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Haltérophilie et basket-ball

Intérêts pour la pratique du basket-ball


coachbob.free.fr François Sence, le 17/05/2006 pour http://coachbob.free.fr

L’haltérophilie peut être considérée comme un sport où on effectue de la pliométrie avec


charge. En effet, l’intention de l’athlète est de sauter avec la barre, il faut développer de façon
la plus explosive possible une coordination entre bas et haut du corps afin d’amener la barre la
plus lourde possible à bout de bras au dessus de la tête (en un temps pour l’arraché et deux
temps pour l’épaulé jeté).

La caractéristique principale de l’haltérophilie est l’explosivité !!!

Le basket moderne est marqué par un accroissement des qualités d’explosivité et de puissance
des joueurs. Le basket se caractérise de plus en plus par la vitesse de jeu et la verticalité des
athlètes.

Selon Frank Colinot (entraîneur nationale) l’haltérophilie exige et permet de développer les
qualités physiques de:

Force maximale : force la plus grande que le système neuromusculaire peut réaliser
par une contraction volontaire dans la réalisation d’un mouvement gestuel
Force explosive : capacité d’accroissement maximal de la force dans un temps le plus
court possible
Souplesse : qualité qui va permettre au sportif d’exploiter la contraction musculaire
dans des gestes de grande amplitude
Coordination intermusculaire : c’est la capacité combiner des actions motrices
différentes, avec précision et économie, dans des situations déterminées.
L’endurance : ici on parle en particulier d’endurance spécifique à la force maximale et
à la force explosive (en haltérophilie répétitions d’efforts maximaux en compétition)

Par extension, on peut également parler des qualités de vitesse (présente dans la force
explosive) et de détente.
L’ensemble de ces qualités physiques semble indispensable dans le jeu moderne, que ce soit
qualités de force maximale et explosive, de coordination mais aussi la souplesse (la souplesse
de cheville par exemple est, en général, une faiblesse chez les sports collectifs).

L’haltérophilie permet d’effectuer un travail de :

Musculation complète : cuisses, mollets, épaules, biceps en dynamique mais aussi du


dos (gainage et du maintien de la posture)
Equilibre dynamique : Jean Pierre Egger effectue flexions d’arraché avec ses athlètes
pour développer leur équilibre dynamique. On peut aussi noter que cet exercice permet un
travail de renforcement isométrique des fixateurs d’omoplates
Coordinations intermusculaires : Importance de ces coordinations pour sentir le
mouvement de la barre et créer de la vitesse
Renforcement des appuis : Toujours selon EGGER, très important de renforcer la
musculature du pied. Or le travail de technique sans charge peut s’effectuer sur différents
sol (tapis, parquet) avec ou sans chaussures et peut constituer un bon travail de
proprioception (au cours de l’échauffement).

Référence:JP.EGGER De l'entraînement de la force à la préparation physique en sport, INSEP

Le renforcement musculaire peut être fait par un travail de musculation classique, un travail
d’appuis (renforcement spécifique de l’appui). L’haltérophilie présente de nombreux avantages
et en particulier elle permet dans un laps de temps assez court de faire un travail global et
qualitatif. Par son travail très complet, on peut considérer l’haltérophilie comme un sport de
base comme l’athlétisme ou la natation.

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Cependant ce travail d’haltérophile se doit d’être adapté au basket, en effet
travailler à partir de la barre au sol, ne semble pas très intéressant pour les
basketteurs. Pourquoi ?

L’amplitude de flexion :

Dans le mouvement de compétition (départ barre au sol),


l’amplitude de flexion bien trop importante par rapport aux angles
utilisée au cours de l’activité spécifique (au maximum amplitude de
½ squat).

Les mouvements seront donc effectués en


suspension (c’est à dire départ au niveau des
genoux) afin d’éviter de trop travailler sur le dos
et les problèmes de tendons rotuliens.

Techniquement :
Partir au dessus des genoux permet d’éviter le passage technique très délicat qui est nommé
passage des genoux (barre le long des tibias puis franchit le genou). L’athlète peut donc se
concentrer sur la partie du mouvement qui nous intéresse le plus (de haut dessus des genoux
jusqu’à la position finale) où l’accélération est la plus importante.
NB : La technique en suspension est privilégiée, mais le travail complet ne doit pas être oublié
(le travail complet permet de privilégier un changement de rythme avec une accélération après le passage des
genoux)

Cas particulier l’apprentissage de la technique :


On peut toutefois travailler en amplitude complète lors des phases d’apprentissage avec une
barre à vide ou un bâton. En effet, ce travail doit permettre de sentir le mouvement (d’où
l’intérêt d’un travail yeux ouvert, yeux fermés, sur sol dur ou semi - mou comme les tapis, voir
pieds nus etc.).
On effectue en parallèle de ce travail d’apprentissage, un travail de proprioception, de gainage
du dos et de souplesse au niveau des chevilles. De plus, si on insère des arrêts de 2 à 3
secondes pour faire ressentir et corriger le mouvement (barre au niveau des genoux ou des
tibias) , on effectue un travail stato-dynamique sans charge assez intéressant et sans risque.
Ces séances d’initiation d’haltérophilie peuvent être très intéressantes avec des jeunes car
elles permettent un renforcement musculaire sans charge, de coordination, un travail postural
et proprioceptif très riche. On peut penser que des séances d’initiation en haltérophilie peuvent
être enrichissantes lors des stages de vacances pour développer le répertoire moteur de
l’enfant.
Nous verrons dans un autre article une séance d’initiation à l’arraché.

Il existe un DVD où de nombreux exercices sont disponibles


Référence : RÉPERTOIRE GESTUEL HALTÉROPHILE - DVD RECHERCHE LA BASE ET LE SOMMET.
INSEP, 2004

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Haltérophilie chez les jeunes

Les qualités à développer et à quel âge ?


C’est de 8 à 12 ans que l’on a le plus de possibilité de travailler la coordination.
Selon Cometti c’est entre 7 et 13 ans que la qualité de vitesse est la plus entraînable et c’est à
partir de 14- 15 ans que l’on peut commencer le travail avec charge.

Pratique haltérophile : des risques pour la croissance ?


Il semblerait que des études aient été effectué en Europe de l’est sur des enfants de 10 à 11
ans qui pratiquaient l’haltérophilie. Aucuns problèmes de croissance ou de blessures entraînant
des pathologies lié à cette activité n’ont été décelé. Il n’y a aucune raison de limiter cette
activité tant que les principes de sécurité de la pratique sont respectés à savoir :
¾ privilégier la technique (sur une série, il faut que la charge permette une dernière
répétition avec une gestuelle correcte et une vitesse d’exécution importante)
¾ Augmentation graduelle des charges (toujours mettre des charges qui permettent à
l’athlète d’exécuter confortablement le mouvement).

Recommandations tirées d’un document sur l’entraînement haltérophile des pré-


pubères distribué lors de ma formation HACUMESE :
1. Ne jamais permettre au très jeune athlète d’essayer une charge maximale ou sous
maximale
2. Enseigner la technique correcte et exiger que cette technique soit toujours employée.
3. Inculquer le désir d’apprendre la technique correcte au début
4. Il faut expliquer que les progrès généraux surviendront réellement plus rapidement si les
entraînements d’athlètes s’effectuent avec charges légères plutôt qu’avec des séries simples
lourdes
5. Développer chez l’athlète la compréhension de cette compétition. Essayer des poids lourds à
ce stade n’est pas important. L’important est que l’athlète possède une base solide de
préparation physique générale et une technique parfaite, ce qui lui permettra plus tard de
soulever des charges correspondant aux objectifs fixés.

Facteurs liés à la croissance !


Au cours de la croissance, l’augmentation de la taille et du poids peut entraîner un
accroissement de la force mais aussi perturber la mobilité (à cause de la croissance osseuse).
Il faudra du temps aux jeunes athlètes pour ajuster leurs habiletés motrices aux modifications
corporelles liées à la croissance, ce qui peut expliquer les périodes de maladresse. C’est
souvent le cas au basket avec les très grands.
Attention à la morphologie des sportifs, pour les très grands, il est préférable de
travailler sur 1/3 voir des ¼ de flexion (pour soulager les tendons rotuliens).

Conclusions et recommandations !
Chez des jeunes athlètes, le gain de force nécessite des intensités de travail bien inférieurs aux
adultes, les charges lourdes ne servent à rien. De plus l’augmentation des charges en
haltérophilie ne peut se faire que si il y a un renforcement musculaire généralisé en parallèle
(et plutôt de façon isométrique dans un premier temps).
Il faut éviter tout surentraînement (intensité ou volume), tout travail avec charges lourdes sur
des périodes soutenue (ce qui pourrait endommager les cartilages de croissance). Il faut être à
l’écoute de l’enfant, toute douleur doit entraîner un repos, une lassitude ou des signes de
fatigue doivent engendrer une adaptation du travail.

L’haltérophilie a souvent eu mauvaise presse, charges trop lourdes,


mouvements trop techniques et complexes où on risque de se blesser au
niveau du dos. Nous allons tenté de vous montrer dans la suite de nos
articles, des exercices semi-technique et des dérivés d’haltérophilie qui vont
permettre de travailler sur des mouvements moins complexes et plus ciblés.
Nous verrons également les logiques d’apprentissage du mouvement et les
points clefs (consignes de sécurité principale) et quelques progressions.

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