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Cycle licence d’ingénierie :

Cours d’hydrogéologie et ouvrages de captage

Version provisoire
Février 2007 Babacar DIENG
Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement - Groupe EIER-ETSHER

Table des matières :

INTRODUCTION : 3

1ère partie : Hydrogéologie générale :


Chapitre 1 : Cycle de l’eau
4
1. Description du cycle de l’eau : 5
2. Bilan du cycle de l’eau: 10
3. Exemples de bilan du cycle de l’eau: 11
4. Quelques définitions : 14
Chapitre 2 : Porosité des roches et relation solide - eau en milieu poreux 14
1. Porosité totale des différentes catégories de roches : 16
2. Modes de présence de l'eau dans le sol: 18
3. L'eau en circulation dans un milieu poreux saturé : 20
Chapitre 3 : Etude des nappes d’eau souterraine 20
1. Différents types de nappes : 22
2. Piézomètrie d’une nappe : 24
3. Transmissivité d’une nappe : 24
4. Coefficient d’emmagasinement : 24
5. Réserves et ressources en eau d’une nappe : 26
6. Quelques définitions :
Chapitre 4 : Etude schématique des nappes d’eau souterraine : exemples de
systèmes aquifères de l’Afrique de l’Ouest et du Centre 28
1. Différenciation entre les zones de socle et les bassins sédimentaires : 28
2. Hydrogéologie des bassins sédimentaires : 29
3. Hydrogéologie des Zones de Socle : 31
2ème partie : Ouvrages de captage : Introduction 36
Chapitre 5 : Technique de forage 37
1. Battage ou Percussion à cadence lente : 37
2. Forage par rotation : 40
3. Forages au Marteau fond de trou : 44
4. Les fluides de circulation : 46
Chapitre 6 : Equipement et mise en production des forages 50
1. Description des différentes parties de l’équipement d’un forage : 50
2. Choix des caractéristiques de l’équipement : 51
3. Dimensionnement de l’ouverture des crépines et du massif filtrant : 55
4. Développement : 56
6. Exemples types de forage : 60
Chapitre 7 : Réalisation des puits 62
1. Description d’un puits moderne : 62
2. Différentes phases d’exécution d’un puits moderne : 62
3. Modes et matériels d’exécution de puits modernes : 68
4. Matériaux pour la construction des puits 69
Chapitre 8 : L’entretien des puits et des forages 71
1. L’entretien des puits : 71
2. L’entretien des forages : 73
Bibliographie : 78

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INTRODUCTION

Cet ouvrage est un support de cours destiné principalement aux étudiants du cycle licence du
2iE (ex EIER-ESTHER). Il traite de l'hydrogéologie et de ses applications immédiates.
L’hydrogéologie ou l’étude des eaux souterraines fait partie d'une discipline plus générale qui
est 1 'hydrologie qui comprend en plus :

- la météorologie ou l'étude des circulations d'eau au niveau de l'atmosphère,


- l'hydrologie de surface ou l'étude des écoulements d'eau de surface.

Ce document renvoie d'une part à d'autres enseignements dispensés dans cet établissement se
situant en amont ou en aval du cours d'hydrogéologie et d'autre part à des ouvrages de
références qui pourront aider au besoin l'étudiant à approfondir des aspects abordés de
manière succincte.

L'objectif de cet enseignement d'hydrogéologie s'insère dans celui de la formation de l'école


qui est:

Former des ingénieurs et techniciens aptes à promouvoir, à mettre en œuvre et à gérer


les infrastructures et les actions nécessaires à la mise en œuvre et à l'équipement du
monde rural.

Il poursuit ainsi deux types d’objectifs spécifiques qui sont :

- un objectif pratique consistant à amener les élèves à savoir :

o concevoir et réaliser des ouvrages de captage d’eau souterraine,


o gérer et exploiter ces ouvrages ainsi que les ressources en eau des nappes
captées,
o maîtriser les principales techniques d'implantation de forage en zone de socle.

- le deuxième objectif consiste à donner aux élèves les rudiments théoriques de base en
hydraulique souterraine afin qu'ils soient en mesure de quantifier les écoulements pour
diverses applications: captage d'eau, drainage, ouvrages de génie civil...

Ce cours se décompose en trois parties :


- 1ère partie : elle traite de généralités relatives à l'hydrogéologie générale,
- 2ème partie : qui traite des ouvrages de captage d'eau souterraine (puits, forages),
- 3ème partie: elle traite des techniques de prospection pour l’implantation des ouvrages.

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Chapitre 1 : CYCLE DE L'EAU

1. Description du cycle de l'eau :

Le cycle de l'eau décrit les parcours et transformations subis par l'eau à partir d'un point de
départ qui est souvent pris comme la pluie (P) qui tombe à la surface d'un domaine (D)
pendant un intervalle de temps ∆t.
Ces parcours et transformations sont principalement: (Figures 1.1. et 1.2.) :

1.1. L'évapotranspiration :

Elle englobe :
- l'évaporation qui est le processus par lequel l'eau passe de l'état liquide (pluie) à l'état
vapeur (nuage) à travers des transferts de chaleur. C'est par ce processus que les
vapeurs d'eau rejoignent l'atmosphère, à partir des plans et cours d'eau (océans, mers,
lacs rivières...), du sol et même du sous-sol,
- la transpiration des plantes: il s'agit de la part de l'eau de l'atmosphère, du sol ou du
sous-sol qui est consommée par les plantes pour leur développement.
L'évaporation et la transpiration sont regroupées sous le terme d'évapotranspiration.

1.2. Humidification du sol :

Le sous-sol renferme en temps normal une certaine quantité d'eau dont les volumes sont
variables en fonction de la profondeur du sol. Les figures 1.3 montrent quelques profils
d’humidité et leur variation en fonction des apports d’eau par les pluies. En période de pluies,
le sol emmagasine de l'eau par infiltration et voit son stock augmenter. Après la pluie et
pendant les périodes de sécheresse qui peuvent être longues, le stock d'eau préalablement
emmagasiné est consommé par évaporation et transpiration des plantes. Quand l'intensité de
la pluie est plus forte que la capacité d'infiltration du sol ou quand le stock d'eau du sol a
atteint sa valeur maximale, les excédents de pluies vont vers d'autres destinations qui sont :

1.3. Le ruissellement de surface :

Quand la surface du sol est totalement imperméable ou quand l'intensité de la pluie est très
forte par rapport à la capacité d'infiltration du sol, la pluie génère une accumulation d'eau à la
surface du sol qui par la suite s'écoule. Cet écoulement qui se fait suivant la ligne de plus
grande pente du sol est appelé ruissellement de surface; il alimente le réseau de drainage
naturel (cours d'eau) et peut entraîner des particules de sol par érosion (transport solide).
Le ruissellement de surface peut aussi être dû à une restitution d'eau souterraine qui émerge et
s'écoule à la surface du sol. Cette part du ruissellement est appelée ruissellement retardé.

1.4. L'infiltration ou écoulement souterrain :

Après reconstitution d'un certain niveau d'humidité du sol, si la pluie se poursuit, elle peut
générer une propagation verticale de l'eau vers les tranches de sol plus profondes et vers la
nappe. C'est ce phénomène qui est appelé infiltration. L'arrivée d'eau à la nappe se produit
d'une manière différée par rapport à la pluie; dans les zones à climat sec et où la nappe est
assez profonde, ce décalage peut atteindre quelques mois.

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2. Bilan du cycle de l'eau :

Dans un domaine D et au cours d'une période de temps ∆t si on note :


- P : la hauteur moyenne de la pluie tombée,
- R: la lame d'eau écoulée à l'exutoire du domaine D,
- ∆S : la variation du stock d'eau dans le sol pendant la période considérée,
- E : 1'évapotranspiration réelle,
- I: la lame d'eau infiltrée.

On peut écrire l'équation suivante:

P = E + ∆ S + R + I qui est l'équation du bilan du cycle de l'eau.

Faire le bilan du cycle de l'eau c'est quantifier les différents termes de cette équation en
particulier pour l'hydrogéologie déterminer le terme I qui constitue la part qui alimente les
nappes d’eau souterraine.

Des détails sur les méthodes de quantification (par mesure, estimation ou calcul) des termes P,
∆S, R et E sont abordés dans d'autres disciplines (Hydrologie, Agriculture...). Nous rappelons
ci-dessous les principes de base des principales méthodes de quantification.

2.1. La pluie :

Elle se mesure et s'exprime souvent en hauteur d'eau (mm) par des pluviomètres ou
pluviographes.

2.2. L’évapotranspiration :

Le terme E de l'équation du bilan correspond à la quantité d'eau réellement évapotranspirée


notée ETR et il dépend de :
- la quantité d'eau disponible (apport + Réserve du sol) pendant la période de temps
considéré,
- des conditions climatiques du domaine D pendant cette période.
Il est ainsi difficilement quantifiable directement; on l'approche par le biais de
l'évapotranspiration potentielle notée ETP qui correspond à la quantité d'eau évapotranspirée
quand l'eau disponible est largement suffisante pour satisfaire cette demande en eau
d'évapotranspiration.
Dans ce cas on alors ETP=ETR et dans tout autre cas on aura ETR< ETP.

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Figure 1.2 :
Principaux processus du cycle de l’eau
Entrée
Pluie
Sortie
Interception

Evaporation Evapotranspiration

Rétention de
surface Transpiration

Ruissellement Ruissellement direct


Ruissellement Ecoulement de
Zone non saturée total surface
Infiltration Ecoulement retardé

Nappe
Débit de base

Alimentation
de la nappe

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L’ETP peut se mesurer à partir d’appareils (évaporomètre, bac…) mais il faut signaler que le
contexte dans lequel ces appareils mesurent l’ETP peut être totalement différent de celui auquel on
a à faire quand on fait par exemple un bilan du cycle de l’eau. Ainsi les valeurs mesurées peuvent
être très différentes de celles de la réalité. Pour cette raison on a souvent recours à des formules
empiriques qui tiennent compte des facteurs climatiques qui peuvent avoir une incidence sur les
phénomènes d’évapotranspiration. Les formules les plus utilisées sont :

a) la formule de Thornthwaite qui donne l’ETP mensuelle sous la forme :


a
 10T 
ETP (mm) = 16  F (λ ) avec :
 I 
- T= température moyenne mensuelle mesurée sous abri pour la période en °C,
- I= indice thermique annuel égal à la somme des 12 indices thermiques mensuels i avec :
1, 514
T
i=   ,
 5
- a = 6,75.10 − 7 I 3 − 7,71.10 − 5 I 2 + 1,79.10 − 2 I + 0,49239
- F (λ ) = coefficient correcteur fonction de la latitude et du mois (voir tableau 1.1).

Remarque: Cette formule est simple à manipuler parce qu'elle utilise comme paramètres
climatiques que la température. Les résultats qu’elle fournit peuvent ainsi ne pas être très
appropriés parce que d’autres facteurs climatiques qui peuvent avoir une incidence significative
sur l’évapotranspiration ne sont pris en compte.

b) Formules de Turc: Il propose des formules différentes selon l'humidité

- Si l'humidité θ est supérieure à 50%, l'ETP mensuelle en mm sera :


T
ETP (mm) = 0,39 ( Rg + 50)
T + 15

- Si l’humidité θ est inférieure à 50%, l’ETP mensuelle en mm sera :


T 50 − θ
ETPmm = 0,39 ( R g + 50)(1 + ) avec :
T + 15 70
- T= température moyenne mensuelle mesurée sous abri pour la période en °C,
h
- Rg = radiation solaire globale en cal/cm2 = Iga(0,18 + 0,62 ) avec :
H
- H= durée maximale d’insolation possible ou durée astronomique du jour en heures par mois,
- h= durée réelle d’insolation en heure par mois,
- Iga et H sont fournis en fonction de la latitude et de la date par les tableaux 1.2 et 1.3.

Cette formule est assez souvent utilisée dans le calcul des bilans hydrologiques particulièrement
en Afrique.
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c) Formule de Penman : (pour mémoire)

C’est la formule qui utilise le plus de paramètres climatiques ; elle est de ce fait celle qui fournit
les meilleurs résultats. Malheureusement les paramètres qui sont nécessaires pour son utilisation
ne sont pas toujours disponibles en particulier en Afrique.

Après la satisfaction des besoins en évapotranspiration, les excédents d’eau permettent de


constituer :

2.3. Le stock d'eau du sol :


qui dépend de :
- l'humidité du sol qui peut passer d'une valeur minimale appelée humidité au point de
flétrissement permanent à une valeur maximale (humidité à saturation),
- l'épaisseur de la tranche supérieure du sol affectée par les échanges entre d'une part le sol et
d'autre part les plantes et l'atmosphère. Cette épaisseur est généralement faible (de l'ordre du
mètre) mais elle peut être importante dans des régions à climat aride et avec des espèces à
racines profondes. Ce stock se remplit en priorité après la satisfaction des besoins en
évapotranspiration par les premiers apports de pluie; il se vidange par évapotranspiration en
périodes de non apport. Quand la réserve atteint sa valeur maximale l'excédent d'apport
provoque le ruissellement de surface et l’infiltration profonde:

Figure 1.3 : Evolution du profil d’humidité en fonction de la pluie


Avant la pluie (sec) humidité Pendant la pluie humidité
prof.

prof.

1
2

Peu après la pluie humidité Bien après la pluie humidité


prof.
prof.

3 4

2.4. Le ruissellement :

Il est composé de :
- un ruissellement direct consécutif aux pluies d'intensité assez forte,
- un ruissellement retardé provoqué par une restitution d’eau de la couche de sol de surface ou
de la nappe de la nappe au réseau hydrographique.

Le ruissellement se mesure à partir de la hauteur d’eau dans les cours d’eau pendant la pluie; la
figure 1.4 décrit la démarche permettant de mesurer le ruissellement.

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Figure 1.4 : Mesure du ruissellement - le bassin versant de superficie S est


équipé à l’exutoire d’une échelle de
mesure des variations du niveau d’eau
dans le temps,
- ces variations de niveaux d’eau sont
transformées (jaugeage) en variation de
débits dans le temps,
- la somme des débits écoulés dans le
temps correspond au volume total
ruisselé V,
- la lame d’eau ruisselée est alors :
R=V/S

Evolution des niveaux d'eau Evolution des débits


hauteur d'eau

Débits

temps Temps

2.5. L’infiltration profonde :

Elle alimente la nappe et peut se déduire par différence à partir des termes P, E, R et ∆S de
l'équation de bilan du cycle de l'eau.

3. Exemples de bilan du cycle de l’eau :

3.1. A l’échelle du globe :

Continent Océan

Surface continent : 135.106km2


P=881mm P=1267mm

E=1399mm
E=533mm

R=34000km3 Surface océan :361.106km2

I=13000km3

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3.2. A l’échelle de l’Afrique :

- quantité totale de pluie tombée = 20.700 km3


- quantité totale d’eau évaporée = 17.300 km3 soit 84% de la pluie tombée,
- quantité totale d’eau d’écoulement (surface et souterraine) = 3.400 km3 soit 16% de la pluie.
Ainsi comme à l’échelle mondiale, mais encore plus en Afrique, la quantité d’eau évaporée
représente la majeure partie de la pluie tombée.

4. Quelques définitions :

4.1. Pluie efficace : en hydrologie de manière générale ce terme indique la part de la pluie qui
génère un écoulement (de surface ou souterraine). Il correspond ainsi à la somme R+I. Il
faut signaler que pour d’autres applications ce terme peut avoir un sens différent.

4.2. Déficit d’écoulement : c’est la part de la pluie qui ne génère pas d’écoulement ; elle
correspond à l’évapotranspiration réelle.

4.3. Coefficient de ruissellement : c’est le rapport exprimé en % de la part de la pluie qui


ruisselle par rapport à la pluie tombée.

4.4. Coefficient d’infiltration : c’est le rapport exprimé en % de la part de la pluie qui s’infiltre
par rapport à la pluie tombée.

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Tableau 1.1 : Coefficient λ de la formule de Thornthwaite (d’après Brochet et Gerbier)


Lat J F M A M J J A S O N D
Nord
0 1.04 0.94 1.04 1.01 1.04 1.01 1.04 1.04 1.01 1.04 1.01 1.04
5 1.02 0.93 1.03 1.02 1.06 1.03 1.06 1.05 1.01 1.03 0.99 1.02
10 1.00 0.91 1.03 1.03 1.08 1.06 1.08 1.07 1.02 1.02 0.98 0.99
15 0.97 0.91 1.03 1.04 1.11 1.08 1.12 1.08 1.02 1.01 0.95 0.97
20 0.95 0.90 1.03 1.05 1.13 1.11 1.14 1.11 1.02 1.00 0.93 0.94
25 0.93 0.89 1.03 1.06 1.15 1.14 1.17 1.12 1.02 0.99 0.91 0.91
26 0.92 0.88 1.03 1.06 1.15 1.15 1.17 1.12 1.02 0.99 0.91 0.91
27 0.92 0.88 1.03 1.07 1.16 1.15 1.18 1.13 1.02 0.99 0.90 0.90
28 0.91 0.88 1.03 1.07 1.16 1.16 1.18 1.13 1.02 0.98 0.90 0.90
29 0.91 0.87 1.03 1.07 1.17 1.16 1.19 1.13 1.03 0.98 0.90 0.89
30 0.90 0.87 1.03 1.08 1.18 1.17 1.20 1.14 1.03 0.98 0.89 0.88
31 0.90 0.87 1.03 1.08 1.18 1.18 1.20 1.14 1.03 0.98 0.89 0.88
32 0.89 0.86 1.03 1.08 1.19 1.19 1.21 1.15 1.03 0.98 0.88 0.87
33 0.88 0.86 1.03 1.09 1.19 1.20 1.22 1.15 1.03 0.97 0.88 0.86
34 0.88 0.85 1.03 1.09 1.20 1.20 1.22 1.16 1.03 0.97 0.87 0.86
35 0.87 0.85 1.03 1.09 1.21 1.21 1.23 1.16 1.03 0.97 0.86 0.85
36 0.87 0.85 1.03 1.10 1.21 1.22 1.24 1.16 1.03 0.97 0.86 0.84
37 0.86 0.84 1.03 1.10 1.22 1.23 1.25 1.17 1.03 0.97 0.85 0.83
38 0.85 0.84 1.03 1.10 1.23 1.24 1.25 1.17 1.04 0.96 0.84 0.83
39 0.85 0.84 1.03 1.11 1.23 1.24 1.26 1.18 1.04 0.96 0.84 0.82
40 0.84 0.83 1.03 1.11 1.24 1.25 1.27 1.18 1.04 0.96 0.83 0.81
41 0.83 0.83 1.03 1.11 1.25 1.26 1.27 1.19 1.04 0.96 0.82 0.80
42 0.82 0.83 1.03 1.12 1.26 1.27 1.28 1.19 1.04 0.95 0.82 0.79
43 0.81 0.82 1.02 1.12 1.26 1.28 1.29 1.20 1.04 0.95 0.81 0.77
44 0.81 0.82 1.02 1.13 1.27 1.29 1.30 1.20 1.04 0.95 0.80 0.76
45 0.80 0.81 1.02 1.13 1.28 1.29 1.31 1.21 1.04 0.94 0.79 0.75
46 0.79 0.81 1.02 1.13 1.29 1.31 1.32 1.22 1.04 0.94 0.79 0.74
47 0.77 0.80 1.02 1.14 1.30 1.32 1.33 1.22 1.04 0.93 0.78 0.73
48 0.76 0.80 1.02 1.14 1.31 1.33 1.34 1.23 1.05 0.93 0.77 0.72
49 0.75 0.79 1.02 1.14 1.32 1.34 1.35 1.24 1.05 0.93 0.76 0.71
50 0.74 0.78 1.02 1.15 1.33 1.36 1.37 1.25 1.06 0.92 0.76 0.70

Lat.
Sud
5 1.06 0.95 1.04 1.00 1.02 0.99 1.02 1.03 1.00 1.05 1.03 1.06
10 1.08 0.97 1.05 0.99 1.01 0.96 1.00 1.01 1.00 1.06 1.05 1.10
15 1.12 0.98 1.05 0.98 0.98 0.94 0.97 1.00 1.00 1.07 1.07 1.12
20 1.14 1.00 1.05 0.97 0.96 0.91 0.95 0.99 1.00 1.08 1.09 1.15
25 1.17 1.01 1.05 0.96 0.94 0.88 0.93 0.98 1.00 1.10 1.11 1.18
30 1.20 1.03 1.06 0.95 0.92 0.85 0.90 0.96 1.00 1.12 1.14 1.21
35 1.23 1.04 1.06 0.94 0.89 0.82 0.87 0.94 1.00 1.13 1.17 1.25
40 1.27 1.06 1.07 0.93 0.86 0.78 0.84 0.92 1.00 1.15 1.20 1.29
42 1.28 1.07 1.07 0.92 0.85 0.76 0.82 0.92 1.00 1.16 1.22 1.31
44 1.30 1.08 1.07 0.92 0.83 0.74 0.81 0.91 0.99 1.17 1.23 1.33
46 1.32 1.10 1.07 0.91 0.82 0.72 0.79 0.90 0.99 1.17 1.25 1.35
48 1.34 1.11 1.08 0.90 0.80 0.70 0.76 0.89 0.99 1.18 1.27 1.37
50 1.37 1.12 1.08 0.89 0.77 0.67 0.74 0.88 0.99 1.19 1.29 1.41

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Tableau 1.2 : Valeurs de Iga en cal :cm2 par jour (d’après Brochet et Gerbier)
Latitude Nord 30° 40° 50° 60°
Janvier 508 364 222 87.5
Février 624 495 360 215
Mars 764 673 562 432
Avril 880 833 764 676
Mai 950 944 920 880
Juin 972 985 983 970
Juillet 955 958 938 908
Août 891 858 800 728
Septembre 788 710 607 487
Octobre 658 536 404 262
Novembre 528 390 246 111
Décembre 469 323 180 55.5

Tableau 1.3 : Durée astronomique du jour en heures par jour


(d’après Brochet et Gerbier)
Latitude Nord 30° 40° 50° 60°
Janvier (31) 10.45 9.71 8.58 6.78
Février (28 ¼) 11.09 10.64 10.07 9.11
Mars (31) 12.00 11.96 11.90 11.81
Avril (30) 12.90 13.26 13.77 14.61
Mai (31) 13.71 14.39 15.46 17.18
Juin (30) 14.07 14.96 16.33 18.73
Juillet (31) 13.85 14.68 15.86 17.97
Août (31) 13.21 13.72 14.49 15.58
Septembre (30) 12.36 12.46 12.63 12.89
Octobre (31) 11.45 11.15 10.77 10.14
Novembre (30) 10.67 10.00 9.08 7.58
Décembre (31) 10.23 9.39 8.15 6.30

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Chapitre 2 :

POROSITE ET PERMEABILITE DES ROCHES

1. Porosité totale des différentes catégories de roches :

1.1. Notion de porosité :

La plupart des roches et des sols contiennent naturellement un certain pourcentage de vides qui
peuvent être occupés par de l'eau. C'est ce qu'on appelle leur porosité. Il faut tout de suite distinguer
l'existence de ces vides avec leur interconnexion permettant à un fluide d'y circuler Cette deuxième
propriété, la perméabilité, sera étudiée au paragraphe 3.

La porosité est une condition nécessaire, mais non suffisante de la perméabilité.

1.2. Différents types de porosité :

1.2.1. Porosité primaire des roches :

La plupart des roches sont constituées de particules minérales solides, plus ou moins cimentées,
formant un squelette autour duquel subsistent des espaces vides: ce sont les milieux poreux au sens
des mécaniciens des fluides. On distingue deux types de roches (chacune ayant une porosité
spécifiques) :

- les roches incohérentes ou meubles dans lesquelles les éléments sont plus ou moins libres
les uns des autres. Elles sont aussi appelées roches grenues,
- les roches cohérentes ou compactes où les éléments sont solidement liés entre eux.

La porosité primaire est la porosité de la roche au moment où elle a pris naissance, soit le
pourcentage en volume des vides du squelette.

Les roches grenues ont une porosité primaire relativement grande; elle peut aller jusqu'à 30% dans
le cas des sables ou des grès par exemple. Quant aux roches compactes, (calcaires, dolomites,
roches cristallines et métamorphiques) elles ont une porosité primaire plus faible (de l'ordre de 1 à
5%).

Figure 2.1

La porosité des roches grenues peut prendre 2 formes :


- La porosité d'interstices: c'est la porosité due aux vides entres les grains constituant la
roche. C'est presque toujours une porosité ouverte.

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- La porosité vacuolaire due à des cavités complètement closes (roches volumiques comme
la pierre ponce). Il s'agit là d'une porosité qui ne s'accompagne pas d'une perméabilité.

Les argiles et vases constituent une catégorie à part : leurs éléments constitutifs, lamellaires sont
organisées en « feuillets », empilements de couches parallèles séparées par des intervalles variables
où un fluide peut se loger, Cette particularité leur donne une possibilité de gonflement en présence
d’eau qui augmente ainsi sensiblement leur porosité qui peut atteindre 90%.

1.2.2. Porosité secondaire des roches compactes :

On appelle porosité secondaire, celle qui peut intervenir au cours de la vie de la roche suite à des
phénomènes physiques (fracturation) ou chimiques (dissolution de la roche). Cette porosité
secondaire se rencontre dans les roches compactes et peut prendre les formes suivantes :

- Porosité des fissures: Un cas particulier de vides dans les roches compactes est la
fissuration. Ces fissures peuvent être de plusieurs sortes: joints de stratification, diaclases,
failles, fissures de retraits (roches volcaniques) ou de schistosité. Ces fissures sont
généralement organisées sous forme de réseau, plus ou moins interconnecté, créant des vides
dans la roche. La porosité de fissures dépend de la densité de celles-ci et de leur degré
d'ouverture allant des fissures capillaires fines (moins de 0,5 mm de largeur) aux fissures
béantes (plus de 5 cm).

- Porosité de chenaux: cette porosité ne peut exister que dans les roches solubles (calcaire,
gypse) dans lesquelles l'eau dissout une partie de la roche, créant ainsi des chenaux de
circulation d'eau.

Figure 2.2

1.2.3. Possibilité de présence de différents types de porosité dans une même roche :

Plusieurs types de porosité peuvent exister dans une même roche :


- Grès: possibilité d'une porosité d'interstices et de fissures,
- Calcaires: possibilité d'une porosité d'interstices, de fissures et de chenaux.

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1. 3. Définition de la porosité totale :

Par définition, la porosité totale d'une roche est n


V
n = v avec Vv= volume des vides et Vt= volume total de la roche.
Vt
Les vides étant considérés dans leur ensemble, quel que soit le type de porosité auquel ils
correspondent.

1.4. Quelques exemples de valeurs de porosité totale :

Roches meubles Roches compactes


o Graviers: 25 à 40%, o Calcaires: très variables selon la structure: 0,5 à 17%,
o Sables: 10 à 30%, o Schistes: 1 à 10%,
o Arènes granitiques: 10%, o Grès: 4 à 26%,
o Argiles: 40 à 50%, o Granite: 0,01 à 5%.
o Vases: 80 à 90%

2. Modes de présence de l'eau dans le sol:

2.1. Zone saturée et non saturée :

Un horizon de sol est dit saturé quand tous ces vides sont remplis d’eau; dans le cas contraire, il est
dit non saturé.

2.2. Les différents types d'eau dans le sol :

Considérons une colonne d’un matériau poreux saturé ouvert à sa base :

- une partie de l’eau contenue dans ce matériau s’écoule sous l’effet de son poids ; cet
écoulement se fait avec un débit relativement important dans un premier temps qui décroît
par la suite pour devenir enfin presque nul. Cette eau est appelée eau gravitaire ou eau
libre. L’eau gravitaire peut être exploitée par pompage, drainage ou ressuyage et c’est pour
cette raison qu’elle est appelée eau facilement mobilisable.

- Après l’écoulement de l’eau libre, une certaine quantité d’eau demeure toujours
emprisonnée dans le matériau poreux. Ce volume d’eau, retenu autour des grains du
matériau par des forces supérieures à celles de gravité, est appelé eau liée ou eau de
rétention. L’eau liée ne peut être extraite du matériau que par centrifugation ou par succion.

- La partie de l’eau liée située juste au dessus du niveau saturé est constituée d’eau contenue
dans capillaires et est appelée eau capillaire (continue).

- Même après centrifugation ou succion, l’intégralité de l’eau liée contenue dan un matériau
poreux n’est pas totalement libérée, il reste une fraction d’eau retenue par des forces encore
plus importantes dite eau adsorbée.

2.3. Porosité efficace et capacité de rétention :

2.3.1. Porosité efficace :

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Elle correspond à la part de porosité due à l’eau libre. Elle aussi appelée porosité de drainage ou
porosité cinématique et est notée ne. Elle se définit comme suit :
V
ne = e avec Ve= volume d’eau libre et Vt = volume total de la roche
Vt

2.3.2. Capacité de rétention (ou au champ):

Elle correspond à la part de porosité due à l’eau liée. Elle est notée Cr et se définit comme suit :
V
Cr = r avec Vr = volume d’eau restant après ressuyage.
Vt
Nous avons la relation : n = ne + Cr

En hydrogéologie, seule sera prise en compte la porosité efficace qui représente l'eau libre de
mouvement, et donc intéressante pour les sources, les puits et les forages. La porosité efficace
représente une part de la porosité totale d'autant plus petite que les pores du milieu sont fins.

2.4. Valeurs relatives de la porosité efficace et de la porosité totale :

La figure 2.3 donne idée de l'évolution de la porosité totale, sa répartition entre porosité efficace et
capacité de rétention pour un matériau meuble, en fonction du diamètre des grains.
Figure 2.3

3. L'eau en circulation dans un milieu poreux saturé :

3.1. Loi de DARCY pour milieu poreux saturé :

3.1.1. Hypothèses sur le milieu poreux :

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Isotrope: Un milieu poreux est dit isotrope quand il présente les mêmes conditions à l'écoulement
de l'eau quelque soit la direction envisagée pour cet écoulement. Ceci qui exclut la présence de
phénomènes tels que des diaclases, des réseaux de fractures, des joints de stratification pouvant
provoquer la facilité de l'écoulement selon certaines directions.

Homogène: Un milieu poreux est dit homogène quand dans sa constitution et à l'échelle des
phénomènes d'écoulement observés il ne présente pas d'irrégularités.

3.1.2. Expérience de DARCY :

L'écoulement de l'eau dans les roches à porosité d'interstices a fait l'objet de nombreuses recherches
expérimentales pour en déterminer les lois. C'est DARCY qui étudie le premier en 1856 la
circulation de l'eau à travers un sable. Il a utilisé le dispositif expérimental décrit à la figure 2.4.
Il a été constaté qu’au bout d’un certain temps le débit Q s'écoulant à travers le milieu poreux est
constant. Par ailleurs en faisant varier les paramètres A, L et K, DARCY a pu vérifier la relation
∆h
suivante : Q = KA avec :
L
Figure 2.4
- A = section du cylindre à travers lequel
se fait l’écoulement,
- ∆h = hA-hC= différence de charge entre
l’amont et l’aval de l’écoulement,
- L = épaisseur du cylindre à travers lequel
se fait l’écoulement,
- K = coefficient ayant la dimension d’une
vitesse et appelé conductivité
hydraulique du matériau.

Cette conductivité hydraulique est parfois appelée perméabilité ou coefficient de perméabilité du


milieu poreux.

V = K i qui est une autre forme d’expression de la loi de DARCY.

La loi de DARCY généralisée s’énonce donc ainsi : l’écoulement interne de l’eau dans un milieu
poreux saturé, isotrope et homogène se traduit par des vitesses apparentes proportionnelles en tout
point au gradient hydraulique. Le coefficient K de proportionnalité est appelé le coefficient de
perméabilité de DARCY et dépend du milieu poreux.

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3.2. Valeurs du coefficient K :

La valeur du coefficient K ne dépend pas directement de la porosité totale ou de la porosité efficace.


En effet, cette valeur dépend plus de la taille des interstices que la proportion de leur volume dans le
volume total. Plus les pores sont fins, plus l’écoulement est freiné par des frottements le long des
grains d’une part et par la tortuosité des trajectoires réelles d’autre part.

Le tableau suivant donne différentes valeurs du coefficient K.

Diamètre
en mm 5 0,05 0,005
Graviers ou Sable pur ou sables et Sable très fin, silts et
Nature des gravillons sans graviers sans éléments mélange de sables et Argiles
sols éléments fins fins argiles homogènes
K en m/s 1 10-2 10-5 10-9
très bonne Bonne Mauvaise Imperméable

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Chapitre 3 : ETUDE DES NAPPES D’EAU SOUTERRAINE

1. Différents types de nappes

1.1. Définition des nappes d’eau souterraine et aquifère :

Une nappe d’eau souterraine est l’ensemble de l’eau saturant un terrain, cette eau étant en
communication hydraulique continue, que ce soit par des pores, des fissures ou des chenaux.

Le milieu poreux dans lequel se trouve la nappe est appelé aquifère.

Nous avons, selon le type de porosité de l’aquifère, deux types de nappes (figure 3.1)

• nappe d’interstice
• nappe de fissures

Figure 3.1

1.2. Limites physiques d’une nappe d’eau souterraine :

1.2.1. Limite inférieure ou mur de la nappe :

La limite inférieure de la nappe est constituée (voir figure 3.1.) :

- soit par une couche imperméable sous-jacente à la couche aquifère ; ce cas de figure est
rencontré dans les nappes d’interstice : cette limite est alors appelée le mur
imperméable de l’aquifère

- soit dans le cas d’une nappe de fissures, par la limite inférieure des fissures. Dans ce cas
elle correspond aussi au mur de la nappe.

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1.2.2. Limite supérieure ou toit de la nappe :

Que la nappe soit d’interstices ou de fissures, les deux cas suivants peuvent être rencontrés :

- nappe libre (voir figure 3.1) : lorsqu’un matériau perméable n’est pas recouvert par un
autre qui soit imperméable, il peut contenir une nappe dont le niveau supérieur de l’eau
est en relation avec l’atmosphère. Cette nappe est alors appelée nappe libre ; elle est
limitée supérieurement par une surface libre qui correspond à sont toit. Quand cette
nappe libre est très proche de la surface du sol pour pouvoir être exploitée par des puits
(phréatos) peu profonds, on l’appelle nappe phréatique. Le niveau supérieur d’une
nappe libre (ou son toit) fluctue dans le temps du fait de la recharge de la nappe ou de
son écoulement.

- nappe captive (voir figure 3.2 et 3.3) : lorsque le matériau perméable contenant la nappe
est recouvert d’un matériau imperméable, l’eau remplit tous les vides du milieu poreux
et est à une pression supérieure à la pression atmosphérique. La nappe est dite alors
captive et le niveau imperméable supérieur constitue sont toit. Quand l’horizon supérieur
qui limite une nappe ne pas être considéré comme imperméable mais qu’il est moins
perméable que la couche aquifère sous jacente ; celle-ci et alors appelée aquifère semi
captif. Le toit d’une nappe captive a une position fixe dans le temps tant que la nappe
reste captive.

Figure : 3.2

Figure : 3.3

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1.2.3. Limites latérales :

Une nappe peut être très étendue dans ses dimensions horizontales (jusqu'à plusieurs centaines de
kilomètres pour les grandes nappes de l’Afrique de l’ouest par exemple). Ses limites d’extension
horizontale sont alors soit des niveaux imperméables soit des limites physiques (comme des cours
d’eau par exemple).

2. Piézomètrie d’une nappe :

2.1. Niveau piézométrique :


On appelle niveau piézométrique en un point d’une nappe le niveau de l’eau stabilisé, en équilibre
avec la pression atmosphérique. Pour que ce niveau soit représentatif il doit être mesuré (par
exemple dans un puits ou un forage) en dehors de toute perturbation (prélèvements).

Pour une nappe captive, le toit imperméable maintient l’eau de la nappe sous pression si bien que
quand on réalise un ouvrage qui dépasse ce toit et atteint la nappe, le niveau de l’eau monte au
dessus du toit imperméable. Ce niveau de l’eau correspond au niveau piézométrique de la nappe
captive.
Qu’on soit en nappe libre ou en nappe captive quand le niveau piézométrique est mesuré par rapport
à un niveau de référence (par exemple l’altitude du niveau zéro des mers), il correspond à la charge
P v2
hydraulique qui s’écrit comme suit : H = z + + .
ρ g 2g
v2
En hydrogéologie les vitesses d’écoulement sont faibles et le terme est négligeable si bien la
2g
P
charge devient H = z + . Par ailleurs si on prend la pression atmosphérique comme origine pour
ρg
exprimer la pression P, la charge H pourra s’écrire alors en fonction de z et de h égal au niveau de
l’eau dans le puits ou le forage par rapport au sol soit : H = z - h.

2.2. Surface piézométrique d’une nappe :

La surface piézométrique d’une nappe est la surface, de même extension horizontale que la nappe,
reliant les niveaux piézométriques de tous les points de la nappe. Dans le cas d’une nappe libre, la
surface piézométrique coïncide avec la surface libre de la nappe. Dans le cas d’une nappe captive,
cette surface piézométrique se trouve au dessus du toit imperméable.

2.3. Nappe captive artésienne ou jaillissante :

Si en un certain point d’une nappe captive, la surface piézométrique passe au dessus de la côte du
sol, ceci signifie que le niveau piézométrique est au dessus du sol en ce point. En conséquence,
lorsqu’on creuse un forage en ce point, l’eau jaillit dès qu’on perce le toit imperméable.
Ce phénomène décrit à la figure 3.2 est appelé artésianisme.

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2.4. Tracé de la carte ou de la surface piézométrique d’une nappe :

Il se fait en procédant comme suit :

- Choix des points d’observation : Dans le périmètre de la nappe à étudier on choisit des
ouvrages puits et forages existants qui vont servir d’ouvrages d’observation. Si la densité de
ces points d’observation est jugée insuffisante, il peut être réalisé des piézomètres (forages
de faible diamètre destinés exclusivement au suivi du niveau de la nappe).
- Choix de repère pour la mesure des niveaux de l’eau de la nappe : Ce repère est souvent
pris comme étant la margelle du puits considéré ou le sommet du tubage du forage ou
piézomètre. La hauteur de ce repère (hr) par rapport au sol est aussi mesurée pour chaque
ouvrage.
- Mesure du niveau de l’eau par rapport au repère (h/rep): Il faut vérifier que les niveaux
mesurés sont stabilisés et qu’ils concernent la nappe étudiée et non pas une nappe supérieure
ou inférieure.
- Mesure de l’altitude du sol par rapport au niveau de référence (z) et calcul de H:
H = z – (h/rep - hr ).
- Report des valeurs de H et tracé des courbes isopiézes :
Les valeurs de H calculées au niveau de chaque point du réseau d’observation sont reportées
sur un plan topographique à une échelle adaptée au problème à résoudre.
Les courbes isopièzes de la nappe (ou lignes équipotentielles) sont des courbes reliant des
points d’égale valeur de H. Elles sont tracées pour différentes valeurs de niveaux
équidistantes les unes des autres (intervalles de 10, 5 ou 1 mètre selon le niveau de
précision du problème à étudier).
On utilise pour ce faire le plus souvent la méthode des triangles. (voir figure 3.4).

2.5. Interprétation d’une carte piézométrique :

- Tracé de lignes de courant : elles sont des lignes perpendiculaires en tout point aux lignes
isopiézes ou équipotentielles.
- Directions de l’écoulement : elles suivent les lignes de courant et sont orientées des zones
de plus haute valeur de charge vers celle de plus faibles valeurs de charge.
- Calcul des débits d’écoulement de la nappe : il peut se faire en considérant par exemple
une portion de nappe délimitée d’une part par deux lignes de courant et d’autre part par deux
lignes équipotentielles et en appliquant à l’intérieur de ce domaine la loi de Darcy.

Figure 3.4

27 23

Equipotentielle

24 21

Ligne de courant
19

2.6. Variations dans le temps de la surface piézométrique d’une nappe :

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La surface piézométrique d’une nappe varie dans le temps en fonction des caractéristiques
géométriques et hydrauliques de l’aquifère, et surtout des conditions d’alimentation et de drainage
(ou d’exploitation) de la nappe.
Cependant, dans la mesure où ces dernières conditions sont sensiblement constantes dans le temps,
le niveau de la surface piézométrique de la nappe peut être constant et le régime d’écoulement est
alors permanent.

3. Transmissivité d’une nappe :

On appelle transmissivité d’une nappe (notée T) le produit de sa perméabilité K par son épaisseur
mouillée e ; elle s’exprime en m2/s.
Dans le cas d’une nappe libre l’épaisseur mouillée varie dans le temps du fait des variations du
niveau de la nappe ; elle occasionne ainsi une variation de T.
Par contre dans le cas d’une nappe captive l’épaisseur mouillée ( épaisseur entre le toit et le mur de
la nappe est constante; ainsi la transmissivité est constante tant que la nappe reste captive.

4. Coefficient d’emmagasinement :

Le coefficient d’emmagasinement d’une nappe est égal à la variation de volume d’eau libre
d’écoulement dans un cylindre vertical de section unité, pour une variation, en plus ou moins, d’une
unité du niveau piézométrique. Le coefficient d’emmagasinement est noté S et s’exprime par un
nombre sans dimension.
De par cette définition quand il s’agit d’une nappe libre, le volume d’eau libre qui définit le
coefficient d’emmagasinement correspond à la porosité efficace ou porosité de drainage ne.
Par contre quand il s’agit d’une nappe captive, la variation en plus ou en moins du niveau de la
nappe qui permet de définir le coefficient d’emmagasinement résulte de phénomènes plus
complexes qui prennent en compte en plus la possibilité de compression ou décompression de l’eau,
de la matrice poreuse ou des grains qui la constituent. Ainsi le coefficient d’emmagasinement
correspond à une valeur 1000 à 10.000 plus petit que la porosité efficace du matériau constituant la
nappe.

5. Réserves et ressources en eau d’une nappe :

Les termes de réserve et ressource sont souvent utilisés pour qualifier les volumes d’eau d’une
nappe. Cependant il faut signaler que la réserve en eau qualifie plutôt le volume d’eau qui est
contenu dans la nappe tandis que la ressource fait allusion à la quantité d’eau qu’on peut en extraire.

On distingue plusieurs types de réserve ou ressource en eau pour une nappe qui sont :

5.1. Ressource exploitable :

Elle correspond au volume d’eau qui peut être prélevé d’une nappe en rabattant son niveau c'est-à-
dire en baissant sa surface piézométrique d’un état initial donné à un état final considéré comme
acceptable d’un point de vue technique et économique. Ce volume d’eau sera calculé en multipliant
le volume de nappe compris entre les niveaux piézométrique initial et final par le coefficient
d’emmagasinement de la nappe.
En l’absence de considérations plus précises les hypothèses suivantes sont utilisées pour le calcul
des réserves exploitables :
- en nappe libre le rabattement maximum à considérer doit être de l’ordre du tiers de
l’épaisseur initiale de la nappe jusqu’à une valeur maximale de 100m,

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- en nappe captive il faut prendre en compte le fait que les conditions de renouvellement des
réserves en eau sont moins garanties et que la nappe se comporte comme une mine. Ainsi il
y’a lieu de prendre plus de précautions et le rabattement maximum à considérer est de 100m.

5.2. Réserve totale :

Elle correspond à l’intégralité du volume d’eau contenu dans le milieu aquifère. En pratique elle se
calcule en multipliant le volume total du milieu poreux (de son toit jusqu’à son mur) par son
coefficient d’emmagasinement.

5.3. Réserve renouvelable ou Figure 3.5


régulatrice :

Elle correspond au volume d’eau Niveau hautes eaux


gravitaire contenu dans la zone de
fluctuation de la surface piézométrique
de l’aquifère considéré (qui est dans cas
une nappe libre). Cette zone de
fluctuation est limitée en haut par le
niveau des hautes eaux atteint après
Réserves renouvelables Réserves
l’alimentation de la nappe par les pluies
totales
et en bas par le niveau d’étiage. En
pratique la ressource renouvelable est Réserves permanentes
calculée en multipliant le volume de la
zone de fluctuation de la nappe par son Niveau étiage
coefficient d’emmagasinement.

5.4. Réserve permanente :

C’est la part de la réserve totale d’une nappe qui n’est pas renouvelable. C’est en d’autre terme le
complément de la ressource renouvelable par rapport à la réserve totale. Dans les aquifères à nappe
captive la réserve permanente est pratiquement la même que la réserve totale.

6. Quelques définitions :

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Niveau statique : niveau non influencé (donc Pompage

stabilisé) d'une nappe : Ns Rayon d’action


Sol
Niveau dynamique : niveau d'une nappe
influencé par des pompages par exemple Nd ; il Niveau statique
est fonction du temps et du point au niveau
duquel il est mesuré. Rabattement
Rabattement: différence entre niveau Cône de pompage
dynamique et niveau statique s = Nd-Ns est
aussi fonction du temps et du point au niveau Niveau dynamique

duquel il est mesuré.


Figure 3.6

Rayon d'action : l'influence d'un pompage dans un forage se propage tout autour de ce dernier en
s’atténuant au fur et à mesure. A une certaine distance du forage la nappe n'est plus influencée par
le pompage (c'est à dire que le rabattement est nul). On appelle alors rayon d'action Ra la distance
séparant le forage de pompage au point à partir duquel les rabattements commencent à être nuls.

Rayon efficace : généralement les captages sont construits de sorte que le niveau de l’eau dans
l’ouvrage soit le même celui dans la nappe sur une certaine distance au voisinage immédiat de
l’ouvrage. On appelle alors rayon re la distance comptée à partir du centre du forage sur laquelle le
niveau de l’eau est le même que dans le forage.

Cône de pompage : cône délimité par la courbe des Nd en fonction des distances du forage de
pompage et d'autre par le niveau statique.

Régime permanent : Un forage soumis à un pompage voit son niveau se rabattre, ce rabattement
occasionne d'après la loi de Darcy un écoulement des alentours du forage vers ce dernier.

Figure 3.7
Soit Qp le débit de pompage et de Qe le débit d'écoulement.
Au début du fait des faibles rabattements on a Qp » Qe
Pompage
ensuite s ä on a Qe ä et il arrive un moment où on a Qp =
Qe. En ce moment le pompage n'occasionne plus une
augmentation des rabattements. On dit alors qu'on a atteint
Qe < Qp un régime permanent (c'est à dire que s de même que les
autres paramètres de l'écoulement de dépendent plus du
temps).
Par opposition on appelle régime transitoire celui pendant
t1
lequel s ainsi que les autres paramètres de l'écoulement
dépendent
t2
du temps c'est le régime qui s'établit par exemple
entre le début du pompage et le moment où le régime
Qe = Qp permanent
t est atteint.
3

Puits complet - Puits incomplet :

Puits complet : puits ou forage traversant et captant un aquifère sur toute sa hauteur

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Puits incomplet : puits ou forage ne traversant et (ou) ne captant pas un aquifère sur toute la
hauteur de sa zone saturée

NB : ne pas utiliser de puits parfait ou imparfait à la place de puits complet ou incomplet.

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Chapitre 4 :

ETUDE SCHEMATIQUE DES NAPPES D’EAU SOUTERRAINE


EXEMPLES DE SYSTEMES AQUIFERES D’AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE

1. Différenciation entre les zones de socle et les bassins sédimentaires

On rencontre en général dans le monde deux grandes régions d’un point de vue géologique qui sont
les régions de socle cristallin et les bassins sédimentaires.
Les zones de socles correspondent à celles où la roche dure (socle cristallin) affleure parfois
directement ou est recouverte par une faible épaisseur de sédiments.
Les bassins sédimentaires sont des régions où le substratum rocheux a connu d’importants accidents
tectoniques qui ont occasionné de grandes dépressions qui sont par la suite comblées par des dépôts
sédimentaires d’age et caractéristiques variables.
Ces deux milieux géologiques présentent des caractéristiques hydrogéologiques différentes.

La figure 4.1 montre à l’échelle de l’Afrique de l’ouest et du Centre la répartition de ces deux
contextes géologiques.

Figure 4.1

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2. Hydrogéologie des bassins sédimentaires :

2.1. Caractères généraux

L’extension horizontale de ces couches est souvent très importante (de quelques dizaines voir
centaines de kilomètres) ; l’épaisseur des couches sédimentaires peut aussi atteindre des dizaines
voir des centaines de mètres.
Il y’a la possibilité d’avoir verticalement une succession de nappes (libre éventuellement pour la
premières en relation avec l’atmosphère et captives pour les autres).
Les couches aquifères étant généralement constituées de sédiments à porosité d’interstice s’étendant
sur de grands volume, il en résulte que :
- il y’a une bonne continuité hydraulique dans le milieu aquifère ainsi les nappes sont dites
continues ou généralisées et l’implantation des ouvrages de captage est relativement facile,
- la porosité efficace et la perméabilité des couches aquifères sont relativement bonnes,
- les réserves en eau sont relativement importantes,
- la productivité des nappes (débit pouvant être tirés des ouvrages de captage) peut être assez
importante.

Ces différentes caractéristiques confèrent aux nappes des bassins sédimentaires des avantages
importants.

2.2. Quelques exemples nappes de bassin sédimentaire en Afrique de l’ouest et du Centre :

2.2.1. Nappe du bassin Sénégalo mauritanien:

Figure 4.2 : nappes du bassin sédimentaire Sénégalo mauritanien

Nappe et lithologie Type ToitNiveau Q Mur


eau en m en m3/h
en m en m
Sables et grés du Maastrichtien captif 100 à 550
15 à 50 100 à 200
Calcaires paléocènes captif 200 à 500
Calcaires éocènes Captif et libre 100
Sables argileux du CT libre Epaisseur 100 à 200 5
Sables dunaires et alluvions libre
de cours d’eau

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2.2.4. Nappe du bassin côtier du Bénin :

Ce bassin se prolonge au Togo et au Ghana et comporte les principales unités aquifères suivantes :
Nappe et lithologie Type Toit Mur Niveau Q
en m en m eau en m en m3/h
Sables du Crétacé captif 100 à 600 20 à 40
Calcaires paléocènes captif Prof des forages : 300 à 500 7 à 75
Sables du CT libre Prof des forages inf à 150 10 à 30
Sables (nappe côtière) libre Epaisseur 20 40 Risque d’invasion marine

Figure 4.3 : nappes du bassin côtier du Bénin

2.2.6. Nappe du bassin de Douala (Figure 4.4):

Il s’agit d’un bassin côtier d’une superficie de près de 7000 km2 qui comprend 4 unités aquifères qui
sont de bas en haut :
- les grés de base qui reposent directement sur le socle ; cette nappe n’est pas bien connue
mais sa transmissivité mesurée ponctuellement ( 510-3m2/s) laisse penser à une nappe assez
productive.
- les formations sableuses du Paléocène qui reposent sur des formations imperméables du
sénonien,
- les sables du Mio-Pliocène qui reposent sur des formations imperméables de l’Eocène et du
Miocène inférieur,
- au dessus de la nappe des sables du Mio-Pliocène on trouve la nappe des sables du
Quaternaire ; ces nappes sont par endroits en communication hydraulique.

Figure 4.4 nappe du bassin sédimentaire de la région de Douala (Cameroun)

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3. Hydrogéologie des Zones de Socle :

3.1. : Définition des zones de socle :


Les zones de socle de l’Afrique peuvent être classées dans l’une des trois catégories suivantes, d’un
point de vue géologique :

3.1.1. Le socle précambrien :


Il représente les terrains les plus anciens (d’âge supérieur à 1,5 milliards d’années) du « bouclier
africain ». Cet ensemble, plus ou moins granitisé, appelé complexe de base, comprend :
- d’une part des roches cristallines (granite) provenant de la solidification d’un magma en
fusion,
- et d’autre part de roches cristallophyliennes, roches de dépôts sédimentaires transformées
sous l’influence de conditions de pression et de chaleur (métamorphose) : schistes, schistes
micacées, gneiss et granite.

3.1.2. Les formations infracambriennes et primaires :

Il s’ait de formations tabulaires moins anciennes ( ± 540 millions d’années). Elles sont relativement
mieux connues en Afrique de l’ouest. Elles couvrent de très larges surfaces en Mauritanie, au Mali,
en Guinée, au Burkina Faso, au Nord du Niger et du Tchad, au Congo et au Gabon.
Il s’agit de roches dures, parfois métamorphisées : grès, quartzites et schistes essentiellement.

3.1.3. Les roches éruptives :


Ces roches basiques (dolérites, gabbros) proviennent d’éruptions qui se sont produites à des dates
très diverses précambrien, primaire, jusqu’au quaternaire.
Quelle que soit leur origine, les roches des zones de socle sont des roches dures massives et donc
imperméable lorsqu’elles sont saines. Ainsi elles ne peuvent contenir et faire circuler de l’eau que
quand elles sont affectées par endroits par des fractures. Cette situation amène à parler de milieu
discontinu.

3.3. Etude de l’altération

Définition :
Le mot altération est employé avec un double sens ; il définit à la fois le phénomène physico-
chimique de transformation de la roche, et les produits de ce processus.
L’altération désigne ainsi un matériau sableux ou graveleux produit de la dégradation des roches
grenues.

Profil d’altération type :


La figure 4.5 présente une coupe type des terrains altérés, avec les différents niveaux suivants (de
bas en haut) :

- Roche dure : qui peut être fracturée et fissurée (fissures plus ou moins colmatés par les
produits d’altération descendus par lessivage) jusqu’au front de décompression.
L’épaisseur de la zone décomprimée varie de 0 à 40 mètres le plus souvent mais peut
atteindre dans certains cas 60 m et même plus ; cette épaisseur est essentiellement fonction
de la position par rapport aux fractures.
L’épaisseur de la zone fissurée varie de 0 à 30 mètres : elle est quasi nulle pour les schistes
et est grande pour les granites (boules).
- Altérites : qui comprennent à la base une couche d’arènes grenues suivie d’une couche
d’arène argileuse ensuite d’une couche plutôt argileuse. En zone de schiste les altérites sont
essentiellement argileuses.

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L’épaisseur d’altération est fonction de l’humidité du climat, de la fracturation et de la


nature de la roche mère. En zone de granite et de gneiss l’épaisseur d’altération est moins
importante (15 à 20 m si le climat n’est pas très humide) qu’en zone de schiste où elle peut
dépasser 40m et même atteindre 60 à 100m.
Pour les roches acides, le 1/3 ou 1/4 inférieur est constitué d’arènes grenues. Pour les roches
basiques et surtout les schistes, les arènes grenues sont absentes, toute la couche d’altérites
étant argileuse.
- Latérite : sols rouges et cuirasse latéritique.

- Couverture colluviale : sol de surface.

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Figure 4.5 : Coupe type de terrains en zone de socle

Couverture
colluviale

Cuirasse latéritique

Altérites
argileuses

Altérites
Arènes
argileuses

Arènes
grenues

Roche
fissurée
Roche dure

Roche
fracturée

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3.4. Le système aquifère en zone de socle:

En milieu aquifère poreux homogène, les fonctions capacitives (stockage de l’eau) et conductrices
(drainage de l’eau) sont confondues dans le même réservoir qui a à la fois une porosité et une
perméabilité relativement bonnes.
En milieu cristallin, aucune des couches du système (de la roche dure à la couverture de surface), ne
peut avoir à la fois une bonne porosité, une bonne perméabilité et un volume conséquent pour
constituer à elle seule un aquifère susceptible de fournir les débits souhaités. L’aquifère à considérer
sera alors un système composé de (figure 4.6):

- la couche d’altération (et éventuellement de roche fissurée) qui du fait de sa porosité


efficace relativement bonne (2 à 5%) et de son épaisseur (15 à 40m), va jouer le rôle de
réservoir d’eau. La perméabilité de la couche d’altération est par contre relativement
mauvaise pour permettre un écoulement convenable de l’eau sur la zone d’influence
sollicitée par un pompage. Ainsi elle ne pourra pas (à elle seule) assurer un renouvellement
rapide des volumes d’eau pompés et garantir un débit acceptable.

- la couche de roche fracturée (et éventuellement fissurée) va justement jouer ce deuxième


rôle ; en effet l’existence de fracture va occasionner des perméabilités relativement bonnes
qui vont permettre un écoulement facile de l’eau.

Ainsi le système aquifère altérites, roches fissurées et fracturées fonctionnera comme suit :

- l’eau contenue dans le réservoir des altérites s’écoule de manière verticale et est filtrée par la
couche de roche fissurée ; cet écoulement vertical, du fait qu’il concerne toute la zone
d’influence du forage de pompage peut permettre de mobiliser un volume conséquent d’eau,
- cette eau arrive par la suite dans les fractures de la roche dure captées par le forage où elle
peut s’écouler convenablement.

Contrairement aux nappes des formations sédimentaires, les nappes des zones de socle sont :
• des nappes discontinues : les horizons aquifères se trouvent seulement au droit des fractures et
fissures.
• les ressources et débits des ouvrages de captage sont nettement plus faibles,
• l’implantation des ouvrages de captage est plus difficile parce qu’elle nécessite l’utilisation de
méthodes permettant la localisation des lieux de fracture pour garantir des débits acceptables.

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Figure 4.6
Couche ne en % K Eau dispo.
par m3 de sol
Altération
Sèche sans objet sans objet sans objet

Altérites
argileuses 2à5 Faible 20 à 50 litres

Arènes
grenues 5 à 10 Bonne 50 à 100 litres

Roche
fissurée 0,5 à 1 Bonne 5 à 10

Roche
fracturée 0,05 bonne 0,5

Roche négligeable négligeable Négligeable


Saine

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2ème partie : Les Ouvrages de captage d’eau souterraine


Introduction :

Les eaux souterraines sont captées par puits, forages ou par l’aménagement de sources.
Le choix entre ces différents ouvrages obéit à des critères techniques et socio-économiques.
Ainsi, l’aménagement d’une source d’eau est souvent la solution la moins onéreuse (en
investissement et en fonctionnement) mais elle n’est possible que dans certaines conditions (régions
de relief avec une pluviométrie relativement importante).

Dans le cas où on doit utiliser un puits ou un forage, le choix entre ces deux types d’ouvrages est
plus complexe. Il doit entre autre prendre en compte :

- les conditions hydrogéologiques : l’exploitation des nappes profondes par puits est
difficile et économiquement non justifiée,
- l’importance des besoins à satisfaire qui peut justifier le choix de la nappe qui a les
capacités souhaitées et donc le type d’ouvrage approprié pour cette nappe,
- la capacité des populations à prendre en charge l’ouvrage et ses équipements : les
possibilités de participation des populations à l’investissement et au fonctionnement
sont plus importantes pour un puits que pour un forage,
- les contraintes et exigences en matière d’hygiène et de salubrité : un forage offre plus de
garantie par rapport aux conditions d’hygiène et de salubrité
- les conditions d’accès pour les besoins d’entretien et de maintenance de l’ouvrage et des
équipements d’exhaure éventuels,
- les budgets disponibles pour la réalisation et l’exploitation.

Le tableau comparatif suivant donne quelques spécificités des puits et forages.

PUITS FORAGE
Diamètre Grand (de 1,40 à 1,80m) Petit (10 à 20’’ en général)

Profondeur Faible (généralement moins de 100m) Grande (~ 1000 m en forage d’eau)

Mode d’exécution Mécanisé et ou manuel Mécanisé

Temps d’exécution Souvent long (2 à 3 mois) Faible (quelques jours à quelques


semaines)
Coût (au ml) Relativement élevé surtout si Tend à baisser de plus en plus
l’ouvrage est profond
Mode d’exhaure Manuel ou motorisé Souvent motorisé

Fonctionnement et Simple et peu coûteux Plus coûteux


entretien
Hygiène Moins assurée Plus assurée

Dans ce suit il sera abordé :


- la construction et l’équipement des forages et des puits,
- l’entretien des puits et des forages.

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Chapitre 5 : TECHNIQUES DE FORAGE

1. Battage ou Percussion à cadence lente

1.1. Principe :

Il s’agit du procédé de forage le plus ancien et partant, le plus rustique, qui fut utilisé en CHINE il y
a 4000 ans.
Le forage est réalisé par fractionnement de la roche sous l’effet de la chute répétée d’un trépan
suspendu à un câble (ou éventuellement un train de tiges). Le mouvement alternatif du trépan est
produit soit par un système à « balancier » ou « excentrique ».
Les sédiments sont récupérés au moyen d’une soupape descendue dans le forage en lieu et place du
trépan, à intervalles de temps réguliers.
Dans les formations non consolidées, il est nécessaire de descendre une colonne de tubage
provisoire au fur et à mesure de l’avancement du forage. Le diamètre intérieur de ce tubage est juste
supérieur à celui du trépan. Les frottements contre les parois du forage limitent toutefois la
progression de la colonne et il peut être nécessaire de télescoper un ou plusieurs tubages à
l’intérieur de la première colonne pour poursuivre le forage. Ces tubages sont mis en place par
poussée et louvoiement (rotation en aller et retour). Ils peuvent être ensuite enlevés ou coupés et
ôtés sur la profondeur inutile, selon l’équipement définitif du forage.

1.2. Description du matériel de battage :

Il existe deux techniques de forage au battage avec des spécificités qui sont :
- le battage à la tige (figure 5.1) où le trépan, surmonté d’une masse tige (pour augmenter le
poids des pièces percutantes), est suspendu à un train de tiges vissées les unes aux autres au
fur et à mesure de l’avancement du forage. Un tel équipement nécessite le démontage du
train de tiges à chaque opération de curage à la soupape et occasionne une grande perte de
temps.
- le battage au câble (figure 5.2) où le trépan et la masse tige sont directement suspendus à un
câble manoeuvré par un treuil installé au sol.

1.3. Domaine d’utilisation de la technique de battage :

1.3.1. Nature du terrain :

C’est une technique universelle traversant pratiquement tous les types de terrains, avec cependant :
- une faible vitesse d’avancement dans les roches très dures,
- une vitesse plus lente que le forage par rotation en terrains tendres et non consolidés.
Le domaine d’élection de cette méthode est donc celui de terrains cohérents, pas trop dures (grès
tendres, marnes indurés, schistes ou calcaires fracturés).
Les formations non consolidées nécessitent un tubage provisoire, éventuellement télescopé pour
tenir compte des frottements.

1.3.2. Profondeur maximum et diamètre :

Cette méthode convient bien pour des forages peu profonds (moins de 100 m), mais peut être
éventuellement utilisée pour de plus grandes profondeurs ; la vitesse d’avancement est alors
sensiblement réduite.

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Les diamètres de forage habituels sont compris entre 250 et 500 mm (10’’ et 20’’), mais il existe
des machines de battage capables de forer jusqu’en 1,5 m de diamètre (puits forés au battage).

1.4. Avantages et inconvénients :

La méthode de battage présente de nombreux avantages :


- simplicité et robustesse du matériel : personnel relativement peu spécialisé, maintenance
facile, coût de l’atelier deux fois moins cher que celui d’un forage par rotation
- l’absence de circulation de boue permet :
o d’éviter la nécessité d’un travail en continue
o de mieux repérer les venues d’eau dans le forage
o d’éviter les difficultés de nettoyage ultérieur du forage
o de faciliter la prise d’échantillons qui sont du reste plus représentatifs,
o faible consommation d’eau : quelques dizaines de litres à l’heure, versés au fond du
forage pour faciliter le travail de l’outil.

En revanche, cette méthode présente un inconvénient : la lenteur d’exécution. Pour cette raison
majeure, elle est de plus en plus délaissée. Elle n’est presque utilisée que là où les autres techniques
de forage ne sont pas appropriées.

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5.1 : 5.2 :
Figure battage à la tige Figure battage au cable Utilisation de la soupape

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2. Forage par rotation :

2.1. Principe :

L’outil d’attaque qui est à des dents ou des lames est entraîné en rotation par le train de tige de
la sondeuse. Cet outil, sous la double action de la rotation et du poids des tiges, perfore la
roche et la fragmente.
Ce procédé est complété par une circulation dans le forage, à l’aide de pompes appropriées ou
de compresseurs, d’un fluide d’injection. Ce fluide a pour fonction première de faire remonter
à la surface du sol les déblais de forage.

Au cas où le forage traverse des terrains non consolidés il y’a besoin de stabiliser les parois de
ce dernier ; le fluide de circulation utilisé pourra alors être une boue qui dépose sur les parois
une croûte résistante ou « cake ». Une deuxième solution pour résoudre ce problème consiste
à descendre au fur et à mesure de l’avancement du forage un tubage provisoire.

2.2. Description du matériel de forage par rotation : (voir figure 5.3 et 5.4.)

La ligne de sonde comprend :

L’outil de forage: Il peut être à lames ou à molettes (tricône). Les outils à lames sont utilisés
dans les terrains sédimentaires compacts à structures fines et de dureté peu élevée. Ils
permettent d’avoir une bonne vitesse d’avancement mais nécessitent une bonne adresse du
foreur. Les outils à molettes sont par contre adaptés à tout type de terrains sédimentaires et
sont d’utilisation plus simple. Ils sont de ce fait les plus utilisés dans les chantiers de forage à
la rotation.
Figure 5.3 : Outils de forage à la rotation :

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Figure 5.4 : Atelier de forage à la rotation :

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- les masses tiges : Ce sont des tubes à parois très épaisses dont le rôle principal
consiste à faire du poids et à permettre aux tiges supérieures de ne pas travailler en
compression. Pour ce faire il faut qu’en position de forage, le point où les efforts de
traction s’équilibre avec ceux de compression (point neutre) soit sur la partie masse
tige. Pour arriver à ce résultat il faut en pratique respecter la règle suivante : l’outil ne
doit pas être chargé d’un poids supérieur à 50 à 75 % du poids de toutes les masses
tiges.
- le train de tiges : Ces tiges sont vissées entre elles et sont principalement soumises à
des efforts de traction quand la colonne est en position suspendue. Les tiges
supérieures sont celles qui sont le plus soumises à cette sollicitation. Ainsi pour
minimiser le degré de déformation éventuelle des tiges il y a lieu de les permuter
régulièrement. Les tiges sont en acier de nuances et de limites élastiques différentes.
- la tige carrée (ou Kelly) : C’est une pièce unique dans la ligne de sonde qui n’existe
que dans les grands ateliers de forage dotés de table de rotation.
- la tête d’injection : C’est un organe délicat qui assure les fonctions suivantes :
o liaison hydraulique étanche du circuit de fluide entre le flexible d’alimentation
et la conduite intérieure des tiges,
o transmission à la ligne de sonde de l’effort de traction du palan,
o libre rotation de la ligne de sonde sous la tête d’injection fixe, au moyen de
roulement à billes.

2.3. Les paramètres de forage :

Pour le fonçage du trou de forage, l’outil reçoit de la ligne de sonde un mouvement de


rotation et une partie de son poids. Les paramètres du forage sont :
- le poids sur l’outil,
- la vitesse de rotation,
- et les paramètres du fluide de circulation.
Le poids sur l’outils est contrôlé par un dynamomètre et il doit au plus être égal au poids des
masses tiges majoré de 50 à 75%.
La vitesse de rotation est à moduler en fonction du poids sur l’outil et la nature des terrains à
forer. A titre indicatif on peut adopter :
- pour des terrains tendres : sables, argiles, altérations, grès tendres :
o poids sur l’outil : 700 à 900 kg par pouce de diamètre de forage,
o vitesse de rotation : 85 à 150 tours par mn.
- pour des terrains durs : grès, calcaires :
o poids sur l’outil : 1400 à 1800 kg par pouce de diamètre de forage,
o vitesse de rotation : 40 à 50 tours par mn.
Le mouvement de rotation de la ligne de sonde est assuré par la table de rotation (ou la tête de
rotation) mise en mouvement autour de son axe vertical par un moteur, et entraînant donc
dans ce mouvement la tige carrée qui coulisse à travers la table.

2.4. Domaine d’application :

Le forage au rotary à la boue, conçu pour forer sans tubage dans les terrains meubles ou peu
consolidés, est la seule méthode permettant de réaliser des forages à moyenne ou grande
profondeur dans les bassins sédimentaires récents, constitués de roches variées, généralement
tendres et peu cohérentes.

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Son domaine d’élection est celui des roches, de dureté faible à moyenne. Au delà d’une
certaine dureté de la roche, son rendement diminue fortement, de sorte que le forage à la
rotation convient mal aux roches dures ou très dures (des zones de socle par exemple).
Il n’y a pas de limite technique à la profondeur qui peut être atteinte mais une limite de prix
de revient. En Afrique de l’ouest, par exemple, il existe des forages d’eau dont la profondeur
dépasse 1000m mais le plus souvent, la profondeur des ouvrages se situe entre 100 et 500
mètres.
Le procédé est relativement lent, compte tenu de toutes les opérations annexes au forage
proprement dit et les risques sont plus grands que sur les forages peu profonds. Le maintien en
circulation de la boue (à la bentonite) exige un travail continu à 2 ou 3 postes. Enfin, la
diversité et la complexité du matériel et des opérations demande un appui constant de la base.
La consommation d’eau est importante et il faut prévoir des moyens d’approvisionnement
lourds pour acheminer sur les chantiers les fournitures nécessaires (eau, bentonite, ciment,
fuel, etc.).
Il en résulte que cette méthode est onéreuse.

2.5. Quelques variantes de techniques et matériel de forage à la rotation :

2.5.1. Atelier de forage avec tête de rotation :

Pour les sondeuses légères, Figure 5.5 : Atelier de forage avec tête de rotation
l’emploi de la table de rotation
pour faire tourner la ligne de
sonde est abandonné généralement
et remplacé par une tête de
rotation en tête du train de tiges.

Cette tête est mise en rotation par


un moteur hydraulique, et elle se
déplace verticalement sous l’effet
de vérins hydrauliques ou de
câbles, et peut s’effacer
latéralement pour faciliter le
montage et le démontage des
tiges.

Ce dispositif présente les avantages suivants :

- banalisation des tiges : il n’y a plus de tige carrée à démonter et remonter à chaque
addition de tige,
- meilleur contrôle de la poussée sur la ligne de sonde, notamment au début du forage
pour lequel le système classique ne permet pas de lester convenablement la ligne de
sonde.

2.5.2. Forage avec circulation inverse :

La technique de forage à la rotation avec circulation du fluide à partir de l’intérieur du train


de tige (circulation directe) devient difficile quand le diamètre du forage est grand (à partir de

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24 pouces). Le coût des pompes devant faire circuler la boue devient exorbitant et leur
rendement assez faible. Pour palier ces inconvénients on utilise la circulation inverse pour
laquelle le fluide de circulation est introduit dans l’espace annulaire entre le tubage et le
forage et la remontée des déblais se fait par les tiges de forage qui ont un diamètre de 150 à
200 mm. Deux techniques peuvent être utilisées pour faire remonter les déblais :
- l’aspiration du fluide et des déblais par un pompe centrifuge spéciale (possibilité de
passage de graviers et galets),
- l’utilisation d’air comprimé.
Les outils, les tiges, la tête d’injection, le dispositif de pompage sont conçus pour laisser les
graviers, galets et déblais de taille centimétrique.
La circulation inverse permet d’obtenir une grande vitesse de remontée indépendante du
diamètre du forage et, par conséquent, un bon nettoyage du trou même pour des grands
volumes de déblais. C’est une technique de forage en grand diamètre et à profondeur
relativement faible.

3. Forages au Marteau fond de trou :

3.1. Principe et description du matériel à marteau fonds de trou :

L’outil de forage est un marteau associé à un taillant dont la base comporte des boutons en
carbure de tungstène qui sont vissés au train de tiges creuses. Cet ensemble est alimenté en air
comprimé (haute pression) à travers une tête d’injection et un flexible. Ce système assure
ainsi des mouvements verticaux et une légère rotation du train de tiges et du marteau. La
roche en contact du taillant est de ce fait broyée en petits morceaux.
Le fluide de circulation utilisé est l’air, qui, détendu à son passage dans le marteau, acquiert
une grande vitesse et remonte dans l’espace annulaire (entre les tiges et les parois du forage)
en entraînant les déblais.
Le débit d’air doit permettre d’une part le fonctionnement correct du marteau, d’autre part une
vitesse de remontée dans l’espace annulaire supérieure à 15 m/s pour assurer l’évacuation des
déblais.
- en basse pression (10,5 bars), ces deux fonctions exigent un débit de 15 à 20 m3/mn,
- en haute pression (17,5 bars), qui est le système en voie de généralisation (plus grande
vitesse d’avancement), c’est le fonctionnement du marteau qui le plus exigeant en
débit (20 à 30m3/h).
La cadence de percussion du marteau varie selon la pression d’air de 1200 à 1600 tours par
minute.
Dans un granite de dureté moyenne, la vitesse d’avancement se situe entre 10 et 20 m/h.
La tête de rotation en tête du train de tiges est rétractable pour assurer le montage et le
démontage des tiges. Elle a par ailleurs pour fonction :
- d’assurer l’alimentation en air comprimé entrant dans les tiges par un flexible,
- de maintenir une poussée sur l’outil (0,5 à 2 T selon les types de marteau, les
diamètres et les terrains,
- d’assurer la rotation du train de tiges (15 à 30 tours/mn).

3.2. Domaine d’utilisation :

C’est la méthode la plus adaptée aux forages de petit diamètre (100 à 220 mm) en zone de
socle, étant entendu qu’un dispositif complémentaire (généralement le rotary à l’air) doit lui
être associé pour la traversée des couches superficielles.

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Figure 5.6 : Atelier de forage au marteau fond de trou

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3.3. Quelques variantes d’ateliers de forage au marteau fond de trou :

3.3.1. Atelier mixte rotary marteau fond de trou :

Le forage au marteau fond de trou convient bien aux roches dures des zones socle qui sont
souvent recouvertes de terrains tendres parfois non consolidés. Dans ces cas le fonçage des
terrains tendres non consolidés surtout s’ils sont argileux et contiennent un peu d’eau, peut
poser des problèmes au marteau (formation de boue collante qui peut coincer l’outil).
Pour pallier cet inconvénient, les sondeuses à marteau fonds de trou sont généralement
munies de dispositifs complémentaires (à la rotation) pour forer les couches superficielles
d’altération, avant la roche fissurée ou saine : atelier mixte Rotary Marteau Fond de trou.

3.3.2. Atelier de forage avec tubage à l’avancement

Certaines sondeuses au marteau fonds de trou sont munies d’un système de tubage à
l’avancement qui peut être :
- le système Saturne :
Le tubage à l’avancement est mis en rotation par un moteur indépendant, en sens inverse des
tiges. Le marteau est muni d’un excentrique forant à un diamètre légèrement supérieur à celui
du tubage.
Le tubage, muni d’un sabot, est poussé vers le bas par la tête de rotation, les éléments étant
vissés en même temps que les tiges, au fur et à mesure de la descente.
Lorsque la roche dure est atteinte, l’outil peut être retiré du tubage en escamotant
l’excentrique. Le forage peut alors continuer avec un taillant conventionnel de plus petit
diamètre.
- le système Ordex :
Les différences avec le système précédent sont que le tube avance par poussée sans rotation et
qu’il est constitué d’éléments soudés, laissés en place définitivement.

4. Les fluides de circulation :

Il existe plusieurs types de fluides de circulation qui sont :


- l’air,
- la mousse,
- les boues de forages,

4.1. L’air :
L’air est utilisé comme fluide de circulation dans les forages des terrains consolidés en
particulier dans les forages des roches dures au marteau fond de trou.
4.2. La mousse :
Le forage à l’air de terrains même consolidés peut dans certains cas poser quelques
problèmes :
- formations argileuses qui ont tendance à encrasser l’outil de forage,
- débit du compresseur d’air relativement faible).
L’utilisation de la mousse comme fluide de circulation peut aider à résoudre ces problèmes.
L’emploi de mousse en forage au marteau fond de trou améliore la remontée des cuttings lors
de la traversée d’altérites épaisses et mal consolidées, en les maintenant en suspension grâce à
son émulsion. Par ailleurs, elle limite l’érosion des parois par le courant d’air comprimé.

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4.3. Les boues de forages :


Elles sont soit à base de bentonite ou à base de polymères naturels ou artificiels.

4.3.1. Propriétés des boues de forage :


Les caractéristiques d’une boue de forage doivent être contrôlées et au besoin corrigées tout
au long de la réalisation du forage ; celles-ci sont relatives à :
- densité : Elle est mesurée avec la balance de Baroïd.
- viscosité : Elle est mesurée avec l’entonnoir de Marsh qui a un volume de 0.946 litres
(1/4 de gallon).
- filtrat et cake: Ces caractéristiques sont mesurées avec une presse de Baroïd.
- pH : Il est mesuré avec du papier pH.
- teneur en sable : La présence de sable dans la boue est néfaste ; le sable à tendance à
éroder la pompe à boue. Ainsi la teneur en sable ne doit pas dépasser 5% en volume.
La teneur en sable se mesure avec un Elutriomètre ou un tamis Baroïd (tamis spécial
de maille 200 mesh soit 74 microns).
La circulation de la boue est assurée de la façon suivante :
A partir d’un bac de stockage au sol, la pompe à boue refoule celle-ci dans la tête d’injection
en haut de la tête d’injection par l’intermédiaire d’un tuyau flexible.
Les boues descendent à l’intérieur du train de tiges, arrivent à l’outil qu’elle lubrifient et
remontent dans l’espace annulaire (entre les tiges et la paroi du forage) en entraînant les
débris de forage (cuttings). Pour que cet entraînement soit bien assuré, il faut une vitesse
ascensionnelle de la boue dans l’espace annulaire, de l’ordre de 1 m/s.
A la sortie du forage, la boue est traitée (tamisage et dessableur pour récupération des
cuttings) et retourne dans le bac.

Le tableau 4.1 donne pour une boue à la bentonite les caractéristiques à respecter ainsi que les
mesures de correction éventuelles :

Dans certains cas il est ajouté à la boue des additifs (polymères artificiels) pour résoudre des
problèmes comme :
- la traversée de fissure, faille ou de karst qui provoquent des pertes de boue et qui
nécessite l’utilisation de colmatant,
- la traversée de marnes ou argiles qui au contact de l’eau de la boue peuvent se gonfler
et provoquer le coincement de l’outil et le train de tige de forage. Dans ce cas les
additifs sont des anti gonflants.

4.3.4. Elimination du cake :

En principe, le forage à la rotation à la boue est mené avec un même diamètre de forage sur
toute sa longueur.
Le forage terminé, avant de l’équipier de tubes et crépines adéquats, on procède à
l’élimination du cake : si la pression de l’eau contenue dans la roche dépasse de quelques
kg/cm2 celle de l’eau dans le forage, le cake se détache tout seul. Sinon, on peut le détruire
par dispositifs mécaniques (racleurs) ou par voie chimique (acide chlorhydrique et fluor
hydrique).

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Figure 5.7 : Divers équipements pour le travail de la boue

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Tableau 5.1. Caractéristiques de la boue et mesures de correction

Paramètre
Appareil de
mesure Problèmes Solutions
Valeurs
normales

Trop forte : Dilution par l’eau en contrôlant les


Densité - risque de perte de boue, autres caractéristiques,
Balance de - cake trop épais Brasser énergiquement à la
Baroïd mitrailleuse
1.2 Trop faible : cake trop mince, Ajouter de la bentonite ou de la
risque de dégradation des parois, baryte et brasser
éboulements, éruptions si
artésianisme
Trop forte : difficulté de pompage, Emploi de pyrophosphates, de
Viscosité risque de coincement pendant les tanin, de lignites, ligno-sulfates
Entonnoir de arrêts de circulation Attention au pH
Marsh Trop faible : risque de perte de Ajouter de la bentonite, de
35 à 45 s boue et de coincement par l’amidon ou de la fécule
séparation des éléments constitutifs
de la boue
Filtrat et cake Filtrat trop grand = cake trop Ajouter amidon, fécule ou CMC
Filtre presse de mince : risque d’éboulement et de Mixer et brasser
Baroïd perte de boue
Epaisseur de Filtrat trop faible = cake trop épais : Dilution par l’eau
cake=5mm au risque d’aveuglement des venues Contrôler les autres caractéristiques
maximum pour d’eau Brasser à la mitrailleuse
un filtrat de 5 à
10 cm3
Teneur en sable Risque d’usure par érosion des Employer des dessableurs à
Tamis de Baroïd pompes à boue cyclones
(maille 74µ)
5% en volume
pH pH>11= contamination par le Employer les poly phosphates
papier ciment ou par l’eau de la formation acides si pH>11
colorimétrique pH<7 = excès d’acidité, risque de ou neutre si pH<7
7 à 9.5 floculation

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Chapitre 6 : EQUIPEMENT ET MISE EN PRODUCTION DES FORAGES

Après la phase de forage par les méthodes citées précédemment, choisies en fonction de la
nature géologique du terrain et de la profondeur à atteindre, on procède à la mise en place de
l’équipement (tubages et crépines), à la pose du massif de gravier filtre, au nettoyage et à la
mise en production de l’ouvrage : par un traitement chimique éventuel, un développement et
des essais de pompage.
Ce n’est qu’à l’issue de ces différentes phases que le forage est prêt à être exploité.

1. Description des différentes parties de l’équipement d’un forage:

De bas en haut, la colonne de captage Figure 6.1


comprend :

- un tube plein avec fond servant


de piège à sable,
- des crépines, qui sont la partie
captante du forage et son placées
(de manière continue ou parfois
discontinues) en face des venues
d’eau de l’aquifère
- un tube d’exhaure : tube acier
(casing) ou tube PVC plein relié
aux crépines et les surmontant.
- Si le tube d’exhaure est long
(plusieurs dizaines de mètres), il
est conseillé d’utiliser des
centreurs (aciers ou bois) pour
s’assurer de la bonne position au
centre du trou de l’équipement.
- La chambre de pompage :
c’est un équipement facultatif,
mais généralement nécessaire
pour permettre l’installation
d’une pompe immergée d’un
diamètre ne passant pas dans le
tube d’exhaure.

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La chambre de pompage est un tubage en acier (casing) ou en PVC surmontant le tube


d’exhaure (étanchéité avec cimentation) et descendant de quelques mètres au-dessous du
niveau de rabattement maximal prévisible.

La figure 6.1 montre l’ensemble de ces différents équipements de la colonne de captage.

2. Choix des caractéristiques de l’équipement :

2.1. Profondeur du forage :

La profondeur à donner à un forage dépend de considérations techniques et économiques.


L’idéal est de réaliser un ouvrage complet (qui va jusqu’au mur de la couche aquifère) ; ceci
présente deux avantages qui sont :
- on peut exploiter toute la couche aquifère,
- on a la possibilité de rabattre au maximum le niveau de l’eau.
Par contre cette option peut ne pas être économiquement justifiée surtout si les débits
d’exploitation souhaitée sont relativement faibles par rapport aux capacités de la nappe. Cette
dernière raison fait que très souvent (en Afrique surtout) les forages d’eau ont des profondeurs
qui ne vont va pas jusqu’au mur de la couche aquifère ; ils captent juste une épaisseur
suffisante pour fournir les débits demandés.

2.2. Diamètres des différentes parties:

Les diamètres de forage et de tubage des différentes parties d’un forage sont conditionnés par
les débits que l’on désire extraire. Il faut que le diamètre du tubage de la chambre de pompage
soit suffisant pour accueillir la pompe immergée souhaitée.
Les espaces annulaires entre tubage et trou de forage doivent être suffisants pour permettre le
glissement sans difficulté des équipements ou l’exécution en cas de besoin d’opérations
comme la cimentation ou la mise en place de massif filtrant efficace.

De manière pratique, on peut procéder comme suit :


- à partir du débit d’exploitation du forage, choisir avec les catalogues des constructeurs
de pompes, l’encombrement (diamètre) de la pompe nécessaire.
- le diamètre du tubage de la chambre de pompage sera choisi légèrement supérieur à
celui de la pompe ; en général un jeu de 1’’ est adopté entre pompe et tubage de la
chambre de pompage.
- de même, le diamètre du trou de forage (pour la partie chambre de pompage) sera
légèrement supérieur à celui du tubage adopté. A titre indicatif le jeu entre ces deux
diamètres peut aller d’un peu moins d’un pouce à 2 pouces.
- le tubage d’exhaure et le captage sont de même diamètre (souvent inférieur à celui de
la chambre de pompage pour des raisons d’optimisation du coût des tubages). Ce
diamètre doit permettre une vitesse ascensionnelle de l’eau limitée à 2.5m/s.
- le diamètre du trou de forage de cette partie doit laisser un jeu suffisant pour
l’installation d’une couche de massif filtrant dont l’épaisseur peut atteindre 3 pouces.

2.3.4. Contrôle de la verticalité et de la rectitude :

Le tubage doit être rectiligne et vertical, tout au moins dans certaines limites de tolérance
fixées par le cahier des charges (entre 0.25 à 0.50% pour la verticalité).
La verticalité se mesure par un fil à plomb

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La rectitude se contrôle en faisant introduire dans le forage un calibre rectiligne d’une certaine
longueur et d’un diamètre légèrement inférieur à celui du tubage. Le calibre doit pouvoir
circuler librement sur toute la hauteur du forage.

2.4. Choix de la crépine :

2.4.1. Rôles, types et caractéristiques :

Dans les terrains durs (roches fissurées ou fracturées), on peut choisir de laisser la partie
captante sans crépine (trou nu) ou mettre par mesure de sécurité une crépine. L’expérience des
forages captés en trou nu a montré des problèmes qui justifient la mise en place systématique
d’une crépine d’autant plus qu’elle est souvent en PVC.
Dans les terrains non consolidés, la crépine est nécessaire parce qu’elle remplit trois fonctions
essentielles :
- laisser passer l’eau sans pertes de charge importantes
- laisser passer, au moment du développement, les éléments les plus fins pour
augmenter la perméabilité juste derrière la crépine, par accumulation localisée des
éléments les plus gros
- retenir les éléments du terrain derrière la crépine pendant l’exploitation.
Figure 6.2. Principaux types de crépines
Crépine à fil continu (Johnson) Crépine à nervures repoussées

Crépine à trou oblong Crépine à fente à coup de scie PVC

Il existe différents modèles de crépines (voir figure 6.2.) Une crépine est caractérisée
principalement par :
- son coefficient d’ouverture C : rapport de la surface des ouvertures par rapport à la
surface latérale totale du tube crépiné ;
- sa largeur des fentes (ou ouverture), mesurée en slot (égal au millième de pouce)
Le coefficient d’ouverture varie considérablement selon le type de crépine et la forme des
ouvertures. Il peut varier de l’ordre de 15 à 50% pour les crépines Johnson et de 8 à 15% pour
les crépines à fentes horizontales en PVC.

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e
Pour une crépine Johnson le coefficient d’ouverture C s’exprime sous la forme C = 100.
e+ l
avec : e = ouverture de la crépine et l = largeur du fil enveloppe.
Le coefficient d’ouverture permet d’évaluer le débit pouvant traverser la crépine. La vitesse
maximale admissible de l’écoulement à travers la crépine devant être de l’ordre de 3 cm/s.
C
Le débit par mètre linéaire de crépine sera q = 3600.π .D. .0.03 ≈ 3.4.D.C avec :
100
q en m3/h, D en m et C en %.
Le débit par unité de longueur permet d’évaluer la longueur minimale à donner aux crépines
compte tenu du débit souhaité et d’un coefficient de réduction du débit de 0,5 à 0,75 pour
prendre en compte un colmatage ultérieur par incrustation de la crépine.
Cette longueur doit être inférieure à la hauteur mouillée de l’aquifère après rabattement.

2.4.2. Détermination de la longueur limite des crépines

Celle-ci est fonction de:


- la nature de la nappe à capter (nappe libre ou nappe captive),
- la nature lithologique des couches captées (couche homogène ou hétérogène),
- du débit d'exploitation souhaité de l'ouvrage.
Ainsi on peut distinguer plusieurs cas de figures:

2.4.2.1. Nappe captive en terrain homogène:

La crépine est placée à la base de la formation:


a) Nappe très peu épaisse (< 7,50m), la crépine est posée sur 70% de l'épaisseur.
b) Nappe d'épaisseur comprise entre 7,50 et 15m, la crépine est posée sur 75% de
l'épaisseur de la nappe.
c) Nappe d'épaisseur supérieure à 15m; la crépine est posée sur 80% de l'épaisseur.

2.4.2.2. Nappe captive en terrain hétérogène:

La crépine est posée préférentiellement sur 70% à 80% de la couche la plus perméable; celle-
ci est détectée à partir de l'analyse granulométrique des couches aquifères. Si la couche la plus
perméable s'avère trop mince pour fournir à elle seule tout le débit souhaité, plusieurs couches
peuvent être crépinées à la fois de la manière suivante (figure 6.3) :

a) Sable fin surmontant une épaisse couche de sable grossier: la crépine sera posée sur
seulement 70 à 80% de la couche de sable grossier.
b) Forte couche de sable fin surmontant une mince couche de sable grossier: la crépine
sera posée sur toute la couche de sable grossier et environ la moitié de la couche de
sable fin (avec des ouvertures et des massifs filtrants différents).
c) Sable grossier surmontant une couche d'épaisseur équivalente de sable fin: crépiner
toute l'épaisseur de sable fin et la moitié au moins de la couche supérieure de sable
grossier (avec des ouvertures et des massifs filtrants différents).
d) Sable fin intercalé entre deux couches de sable grossier: crépiner toutes les deux
couches inférieures et le tiers ou la moitié de la couche supérieure (avec des
ouvertures et des massifs filtrants différents).

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Figure 6.3. Position des crépines en nappe hétérogène

Remarque: Dans le crépinage de couches hétérogènes, deux règles sont à respecter:

Règle 1: Si les matériaux fins sont au dessus de éléments grossiers (cas le plus fréquent)
prolonger d'au moins 0,60m vers le bas la crépine des éléments fins.
Règle 2: Dans le cas de matériaux fins au dessus des matériaux grossiers, l'ouverture à
choisir pour les éléments grossiers ne doit pas être supérieure au double de
celle adaptée aux matériaux fins. Pour l'éviter une crépine de caractéristiques
intermédiaire doit être installée.
Figure 6.4 Crépinage d’une couche grossière surmontée par une couche fine (règle 1)

2.4.2.3. Nappe libre en terrain homogène :

Crépiner le 1/3/ ou au plus la moitié de la couche aquifère.

2.4.2.4. Nappe libre en terrain hétérogène

Procéder de la même manière qu’en nappe captive en terrain hétérogène tout en crépinant le
1/3 ou au plus la 1/2/ de la couche aquifère.

2.5. Le massif filtrant :

2.5.1. Rôles du massif de gravier :

- le massif de gravier doit retenir les éléments grossiers de l’aquifère, étant entendu que
les éléments fins peuvent passer et être évacués au développement.

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- le massif de gravier stabilise l’aquifère en remplissant les vides entre les crépines et
les parois
- le massif de gravier doit être plus perméable que l’aquifère environnant (choix de
grains roulés, légèrement aplatis, à l’exclusion de gravier anguleux ou de gravier se
délitant avec le temps).
Les graviers concassés ne peuvent absolument pas convenir. Le matériau à employer doit être
siliceux (non calcaire), à grains roulés, criblés et lavés.

2.5.2. Mode de mise en place du massif filtrant :

Le gravier filtre est introduit soit à sec si le forage n’est pas profond. Au cas où le forage est
profond, l’introduction du gravier à sec va occasionner une ségrégation. Les grains les plus
grossiers donc les plus lourds vont descendre les premiers et les grains les moins grossiers
seront au dessus. Pour éviter ce phénomène on introduit le massif de gravier avec une
circulation d’eau. Il est recommandé, pendant la phase de gravillonnage de contrôler les
« ponts » qui peuvent par la suite provoquer des venues de sable. Les ponts de gravier sont
détruits en faisant brutalement varier la vitesse de circulation d’eau.
La côte de gravier de circulation est mesurée fréquemment à l’aide d’une sonde à gravier.
Le niveau supérieur de la colonne de massif filtrant doit être nettement au dessus du toit de la
couche aquifère captée (plusieurs mètres si possible).

3. Dimensionnement de l’ouverture des crépines et de la granulométrie du massif


filtrant :

Ce dimensionnement est fait à partir de la granulométrie de la formation captée en prenant en


compte quelques considérations :

- la productivité d’un ouvrage est d’autant meilleure que la perméabilité des terrains
juste au contact de la crépine est bonne,

- la perméabilité des terrains situés au voisinage de la crépine est améliorée en


effectuant un développement (voir paragraphe suivant). Il consiste à extraire les
éléments fins de la formation captée ou à les expulser loin du voisinage de la crépine.
Ces éléments fins sont éventuellement remplacés par le massif filtrant additionnel,

- la mise en place du massif filtrant permet ainsi d’augmenter l’ouverture des crépines et
donc la productivité de l’ouvrage.

Pour le dimensionnement de l’ouverture des crépines et de la granulométrie du massif filtrant,


on procède comme suit selon la granulométrie de la formation captée :

3.1. Formation aquifère à granulométrie homogène (monogranulométrique) :

Le coefficient d’uniformité, calculé à partir de l’analyse granulométrique du matériau aquifère


d 60
est alors tel que : 1 < cu = < 2
d10
La granulométrie étant homogène, il n’est pas possible d’en trier par filtrage les éléments
fins. En conséquence :
- le filtre aura seulement pour rôle de stabiliser le terrain autour de la crépine,
- il sera inutile d’effectuer un développement puissant.

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Les caractéristiques du gravier seront les suivantes :

D0 = 7d10 (diamètre des plus petits grains) et D100 = 2D0 (diamètre des plus gros grains)
et on prendra comme ouverture maximale des crépine emax= D0

3.2. Formation aquifère de granulométrie continue (multigranulotrique) :


d 60
Dans ce cas, le coefficient d’uniformité est tel que : cu = > 2
d10
et alors nous avons les différentes possibilités suivantes :

3.2.1. Formation sans sable fin ou à granulométrie très étalée:

Si l’une des deux conditions suivantes est satisfaite :


- d10 > 0,25 mm → pas de sable fin,
- Cu > 5 → granulométrie très étalée.
On peut éventuellement se passer de massif filtrant et effectuer directement un auto
développement, l’aquifère débarrassé des éléments les plus fins par le développement, forme
son propre filtre. On prendra pour ouvertures des crépines emax = d50

3.2.2. Formation avec sable fin et à coefficient d’uniformité inférieur à 5

Dans ce cas, un massif de gravier est nécessaire, et ses caractéristiques sont déterminées
comme suit:
Si on a : 2 < Cu < 3
On aura pour le massif filtrant D0 = d75 (diamètre des plus petits grains) et D100 = 2,5D0
(diamètre des plus gros grains) et pour la crépine on aura emax = 1,15D0
Si on a : 3 < Cu < 5
On aura pour le massif filtrant D0 = d90 (diamètre des plus petits grains) et D100 = 2,5D0
(diamètre des plus gros grains) et pour la crépine on aura emax = 1,15D0

4. Développement :

4.1. Définition et but du développement :

C’est la phase ultime et indispensable dans l’exécution d’un forage, quelle que soit la nature
géologique de la roche aquifère. Elle consiste principalement à nettoyer l’ouvrage au niveau
de la zone de captage.
Cette opération est destinée à :
- prévenir un colmatage prématuré
- stabiliser la formation autour du forage
- améliorer la productivité du forage
- obtenir une eau claire, exempte de sable.
Il existe plusieurs procédés de développement :
- pompage
- pistonnage
- développement pneumatique
- lavage sans pression
- traitement chimique

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Il n’y a pas de règles fixant l’emploi de tel ou tel de ces procédés, qui peuvent être souvent
employés successivement ou simultanément.

4.2. Pompage :

4.2.1. Surpompage
C’est la méthode la plus simple, couramment utilisée, mais non la plus efficace.
Elle consiste à pomper par paliers successifs de débits croissants, le régime final correspond à
1,5 à 2 fois le débit maximal prévu pour l’exploitation ultérieure.
A chaque augmentation de débit, l’eau sera trouble, et le palier sera maintenu jusqu'à obtenir
de l’eau claire. Un test de la tâche de sable est alors fait à la fin de chaque palier de pompage.
De cette façon, on élimine les éléments les plus fins de la formation, ceux-ci étant d’autant
plus entraînés que le débit et donc la vitesse de l’eau au voisinage du forage est forte.

4.2.2. Pompages alternés

Figure 6.5
On met le forage en production par
pompage et on provoque à plusieurs
reprises des arrêts brusques de la
pompe. Les variations brutales de
pression ainsi créées assurent la
destruction des « ponts de sables »
(cf. figure 5.5., sortes de voûtes,
gênant l’arrivée de l’eau dans les
ouvertures des crépines et réduisant
le débit du forage.

On peut en outre localiser le pompage sur une partie de crépine pour en augmenter les effets.

4.3. Pistonnage :
Un piston est introduit dans le forage. Il est actionné verticalement dans les deux sens à
l’intérieur du forage. Les dépressions et compressions provoquées dans la nappe entraînent un
mouvement de va-et-vient des particules fines qui finissent par rentrer dans les crépines et
tomber au fond du forage d’où elles sont retirées par pompage ou avec une soupape

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4.4. Développement au jet :


Le lavage sous pression est une Figure 6.6 développement au jet
des plus récentes et des meilleures
méthodes de développement.
De puissants jets d’eau (et
éventuellement de solution
chimique, sont projetés, à travers
la crépine, dans la formation.
La turbulence, ainsi créée, déplace
les fines qui sont envoyées loin de
la crépine ou pénètrent dans celle-
ci et sont récupérées par pompage
en fond de forage.

4.5. Développement pneumatique par émulseur d’air :


Le dispositif est décrit à la figure 5.7. Figure 6.7
L’air comprimé est injecté par un tube
immergé dans l’eau du forage.
L’émulsion ainsi créée, diminue la
densité de l’eau qui s’élève et ce
mouvement est guidé par deuxième tube
entourant le premier et montant
jusqu’au sol.
Si certaines conditions sont remplies :
- débit d’air suffisant,
- hauteur d’immersion du tube
d’air supérieur à 1,5 fois la
hauteur d’élévation d’eau
demandée soit BC=1.5AB,
l’émulsion monte jusqu’au sol, amenant
ainsi un débit d’eau.
Ce procédé, appelé « air lift », est
équivalent à un pompage. On a de plus
la possibilité d’imprimer au dispositif
un mouvement de va et vient vertical
accentuant l’agitation de l’eau. En
outre, l’ouverture et la fermeture du
robinet d’air provoquant un pompage
alterné. Pour que ce procédé soit
utilisable il faut que par rapport au
niveau de l’eau de la nappe le forage ait
une profondeur conséquente.

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4.6. Traitement chimie :


4.6.1. Traitement à l’acide :
Cette méthode est utilisée pour les roches contenant un certain pourcentage de calcaire ou
d’argile. Les produits utilisés qui sont soit :
 à base d’acide qui vont ainsi dissoudre en partie le calcaire. Le temps d’action est de
l’ordre de 40 mm. L’opération est renouvelée 1 ou 2 fois avec des volumes d’acide
injectés double et triple. Le forage doit être lavé (pompage) après le développement.
 à base de polyphosphates qui ont le pouvoir de défloculer les argiles et par conséquent
de permettre leur élimination par pompage. La durée d’action est de l’ordre de 6
heures.

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5. Exemples types de forage


Figures 6.8. Exemples types forages en zone de socle
Forages d’hydraulique villageoise réalisés au Marteau Fond de Trou

Forages avec motopompe dans le socle cristallin

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Figure 6.9 : Exemples de forages types en zone sédimentaire


Forages d’hydraulique villageoise en zone sédimentaire

Forages profonds à gros débit en zone sédimentaire

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Chapitre 7 : REALISATION DE PUITS

1. Description d’un puits moderne

Le puits moderne est construit en béton armé. La différence essentielle avec les puits
traditionnels est sa grande pénétration sou le niveau statique de la nappe. Le recours à des
techniques perfectionnées est nécessaire pour permettre le creusement du puits sous le niveau
d’eau.
Le puits moderne comprend de haut en bas (voir figure 7.1) :
- l’équipement de surface formé par la dalle anti-bourbier et la margelle
- le cuvelage, constitué par des buses pleines en béton ou métalliques, descendu
jusqu’au niveau d’eau et maintenu par les ancrages
- le captage constitué par des buses crépinées pénétrant sur une profondeur suffisante
l’aquifère pour faire face :
− aux fluctuations saisonnières du niveau de la nappe
− au rabattement dû au puisage
- Le captage est terminé par une dalle de fond et un matelas de gravier.

2. Différentes phases d’exécution d’un puits moderne :

2.1. Fonçage en terrain sec (au dessus du niveau statique) :

C’est l’opération qui consiste à réaliser la fouille du cuvelage, de la surface du sol jusqu’au
niveau de l’eau. Le diamètre de la fouille dépend du diamètre choisi pour le cuvelage. La
technique de fonçage diffère selon la nature du terrain. Ainsi on peut avoir les situations
suivantes :

2.1.1. Fonçage en terrains tendres stables :


Il peut s’agir de sables consolidés, d’argiles, de grès, de schistes tendres, d’altérations de
roches cristallines. Le fonçage est effectué avec des outils rudimentaires (pic, barre à mine,
etc.) avec abattage et évacuation de tranches de terrain successives.
Si le terrain a une bonne tenue, le cuvelage est exécuté en une phase ultérieure, après fonçage
jusqu'à l’eau, en remontant du fond vers la surface.
Si le terrain a une mauvaise tenue, le cuvelage est réalisé en descendant au fur et à mesure de
la progression du fonçage, par tranches successives de 0,2 à 0,5 m de hauteur.

2.1.2. Fonçage en terrains durs :

Il peut s’agir de grès, de calcaires, de schistes durs, de certains granites et gneiss peu altérés.
Le fonçage nécessite l’emploi d’un marteau piqueur qui permet d’abattre 10 m de terrain
souvent sans revêtement.

2.1.3. Fonçage en terrains très durs :

Il s’agit de granites, gneiss sains, quartzites... Le fonçage exige alors l’explosif placé dans des
trous de mines perforés.

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Figure 7.1

2.1.4. Fonçage en terrains instables :

Il s’agit de sables d’origine éolienne, d’alluvions à granulométrie fine. La technique la plus


efficace est celle du havage consistant à mettre en place la colonne de buses du cuvelage
avant d’avoir procédé à la fouille. La colonne s’enfonce ensuite dans le terrain sous l’effet de
son propre poids, au fur et à mesure de l’évacuation des déblais par l’intérieur.
Dans tous les cas, l’évacuation des déblais se fait à laide de seaux ou de « cuffats ». Un treuil
à main permet d’utiliser des cuffats de 40 l, un treuil à moteur, des cuffats de 100 l.

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Compte tenu du foisonnement des terres, les volumes à évacuer par mètre linéaire de
profondeur sont les suivants :

• 4,70m3 pour un diamètre de fouille de 2 m (∅ cuvelage = 1,8 m)


• 3m3 pour un diamètre de fouille de 1,6 m (∅ cuvelage = 1,4 m)

2.2. Construction du cuvelage :

2.2.1. Choix du diamètre intérieur du cuvelage :


Le choix du diamètre dépend :
- du débit prévisible conditionnant les possibilités de puisage
- de l’organisation des travaux de forage
Les diamètres intérieurs tendent à se normaliser autour des deux valeurs suivantes :
- diamètre de 1,8 m pour les puits pouvant fournir 3 à 5 m3/h ou à forte clientèle
o 10 à 12 personnes peuvent puiser simultanément
o Le diamètre de fouille à 2 m permet le travail à 2 personnes
- diamètre de 1,4 m
o 6 à 8 personnes peuvent puiser simultanément
o 1 seule personne peut travailler d ans la fouille d’un diamètre de 1,6 m
Dans la pratique, le diamètre 1,8 m tend à se généraliser, son coût n’étant pas sensiblement
plus élevé que le diamètre 1,4 m.

2.2.2. Cuvelage en béton armé avec ancrage :


La paroi de la fouille est entièrement recouverte de béton armé. Deux méthodes sont utilisées
selon la stabilité du terrain traversé (voir figure 7.2).
- dans les terrains instables, mise en place progressive du cuvelage de haute en bas,
au fur et à mesure du fonçage (cuvelage en descendant).
- dans les terrains stables, mise en place du cuvelage de bas en haut après
achèvement du fonçage (cuvelage en remontant).
Dans tous les cas, il est nécessaire de réaliser un ancrage robuste à la surface du sol : son rôle
est de supporter le cuvelage construit au dessous de lui. Dans les puits profonds, il est en outre
absolument nécessaire de prévoir des points d’ancrage intermédiaire (tous les 10 m environ).

Figure 7.2 : Mise en place du cuvelage


Cuvelage en descendant Cuvelage en remontant

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2.2.3. Cuvelage continu descendu par havage :

Si les terrains sont très instables et Figure 7.3 : Trousse coupante


nécessitant un soutènement immédiat,
et si la profondeur du puits est
modérée (moins de 20 m), le cuvelage
doit être mis en place par havage.

Dans ce cas, le cuvelage est coulé en


surface de manière continue au fur et
à mesure de l’enfoncement, et
constitue ainsi colonne monolithique
en béton armé.
Son extrémité inférieure est munie
d’un dispositif spécial appelé
« trousse coupante » (voir figure 7.3),
en béton armé.

La forme et le diamètre extérieur, plus grand que celui du cuvelage, facilite la pénétration
dans le terrain et la descente progressive de la colonne de cuvelage.
La descente d’un cuvelage par havage ne permet pas la réalisation d’ancrage à l’intérieur du
puits. A la fin de sa mise en place, la totalité de la colonne est suspendue à l’ancrage de
surface qui doit donc être construit avec le maximum de précautions.

2.3. Mise en place du captage :


Le rôle du captage, qui est la partie du puits située au dessous du niveau statique de la nappe,
est de permettre à l’eau de parvenir au puits tout en maintenant en place les terrains aquifères,
et ceci :
- en créant le minimum de pertes de charges, c’est-à-dire en offrant le minimum de
résistance au passage de l’eau,
- en laissant filtrer éventuellement un certain nombre d’éléments fins du terrain
aquifère pour augmenter localement sa perméabilité.
Le captage ne doit pas être suspendu au cuvelage, mais être conçu comme indépendant
mécaniquement de celui-ci, afin que d’éventuels mouvements du terrain et du captage
puissent s’effectuer sans détériorer le cuvelage.
Le captage comprend différentes parties qui sont :

2.3.1. Crépine :

Crépine en béton : éléments préfabriqués en béton armé, percés de Figure 7.4 Crépine en béton armé
trous (∅ 5 à 10 mm, inclinés à 45° vers l’extérieur) et assemblés
par encoches ou par étriers boulonnés). Le débit autorisé est de 1
m3/h par mètre linéaire. C’est la solution qui est utilisée pour
l’essentiel des puits réalisés en Afrique.

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2.3.2. Trousse coupante : voir figure 7.3


La base de la colonne de captage est munie d’une trousse coupante qui facilite sa descente.
La trousse coupante doit déborder de 5 ou 10 cm extérieurement de façon à ménager un
espace annulaire dans lequel on introduit le gravier filtrant au fur et à mesure de
l’avancement.

2.3.3. Dalle de fond :


Pour éviter la remontée dans le captage des terrains instables, on met en place une dalle de
fond en béton armé (éventuellement percée de trous ∅ 10 mm), de diamètre légèrement
inférieure à la colonne de captage et scellée ultérieurement à celle-ci.
Sous la dalle, a été préalablement déposé un lit de gravier.

2.3.4. Massif filtrant :


Inséré dans l’espace annulaire autour des crépines, il est généralement constitué de gravier
roulé siliceux 10 - 15 mm, avec une épaisseur de 5 à 10 cm.
Le diamètre intérieur du captage intervient dans le débit du puits et doit être déterminé par des
considérations pratiques : généralement les diamètres de captage sont respectivement de 1,4 m
et 1 m au plus pour des diamètres intérieurs de cuvelage de 1,8 et 1,4 m respectivement.
La hauteur du captage dépend des variations saisonnières du niveau de la nappe et de la
perméabilité de l’aquifère, induisant un rabattement plus ou moins important. La hauteur de
captage devra être telle que le puits ne soit jamais à sec et pourra varier, selon les cas, de 3 à
15 mètres.
La mise en place du captage peut se faire par l’une des méthodes suivantes :
- Havage à niveau constant (sans épuisement de la nappe) dans les terrains très
instables. On ne cherche pas à épuiser l’eau, ce qui risquerait de provoquer des
affouillements.
Le niveau d’eau restant constant, on descend la colonne de captage, munie de sa
trousse coupante, par havage mécanique. Les matériaux sont évacués au fur et à
mesure à l’aide d’une benne preneuse manoeuvrée par un treuil à moteur.
- Havage avec exhaure : Si la tenue des terrains permet de rabattre la nappe sans
affouillement notable, on descend la colonne par havage manuel avec épuisement
continu du puits (avec une pompe ou un cuffat). La fouille et l’évacuation des déblais
peuvent être effectuées manuellement au fond du puits.
- Fonçage sans soutènement immédiat : dans les terrains de bonne tenue (cuirasse
latéritique, grès, roches cristallines par trop altérées), le fonçage du captage est réalisé
entièrement (pic, barre à mine, marteau piqueur) avec épuisement continu jusqu'à
l’obtention d’un débit supérieur à celui désiré (souvent 5 m3/h en terrain
sédimentaire).
Le fonçage terminé (diamètre de fouille égal au diamètre intérieur du cuvelage), les
buses crépinées sont mises en place en montant, l’espace annulaire étant garni de
gravier filtre.
- Fonçage sans soutènement définitif : dans les roches dures, on procède comme dans la
méthode précédente (avec parfois nécessité d’employer l’explosif), mais une fois le
fonçage du captage terminé, les buses crépinées et le massif de gravier ne sont pas mis
en place, car inutiles.
Dans les terrains instables ou moyennement stables, il conviendra :
- d’une part de s’efforcer d’asseoir la colonne de captage sur un terrain relativement
porteur,

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- d’autre part de ménager un chevauchement de 2 mètres entre les colonnes de


captage et de cuvelage, de manière à pallier à un éventuel enfoncement de la
première.
Le captage mis en place, on procède au développement par pompage et par effet de
pistonnage (va-et-vient verticaux brutaux d’un cuffat dans l’eau). Le puits est ensuite nettoyé
des fines l’ayant pénétré. L’opération est renouvelée jusqu'à l’obtention d’une eau exempte de
sable avec un accroissement sensible du débit spécifique.

2.4. Equipement de surface :


Il comprend (voir figure 7.5) :
- margelle : garde-fou protégeant de la chute d’homme et des pollutions d’eaux de
surface
- trottoir : en béton armé (servant généralement d’ancrage)
- dalle anti-bourbier
- abreuvoirs en zone pastorale
Figure 7.5 : Equipements de surface

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3. Modes et matériels d’exécution de puits modernes :


Figure 7.6
La figure 7.6. montre un tableau
récapitulant, selon la nature des
terrains rencontrés, les modes
d’exécution du cuvelage et du
captage.
Ce tableau indique en outre le
degré de complexité des tâches
qui pourront être confiées selon
le cas :
o aux villageois sous la
direction d’un puisatier
o à une équipe
spécialisée dans la
mise en eau,
o à une autre équipe
spécialisée (pouvant
être la même que celle
de la mise en eau)

La figure 7.7 montre une benne preneuse (type BENOTO) pouvant servir notamment pour le
havage du captage ou celui du cuvelage en terrain instable.

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4. Matériaux rentrant dans la construction des puits :

MATERIAUX MIS EN JEU Diamètre 1,80 m Diamètre 1,40 m

POUR LA CONSTRUCTION D’UN PUITS Margelle (unité)

CUVELAGE-COFFRE EN BETON ARME a) basse et large : 0,50 + 0,40


Volume de béton 1,33 m3 1,13 m3
Diamètre 1,80 m Diamètre 1,40 m Volume de gravier 1,08 m3 0,90 m3
Fonçage (mètre linéaire) Volume de sable 0,53 m3 0,45 m3
Volume des matériaux en place 3,14 m3 2,01 m3 Ciment dosé à 300 kg 405 kg 340 kg
Volume des matériaux foisonnés 4,70 m3 3,00 m3 b) haute et étroite : 0,20 x 0,80
Cuvelage (mètre linéaire) Volume de béton 1,00 m3 0,80 m3
Volume de béton 0,60 m3 0,48 m3 Volume de gravier 0,80 m3 0,64 m3
Volume de gravier 0,8 m3 0,472 m3 0,384 m3 Volume de sable 0,40 m3 0,32 m3
Volume de sable 0,4 m3 0,236 m3 0,192 m3 Ciment dosé à 300 kg 300 kg 240 kg
Ciment dosé à 300 kg 180 kg 144 kg Armatures métalliques
Ancrage de surface (unité) a) Cuvelage (mètre linéaire)
Volume de béton 1,20 m3 1,00 m3 ∅ 8 mm 28 fers (28 m) 22 fers (22 m)
Volume de gravier 0,8 m3 0,96 m3 0,80 m3 ∅ 6 mm 6 fers (36) 6 fers (28 m)
Volume de sable 0,4 m3 0,48 m3 0,40 m3 Nota :
Ciment dosé à 300 kg 360 kg 300 kg - Dans le cas d’un cuvelage mis en place à la descente, il
Ancrage intermédiaire (unité) faut majorer de 30% la longueur des fers verticaux pour
Volume de béton 0,61 m3 0,505 m3 le recouvrement.
Volume de gravier 0,488 m3 0,405 m3 - On compte + 10% pour les autres recouvrements
Volume de sable 0,244 m3 0,202 m3 b) Buse captage de 1 m (unité)
Ciment dosé à 400 kg 214 kg 177 kg ∅ 8 mm 22 fers (22 m) 16 fers (16 m)
Buse de captage de 1 m (unité) ∅ 6 mm 6 fers (28 m) 6 fers (21 m)
Diamètre intérieur 1,40 m 1,00 m C) Ancrages (unités)
Diamètre extérieur 1,60 m 1,20 m intermédiaires ∅ 8 mm 28 fers (36 m) 22 fers (28 m)
Volume de béton 0,48 m3 0,278 m3 ∅ 6 mm 4 fers (30 m) 4 fers (23 m)
Volume de gravier 0,384 m3 0,222 m3 de surface ∅ 8 mm 28 fers (28 m) 22 fers (22 m)
Volume de sable 0,192 m3 0,111 m3 ∅ 6 mm 6 fers (53 m) 6 fers (45 m)
Ciment dosé à 400 kg 192 kg 112 kg d) Trousse coupante (unité)
Poids 1200 kg 700 kg ∅ 8 mm 28 fers (31 m) 22 fers (24 m)
Trousse coupante (unité) ∅ 6 mm 5 fers (25 m) 5 fers (19 m)
Volume de béton 0,192 m3 0,142 m3 e) Margelle
Volume de gravier 0,154 m3 0,113 m3 Haute et étroite
Volume de sable 0,077 m3 0,057 m3 ∅ 8 mm 28 fers (56 m) 22 fers (44 m)
Ciment dosé à 400 kg 80 kg 60 kg ∅ 6 mm 5 fers (30 m) 5 fers (23 m)

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Exemple de devis quantitatif d’un puits :


ETUDE DE CAS

MATERIAUX POUR LA CONSTRUCTION D’UN PUITS


DE 30 m DE CUVELAGE ET DE 4 m DE CAPTAGE
(Cuvelage en béton armé réalisé à la descente)

Gravier (m3) Sable (m3) Ciment (m3) Fers (m)


∅ 1,80 ∅ 1,40 ∅ 1,80 ∅ 1,40 ∅ 1,80 ∅ 1,40 ∅ 1,80 ∅ 1,40
∅ 8 mm ∅ 6 mm ∅ 8 mm ∅ 6 mm
Cuvelage (30 m) 14,10 11,50 7,10 5,75 5 400 4 300 1 090 1 180 860 920
Ancrage de surface (1) 0,96 0,80 0,48 0,40 360 300 30 58 24 50
Ancrage intermédiaire (3) 1,47 1,21 0,73 0,60 640 530 120 100 90 76
Captage (5 buses de 1 m) 1,92 1,11 0,96 0,55 960 560 120 155 90 115
Trousse coupante (1) 0,15 0,11 0,07 0,05 80 60 34 26 28 20
Margelle (haute et étroite) 0,80 0,64 0,40 0,32 300 240 60 50 33 25
TOTAL 19,40 15,37 9,74 7,67 7 740 5 990 1 454 1 569 1 125 1 206
580 kg 350 kg 450 kg 270 kg
Moyenne au ml 0,57 0,46 0,29 0,23 230 180 17 10,5 13,3 8

Nota : Le fonçage correspond aux volumes de déblais suivants (m3)

∅ 1,80 ∅ 1,40
en place
110 70
Foisonné 165 105

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Chapitre 8 : L’ENTRETIEN DES PUITS ET DES FORAGES

Dans ce chapitre il ne sera abordé que l’entretien des ouvrages de captage que sont les puits et
les forages ; l’entretien des équipements d’exhaure ne sera pas traité.

1. L’entretien des puits :

L'entretien et la réparation des puits est indispensable pour :


- prévenir ou réparer les dégradations en vue de prolonger la durée de vie du puits,
- garder un bon débit d'exploitation.
L'entretien peut consister en des visites et petites interventions qui dans bien des cas ne sont
malheureusement pas faites. Ainsi on intervient souvent tardivement quand le puits est
sérieusement détérioré ou même quand le puisage de l'eau devient impossible. Dans ces la
réparation est souvent impossible techniquement ou même trop coûteuse pour ne pas être
justifiée. La bonne pratique consiste alors à faire des visites périodiques afin de pouvoir
intervenir en temps utile si une réparation est nécessaire.

1.1. Remise en état du captage:

Elle est la partie la plus essentielle et la plus délicate du puits elle est souvent menacée par
soit un ensablement ou un colmatage et parfois par une baisse du niveau de la nappe.

1.1.1. L'ensablement :

Il se produit quand les matériaux de la formation ou du massif filtrant arrivent à passer à


travers les buses de captage. Il peut se former en ce moment derrière les buses captage une
caverne qui s'agrandit progressivement jusqu’à provoquer le basculement ou la rupture du
captage voire même la rupture du cuvelage. On peut remédier à l'ensablement en:
- choisissant une ouverture de crépine adaptée au moment de la réalisation du puits,
- ajoutant quand c'est nécessaire un supplément de massif filtrant entre les buses de
captage et le terrain,
- et en curant le puits pour avoir une tranche d'eau à nouveau acceptable.
Au cas où la remise en état du captage n'est pas faite à temps, les buses de captage peuvent
alors être inclinées au point que la seule possibilité d'intervention sera alors :
- l'extraction de la colonne de captage,
- le remblai du puits jusqu'au niveau de la nappe,
- la remise en place d'un nouveau captage.
Dans certains cas il est impossible d'extraire la colonne de captage, dans ce cas on procède
après remblai à la mise en place par havage d'une toute nouvelle colonne de captage en
détruisant au fur et mesure la précédente. Ce travail du fait de son coût peut ne pas être justifié
dans certains cas.

1.1.2. Le colmatage :

Il résulte du dépôt sur la crépine de substances existant en suspensif ou en solution dans l'eau
de la nappe (argile, concrétions ferrugineuses ou carbonatées, ...). Ces dépôts obturent les
espaces vides de la crépine et du massif filtrant et entraînent ainsi une réduction du débit et
des pertes de charge plus importantes. Tout captage est plus ou moins sujet au colmatage dans
le temps ; on doit ainsi réaliser le captage de manière à réduire ou retarder au maximum le

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colmatage. Les trous de buse de 6 à 10mm se colmatent peu. Le décolmatage du captage peut
se faire par des procédés physiques (agitation et pompage intensif) ou chimiques.

1.1.3. La baisse du niveau de la nappe :

Elle occasionne une diminution de la hauteur d’eau dans le puits et du débit d'exploitation. On
est amené dans ce cas à approfondir le puits. Deux cas de figures peuvent alors se présenter :
- l'approfondissement n'est pas très important: on peut alors le faire en ajoutant des
buses de captage sur le captage initial et approfondir le puits par havage.
- l'approfondissement est relativement importante: dans ce cas la descente par havage de
buses de même diamètre que le captage initial peut être difficile voire même
impossible. L'approfondissement est alors fait en posant des buses crépinées de
diamètre inférieur à l'intérieur du captage initial pour prolonger le captage par havage
avec un télescopage.

1.2. La remise en état du cuvelage :

Sauf cas exceptionnels (marnes gonflantes par exemple), le cuvelage, s’il est réalisé dans les
règles de l’art, avec des matériaux de bonne qualité et un ferraillage suffisant, ne doit pas se
détériorer. Des cas de détérioration (fissures) peuvent être constatés au niveau de la jonction
des buses surtout quand le cuvelage est fait en descendant. Ces fissures doivent alors être
colmatées avec du mortier de ciment. D'autre part des détériorations du captage peuvent
entraîner des dommages au niveau de la partie inférieure du cuvelage qui peut aller même
jusqu'à la rupture.

1.3. La remise en état des équipements de surface :

Ces équipements font l’objet de peu détériorations ; les quelques dégâts qui peuvent être
constatés sont principalement :
- la formation d'un bourbier aux abords du puits surtout si celui-ci est intensément
utilisé (puits pastoraux par exemple). On peut remédier à cette situation en remblayant
de temps en temps les abords du puits ou en aménageant aux abords du puits des
abreuvoirs mobiles.
- le remblaiement des abords du puits (apports de sédiments dû aux cordages de
puisage), dans ce cas il faut relever périodiquement la margelle.

1.4. Précautions pour éviter les défauts de construction des puits :

Les points ci-dessous cités doivent faire l’objet d’un contrôle particulier de la part du
responsable en charge de travaux de puits.

a. Le béton :
- Les sable et graviers doivent être exempts d’argiles argiles et de matières organiques.
Les lieux d'emprunt doivent être sélectionnés par le responsable, le tamisage et le
lavage doivent être bien respectés.
- Les conditions d’approvisionnement et de stockage du ciment doivent être tel que ce
matériau ne se dégrade pas avant son utilisation.
- La teneur en eau ne doit pas être élevée et ce que font souvent les ouvriers pour
faciliter le coulage.
- L'utilisation d'une aiguille vibrante et d'une bétonnière est recommandée.

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- La régularité de l'épaisseur du béton doit être respectée cela exige que les fers à béton
soient bien centrés et les fouilles correctement réalisées.

b. Le ferraillage :
- Les quantités recommandées doivent respectées,
- Les fers doivent être centrés afin d’avoir partout une couche de béton d’une épaisseur
d’au moins 3 cm.
c. Les ancrages intermédiaires:
Le contrôleur doit être présent au moment de leur mise en place.
d. L’assemblage des buses : un soin particulier doit être accordé à leur contrôle quand il
s’agit de buses préfabriquées.
e. Le recouvrement cuvelage captage : sa hauteur doit être fixée en fonction de la
stabilité de la formation captée. Dans la pratique une hauteur minimale d’un mètre est
retenue ; elle peut aller jusqu’à deux mètres pour des terrains instables.
f. Le massif filtrant : sa granulométrie, sa qualité et son volume doivent faire l’objet de
précautions.

2. L’entretien des forages :

Le captage est la partie la plus importante et la plus sensible du forage. L’essentiel des
problèmes d’entretien des forages concerne le captage; ces problèmes sont principalement :
– la baisse du niveau de l'eau de la nappe,
– le colmatage des ouvertures des crépines du forage,
la corrosion de la crépine du forage qui peut entraîner des ouvertures plus grandes et l'arrivée
d'éléments de la formation captée (ensablement).

2.1. Le colmatage :

2.1.1. Manifestation et mesures préventives :

Il est tout à fait normal et habituel de voir les performances d’un forage se réduire avec le
temps. Cela se traduit le plus souvent par une baisse du débit et ou une augmentation des
rabattements. Si ce phénomène s’observe de manière relativement précoce c’est parce que le
captage du forage est en partie colmaté. Ce phénomène presque inévitable peut être limité ou
retardé si certaines dispositions sont prises au moment de la réalisation du forage et au cours
de son exploitation. Au cas où de telles dispositions ne sont pas prises à temps, il peut s'avérer
nécessaire de recourir à des mesures de réhabilitations plus lourdes à mettre en œuvre pour
donner au forage des performances acceptables.
Les dispositions à prendre au moment de la réalisation du forage sont relatives au respect des
règles de l’art en ce qui concerne :
– le développement du forage: un forage mal (ou insuffisamment) développé a bien plus
de chances de voir ses performances se réduire dans le temps suite à un colmatage de
son captage,
– l'équipement du forage en particulier au choix de l'ouverture des crépines et de la
granulométrie du massif filtrant qui est fait en fonction de la granulométrie de la
formation qui est captée.
Parmi les dispositions à prendre au cours de l’exploitation, nous citerons :
- éviter d’avoir des rabattements excessifs qui risquent de dénoyer une partie de la
nappe dans laquelle peuvent se développer plus facilement des phénomènes qui
peuvent être à l’origine par la suite d’une baisse de performance par colmatage,

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- éviter d’avoir des périodes de non pompage longues ; en effet il est préférable quand
cela est possible de réduire le temps de pompage d’un forage et d’augmenter la durée
de pompage. Les périodes d’arrêt de pompage sont favorables au développement
d’incrustations qui peuvent par la suite colmater les crépines du forage.
- Dans cette même logique des précautions particulières doivent être prises après des
pannes de pompes pour éliminer les dépôts éventuels qui se seraient formés dans le
forage par un développement avant la réinstallation de la pompe d'exploitation.
- observer de manière périodique certains paramètres qui peuvent renseigner sur l’état
de santé du forage ; ceux-ci sont en dehors des paramètres directes que sont le débit et
le rabattement :
o l’évolution de la consommation d’énergie : une baisse de performance du
forage peut engendrer une augmentation de la consommation d’énergie,
o l’évolution de la qualité physique et chimique de l’eau ; en effet certains
éléments qui peuvent être à l'origine du colmatage (argile, calcaire, fer,
manganèse) vont au moment où ce phénomène se produit entraîner une
évolution de la qualité chimique et même physique de l'eau du forage.

2.1.2. La mise en évidence du colmatage :


La présence de dépôts colmatant au niveau des crépines de forages peut se mettre en évidence
par une des méthodes suivantes:
– La vidéo surveillance: une caméra est descendue par le biais d'un câble relié à un
écran dans le trou du forage jusqu'au niveau à filmer c'est-à-dire le début du captage
du forage (voir figure ci-dessous).

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– Essais de pompage par paliers: la réalisation d'un forge se termine (au moment de la
réception provisoire) par des essais de pompage dont l'essai par paliers. Il consiste à
pomper le forage à plusieurs débits croissants pendant un temps de l'ordre 1 à 3 heures
et de noter le rabattement plus ou stabilisé obtenu à la fin de chaque palier de
pompage. Les paramètres obtenus (débits, rabattements) permettent de tracer la courbe
caractéristique du forage après sa réalisation. Le même type d'essai est réalisé après
quelques années d'exploitation du forage. La comparaison des courbes caractéristique
du forage à différentes périodes permet de mettre en évidence la baisse de
performance du forage qui peut être le fait d'un colmatage. En effet le colmatage
entraîne une augmentation des pertes de charge de l'écoulement à travers les crépines
du forage et donc des rabattements.
Courbes caractéristiques Q en m3/h
0 10 20 30 40 50 60
0

4
avant
s en m

6
aprés
8

10

12

2.1.3. Le traitement du colmatage :


Le colmatage se traite principalement par :
– des moyens mécaniques : il s'agit de dispositifs mécaniques qui sont introduits dans le
forage et qui cherche à détruire les dépôts colmatants en les raclant, en les brossant ou
en les détachant par la circulation d'un fluide sous pression. Ces dépôts sont par la
suite enlevés en procédant à un développement ou pompage du forage.

Brosse mécanique Jet à air lift

– des moyens chimiques. Ceux-ci ont pour principe de base de chercher à dissoudre les
produits colmatants et à les pomper par la suite. Les types de traitement
habituellement utilisés sont :
- le traitement aux acides,
- le traitement au chlore,
- le traitement par des poly phosphates,
- les traitements mixtes à partir de produits spécifiques étudiés et proposés par des
sociétés spécialisées.

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Le choix du traitement chimique à opérer nécessite au préalable de prélever et d’analyser des


échantillons de dépôts. C’est ainsi que :
- des dépôts carbonatés vont demander l’utilisation d’acide,
- la présence d’oxydes ferreux et de matières organiques fait dire que le colmatage
est dû à l’action de bactéries et son traitement se fera par l’utilisation de chlore et
de poly phosphates.
Le produit de traitement utilisé peut détériorer le matériau de fabrication (le revêtement
éventuellement utilisé) des tubages et crépines du forage ou peut entraîner des risques
environnementaux. C'est ainsi que les traitements aux acides et au chlore sont dans certains
cas interdits ou soumis au préalable à des dispositions particulières.

2.2. La corrosion et les venues de sables :

La corrosion et l’attaque et la destruction du matériau utilisé pour l’équipement du forage.


L’ensablement (ou les venues de sables) ; c’est le passage à travers les ouvertures de la
crépine des éléments du massif filtrant et à terme de la formation captée. Pour un captage bien
réalisé au départ l’ensablement n’est possible que si les crépines sont détériorées. Ainsi la
corrosion et les venues de sables sont deux phénomènes qui vont ensemble. Les crépines
peuvent dans un premier temps être atteintes de corrosion qui par la suite agrandit les
ouvertures et provoque des arrivées de sables.
La corrosion peut être :

2.2.1. Chimique :
Une eau est corrosive dans les cas suivants :
o un pH faible (inférieur à 7),
o la présence de gaz carbonique, de chlorures ou d’argiles riches en sulfate de
calcium (gypse).

2.2.2. Electrochimique :
L’utilisation de deux matériaux de composition différente est une pratique régulière en
matière de forage. Elle se justifie pour des questions d’économie ; la crépine et le tube
d’exhaure sont souvent d’un matériau plus résistant (acier inox par exemple) que les tubes
pleins de la chambre de pompage (qui sont en acier par exemple). Ce dispositif composé de
matériaux différents trempés dans un milieu conducteur peut créer une pile génératrice de
courant électrique. La circulation de ce courant va entraîner à terme la corrosion du matériau
le moins résistant. Ce phénomène est appelé effet galvanique. L’effet galvanique peut aussi se
produire dans le cas où l’équipement du forage est fait avec le même matériau. Il est dans ce
cas crée par les différences dues au fait que ce matériau traverse des horizons géologiques
différents ou des couches de sol avec des degrés d’humidité différents. C’est pour cette raison
que la cimentation sur toute la hauteur du forage (qui constitue un écran à ce phénomène) est
un moyen pour lutter contre la corrosion par effet galvanique.
La corrosion est d’autant plus intense que les deux métaux utilisés sont placés plus loin l’un
de l’autre dans l’échelle galvanique.
On peut lutter contre la corrosion par l’effet galvanique en utilisant une protection cathodique
qui fonctionne de la façon suivante :
- le tubage de la chambre de pompage (casing) est isolé électriquement du captage en
utilisant des joints isolants,
- la crépine et le tube d’exhaure doivent constituer électriquement un seul élément ; pour ce
faire leurs éléments sont visés et au besoin reliés par de petites plaquettes soudées,

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- la crépine (qui est l’élément à protéger) est par la suite raccordée par un fil électrique isolé
à un métal annexe plus négatif que celui de la crépine (dans l’échelle galvanique). En ce
moment la crépine qui était anode devient cathode et c’est le métal annexe qui pourrait
être atteint à sa place par la corrosion électrochimique. Pour que cette protection soit la
plus efficace on choisira comme métal annexe un parmi les premiers éléments de la série
galvanique et il devra avoir une masse suffisante pour durer longtemps.

2.2.3. Bactérienne :

La présence de bactéries dans l’eau peut engendrer des attaques des métaux constituant
l’équipement du forage.
La corrosion peut aussi être encouragée par des vitesses trop fortes de passage de l’eau à
travers les crépines

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Bibliographie sommaire :

- Dictionnaire français d’hydrogéologie G. Castany et J. Margat BRGM 1977


- Principes et méthodes d’hydrogéologie Dunod Université G. Castany 1982
- Aide Mémoire d’hydraulique souterraine Maurice Cassan Presse de l’Ecole Nationale
des Ponts et Chaussées 2ème édition 1993
- Cartes de planification pour l’exploitation des eaux souterraines des états membres du
CIEH BRGM 1976
- Carte de planification des ressources en eau Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin
BRGM 1979
- Carte de planification des ressources en eau Cameroun BRGM 1979
- Carte de planification des ressources en eau Gabon, Congo BRGM 1982,
- Carte de planification des ressources de la République Centrafricaine BRGM 1987.
- Le forage d’eau Guide pratique Albert Mabillot 1980
- Forage d’eau Matériels et techniques mis en œuvre en Afrique Centrale et de l’Ouest
CIEH-BURGEAP 1983
- La construction des puits en Afrique tropicale Techniques rurales en Afrique Ministère
de la Coopération et du Développement Burgeap 1992.

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