29 juillet 1881, les règles gouvernant la
Lorsque, dans ce groupe, les personnes sont matière sont identiques à celles déjà
déterminées, chacune d’elles peut attenter évoquées pour la diffamation.
individuellement une action en réparation du
préjudice causé62. La Cour de cassation a rappelé la nécessité
de rapporter la preuve de l’existence du lien
existant entre l’expression injurieuse et les
fonctions exercées par celui qui se prétend
atteint en ces qualités64.
59
Cass. Crim., 4 décembre 1973, Bull. crim. n° 448.
60
Cass. Crim., 13 février 2001, pourvoi n° 0055.853.
61
Cass. Crim., 19 juin 2001, pourvoi n° 0086.167.
Voir aussi Cass. Crim., 30 mars 2005 précité
(pourvoi n° 04-85709) pour des termes employés
63
dans un contexte de polémique électorale qui n’a Cass. Crim., 5 mai 1964, Bull. crim. n° 146, pourvoi
pas fait disparaître leur caractère injurieux. n° 61-92126, concernant la profession de
62
mannequin.
Cass. Crim., 12 septembre 2000, pourvoi
64
n° 99-82.281. Cass. Crim., 19 février 2002, JCP 2002, IV, 1652.
14 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
Pour l’application de l’article 33 alinéa 1er 2.2.1. Dès lors que l’injure ne renferme
de la loi de 1881, la jurisprudence exige l’imputation d’aucun fait, la loi du 29 juillet
ainsi la réunion de deux conditions : 1881 ne prévoit pas la possibilité, pour
l’auteur des faits, d’invoquer l’exception de
• la personne doit avoir été injuriée à vérité, contrairement à ce qui existe en
raison de sa qualité ou de ses fonctions, matière de diffamation (voir infra :
chapitre 5.3.).
• les injures atteignant cette personne
doivent concerner ses fonctions ou sa Si les circonstances de l’espèce ne lui
qualité. permettent pas de bénéficier de l’immunité
prévue à l’article 41 de la loi du 29 juillet
Cette appréciation doit être objective, 1881 (voir infra : chapitre 5.1.), l’auteur des
puisque les injures doivent s’apprécier, non faits pourra toujours tenter de faire la preuve
d’après le mobile les ayant inspirées ou le de sa bonne foi, ce qui n’ira pas sans
but recherché par leur auteur, mais selon difficulté en la matière (voir infra :
la nature du fait sur lequel elles portent. chapitre 5.2.).
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 15
• C’est au prévenu d’établir la preuve de 2.3.2. En matière contraventionnelle
l’existence de cette provocation.
L’injure non publique, qui n’a pas été
L’injure n’est excusable par une provocation, précédée d’une provocation, constitue une
que lorsque l’auteur de cette injure peut être contravention de première classe, prévue
raisonnablement considéré comme se par l’article R. 621-2 du code pénal et punie
trouvant encore sous le coup de l’émotion d’une amende de 38 euros.
que la provocation a pu lui causer70.
L’injure non publique, même précédée d’une
provocation, envers une personne ou un
2.3. Les sanctions applicables groupe de personnes à raison de leur origine
ou de leur appartenance à une ethnie, une
Comme en matière de diffamation, la nation, une race ou une religion déterminée
répression de l’injure dépend de la qualité ou encore à raison de leur sexe, de leur
de la personne injuriée et de la publicité ou orientation sexuelle ou leur handicap, est
non donnée aux faits. punie des peines de contravention de
quatrième classe, soit 750 euros
d’amende, par l’article R. 624-4 du code
2.3.1. En matière délictuelle pénal.
L’article 33 alinéa 1er de la loi du 29 juillet L’injure est, comme la diffamation, soumise
1881 punit d’une amende de 12.000 euros par la loi du 29 juillet 1881 à des règles de
le délit d’injure publique commis envers les procédure très contraignantes.
personnes désignées par les articles 30 (les
cours, les tribunaux, les armées de terre,
de mer ou de l’air, les corps constituées et 3. Les personnes habilités à agir
les administrations publiques) et 31 (injure
publique commise à raison de leurs 3.1. Le principe : le ministère public est
fonctions envers les membres du ministère, seul compétent pour poursuivre les
un ou plusieurs membres de l’une ou l’autre infractions en matière de presse…
Chambre, un fonctionnaire public, un
dépositaire ou agent de l’autorité publique, L’article 47 de la loi du 29 juillet 1881
un ministre de l’un des cultes salariés par dispose que « la poursuite des délits et
l’État, un citoyen chargé d’un service public contraventions de simple police commis par
ou d’un mandat public, temporaire ou la voie de la presse ou par tout autre moyen
permanent, un juré ou un témoin à raison de publication aura lieu d’office et à la
de sa déposition). requête du ministère public ».
L’article 33 alinéa 2 punit de la même peine Même si, dans la plupart des cas prévus à
de 12.000 euros d’amende, l’injure publique, l’article 48 de la loi de 1881, une plainte
non précédée de provocation, commise préalable de la victime est nécessaire pour
envers les particuliers. Le délit d’injure permettre au procureur de la République
publique commis envers une personne ou d’engager les poursuites, seul ce dernier a
un groupe de personnes à raison de leur qualité pour poursuivre les auteurs de
origine ou de leur appartenance à une diffamation ou d’injure devant la juridiction
ethnie, une nation, une race ou une religion répressive en application des dispositions
déterminée ou encore à raison de leur sexe, combinées des articles 47 et 48 alinéas 1er
de leur orientation sexuelle ou leur handicap et dernier de la loi du 29 juillet 1881.
est quant à lui prévu et réprimé par l’alinéa 3
de ce même article de six mois
d’emprisonnement et / ou d’une peine de 3.1.1. Ainsi, aux termes de l’article 48 1°
22.500 euros d’amende. Dans ces derniers de la loi du 29 juillet 1881, dans le cas
cas, le tribunal peut aussi ordonner d’injure ou de diffamation envers les corps
l’affichage ou la diffusion de la décision à et administrations mentionnés à l’article 30
titre de peine complémentaire. de la loi, à savoir, les cours, les tribunaux,
les armées, les corps constitués et les
administrations publiques, la poursuite ne
pourra être exercée que sur une délibération
70
Cass. Crim., 13 janvier 1966, Bull. crim. n° 14.
16 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
spéciale prise, en assemblée générale, par Bercy, a qualité pour représenter l’État dans
le corps ou si ce corps n’a pas d’assemblée la procédure judiciaire, à l’exclusion du
générale, sur la plainte du chef de corps ou ministre qui a déposé plainte74.
du ministre71, dont relève ce corps.
En application du principe posé par
Dans ces hypothèses, aucun membre l’article 47, la mise en mouvement de
particulier appartenant à ces corps ou l’action publique par la victime, par voie de
administration n’est personnellement visé plainte avec constitution de partie civile ou
par les diffamations ou injures. C’est le par voie de citation directe devant le tribunal,
corps ou l’administration qui est atteint dans sera affectée d’une nullité d’ordre public.
son ensemble. Une fois la plainte préalable Cependant, la victime a toujours la
déposée, seul le ministère public pourra possibilité de joindre son action civile à
engager les poursuites. l’action publique engagée par l’autorité de
poursuite75.
71
Seul un ministre du Gouvernement est visé par ce 74
Cass. Crim., 2 septembre 2003, Droit pénal 2003,
texte qui n’est donc pas applicable au président du
comm. n° 143 concernant une information judiciaire
Gouvernement de la Polynésie (Cass. Crim.,
du chef de diffamation envers la police nationale
19 février 2002, Droit pénal, septembre 2002, p. 13).
dans laquelle la plainte avec constitution du ministre
72
Cass. Crim., 12 juin 1956, Bull. crim. n° 462. de l’intérieur a été jugée irrecevable.
73 75
Cass. Crim., 12 novembre 2003, Bull. crim. n° 212. Cass. Crim., 3 mars 1980, Bull. crim. n° 74.
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 17
lieu soit sur leur plainte, soit d’office, sur • Article 48 5°) en cas d’offense envers les
la plainte du ministre dont ils relèvent chefs d’État ou d’outrage envers les
(article 48 3°). Ainsi, dans les cas de agents diplomatiques étrangers, la
diffamations ou d’injures visant poursuite aura lieu, soit à leur requête,
personnellement des fonctionnaires à soit par le parquet sur leur demande
raison d’actes entrant dans leurs adressée au ministre des affaires
fonctions, la poursuite aura lieu : étrangères et, par celui-ci, au ministre
de la justice.
- soit à l’initiative du fonctionnaire lui-
même, par voie de plainte avec • Article 48 6°) en cas de diffamation et
constitution de partie civile ou de d’injure envers les particuliers, la
citation directe devant le tribunal, poursuite sera exercée, soit à la requête
du particulier, soit par le parquet sur la
- soit par le parquet, sur la plainte du plainte du particulier.
fonctionnaire ou sur la plainte du
ministre dont il relève. Cependant, le • La poursuite peut être exercée d’office
ministre n’est astreint à aucune par le ministère public, c’est-à-dire
obligation en la matière. De même, même en l’absence de plainte préalable
il ne peut exiger de son agent qu’il de la partie lésée, lorsque les
dépose lui-même, au préalable, une diffamations et injures ont été commises
plainte76. envers une personne ou un groupes de
personnes à raison de leur origine ou de
Comme toute loi pénale, la loi de 1881 leur appartenance ou de leur non-
est d’application stricte et l’interprétation appartenance à une ethnie, une nation,
jurisprudentielle des exigences posées une race ou une religion déterminée, de
par son article 48 3° ne reconnaît, dans leur sexe, de leur orientation sexuelle
ce cas, d’intérêt à agir, ni à un syndicat ou de leur handicap.
de fonctionnaires, ni à l’autorité locale
dont le fonctionnaire dépend.
3.2.2. En matière de diffamation ou d’injure,
Si les propos diffamatoires ont été l’acte initial des poursuites fixant
proférés contre l’agent, seul ce dernier irrévocablement la nature, l’étendue et l’objet
peut se constituer partie civile et non le de celles-ci, aucune autre personne n’est
ministre, quand bien même c’est ce admise à intervenir comme partie civile dans
dernier qui aurait déposé plainte. une procédure déjà engagée sur la plainte
ou la requête d’une autre77.
La directrice des affaires juridiques,
agent judiciaire du Trésor, en sa qualité
de représentant de l’État devant les 3.2.3. Enfin, l’action en réparation exercée,
juridictions judiciaires, conformément à directement, par la partie lésée, devant les
l’article 38 de la loi n° 55-366 du 3 avril tribunaux civils est interdite dans les cas
1955, ne pourrait se constituer partie de diffamation envers les fonctionnaires, les
civile, faute de préjudice de l’État, administrations publiques ou les corps
distinct de celui de l’agent et en lien constitués (articles 30 et 31 de la loi du
direct avec l’infraction. 29 juillet 1881). En effet, dans ces
hypothèses, l’article 46 de la loi du 29 juillet
• Article 48 4°) en cas de diffamation 1881 dispose que, l’action civile ne peut être
envers un juré ou un témoin à raison de engagée séparément de l’action publique,
sa déposition, la poursuite pourra être sauf en cas de décès de l’auteur du fait
exercée, soit à la requête du juré ou du incriminé ou d’amnistie.
témoin, soit par le parquet sur la plainte
du juré ou du témoin. En revanche, en Dans ces cas, les parties lésées ne peuvent
cas d’injure envers un juré ou un témoin, poursuivre la réparation de leur préjudice
hypothèse non visée par l’article 48 4°), que devant les tribunaux répressifs, par voie
la poursuite pourra être exercée d’office d’action civile accessoire à l’action publique,
et à la requête du seul ministère public. comme indiqué précédemment (voir infra :
chapitre 3.2.1.).
76 77
CE, 25 juillet 2001, D. 2001, p. 2640. Cass. Crim., 22 mai 1990, Bull. crim. n° 211.
18 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
Toutefois, si l’action en réparation, exercée 4.1.1. La plainte auprès du procureur
à titre principal devant les tribunaux civils, de la République
est irrecevable78, le juge civil, statuant en
référé, peut prendre toutes mesures pour 4.1.1.1. La loi n’impose aucun forma-
faire cesser le trouble manifestement lisme à cette plainte préalable,
illicite 79 , dans les conditions qui sont toutefois elle doit manifester
étudiées infra (troisième partie). précisément l’intention de
provoquer l’action publique
L’interdiction d’exercer l’action civile
À ce titre, sa rédaction doit observer
séparément de l’action publique, édictée par
quelques règles :
l’article 46 de la loi, qui est une dérogation
au droit commun, est limitée aux seules • Elle doit être écrite puisqu’elle est
infractions énumérées par ce texte, à savoir adressée au ministère public.
la diffamation commise envers les corps et
personnes protégées par les articles 30 • Elle doit constater la qualité et les
et 31 de la loi. Elle ne s’applique pas aux pouvoirs du plaignant en application des
faits d’injures, quelle que soit la qualité de dispositions de l’article 48 de la loi du
la victime, et aux diffamations envers les 29 juillet 1881. Ainsi, lorsque la poursuite
particuliers80. Dans ces hypothèses, la ne peut être exercée que sur une
partie lésée pourra, à son choix, poursuivre délibération spéciale prise, en
la réparation de son préjudice, soit devant assemblée générale, par le corps
les tribunaux répressifs accessoirement à diffamé, cette délibération doit être jointe
l’action publique, soit devant les tribunaux à la plainte.
civils par voie d’action principale.
• Elle doit manifester la volonté de voir les
faits poursuivis pénalement.
4. La procédure à suivre • Elle doit rappeler les faits et rapporter
précisément les propos dénoncés81.
4.1. Les modalités de saisine des Cette précision conditionne, en effet, la
juridictions régularité de la poursuite par le ministère
public. En effet, celui-ci ne peut retenir
En matière de délit de presse, la personne d’autres propos que ceux indiqués dans
qui s’estime diffamée peut, dans les la plainte. S’il le faisait, sa poursuite
conditions et suivant les distinctions prévues serait frappée de nullité d’ordre public.
par l’article 48 de la loi du 29 juillet 1881, Cependant, si la plainte doit rapporter
intenter son action devant tout tribunal dans clairement les propos litigieux, elle n’a
le ressort duquel la publication, la vente ou pas à qualifier exactement les faits, ni
la distribution a été faite. Toutefois, si la viser le texte applicable. Ce sera au
personne diffamée a le choix entre les ministère public de le faire dans son acte
différentes juridictions possibles, elle ne de poursuite (citation ou réquisitoire
peut intenter qu’une seule action à raison introductif).
des mêmes faits.
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 19
lorsque le parquet requiert l’ouverture d’une dispositions des articles 29 et 53 de la loi
information, le réquisitoire introductif doit, du 29 juillet 1881, relatives à l’absence de
à peine de nullité, énoncer précisément les précision du fait incriminé mais a ajouté,
faits dénoncés, les circonstances de temps, dans le même arrêt, qu’il appartenait à la
de lieu et de publicité qui donnent aux faits Cour de cassation, qui en matière de
leur caractère délictueux et indiquer les presse, exerce son contrôle sur les pièces
textes dont l’application est demandée. de la procédure, de relever d’office le moyen
L’exigence de précision des faits peut être de pur droit pris de la nullité du moyen
remplie, non seulement dans le corps de introductif d’instance.
l’acte introductif d’instance mais aussi,
selon la Chambre criminelle, au moyen des La Chambre criminelle de la Cour de
pièces litigieuses produites en annexe, cassation interprète très strictement ces
lesquelles pourront être suffisantes pour dispositions en refusant les visas
permettre à la personne poursuivie de incomplets, les visas cumulatifs d’articles
connaître les faits qui lui sont reprochés83. concernant des infractions distinctes pour
un fait unique, ainsi que les qualifications
alternatives87 et en imposant la précision
* Il peut engager les poursuites par voie de l’alinéa concerné lorsqu’un article
de citation directe par laquelle il renvoie comporte plusieurs infractions en ses
l’auteur des faits devant le tribunal. La différents alinéas.
citation directe met en mouvement l’action
publique mais est particulièrement
contraignante dans le cadre de la loi du * Il peut aussi décider de classer l’affaire,
29 juillet 1881. En effet, l’article 53 de la loi si les faits sont prescrits ou si l’infraction
de 188184 exige, à peine de nullité, que la ne lui paraît pas constituée par exemple.
citation directe précise et qualifie, d’une Dans l’hypothèse où le Parquet déciderait
part, le fait incriminé et indique, d’autre part, de classer sans suite, les victimes
le texte de la loi dont l’application est désignées aux alinéas 2e à 8e de l’article 48
demandée. de la loi de 1881 (voir supra :
chapitre 3.2.) – c’est-à-dire à l’exclusion
À propos d’une citation se bornant à faire des cours, des tribunaux, des armées, des
état de la diffusion d’un tract, sans en corps constitués et des administrations
préciser le texte, ni spécifier les passages publiques – peuvent toujours mettre en
incriminés, la Cour de cassation a même mouvement l’action publique (mais
paru exiger que l’écrit incriminé soit joint seulement dans les délais impartis par
en annexe de la citation, à peine de nullité85. l’article 65 de la loi de 1881), selon l’une
ou l’autre des procédures décrites ci-
La Chambre criminelle de la Cour de dessous.
cassation a précisé86 que les juges du fond
n’avaient pas le pouvoir de relever d’office Si le Parquet décide la poursuite, les
l’exception de nullité prise du non-respect, victimes peuvent toujours réclamer
dans la citation délivrée au prévenu, des réparation de leur préjudice à l’audience.
83
Cass. Crim., 11 septembre 2007, C. Bigot, « Un an 4.1.2. Les actions de la partie civile
de droit processuel de la presse », Commerce-
commerce électronique 2008, chron. 3, sp. n° 3.
4.1.2.1. La plainte avec constitution de
84
Article 53 de la loi du 29 juillet 1881 : « La citation partie civile auprès du juge
précisera et qualifiera le fait incriminé, elle d’instruction
indiquera le texte de loi applicable à la poursuite.
Si la citation est à la requête du plaignant, elle
contiendra élection de domicile dans la ville où En matière de presse, une telle plainte
siège la juridiction saisie et sera notifiée tant au déclenche immédiatement l’action publique,
prévenu qu’au ministère public. Toutes ces si elle est effectuée dans le délai de trois
formalités seront observées à peine de nullité de mois à compter de la date de la publication
la poursuite. »
litigieuse. Elle n’a donc pas à être précédée
85
Cass. Crim., 9 janvier 2007, pourvoi n° 06-83.042,
Revue Droit pénal 2007, n° 51 (deuxième espèce),
comm. M. Véron. 87
Cass. Crim., 30 mars 2005, pourvoi n° 04-84976,
86
Cass. Crim., 6 janvier 2009, pourvoi n° 08-80.826. Revue Droit pénal juin 2005, M. Véron, comm. 86.
20 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
du dépôt d’une plainte simple, contrairement la publicité, le délit de diffamation est
aux autres délits. Il s’agit là d’une exception susceptible de constituer la contravention
aux règles définies à l’article 85 du code de de diffamation non publique90.
procédure pénale dans sa rédaction issue
de la loi n° 2007-291 du 5 mars 2007 qui En revanche, le magistrat instructeur sera
subordonne la recevabilité d’une plainte avec fondé à rendre une ordonnance de non-lieu
constitution de partie civile au dépôt si l’information démontre qu’aucune
préalable d’une plainte simple. infraction n’est constituée91.
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 21
prévu par l’article 54 est nulle. Lorsqu’il se • à leur défaut, c’est l’auteur des propos
présente ou est valablement représenté, la qui sera considéré comme auteur
citation n’encourt pas la nullité. principal du délit,
22 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
Le nom du directeur de publication figure L’éditeur peut être un particulier, quand il a
obligatoirement sur chaque numéro du pris l’initiative de faire publier l’écrit. Le
journal. paiement des frais d’impression, les
déclarations administratives permettent
Le directeur de la publication est d’établir cette qualité.
responsable de plein droit de tout ce qui
est publié dans le journal qu’il dirige. C’est Il arrive aussi que l’auteur de l’écrit litigieux
la diffusion du périodique qui donne au délit soit son propre éditeur. Dans ce cas, il
son caractère public. Même s’il a délégué devient auteur principal de l’infraction.
tout ou partie de ses fonctions, il reste le
seul auteur de l’infraction. Le délégataire
pourrait, éventuellement être poursuivi * L’auteur
comme complice.
Quand le directeur de publication ou l’éditeur
Si le directeur était inconnu ou absent, de l’ouvrage sont inconnus, l’auteur de
l’auteur de l’article incriminé serait considéré l’article devient, par le jeu de la responsabilité
comme l’auteur principal. « en cascade », l’auteur principal de
l’infraction de presse.
Le directeur ne peut échapper à sa
responsabilité au motif qu’il n’aurait fait que
reproduire une publication litigieuse97. De la * L’imprimeur
même façon, la révélation du nom de l’auteur
des écrits n’a pas d’effet exonératoire Quand l’auteur est inconnu, l’imprimeur
puisque la responsabilité de celui-ci n’est devient l’auteur principal. Par imprimeur, il
que subsidiaire. faut entendre celui qui a mis ses presses à
la disposition de journaux ne disposant pas
L’article 6 alinéa 2 prévoit que si le directeur d’administration régulière99.
de publication jouit de l’immunité
parlementaire, l’entreprise éditrice doit
nommer un codirecteur de publication, dans 4.2.1.2. Les complices
le délai d’un mois à compter de la date à
partir de laquelle le directeur de publication
bénéficie de l’immunité. * L’article 43 de la loi du 29 juillet 1881100
prévoit expressément la responsabilité de
La responsabilité du codirecteur est l’auteur de l’article comme complice,
substituée à celle du directeur, pendant lorsque le directeur de publication est
toute la durée du mandat parlementaire de poursuivi à titre principal. Dans ce cas
ce dernier. Durant cette période, le co- particulier, la mise en cause de l’auteur de
directeur est seul responsable pénalement l’article comme complice n’est soumise à
des infractions dont aurait à répondre, du aucune condition particulière.
seul fait de cette qualité, le directeur de
99
publication s’il n’était pas parlementaire98. Cass. Crim., 17 juillet 1969, Bull. crim. n° 230.
100
Article 43 : « Lorsque les directeurs ou
codirecteurs de la publication seront en cause,
* L’éditeur les auteurs seront poursuivis comme complices.
Pourront l’être au même titre et dans tous les cas,
Quand l’infraction est commise dans un écrit les personnes auxquelles les articles 121-6
et 121-7 du code pénal pourraient s’appliquer.
ou un ouvrage qui n’est pas un journal
Ledit article ne pourra s’appliquer aux imprimeurs
périodique doté d’un directeur de pour faits d’impression, sauf dans le cas et dans
publication, l’éditeur de l’écrit en est les conditions prévues par l’article 6 de la loi du
responsable à titre principal. 7 juin 1848 sur les attroupements, ou à défaut de
codirecteur de la publication, dans le cas prévu
97 au deuxième alinéa de l’article 6. Toutefois, les
Dans un arrêt du 25 novembre 1965, Bull. Crim
imprimeurs pourront être poursuivis comme
n° 254, la Cour de cassation a, ainsi, rappelé que
complices si l’irresponsabilité pénale du directeur
« la circonstance qu’un précédent article, auquel
ou du codirecteur de la publication était prononcée
se réfère l’article incriminé ait fait l’objet de
par les tribunaux. En ce cas, les poursuites sont
poursuites suivies de condamnation pour
engagées dans les trois mois du délit ou, au plus
diffamation n’enlève rien au caractère diffamatoire
tard, dans les trois mois de la constatation
du second ».
judiciaire de l’irresponsabilité du directeur ou du
98
Cass. Crim., 25 novembre 1965, Bull. crim. n° 254. codirecteur de la publication. »
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 23
Les autres participants à l’infraction ne * Les vendeurs, distributeurs et afficheurs
peuvent être poursuivis en qualité de peuvent être poursuivis comme complices
complices que dans les termes du droit mais uniquement dans les termes du droit
commun, c’est-à-dire si sont relevés des commun prévus par l’article 121-7 du code
faits matériels, positifs et conscients de pénal. Ce sera le cas, par exemple du
responsabilité au sens de l’article 121-7 du vendeur ou distributeur qui continuerait à
code pénal101. vendre l’écrit litigieux après avoir été avisé
de son caractère diffamatoire.
Ainsi, l’auteur de propos repris par un
journaliste peut en répondre en qualité de
complice, mais uniquement s’il est rapporté 4.2.2. En cas de diffamation ou injure
la preuve de sa participation matérielle et par communication audiovisuelle
intentionnelle aux faits principaux102. (télévision et radiophonie)
24 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
Toutefois, le directeur de publication n’est 4.2.3.1. La distinction entre les
réputé auteur principal que lorsque le message fournisseurs d’accès et les
litigieux a fait l’objet d’un enregistrement hébergeurs, d’une part, et les
préalable à sa communication au public. éditeurs d’autre part
105
4.2.3. En cas de diffamation ou injure Article 6-I.1 LCEN : « Les personnes dont l’activité
par Internet est d’offrir un accès à des services de
communication au public en ligne informent leurs
abonnés de l’existence de moyens techniques
La loi pour la confiance dans l’économie permettant de restreindre l’accès à certains
numérique (loi n° 2004-575 du 21 juin 2004, services ou de les sélectionner et leur proposent
article 6-V), dite loi LCEN, rend les au moins un de ces moyens ».
articles 23 et suivants de la loi du 29 juillet 106
Article 6-I.2 LCEN : « Les personnes physiques
1881 applicables aux services de ou morales qui assurent, même à titre gratuit, pour
communication au public. Toutefois le mise à disposition du public par des services de
régime de responsabilité pénale diffère selon communication au public en ligne, le stockage de
signaux, d’écrits, d’images, de sons ou de
les catégories d’acteurs, prestataires messages de toute nature fournis par des
intermédiaires (fournisseurs d’accès et destinataires de ces services ne peuvent pas voir
hébergeurs) ou éditeurs. leur responsabilité civile engagée du fait des
activités ou des informations stockées à la
Il convient de souligner que, quelle que soit demande d’un destinataire de ces services si elles
n’avaient pas effectivement connaissance de leur
la catégorie d’acteurs en cause, ils ne
caractère illicite ou de faits et circonstances faisant
peuvent être condamnés pénalement au apparaître ce caractère ou si, dès le moment où
retrait des passages diffamatoires ou elles en ont eu cette connaissance, elles ont agi
injurieux figurant dans un article diffusé sur promptement pour retirer ces données ou en rendre
Internet. Ce pouvoir relève du juge des l’accès impossible.
L’alinéa précédent ne s’applique pas lorsque le
référés en vertu de l’article 6.8 de la LCEN
destinataire du service agit sous l’autorité ou le
qui sera étudié infra (voir : troisième partie, contrôle de la personne visée audit alinéa. »
chapitre 2). 107
Directive 2000/31/CE relative à certains aspects
juridiques des services de la société de l’information,
et notamment du commerce électronique, dans le
marché intérieur (« Directive sur le commerce
électronique »), du 8 juin 2000 (JOCE 178/1/2000
du 17 juillet 2000).
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 25
• les prestataires de stockage temporaire informations qu’ils contiennent, sont
(« caching », tel Google qui conserve le fournis par le client ; l’hébergeur
contenu de certains sites sur ses n’intervient pas dans leur élaboration et
propres serveurs) ; il n’en contrôle pas le contenu.
26 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
Une société « bloobox Net », qui a pour dès le moment où ils en ont eu connaissance,
objet social la conception Web et ils ont agi promptement, pour retirer ces
multimédia, qui édite sur internet un site informations ou en rendre l’accès impossible.
(Fuzz.fr) et qui diffuse sur ce site des
informations sur des personnalités du L’article 6-I-7 de la LCEN précise, d’ailleurs,
spectacle, a été considérée, par la cour que les prestataires intermédiaires ne sont
d’appel de Paris111, comme un hébergeur. pas soumis à une obligation générale de
En effet, la cour a jugé que le fait, pour cette surveillance des informations qu’ils
société, de structurer et de classifier les transmettent ou qu’ils stockent, ni à une
informations mises à la disposition du obligation générale de recherche des faits
public, selon un classement choisi par elle ou des circonstances révélant des activités
permettant de faciliter l’usage de son illicites.
service, entrait dans la mission du
prestataire de stockage et ne lui donnait Le Conseil Constitutionnel a précisé que le
pas la qualité d’éditeur, contrairement à ce caractère illicite de l’information devait être
qu’avait décidé le juge des référés du tribunal manifeste, ou que le retrait de cette
de grande instance de Paris112, dès lors information devait avoir été ordonné par un
qu’elle n’était pas l’auteur des titres et des juge, pour que la responsabilité des
liens hypertextes, qu’elle ne déterminait pas intermédiaires puisse être engagée113 :
les contenus du site, source de l’information « considérant que les 2 et 3 du I de l’article 6
et qu’enfin elle n’avait aucun moyen de de la loi déférée ont pour seule portée
vérifier le contenu des sites vers lesquels d’écarter la responsabilité civile et pénale
pointent les liens mis en ligne par les seuls des hébergeurs dans les deux hypothèses
internautes. qu’ils envisagent ; que ces dispositions ne
sauraient avoir pour effet d’engager la
responsabilité d’un hébergeur qui n’a pas
4.2.3.2. Le principe d’irresponsabilité retiré une information dénoncée comme
pénale des fournisseurs d’accès illicite par un tiers si celle-ci ne présente
et des hébergeurs pas manifestement un tel caractère ou si
son retrait n’a pas été ordonné par un
Aux termes de l’article 12.1 de la directive juge […] ».
précitée, les fournisseurs d’accès sont
irresponsables pénalement et civilement, à Il existe, en outre, une procédure de
condition : notification, définie à l’article 6-I-5, qui doit
être suivie strictement, sans quoi la
• qu’ils ne soient pas à l’origine de la responsabilité du prestataire ne saurait être
transmission, engagée114, par toute personne demandant
à un intermédiaire technique le retrait d’une
• qu’ils ne sélectionnent pas le destinataire information en ligne. Lorsque l’intermédiaire
de la transmission, technique reçoit une telle notification, il doit
agir « promptement » pour apprécier la licéité
• et qu’ils ne sélectionnent, ni ne
du contenu litigieux et, éventuellement, le
modifient, les informations faisant l’objet
retirer. Il a été jugé qu’un hébergeur n’avait
de la transmission.
pas agi promptement, faute d’avoir donné
Aux termes des articles 6-I-2 et 6-I-3 de la suite à la notification le jour même de sa
LCEN, les hébergeurs ne peuvent voir leur réception115.
responsabilité civile ou pénale engagée à
Bien entendu, les intermédiaires techniques
raison des informations stockées à la
demeurent responsables, lorsqu’ils diffusent
demande d’un destinataire de ces services,
les informations incriminées pour leur
s’ils n’avaient pas effectivement connaissance
compte. C’est le cas pour leur propre
de l’activité ou de l’information illicites ou si,
site Web.
111
CA Paris, 21 novembre 2008, Bloobox Net c/ 113
DCC n° 2004-496, 10 juin 2004.
Olivier M. Legalis.net www.Legalis.net//
114
jurisprudence. TGI Paris, 13 octobre 2008 Bachar K. et autres
112
c/ Christophe B. et autres. www.legalis.net.
TGI Paris, Ordonnance 26 mars 2008, Olivier M.
115
c/ Bloobox Net. Legalis.net www.Legalis.net// TGI Toulouse (référé), 13 mars 2008, Krim. K.
jurisprudence. c/ Amen.
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 27
En raison de l’intérêt général attaché à la • en ce qui concerne les éditeurs
répression de l’apologie des crimes contre professionnels, le nom du directeur ou
l’humanité, de l’incitation à la haine raciale du co-directeur de la publication et le cas
ainsi que de la pornographie enfantine, échéant, celui du responsable de la
l’article 6-I-7 de la LCEN impose aux rédaction, au sens de l’article 93-2 de
prestataires intermédiaires, de concourir à la loi n° 82-652 du 29 juillet 1982 ;
la lutte contre la diffusion des infractions
• en ce qui concerne les éditeurs non
mentionnées aux cinquième et huitième
professionnels, ils peuvent ne tenir à la
alinéas de l’article 24 de la loi du 29 juillet
disposition du public que le nom, la
1881 sur la liberté de la presse et à
dénomination ou la raison sociale et
l’article 227-23 du code pénal.
l’adresse du prestataire, c’est-à-dire
À ce titre, elles doivent mettre en place un l’hébergeur.
dispositif facilement accessible et visible,
La violation de ces prescriptions est punie
permettant à toute personne de porter à leur
d’un an d’emprisonnement et de 75
connaissance ce type de données. Elles
000 euros d’amende en application de
ont également l’obligation, d’une part,
l’article VI II de la LCEN.
d’informer promptement les autorités
publiques compétentes de toutes activités Les personnes morales peuvent être
illicites mentionnées à l’alinéa précédent qui déclarées pénalement responsables de ces
leur seraient signalées et qu’exerceraient infractions, dans les conditions prévues à
les destinataires de leurs services, et, l’article 121-2 du code pénal.
d’autre part, de rendre publics les moyens
Les éditeurs, destinataires des services
qu’elles consacrent à la lutte contre ces
d’hébergement, sont les responsables des
activités illicites.
délits de presse.
Tout manquement à ces obligations est puni
d’une peine d’un an d’emprisonnement et 5. Les moyens de défense à une
de 75.000 euros d’amende. Les personnes action en diffamation ou injure
morales peuvent être déclarées pénalement
responsables de ces infractions, dans les En cas de poursuite du chef de diffamation
conditions prévues à l’article 121-2 du code ou d’injure, la personne mise en cause
pénal. dispose de plusieurs moyens de défense.
28 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
Elle peut, évidemment, contester le Le tribunal, chargé de statuer sur les
caractère diffamatoire ou injurieux des mérites de ces différents moyens de
propos. défense, devra les examiner séparément,
chacun d’eux étant soumis à des exigences
Ainsi, selon une jurisprudence ancienne, ne de forme et de fond distinctes.
commet aucune diffamation l’auteur des
propos en cause qui n’a fait que se
soumettre à une obligation légale ou 5.1. Les immunités
échanger des appréciations confidentielles,
sous l’empire d’une préoccupation légitime L’article 41 de la loi du 29 juillet 1881 prévoit
et de bonne foi117 118. deux causes d’immunité : l’immunité
parlementaire et l’immunité judiciaire119.
Elle peut aussi exciper d’une des
immunités, prévues à l’article 41 de la loi
du 29 juillet 1881. 5.1.1. L’immunité parlementaire
Elle peut encore apporter la preuve de sa Cette immunité couvre « les discours tenus
bonne foi et renverser la présomption dans le sein de l’Assemblée Nationale ou
d’intention de nuire, que la jurisprudence du Sénat ainsi que les rapports ou toute
fait peser sur elle. autre pièce imprimée par ordre de l’une de
ces deux assemblées ». Elle couvre aussi
Elle peut, enfin, apporter la preuve de la « le compte-rendu des séances publiques
vérité du contenu des propos ou écrits des assemblées fait de bonne foi dans les
litigieux. Toutefois, l’exception de vérité n’est journaux ».
pas prévue en matière d’injure.
L’immunité bénéficie aux parlementaires
Ces trois derniers moyens de défense des deux Assemblées et aux élus
(immunités, preuve de la bonne foi et européens. Elle s’étend aussi aux ministres
exception de vérité) sont propres à la prenant la parole au Parlement, ainsi qu’aux
législation sur la presse. témoins entendus par des commissions
d’enquête parlementaire.
Le prévenu a le choix entre ces moyens et
en cas d’échec de l’un de ceux-ci, la Toutefois, elle ne concerne que les rapports
jurisprudence admet qu’il puisse se fonder et le compte-rendu des séances publiques
sur un autre : ainsi, le prévenu qui invoque ainsi que les débats tenus dans l’enceinte,
le bénéfice d’une immunité ou qui entend même des Assemblées. La jurisprudence
prouver la vérité des imputations, n’est pas n’admet aucune extension à ce principe.
privé, en cas d’échec, du droit d’exciper de
sa bonne foi. 119
Article 41 : « Ne donneront ouverture à aucune
action les discours tenus dans le sein de
117 l’Assemblée nationale ou du Sénat ainsi que les
Cass. Crim., 7 février 1887 ; Cass., Crim.
rapports ou toute autre pièce imprimée par ordre
17 février 1981, Bull. crim. n° 63 ; Cass. Crim.,
de l’une de ces deux assemblées.
14 novembre 1989, Bull. crim. n° 418 ; Cass. Crim.,
Ne donnera lieu à aucune action le compte rendu
17 octobre 1995, Bull. crim. n° 311 ; Cass. Crim.,
des séances publiques des assemblées visées à
12 octobre 2004, JCP, éd. G., 2004, n° 3259 (tel
l’alinéa ci-dessus fait de bonne foi dans les
l’employeur qui a l’obligation d’indiquer les motifs du
journaux.
licenciement).
Ne donnera lieu à aucune action en diffamation,
118
Dans une affaire où un inspecteur du travail avait injure ou outrage, ni le compte-rendu fidèle fait de
été mis en cause du chef de diffamation en raison bonne foi des débats judiciaire, ni les discours
du contenu d’une annexe à un procès-verbal, la prononcés ou les écrits produits devant les
Cour de cassation a jugé que cette catégorie de tribunaux.
fonctionnaires tient des articles L. 611-1 et suivants Pourront néanmoins les juges, saisis de la cause
du code du travail, devenus L. 8112-1 et suivants et statuant sur le fond, prononcer la suppression
« le droit, sous le seul contrôle de l’autorité des discours injurieux, outrageants ou
hiérarchique, d’écrire tout ce que, selon leur diffamatoires et condamner qui il appartiendra à
conscience, ils estiment nécessaire à des dommages et intérêts.
l’accomplissement de leur mission ». Cet article Pourront toutefois les faits diffamatoires étrangers
définit en effet les missions des inspecteurs du à la cause donner ouverture, soit à l’action publique,
travail et précise notamment qu’ils constatent les soit à l’action civile des parties, lorsque ces
différentes infractions relevant de leurs actions leur auront été réservées par les tribunaux
compétences. et, dans tous les cas, à l’action civile des tiers. »
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 29
Ainsi, le bénéfice de l’immunité a été refusé 5.1.2.2. Les discours prononcés ou les
à un parlementaire, rapporteur d’une écrits produits devant les
commission d’enquête, pour des propos tribunaux
tenus à un journaliste qui ne constituaient
pas un compte-rendu fidèle du rapport de L’immunité s’étend à l’ensemble des
la commission d’enquête120. juridictions, d’instruction comme de
jugement, devant lesquelles s’exercent les
En application de l’article 41 alinéa 1er de droits de la défense : tribunaux civils,
la loi du 29 juillet 1881, l’immunité correctionnels, administratifs, cours
parlementaire est totale : elle interdit, en d’assises, conseils de prud’hommes,
effet, « toute action » et donc, toute tribunaux de commerce.
poursuite devant le juge pénal comme
devant le juge civil. En revanche, les discours ou écrits produits
devant des organismes qui n’ont pas la
nature de juridiction ne bénéficient pas de
5.1.2. L’immunité judiciaire l’immunité. Par exemple, l’immunité n’est
pas applicable en matière de poursuites
Elle couvre « le compte-rendu fidèle fait de disciplinaires poursuivis et instruits par un
bonne foi des débats judiciaires », ainsi que conseil de l’Ordre123.
« les discours prononcés ou les écrits
produits devant les tribunaux ».
* L’immunité judiciaire porte sur les délits
de diffamation, d’injure et d’outrage à
5.1.2.1. Le compte-rendu est la l’exclusion des autres délits de presse, tels
reproduction intégrale ou l’apologie des crimes et délits. La Cour de
partielle de ce qui s’est passé cassation admet aussi que l’immunité
au cours de l’audience puisse s’étendre aux outrages fondés sur
des textes du code pénal, à l’exclusion des
Selon la Cour de cassation, un tel compte- outrages à magistrat proférés à l’audience,
rendu consiste « à mettre en regard les délit prévu par l’article 434-24 alinéa 2 du
prétentions contraires des parties et à code pénal. En effet, les propos outrageants
permettre, par une narration générale ou adressés, pendant l’audience, aux
partielle, d’apprécier l’ensemble des débats magistrats de l’ordre judiciaire ou
judiciaires en s’abstenant de toute administratif ne sauraient entrer dans les
dénaturation des faits et de toute imputation limites reconnus aux droits de la défense124.
malveillante, spécialement à l’égard des Lorsqu’un outrage à magistrat, prévu par
membres de la juridiction121 ». l’article 434-24 du code pénal, a été commis
à l’audience d’une juridiction de l’ordre
Toutefois, l’article 38 de la loi de 1881 interdit judiciaire, le président d’audience en dresse
la publication des actes d’accusation et de procès-verbal qu’il transmet au procureur de
tous actes de procédure criminelle ou la République en application de l’article 677
correctionnelle avant qu’ils aient été lus à denier alinéa du code de procédure pénale.
l’audience.
Une reproduction tronquée des débats, * L’immunité couvre les discours et écrits
dénaturant les faits et dans laquelle l’auteur produits dans le prétoire. L’immunité couvre,
manque à son devoir d’objectivité, ne peut non seulement les actes de procédure mais
bénéficier de l’immunité122. plus généralement, tous les écrits soumis
à l’appréciation d’un juge125 ainsi que les
Le commentaire d’une décision de justice plaidoiries et les propos tenus entre
n’est pas assimilé à un compte-rendu et l’ouverture des débats et la fin du procès.
ne bénéficie donc pas de l’immunité.
120 123
Cass. Crim., 30 septembre 2003, Bull. crim. n° 173. Cass. Civ 1ère , 16 décembre 2003, Bull civ. I, n° 256.
121 124
Cass. Crim., 6 février 2007, Revue droit pénal Cass. Crim., 13 février 1975, Bull. crim. n° 54,
2007, comm. 67, obs. M. Véron. R.S.C. 1976, p. 101, note Vitu ; Cass. Crim.,
122
24 novembre 1998, Revue droit pénal 1999, comm.
Cass. Crim., 10 mai 1994, Bull. crim. n° 181 relatif
n° 65, M. Véron.
à un article dans lequel l’auteur accusait le président
125
d’une cour d’assises de se comporter en procureur. Cass. Crim., 1er décembre 1987, Bull. crim. n° 440.
30 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
L’immunité ne protège que les discours ou Les réquisitions des magistrats du parquet
écrits qui sont nécessaires à la recherche ne peuvent, ainsi, donner lieu à aucune
de la vérité et à la protection des droits de action en diffamation ou injure. Les actes
la défense à l’exclusion de ceux qui sont juridictionnels des magistrats du siège, qui
étrangers à la cause. Elle constitue une fin tiennent de la loi le pouvoir de relater et
de non-recevoir de la poursuite en d’apprécier, sans autre limitation que celle
diffamation. dictée par leur conscience, le comportement
des justiciables déférés devant eux, ne
La Cour de cassation donne une grande peuvent, non plus, donner lieu à aucune
portée à l’immunité, quand elle concerne action en diffamation ou injure130.
les discours ou écrits produits devant les
tribunaux. Ainsi, elle en a accordé le
bénéfice à un avocat qui avait mis en cause, 5.1.2.3. L’immunité judiciaire a des
dans ses conclusions, le magistrat qui avait effets plus limités que ceux
radié du rôle l’affaire de sa cliente, aux motifs attachés à l’immunité parle-
que « les propos incriminés qui figuraient mentaire
dans les conclusions écrites soumises à
la juridiction, n’étaient pas étrangers à la L’immunité judiciaire se limite à la
cause126 ». Comme le souligne un auteur127, responsabilité pénale naissant de certaines
la Haute juridiction justifie sa décision par infractions énumérées à l’article 41 et ne
une simple référence au « contenant », des s’étend pas à la réparation du dommage
propos outrageants. qui a pu en résulter131.
L’immunité ne protège pas les écrits, faisant En effet, malgré l’immunité et par
l’objet, en dehors des juridictions, d’une application de l’article 41 alinéa 4, les juges
publicité étrangère aux débats. Il en est saisis de la cause pourront prononcer la
ainsi de la reproduction d’une plainte avec suppression des propos injurieux,
constitution de partie civile sur internet : si outrageants ou diffamatoires et condamner
cet acte entre bien, par sa nature dans le leurs auteurs à des dommages-intérêts, à
champ d’application du texte puisqu’il s’agit la demande du ministère public, par voie
d’un écrit produit devant les tribunaux, sa de réquisition, ou des parties, par voie de
reproduction sur un site internet ne conclusions incidentes ou d’un tiers, par
constitue pas la production devant une voie d’intervention132. Ces demandes doivent
juridiction, requise par le texte128. être formulées avant le jugement au fond.
La possibilité d’une condamnation à des
dommages-intérêts est indépendante de la
* L’immunité bénéficie aux plaideurs, à suppression mais peut se cumuler
leurs défenseurs, aux témoins et aux avec elle.
experts qui déposent devant les juridictions
mais aussi à tous ceux qui participent à la Lorsque les propos ont un caractère
procédure tels des témoins entendus par étranger à la cause et que la personne qui
un officier de police judiciaire agissant sur en est victime est partie au procès,
commission rogatoire129. (personnes poursuivies, partie civiles,
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 31
conseils) les poursuites en diffamation ne La jurisprudence examine la bonne foi au
seront possibles que si la juridiction, devant regard des quatre conditions suivantes :
laquelle la diffamation a été commise, a
réservé la possibilité d’exercer une telle • la poursuite d’un but légitime,
action, conformément à l’article 41 alinéa 5.
• la prudence ou la mesure dans
Pour obtenir cette réserve, les parties l’expression,
diffamées devront présenter des conclusions
incidentes. La juridiction devra alors • l’absence d’animosité personnelle,
expressément constater que les propos sont
étrangers à la cause. C’est à cette condition • le respect du devoir d’enquête
que l’action en diffamation pourra être préalable133.
engagée. En effet, faute de cette appréciation
par la juridiction, une fin de non recevoir sera Il appartient au prévenu de faire la preuve
opposée à l’action en diffamation. de sa bonne foi. L’absence de sérieux et le
défaut de prudence dans l’expression sont
Si la réserve a été demandée par le Parquet, exclusifs de la bonne foi134.
la victime pourra se constituer partie civile
en cas de poursuites ultérieures même si La bonne foi a ainsi été relevée dans la lettre
elle avait omis de réserver personnellement adressée par un policier au président d’un
son action. La décision accordant la réserve tribunal, dans l’exercice de ses fonctions,
a autorité de chose jugée, quant à afin de renseigner la juridiction sur la
l’appréciation du caractère étranger des moralité d’une prévenue135 ou les documents
propos ou écrits à la cause, mais n’a pas nombreux fournis par un journaliste
d’autorité sur le caractère diffamatoire ou établissant que l’enquête a été sérieuse,
injurieux des faits. minutieuse et objective et qu’il a agi dans
l’intention légitime d’informer ses lecteurs136.
L’exigence de la réserve de l’action civile
est écartée, lorsque la victime des écrits
Cependant, la Cour de cassation admet que
ou propos litigieux est un tiers au procès,
le fait justificatif de la bonne foi n’est pas
terme qui recouvre toutes les autres
nécessairement subordonné à la prudence
personnes que les parties et leurs conseils,
dans l’expression de la pensée, dans le
même si elles ont été présentes aux
domaine de la polémique politique, portant
débats, tels les experts et les témoins.
sur « les opinions et doctrines relatives au
rôle et au fonctionnement des institutions
5.2. La démonstration de la fondamentales de l’État137 ».
bonne foi
Les juges du fond ont, aussi, délaissé la
5.2.1. Ce mécanisme est d’origine condition de prudence, lorsque les
jurisprudentielle. La bonne foi peut être allégations reposaient sur une enquête
invoquée devant le juge d’instruction par sérieuse et avaient pour objet une question
l’auteur d’une diffamation, comme par celui d’intérêt général138.
d’une injure.
32 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
La Cour de cassation a jugé que les juges sciemment en place un montage financier
ne peuvent déduire la bonne foi des seules contraire à la loi américaine. Les propos
qualités ou activités professionnelles d’une étaient diffamatoires et la cour d’appel avait
personne139. écarté l’excuse de bonne foi. La Haute
juridiction a cassé l’arrêt, en retenant « qu’en
L’intention d’éclairer les électeurs sur le se déterminant ainsi, alors que l’article
comportement d’un candidat est, dans le incriminé, traitant d’un sujet d’intérêt général
contexte d’un débat politique, un fait relatif au rachat frauduleux par un
justificatif de bonne foi, si les imputations organisme bancaire d’une compagnie
concernent son activité publique et si d’assurance de droit étranger qui avait
l’information n’a pas été dénaturée140. entraîné la mise à la charge de l’État
français, et donc du contribuable, des
Si la bonne foi est admise, l’infraction de sommes considérables, ne dépassait pas
diffamation, qu’il s’agisse du délit ou de la les limites de la liberté d’expression au sens
contravention, n’est pas constituée. La Cour de l’article 10 de la convention européenne
de cassation a jugé que les juges du fond des droits de l’homme, la cour d’appel a
ne pouvaient subordonner le sérieux de méconnu les textes et principes susvisés ».
l’enquête – qui établit la bonne foi de
l’intéressé – à la preuve de la vérité des
imputations diffamatoires141. 5.3. L’exception de vérité
Les arguments relatifs à la bonne foi doivent Seule la juridiction de jugement est
être développés dans les conclusions qui compétente pour connaître de cette
seront déposées par l’avocat des agents exception, et non la juridiction d’instruction.
mis en cause, les juges ne pouvant se Cependant, la juridiction de jugement ne
prononcer d’office sur celle-ci pour relaxer peut, d’office, rechercher cette preuve.
les prévenus142.
En matière de diffamation, la personne peut
Pour établir sa bonne foi, la personne apporter la preuve de la véracité des propos
poursuivie en diffamation ou injure peut incriminés, afin de se soustraire à toute
produire des pièces couvertes par le secret condamnation (article 35 de la loi du
de l’instruction143. 29 juillet 1881). Dès lors, dans le cadre
d’une procédure en diffamation, un débat
contradictoire a lieu sur l’exactitude des
5.2.2. La Cour de cassation s’affranchit écrits en question.
parfois de l’application des critères de la
bonne foi en présence d’un article « d’intérêt Cette procédure s’applique même en cas
général ». Dans ces hypothèses, elle fait de diffamation non publique145, mais n’est
prévaloir la liberté d’expression consacrée pas prévue en matière d’injure.
par l’article 10 de la Convention européenne
des droits de l’homme, qui regroupe la liberté Le sommaire d’un arrêt du 27 juin 1967146
d’opinion et la liberté d’information, sur la distingue le domaine de l’exception de vérité
protection de la réputation d’autrui. Elle a de celui de la bonne foi, en ces termes :
fait application de ce principe dans un arrêt « La preuve de la vérité du fait diffamatoire
du 11 mars 2008144, relatif à un article de et la bonne foi constituent deux questions
presse, imputant au directeur d’une filiale distinctes. En ce qui concerne la vérité de
d’un organisme bancaire d’avoir mis l’imputation diffamatoire, cette vérité n’est
un fait justificatif que lorsque la preuve en
est légalement rapportée devant le tribunal
139
Cass. Crim., 29 novembre 1994, Bull. crim. n° 382. par le prévenu lui-même lorsque celui-ci a
140
Cass. Ch. Mixte, 24 novembre 2000, JCP, éd. G., été admis à faire cette preuve, selon la
p. 2324.
141
Cass. Crim., 17 juin 2008, pourvoi n° 07-80767,
Revue droit pénal comm. 124, M. Véron. 145
Cass. Civ. 2ème, 13 décembre 2001, PA 2002, n° 32,
142 p. 15.
Cass. Crim., 27 mai 1999, Jurisdata n° 003274.
146
143 Cass. Crim., 27 juin 1967, Bull. crim. n° 193 cité
Cass. Crim., 11 février 2003, D. 2003, IR, p. 808.
dans la fiche « Droit de la presse, diffamation et
144
Cass. Crim., 11 mars 2008, pourvoi n° 06-84- injure » figurant dans le bulletin d’information de la
712, D. 2008, p. 2256, note J. Lapousterle. Cour de cassation n° 649 du 1er novembre 2006.
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 33
procédure prévue par l’article 55 de la loi modalités de l’exception de vérité qui peut
sur la presse. En ce qui concerne la bonne permettre la relaxe du prévenu.
foi, c’est encore au prévenu qu’il appartient
de détruire, mais cette fois, selon les
modes de preuve du droit commun, la 5.3.1. L’article 35 exclut l’exception de
présomption légale de mauvaise foi qui pèse vérité dans trois hypothèses :
sur lui ».
• les faits concernent la vie privée,
Pour être admise, la preuve de la vérité, doit
être parfaite, complète et corrélative aux • les faits remontent à plus de dix ans,
imputations diffamatoires dans toute leur
portée147. • les faits sont prescrits, amnistiés,
148 149
Les articles 35 et 55 de la loi du 29 juillet réhabilités ou révisés.
1881 prévoient les domaines et les
Les deux premières restrictions ne
147
s’appliquent pas lorsque les faits en cause
Cass. Crim., 14 juin 2000, D. 2000, IR, p. 251.
correspondent aux infractions prévues par
148
Article 35 : « La vérité du fait diffamatoire, mais les articles 222-23 à 222-32 (viol et
seulement quand il est relatif aux fonctions, pourra
être établie par les voies ordinaires, dans les cas
agression sexuelle) et 227-22 à 227-27 du
d’imputations contre les corps constitués, les code pénal (corruption de mineurs,
armées de terre, de mer ou de l’air, les propositions sexuelles faites à un mineur
administrations publiques et contre toutes les par voie de communication électronique,
personnes énumérées dans l’article 31. La vérité fabrication et transport de message à
des imputations diffamatoires et injurieuses pourra
être également établie contre les directeurs ou
caractère violent ou pornographique,
administrateurs de toute entreprise industrielle, atteinte sexuelle sur un mineur).
commerciale ou financière, faisant publiquement
appel à l’épargne ou au crédit. La vérité des faits L’article 35 dernier alinéa prévoit que
diffamatoires peut toujours être prouvée sauf : lorsque le fait imputé n’est pas relatif aux
lorsque l’imputation concerne la vie privée de la
fonctions ou ne concerne pas les personnes
personne ; lorsque l’imputation se réfère à des
faits qui remontent à plus de dix années ; lorsque qualifiées, énumérées à l’article 31 de la loi
l’imputation se réfère à un fait constituant une de 1881, et qu’il fait l’objet de poursuites
infraction amnistiée ou prescrite, ou qui a donné engagées à la requête du ministère public
lieu à une condamnation effacée par la ou d’une plainte du prévenu, le juge de la
réhabilitation ou la révision. Les deux alinéas a et
diffamation doit surseoir à statuer jusqu’au
b qui précèdent ne s’appliquent pas lorsque les
faits sont prévus et réprimés par les articles 222- terme de l’instruction.
23 à 222-32 et 227-22 à 227-27 du code pénal et
ont été commis contre un mineur. Dans les cas En dehors de ces cas, la juridiction de
prévus aux deux paragraphes précédents jugement apprécie librement s’il y a lieu,
(paragraphes 1 et 2) la preuve contraire est
ou non, de surseoir à statuer.
réservée. Si la preuve du fait diffamatoire est
rapportée, le prévenu est renvoyé des fins de la
plainte. Dans toute autre circonstance et envers
toute autre personne non qualifiée, lorsque le fait 5.3.2. La preuve de la vérité peut être
imputé est l’objet de poursuites commencées à la rapportée par tout moyen (écrits,
requête du ministère public, ou d’une plainte de la témoignages, etc.) suivant les strictes
part du prévenu, il sera, durant l’instruction qui
conditions de procédure de l’article 55 de
devra avoir lieu, sursis à la poursuite et au jugement
du délit de diffamation. » la loi du 29 juillet 1881.
149
Article 55 : « Quand le prévenu voudra être admis
à prouver la vérité des faits diffamatoires, Cet article dispose ainsi que le prévenu qui
conformément aux dispositions de l’article 35 de veut prouver la vérité des imputations qu’il
la présente loi, il devra, dans le délai de dix jours a avancées doit, dans le délai de dix jours
après la signification de la citation, faire signifier après la signification de la citation, faire
au ministère public ou au plaignant au domicile
par lui élu, suivant qu’il est assigné à la requête
signifier au ministère public ou au plaignant,
de l’un ou de l’autre : 1° Les faits articulés et au domicile par lui élu :
qualifiées dans la citation, desquels il entend
prouver la vérité ; 2° La copie des pièces ; 3° Les • les faits articulés et qualifiés dans la
noms, professions et demeures des témoins par citation desquels il entend prouver la
lesquels il entend faire la preuve. Cette signification
vérité,
contiendra élection de domicile près le tribunal
correctionnel, le tout à peine d’être déchu du droit
de faire la preuve. » • la copie des pièces,
34 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
• les noms, professions et demeures des Ce délai est porté à un an dans les cas
témoins par lesquels il entend faire la spécifiés à l’article 65-3 de la loi susvisée
preuve. (provocation à la discrimination, à la haine
ou à la violence à l’égard d’une personne
Ainsi, pour produire l’effet absolutoire, la ou d’un groupe de personnes à raison de
preuve doit être parfaite, complète et leur origine ou de leur appartenance ou de
répondre de façon circonstanciée au leur non appartenance à une ethnie, une
caractère diffamatoire des imputations nation, une race ou une religion
relevées. déterminée ; discrimination en raison de
l’orientation sexuelle, du sexe ou d’un
Dans les cinq jours suivants, et au moins handicap ; révisionnisme). Ce délai d’un an
trois jours francs avant l’audience, le ne concerne que les infractions
plaignant ou le ministère public, suivant le limitativement énumérées par l’article 65-3
cas, signifie au prévenu les copies des parmi lesquelles ne figurent pas les
pièces et les noms, professions et contraventions de diffamation et d’injures
demeures des témoins par lesquels il raciales ou discriminatoires non publiques.
entend faire la preuve du contraire (article 56 En conséquence, l’article 65-3 est sans
de la loi de 1881). incidence sur le délai de prescription de trois
mois de ces contraventions152.
Le tribunal régulièrement saisi doit alors
statuer au fond dans le délai d’un mois à Ce délai trimestriel se calcule de date à
compter de la date de la première audience date, peu important le nombre de jours que
(article 57 de la loi de 1881). Les juges comportent les mois. Le jour de commission
apprécieront souverainement la sincérité et du délit, fixé par le jour du premier acte de
la valeur des documents qui leur sont publication, ne compte pas pour la
soumis. computation du délai de prescription : ce
délai part donc du lendemain de la
publication et s’achève le dernier jour à
6. La prescription de l’action minuit153. Le délai peut expirer même un jour
non ouvrable sans possibilité de reporter au
6.1. La durée du délai de prescription premier jour ouvrable154.
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 35
L’article 65 de la loi du 29 juillet 1881 prévoit • Dans le cas d’hebdomadaire où il est
que le délai initial de prescription d’une mentionné, non pas une période mais
infraction de presse peut être interrompu par une date, c’est cette dernière qui permet
la réalisation d’un acte d’instruction et de le calcul du délai de prescription, même
poursuite mais aussi, avant l’engagement si elle est fictive, sauf erreur matérielle
des poursuites, par les réquisitions et « soit ou fraude160.
transmis » aux fins d’enquête adressées aux
officiers de police judiciaire, à la condition • Dans le cas d’une diffusion d’un
qu’elles articulent et qualifient les infractions message sur un site du réseau internet,
au droit de la presse en cause. En revanche, le point de départ du délai de prescription
contrairement à l’article 53 de la loi sur la de l’action est calculé à compter de la
presse, l’article 65 n’exige pas, pour qu’une date du premier acte de publication,
telle vertu interruptive soit accordée à ces laquelle s’entend de la date à laquelle le
réquisitions aux fins d’enquête, que soit message a été mis, pour la première fois,
indiqué le texte de loi applicable à la à la disposition des utilisateurs du
poursuite156. réseau161.
36 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
Seconde sous-partie : L’outrage prévu
par l’article 433-5 du code pénal
L’outrage est régi par les dispositions de 1.1. Les moyens par lesquels s’exprime
l’article 433-5 du code pénal et ne relève l’outrage sont multiples
pas des dispositions de la loi du 29 juillet
1881. Il peut s’agir de paroles, gestes ou
menaces, écrits ou images de toute nature
non rendus publics, ou envoi d’objets
1. Les éléments constitutifs de quelconques adressés à une personne
l’infraction chargée d’une mission de service public ou
dépositaire de l’autorité publique.
Le délit d’outrage à personne chargée d’une
mission de service public ou dépositaire de Parmi ceux-ci, seuls les écrits ou images
l’autorité publique est prévu et réprimé par de toute nature doivent être non publics165.
l’article 433-5 du code pénal qui dispose : Si l’outrage par écrit ou image, est rendu
« Constituent un outrage puni de public, notamment par diffusion hors d’un
7.500 euros d’amende, les paroles, gestes groupe lié par une communauté d’intérêts,
ou menaces, les écrits ou images de toute il faut alors poursuivre pour diffamation ou
nature non rendus publics ou l’envoi injure publiques sur le fondement de la loi
d’objets quelconques adressés à une du 29 juillet 1881.
personne chargée d’une mission de service
public, dans l’exercice ou à l’occasion de En revanche, les outrages se manifestant
l’exercice de ses fonctions, et de nature à autrement que par l’écrit ou l’image peuvent,
porter atteinte à sa dignité ou au respect indifféremment, être publics ou non publics.
dû à la fonction dont elle est investie.
Cette distinction n’est pas reprise par
Lorsqu’il est adressé à une personne l’ensemble de la doctrine. En effet, certains
dépositaire de l’autorité publique, l’outrage auteurs166 considèrent que le moyen utilisé
est puni de six mois d’emprisonnement et doit être, obligatoirement, non public pour
de 7.500 euros d’amende. entrer dans le champ d’application de
l’article 433-5.
Lorsqu’il est adressé à une personne
chargée d’une mission de service public et D’autres167 estiment, au contraire, que la
que les faits ont été commis à l’intérieur condition d’absence de publicité ne vaut que
d’un établissement scolaire ou éducatif, ou pour les outrages commis par écrit ou
à l’occasion des entrées et des sorties des image. Ils s’appuient sur la construction de
élèves, aux abords d’un tel établissement, la phrase définissant l’incrimination qui crée
l’outrage est puni de six mois d’empri- une césure entre deux groupes de mots :
sonnement et de 7.500 euros d’amende. d’une part « les paroles, gestes ou
menaces » et, d’autre part, « les écrits ou
Lorsqu’il est commis en réunion, l’outrage images de toute nature non rendus
prévu au premier alinéa est puni de six mois publics ».
d’emprisonnement et de 7.500 euros
d’amende, et l’outrage prévu au deuxième Cette différence trouve son explication dans
alinéa est puni d’un an d’emprisonnement la construction historique du texte
et de 15.000 euros d’amende. » d’incrimination de l’outrage. La formule
« écrits ou images de toute nature non
L’outrage peut être défini comme toute
expression offensante, injurieuse ou 165
Cass. Crim., 7 décembre 2004, pourvoi n° 04-
diffamatoire, adressée à un représentant de 81162.
l’autorité publique, dans l’exercice ou à 166
Voir par exemple Y. Mayaut, RSC, avril-juin 2005,
l’occasion de l’exercice de ses fonctions, p. 302, ou M. Véron, Droit pénal, avril 2005, p. 15.
de nature à diminuer la considération dont 167
Voir par exemple A. Lepage, Communication
il jouit, et à travers lui, à porter atteinte à la électronique n° 6, juin 2005, comm. 105, A. Vitu,
fonction dont il est investi. Jurisclasseur Pénal Code, article 433-5, fasc. 10,
2004 n° 52 et J. Larguier, A.M. Larguier, Droit Pénal
Spécial, Dalloz 7ème éd., p. 193.
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 37
rendus publics » figurait déjà, de façon fonctions. Il importe peu que l’acte de la
isolée, aux articles 222 et 224 de l’ancien fonction accompli par la victime outragée
code pénal. Elle a été reprise dans un article soit illégal.
unique du nouveau code pénal. Les autres
moyens de l’outrage ont été ajoutés à cette • Est dans l’exercice de ses fonctions, la
occasion. Il ne fait, ainsi, pas de doute que personne qui, au moment de l’infraction,
le caractère non public ne s’attache qu’aux est en service ou exécute sa mission,
écrits et images. peu importe que ces fonctions soient
exercées de façon permanente ou
intermittente.
1.2. L’outrage doit atteindre une
personne chargée d’une mission • Est outragée, à l’occasion de l’exercice
de service public ou dépositaire de de ses fonctions, la personne qui ne se
l’autorité publique trouvait pas ou plus en service, si le
coupable a agi en raison des actes
1.2.1. La doctrine s’accorde à considérer professionnels que la victime a
comme dépositaire de l’autorité publique, accomplis ou, plus largement, à cause
la personne qui est investie, par délégation de sa qualité de représentant de la
de la puissance publique, d’un pouvoir de puissance publique.
décision et de contrainte sur les individus
et sur les choses, pouvoir qu’elle exerce La jurisprudence admet également qu’il y a
de façon permanente ou à titre temporaire. outrage, lorsqu’un ancien fonctionnaire est
visé en raison des fonctions qu’il a remplies
Cette définition englobe les représentants précédemment168.
de l’État et des collectivités territoriales, les
fonctionnaires, les représentants de la force
publique, les officiers ministériels, les 1.4. L’outrage doit être de nature à
militaires et les personnes qui, bien que porter atteinte à la dignité et au
n’étant pas fonctionnaires, sont titulaires de respect dû à la fonction dont la
fonctions d’autorité et les personnes personne outragée est investie
investies d’un mandat électif (voir :
ANNEXE 1). Lorsque l’outrage vise directement les
fonctions exercées, la personne se trouve
indirectement atteinte. En outrageant les
1.2.2. Est chargée d’une mission de service fonctions, le coupable s’attaque à la
public, la personne qui, sans avoir reçu un personne qui les incarne. Si, pour critiquer
pouvoir de décision ou de commandement l’acte d’une fonction, le prévenu emploie des
conféré par la puissance publique, exerce termes injurieux, diffamatoires ou blessants
cependant une fonction ou accomplit des à l’égard de l’auteur de cet acte, l’outrage
actes qui ont pour but de satisfaire à un est constitué.
intérêt général.
Toutefois, toute critique de la fonction ne
Dans le cadre de son contrôle sur la notion constitue pas un outrage. Si ces critiques
de personne « chargée d’une mission de ne contiennent ni mépris, ni injure à l’égard
service public », la Haute juridiction exige des fonctions ou de l’administration mis en
que soient caractérisés les actes accomplis cause, la Cour de cassation estime que
par la personne « se rattachant directement l’infraction n’est pas constituée.
à l’une des missions de service public
spécifiquement impartie » à la structure
dont elle fait partie (voir : ANNEXE 2). 1.5. L’élément intentionnel du délit
38 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
Il implique également la conscience, chez • cette qualification doit être également
l’auteur du message, de porter atteinte à la privilégiée, quand l’outrage envers une
dignité ou au respect dû à la fonction. En personne chargée d’une mission de
cas d’outrage indirect, il faut établir que le service public ou dépositaire de l’autorité
prévenu savait que ses propos seraient publique, se manifeste sous forme de
rapportés à la personne visée. gestes ou d’envoi d’objets quelconques,
qui sont des modes d’expression non
Cette preuve est facilitée, lorsque les mentionnés à l’article 23 de la loi du
paroles employées sont ordurières ou d’une 29 juillet 1881 ;
particulière violence ou encore volontai-
rement blessantes. • en revanche, quand l’outrage s’est
manifesté sous forme d’écrits ou
Pour apprécier cette atteinte, le juge prend d’images exposés au regard du public,
en compte le niveau intellectuel, l’éducation ce sont les dispositions de la loi sur la
ou la situation sociale du prévenu. presse qui doivent s’appliquer, puisque
l’article 433-5 a expressément écarté ce
Enfin, la provocation, qui peut être mode de perpétration de son champ
reprochée à la personne outragée, n’excuse d’application (voir infra : chapitre 1.1.).
pas l’outrage169.
En conclusion, le cas de conflit entre les
dispositions de la loi sur la presse et
1.6. Le délit prévu à l’article 433-5 du code l’article 433-5 du code pénal, se résume à
pénal est soumis à la prescription de droit la situation suivante : celle d’un outrage
commun de trois ans170 qui court à compter commis par paroles proférées en public,
de l’acte caractérisant l’outrage. envers une personne chargée d’une mission
de service public ou dépositaire de l’autorité
publique, à l’occasion de ses fonctions.
2. Les éléments de distinction
entre le délit d’outrage et les Il existe peu de jurisprudence mais la Cour
délits de presse de cassation tend, dans ce cas, à privilégier
les dispositions de droit commun de
Cette distinction est très importante au l’article 433-5 plutôt que celle de la loi
regard des règles procédurales qui de 1881. Elle a ainsi retenu le délit d’outrage,
s’appliquent (prescription de l’action, lorsque l’expression outrageante,
exigence ou non d’une plainte préalable, prononcée publiquement à l’occasion de
règles spécifiques de mise en mouvement l’exercice des fonctions, n’impliquait pas la
de l’action publique…). En effet, le délit critique d’un acte de la fonction171.
d’outrage obéit aux règles de droit commun,
contrairement aux infractions de presse qui
suivent un régime dérogatoire. 3. Les conditions de mise en
œuvre des poursuites par la
Certains cas ne posent pas de difficultés, victime
certaines qualifications étant exclusives
l’une de l’autre. 3.1. La plainte simple peut être faite contre
une personne dont l’identité n’est pas
Ces différences tiennent aux modes connue et n’exige pas de son auteur qu’il
d’expression de l’outrage : qualifie pénalement les faits qui en sont
l’objet.
• la qualification d’outrage prévue à
l’article 433-5 du code pénal doit être Elle doit émaner de la personne, victime
retenue quand l’acte offensant n’est pas des faits.
public ;
171
Cass. Crim., 18 janvier 1956, Bull. crim. n° 73,
pour une expression outrageante adressée
169 publiquement à un adjoint au maire à l’issue d’une
Cass. Crim., 14 décembre 1962, Bull. crim. n° 373.
séance du conseil municipal mais se rapportant à
170
Cass. Crim., 5 septembre 2006, pourvoi n° 06-80117. des faits sans rapport avec son mandat électif.
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 39
Elle peut être envoyée, par courrier, au
procureur de la République près le tribunal
de grande instance dans le ressort duquel
les faits ont été commis (lieu de la diffusion
du message).
40 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
ANNEXE 1
Détermination des personnes dépositaires de l’autorité publique
172
Cass. Crim., 24 février 1893, Bull. crim. n° 49.
173
Cass. Crim., 3 novembre 1933 : Bull. crim. n° 200 ; Cass. Crim., 16 janvier 2002, n° 01-81054.
174
Cass. Crim., 29 septembre 1999, Bull. crim. n° 202 ; Cass. Crim., 5 février 2002, pourvoi n° 00-88297 ;
Cass. Crim., 14 janvier 2003, pourvoi n° 02-84574.
175
Cass. Crim., 19 mai 1999, Bull. crim. n° 100 ; Cass. Crim., 15 novembre 2000, pourvoi n° 00-80178.
176
Cass. Crim., 8 mars 1966, Bull. crim. n° 83 : cet arrêt précise que le président d’une Chambre des métiers
est « agent d’une administration placée sous le contrôle de la puissance publique ».
177
Cass. Crim., 5 novembre 1998, Bull. Crim. n° 289.
178
Cass. Crim., 22 février 1855, Bull. crim. n° 54 et Cass. Crim., 31 janvier 1902, Bull crim. n° 43 ; Cass.
Crim., 3 septembre 2003, pourvoi n° 02-86564.
179
Cass. Crim., 2 juillet 1958, Bull. crim n° 521.
180
Cass. Crim., 23 février 1981, Jurisdata n° 001154.
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 41
• les sapeurs-pompiers quand ils sont requis pour un service d’ordre ou pour fournir une
escorte181,
• les gardes champêtres agissant dans leurs fonctions de police judiciaire182,
• les gardes-chasse nationaux dépendant de l’Office National de la Chasse qui assurent
la recherche et la constatation des infractions à la police de la chasse,
• les ingénieurs du Génie rural et des Eaux et Forêts et les techniciens et agents
assermentés de l’Office National des Forêts qui disposent de prérogatives leur
permettant, sous l’autorité des magistrats de l’ordre judiciaire ou administratif, de
constater les infractions portant atteinte aux propriétés forestières et rurales (article 22
du code de procédure pénale) mais aussi d’exercer le droit de suite, arrêter et conduire
devant un OPJ les individus pris en flagrant délit et requérir la force publique (articles 23,
24 et 25 du code de procédure pénale),
• les trésoriers-payeurs généraux, receveurs des finances, inspecteurs et contrôleurs
des contributions directes183,
• les agents des contributions indirectes184,
• les préposés des douanes185,
• les percepteurs et receveurs municipaux186,
• les receveurs des domaines et conservateurs des hypothèques,
• les surveillants de l’administration pénitentiaire187,
• les secrétaires de mairie188 (quand ils reçoivent des fonds destinés à payer les droits
fiscaux dus pour l’adjudication des biens communaux, ils sont alors assimilés à des
percepteurs) sinon ils ne sont pas dépositaires de l’autorité publique189,
• le directeur de l’architecture d’une commune190,
• les géomètres du cadastre, salariés sur les deniers publics, nommés et révocables
par l’autorité publique191,
• les officiers ministériels192,
• les huissiers qui agissent en exécution d’une décision de justice193 ou à la requête des
particuliers194,
181
Cass. Crim., 3 décembre 1942, Bull. crim. n° 120.
182
Cass. Crim., 15 mars 1883, S. 1883, 1, p. 425.
183
Cass. Crim., 29 janvier 1957, Bull. Crim. n° 98.
184
Cass. Crim., 12 avril 1923, Bull. Crim. n° 149.
185
Cass. Crim., 21 avril 1821, Bull. crim. n° 65 ; Cass. Crim., 7 mars 1984, Bull. crim. n° 96.
186
Cass. Crim., 23 mars 1827, Bull. crim. n° 23.
187
Cass. Crim., 26 juin 1852, Bull. Crim. n° 210.
188
Cass. Crim., 28 mai 1842, Bull. crim. n° 13.
189
CA Nancy, 21 mars 1890, DP 1892, 2, p. 207.
190
Cass. Crim., 12 juin 2003, n° 02-81122.
191
Cass. Crim., 6 juin 1846.
192
Ils ont reçu du législateur un monopole pour accomplir, comme intermédiaires ou mandataires, des actes
officiels dans l’intérêt des particuliers et ont reçu le droit de transmettre leur charge à des successeurs
qu’ils présentent à l’agrément du Gouvernement. Bien que nommément visés au titre des personnes
dépositaires de l’autorité publique par le rapport présenté au nom de la Commission des lois sur le Livre IV
du code pénal par monsieur le sénateur Masson (JO Sénat, troisième session extraordinaire 1991-1992,
rapport n° 274), ils ne sont considérés comme tels que lorsqu’ils exercent les fonctions dont le
Gouvernement les a investis ; en dehors de ce cadre, ils ne sont plus que de simples particuliers.
193
Cass. Crim., 9 janvier 1958, Bull. crim. n° 46.
194
Cass. Crim., 21 mai 1997, Bull. crim. n° 1.
42 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
• les greffiers, titulaires de charge des tribunaux de commerce,
• les avoués près les cours d’appel195 (sauf quand ils agissent en qualité de simples
mandataires : ainsi quand ils représentent un créancier dans un ordre amiable),
• les avocats à la Cour de cassation et au Conseil d’État,
• les commissaires-priseurs, les agents de change et les courtiers maritimes,
• le président d’une chambre régionale des notaires196,
• les fonctionnaires des PTT197, de l’administration de l’équipement, des Ponts et
Chaussées, du ministère du travail, de l’agriculture, de l’Office national du tourisme,
• les fonctionnaires et agents des préfectures, sous-préfectures et mairies : secrétaire
général de mairie198, chef de bureau de mairie199, employés de bureau200, agent
contractuel d’une collectivité territoriale201,
• les fonctionnaires de l’Éducation nationale202 (recteurs, présidents d’université) doyens,
inspecteurs d’académie (la question se pose pour les professeurs qui pourraient plutôt
être regardés comme chargés d’une mission de service public),
• les agents assermentés de la SNCF habilités à relever les infractions à la police des
chemins de fer et les agents assermentés de la RATP,
• les présidents et assesseurs des bureaux de vote,
• les directeurs et employés d’hôpitaux départementaux203.
195
Cass. Crim., 15 décembre 1959, Bull. crim. n° 551.
196
Cass. Crim., 21 septembre 2005, pourvoi n° 04-85.056.
197
Cass. Crim., 28 janvier 1909, Bull. crim. n° 55. Mais voir : CA Paris, 25 juin 2002, Jurisdata n° 2002-190031,
qui qualifie de personnes chargées d’une mission de service public les préposés à la distribution du courrier.
198
Cass. Crim., 18 octobre 2000, pourvoi n° 99-88047.
199
Cass. Crim., 17 juillet 1828, Bull. crim. n° 209.
200
Cass. Crim., 30 septembre 1836, Bull. crim. n° 327. Voir sur ce sujet les exclusions de cette catégorie
indiquées dans le sujet outrage traité dans le Jurisclasseur.
201
Cass. Crim., 24 octobre 2001, pourvoi n° 00-88165. Cet arrêt précise que l’agent est également dépositaire
de l’autorité publique.
202
Cass. Crim., 18 avril 2000, Bull. crim. n° 152.
203
Cass. Crim., 6 février 1968, Bull. crim. n° 37 ; Cass. Crim., 21 novembre 1977, Bull. crim. n° 356.
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 43
ANNEXE 2
Détermination des personnes chargées d’une mission de service
public
Ces élus ne peuvent être rangés parmi les dépositaires de l’autorité publique car ils ne
disposent pas de pouvoirs personnels de décision ou de contrainte sur les personnes ou
sur les choses mais ils remplissent des fonctions ou accomplissent des actes ayant
pour finalité de satisfaire à des intérêts généraux :
• les députés et sénateurs204,
• les membres des conseils régionaux ou municipaux,
• les membres des assemblées régionales ou de district,
• les membres du Conseil économique et social.
204
Cass. Crim., 20 octobre 1820, Bull. crim. n° 138.
205
Cass. Crim., 15 octobre 1969, Bull. crim. n° 253.
206
Cass. Crim., 14 mars 2006, pourvoi n° 05-84.362, Revue droit pénal juillet-août 2006, p. 11.
207
Cass. Crim., 30 mai 2001, pourvoi n° 00-84102.
208
Cass. Crim., 11 mai 1876, Bull. crim. n° 117.
209
Cass. Crim., 30 juillet 1927, Bull. crim. n° 199, S. 1928, 1, p. 373 ; Cass. Crim., 5 février 2002, pourvoi
n° 00-88297. Un arrêt précise que le notaire et son clerc sont aussi dépositaires de l’autorité publique :
Cass. Crim., 9 juillet 2003, pourvoi n° 03-821-34.
210
Cass. Crim., 2 avril 1998, n° 97-83119, D. 1998, IR, p. 150 pour un inspecteur intervenant dans l’octroi de
travaux à des entreprises.
44 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
• l’architecte, investi d’une mission de maîtrise d’œuvre, intervenant pour le compte
d’une collectivité publique211,
• une personne privée chargée de la tutelle de majeurs212,
• le président et les membres d’un conseil d’administration d’un établissement public213,
• un ingénieur du CEA mis à disposition de l’ANVAR214,
• un journaliste pigiste à France 3215,
• le secrétaire général d’une chambre des métiers216,
• le président d’une chambre régionale des notaires217,
• le président d’un établissement public et les membres du conseil d’administration218,
• le président d’un conseil départemental de la Croix-Rouge219.
En revanche, l’administrateur judiciaire et le mandataire judiciaire ne disposent d’aucune
prérogative de puissance publique et ne sont pas chargés d’une mission de service public220.
211
Cass. Crim., 14 juin 2000, pourvoi n° 99-84054.
212
Cet arrêt ne mentionne pas expressément la qualité de « personne chargée d’une mission de service
public ».
213
Cass. Crim., 21 février 2001, pourvoi n° 00-81167 ; Cass. Crim., 21 novembre 2001, Bull. crim. n° 243 ;
Cass. Crim., 9 mars 2005, Lamy droit pénal des affaires 2005, n° 39.
214
Cass. Crim., 27 février 2002, pourvoi n° 01-86024.
215
Cass. Crim., 19 mars 2003, pourvoi n° 02-80374.
216
Cass. Crim., 10 septembre 2003, Lamy droit pénal des affaires, novembre 2003, n° 22, p. 10.
217
Cass. Crim., 21 septembre 2005, pourvoi n° 04-85.056.
218
Cass. Crim., 21 novembre 2001, Bull. crim. n° 243 ; Cass. Crim., 9 mars 2005, Lamy droit pénal des
affaires 2005, n° 39.
219
Cass. Crim., 3 avril 2007, pourvoi n° 06-83.801, AJ pénal 2007, p. 383.
220
Cass. Crim., 30 mai 2001, pourvoi n° 00-88057, et Cass. Ch. Mixte, 4 novembre 2002 (trois arrêts), Revue
droit pénal, février 2003, comm. n° 18 ; contra Cass Crim., 26 septembre 2001, pourvoi n° 01-84565.
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 45
INFRACTIONS ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS TEXTE RÉPRESSION PRESCRIPTION DE
DE RÉFÉRENCE L’ACTION PUBLIQUE
48 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
il s’agit ici d’éviter des discussions à insérer, l’adresse, les salutations, les
doctrinales à propos de diverses réquisitions d’usage et la signature. Le
controverses où la personnalité n’est pas calcul effectif du nombre de lignes entre
en cause, et d’éviter de transformer les l’article et la réplique, relève de
organes de presse en tribunes libres. « l’appréciation souveraine des juges du
fond231 ». À cet égard, il est recommandé
de « formater » la réponse dans des
1.1.2. L’exercice du droit de réponse est conditions comparables à la mise en
encadré par l’article 13 de la loi du 29 juillet cause.
1881, notamment pour ce qui concerne le
délai d’usage, les termes et la longueur de
la réponse. 1.1.6. Le directeur de publication est tenu
d’insérer, dans les trois jours de leur
Le droit de réponse est strictement réception, les réponses de toutes les
personnel. Seule la personne effectivement personnes nommées ou désignées sur le
nommée ou désignée par l’article peut service en ligne litigieux sous peine de
exercer le droit de réponse. La personne poursuites pour refus d’insertion (voir infra :
mise en cause peut être une personne chapitre 1.4.).
physique ou morale227.
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 49
à l’honneur ou à la réputation de la personne consommation, ne donnent pas lieu à
physique ou morale, diffusées dans le cadre l’application d’un droit de réponse.
d’une activité audiovisuelle, peuvent donner
lieu à l’exercice du droit de réponse.
1.2.3. La forme du message, diffusé dans
Sont bien sûr visées les diffamations et le cadre d’une activité audiovisuelle, importe
injures. Cependant, les imputations ne peu : message publicitaire, téléfilm et même
devant être que « susceptibles » d’attenter phonogrammes et vidéogrammes, peuvent
à l’honneur ou à la probité, la cause du droit entraîner l’exercice d’un droit de réponse.
de réponse ne doit pas être confondue avec
le délit de diffamation 232. Relève, par L’article 6 du décret du 6 avril 1987
exemple, de la notion, l’accusation d’avoir s’applique aux émissions reçues en France,
hébergé un terroriste. En revanche, un même si le siège social de l’entreprise
communiqué de la direction d’une entreprise fournissant le service, ou son émetteur, est
présentant une grève comme « suicidaire » situé à l’étranger.
ne permet pas l’usage du droit de réponse.
Peu importe, également, le caractère exact 1.2.4. Aux termes de l’article 2 de ce décret,
ou inexact de l’imputation, l’exception de la demande de réponse doit être adressée
vérité n’existe pas dans ce domaine. au directeur de la publication du service de
communication audiovisuelle.
1.2.2. La personne mise en cause peut être La requête du demandeur doit préciser :
une personne physique ou morale.
• les références de la diffusion du
Comme en matière de presse écrite, le droit message,
de réponse est strictement personnel.
Seule la personne qui est l’objet de la mise • les circonstances dans lesquelles il a
en cause peut exercer le droit de réponse. été mis à la disposition du public,
Il suffit que la personne puisse être • les passages contestés : une demande
reconnue aisément. Une identification de réponse, qui ne mentionnerait aucun
directe ou une dénomination précise ne sont passage contesté, ne répondrait pas aux
pas nécessaires. exigences de l’article 3 du décret du
6 avril 1987,
Le droit de réponse est ouvert à toute
personne physique mise en cause dans le • les imputations sur lesquelles il souhaite
cadre d’une activité privée ou publique. répondre,
Comme en matière de presse écrite, les Cette requête doit être signée et envoyée
insertions réalisées dans le cadre d’une par lettre recommandée avec demande
communication audiovisuelle pour une d’avis de réception.
publicité comparative, définie aux
articles L. 121-8 et L. 121-9 du code de la
1.2.5. Le délai d’exercice du droit de
232
réponse, initialement fixé à huit jours dans
En ce sens, Patrick Auvret, Jurisclasseur
Communication 2007, fasc. 3115. la loi du 29 juillet 1982, a été allongé à trois
50 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
mois, comme en matière de presse écrite, conditions techniques équivalentes à celles
par la loi du 15 juin 2000 (article 94). Il court dans lesquelles le message contesté a été
à compter de la diffusion du message diffusé et de manière à ce que lui soit
contenant l’imputation. Le délai initial de huit assurée la même audience. Le texte de la
jours (porté à quinze jours quand le réponse doit être celui établi par le
demandeur réside à l’étranger ou en Outre- demandeur ou celui qui a été arrêté avec
mer) figure toujours dans le décret du 6 avril son accord.
1987, en son article 2, qui n’a pas été
modifié et qui est donc implicitement abrogé Suivant l’article 5 du décret du 6 avril 1987,
sur ce point233. l’insertion de la réponse doit avoir lieu dans
un délai maximum de trente jours à compter
Le délai de conservation des de la date de diffusion du message litigieux.
enregistrements reste fixé à quinze jours Comme indiqué supra (voir : chapitre 1.2.5.),
après la date de leur diffusion, par l’article 7 ce délai est inadapté au regard des
du décret de 1987. Ce délai n’est plus en dispositions modifiées de la loi du 29 juillet
harmonie avec le nouveau délai de trois mois 1982 qui ont porté à trois mois le délai
imparti pour exercer un droit de réponse. Il d’exercice du droit de réponse.
en est de même de l’article 8 du décret,
qui fixe à huit jours le délai de conservation
des messages, à compter de la date à 1.3. En matière de communication en
laquelle ils ont cessé d’être mis à la ligne
disposition du public. Ce hiatus est d’autant
plus regrettable que l’article 9 du décret En matière de communication au public en
sanctionne la méconnaissance de ces ligne, le droit de réponse est prévu à
obligations, par le directeur ou le directeur l’article 6-IV de la LCEN234 qui renvoie, pour
de la publication, d’une amende prévue pour les conditions d’insertion de la réponse, à
les contraventions de la cinquième classe. l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881 relative
à la presse écrite et à un décret en Conseil
Enfin, lorsque, à l’occasion de poursuites d’État intervenu le 24 octobre 2007.
pénales, des imputations susceptibles de
porter atteinte à l’honneur ou à la réputation Si « toute personne nommée ou désignée
d’une personne physique ou morale, ont été dans un service de communication en ligne
diffusées dans le cadre d’une activité de dispose d’un droit de réponse » l’article 1er
communication audiovisuelle, la loi du du décret du 24 octobre 2007 y apporte
29 juillet 1982 modifiée prévoit la réouverture cependant une restriction. Il y est mentionné
du délai d’exercice du droit de réponse à en effet, qu’une telle démarche « Ne peut-
compter du jour où la décision de non-lieu, être engagée lorsque les utilisateurs sont
dont elle a fait l’objet, de relaxe ou
d’acquittement, est intervenue. 234
Article 6. IV « Toute personne nommée ou
désignée dans un service de communication au
public en ligne dispose d’un droit de réponse, sans
1.2.6. Dans les huit jours de la demande préjudice des demandes de correction ou de
d’exercice du droit de réponse, ramené à suppression du message qu’elle peut adresser au
service La demande d’exercice du droit de réponse
24 heures en période électorale, le directeur
est adressée au directeur de la publication ou,
de publication fait connaître au requérant, lorsque la personne éditant à titre non
par lettre recommandée avec demande professionnel a conservé l’anonymat, à la personne
d’avis de réception, les suites qu’il entend mentionnée au 2 du I qui la transmet sans délai au
réserver à la demande. directeur de la publication. Elle est présentée au
plus tard dans un délai de trois mois à compter de
la mise à disposition du public du message
Si la demande est acceptée, la décision justifiant cette demande. Le directeur de la
doit en être notifiée au requérant et doit publication est tenu d’insérer dans les trois jours
préciser les modalités selon lesquelles la de leur réception les réponses de toute personne
réponse sera retransmise (forme, contenu nommée ou désignée dans le service de
de la réponse, date et heure de passage communication au public en ligne sous peine
d’une amende de 3.750 euros, sans préjudice des
de la réponse à l’antenne). En effet, la autres peines et dommages-intérêts auxquels
réponse doit être diffusée dans des l’article pourrait donner lieu. Les conditions
d’insertion de la réponse sont celles prévues par
l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881 précitée. La
233
Ce décret doit être prochainement actualisé. réponse sera toujours gratuite. »
Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009 51
en mesure, du fait de la nature du service • La demande est présentée au plus tard
de communication en ligne, de formuler dans un délai de trois mois à compter
directement les observations qu’appelle de de la mise à disposition du public du
leur part un message qui les met en message justifiant cette demande
cause ». (article 6-IV de la loi LCEN) par lettre
recommandée avec demande d’avis de
Le recours au droit de réponse apparaît réception ou « par tout autre moyen
alors inutile. garantissant l’identité du demandeur et
apportant la preuve de la réception de la
Par ailleurs, du fait de la spécificité de la demande » (article 1er du décret).
communication en ligne, les personnes
mises en cause sur Internet, disposent en • « La demande doit indiquer les
outre d’une alternative qui s’apparente au références du message […] ses
droit de rectification. conditions d’accès sur le service de
communication au public en ligne et s’il
L’article 5 de ce même décret offre en effet est mentionné, le nom de son auteur.
au demandeur du droit de réponse la Elle contient la mention des passages
possibilité de faire supprimer ou rectifier, en contestés et la teneur de la réponse
lieu et place du droit de réponse, tout ou sollicitée » (article 2 du décret).
partie du message litigieux. Concernant la mention relative aux
conditions d’accès, celle-ci est peu
Dans cette hypothèse, le directeur n’est pas explicite et n’a pas encore fait l’objet de
tenu d’insérer la réponse, s’il procède à la commentaires. Par prudence, nous
suppression ou à la rectification sollicitée conseillons d’indiquer, dans la demande,
dans un délai de trois jours à compter de la le nom exact du site Internet et ses
réception de la demande, délai fixé au IV conditions d’accès, qui pourraient être
de l’article 6 de la LCEN. l’équivalent du numéro d’abonné d’une
publication écrite, par exemple, le code
Les conditions de l’exercice du droit de d’accès.
réponse sont les suivantes :
• « La réponse sollicitée prend la forme
• La demande d’exercice du droit de d’un écrit quelle que soit la nature »
réponse est adressée, conformément à (écrits, sons ou images) « du message
l’article 6-IV de la loi LCEN, au directeur auquel elle se rapporte » (article 3 du
de publication (c’est-à-dire le créateur décret).
du site) où, lorsque la personne éditant
à titre non professionnel (dans le cadre • La longueur du message à publier en vertu
d’un « blog » par exemple) « a conservé du droit de réponse « est limitée à la
l’anonymat », au fournisseur longueur du message qui l’a provoqué ou,
d’hébergement235 « qui la transmet sans lorsque celui-ci ne se présente pas sous
délai au directeur de la publication236 ». une forme alphanumérique, à celle de sa
transcription sous forme d’un texte ». Celle-
ci apparaît donc sensiblement identique à
celle de l’article litigieux comme l’exigent
l’article 13 de la loi de 1881.
235
Les fournisseurs d’hébergement sont tenus de S’agissant d’Internet toute modification du
conserver « les données de nature à permettre message, qui ne serait pas une simple
l’identification de quiconque a contribué à la mise à jour, devra être considérée comme
création du contenu ou de l’un des contenus des une nouvelle mise à disposition du public,
services dont elles sont prestataires » (article 6-II,
le délai sera donc rouvert, à chaque fois,
al. 1er ).
pour l’exercice du droit de réponse (voir
236
En effet, si la LCEN reprend la notion de directeur supra : première sous-partie,
de la publication, elle apporte cependant une
chapitre 1.3.).
distinction particulière à la communication en ligne
en séparant le régime juridique des éditeurs
professionnels, qui ont l’obligation de s’identifier
(article 6-III-1 de la loi), des internautes non
professionnels qui peuvent garder l’anonymat
(article 6-III-2 de la loi).
52 Le Courrier Juridique des Finances et de l'Industrie - spécial diffamation, injure, outrage... comment se défendre - juin 2009
1.4. Exercice de l’action en refus Dès lors, le juge des référés peut ordonner,
d’insertion sous astreinte, la publication d’une réponse,
en raison du trouble manifestement illicite
1.4.1. En matière de presse écrite et de que constitue l’opposition absolue du
communication par voie électro- directeur de la publication et de l’éditeur
nique d’une revue à l’exercice de ce droit
incontestable243.
Le refus d’insertion de la réponse dans les
délais impartis, soit trois jours à compter de
Pour Internet, le directeur de la publication
la réception de celle-ci237, constitue une
d’un éditeur professionnel, et le fournisseur
infraction punie d’une amende correctionnelle
d’hébergement, dans l’hypothèse où
de 3.750 euros.
l’internaute non professionnel voudrait
L’exercice des poursuites pour refus ou garder l’anonymat, sont susceptibles d’être
défaut de publication de la réponse doit poursuivis.
intervenir à l’encontre du directeur de
publication, dans le délai de trois mois à
compter du jour de la publication du numéro 1.4.2. En matière de communication
du journal suivant le surlendemain de la audiovisuelle
réception de la demande d’insertion et non
de la date à laquelle le refus d’insertion a Contrairement aux règles posées en
été opposé238. matière de presse écrite et de
communication en ligne, le refus d’insertion
La citation pour refus d’insertion de réponse n’est pas sanctionné pénalement en
doit comporter, à peine de nullité, le texte matière de communication audiovisuelle.
de la réponse refusée239. En effet, comme il
a été précisé (voir supra : chapitre 1.1.4.), En cas de refus ou de silence gardé sur la
la réponse est soumise à des conditions demande d’exercice du droit de réponse par
de forme très précises prévues par les son destinataire, dans les huit jours suivant
articles 13240 et 53241 de la loi de 1881 et le la réception, l’article 6 de la loi du 29 juillet
directeur de publication est en droit de 1982 sur la communication audiovisuelle
refuser de publier une réponse qui ne prévoit que le demandeur « peut saisir le
respecterait pas ces conditions. Il peut président du tribunal de grande instance
également refuser une telle publication pour statuant en matière de référés ».
des raisons de fond, lorsque le contenu de
la réponse est contraire à l’ordre public ou L’action, exercée à ce titre, n’est régie que
n’a aucun rapport avec le contenu de l’article par les dispositions de la loi du 29 juillet
incriminé. La Cour de cassation, qui exerce 1982, à l’exclusion de celles de la loi du
son contrôle sur la teneur de la réponse et 29 juillet 1881244. La prescription de l’action
sur celle de l’écrit qui l’a provoquée, doit obéit aux principes du droit commun245. Le
être en mesure d’examiner les écrits en délai de prescription de l’action est donc
cause. de cinq ans, conformément à l’article 2224
du code civil.
Les poursuites correctionnelles peuvent être
évitées par le recours au juge des référés La personne civilement responsable de la
qui s’est reconnu compétent pour apprécier diffusion semble être le directeur de la
le caractère manifestement illicite du refus publication246 bien que l’article 6 alinéa 9 de
d’insertion au sens de l’article 809 du code la loi du 29 juillet 1982 impose la désignation
de procédure civile242. « d’un responsable chargé d’assurer
l’exécution des obligations se rattachant à
237
Conformément à l’article 13 de la loi du 29 juillet
1881.
238
Cass. Crim., 4 décembre 2007, n° 06-87345. 243
CA Paris, 29 février 1988, DP 1988, IR, p. 96.
239
Cass. Crim., 28 novembre 2006, pourvoi
244
n° 05-84.865, Revue droit pénal 2007, n° 51, comm. Cass. Civ 1 ère, 29 novembre 2005.
M. Véron. 245
TGI Paris 1ère Ch. 1ère Sect., 8 novembre 1989
240
Voir note de bas de page supra 217. Gaz. Pal. 1992, I, somm. p. 237.
241
Voir note de bas de page supra 32. 246
En ce sens, Patrick Auvret. Jurisclasseur
242
TGI Grenoble, 29 juin 1983, JCP 85, IV, p. 94. Communication, fasc. 3115, n° 80.
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l’exercice du droit de réponse » dans des Toutefois, les propos litigieux peuvent faire
conditions qui devaient être précisées par l’objet d’un droit de rectification prévu par
décret. Or, le décret n° 87-246 du 6 avril 1987 l’article 12 de la loi du 29 juillet 1881 qui
est muet à ce sujet. dispose que :
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Troisième partie : les actions en référé
en cas de diffamation et d’injure devant le juge civil
En droit commun, conformément aux 1881, dispose que l’action civile ne peut être
articles 3 et 4 du code de procédure pénale, engagée séparément de l’action publique,
la partie lésée par une infraction de sauf en cas de décès de l’auteur du fait
diffamation ou d’injure peut, à son choix, incriminé ou d’amnistie. Cette prohibition,
poursuivre la réparation du préjudice qu’elle d’ordre public, impose aux tribunaux civils,
a subie, soit devant les tribunaux répressifs saisis d’une action de cette nature,
par voie d’action civile accessoire à l’action l’obligation de se déclarer d’office
publique, dans les conditions qui ont été incompétents253. Cependant, même dans
précédemment étudiées, soit par voie ce cas, le juge civil, statuant en référé, peut
d’action principale devant les tribunaux prendre toutes mesures pour faire cesser
civils. Dans ce dernier cas, l’action ne peut le trouble manifestement illicite254.
être fondée sur l’article 1382 du code civil,
mais uniquement sur les dispositions de la Dans cette partie, ne seront étudiées que
loi du 29 juillet 1881, comme le rappelle les procédures en référé applicables, soit en
régulièrement la Cour de cassation en matière de presse écrite, soit en matière de
décidant que les : « abus de la liberté publication sur Internet. Les mesures qui
d’expression prévus et réprimés par la loi peuvent être ordonnées dans ce cadre
du 29 juillet 1881 ne peuvent être réparés permettent, seules, de faire cesser
sur le fondement de l’article 1382 du code immédiatement le trouble causé par la
civil248 ». diffusion de propos injurieux ou diffamatoires.
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Ce type de référé exige que l’urgence, 1.2.1. Les conditions du référé
résultant de la nature de l’affaire, soit
démontrée. Cette condition est soumise à Il faut un dommage imminent ou un trouble
l’appréciation souveraine du juge. manifestement illicite.
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• saisie de la publication, ait disposé du délai de dix jours, prévu par
l’article 55 de la loi du 29 juillet 1881, pour
• interdiction de la publication, de la rapporter la preuve260 de leur vérité.
distribution ou de la mise en vente de
l’écrit litigieux, Le défaut du respect de ces dispositions
entraîne inévitablement la censure des
• suppression dans un ouvrage, d’un ordonnances ainsi rendues.
passage ou d’un article avec ou sans
astreinte255.
1.3.2. La prescription de trois mois n’est,
cependant, pas applicable à l’action qui
1.3. Les actions en référé sont soumises saisit le juge des référés, en application de
à des règles spécifiques l’article 809 du code de procédure civile. En
effet, cette action, qui permet au juge de
1.3.1. Le référé en matière de diffamation, prendre les mesures qui s’imposent pour
introduit sur le fondement de l’article 809 faire cesser un trouble manifestement illicite
du code de procédure civile, est soumis aux ne constitue pas une « action civile » au
règles de procédure prévues par la loi du sens de la loi de 1881, laquelle a pour objet
29 juillet 1881256. Il s’agit notamment de : de « permettre à une victime d’une infraction
pénale d’obtenir la réparation du préjudice
• l’obligation, pour le demandeur, de par elle subi261 ».
délivrer une « citation » en référé
conforme à l’article 53257 de cette loi,
1.4. Les chances de succès de ces
• l’interdiction, pour le juge, d’examiner actions
l’action en diffamation avant l’expiration
du délai de dix jours, ouvert par Le juge n’a pas, dans le domaine de la
l’article 55258 de la loi, pour offrir la preuve diffamation, à apprécier, au fond, les propos,
de la vérité des faits diffamatoires259. ni à les qualifier.
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à la liberté d’expression, qui est pourtant accueillir la demande. S’il accepte le
un principe à valeur constitutionnelle, est fondement de diffamation ou de d’injure
progressivement remplacée par la référence mais qu’il ne se prononce pas, par la suite,
au droit européen, encore plus protecteur. sur l’existence de l’illicite, les mesures qu’il
ordonnera seront dépourvues de légitimité.
L’urgence, qui circonscrit l’intervention du C’est pourquoi le juge des référés doit se
juge des référés, confère à son rôle des contenter de relever l’existence d’un fait
traits particuliers : illicite, qui porte préjudice à la victime,
indépendamment de toute qualification
• Le juge des référés n’a pas pour rôle de pénale. C’est le juge civil ou pénal statuant
dire le droit. Son rôle est d’ordonner les au fond qui, par la suite, qualifiera la
mesures nécessaires pour sauvegarder diffamation ou l’injure.
les intérêts des parties, dans l’urgence
et de manière provisoire.
2. L’action en référé prévue par la
• L’urgence de la procédure de référé doit
loi pour la confiance dans
donc écarter toute évaluation de la
situation au fond. Le juge n’a pas le l’économie numérique, spéci-
temps d’entrer dans les détails fique aux publications sur
techniques. Par conséquent « la Internet
qualification est nécessairement
superficielle : elle doit s’opérer au regard 2.1. L’article 6.I.8 de la loi n° 2004-575 du
des critères posés par le code de 22 juin 2004 pour la confiance dans
procédure civile et non, de manière l’économie numérique (LCEN) permet à
approfondie, au regard d’un texte spécial l’autorité judiciaire de prescrire, en référé
méconnu264 ». ou sur requête, aux prestataires techniques
(hébergeurs de site ou, à défaut,
• Le juge des référés ne devrait pas fournisseurs d’accès266) « toutes mesures
s’appuyer sur un texte précis pour propres à prévenir un dommage ou à faire
qualifier ce qui est illégal, mais sur une cesser un dommage occasionné par le
appréciation générale, au regard du droit contenu d’un service de communication au
commun, pour déterminer l’existence public en ligne ».
d’un trouble illicite : « […] qualifier des
propos, rechercher le texte qui leur est Il s’agit d’un référé spécifique à Internet,
éventuellement applicable, apprécier conçu pour la mise en œuvre rapide de
ensuite la gravité de l’atteinte […] Ces mesures à caractère provisoire, sans qu’une
différentes opérations entrent dans saisine du juge du fond soit exigée.
l’office du juge du fond et ne relèvent
pas d’une appréciation provisoire Le référé LCEN est dirigé uniquement contre
effectuée dans l’urgence. L’appréciation l’hébergeur ou le fournisseur d’accès à
de l’illicéité du trouble ne doit pas Internet (FAI) :
conduire à un pré-jugement au fond265. »
Contre l’auteur, c’est le référé de droit
La nécessité d’une qualification superficielle commun qu’il faut utiliser.
fait ressentir toute son importance dans le
Le juge des référés, sans avoir à constater
cadre des abus de la liberté d’expression
l’urgence qui est présumée, se contente de
sanctionnés par la loi du 29 juillet 1881.
vérifier les conditions d’application du texte,
Ainsi, lorsque le demandeur invoque la
à savoir :
diffamation ou l’injure, le juge des référés
ne doit pas retenir ce fondement car, s’il le • le caractère illicite du contenu du service
faisait, il devrait logiquement admettre qu’il en cause (le juge de se contenter ici
existe une diffamation ou une injure pour d’une activité illicite « apparente »),
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Le juge des référés devra faire cesser le En revanche, cette action n’a pratiquement
préjudice, en ordonnant à la partie aucune efficacité matérielle : les mesures
susceptible de faire cesser le préjudice ou techniques, que les fournisseurs d’accès à
d’en prévenir la survenance, de prendre Internet, sont susceptibles de prendre pour
toutes mesures techniques nécessaires, bloquer le contenu litigieux, peuvent être
sans tenir compte de sa qualité d’hébergeur contournées très facilement.
ou d’éditeur. En effet, si, comme étudié
précédemment (voir infra : première sous- Pour accroître tout de même cette
partie, chapitre 4.2.3.), les intermédiaires efficacité, il est nécessaire d’assigner
techniques n’engagent pas leur simultanément (dans la même instance)
responsabilité, ils sont, cependant, tenus tous les FAI français270.
de faire cesser ou de prévenir le trouble lié
au caractère illicite d’un message, lorsqu’ils
le peuvent. 2.2.2. En revanche l’action contre
l’hébergeur est soumise à la mise en
demeure préalable de ce dernier, afin
2.2. Deux actions alternatives peuvent être d’obtenir le retrait ou de faire cesser la
intentées, l’une contre l’hébergeur, l’autre diffusion des propos injurieux.
contre les fournisseurs d’accès.
En effet, ce n’est que dans le cas où,
2.2.1. L’action contre les fournisseurs informé du caractère illicite des propos ou
d’accès, qui a pour but le blocage de de faits et circonstances faisant apparaître
l’information litigieuse, peut être intentée ce caractère, il n’aurait pas agi
sans mise en demeure préalable267. promptement271 pour retirer les informations
litigieuses, que le juge des référés pourra
Dans cette hypothèse, l’action en référé être saisi.
pourrait être exercée « sans mise en cause
préalable des prestataires d’hébergement », Ces mises en demeure devront respecter
en application de la jurisprudence de la Cour les conditions de forme qu’exige
de cassation qui a précisé que la LCEN l’article 6.I.5 de la LCEN, soit :
faisait peser, sur les seuls intermédiaires
techniques (personnes visées au 1 de • « la date de la notification,
l’article 6), une éventuelle responsabilité civile
du fait de propos illicites diffusés sur un site • si le notifiant est une personne physique :
Internet et que la prescription de mesures ses nom, prénoms, profession, domicile,
techniques de blocage aux fournisseurs nationalité, date et lieu de naissance ; si
d’accès « n’est pas subordonnée à la mise le requérant est une personne morale :
en cause préalable des prestataires sa forme, sa dénomination, son siège
d’hébergement268 ». social et l’organe qui la représente
légalement,
Cette action alternative contre le fournisseur
d’accès, est la seule dotée d’une efficacité • les nom et domicile du destinataire ou,
juridique lorsque l’hébergeur est domicilié s’il s’agit d’une personne morale, sa
à l’étranger dans un pays protecteur de la dénomination et son siège social,
liberté d’expression (par exemple les États-
Unis), qui refusera systématiquement • la description des faits litigieux et leur
l’exequatur d’un jugement français localisation précise,
condamnant un opérateur pour la diffusion
d’un message sur le réseau269. • les motifs pour lesquels le contenu doit
être retiré, comprenant la mention des
dispositions légales et des justifications
de faits,
267
Cass. Civ. 1ère, 19 juin 2008, pourvoi n° 07-12.244,
Aaargh : UEJF c/ Free et al. 270
Chaque FAI ne pouvant mettre en œuvre les
268
Affaire Aaargh précitée. mesures techniques de blocage du site litigieux que
269
pour son propre réseau, ne pas assigner un FAI
Affaire Yahoo, TGI Paris (référé), 22 mai 2000 ;
revient à ne pas bloquer l’accès pour ses abonnés.
TGI Paris (référé), 20 novembre 2000 ; TGI Paris
271
(référé), 30 octobre 2001 ; Yahoo c/ Licra, 169 F. TGI Toulouse (référé), 13 mars 2008, Krim K.
Supp. 2d 1181 (DC Cal. 2001). c/ Amen.
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• la copie de la correspondance adressée Pour apporter la preuve du caractère illicite
à l’auteur ou à l’éditeur des informations du message incriminé, il est préférable de
ou activités litigieuses demandant leur procéder, avant toute mise en demeure et
interruption, leur retrait ou leur action judiciaire, à des captures d’écran du
modification, ou la justification de ce que site en cause dans les conditions fixées
l’auteur ou l’éditeur n’a pu être contacté ». par la jurisprudence272.
272
TGI Paris, 4 mars 2003, Frédéric M. Ziff Davis,
ZDN et autres ; CA Paris, 17 novembre 2006, Net
Ultra AOL France.
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