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24 CONTES DES ANTILLES Ilustrations de Frédéric Sochard Flammarion IntRopuction « ‘Marie Galante ‘QDoninique Marnie «conte populaire est tte deta civilisation L ‘nals dont fonde a Iinérture et reflote le verrbe pase Zu xn sie, esclavage se met en ple sur ces fs dsolel oi pet pousserabondamment a canne @t sure, Voyant quis pouront er profit de cette plant, des Furopées dct de expliter. ais travail das les plantations cant rx prot, is proirent ullser des escaves nots pour Tffcter teu place ces hommes sont restr comme des bates du matin es sir Capturés en Afique et Imporiés par Bateau dans es Petites Antles,ssont venus un tre Blane qui posséde fa plontation tt que fon appeal « Bake» En Martinique et en Guadeloupe, les Bkds sont des Francis: ces en 1635 que cxs ies entrent dint ‘ement en possession tot Lous XIV. Or cette date Correspond fla eration pr le cardinal Richelieu 3 3 3 < go ot g 2 3 Mer des caubes tae Bitte qs de tAcadémie francaise: & époque, le francais ‘moderne nexiste pas encore et le premiers colons (Bretons, Vendéens ow Normands) stexpriment dans eur patos ou leur dilecte régional. Cela ne va pas sans poser des problimes de communication, non sts lement entre Hexagonaux, mais surtout ene Blancs (et Noirs. Cst alors qu’un nouveau parlé commun voit progressivement le our: le eréte. A la tombée de la nuit, aprés une dure journée de labeur sous une chaleur moste insoutenable, les esclaves peuvent enfin se reposer. Cest le moment de sévader un peu, en eréle, rice & la magic des mots. Sous les étiles, ils se réunissont pour écouter elu qu. durant plusieurs heures infiniment précieuses, va les divertr et lew faire oublir leur condition abo minable le conteur — Yééé Krk ? hurle ce dernier, - Y86éKrak ! dit répondre en cheeur Vassemblée Bt le verbe se met en mouvement ~ en délire. Le conte trditionnel antilais est avant tout ume joyew seié de la parole. Le conteur lance des devinetes, chantonne des comprines s'loigne de intrigue pour {faire de Thumour et interplle sans arrét son aul toire afin qui reste attentif Mais le conte est égale rment une parole de résistance qui distill en secret des messages interdits. Ses personages ne sont pas anodins, ainsi une de ses figures récurrentes, compére Lapin, représente-vil Vesclave affranchi qui, grace asa malice et & son espidglerie,faisant ide tt seep pres jours es Voilé une composante quil ne faut pas forcement espérerretrower ici: la morale. Carle corte anilais est souvent cruel: il chétie les gentls et flate les dudaciewx. Mais ce n'est pas une régle systématique, Contrairement + cette obsession des ventres vides » dot parle e grand poite martiiguais Aims Césaire «Pas un conte oi ne revienne vision de ripalle de sodere, ériil dans son « Introduction au fll lore martniquais» revue Tropiques, janvier 1943) Effectivement le conte aniliais se plat faire resur gir, soit dans ta dérisionfrvale, sit dans Tinguitude fantastique, Yangoisse de la malnutrition dont soup ‘faint les esclaves noire: dans Varchipel francais ppar exemple, il fllutattendre une loi, une circulaire ‘ministéille et un arrété da goxwverneur en 2845 1846 pour que ces derniers alent chacun droit @ six livres de farine de manioc et un kilo et demi de ‘morue par semaine. Gourmand, le conte créole se nowrit de dif rontes traditions - afrlcaine, amérindienne, asiatique fet européenne, Cest pour cette raison quil est {comme tout festin digne de ce nom..)& la fois si riche et si varié. On pourra dlalleurs semuser & repérer dans ce recuell les échas de certains contes bien connus en France comme ceux de Perrault ou les Fables de La Fontaine. fe suis str que vous alle: y reconneitre quelques sosies eélebres. Quien esti cxjourd hut di conte antillis ? Avec abolition de Fesclavage (en 1833 dans les les ae lise, 1848 dans ls tls francaise) et la crise du com ‘mere du suere de canne & la fin du x0 site, on ‘assisted un long déclin de la société des plantations fet par Ia: méme & Vérosion de ce bijou doraliture™ De nos jours, de plus en plus rarement il est vrai, il arrive encore que le conteur intervienne comme dautrefis dans les villées mortuaires des campagnes fn de signifier a continuation de lave. Fn revance, dans la sphére privée, la place du conte Samenuise, ¥y compris dans les familles blanches créoles ot était jadi la « Da», nourrice de couleur, qui trans matt es récits aux petits dalleurs seles quelques {amilles de Békés emploient encore une «Da » es voies traitionnelles de transmission du conte se désagrigent en douceur, Fort heureusement,diveses Initiatives ordre culturel et commercial voient le jour festivals spectacles associat, prestations dans Tes éeoles,difusion denregisrements audio, publi cation de recuils allan de la simple transcription ‘fénoncés orauoencréoleet leur traduction litéraleen “ans (ouvert pénible & fa lecture) en passant par Les mts sis un atraque emieat a exique en 1a régeriture du patrimoine tla vértableeréation lit ‘téraire. Or certains autew's contemporains font prewve une belle iventvité Voraliture, quelle que soit sa langue d'expression, se perpétwedésormais selon des modalités moderns. Quand point le erépuscule, on allume aujourd hui ta television, on sufe sur Internet: les adultes ne pren nent plus le temps de raconter des histores leurs enfants. Puisse ce livre, inspiré par imaginaire collectif antilas, contribuer & détourner un peu le ‘cours des évinements vr Lanza 1, La VILLE-AUX-RASOIRS Tisation medleme ne sempaze dela Martinique, i seistat qvune seule ville sur Tile. On le sur ‘nomial a « Villemuxrasoirs» en raison des clés cou pantes qui tapissaientcertaines rues depuis la nuit des temps, Cait une ville mystérieuse ob les viiles femmes Fadonnaient az vaudou" et mangeaient les fossements des personnes décédées qui n'avalent pas Temboursé leurs dete, Les corps éaienttrainés par ‘eax chevanx usqu’a ce que leur chai se dlstogue et {que les vielles mgires en fissent leur festin. Un jeune voyagour, venu don ne savait of, #échoua un jour das la Villeansrasirs. I répondat J adi ily a tt longtemps, ben avant que cv au nom de Paulo ots tit mis en quate de trouver tune épouse la ferme de sa vie, son Ame scour, fave laquelle i espérait fonder un foyer. 11 avait femporté tout Fargent qu'il posséait ts était usque Jcontenté du miniraum néoessare a sa subsistance afin de garder un pécule pour son futur mariage. Mais son arrivée dans la Ville aux-rasies changea ses plans, A peine avaitl franch le seuil de la com rune quil se figea dhorrear devant la scéme qui se déroulait sous ses yeux = accroché & une corde, un iellard était iré A méme le sol par deux chevaux. fu trot et son sang rougissalt les bouts de métal ttanchants qui jonchaient la route. La foule regardit, tout en injuriant la famille dx défunt qui pleurait humiliation et de tristesse. Cen était trop pour Paulo, qui lla trouver le maire — Monsieur, implora il avec déférence, il faut bsokument que cela cese, Imagine que votre propre pire sot trainé ainsi. Crest a eoutume quile vect, La seule chose qui puisse arétercevituel, ce serait Te remboursement des deties contractées par le dfunt an cours de a vie Soit! Alors je paierai ! Ou, je paierai tout | Paulo se tendit che ls eréanciers pourremboursee les detes accumlées, La famille du mort le remercia chaleureusement, mais i rfvalt plus un sou. sat ‘complétement dépourvs. FL se trouvait désormais wad le maire 4 dans Vimpossibllité de se marier si jamais il ren contrat la femme idéale, Cest alors qu'une voix Vappela Paulo, Paulo. I fit volteface mais ne vit personne, La voix rept, comme un souffle venu de loin Paulo, merci de ta compassion, Le voyageur ne voyait toujours rien. Qui a parlé ? demandatil dans le vide ime de celui que tu viens de préserver. Un spasme parcourut Paulo. [Ne erains rien, ft le ‘ader mon tout. —Je mai plus dargent, se plaignit Vhomme, Et sans angent, je ne pourra amis épouser la femme dde ma vie. fantome, Je sus 1a pour assure, je vals Cindiquer le chemin, Tu te ras aux trois portes de la Ville aur-rasoirs Les trois portes de laVilleaus-rasoirs ? Je n'ai jamais entendu parler de cola Ce sont les tris portes les plus dangereuses u monde, mais derriére elle se dissimule la femme do tes reves: Ia Bellesans-connaitze — La Bellesanscconnaitre ? —Oul. Vous tomberes amo Cest vrai? =i te faudra cependant braver bien des dan gers, continua Vime du détunt. Pour les vainere, rex Tun de Vautre schdteras trois barls dos, trois bars de fleur et trois barils de suere, Trois barils dos, tris barils de fleurs, trois barils.. Mais comment faire ? Je nai plus dargent 1 a bse fit fissonner les narines de Paulo et sou- leva a ses pieds la poussiére de la route. Aucune réponse ne se fit entendre. Le fantome venait de disparate ‘Paulo mit machinalement la main dans sa poche cet bua sur quelque chose de métallique. Il la sontit tt eonstata que etalon des pies il nfavait donc pas r6v6 Il ne perdit pas une seconde et part siacheter les trois barls Itloua égelement une cartiole afin de les transporter, Pus i se drigea vers les trols portes [es plus infernaes que 'on el connues sur Terre. UW asiva devant ui fc imposan,consioé tun mur evel haut de plasters dans de intrest dont a sete ouverture vixble ait une te porte on bio Cea la premlre porte dela Vitestsrasots et ele ne preageitabsolument ten dingulcan. Mais &petne Paul ei rap jr des groncenentsalroces sen échppéren On eit at une mee de chiens eng’, alfa ets plate leurs ccs polnua dans import Fuck chat humaine Paulo pit le bail Joa et on dives le contenu, Alot owet la porte Caen. effectivement des chiens Ils se brent sur les os ot Tul Inissécent le limp libre. Paulo s'engoutra dans un couloir obseur et pro agressa sans entraves jusqu’a la deuxiéme porte. I pergut alors comme un sfflement qui simtensifiait Houvrit la porte et vit, au fond du corsidor, des cll bis par dizaines. Is volaient vers lu toute vitesse pour lui piquer les yeusx. Paulo se précipita sur le bari de fleurs et le vida Les eoibris se postrent sur les fleurs et commencirent & les butiner. Il venait une nouvelle fos de Véchapper belle CChaque porte souvrait sur un couloir et Paul ate {git la dernie des trois. flu suffisat de surmonter ‘ot utime danger pour connate le bonheur supreme, ctl se doutat ben que le bari de sure lui seviait de sésame. Derive Ia porte montait un bourdonne- ment assourdissant. Paulo se reoouvit le corps de suere et fonca. Le corvidor pullulait de mouches car nivores mais elles ne vayaient pas le jeune homme. Elles se contentirent de manger le sucte et le lais sérent indemne, Paul courutusqu/au bout da couloie et arrva dans une salle immense dont les murs de marbre grislanc lusaient comme une premesse. I -venat de pénérer dan le palais royal ‘Qui val? demanda le chef des gardes. Paulo ne sut que séponder. Jee ne suis qu'un simple voyageur... vent faire connaissance dela Belle-sans-connalte, "7 Tu nlas rien & faite il | Emmenezle Trois autres gardes se jetérent sur Tintrus et Vamenérent au cachot Tu moisiras ii jusqu’d ce que le roi daigne venir te voir! martela le chet des gardes, [ils aissdrent Pano seul dans s cellule, Le jeune homme se désespérait : « Avo fat tout cola pour me retrouver prisonnier...quel gichis!» Mais i reat pas attendee longtemps. Au bout d'une heute, Te roi se présenta eserté des quatre mémes gordes, (On mia dit que tu voulais voir ma fille. —Votee fille 'sétonna Paulo — Mais oui, la Bellesansconnaitre, ma eadete —Fignorals qu'il sagissait de votre file Allons bon ! Eten pls il ment, — Je vous assure, Siee —Taistoi My a mail ans, je me suis fiancé avee mon actuelle épouse., fit lero d une voix nos: talgique. Nous nous sommes promenés dans Je Nord de la Martinique, hélas ma fiancée perdit la somptueuse alliance que je lui avais offerte. Je te donne une journée pour la retrouver. Sita nes pas fen possession du bijou dick demain matin a pareille Fhoure, tu seras haché au fil da rasoie — Mais Altsse, comment puisje le retrouver st vous me lasser enfermé ? Débrouilleto,répondlit le rol en s'éoignant. A demain 8 heure était grave, et cette foisct le voyageur ne voyait pas comment ¢en sori. La nuit stvangait, ombre noire dont Paulo ne percevait pas l'épasseur dans sa geble plongée dans Vobscurit. I navait plus la notion du temps mais lt avait que ce dernier passat iréméiablement, Un sentiment dimpuissance et de désespoir Fenva Jnssait tout entier quand il entendit un aboiement. Quiestee ? Crest mol, Chien ar Le sergent chef des chiens fe viens te rendre Ja pareil. fy avait mille ans que mes congéndres et moiméme n'evions mangé des 0s si dalicieuy, lune moelle aussi tendre que eellecontenue dans le bail que tu nous as baillé. Nous allons Walder Lorsque Tangélus sonnera, nt seras en possession de la bague. Tu peux dormir sur tes deux orelles, Paulo s'en remit & la parole réconfortante de compize Chien et se couchs. Que pouvaitil bien faire diautre aprds tout ? Il n'y avait pas d'autre Pendant ce temps, la meute des chiens, menge par le sergent-chef, se regroupa pour se diiger 3 ‘oute allure vers le nord. Arrivée sur place, elle se \éploya dans toutes les directions, Des dizaines de lens arpntérent es ues, Hairrent les bosauets, foultent es plges ls demaaderent des indices fi potas et ce ft une tte sardine qui les wee sar aun jour ta use bag y 8 pourrait me 1a rapporter ? demanda Te sesgontchf des chiens TE peste sardine ponges et remontala bague en aqventon Le sergent hel reconstfmédltement IE coen royal ainst quion la sumammait en talson de ses longues plumes arviére. Le gaccon fobservait son tracénoit dans les alizés de Tazur quand, tout & coup, oiseau fondit sur Teau pour en retirer un poistonaiguile tout frémissant. TeJean rut alors entendre comme un rurmure montant des vagues. Il pensa dabord au vent, mais ce mur mmure lui rappelat rangement la voix de ss méze «Pour atraper un poisson aiguille, souflla cette woie familie, I faut agircorame la queveede-cisea. > ‘TiJean avaitil reve ou Vesprit de sa mire était bien présent dans Toeéan ? Encourage dans sa quite, adolescent interpreta judicieusement le consel surgi des profondeurs marines : il entzeprit de fabriquer tun cerFvolant qui se terminerait par un appt sans hameson, Il parti dans la ford et, pendant plusieurs jours, chercha parmi cachibous” et bananiers, fougeres et Dalisiers, ce qui aurait pu fare office d’hamegon. ‘Un morcens de fer ov une pier siguisée ne conve alent pa: trop rigides ts brseralent le bec du pois son. C'est alors que les cheveux crépus de TiJean se prirent dans une toile daraignée gigantesque. Il ne Yen défit que tres dffcilement, cette tole ayant la particularté etre A la fois résitante et gluante TiJean venait de trouver son hamegon. I arracha tne branche, Venfonga dans la tolle et ta fitouler entre ses mains de manigre a récolter le fil si spécial. Loreque Ta tile enroulée autour du bbiton forma une gaine aster épaisse, TEJean rotra Adlicatement la branche afin de ne pas abimer le reste de Ia maison de Varaignée. Pus, & Taide du coutelas que lui avait ofert son grand-oncle il sec tionna des lanes qu'l prit soin de couper en quatee dans le sens de la longucur: celles ul serviraient de fils pour manier et guider la parte volante du cerfvolant. Cotte dernigre nétait pas dllficlle & ‘concevoir Ts Jean déerocha dimmenses fells de siguine blanche" qu'il relia en losange & Taide autres lanes tds fines 4“ 1 acheva ainsi son cerfvolant, porsuadé quill volerait dans le ciel comme une frégate en fisant trainer la surface de Veau la bobine de toile dara jgnée que wimporte quel poisson powvait prendce pour de Vigname? grive & sa couleur mordorée, Lorsque ‘Jean expliqua son stratagéme 8 son grandoncle, ce dernier ne le prit pas au sérieux *Tu penx toujours essayer » hui langad sans y croire. Néanmoins il consenti lui préter sa pirogue aqui permettrait au gareon daller plus au large, Lio, Valize souffle pha fort, Arrivé au beau mitan de Vooéan, cétait comme si Jes poissons aiguilles Vattendaient: is dansaient tout autour de la barque, sans se douter in seul ins tant du triste sort qui les guetta. T:Jean leva ses feuilles de siguine & bout de bras ot Jes lacha bru quement. Celiesc, au liew de s'élever, tombérent dans leau. Mais TrJean ne se déeouragea pas. Illes ramena 8 lu a Vside des lanes et recommenca la seconde fois fut la bonne: les feuilles se vérent dans les airs comme une frégate, et avec eles Te coor de fadolescent frémit. Les fells planaient dans le sole, losange dor étincelant, Alors lappat se mit 8 glisser sur la exéte des vague et, miracle, les poissons-aiguills le suvirent, La course dura quelques secondes & peine : appt fendait Teau & toute vitesse et les poissons le suivirent jusqu’® ce 5 que Tun dente ev le gob goliment. TrJean net lus qu tie arse ile be du poison stat {om pv eng dan la tl agua Tl sori la prise de Feu etl sit 3 plenes mains eit sans doute la premire fos qui Tomine tent un posonagal Cet explo emt Troan de Rete, Toute aginst la sorprive fate des autes villages, unl olson en todant i maque et coup Tapp avec sex dent Iesqutls ats n ple st rice 8 papeye chil comoramatabondamment ate aprevmidi price & la technique révol ionnate crf ont qu aval invent, Team fttrop tents possonsaiplles, ILfu serlamé sur Sere comme on vera ce et silage se reitentfe sot meme la place cna afin de ter enfin a char de ce poo sl myatreix ie Fadnesent ep &patoger avec eu est pede La lege ont qi Tan ps ot Ge pece a eno ae garganva pes prempeche a mort de ses poe Mai parvint Mhanger ave de sx congentres nL 6.CoPAINS D'UN Jour, L'AMOUR TOUJOURS pate Calon a soit sumed vr ar {cE prenaon dbo tps he Sinapprecnt apie compughe dette Ma Le roi avait une fille mavier, et ni elle nl lai ne souhaitalent une union avec le premier ven. Apres avoir passé en revue des dizaines et des dizaines de prétendants ils hésiterent entre les deux compres, ql possédaientchacun des qualités convaincantes Cheval joisslt dune musculature puissante et dime trinibte magnifique, or cela le rendait fier, trop au soit de Sa Majest€; Lapin, Iu, était vif et rapide ‘Eanme Uéclae, mais la princesse jugeit ses longues treilles digracieuses. La compétition s'annoncait Serrée. St les deux compres aussi déterminés Yun que Faure ya certes de longues oreils, se défendit Lapin dovant les souverains, ais au moins jentends &la perfection. Ce que je regret, daillesrs, quand j Pi obligédécouter les henmissements aburissants de non vosin. wah ca cest trop fort! rétorqua compare Cheval, beaucoup moins & Taise que son acolyte {ans le maniement da langage. Pout qut ke prends tu donc, avec ta taille de moucheron 7 Moi ai une taille de moucheson ? Parfaiterent, monsieur, Ta es minuscule je suis en effet plus petit que tei, grosse bour- rique mais cela ne signife pas que je te soi infreur ‘hu conteaie, je peux méme Ge supériur 3101 yi ha ha | hennit Cheval. ’aimerais bien voir al «Je parie que je peux faite de toi ma monture, tanga le rongeur avec des yeux pétilants de malice ie je veléve le par, soubresaute Tautce dans son fou rie, i jamais Tu y aves, je Tenoncerat& la # princesse, Si par contre ty éehoues, Cest toi gui Ahandonneras.D'accord ? ‘Compre Lapin approuva, de méme que le roi et sa fille, satisfits qu une idée permettant de dépar- tager les deux prétendants fir enfin trouvée. Les ddeox anciens copains sen retournérent, sats de leurs chances ceapectives. Cheval ft méme vlteface pour tenvoyer un baiser& sa promise A bientdt, mon amour, susurratil en sot grant. Sitot renteé cher lui, Cheval installa un cle boeuf sur sa porte oe nest pas quil raignat Lapin, persuadé que ce petit prétentieux ne pourrait jamais Bagner son pari, mais préférat tout de méme prendre ses précautions ; Lapin était tellement rusé {gil était capable de nimporte quoi Pendant plusteurs semaines ob ses pensées alter nalententze limage rebstante de son adversaire et Te visage si dou de la princesse, compere Cheval continua de vivre comme & son habitude, vaquant {ses occupations quotidiennes et sortant samuser Te weekend. Mais, of qu'il allt, il ne rencontrait jamais son ancien camarade: ni a la plage de Madiana, ni au Karaoké café, ni su le campus oii prenalt des cours d'éloquence alors que Lapin y Yenalt souvent lorgnet ls jeunes étudiantes, Le row jgeur éait bel et bien devenu invisible. Au début, * Cova pense guise cachalt par honte voi lane un dts préompmesn, Pi sed qe Son tia nk mda e temperament exibrant de {Spine Tara amas Sonne das son pest er fereusilongiemps " es dates de Cheval se confirment une aprés Daur Schechter passer tapin var Sappayait sur une cane. Li que Conds sous Teste Mamboyant. lon # approcha de i El en alos, mon vies fated toujours que wR rom ai pln Taree vx che rote, sls tone alae qe eens pine [at I st wt ce qu ive quand on veut five matin, Dism vent done fon ma? dear mine ign One nem que ga neva ps pte Eo Te moment, Iris ste un rie special a base de tame Mon pauee- Bon ch bin fecal queje vals de cps nse apintse Abin, ton com> pov bon absent Tues le meilleur, je Tadmets volonters. Je te soubaite beaucoup de bonheur avec la princess. FFespére simplement quelle te cries, ‘Cheval, qui ‘apprétait& s'ancer au galop, mar (qua un temps dare ‘est vrai quelle n'est pas foroge de me eroire, concédatil Si tu veux, je peux venir avec toi pour confirmer, — Oh oui, ca serait tellement plus exédible | Cela ne te dérange pas, au moins ? Pas du tout. Si ga peut Yaider.. Seulement, dans Tétat ob je sus, je ne pourra pas courir aussi vite que to. — Ne Vinguite pas, je te porter, Alle, grimpe sar mon dos ! Comme dit, comme fait. Cheval se baissajusqu'a hauteur de Lapin, qui sasst&ealifourchon en lis: sant sa canne a tere, talon poussa tn hennisse- ment conquérant et dématra, Durant le trajet chaotique qui serpentait entre le reli et la mangroves, Lapin se mit & cracher en suppliant = Passi vite, compare, Je me sens si ral CCheval ralentit en sexcusant. Latte ajouta —Tiens, aeétonsnous quelques instants dans la forét. Psimeraischercher des lanes, stu le permets je les enroulerai autour de ton cou et fe my accro erat afin d'etre moins secoue. Ca rendra la dow leur moins vive ‘Cheval ne put sefuser, méme si tout ce temps perda Tagagalt Lapin coupa quelques lanes et les Facha comme convent autour du cou de son com pagnon afin de pouvoir sy agripper. Quelques rn Fhues aprés qui se furent remis enroute, le rongesr Woulut & nouveau faire une hate wah compere, les lianes me glissent des mains, je n'ai pas assez de force pour les setenit Cla te dérangeratil de les maintenir dans tes dents puissantes ? Bon elaccord, naugréa Cheval, Fais ce que tt ‘yeux mais ne perdons pits de temps, conelutil en Tnichouilant les Tianes, Matté que son concurrent tnatheureax Feit complimenté sur sa dentition, Enfin is arrivérent devant Je chiteaw du 10k cheval, ézeinté par Veffort, haletait comme une Tocornotive & vapeur. Quant & Lapin, il héla Te rarde re Va vite chercher la princesse: nous sommes ‘venus Iui annoncer Ie nom de son futur mari! ‘étalon tenta rapidement de remettre sa crniére cen place avant de pénétrer dans la cour du chateau, Lapin toujours juché 3 calfourchon sur son dos. La princesse et son pte les observaient du haut dit se taleon royal Cet sor que le rongeur tra ures sett ea ion Oattese vous consatrer qu fl gugné mon puis Jal fat de Cheval ma trontre! Heureu Tavis conquis votre main, princes, jou i en ‘incinant furl dos do son eompagoon qui com brit ce momenta quil venat des faite bores, Come conven Lapin gus ile dr ls eutent ensemble ine hele metal, Quant & Cheval il se sett tellement honteux avoir été tubs sapide ql demeura cite che ui pour le teat de es ors Umar sat bin et ron de Fentente amiale ene les deux compare, et cest depuis cette histoite qu'on ne voit pls Cheval et Lapin fare Ia bringne ensemble 7. Lé soRr DES ENTETES mule. TrPocamne, comme il sappelait, était obs tind au point de rendre flle sa mama: « Quand ‘has quelque chose dans la tt, lui tu ne Tas pas ailleurs!» Un jour, elle fut tellement exaspérée devant son refus de manger la frieassée de chateou quelle wait mijotée avec amour, quelle lui fracassa ne couscouche” sur la caboche. Mais TrPocame avait la tte bien dure : malgré ses pleurs, il n/avala pas une cuillere de chatro, Pour autant, i! nlétait pas mauvais gargon, 1 rmanifestait méme une grande sensibiite. Or hi I 1 ait une fois un gelopin plus téta qulune rlleus offert & Nol une fate de pan dont it de merveilleuses mélodies. T+Pocame tenait tellement son instrument quil Yemporaitpartout Th apres o este rita pra pecan ee ve dan fi on de a Fate tnt quit poe Quand i ft To posta phe un gomnier ouge I ged quelques ns ware renter a wflage ave all Ue arnemen, Sie evn te grand Bible qu at dans ls aa inti tombante. Et Tofocame scot de Ts avoient parcouru un bon bout de chemin snd Tenant te rappel out coup avoir ove = itdt cette pensée eut-elle traversé son mae et fa comine sa fle. fxprit qui cha la main de tune léche ~ Revers tout de suite | seria la pauvre maman. Gest trop dangereux, tu risques de rencontrer le Diable ! Mais TS Focame 1’eoutait pas. I eourut et courut encore, jusqu’’ atteindre enfin le trone rougeatre Su goramier au pied duquel tranatt sa fate. I la ramassa et tegarda Tarbre incandescent que le tout ‘Gernier rayon da jour embrasait de bromze. Un wile 36 a noir tomba tout & coup sur la fort. Un hululement range traversa Tobscurté. Le jeune gargon sentit son cceur bate plus for. 1 se souvenait maintenant des conseils de sa mare et commengait 4 regeetter de ne pas Tavoir courte. Il avait bien la flite en main, mais & quot Jai servialt elle sl ne parvenait pas &rentrer? Tout iat si noir, seules quelques étoles pergaient timi ddement le feuillage épais des arbres, Sur le chemin, tun figuier mauait jetait ses racinestordues comme fn jette un mauvais sort. On aurait dit les doigis Interminables d'une sorcire, et THPocame hésitait ‘Soudain, une billance extraordinaire appanit at Join. Cétat une lumigre dune blancheur aveuglant, etelles'approchait la vitesse dun élair Ti Pocame ‘eat pas le temps de se froter les yeux qu'un cheval rmajestuewx se posta devant lui Il éait couleur de une et portait deux comes immenses et torsades, Que faist dans la fordt & cette heure ? lai demand Ia réature éincelante, TrPocame, abasoued, balbutia Je suis ven chercher ma fite de pan que ifvaislaissée au pied d'un gommier rouge Tu ne devrais pas trainer dans les bois en co moment. Pour ta peine, tu joueras pour moi, 37 TiPocame tremblait mais, croyant que sa vie ait menacte, se fit violence pour jouer da mieux quit put Entre les notes de musique, # chanta ta: man tow, péla man I Pela man li, péla ma lou Coral bel, coral belt Péta man li, péla man low ‘La erate fut touche par fat émouvant da jeune gatgon. re passe ton chemin, Ia dell, le plus beat est Sur ces paroles plutot énigmatiques, T-Pocame pit ses jambes son cou et senfonga comme um. fou tans la nébuleuse de la nuit. hu sembla méme un natant quil éait-poussé par une force invisible, Comme le souffle dun ouragan. Cest alors qui se Felourna et tomba nex &nez sur. un dragon. La béte était colossal, plas haute qu'un gayact, ct dans ses yeux rougeoyants tressaillaient des 26 bbnires de soufre aque faint dans a fort cette heure tardive ? Jui demmanda le monstze dans un souffle brant. Tu ras done pas de maman ? ‘Si... dructa Ts Pocame, complétement sétanié [Mais favaisonblié ma flte au pied d'un gomnier. 8 Les gommiers, je les consume d'un crachet, Aelara le dragon ail appréciait Ia chair tendre des enfants ‘Pocame apergut les crocs ivoirins de la béte, 4qui saillaent de ses micholees couvertes décalles Ten fat horvfi,alrs il propose, pour se sortr de ce guepier =Si vous le souhaitez, je peux jouer de la fate. Devant Vacquiescement de la erature féroce, le jeune gargon semploya & jouer et &chanter sa plus belle melodie Péla man low, péla man I Pela man li, pela man fou CCorali belli, coral Belli Pla man li, péla man lou Le dragon se laissa quelque peu émowvoir par cette musique si suave, Il fit preuve de clémence, lest bien, fiston, passe done ton chemin. Le plus beau est encore-devant Quiestce que cela voulait done dire : «le plus beau est encore devant» ? TiPocame ne tarderait pas ale découvrir, La peut lai mangeait tout le ventze et i courait comme un nggre marron” quand il entendit un har Jement effroyable écarteler le ciel. Les halliers* vacillivent pot laiser place 2. la Bete &Sepe Tees. ‘Un monsire ail terifant, le plus cruel de toutes les ‘Antilles, Ses quatorze yeux lancent de la foudre et fon ct gaffe le tonnerre. Sa queue traine sur sept frandes lees et ses dents sont plus lmgues que es Vrambous de la montagne Pelé. T-Pocame compet {que sa fin état proche ‘Son cerur battait la chamade. Des gonttes de seu glacées lai dégoutinaient dans le dos, Tout on corps tremblat et fenfent serra sa fit du plas fort quil pat Audessus del a vote céleste avait dja revétu son linceul Te plus sombre. T-Pocame ‘avail bien Timutilisé de toutes ses pritres et de fon chant : la Héte & Sept Tétes naurait aucune pitie Tentement, gravement, de son pas si Jourd qu'il cenfoncit la tere, le monste se mit 3 toomer autour dd Jeune gargon, Son regard était d'une cruauté indescripible, pétifiant de frayeur cola qu le crise T-Pocame leva courageusement sa flite en guise de bouclierdérisoire. La Béte déclara, impavide Quelle imprudence de se trouver a milieu du bois & Fheute oi le sexpent ouvee son bal, ob le zombi galope dans les halliers, ot le dragon se révelle dans la fareu {La nuit est le royaume dy Soucoayan®, Ft le Soucouyan a grand’ faim ‘ies plumes di monstre avaient la couleur des jours passés, THPocame retenait sa respiration, pe Sant toute la douleur qui causerait asa mere une fois disparu. Mais i nut pas le temps denteevoir la riviere de ses yeux que le Soucouyan le dévora, Par terre gisait la fite de pan, inerte et silen cieuse & jamais. Ainsi en vatil du sort des entétés 8.LA CRISE DE CRAPAUD fous tes vous deja demandé pourquoi les V crapauds ont la peau verdatre et verre fqucuse ? Car il en a pas tovjours été ainsi. Nombre de gens pensent que ce défat est appara 8 cause de leur absence de coquettere: i fest vrai que les crapauds n'appliquent pas souvent des crémes de eauté. Cela compte, sans doute. Mais ce nest pas la veritable raison ‘Un jour, alors quil flnait sous les hibiscus, un compte Crapaud tout juste sortt de Ladolescence apergut une demoiselle Anol™ accupée & déyuster ‘une caimite*, Crapand en ravaa sa bave st jolie lu parut la jeune Mzarde ; elle état longue et fine, % lune merveilleuse nuance émeraude, et ses yeux brillaient comme des petites perles, Crapaud en coasta d'admiration oiplétement hallucing, le jeune imberbe cow rut cher sa maman pour hi annoncer qu'il souhat ‘Maman, maman ! sécriatil bout de souffle Je suis tombé arnoureux sous les hibiscus — Ammoureux ? Mais de qul done ? —De mademoisell Anal. Elle est tellement bell cet sa peat de lzard semble si douce... soupirail Mais mon fils, tes fou | Tu ne peux pas tom ber amoureux comme ga! Bt surtout, tw ne peux pas épouser une anoli: ¢est ave une damoiselle Crapaud que tu dois te marier. Laisse done dam selle Anali pour an monsieur Anal (Mais Crepaud wobéissait jamais. Ul avait une ficheuse tendance & ne vouloir en faire qu’ sa téte pls petit, 8 Téeole primaire, il vamusait deja & soillevet les jupes des srurs Salamanale malgr? les ppunitlons repetition que fu infligeait la matresse Ecrevisse, Comme dhabitude, le fouguewx batra- ‘Gen se sentit assez grand pour agir & sa guise: i sen alla retrouver la jolie Anoli afin de ui avouer Ses sentiments et son intention. Celleld nen crut pa ses auies — Comment ? Tu veux te matier avec moi? “Mais tu sal. les gens ne se marient pas comme ga! ES 1 faut dabord acheter route ume série de choses pour la future maison: un It une armoire, ane le, des chair, des abe, un hana et jor pase Bon ty, eva eae une ft et Ee qu faut pour que le mariage sit enisgeabe /Aprés ca, on verra bien. “s = (rapaud emits, tout houreux de constater que la fabulese damoislle Anal ne le eet pa stent patient quelle complé la hae de “Tu auras tout ce que tu voudeay, mci. Ta peux me far confance — Mais je nen doute pas un instant, Crap dans ma case qs ite au bond dee rivéne Cat Uh gue fe attends pou es woes Tout excité, le prétendant se mit immédiatement ‘a travail La premibre chose aie était de Sendeter, car il ne possédsit pas argent lui permettant d'soqué tir ces biens. Talla vir son ami le bangle, compere Cafard, qui ne mit pas longtemps a eonvainere Tu comprends, lui dit, fen suis amoureux fou, St voyais fa queue, vet et ls Comme Calard vivait seul depuis toujours, se désespérant de tencontzer un jou a fesame de sa vie, sa pausre vie qu'il voyait en noir, i se laissa attendrir par son compere 6 a —————— —Si tu savais comme je Yenvie. lui confiatt dans un soupir, Tiens, prends tout Vargent que ts ‘veux, puisque cet argent fera ton bonheur. ‘Une semaine plus tard, Crapaud se renclit & La case de se promise of il vat comme conven tentzeposé tout le mobili, Il était prét la conduire A Teéglise mais damoiselle Anolt objecta fe suis vraiment désolge, nous ne pourrons pas nous marier aujourd'hui. Hy a en effet une ra Sitio dans la famille: ehaque nouvelle marige doit porter pour la cérémonie une couronne de fleurs Woranger que son fiancé ira chercher & Grand. Riviere. Situ nee fais pas, mon pére ne Caccordera pas ma main ‘Crapaud. ne se fit pas prier: 3 peine la jeune lézardle avaitelle prononceé ces paroles qu'il se mit en route vers le nord de la Martinique Pendant ce temps, comme vous pouvez vous en outer, la mare de Crapaud se faisait beaucoup de Ssoucis : «Ce nest pas une fille pour Il, e suis sir fquele va fat jouer un mauvais tour.» songeat deen se fasant un sang dencre. Orel nfavait pas fort (es mamans ont rarement tort} : bien evant Ta demande en mariage du batracien, damotsele ‘Anoli réquentait déjt un fianeé, monsieur Anal dt CAnolid Grosses Joues » — cest qui aimait bien manger, celuida.. Dés que Crapaud fut parti pour rs GGrand-Rividre, le couple s‘empressa de déménager tout ce que le pauvee soupirant avait acheté. Une fois le matériel chargé dans une camionnette, ils Aisgararent et pas personne ne les revit jas (Quel ne Fut pas le malheur de Crapaud lorsquil revint une semaine phi tard, completement épuisé par sa quéte, la coutonne de fleurs doranger aux levres il n'y avait plus de mademoiselle Anoli! IL la chercha partout, de Vaube au crépuscule et du soir au matin, mais il ne trouva rien d'autee qu'un vulgeire morceau de papier sur lequel avait été iribouilé a toute hates « Adieu, petit couillon de Crapautl » ‘Ala lecture de ces mots le pauvre compére séva nouit.Cest sa maman qui, inquiéte de ne pas le voir rent 8 maison, le retouve allongé sue le sol, totalement inconscient ile le ramena cher ele et sévertua 8 le soigner Pendant psieuss semaines, ell hi administra des tisanes et toute la tendcesse quelle avait au fond du ‘cxeur, Mais son fils ne guérissit pas. La maladie de Vamour se voyait méme sur sa peau qui virait a brun et se recouvrait jour aprés jour de pustules. ‘Les mois passivent, et petit & petit le mal au ventre se dissipa, Mais les boutons brundtres de CCrapaud restient : s crise épidermique jamais ne @ Bien des années plus tard, Crapaud rencontra enfin famour véritable en la personne d'une damot Selle Grapaud, Cellec\ passa outre sa laideur de Surface ef Faima pour sa beauté intérieure - eachée teés at fond de lutméme. Au grand bonheur de sa rmaman enfin rassurée, ils se mariérent et eurent tng enfants. Des enfants ladces* comme leur pére. ‘Gest & compter de ce jour que tous les crapauds viennent aut monde pustolews. Et ni famour sin- cere, ni les masques de beaut, ni les conseils dune mére ne pourront jamais ren y changer. 9. Le Poisson BLU dont les cheveux dessintient des milliers de petits 2ér0s. Elle b Picere of son pire p I | était une fois une fille prénommée Céline bitait le village de Saint Sait & la sean La gentile Céline auralt pt éte heureuse si sa maman Vavait aimée davantage, mats celle ct ul p at son petit frere lui au moins pourrait plus tard alder son pire dont les mains étaient abimées & force detrer Tes filets de poissons Tous les jours, emplie du regret rancunier de ne pas avoir eu deux fils utiles, a mére de Céline envoyait chercher de Yeau de source vers Morne Rouge. Le chemin était long et abrupt, mals la jeune 9 file sexécutait avec abnégaton + dans sa petite talebose, elle rapport de Lens, une eau date comme Is lames que aval verses sur leche Tes, quand esos ereponient a surface de ota, Caine se movlondait Mas es ages Tamensent i ses pied tus cs snglts agent hus sur la mer Ah donne de Tespance a Jeane file vat de eacontter un jour ona qt la Cat los dam de cepa ge fon Sp le surtace de Tea fdit de manire tabi fucks etun fantasti polon Bewté appara tes potent volonts qui virevoltent Ix nt das I Tie de Fortde France Cea feappa plus parti Tarement line, cat le ble el dss Eales. Ce poison ne ressemblit& auc ate. 1 jane file satardat ule vag, come 1 confor pr ete sppusiton, Ele pens tot de rene ener cer ely ign le réperanes de ‘Sint, quand le potion sane mura Ta pee a touche Jesouhalte alder Cie aril les yeux le en croyait pas Je sus le Towson Ble, peu de gens me consent Cest pare quil fava fos ue uste 7 et avoir Je coeur almant pour pouvoir me rencon: rer. Je appara qu'aux personnes qui le mértent —Tu veux bien tre mon ami ?sersqua la jeune file ~ Tous les jours, répondit Ie poisson, tu viendras me volr avec ta calebasse vide, Tu nauras plas ‘besoin aller jusqu’s Morne Rouge. Tu n'auras qu’s ‘me donner ton réipient et je le rempliral. Ce sera eau de Fait Un large souree, plus grand que le soleil, élaira Ie visage de Céline. Le soir sapprétat a tomber. Le poisson disparut dans les profondeurs sombres et la Jeune file se mit enroute vers sa maison. Elle avait Fe eceur blew de bonhese Le lendemain matin, dés le chant de Voiseau pipin, Céline dut partir. Sa mére, qui ne lui fasait pas conflance, chargea son frére de la suivre un bout de chemin afin de vérifier si elle se drigeait bien vers Morne Rouge et ne charroyait pas Teau lune gueleonque’ autre source, plus proche mais plus trouble. Cest qu'il pleuvait beaucoup en cette fin d’hivernage. 11 éait difficile de trouver de Veau limpide. Seale eelle dévalant Morne Rouge restait assez clare. ‘hu lien de prendre son itinérare habituel, Céline bifurqua vers la plage, & Vendroit méme od le Pos son Bleu lui était apparu la ville. Tout en marcha, lle entendait des pas derlére elle mais n'y préta jude atlention, trop excitée & Tidée de reirouver Eon seul ami. Au moment ob elle foul le rivage, le frére, rise comme tn renard, se dissimula derriére patiemment. Céline se un gros cocotier et alt sit & chanter ‘Mon bea Poisson Bleu Reviens me voir que je te caresse Mon beau Poison Blew Keviens me vir dans la tendresse Lamlodie ségrenait sur 'eau comme des petites sgouttes de pluie parfumées de mauve, et tout & Coup le miracle se produlsit. Un éclair bleuté tea \ersa Iécume et le euperbe poisson émerges, ~ ponjour Céline ui dit ilen dauceu, je Uatter- dais, Jo suis heureux de te revoir ‘Le poisson brillait de joie. Céline hai sourit, te caressa et Tembrassa entre les deux yeux. Soudan Te monde niexistat plus, Jamais elle ne se serait doutée que son frére Tespionnait, Donne mot ta ealebasse ui murmura son ami Ia jeune fille Yéeouta. Le poisson sempara du sécipiemtplongea un moment et leremonta, rempli lune ens eristalline Voici eau de famitié., sourit le poisson, Céline se saisit de lacalebasse et déposa un der- ner baiser sur Te front de son ami. Une pointe or se mit a lure et Fanimal senfonga détintivement dans les profonde le reviendai demain, lui eria Céline en regar dant disparate sa quete Blewée dans la ravine du temps. Pais elle sem retourna, le casurIéger. Au méine ‘moment, le fete félon courait de toutes ses jabes vers la maison ‘Le garcon raconta tout ce quil avait vu &sa mre la convainguit méme que salle commergait avec le Diable, Cela wétait pas chose difficile: en ces tempera en effet, personne ngnorait que le Diable hhantat les bois il ne sétat pas encore établi en Enéer. La mire fit part de cotte histoire & son époux, Jequel pensait déja au prix fort avantageux quill pourrait tirer dun poisson aussi fabuleus. La famille disposait quasiment de tonte la journée pour dlaborerun stratagéme, Céline ne pouvant pas entree avant le erépuscule si elle voulait éviter éveillr Ia suspicion, Envoyonsla chez sa marraine, suggéra la mére Nous lui dirons quille est malade et qu'elle se lar guit de revoir sa fileule Pendant ce temps, nos Irons capturer le Poisson Ble. Celui-l ne se doutera de rien puisqu'l Satend a une visite demain matin, ‘Apres une belle journée passée a gambader dans 1a nature capiteuse ob elle séait fry % taurés de carambolest la jee fille evint la ma ‘Sree a calebosserempliedeau cai, Sit le ‘Side le prt fence apprit a fausse now alle, Malle sa fae, tarandoe pa Tingultude, She pepare quelques alfies en ute hte et repae in rute dat longue mais ine ft un pit our pl plage Sosa vodte obser dc a Stofce dela mer so pollo de ote es ares Sitargent des toes! CSine svat u'dle never Ys Te Polson Bele endrain matin. Graverent, Efe sora de son soc son chapel, Fenroula aout Tuy meee de bls ltt pa ere et planta rer dans le ble. + fai le ehapeet et “Teele Pais elle se emit en marche ‘Quan sa arcane uve la pore des petite case a jane file fut rasurée de fa voit dbout CGependant lle rong es sour de perpen en Sretenan quelle se porta mervelle et quelle ‘it jamais male Smal fate Mats eau bin contente de te ‘Pourtant Céline nétait pas tranquil elle sentait bien quil devaity avoir anguille sous roche. Aussi se réslatelle & quitter sa marraine dés Taurore " Has! Llaube ne sétait pas encore levée que toute Ia famille préparat son arsenal sanguinaire hharpons, aches, coutelas et des cordes grosses comme le bras. Arsivé sur la plage, le pore six Spates larges de marin ele entonna ‘Mom beau Poisson Bleu Reviens me voir que je te caresse ‘Mon beau Poisson Blew Reviens me voir dans la tendresse ‘Mais la surface de eau demeurait immobile. Le fils comprit, ‘oli est sans daute trop grave, papa, ca je suis sr que cst bien cette chanson la qui avait até le poisson Fautre jour. Laisse-moi essayer. tle jeune gargon pas encore adolescent se mit & fiedonner d'une voix aérienne Mon beat: Poisson Blew Reviens me voir que je te caresse Mon beats Poisson Blew Keviens me voir dans la tendresse eau sembla boulir,'écume échevelée sntrou vit et laissa poindre le plas mervelleux poisson de la Terre. Son blew intense iradiait toute la plage. ‘Cest li! sera le fil en levant sa machette, est Il le Diable qui nage { 1 EEE Bt toute la famille, armée de ses ustensiles de boucher, se rua sur le pauvre animal qui ne 1ésista pas longtemps. Le pre comnaissait son métier et eeoupa de heles tavches. tl pourrait en vendre, fen faite du blaff™ ou de la frie: ily avait assez de chait pour subvenir aux besoins de la famille durant plusieurs jours. Pendant ce temps, Céline marchait le plus vite cquielle pouvait: « Pourvu que le chapelet soit tu fours debout »,espéraitelletrbs fort, Mais quand elle atteigat le lieu de render-vous, un hautleccear Ta secoua : les vagues macéraient dans une couleur incertaine. Surtout, le chapelet tainait négligem: iment par terre, comme sil avat & piéting, Malgré Tes larmes qui commengaient & monter, Céline employa 3 chantonnet| Aon beau Poisson Blew Reviens me var que je te caresse ‘Mon beau Poisson Blew Reviens me voir dans la tendresse Mals du rouge susgit de I'écume blessée. Cline comprit ce qui venait de se produire. Les larmes ffflutrent& grands flots dans le vide aroce de ses {yeux Plus jamais elle ne reverrat son bel ami De retour & la maison, elle demeura mute. La découverte de Fhortenr lui faisait oublier de {questionner ses parents sur la fausse nouvelle de la ee maladie de sa marraine, A Theure du déjeuner, elle attbla dans un silence lourd. Elle avala son riz, puis sa mére apporta du poisson. Alors elle erat Aefallir la hale de ee poisson était dun blew qui fe salt jamais vu mule par. Cline senfuit en courant vers la mer. La douleur Tui déchirat les jambes et le corps tout er pleurait comme tne folle Elle Mon beau Poisson Blew Reviens:mai, je en pre! Mon Beat Poisson Blew Tu étais mon seul ara! Elle senfonga dans la mer jusqu’d ce quelle perdit pied. Aucdessus delle, le ciel menagait dun ‘zis opaque, La jeune fille e reeroquevilla sur elle méme comme une hantée, ésolue retrouver pour toujours le blew du bonheur :elle se Iaisa couler a fond de Yocéan, comme on laise couler une lame. Comme on laisse mourir un amour 1p SAUTERFLLE LES FOURMIS amelle Sauterelle o's jamais && ms IM Friis ait ge a lovee cr elle ince dans ls appar femenis et les maisons méme si elle trouve porte close. Cela ne se fait’pas, bien entendu : on nfentre pas chez quelqulun sil ne vous a pas invité, Pour tant mamzelle Sauterelle sen moque: elle a Vhabi- tude daller of elle veut, dans Vinsouciance de son saut vert frivole Cette mauvaiseréputation était remontéejusqu'aux areilles de reine Libellule, laquelle waurait jamais fait appel elle en des citeonstances normales, Mais Vhoure était grave : le reine avait en effet éaré une de ses somptueuses bagues en or qui lui entouraient Fabdomen et la rendalent étineclante faux yeux de ses serviteurs. Lorequillevolat sous le Soleil, reine Libelile ébloussat ses fides contem- platifs ses anneatx brillant de mille feux, et leur magnificence rappelait tous, mouches prolétaires cet abillescultivatrices, scarabées fonctionnaires et Favets au homage, quelle régnait sur les insectes de a Terre, Que sa grace et sa beauté sfavaient point egal (sans cette ague le prestige n'étalt ps assure (On hai trouvait mauvaise mine, on se demandait si cll était pas malade, et dans tout le palais on ne parlait plus que de cela : la fameuse bague éyarée lle reine Libellule. Cette dernigre s'accommadait fort mal de cette situation, a un tel point quielle rfosait méme plus apparaitre en public. Lorsque le matin elle se regardait dans le miro, elle se sen- tait diminuée, comme amputée:« Jai impression tre un crabe qui aurait perdu ume pince », se Imorfondaitelle, Et sa journée Gat grise comme un Gel pluvieux dhivernage Voulant a tout prix remetire la patte sur cet anneau inestimable, reine Libellule ft publier dans tout le pays de la Guadeloupe et de la Martinique, jnsqu'ax Grenadines, des annonces stipulant quel fe recrutait des devineurs, Les annonces prometaient Qu’une écompensealéchante, savoir sept bananes figues et sept cristophines, serait offerte 3 celui on celle qui parviendrat 8 deviner Vendroit ods nichée la bague. La reine leur ballait méme le logis. ct la nourrture penalant trois jours et trois nuts mais si, au bout de ce dé, le devineur naval tou jours pas découvert a cachete, il serait décapit est ainsi que, aprés quelques semaines seule ‘ment, plusieurs bourreaux se mirent en congé mala- de & cause dune tendinite au bras droit, tellement is avaient coupé de tts : les machetes nen fi saient plus de trancher les insectes téméraires, ‘marabouts vértables ou imposteursimprovisés, au risquaient la devinette au péril de leur vie. Cela rfamusalt guée Libelule de wir tutes ces tronches ‘de macchabées pourtir devant immense portal de som chateau, mals personne ne parvenait a résoulre Vénigme. Meme la vieille araignée, pourtant doc leur &s sciences occultes, sécha devant le probleme = en perdre latte ‘Cost alors que la reine entenlt parler de mamnzelle Sauterlle son boutfon le criquet, qui avait ebtoyé cette deridre sur les banes de Vécoe, ui rapporta quien dépit de son impolitesse légendaire et d'une paresse bien install, elle tat tbs rusée et saurat peutére éelairer leur lantern La reine ne suppor tit pas les gens de mauvaises maniéres, cependant Be elle était tellement désespérée quelle se laissa Convainere et ordonna dller chercher Vinsecte impertinent. Cela torabait plat bien pout manszelle Sauterelle a force de fainantiser tout le caréme, préférant Sioter e-punch* sur tipunch plurdt que dalle tax wulller dans les plantations, elle navalt gagné qu {ris peu de sous, et Iai était désormais impossible acheter les fruits et les Kggumes nécessaies & sa subsistance. De plas, les plantes et les arbres étaient Surveillés de tes prés par des gardes-bourdons peu fvenants il valait mieux ne pas songer au vol car Te coupable attrapé en flagrant délit éopait d'un chhitiment fatal, semblabe 8 cel des devineurs qui fhe devineient pas. « Sept bananesigues et sept ‘ristophines ? sinterrogea Vinsecte sauteut. Ga ma Tair pas ma du tout ! En plus, je vais dotmir dans tun palace et grailler 3 Vooil pendant trois jours, ‘Apres a, on verra,. Fant bien crever un jour, de toute fagon. Au moins, si je meurs, je mourral la PefamaleSauterlle fat en effet regue comme unpinense Ola loge das la pos ble suite tier tus ses eae lene teat 2 offi & sowie Te metear conor possible afin FRndftene de conditions optieaes pour pratique fa art si mystérieux dela divination, « Pourvu qu'elle me retrouve ma bague », se languissat la souve rine. «Je vais m‘en mete plein la panse », som seat Ia sauterelle lle 'en donna effectiverent & cceur foe ~ ou plutét a estomac joie. Pour faite plus vrai, entre deux planteurs* au jus de goyave, elle s'asseyait dans un vaste fauteil en rotin et prenait une pose méditative, téte Kgirement relevée, yeux fermés, les doigts de Ia main formant un triangle que les domestiques fourmis si curieux abservaient dun air hagard. Le jour de som arrvée au chavea, lle ft cela deux fois puis, s'apprétant recommencer, intima sux dete pis grandes fourmis de quitter Ia pidee. Lorsque le dernier domestique se retrowa seul face la sauterell,celleci le regarda, rit une profonde inspiration et déclara d'un ton mystique Diew tout puissant | ly en a un qui s'est fait prendre 1a petite fourm ne sist pas le sens précis de ces paroles, mals elle én informa ses deux congénézes Te soir méme, lors de Ia courte patse dont ils dispo sient pour prendre lear diner frugal, Ceuxcl ne comprirent pas davantage. Un jour sétit éeoulé Mamzele Sauterelle savait qu'il ne hl restat peut tre que deux jours & respite. ‘Le lendemain, aprés la toilette dx matin oi elle sft lisse ls ales avec du lait de coco, Sauerelle & ee ‘continua son manége. Fle commanda une bisque de toulovlous* et une tarte att giraumon quelle frrosa d'un succulent rhum views & Vauburn mer veilloux, Cétait un ts grand saintjames, celul {que la reine préférat, mais 'nsoete sauteus, déci- dément sans géne, Tengloutit pour lui tout seul « Gare toi sta ne découvres pas 'anneau », pens lets fort Libel. « Cest¢a a vie», sexelama en. son for intéieur Sauterelle en lichant un magnt fique rot de comtentement, Puis elle s'asit 2 nouveau dans le fauteuil de rotin, prit sa position si particule et, cette fois, ‘demand & la plus petite et la plus grande fourm! de parti. Restait donc le domestique de taille ‘moyenne, qui sinscrivat du regard dans ce triangle i inguigtant que la devineresse dessinait avec les dojgts. Cest alors qu'elle rouveit les yeux et pro- norigasolennellement blew toutpuissant | Ty en aun deuxiéme qui Seat fait prendre. Le soir, lors de la pause diner, le valet moyen fit part ses collégues de ces propos obscurs quiil avait pas compris, Tous demeurérent pantois atl se passer pour ele ~ et pour eux 7 Il ne restait plus qu'un jour avant Vexécution, Le troisiéme jour Sannongait la fis splendide et funeste. Laurore sortt de lz mit dans une quiétude Bs ambrée qui convenait & merveille & Thumeur de mamzelle Sauterelle. Cait peutétre le dernier Jour de sa vie mais ellen’en avait eure, Rien ne sem bait pouvoir entacher son insouciance: I) faut Dien mourir un jour », se répétaitelle, «et il vaut ‘mieux mourie hese que malheurewx.» Pleine entrain, elle avala une calebasse de victuailles et tune chopine de tafia* sous les yeux herlués des fourmisnoires pastes assurées. Puls elle installa dans son fauteil de rotin. Les vats se doutaient bien qu’elle demanderat & restr seule avee le plus sgrand entre eux, aussi les deux plus petits, rongés par langoise, décidérent ils de prendre les devants. —Si mamzelle Sauterelle le souhaite, nous pou ‘vons lulapporter du ehorolat et du pain au beurre — Ouals, cast une bonne idé, répondit Ia saute: relle sur un ton détaché. Fates done, mes braves, faites done. A peine avaientils quitté la pice quélle se edressa et leva les bras a ciel en déelamant Ai, mon Dieu, voila que le tosiéme vient de se faive prendre, et In reine n’ura jamais de pti! Que la vie est cruel! La mort nous guette dis Un frisson atroce parcourut le dos longiligne de Ja fourm, qui ne put retenir davantage le secret ue lui et ses deux compéres gardalent depuis des 55 —Mamzelle Sauterelle, 6 grandiose devineresse, {implore votre pardon. Je vous en pre, ne me faites ‘pas de mal! suppl iL — Mais qu'ss-tu done fait, misérable, quit Fase trembler comme ga? On diait une feuillesoufTée par l'slizé “ Cest bien nous qui Favons pris, la bague. Tu as su le deviner ds le premier jour La sauterelle exultaitintérieurement. Som strate sgéme avait fonctionné : en faisant crore 3 ses serv teurs qu'elle possédait des dons de divination, elle les avait foreés & avouer le forfait qu’lsavalent commis. ‘ais comment statelle outée de leur culpablté ? Simple question de loggu : les fourris étaient en cffet les seule domnestiques Aavoiraecés la chambre {de la vein, of cellec rangealt ses magnifiques bijoux avant de se coucher ~ Libellle ne dormait jamais vec ses apparas, de pour de les aime. "Mais voila que la fourmi, qui était la fos la plus ‘grande des toi tla plus eraintive, se mit a gémir Tu comprends, mamzelle, nous étions obligés de voler cette hague, elle nous aurait rapporté bea ‘coup diargent si nous Tavions vendue, Avec la pol tique imposte au royaume, les fruits et les legumes sont devenus tellement cers que notre famille ne peut pas sien payer. Sauterelle pensa & sa propre situation, puis demanda ra — Routan vos ts nour, logs et Blancs ss palais non P nf. quand eds «banc >, eae parler dea lesv, bio et, epi a sate {Se gui psn tot de maime = avis bien compen 6 ral que, dans tute cere afi, ous ne sommes Dos ti blancs. Mais nous navions pas autos folions, Aete det remarut Finmence mabe fay std devant le cites? Steele ito ete th bien, cert la que vit out notre comm atau de nine Cinqant dure ale a iis at tne et sportons ps de Farge {pings jours pels pent acheter do la nour erins meron de fat Les dex tres voles sont en realte mes pets fees, et oe nous wommes fa engager ie dans Vespotr de traver une slaton 8 cote probleme Snuterlle compat ell qu al dh retouvde dons tine sation st cxtique sor uel arboalt mean ven en a he ce sngante et wae, nai le vat wn cour come vn cones le chit agus sar et expqaa son ovens statagine a fourm renal pas enve dave tte coupe. Jesup ore que tore es frtes non pls. Mas ene teow pasta cachet di demsin matin, cet aut mfrrvera. Ets vous dénonce, ces wou gu % eT setez décapités, Alors voll ce que vous allez faire ‘yous alle récapérer cette satanée bague et vous tee Ia fourrer dans le gosier de la plus grosse ole de Ia reine, Jai ve en arcivant quelle possédait une basse cour, Pour Ie reste, je m'accupe de tout. Mais rassuretoi quand bien méme vous renarer le bijou, tes congénéres ne mourtont pas de faim, Ast bien compris ? La fourmi aequiesga et se mit tout de suite au tra vail: de la bonne exécution du plan dépendaient, ‘non pas quatre vies, mais des dizaines de miles fe matin du quatridme jour arrva vite. Dés le thant du coq, a reine, accompagnée de trois bout eaux hideux, fit ireuption dans la chambre d’hOte, Elle était la fois déque de ne pas avoir pu récupé rer sa bague et en méme temps satsfite de mettre tun terme 8 existence de cette profiteuse de saute relle. Comme le voulait usage, elle demanda & son invitée d'un air impérieu. — Btu croyante ? Mazele Sauterelle, sre de ses nouveaux com plices,sépondit d'une voix grave en ponctuant ses Dhroses dun um ineantaoire Je crois en effet en mes powvoirs de divina tion, 6 reine Libellule, Hammam... Et je puis surle champ te divulguer lendroit ose trouve ta bague, Hmmm 8 —Ah bon? sexclama la reine, agréablement surprise. Eh bien, je r'éeoute ‘Sauterelle rit sa fameuse position de fausse dev neresse ot délara gravernent —Ta bague, 8 reine dentee toutes les reins, se trouve dans le ventre de la plus grosse ole de ta basse-cour. Cest elle qui 'a engloutie. Cest done elle qui doit étre chatige. Hum, a eine chargea ses bourreaux de vérfier la prédiction. Ils décapitérent Yoie en question, Ii ‘uvrirentIstomac et y découvrtenteffectivement Ie précieus anneau. La reine fut si enchantée de ce dénouement aquelle donna une grande réception au chiteau oi les convives se régalérent de viande doe boucanée™ Fle fit publier partout, dans le pays de la Guade Toupe et de la Martinique, jusquatx Grenadines, que mamaelle Sauterelle était la meileure devineresse da monde, Elle hui proposa méme de devenic sa conseilléwe personnelle, ce que Sauterelle accepta compte tenu des Conditions trés avantageuses de offre. Noubliant pas sa promesse, Tinsecte sauteur adi mal aimé se rend trés popiilaire auprés de Toute la fourmiliére en lui Kguant la eécompense jbtenve : les sept eristophines et les sept bananes: figues, qui sauvérent de la famine toute la commu 9 SEE Ces depuis ce jour que la santerelle occupe une place diferente dans le regne animal o elle est const térée comme une bieaaitrice et non plus comme une effrontée. Vous auss,chers amis, devrez la regarer futrement: avec des yeux emplis de doucour et non Ge dédain, Carla sauterelle est un insecte tout aussi respectable que les autres : les anneaux dor qui fornent abdomen de Ia ibellle sont I pour Tattster A ta mémoire de Charles Robert Maturin sur tere. Cétat ily a ts longtemps, un jour de tempéte od Tennat le taraudalt. Du haut de Son trone, i observait les éclairsfendte le cel sous ses pleds, et 'eavie lui prit de se promener parmi Jes hommes. Il pensa plus partcalgrement & un brigand nommé Cyparis, un vagabond sans sera: ppules qui avait passé sa vie & voler les autres et approchait maintenant de la fin de son parcours Dans quelques semaines en effet la mort viendeait le ehercher, ole Bon Dieu ignorait encore quel sort I lest arrivé une fois que le Bon Dieu descende ” —— il réserverit ct homme minable quis ait pour tant repenti et pris tous les sors pour rejoindre le Para. Le Grand Maitee se drapa dun ts donna Valare dun veil homme voit Pus i dee cendit dans la fort téndbreuse, au coma dela tem pte A quelques métees dune petite case qu gst ‘iu pied d'un mote. [a pluie sablatviolemment Tanique fenére of vaca la faible lueur une handel. Un noir total, ste pat afore interme. tente,envloppait la minuscule demeute. Le Tout Puinsanthésita avant de toquer, persiadé qu ren de bon nigmanerait de cet endo Mais miss conde prt le dessus Tfrappa deux coups. Au bout d'un long moment, Gyparus ouvit la pore et découvrt un vied rulsselant et affabh ~ oltie2 mot hospital, implora ce deter en Joigoant les mains. Vilas Ma case est trop petite pour deux, répligua Gyparus qui venait de tire des pie Guotdienne, mais ne reste pas dehor. Entrez, Je ‘ous en pre La ple crépitat encore plus fort sur Te tot de boi: tanger sat pa tere eévlant son hte sex jambos dénudées Cypanis niétait plas tres reste, mais il sempressa de fu fourne Tun des ‘deux seulspantalons qu'il possédait 2 — Vous étes bien généreux, remercia Vinconnu. Si vous saviex comme jai faim. —Timagine... répondit Cyparus qui pensa a toutes Ies fois oi Ia faim Iui avait ereuisé le ventre jusqu' Ta douleur, Tener, prenez coc UIs offrit da pain noir en guise de repas et de eau de pluie pour boisson, — Cet tout ce que jt, excuse pouvez passer Is nuit [Et Ces ans! que le Bon Dieu dormit chez homme ont il éait ver vor le coeur, Le lendemain matin, au séveil, le Grand Maitre Geclairet Ie ciel et s'adressa en ces termes 8 son hoe — Hier soi, je navaisnulle part oi aller, tals fatigué, ru mfas héberpé. Veta trempe jusqu’aux os, et tu mas habillé. Yavais faim, et tu mas nour Tuas été bon, Cyparus. Toutes les inquiéeudes que Ffavais& ton égard se sont dissipées avec les muages ‘menagants dela temp2te. Et comme il prondnga ces paroles, une brillance blanche et or Venveloppa de haut en bas. Le Bon Dieu rayonnait d'une telle puissance que le vieux Cyparus avait du mal & soutenir son regard, — Bh oui, fit le Grand Maitre, e suis le Seigneur de cet Univers Et je vais récompenser ta bonis. Cypatus demeure interdit. Muet devant Ia magni ‘cence deTimmense sifhouete blanche dont le visage 2 SS brilait comme une étoile. La bouche indistincte artcula —Tu as droit & trols vorux, Cyparus, trois sou halts que fexaucerai sure-champ. Tu peux deman- der tout ce que Ws désires. Tout, sauf une chose: Téternité ‘Le vieil homme réfgchit quelques instants, puis Si demanda ce qu'il avait toujours espéré = Vous voyer ce jeu de cartes, Seigneur. Eh bien, joimerais ne plus jamais étee perdant aux cartes et ramasser ainsi beaucoup d'argent. — Sit, fit le Bon Die. — Je’ pas le droit de demander Véternité En effet, confirma le Maitre du monde, tous les hommes doivent mourir un jour. Limmortalité ne peut tre accordée & aucun étre vivant sur cette ‘Terte len est ainsi Puls je néanmoins demender & vivre encore tun peu dans la jeunesse et la santé? se risqua ‘Cyparus en inclinant son front crevassé de rides “Sita demande reste risonnable, ou — Cent ans. seraitce possible ? {Le Bon Dieu marqua uh temps dart — Jete Taccorde Il te reste un veeu Cyparus fit mine d’hésiter Presse 0 Grand Maite, aime tellement les oranges. Voyee-vous cet oranger dans mon petit jardin ? Cest * Je seul arbre ruter que je posse. simeras qui soit toute Tannée couvert de beaux fruits mbrs, st jamats quelgu'un Saventurit y grimpe Gq ne piss plas redesconre jasqu's ce que $Y ~ Si cenext que cla, répndit le on Dieu, cepen dant wa seras abligé de ber le voleur tt oar — Jesera done bien le seul posséder le pouvoir de le libérer ?insista Cyparus — Puisque je tle ds, sagaga le Tout Puissant EX maintenant fe dos te quite. Des que je seral partes vrux seront exacts, Le vill homme ne bougea pas en voyant Tim sense silhouette blanche frémir queloues instants savant de disparate. A peine le Hon Dieu «eta it vlatlisé qu'une force magique, comme un lan ‘ital, parcourut le corps usé de Cypars. — Cest incroyable sexclama il ‘Son dos pié sous le poids des années se redress, 1a douleur dans ses articulations samenalsa. Ses heveus blancs fonctrent Sa vue samdliora est incroyable répéa Je vaeunis 1 regarda pat a fenétre un superbe oranger chargé souhait incl au soleil. Out, Cyprus ‘venait de gagner ne are vie Sitét aprés avoir été comblé par la grice divine, 41 Sadonna au jeu. En quelques jours, il amassa 95 - TS lune fortune considérable, Il acheta des terrains ‘iil ft construire des villas et syhabilla du lin le plus raffing. En quelques mois il devint une per Sonnalitéreconnue de file I recut le titre de « Mion: Seigneur de Cyparus » et dinait aux tables les plus prestigieuses I avait toutes les femmes qu'il désirait, et il chok sit les plus belles, des exéatures de braise I! ne se maa pas mais eut plusieurs enfants llgitimes. Et méme sil leur rendait parfols visite en apportant un cadeau, ine ¥en soucllt guére, Cyparus menait sa vie comme bon Ii semblat. tla vie li serblait bonne, De teraps & autre, il retournait & sa minus calle case quil avait gardée en souvenit. Li il vas seyait sous son bel oranger, et savourat une orange fen méme temps que s8vietoite sur le pase Mais le temps passa vite, une fois de plus. Un ma tin, on vint sonner ala maison de maitre que Cypa rs occupait. Cétait une viellle femme vétue de noir, aux daigts crochus, elle portait un bakoua* {uds sombre ot sr ses tempestombaient des miches dior blane. Cyparus envoye un domestique ou vrir la porte, Mais la femme insista pour voir le mnaitre de maison en personne. Elle tenait dans sa main une canne omée dun erine humain en mi- ‘Que me veux ? stenquit Cyparus Je viens te chercher. Je suis la Mort 6 Cyparus fall strangle — Les cont ans supplémentaires que le Bon Diew avait octroyés arrivent anjoued'hu A éehéance, ajoutatell Déjd? fit Cyparus, tétanisé. Ne croistn pas que oy me voles un pea? Je ne suis pas comme toi, brigand t Allez, il faut partir | Ton eure a sonné. Attends... ne nous précipitons pas, Tu pourrais at moins me laiser manger une derniére orange. —Une demitre orange ? s'éonna la Mort. Sil bY a que cela pour apaiser ta peur...e ten prie Je porside une petite case pourvue d'un magni: ‘que oranger, Tu voudras bien aller me cuelli un fruit tandis que je rangerai mes affaires ? ‘La Mort acyuiesa, Ils mazchéxent ensemble jusqu’d Ia ase sitaée non loin de ia. Cyparus montra arbre fen question ala Mort qui stempressa d'y monter. Et Ta voila ligne, prisonniare, impuissantejusqu'’ ce {quil en décide autrement. Les cabrouets? du Bon Dieu repartirent vides dans 'Au-DelS Et Cyparus se rit 8 flamber de plus belle, Pendant de longues années, plus personne ne décéda, La malaria et le choléea avaient disparu (On ne mourait plus de faim, Les grands péres vieillsaient & nen plus finie, La Terre se peuplait EEE 8 toujours davantage, et cette promiscuité atisait la violence : les gens ne supportalent pas de vive les ‘uns Bcté des autres, ils ne s'aimaient pas. tly avait tous les jours davantage daffrontements, de vols rmesquins, de jalousie Au bout dun certain temps, CCyparus comprit la folie de son geste. I ve souvint aussi quil ait obligé de hbézer tot ou tard sa pri- sonniere, elon la volonté du Tout Puissant, Alors il sadressa la Mort en ces termes — Je suis d'accord pour te faire descendre & une seule condition, — Je toute —Eh bien voila: tu me Inises vivre cent ans de plus. La Mort rechigna, mais elle fut contrainte d'accep- ter. Cypanusexaltat Il recommenga aussitot sa vie exces, Pendant ce temps, la Mort se rattrapa. Elle ‘éelencha toutes sortes de cataclysmes: des raz-le- imarée, des sécheresses 8 détruire toutes les récoltes, des plies de gr@le meurtrires... La guerre éelata ppartout. De nouvelles maladies ravagerent des vik: lagesenties. ‘Cypamis ne se sentait concerné que par sa propre avidité I jouat et gagnait. Mais il ne se satisfatsait ‘hus dre imbattable aux cats, I voohut sessayer & ‘autres je Il misa de plus en plus gros et la chance Tabandonna, Un beau mati, il avait tout perdu et rméme accurmulé des detescolossales. Songeant aux Innombrables parties de cartes quil pourrait fac Jement remporter, il promit& ses exéanciees de les rembourser le soir méme, mais es derners ne le crurent pas: ils en eéférévent aux autorités qui prirent la décision de Venfermer sure champ. (Cyparus se désespérat devant la treble ironie de son sort: lui qui stat affrancht des limites tempo: relles se retrouvait désotmais esclave de Tespace Seraiti condamne & passer toutes ces ongues éeen- ‘les quil Iu rostalt A vivre deere les basreaux ? 11 regrettitd'avoir demande & la Mort un autre surs Dehors, calleci continuait de fare rage et mois. sonnait 8 foison: famines, séismes,assassinats.. Un mois de mai, lt montagne Pelée entra méme en ruption et dévasta Saint-Pierre. Prés de trent mile personnes périrent dans la catastrophe, tous les habi tants de lt capitale martniquaise furent décimés. Tos. sauf un : Cyparus, qui avalt été préservé dt deluge de lave grice 3 Torientation de sa gedle. ‘Son surssfinit pourtant par toucher & son terme. Cte foisci, "homme ne contesta pas Véchéance. 11 accepta avec solagement Ia fin de cette vie trzestre {qui lui avait certes apporté beaucoup de joies mais 4 hai pest maintenant. Cyparas était las de vivre. La Mort Temporta et voulut le conduire aux porte de VEnfer avon est pas question, protestatl, je refuse aller en — Jen's pas le pouvoir de décider de ton avenir ‘éleste, mor pauvre ani mas erois moi, dit la Mort fen ricanant = compte ten de Ia manigre dont tu as véeu toutes ces longues années, tw n’as aucune chance deze admis au Paradis. — Je veux pouvoir le constater par motméme { La Mort ne contesta pas la dernigre volonté du défunt et le déposa devant les portes du Paradis Cellesci ressemblaient a deux grands batants dun ‘arbre immaculé, avec de discretsreflets rose ops line, Un archange en gardait Vacets. Ta place nest pas ict, dital au défunt sur un ton autoritair. Ti dois te diriger vers IEnfer. “Este vraiment obligatoire 2 questionna Cyp- ‘us, et tout en parlant i lanca son jeu de cartes dans Yentrebaillement — Va ramasser Forde que tu viens de jeter, lu fordonna Varchange en colére. (Cypanus sexécta et pénétra dans le Paradis avec 1a ferme intention de nen plus ressonts. Uharmo- nie du lieu en fut perturbée, Cyparus abordalt les saints et leur proposait des parties de cartes. Le Bon. Dieu ne tarda pas &étre informé de la présence diy twoubleste Cyparus sexclama-til, que fait ict? —Oh que je suis heureux de vous retrouver, Grand Maitre Je me languissis de vous vor et suis ‘venut vous présenter mes hommages respectueux — Je na que fe de homage a5 a tol tau so Teepe Get cs eds et festa fa de outer tempo nie ip vole, en Sol tcge is ae oemecr ewe fecha eondatne on ie emer pa tesupples deter ‘Seve ls yx ver Te Sah in tan doar aur olent Bn Die, os ob vous stolen Thespian ined cae ses tbe ders a tempte pa es arene? Nos navientt dai pas a it ben seca ver alo gue eae union vous offre? “Je men souviens, ou Et aujourd’hui, dans un paradis infiniment plus grand que ma minuscule demeure, tellement grand que je nen vois pas les limites, vous niavez pas une toute petite place & me baille ? Le Bon Diet réflchit quelques instants puis, esquissant un sourze, fnit par lui dire “Su as raison, Cyparus, ce nest smi, Reste ici pour Téterit 5 digne de eh 12, LA MESAVENTURE CELESTE DE COMPERE TORTUE cut le monde sait gue les tortues, sous leur appacence placide, sont des petites. bétes hargneuses. Ce que Ton salt moins en revanche, cest pourquoi leur carapace ressomble 8 tune mostique de carrelages. Cala remonte en fait & histoire de Zébulon Zabulon était une tortuemolocaye 3 la carapace lisse et uniforme. Mais son tempérament était plein \Faspértés, Enfant dé, il se comportat comme un veritable chenapan, méme qu'il avait failh plusieurs fois fendre sa précieuse armure + en tombant d'un rmuet que sa maran Tui avait pourtant interdit TT Aescalader ou en jouant sur ta plage avec des Jambis* bien plus gros que Ini, Ce earactire fou jgueus état en parte di 3 ses complexes : non seu- Jement le jeune Zébulon détestat son nor, mais surtout il se trouvait trop petit. Das lors, il avait toujours besoin de se faire remarquer : sa taille smodlste avait eréé en Iu une immense soif de recon Devenu grand, Zébulon était resté petit alors que les tortuesmolocoyes peuvent facilement at teindre es cinquante los, i Gait restéblogué & vingtcing. Et cela avavait fait qu/augmenter son besoin de saffirmer aux yeux des autres. Vous im ginez certainement qui aurait tés mal pris de ne pas ére invité a une fete ou un anniversaire. Cest pourtant bien ee qui arriva un jour. le Bon Dieu avait en effet décidé dorganiser une bbamboula gigantesque a laquelle il comptaitconvier toutes les bétes a plumes : nous étions alors au début des temps, Vhomme navait pas encore f fon apparition sur la Terre et les olseaux vivaient dans une parfite harmonie. Mouctes,clibris, bal bouratds,olseaus gligis” pépiaient et volaient dans la sérénité. Le Bon Dieu contemplait avec bonheur ‘ce monde de félicté oi Ia seule ombre état le fait des immenses noctuelles npires da fareux papillon- deail Le Tout-Puissant était tellement satisfait qu Invta tutes ses bites alées& un festin dans le cil 105 Alors que la nouvelle crculalt parmi tous les ant mau, Zebulon nfavait toujours pas rogu dinvite. tion: « Ilse vont quand méme pa fire afte sans rm, pensa til ave un profond agacement. Je sera dela partie, Ou alors je ne sus plus une tortue ! = Lentétement du chélonien était sans bornes, aussi ddemanda-il plusieurs connaissances de bien vou Toir lui baller Ieur invitation afin qui puisse sy rendre a leu place, Mais personne ne daigna accéder Asa requéte, Compre Petroquet lui répondit méme {que en raison de ses ilaines manidres i était pas ddgne dan repas divin. Le sang inculte de Zabulon ne fit qu'un tour — Je vois pas pourquoi auras le droit de boire du vn et pas moi | ‘Verte, la torte déida de ne plus jamais adresser la parole ce radoteu de perroquet. Mais le probleme ‘était pas résolu pour autant, Ces alors que ZAbulon ‘mit a point soa stratagbme il ramassa toutes les elles plumes qui trainaiont par tere et ls coll sur ‘8 carapace avec le jus du fruit & pain® I en couvrit ‘également ses pateset se posta sur un des pitons du (Carbe, A Taft du grand départ des oiseaus Des quill les vit prendze leur envo, il sélanca du sommet et battit des pattes de toutes ses fores. Et Tincoyable se produist Ia tortue planait dans les airs ‘Mais la forte chaleur faisait fond la colle. Se rappelant Ie conse judicieux de son copain Ieare, 195, ‘Zebulon évita de rap se rapprocher du soleil Final {de compte, ll arriva sans encombre a la table des convives, Recouvert de plumes, il passa totalement rapergu et ne se géna pas pour s'installer comme tout le monde autour du festin. Sous son déguisement, le compere sen mit plein Ja panse. 1 but et mangea comme un glouton : acras* de morue, velouté de cabri, biére Lorraine, il engloutissait tout ce qui passait devant son bec CCependant, son naturel extravertireprenait peu & petile dessus. A force de boite il commencait 8 ges ticuler dans tous Tes sons et & faire le maloteu I se rit & rigoler fort, poursuivit avec des blagues de ‘mauvais got et termina sous la table. Avec toute cette agitation, ses plumes se décolldrent et le Bon Dieu finit par Yeconnaitre Vintrus. entra dans une colére noire et le somma de quitter la table. La tortue ne se fit pas pri ~ cest le cas de Te de ‘comme il n'y avait quasiment plas rlen & manger, elle ne voyait pas Fintéret de reste plus longtemps fen compagnie de ces prvilégiés, Elle haussa les épaules et sen retourna sans un regret. ‘Oui mais: comment redescende ? était bien ‘beau etre monté jusqufau ciel, mais comment Zébu- Jon poutraitil quitter ce nuage recouvert dun tapis de plumes ? Sa chance fut de se trouver sur la route ‘aérienne de commére Araignéc, laquelle adorait se 106 rs suspend entre les nuages. Voyant Varaignée du soir approelir de hi, fa torte ft mine de pleurer. que tarrivetl, ma grosse carapace ? a gentiment Varaignée espoir. “= Jene sas pas comment redescendre st geri le molocoye. Aller, ne te mets pas dans des états parils pour si peu. Laissemoi done Yaider: je vais atta- cher avec du fil et je te ferai descendre ‘Comme dit, comme fait. Commére Araignée pro duisit de som fil plus solide que la soe et commenca | fare lentementredeseendre la torte, Celle asst- ‘fe ot toujours in pes émnoussde par Talool, chants Papillons, betes ales, Colibrs, béces plumes. ‘Tout en chantonnant, une question hui wottait dans la tte: ot done Varaignée prenaitelle tant de fil? Zébulon leva les yeux et se rendit compte que étaient les fesses de Varaignée qui le produisaient 1 lata de rire &'s'en décrocher la machoiee : « Ka hha hal » Laraignée s'tonna —Ben dis donc. tu dtais triste il_y a quelques minutes & peine et te voild maintenant heureux comme un pape. Qu'escoe qui te prend ? — Comme un pape, ui, balbutia Zébulon entre deux tressautements hilaves. imagine la tite du Bon Dieu... se gausse-il encore ‘Terre, 107 108 ‘Cala ne plasait gubre a commare Araignée que compére Tortue se moquat ainst duu Bon Dieu. Mais elle continua de prodize son fi. Lautre aero bate, sidéré par sa découverte, reprt sa chanson. fort: Papions, betes alles, tres bas :Avaignée, tes fsses font du fil! fort Colibris, betes & plumes, tris bas Araignée, ces fesses font du fil! “Mais force de rte et de chanter, Zébulon soublia cetentonna du plus fort qui put Papillon, tes ails, “Araignée, tes fesses font du fil Colibrs,bétes a plumes, Araignée, tes esses font du fi! Commére Araignée entendit le refrain et comprit que la tortue se fichat delle. Exaspérée au plus haut point, elle cossa aussitot de filer. Zébulon, ‘Sapereevant quil ne descendait plus, leva les yeux ‘et croia le regard courroucé de Varachnide, Ul pres- sentit que la chate allatétre terible — Excuse-moi, commére, fe te supplie de miexcu: ser. [ai bu trop de vin tout & Pheure, Mais cen était trop pour Varaignée, Elle sec tionna le fil et ft un au revoir de la main & com- pte Tore, Celui,dgringolan tute vies, — Vite, retires les pieces et mettez de ls pale! Metz de la pale ‘Mais personne ne réagit. Cest alors qu'un fracas terrible secoua toute I mangrave Te molocoye tomba en plein sur un rocher de la riviére et se bisa la carapace en plusieurs morceau, Tout rentea dans Vordre le lendemain : Zébnlon se fit recoler les morceau a pital de La Meynard. avait compris quil vaut mieux ne pas se moquer es autres. Et il se jura détre plus sage a Tavenir. CCependant, malgré ses bonnes résolution, toutes les tortues qu naitraient aprés lai guederalent sue la carapace le souvenir de cette mésaventure. 13, CHRISTOPHE ET LE DIABLE Alevait seule son fils unigue, Christophe. Ds vivaient dans une case minuscule et, tous les matins, Ia méze avait un goit de rouille dans la ‘gorge car elle gnorait si elle parviendrait & nourrir son enfant. Elle finissait toujours par trouver {quelque chose, comme des Frits et un peu de farine de manioc. £t elle fnissait toujours par ver ser une lame, dimpuissance et de titers. ‘Un matin, lenfant surprit sa mére en train de sangloter. I a'avait pas douze ans, mais cela pro voqua une véritable révolte 4 intérieur de lui — Maman, je m‘en vais Tui annonga til d'un air —Tu ten vas ? Mais ot done ? — chercher de Vargent. Je ne supportephis cette situation. Je ne supporte plus de te voir malheu- reuse et davoir faim, Ne tinquidte pas : quand je reviendai, nous serons eiches, — Mais Targent ne ae trouve pas comme ¢a, — Faismot confiance, Ft surtout ne tinquiéte pas, repéta til en s‘emparant d'un vieux sac de jute Duis il parti, Figée au seull de la port, la mére Je regarda sen aller, comme si chacun de ses pas erasait ses panpidrestremblantes. A vrai dre, Venfant ne savait pas oi alle. It comptaitsimplerent sur la chance et se dsait que son voyage lui serait forcément profitable: il ne pouvait, ob quil saventure, trouver une situation pire que celle quit connalssat lez ul 1 marcha un long moment jusqu’ attend une forét de mancenllicts* La seule vue de ces arbres si dangereux lui donna un hautle-comps, mais il fontinua courageusement son chemin. Dé la Jumidre déelinait, et un sentiment dinguiétude se mit a Tétreindee. Cest alors quil apereut une case blanche sur sa droite. De la fume s'en échappait, cexhalant une agréable odeur de gibier rot. Lenfant, que la faim traillit, s'approcha en catimini de Vunique fenéwe et découvrit avec stupeur... le visage du Diable. Le jeune gargon eut un mouvement de rec, tant ce facds était hideux : sa peau jauntre, parcourue ide verrues et de veines violacées, ne pouvait aueu nement contenir le sang de la vie; ses cheveux hu: saient d'un noir si profond quils formaient avec sex dont sillates d'une blancheur erelle un coatraste ceffrayant; ses irs se réduisaient & un trait rouge vertical semblable aux yeux du serpent venimeu. Pout la premire fois dep son départ, Christophe ‘et enwie de rebrousser chemin, Mais ce qu'il enten dit, caché sous la fenétre du monste, Vintéressa au plus haut point — Aujourd ui je fas euse ma viande, artical ls voix eaverneuse, mais demain, cst la fille du rot que je mangerai car jamais ils ne découveiront mon, Tous les ans, depuls la nuit des temps, le Diable jetait son dévohy sur une jeune fille de Te. 1 issat alors 2 ses parents trois jours pour quils découvrent son nom demeuré incannut jusquela Passé ce délai, le Diable se rendait & leur domicile tsi lGnigme n était pas résolue, i enlevait enfant pout la dévorer. Cette année, comprit Christophe, était done la file du toi qu était en danger. Le Jeune garcon redoubla dattention ny hh — pT T — Non jamais, poursuivit le Diable, jamais les souverains ne sauront que je me nomme Lucifer ‘Salnte Rose Dachine. Christophe savait maintenant comment gagner beaucoup daegent. I pri le large et se mit a courir le plus vite possible dans le faivenoir, entre les mancenilliers dant les sthouettes nimbées de cla de lune prenaient des formes étranges. Sa mere ‘mourait dinguigtade et un frane sourire ilamina som visage lorsquelle vit arsiver Tenfant — Dieu soit lous, te voila enfin, soupiratelle de soulagement. — Maman, maman | stexclama le fils tout excté ‘demain nous serons riches !Tu mientends : demain, nous serons riches! Je te le promets H stemploya aussitot 8 raconter & sa 1 ‘quil venalt de découvrir. La pauvre mamas pas rassuée faire face au Diable s'avérait ras ddangereux, Mais le fiston était plus déterminé que jamais “Tu nas plus besoin de garder toutes ces vielles choses, lui ditil en se préparant & partir le lendemain matin. Tu peux tranquillement te débarrasser de ce matelas moist et de ces haillons ‘qui te servent de robe. rile méme notre case, ‘maman : je seral bientot assez riche pour toffri un palais. ay CC Pasi se mit en route, le sac en jute sur pau, ‘Sa maze le regarda sloigner de la case en adressant tune prire au Tout Puissant. 1 marcha un long moment pour attsindze le chi- teau royal I flat gravir des mornes® et traverser des forétstoufTues infestées de matoutous false” “Mais Christophe ne se décourageait pas :Tespoir de manger 3 sa faim et de ne plus voir st méze déses: pérée Ini donnalt une foree extraordinaire. Quand ‘enfin il arriva devant Ie portail du chateau, it dat ‘encore convainere les deux gardes de le laisser = faut absolument que je rencontre le ri —Cest impossible, ui opposa Tun des garde, les pauvres ne sont pas admis au palais. — Cest une question de vie ou de mort: je dois voir le roi | “Je te le répite : Sa Majesté ne regoit pas les gens en guenilles Bt que dirit Sa Majesté isa fille venait &étre ‘évorbe par le Disble parce que lun de ses gardes ra pas voulu lasserenteer cela qui peut empécher cate tagédie ? Le garde demeura pantols, et sur un signe de la t8te de son collige, il sen alla trouver Ie ro. — Que distu ? sexclama ce dernier, médusé. Ce jeune vagabond prétend savoir comment empécher ns le Diable de manger ma fille? Tu entends ma ché- re ?fitil& la reine qui secrait son chapelet contee = faut le faire entrer tout de suite, intima celleci, méme si ce gargon est pauvre. Cest peu {tre notre derniéxe chance.. Crest ainsi que Christophe pénéwra dans Te cha teas Tl en admira les dorures et les lustres flam- hoyants et les tapisseries plus ralfinges que lz soie orientale, 1! se demanda comment il était possible ‘que, sur la méme tere, certaines personnes vivent si richement alors que autres meurent de faim. Etil cesea de songer quand on lal annonga les sou — Majest, fit en sinclinant, je sais que votre file coutt un danger morte. Je Vai appris en pas- sant par hasard pres de la case du Diable dont Te faciés m’a révulsé. Or je Vai entendu prononcer son. propre nom, je sais comment il ¥appell. Je sais ‘comment éviter& votre fille de mouri. La rein fallt se mettre & sangloter tant Vespoir ‘que suscitérent les propos du jeune garcon lu parut ‘veritable. Elle aimait tellement sa fille quelle auralt Daillé importe quoi pour la sawver. — Nous técoutons, dit le roi qu sefforgait de es- ter impassble. Si tw nous donnes le nom dh Diable, ous te récompenserons généreuserent. Mais si tu nens, tu seras Jett aux crocodiles Je ne mens pas, Sire, Jaime trop ma mére pour cela. Voie le nomn da Diable : Lucifer Sainte- Rose Dachine La reine griffonna le nom sur un morceau de papier lias. Un simple morceau de papier qui rece- Iait toutes ses espérances Sur les murs anthracite du chéteau, le soleil du soir déposait quelques abeiles affolées. Le Diable ne devait plus tarder. Les souverains ordonnérent d Christophe de se dissimuler derriére une grande armure postée 8 ebté ds tréne. Soudain le gazyon frémit en reconnaissant In voix caverneuse di ‘monte qui sepprochatt —Je suis venu chercher vote fille, Majesté! Quelques gardes dérisoires, la démarche trem biante, escortaient la créature peénetrant dans Ia salle du tréne. Avec ses crocs immense il aurait pu les anéantir en une fraction de seconde. Mais A réservait sa cruclle voracité pour la fille du souverain —Je vous avais acordé un data de trois jours ppour découvrir mon nom, grogna létre ignoble, or voll que ce dai touche & sa fin. Alors, cers parents ‘comment 1» appelleton ? Comme pour jouer le ju, la reine égrena d'sbord quelques noms quelle savait ne pas couvenit, Le Diablefasut& chaque fois non de atte, toujours caché derriéte Tarmuze en fer, Christophe commen: salt a singuieter. — Cest votre derniére chance !somma enfin le Disble dans un mugissement terrible. Aprés quoi je ‘memparerai de votre fille. Cest alors que la reine pla le petit papier las et déclama du plus fort qu‘lle put Je connais ton nom: tu tappelles Lucifer Sainte-Rose Dachine ! ‘Le monstre demeura inerdit. Un afflux de sang se répandit dans ses orbites blanchatres. I! bi butia — Comment ?.. Vous pouver. répéter ? Parfsitement : (0 te nommes Lucifer Sainte- Rose Dachine. ‘Apeine la reine avaitellerépété le nom du tour ‘menteus quil disparut dans un éelair bleutre as ‘sourdissant. Ls souverains ressentirent wn immense soulagement et Christophe sortt de sa cachette; Te sourire aux levees. Un sourite qui voulait dire aman : plus jamals nous aaurons En effet, le roi leur Iéyua une partie de sa for- tune, Avee cet argent, le mére et Tadoleseent purent sore une grande ease Iuxueusement meublée et sme le service de quelques donnestiques.Lalégende dit que Christophe et la fille du roi senticherent Tun de Vautre et se mariérent quelques années plus tard, Le jour ob j'ai voulu verifier ces dives, je me sits présenté devant Ia case de Christophe, Cest alors qu'il va dit —Vatien dic. Je ne regois pas les pa Lil mienvoya un coup de pied dans le dersiére ‘qui me projeta jusqu’d vous et me fit vous raconter toute cette histoire 1g, LE BAL DE COMPERE TIGRE Voici un classique du parrimoine antilas 1! sis crit dans le fameux cycle de Lapin qui valorise ta ‘gbroullardise et la ruse aux dépens dela force eré ‘lle incarnée par Tigre, animal de la faune aficaine ayant jamais eu dexstence rélle aux Antilles. La revanche des opprimés, méme quand elle fait appel 8 des procédés réprowvables, consitue la morale ‘apparente de nombreux contes eréoles. nn jon un énormme tigre &rayures débrarqua [ J fen Guadeloupe. Part ”Afique sur un ra dea, il avait pagayé pendant des semaines atoindre Met. La faim le teaillait tant & i son arcivée qui se mit & dévorer tous les aninans ayant le mallicur de croiser son chemin, En de temps, une grande partie de la faune gue péenne fut dacimée Le soi, dans les cases faiblement éclaleges ja les bougies, on ne parlat plus que de ce novvel ogre que Ton évoquait avec grand’ crainte. 1 parents mettaient en garde leur progéniture plus personne ne dormait sur ses deux oreill Chague jour, de nouveaux amis manguaient « Vappel : passat encore que Tigre engloutisse le Vieux cabris& la chair toute gris, mais on ne sa rait se résigner & ce qu'il mangedt des enfant La situation ne pouvalt plus dures. Aussi com pire Lapin pritil linitiative dorganiser Is I convoqua de nuit tous Jes animaux sous un fromager*. Aprés avoir chargé les insaisissables colibri de monter la garde, ilexpliqua son plan Dis que Tun dentze nous apercevra le ruseau de Tigre il devea baller dela voix fin que tous les autres puissent se cacher, Toi, Chien, tt aboieras. Toi, Macaque, tu eieras comme un cinglé aque tu es Tel, Zamba, bartras, Bt toi, Vache, ta eugleras spin apercut alors des ronds dans la rvigre au pied de Varbre Quant a toi, Poisson... hésitatil un long moment, tu resteras mut. ly ades fois ole silence tt plus puissant que la parole Et Poisson se sentitrassuré sur son tlt eux semaines plus tard, compéee Tigre mar tmonnait dans ses moustaches: « J'ai faim. Ca fait ‘quince jours que je ai plus rien A me mettre sous le croc, Je nven peux plus: je veux boufler 1» Sa Jangue pendait jusqu'a toucher terre, «Allez, Bon Dieu, rien qu'une petite fourmi on un moustique, Silt plat,» Bt Lapin se marralt. Le carnivore ne savait que fare. Allongé sous un rmanguler, quasi la larme & Vel, il se lamentat, ‘Tout coup, un point minuscule scitilla dans la nuit, Cétait une lucole, Tigre suivit du regard la Tucur qui dansait et cola lui donna une idée. Lumineuse. Je vals donner un bal, se ditil. Un grand bal, avec un orchestre, des spots et de la biguine™. fy Jnvterai tous les animaux de Tile Et quand il sera sminuit, heute de fini afte, jattraperal le dernier qui franchira ma porte et je le mangers Tigre fut sisatisait de sa propre rélexion qu'elle lui combla un pou le grand creux de son estomae. IL passa une bonne nuit sous les étoles, en dinant comme il se doit lorsque Ton dort. NNN T Dis le surlendemain, a nouvelle cieculait parm’ Jes animaux. Compére Cochon requt un te joi ear ton dinvitation ~ i était en effet un morceat de choix. Compére Tortue, dant tout le monde savait {quil adorait partiiper sux festins, serait Iai aussi dela parte. Comméze Bourrique, qui se désespérait de perdre un jour ses kilos mperflus, se vit méme offrir des fleurs. Prendsen done de la graine, Syivestre, langa- tlle & son bougon dle mari en meteant le bouguet dans un vas Tu parle !répliqua ce dernier qui fréquentait fen eachette une mamzelle Tamanoir bien plus gra cieuse que sa femme, #114 exois que Tigre tinwvite pout ta silhouette ne eroyait pas si bien dite, Sylvesee, En rélité, pas un. seul animal comestible ne fut oublié Te Falin comptat bien ne pas fini la soirée le ventre vide, Pourtant compre Lapin veillat Il se doutalt que le prédateur mijotait quelque chose de pas clr. 1 en avertit toute la communauté animalire, un soi, au pied du fromager, pendant que les oiseaux: ‘mouches montaient une fois de plus la garde — Mes chers amis, i vous faudra étre trés pro dents & la féte de compére Tigre, harangua le on- igeur qui stait perché sue une branche. Noubliez pas que oe Tigre est voraee et quil pourrait ne faire de vous quiune seule bouchée. Comme le dit un proverbe créole: «Les Bebéstigres ne naissent pas sans angles,» Alors, dss que je commencerai jouer aux dominos avec Iu, vous quitter sa mal fon. Vous entender bien : dds que je jouerai aux ornines, Tout le monde acquiesca, ¥ compris poisson qui, dans la riviée en bas de Farbre, fit quelques bulles pout manifester son approbation ~ meme sil savait bien qu'il ne pasticiperait pas de bal terrien Enfin le grand soir arriva, Tigre sat vétw de son plus beau costume et arboralt son plus large sourite, Ses longues dents n'en étaient que plus apparent, ce qui n'était pas pour rassurer les inv ts. Iles accueil tous personnellement, au seuil de sa porte, en s‘inclinant chaque fois & en faite tun Tuanbago. Bonjour compére et commére Bourrique, entrez dene, je vous en prie,ftil en lin d'eil compli & la grosse femme... Ah, com pire Cochon, je suis ravi de te voir. Oh, ma com tmére Poule, ti es resplendissante dans ton corset dopéra, ‘A chaque Flagomerie, le félin se pourléchat les babines. Mais Lapin état Vafft ne le quitait as des yan tut en profit do gaes 6 dressant un Tout le monde samosat, la fete butt son plein sur les rythiner de runba et de bigun Zama Yeléphanttompetait; compére Cochon broeantant ‘des propos sur la conenne de leu Ia teranse Chien racontnt des blagues& compere Cheval dont es narne,i force de gl were comme un canon defi commtre Bourque se repourait la fae des que Tigre lorgnat sue talus vert nénuphar amb heute precalt a phos pat pase cope Poon qu tude dans Teau dowe del sve, en ompagale de quelques coins coslrous* — plaot amateurs dea slg ies va es alors que Lapin lng dun ton désinvole & Tig “Et sion fast une dominlogie? — Pourguol pas? séponlt le réateu, inp vent ated lain de a stee ® ceux qui ront pas bo ped patent evar! | Dominos, dominos, répliqua Tigre, le aru, cest ai, jele manger | | Mats dja les ote sffaaent. Poole dale Partie. Mouton cabriolait vers a porte. Compare 6 EE Ahurcique tate bras des fenie qu ne vuli pus gui lamason de cel qlavalt offer des fas Dominos, dominos, pour Lapin que ev ui nfont pos bon pied sem alent tut de ate Dominos, dominos, renchért Tigre en 5 sant ne pntez pas mes ais, leila en Tout le monde avat compris Te message jul tere davor philosophé su le hum canne blew tos musiiens ase sete les lee. En gud complitement vide Il ne restat plo que son pro pris ele malice opin Th bien veld, mon comple feroiaque jet’ coullonn se moa le onge dre scr est alors que Lapin dala comme wn. lpi Tigre le sit A toute allure, Lon deux eaneris Grant un Tong moment. Pendant oe temps, Pore et Cachon s'enterraien ‘comme des touloulous ils avaient tellement bu fquils étaient méme incapables de tenir debout, a lors, pensex-vous : traverses comine le autres ani — Au secours, au se. glouglougiou.. glougio mau la iviére qui menait ala maison de Tigre ? I lou. vo nen dait pas question. Aussi les deux comperes te flim disparat tout amals. Ua grand sou, déciderentils de creuser un tou et de sy dssimuler agement aly, cone om ot i jusqu’d ce que la rage du prédateur s'spasitj ils fait bouger la cime des arbres. Cest depuis cet avaient la chance que la kine ne brillait pas cette rita quil nya plus de tgres en Guadeloupe. nuit li, Mais, dans leur afaicement maladeoit et tnivrg ils avaient fait omber Cabri avee eux dans le trou. Ah, vous deux, vous étes vraiment des inca pabes!rouspéta ce dernier ‘Allez compre Cabri, ne ténerve pas, rota Cochon, C'est juste un mauvals moment & passer. ‘Out mais voila: les deux comes de Cabri dépas snient, Les compéres avaient bien rabatt la tree sr ‘ax, mais les dex longues comes de Cabri silaent ‘ome un piége infallible. Lorsque, aprés une pour suite effrénée, Lapin ateignit la rive avec le fauve & ses trousses, i sata pardessus la rive — sous les yeux excités de Poisson qui regardat le spectacle depis le fond vaseux. Mais Tigee, qui était beau: ‘coup plus gros, ne put éviter les cormes de Cabri. 1 teébucha et fat projeté au beau mitan de Vea ‘Au secours, mes amis, st secours! Je ne sais 7 pas nager |) | Sur la rive dien face, tous les animaux tiaient & gorge déployée. Poisson frappait des nageoires. On entendit encore 18 15, DoucE MistRE ne marchande de sirop se prowenait dans Ja campagne Fle était cone pour vendre le meilleur sirop de tous les moenes env 's accoureent de toutes parts pout dalicieux breuvage et se caressaent le ventre de contentement apres [avoir goite ‘Macaque observaitlasctne du haut de son arbre ignorait ee que contenat a calebasse tant conver tée de le fermidre.« Jaimerais bien savoir ce que est. », se demandaitil, quand tout & coup la mar cchande trébucha sur la grosse cacine dun figuee audit La calebaste toma par terre et se renverse. (Quelle misére!sexclama tele La dame se seleva et rentra cher elle, les yeux pleins de tristesse. DE que le champ fut libre, ‘Macaque descendit de son perchoir “A Cest donc cela que Yon appelle « misére » Ti se mit & laper le scop qui stagnalt sur le che min et adora cela w La misére ext bien douce, conclu. Demain, Fei voir le Bon Dieu et je Tui demanderai un peu de misére A mettre en réserve CComie dit, comme fait, Le lendemain, e singe alla ouver le Pttarche, qui état justement occupé 4 tegarder la misite du monde et le malheur des gens. gonjour Fon Dieu. Falmerais que vous me baal un peu de miste, sil vous plat. —De la insére ? Ilya en tellement, partout. Macaque se pourléchait les babines. — Je suis néanmoins surpris que tu me demandes cela, ajouta Te ToutPuissant, moi qui te croysis fgoiste et gourmand, Je suis satisfait que ta veuilles partager la misére duy monde, Voila un geste géné eux qui thonore. Macaque n'écoutait dé pl Bon Diew tant il éoutait son ventre. Tl simpa Et ot done pourraisje trouver ce breuvage si les paroles du — Tis as une bien drole de manidxe de parler de la misére, admire ton enthousiasme... Tu voi cete “Macaque spergot sursa gauche wn tonne dont wai i ent orme! ext Eh oul epondit e Bon Dieu d'un air in pe bait, fon ald revendre, dela mise. Ts peux rene ag Yeu af commen dls tout fait que ta te confentes une Tow chette. " Fioqu et le di Le singe nen coynit ps ss oreilles. 7 Eh bien, plsque vous me le proposer, em pone tout le tonneat Je to bins, soupira le Tout Pusan, sidéré par et ate de cart qu ui prut proche de in flnscience ou de I foie est ans! que Sfaeaque se ft ver une énoeme Darrique dans une savane Tongue de cent il tne, comune Te hi vat consilé le Bon Die grimpa sare couvercle du tonneas et semploys& Ie défoncr a Taide un martes. Quand enfin iy parvint un bouledogae pus enragé quiun cong Erg du fond du tonneau et se mit le pourchae Ser Sappelat Misire Macaque détala, uaversa toute Ja savane et rmonta au seul arbre qui sy trouvat, un warat. Les piquants du tronc luk écorchérent le postéieur et Misére, qui courait vite, lui arracha Te bout de ls queue. Arrivé sur la plas haute branche, alors que Ie chien aboyat focement, Macaque leva les yeu au ciel ‘La misére nest pas douce, Bon Dieu lle nest vraiment pas douce ! Crest depuis ce jourld que les macaques svont plas de poils sur le bas du dos. Et que personne {autre ne veut plus partager la misére des hommes. 16. LEGON DE LUNE nh jour, ne voyant pas revenir son frire peti dAfrique pour la Guadeloupe, un tigre couleur colombo leva les woiles vers Fle antlase:Maisil se tompa ditingaire et accosta & Marie Galant Vous connaissez la voracité du tigre + en quel ques semaines, tous les animaux de la petite ile se ‘mirent a vivee dans la erainte d’étre dévorés. Meme compre Lapin ttemblalt pour sa famille. Gest un soir de peine lune qu'une solution lui vinta Tesprit. Lapin se tenait debout sur le pontan enjambant la petite riviére qui sexpentat pris du refuge de Tigre. La nuit se bercait du chant audacieux des sgillons. La pluie a’était plus tombée depuis des four, et la surface da ruisseau semblalt un miroir biew serein, seri dune apale ou d'une belle pidee or. Oui, se disait Lapin en podte, la hune est un mensonge aux allures de tésor. fl savelt que Tigte ne tarderait pas & passer pres de lui puisque tous les eos la béte rédait. Quand i apergut le flin poindre au loi il se pencha davan- tage vers le reflet de Vastra ‘Que faistu done ic, compre Lapin ?demanda ogee artivé & sa hauteur, Ta comptes les marin: igoutins” ou quo ? we Ceaistu vraiment que je perdrals mon temps . compet les mazingouins ? Pas du tout, mon ari envisage la possibilité de devenir riche comme CCrésus (Que veuxt dire ? — Regard cette fabuleuse pidee dor au fond de eau. lit le rongeur en désignant le disque de la lune. Elle doit étre plus grande qu'un barracuda’ Ta convoitise du prédateur était atisée, Lapin ajouta fe sais top Iéger pour plonger aussi profond TI faudrait que je miaccroche des poids et des chatnes en acer.. Mais imagine encore que je par Senne & descendee : jamais je n’aurais assez de once pour soulever ce bijou inestimable. LLesl de Tigeebrilait comme une bétise. Il vou lait absolument posséder In pie. Alors i proposa, ‘un ton aussi dovcerewx que du sirop de canne ‘Tu sais que je suis fon ami et que donc tu peux compter sur moi, Je veux bien aller tela cher cher, cette pider, Bien sir, sois sans crainte: je tela rend dts que je eposerai les pattes sur tere Tu ferais cela pour moi, oh mon compare ? Ce serait tellement gentil de ta part.. [ai toute une famille A noursir et cette pice me préserverait de Yembarras pour le restant de mes jours. Je sas bien que tu as de nombreux enfants répondit le fauve en songeant 2 toutes ces petites ‘eulsses poilues si appétissantes. Je serais heurcux Aquils mangent & leur faim grace & moi, Allez ! Accroche moi oes fers qui trainent 1a Je vais te régler ca en cing sec ‘Le gros animal se frotait dé les mains. Sur la rive roulllalent des morceaux de fer ayant servl A Ta construction du ponton, Lapin les attacha soli dement aux paties postérieures da félin avec dk Vanes trés épaisses ‘Voila, tu peux y aller maintenant ‘Tigre sapprocha de la surface en toute confiance Tout & coup il hésita Buh. Tu ne voudrais pas encore mattacher cette grass pierre ? Au cas oles fers ne suffirain pas. Bien sir Lapin stexéeute = Meintenant cst bon, lui assure le rongeur — Mout de suite, mon ari, fat hate de te faire plaisir en te rapportant ce trésor | Tt Tigee plonge comme un abruti,aidé par son compte qui le pousse dans le dos. Il descend, des end, descend jusgu’ attendee le fond de la ivr. II lave les yeu. « Zut alors a pide est remontée» se dtil i débat comme un forcené pour échap per ses canes et refaite surface, mais cest peine Perdue. Sa sottise pose trop Toard. Tigee ferme les yeux — et meurt dans la pauvreté 7.LA SARDE ET LE SOUDON Diaprés une fable de Gilbert Graiant ‘est histoire dun sous, solitaire et bow gon, qui se désespérait de rester sur place Depuis sa naissance, le mollusque était rivé sa racine de palétuvier* comme une moule son rocher. Aussi longtemps qu'il se souv fava it toujours vécu parmi Ia vase de la man grove, avec pour seuls voisins des algues et des Sponges. Désormais Soudon voulait voir le monde. I voulait voyager. Partir et vivee libre. Danser sur Vhorizon. Se baigner dans la humiére crue di matin rose, Ses copines, les petites pisquettes* si Vives ct si agiles, emportaient son regret dans lear sillage argent. wt Taller, muon compere, lu dsaientelles de leur voix mignonne, ne te rends pas triste parce que t We nmobile. Limportant, oe nest pas de bouger ni ‘Taller vivre ailleurs, mais détre bien 1a oit th es Ceo nest pas Vendroit qui compte, mais Tentourage cet la force de Vamitie Soudon écoutait sans pouvoir comprendre allee dire 3 un prisonnier que la lberté n'est pas belle. Soudon voulat partir. Rester,céait mourir, Un jour, une sarde magnifique ondula devant Jui, Ses nageoires fendaient Yeau comme tne pro rmesce dans la grice illaminée du matin Elle por Tait du oBté des outs, deux taches ocre. Cétait, ‘comme on Tappelle dans les Petites Antilles, une ie touchéededieu. Le mollasque comprit que état Ia sa chance Belle Sarde TouchéedeDiew qui a eu le bon heur de voir FortdeFrance | Je ne suis quun coguik jage foulsseur, mals jaimerais tellement voguer Sentir sur moi Vélan de Valse Le superbe poisson daigna sarréter& sa hauteur. wen effet, lui réponditi, je suls deja alle jusqu’s Rivige Madame, La nourrture y sbonde et Peau a un godt dailleurs. on! vexclama Soudon, jaimerals tant m'y rendre moi aussi. Me baileraista un petit passage sur ton dos ? La sarde réfléchit un court instant avant d'ac: auiescer Diaccord Yami, je veux bien t'emmener au pays de Foyal®. Mais quelque chose m’ennuie ta coquille, Elle raclerait mon dos comme une 1pe 3 manioe. Situ soubaites venir avec moi, i te faudra en sortir, Je taccueilerat alors dans mon estomec ; fouvriral la gueule et tu n'auras fqu't ty rélugier, Alnsi nous particons a la dé ouverte duu monde, bercés par le roulis des vagues. Soudon était conquis, grisé despérance, Sarde ajouta ‘Quand nous serons arrivés, je te déposerat et Fieai de cette nageoire chercher ta coqull Je te fais confiance, belle sarde touchée de rice. Je me rhabilleral agit arrive: je sais qua Fortde France régne Iélégance, ‘Le molhusque sempressa de quitter sa maison et se jeta dans la bouche de Fénorme poisson. Celi avait bon cceur, mais meilleae faim encore = Il ne rouvrit plus In gueule jusqu’d ce que Fut y fon Git entidrement, Ce fut le premier ot le dernier ‘voyage de Soudon, Depuis, un murmure raugue slave du fond de Ja rivitrecimetigre : « Ce que vous ne pouves ee faite seul pour vous-méme, ne demandez pas & autres de le faire pour vous. * 28. TOUT VIENT A FOING [erent i nga pn Poinge er luimeme tat gigantexque pats dessa en alle plas game maison de or devemee I al pont lin aver un spent ogre et ne pouvsit consommer ses abondantes récoltes& li tout seul. Un jou, il colla sur sa case une affiche Je baille belle charretée patates douces cet bon coup de poing. Gest que Monsieur Poingde Fer éait un Iepong Com foci de pong I ala done wouvercompire Tigre loql lat occape 8 védiger Favis de dls un ancien re Lapin, qui passait par 18 en sfflotant, latement alléché parla proposition. Ma it pas recevoir le coup ami & Tai mort par noyade. ‘Oh mon compére, ta me fais de la peine — Je suis un peu teste, c'est normal... confia le Gest le chagrin qui te coupe Yappétit? dem Lapin d'un air faussement compatissant. Tu as Vair une fim de tie. Mats la vie ext chr et Tes den her, fit Te petit rust, viens done passer ‘Moun Reretx de accel te etna le Complce Tigee accepta, ravi, et promit date cher son héte le lendemsin & midi. Pendant ce temps, Lapin se rendit chez monsieur Poing-deFer I sempare de la chatetde de patates douces et convint aver le géant dieu et dela date di famenx coup de poing : demain & midi et quart, dans la case méme de Lapin, Le Tendemain midi, Tigre frappe & Ja porte de Lapin. Son épouse le pri d'enter, le débarrasse de son bakoua et Tinvite& s'asseoir dans le fauteil en rotin di salon. Elle Iai sert un t-punch et lui dit —Je vals chercher mon mar, il est en train de trier ses carotes, Si jamais on toque la porte, tu serais bien aimable aller ouvir —Tu peux compter sur moi, répond Tigre en sirotant son breuvage Quelques minutes plis tard on frappe dla porte, Trois coups secs bien portés. Tigre va otvrr et n'a pas Ie temps de rearder la personne en face de hai Gul recoit sur le museau un terrible coup de poing ui le tue surlechamp. Monsieur Poing de-Fet croit auil vient d'assommer Lapin et ¥en retourne chez Ii, satisfat. Lapin sort de sa cachette et sexclame, triomphant — Voli une bonne chase de faite: non seulement ce prédatour de Tigre ne nous ennuiera jamais phis, us, ® ‘str a ‘son stratageme, Lapin le na Joe ede eget i propos de pase aq pan il appa ave an a il commengait méme a éatilisera plo mal a lew de Tintéress rongeur encalssait mieux que Se dire que ce satané Mohamed Al Vuengraissait & ue dl & force de mas Jules accompagnés cde vanes verses Scfjam, chev cae totes es aes vies sara pert Maks voi! que es grosses bites is solut alors & inviter Sinnent 8 manguer. Lapin se Macaque Oni mais, avee Macaque, oe n’tait pas le méme affeige ’épouse de Lapin Vavait pourtant bien pré Ge compte est trop mali. Tu w’auras jamais do Vinviter ; pin evaait pas supporté que s Femme fe et rmoine inteligent quan singe. Et pourtant.- a root douvrie a porte, ce dere, assis dans Te caarnea de rotin, ne bouge pas dun poi. est que ont vite sur fe et il ne sat que trop Jes umeurs bien le sort qui Yattend sl ouvre cette fichue porte Alors il erie On toque, om toque | Lapin, cache derrire un gos sac repli ignames, simpatiente. Les coups sur la porte se font plus insstants. Macague continue Compéxe Lapin, compére Lapin, la porte va der situ ne Vouvres pas tout de suite! Le rongeur tremble cormime une yole™ 1 trans pire & inonder sa ease. Pendant ce temps, le singe Brote son trpunch, tout calme et les yeux pétil fants dironie Tajoute encote, aprés un autre coup "attention, la porte va casser. Tapin nen peut plas, I surgit de sa cachette et saute sur la porte. Il Touvee et rogoit un direct ‘magisra. Lapin s'effondee, Et meurt plus béte que Macaque Ta fin de cette histoire 2 Cest Monsieur Poing: deer qui la déient. I ne Véchange que contre un bon coup de poing. Allez donc la lui demander si vous en aver le courage 19. CECENE ET JOSEPHINE 1 tit une fon dane es es Grenadines, ne J mites dem sce nine Cicbe tat le pus fleet a plus ervlabl ‘lc ange a mason, alla cece eae ate the Et surtout elle lowe terblenent I beaut Ta mére avait une préférence ts nette pou Joséphine, On peut méme dire quelle déestat Céctne, persuadée qulune diablesse avait présidé & sa naissance. Le jour du baptéme était apparue en tffet une ferme tris élégente. Elle avait demandé ‘une tertine eau afin de se laver les pieds sali pa se ongue marche. Or, au moment elle entamait Sa Giette, on entendit comme un craquernent. 13 ferme prétendit avoir Iaissé tomber son bracelet Grange dans le réipient de tere rouge, pls lle oe aime danser au cerur de la fete. Elle tournoys se arveliche et berga le nouveauené. Au moment de funtiellesoulevasa longue robe dans un ree per Fr et provoqta la stupétaction chez les convives Ta evant la place du pied gauche, un sabot de Shoval quel avait bel et bien fend fa terre en fa cognant. La convetion stat imposée a tout le t quil Jagiseait dune diablese. Ft depuls ce wate ty inte ne povenak pis 3 Se rae Sede. haw agsntelle en vetable ei Sumanehe, et fosepine se endaent Geebne ae morfondait dans son malhear. ‘he jus, alors quelle revenait des champs de anne od ele était comme a Taconuturée éreintée 8 la tiche sous un soleil de plamb, Ia pauvre fille rencontra une vieille femme au bord dis chemin. Son visage était blane de lys, Elle portait pénible ‘ment une lourde ealebasse remplie dean. Cécine offrit son aide malgré les reproches quielle encour rait si elle vattardalt. La viellle femme la remercia fen Tui donniant un petit baton. ‘Quest-ce done ? demands la plus jeune — Une taguete magigue le fer Te menage & ta place quand tu le lui otdonneras, Elle Chabillera comme une princesse quand tu le souhalteras, Mais je ne connais rien & Ia magie, Comment devraije procéder ? [Ne Vinguidte pas. Tu n'auras qu'a penser tes fort ce que tu désies, et la baguette fera le reste ‘— Je ne sais comment vous remercier, madame Tu nas par & me remercir. ois simplement heureuse, et ti baillers du bonheur autour de to = Qui étes-vous ?finit par demander Céctne Je ss Ia Sainte Vierge. Du moins cest ainsi que Ton mvappelle Et elle sen alla. Cécine se dépéeha de rentrer chez elle ~ pour y reeevor les réprimandes quelle rie méritalt pas. Le ditnanche matin, Jaséphine et sa mére se préparérent pour la messe. Elles espéraient y ren ontrer un homme beat et riche enclia d épouser Tainée. Mais sa lideur, rflet de sa méchanoeté ait tous les hommes & I'éeart. Avant de partir, comme & Tusage, les deux femmes confintrent CCleéne a la maison afin de sassurer quelle ne fit , Tu nettoieras toute la maison et tu trieras ces semplicns sept ones | jot fosephine. IP nunage vf tout seu Ta perfection, le bon rate se cose dans le grand mir d salon et see compte quelle ne powat aller la mess Se baguete magiqe et espera td fort reaper ‘snl premire fl des vie ql st renait av Gglae A puieavaltelle anc le purvs qu os les yeux se posérent sur cette femme resplendis sante. Ses ceveax tombaient en cascade Sir ses ches, et sa robe étincelait dans le matin radiewx. Pas un instant sa sur ni sa mére ne se dou trent quill siagissit bier de Cécine tant cette der nigre avait change. Mais la jaloasie obstruit la gorge de Joséphine qui ne pouvait que maudite cette dame dont la beauté sans pareillecaptivalt us les regards Aprés la messe, Céséne voulut renrer che elle & toute hite, mais un charmant jeune homme s'appro cha dell. Cétat le fils du notre, Phomme le pls riche du village Comment tappelies-u ? demands Céene Je ne tai encore jamais vue par ict? Has non, je nai pas le droit daller & la messe Ma mére et ma soeut Joséphine ne me laissent jamais sor, — Als, tues la soeur de Joséphine.. Elle n'arréte pas de me courisaprés, mais je Vapprécie pe Som. ‘cour nest pas pa Excusez-moi, e dois vraiment parte itu me dis 08 tu habites, rai te voir CGécne hésita,craignant les résctions de sa mre, mais Ie dows visage du jeune homme la séduisait. Elle lui indiqua done Yendeot ob elle habitat. A bientot alors, conclutil avec un sour Tul offrant une fleur Phibiscus Puis il remonta sur son cheval. Céoéne serra a fen contre son cinu et emit couri Te pus vite {qelle put elle evait absolument rentrer avant Fee femmes. En chemin, elle perdit un soulier Hae elle ariva juste & temps pour remettre ses ‘Une fois rentsées, Joséphine et sa mére ne pre tasent méme pas attention aux corvées de Cécine tiles étsient top occupées & maudire cette superbe Femme quelles avaient apergue &Vélise vO Flle portait une robe couleur de hune. Elle est nme pls belle que to! feta Josephine & sa scour cadette verpeutdtve que etait mol ? se risqua Céoéne, eistot, pauvre file! ula sa mace, Les grains de riz ne sont meme pas bien tiés! Is le sont, mére Taistoi | te disje. Le travail est mal fait! ‘Viens ick at iew de die des sottises ‘Céedne s'approcha et regut deux gifles. Mais elle rent ces Lares eo pensant & son beau chevalier. Smahtendit alors comme un hennissement. Puls on toqua a la pore. seraite le fils ds not wr Vite, ordonna la mére 4 CécPne, cachet sous demande joséphine. La jeune fille obeit ot la mare alla ouvri. Bonjour madame, je sais ven vous deman dere sain de woe il, Calle qu ped ce ‘Céaaiteffectivement Ie fils du notre, ce cavalie aux épaules argent, et il tenait dans sa main le soulier de satin que venait de perdre Cécéne. Son regard ireadiait toute la pice Je sais, cela doit vous paraitre un peu préct pité., sexcusatil, mals je suis amoureux. Pulsje one la voir ? Jesu fit Josephine en passant devant sa ii un price Me aheurenement torguatil en se pingant les ives drone ene sus pas sr que e soe ous apparicnne. Gist sit confirma la mae, cet bien sen vas ws na Josephine che? ‘Oi ot Eh esayons, fit le cvs i1vema tant ban que mal denfoncerle large pied de Josephine danse ptt soul, nis hy ave tien fie ae regret — Paingue je vous disque cst ese, insist la ror. ele i a acheté pour son anniversaire cole apartient une file merle, dive bem prétendant. — Clos bien ce que fessale de vous dire, cont nua la mere ce momenta, un peut perroquet catoyant se psa sur le rebord de la fenétre, Ta pli beten ba la paile'articul que divil? demnanda Vhomme. ~ La pl been ba far pall népéta oisca — 14 plus belle est cachée sous la pale? trad sit le cavalier. Il souleva la paille et découvrit Céctne, reeroaue villée.vétue de haillons qui me terissaient pas 3 Deauié Le soulier tut alla. comme un gant Ete Hs a notaie fut heureux davoie trouvé sa promise ee ois que je vous aime... muraura la jeune fille homme lui xépondit par un clin dil eompice ave | fit aux dewx méchantes Je vous Len fernmes, flies de rage Alor is partirent et geloperent ensemble, pows sidre de fraude, vers Taurore viline ~ et le bonheur beat, aqvaseer de découvrir, chaque matin, le pulls de son jardin competes Le carte Grn resect Vea tant wnt als alors au point un statagbme pour attreper Te voleur impénitent. ‘ame p ae TH confetionna un bonhornme de du fruit & pain. Il utilisa de la paille en guise ‘te Chevoux et des fiandises mulicolores em guise de bijoux. Avec sa perrugue et ses faux appara de dés dans la man, au cas a le voleur serait aussi joueur. Psi alla se coucher. Te lendemain, juste avant le lever du soleil, com pare Lapin passa par en quéte de eau quil volait Tous les jours « & cet idiot de roi», «Ine comprend rien, se moquaitl, je suis sar quil croit que Teau évapore.-» Cest alors quil apezeut, juste 2 cOté da puits Télggante dame de gh. Il remarqua également fes succulentesfriandises qui la décoraient.Or Lapin hit tres gourmand, Il ne put ésister Mes hommages, madame, fil en se baissant pour Tui baiser la main et gober au passage un bon- bon, ‘Mais au moment od sa bouche toucha la main, sa levee supérie resta colle Mais eenta de dégager sa patte deoite, mais elle gait Ga suit maintenant, Hehez-anoi | Lapin sagitait dans tous les sens, incapable dese détacher. Mors il tira sur les cheveux de pail et les aeracha ww Ga alots | remarquatil enfin: un bonhomme de glu. Je me suis bien fait avoir Ve roi artiva en courant — fai fini par Vateaper, sale voleur | — Moi, voleur ?sétonna Lapin d'un air fausse ment naif. Je voulais simplement étre courtois ex nfin, madame, voulez-vous me Licher! baisant la main de ce que je eroyais étre une belle marquise... ae justifiatl, toujours rivé au bom homme de glu —Taistoi, sale béte | C'est to} qui me voles mon eau tous les jours. Regarde, fit le monarque dun geste large en désignant ses récoltes: tout est train do erever.. par ta faute | Je vais te rougir le comps an fer chaud | Un frisson remonta la colonne vertébrale du ron voila une perspective qui ne le réjouisait iguére. Mas tut le monde connalt la ruse de Lapin. Tl attendit que le souverain partit préparer sa tor ture pour appeler compere Tigre, qui vivait non loin de i. Ce dernier, vorace, ne se ft fentendant la voix de cell quil considérait comme tun potentiel mets de choix os per en Bonjour, compere Lapin. Mais...que faista dans cette positon ? demands le gros fauve, intrigué ‘Tu vois bien, non ? Je pose pour un peinte sévorqua Vautre d'un ton agacé Ah bon 7 Et i est oi, ce peitre ? ‘Mais non, imbécile ! Tu vois bien que Je suis collé | Ces le rot qui ma attaché, Fais quand méme attention & ce que tu dis, reprit Tigt, je ne suis pas un imbécile, Javals bien ‘compris que fu plaisantais... Mais dismot : pour ‘quoi le roi fail done attaché & ce bonhomme de shu? est parce quil tient absolument & me don nner son eadeat, Moi je nen veox pas asi insist ue wets qulune petite béte comme mot fasse dun eabrouet de bouts ? Liesl du carnivore salhum vrei cabrouet de boeufs ? est lecadean du roi? — Mais out | Ga ne me servitat 8 rien TO fit Tigre qui ne savait pas trop comment présente la chose, moi je pourra y voir quekque ‘lit, sais. wh bon ? Le cadeau Cintéresseralt ? Oh out! Jesus content que ce sot toi qui me Je proposes rere meilleure des choses & tu tens effectiverent a obtenir le cadeau, ce tque tu prennes ma place, ne roists pas? a saccond, Ne beuge pas, je vais te libérer fi Tigre de tirer sur aon compare de toutes ses forces En moins de temps goill n’en faut pour Téerte, Lapin fat dive fon ben.. It faut maintenant que te prennes sna place, cit celuici en enlevant les derniers bouts jie dans ce c35, si de gu scree ses pls 1a amuse Ty alla de tne au bouche, comme ca cal tellement bla ain bow ie cae fd pe pouwait mime pl acl Lapin état parti depuis quelques minutes quand Je ro revint, Mais oe n'était pas un cabrouet de beeufs qu'il transportait.,.« Mon dieu !songea tes fort Tigre. Cest un eabronet de feu I> Ha ha ha rican cruellement le roi qui n'avalt pas remarqué Féchange. Tw 19s volé mon eau tous fes jours pendant deux semaines. Et bien mainte nant, tu vas boire mon feu! Le rol plongea sa grande épée dans le feu jusqu’a ce quelle sit toute rouge, et il Tapposa sur le corps de Tigre. Ge dernier sursauta,rugissant dans sa gorge, incapable de hurler sa doulear, transpirant fomme une béte qu'on trucde. Leroi recommenga Vopération tos fois, puis il détaca Vanimal. aller, ouste! Je ne veux plus jamais te revoir par ic Le félin se rua vers la riviére pour sy tremper rats elle ait tbs basse & cause de la sécheresse. 1 pt tout de méme se soulager, constatant avec hor eur que toute une partie de son superbe pelage ait abimée. — Al lala | Dans quel état i a mis. Tigre leva les yeux pour voir doi venait la vox cet vit sur a eive compere Agouti™ Ila mis dans un sac état, répétace dernier — En effet, confirma le fauve, mais si jamais le revos, je le tue! CCompere Agouti ext peur pour son view copain Lapin, Il sen alla sussitt Yavertie du danger. eengigee eat tres on cole, Si jamais i te tombe dessus “ye ten doute, Merci de ‘avoir pd Lapin reflect quelques seconde, puis demanda Disimoi: nestce pas le viell Agouti qui est mort de vieilese il y a une semaine ? = Si, pourquol ? — Je erois que j'ai une Klée, O se trouve sa epouille? sesprbs du grand manguler Je peux ¥y conduie, Avec pais. Les deux compares détalbrent, olla, cest ic, dit Agouti en se pincant le Todenr était en effet atroce. Le cadavre du veil Agouti se décomposait, verdive, groullant 'insectes tte vers, Lapin frémit dexctation Questee quill tsrive? demanda compere |Agouti,deceuré. Ne me dis pas que ca excite ? Taistol et éenute : pewctu ne pas dre visible pendant tis jours? ~Quiestce que tu veux dire ? eux te eacher pendant trois jours, de sorte {que personne ne te voie ? ub oui.. sil n'y a que eela pour taider, — Tits bien Alo, pendant tis jours on ne vera male par. Pris? fin parade Agu son courage deus pales et ef a dapulle pr ct, Pe part epromene das lx pages de a mito de Tee: ancl! tomb pa asad erent tant le pectale Forni mon Bi Compe Ag oe dle Ces pin qui n'a fait ga {IL n'a Yair de rien ais il posséde des pouvoirs surnaturels. Regarde comme je me décompose Timers la! sot dune de a depute net hrc Gest. Oh Ih Stats revis Lapin dia que nove querele et oublic Ie pee ei ome le pede en tetouna che ues pales tremblantes. A Tinrieurde son dégulsement, Lapin a. Deus ce Jour a plus anal 6 tanayé parson vue aa. LA FORTUNE DE TE]EAN nt dela plantation, Lesclave oie contraint traveler dur. Aus essayail, afin de survire, de tvaller le moins posible, Ce conte subs versif met en scbne un TiJean qui se soustrait la lot dd travail et tente de réussir gre @ sa seule « malin trie». Peu inporte sil gruge les autres tant quis sont riches et puissants: comme dens les contes de Lapin, Ta révolte des faibes et des petits se wit réeompensée. tuand la pauvre madame Jean décéda, elle ne laisse qu'une poignée dncras de more fen heritage, Ses deux fil les vendirent afin dffrr leur méve un enterrement digne de ce nom. Final de compte, il ne restait que deux acras Grandjean stempara du plus gros, et THfean du plus peut. Pus les deux freres se séparérent. TrJean prit grand soin de son ace il savait que était Iason unique moyen de gagner de argent. Yenveloppa précautionneusement dans une fell de bananier et se mit en route, en direction du do- micile de som parrain qui ne Favait pas revu depuls son baptéme. Ala tomabée dela nuit, il ariva enfin devant la porte du fermi. Bonjour parrai,ftil d'un alr triste. Jo suis Te Jean, ton fille. Me reconnats' —"Tijeun ! Cela fit si longtemps que je ne tai vu Mais que fabriques ta ict? — Ah lil, parrin...Je suis venu te voir parce aque je Wavais mulle part ot aller... Maman est Le parrein ne sut que dite. I baisa les yeux et proposa 8 T:Jean de passer la nuit chez tu Crest trbs gent de ta part. Je sais bien que mama et toi ne vous entendiez gubre Bah, ce n'était pas une mauvaise femme. Je regrete de ne pas m’étre réconcilé avec elle avant. Enfin, questce que tu veux faire Mais T-Jean pensait uniquement d son aca —Dis donc, parrain, est ce que je peux laisser mon aera dans ton poulallee? Crest done cela que tw transportes dans ta Feuille de bananier.. En voila une curicuse requéte pourquoi diable veusctu mettre ton acra dans mon poulaller ? Les poules wont le manger. ‘que. Cet aera, que maman nous a ‘pour moi une immense valeur sentimental ee ne voadrals pas quildorme dehors Je comprends bien. Mais pourquot ne pas tout implement le poser sur la table de la cuisine ? Cet acra ne dort pas ailleurs que dans un pou: lailler Je n'y peux ren Le partain ne voulut pas contrarier son filleul ‘qui lui paraissait peychologiquement assez mal en point ™ Diaccord, Tu peu le lasser dans le poolalir Le jeune homme passa une excllente nuit, dans des drape tout propres. A quatre heuees du mati, alors quil fasait encore ri mais que Tes cogs annongaient la naissance du jour, TrJean se leva pout aller manger aera, Puisilretourna se coucher, jusqu’ ce que son parrain le veil Ah mon fille an malheur est arivé Tian se frotta les yous. = Que se passe-til done ? Ton acra, auguel tu tenais tant: les poule ont mangé | Je te Tavais bien dit, pourtant, que Clétaitriequé dele Ininser dans le poulaller Ma pauvre maman,feignit de geindre TiJean, eéait le Seul souvenir quill me resat delle. Le parrain sfen voulsit 8 mor. Je ne sais comment réparer cette tristesse, se tamoata til 3 je te balls mon plus beau cog, cela sécheraiti tes larmes ? Taccepte ton offre. Rien ne pourra remphacer Yacra dans toon ceeut, mas le plus beau de tes cogs fera Vatfair Russ, apres avoir pris son petit déjeuner, Ti Joan se temitil en route avec, dans une caisse, ce fog dont il pouveit assurément tier un trés bon. prs 1H marcha toute la journée. Au erépuscule, il sar réta dans un village. Il scruta toutes les maisons tt alla frapper la porte de la plus grande dentre tes pour y demander le logis. Le maitre des lieux “lepta daocorder Thosptalité & ce jeune fermier qui prdiendait avoir mis tant dardeur &retrouver sa volaile di Gest un trés beat cog, lui raconta le jeune homme, malheureusement i ne tient pas en place. Cest la deuniéme fois quil ®échappe, mais ce soc AI sest beaucoup trop éoigné de chez moi Tie vous inquidtez pas, Vous passerez la nuit dans ma demeute et vous repartirez demain matin. Cela vous convientl? Crest tts généreux de votre path, wana Estce que je pete installer mon coq, dias la bet serie? Le maitre éarquilla les yeux Dans la bergerie ? Dans le poulaller, vous voles die ‘Oh non, monsieur, dans la hergere. Vous saver, rman con est vraiment tr bizarre : c'est un solitaire, I supporte mal ses congénéres et, si jamais je Vins tale dane le pour, i rsquerait encore une fos de se faite la mall. Cela doit vous toner, mais mon ‘oq préfézeait de loin dormir dans la bergeie. Vous nlavez pas peur que mes gros moutons Véerasent ? ‘Quils Mécrasent ? Oh non, c'est justement sur leur dos que mon coq aime dormir Les yeux du maitre étaient toujours aussi ronds dMonnement, Mais il accueil favorablement la requéte de TiJean, Et ce desniers'endormit comme tin poussin, Vers quatre heures di matin, TJean fut sort de son sommeil par son coq, C'était le moment. 11 se Teva et se rendit ala bergerie tuer le volatile parm les moutons qui dormaient paistblement. Puis il tourna se coucher ‘A Tauro, des ers le révellévent. était le maitre des lioux, completement afolé Monsieur Tsfean, monsieur THJean | Mes mou tons ont éerasé votre coq! re Comment ? Quvestce que vous dites 7 alla THean. Votre oq e Je vous Tavais bien dit que cétait dangereux de le Taisser dans la bergetie ‘alors ca Ces terrible. sanglota Trfean- Cait non pls beau coq, Oh non. Jeme souviens encore poeserete pls éearlate que le coral dela Caraibe ‘an oq plus noble sr te de son allure five. Etat re nate des leux cufpabilisat terriblement Alors il propos jee bien que rien ne remapacera votre co snais si je vous offrais mon plus beau baler, cela ‘ous eonsoleraitl un peu? Votre plus beau béier ?Cslui dont Tes cores se torsadent comme une mensongerie ? Celi: accepte est ainsi que Te]ean recut son ancien propeiétaire hui donna aussi une corde pur fe ie excuse encore au moment 0 on superbe animal hte prt congé de lt He ule tellement désolé, monsiewr TsYean. Mais les moutons, cest pas si don qu’on crit. Et Ti-fean sen alla, satisfait de sa progression =i ait par avec un aera minuscule, et voila qu'l pos Sela un béliee magnifique. Ine pouvait pas azn ter en si bon chemin. Il décida de se rendre au village le plus proche. Usant du méme stratagime, i parvint a se faire héberger dans la pls belle villa. Et demanda que fon baller dorm avec les beeufs mtavec le boeuf ? sétonna le maftre, Depuis quand un baler dort il avec les bouls r peputs sa naissance, monsieut. Mon belier a tonjours dorm avec les beefs. ignore pourguol, ate te compagnie des annus gros Les bosufs ne sont pas habitués aux moutons tis vont le pietiner. h maoasicur: dites vous bien que, sles boeufs ne sont pus habitués aux moutons, mon bélie, Iu tat bien habitué aux boeuf ‘Le maitre ne manifesta plus la moindre réticence cet exaua Te souhait pour le moins étrange de son hhote. Comme a Taccoutumnée, ce dernier se eoucha pour se relever au mili de la nut & twer son ant Thal en lu brsant le cou, Au petit matin, Je maftre ppt la malheureuse nouvelle & som invité Te ne sais pas quoi vous dire. je men dow tais.. auraie da vous empicher de Crest a chose la plus triste qui me soit arrivée dans la vie, avoua TéJean en ayant tout de méme fone petite pensée pour sa maman. e faimais tant. Ecoutes, offrit le matte doontenaneé, prenez mon plus beat boeuf: tre la charrue sans jamais ‘Yepulser et donnera de la bonne viande quand i sera ps Agé Fest accord. Je prends votre bout est sins que Tea reps la out en comp nie do puissant animal. Cétait un zébu noir de pure race, capable de fournir unt tava colossal et Bengendier une progéniture en pleine santé. Le ‘eur content Ie jeune homme marcha toute lama tinge. En début daprés-mii alors qu'il approchalt (dun immense domaine, il croisa deux horames heme venti de mourie? demanda ryan, Fe agit un adclescont, pond Tun des hoses Un beat lite Cavin qunze ant Fela Bt Tenn onge. Voit mon mar chase dourlocane le plas ex 2€bu dea gon ts deux ames virent hun moyen apie de se ldbrser corps to en gagnant de Targent faclement Dis quis furent ports, TJean sort le cadavre ch cereueil et, e portant sur son dos, se dlrigea vers le champ de cannes qui joustait la maison d'un matte dnt le domaine stendait perte de we. Hs cacha Jusquau faire noe pour elaborer son tout dernier plan. ‘Quand le soleil eut totalement disparu, TeJean prt le mort dans ses bras et allafrapper la porte fe cette maison grandiose, aussi vaste quiun chi teau. Un domestique vin lui ouvs = Vous désier ? = 11 me faut absolurment parler Jail le fils du grand Baké de Jahar. Le valet alla chercher son maitre blanc — Bonjour monsieur, fit TiJean d'un ton ing iment respectueux. Voici le fils du seigneur de Jaham, mon maitre. se ssayons vite dele réveller et de Ini donner manger | intercompit Ie malt. re maltre Je crois que la meileure chose & faire, reprit calmement Tian, ce serait dele fare dormir entre ‘deux filles, I reprendra ainsi connaissance au petit ‘matin. Le fis du Béké de Jaham aime blen dormir entre dew filles Soit fit le maitre blane qui état un peu stu pide, Mois ti, tu dormiras dans la grange Le cadavre fut alité entre les deux files du maitre. Mais celleci ne putent Saccommoder de odeur nauséabonde qui sen dégageait. Toute la nuit, elles le bousculérent, le cognérent et le renver: mit plusieurs ceprses en bas du it, Au lever du jour, ce fut la panique dans la maison. ‘Mon Die seria une des files qui essaya cenvain de révillerle mor. Je eois que nous Tavons TJean en raouta Si vous croyex que je ne vous ai pas enten- 5 Toute Ia nit, yous Faves frappé. Et voilé le ‘lat: vous venez de tuer Ie fils du plus puissant Boks de Ve Le pire en tremblait d'inguiétude. —Oyallons-nous faire? ui! consella TiJean. Je erois que cest Ja rmeileure solution, Car si mon maitre vous retrouve, it vous fera égorger vis | Ta famille beké ne fit ni une ni deux: elle abandonna surde-champ son vaste domaine. Natu fellement, le malicieux usurpateur 'y installa défi pitivement. Et ily goat, jusqu’a sa mort, des jours paisbles ‘Voi comment, avec un simple acra de more, on peut parvenir& masse une fortune eonsidérable. 22, COMMERE MULET Er LE ZOMB! fommére Mulet se tracasssit depuis Ia die parition tragique de son époux, elle ne par ‘venait plus & nourrr ses sept petits. En ee, ds quelle se mettait & piler les bananes de leur repas, un 2ombi surgissit pour les effrayer. Les enfants criaient pendant que le zombi engloutssait leur déjeuner et’ cing sec, Madame Mulet navait ‘mime pas le temps davaler une toutfe dherbe. #2 Tes enfants maigessalent & vue di ‘Un jour, alors que la petite famille descendait & toute allure la colline de Terrevile, ils tombérent sur compine Bruf qui était en train de paitee paistblement. —ch bien, ma commére., its en ruminant, qoestce dame quite at bond ail? sinh mon ani depuis e dts de mon mate Tin? Bt pourguoi ga? Us sont toujours audi lee mangent que des banaves Pee atlement ga mais & chaque fis un zombi vent les elrayer iia af {Un vomb | Tue vs quand més pos avo pa dn pee vob on ? Ne Fg is Ta as vu mea cores psates? Eh bien, 3 femate un zombi vient vous embéter, je i trouera nse. On y va? a dé line, I 2 rch tne ale ee erm a erent ptaton earch ae oe de mat nt sm grad ma tt ePhuns en uby sn les pcher aan rt pour lee Ma rent Pe aoe ve Bo aan imal cet ce, xb ce aeene ecient Le bv Je serais bien resté, ma comme, mss je viens de me souvenir que fai un render-vauswrgent, Et compare Beruf détala comme une mnauviette A lear tout, commére Mulet et sa progéniture prirent leurs jambes 2 leur cou. Et le zombi com ‘menga de manger les bananes, Le lendemain matin, commére Mulet réfléehit «Ce banuf nln pas dé trés couragenx avec sos gros Comes. Je men vals chercher de Taide auprés de compte Cheval Comme dit, comme fat. La petite famille se ren dit a Técurie de Cheval, lequel ne sortait plus guéte {depuis que son grand rival, compére Lapin, Pavait ‘un jour humilié devant la femme qu'il convoitait. Mult lui raconta sa mésaventure ainsi que la po: tronnerie de Boe. Or Cheval, qui vivit seul depuis tn certain nombre d'années, était pas tout & fait insensible & son charme de muletesse: il aimalt bien ses longues oreilles et son parfum de furier Tentrevit la une bonne maniéze de la séduir — Ah moi, Cheval, avec les fers que je porte aux sabots, je réduirai le zombi en bouilie, ‘Mais ilest grand | sexclama Yun des enfants — Ft tout jaune {ajouta son frre I ne me fait pas pear! assure Cheval =a méme deux grandes ovilles qul se dres sent su latte, dit le cadet Des grandes oreilles qui se dressent sur tite ? stonna Cheval ‘Oui ou! frent is tous en choeur —Cest bizare, songea Vétalon a voix basse, les zombis wont pas de grandes oreilles dhabitude a petite troupe se rendit done & Vendroit fat dique, Cheval ouvrent la marche en conqueérant, le baste bien relevé, la ringre au vent. Dis quils atieignirentla planation, les enfants cuelirent une belle portion de bananes naines ot a jet@rent danse ori Ils avaient une faim de loup. Alors leur mere fcommenga de piler ls bananes, mais 3 ce mosnent 1h le géant jaune surgit de dereiére un bananier. ‘Oh !cria Cheval lest immense On te Favat bien dit fent les enfants, Oui mais, ily a grand et GRAND. Ores vrak ment TRES TRES GRAND. Lombre da zomabirecouvrait entiéremsent le com pre, qui commengait& claquer des dent tes amis, fitil en frottant la terre avec son sabot avant je vous aime bien mais je n'a pas envie fde mourit pour vous. Méme pose vous, mz douce commére...A bientOt Er il détala commie un Liche, Alors que le zombi slagtait dans tous les sens et que la farmille Mie, morte de troulle, Sapprétait & fuir elle aussi, on fentenalt une petite voix fitée — Cert Lapin qui fit ea — Pardon ? ft comméce Mult = Ces Lapin qui fait en — Qua pale? Ele baie es yeux et apergut une patie soar. Je To mre changer dei le bananer, ex pliqua Sours Il monte sur des échases en bose Partsiteent. Vous raver ren a cane Regaren Bl a sidan smb a den tn des enfants, la petite sourisvimmisco timer di degusement ety caqua une allumete le ent 4 peine le temps en srtir ql snflarama tout entier La pall de banante lariat ite au boat stale Feu d joe Sours etl fame Met él trent dei. Ce tI premio dans histoire de In Martinique, que Ton mangen des bananes piles accompagnées de lpi rt | 23, NEIGEME ET LE RoI Dr TRINIDAD son cceur. Mi blaient Un matin il décida done travail Sans parler de notre quotidien que nous rarivons pas 2 améliorer. waye te comprends, fit la femme en app ddamt deja le depart de son époux. Va od bon te “avant de part, Neigeme informa son voisin de son tent souhatat 6 rede chez olde Trniad, On dist en effet da soverain qui at tom et intelligent, or Neigeme plaait beaucoup des ptr dan ete renconte I demanda 8 son voisin de Bion vouloirveller sur sa ferame en son absence ‘Celuéc accepta en lui tendant un cxf boul ens, prends ga. Tale mangoras plus tad En Durant plusieurs jours et plusieurs nuts il marcha En avalant ef anil i ext le Tes fruits des we ctimentcacquerir de nouvelles forces. Et penser & Se femme lui prodiguat un courage infin Quand enfin i se présenta devant le chateau da ois il comprit tout de site qu'il était vena frapper Pha bomne port le voi Tatendait en personne au euil du portal Bonjour Neigeme demand — Vastrologie ma indiqué ta venue. Eta raison de ta venue, Or j'ai une bonne nouvelle pour toi: tYembauche pour les vingt ans qui viennent Ces ainsi que débuttront deux décennies de co! Iaboration. Pendant cette longue période, tous les jours, Neigeme sappliqua du mieux possible exéen ter les corvées que lu confat le souverain:biner la terre, piler des bananes séches, sarcler la mauvaise here... Le paysan mettait toute son atdeur dans accomplissement de ses tiches, Et tous les sir, i s@ couchait avec tne bonne fatigue, le sentiment s iratifiant dr tava bien fait, Le rok ait content de Is, et Neigeme se satistaisait de servir le oi. A la fin de Vultime année, ce dernier li dit Vola vingt ans que Je loue tes services, Ne igeme, Ta as travallé dur et tu as fat preuve dune abnégation exemplaire. Tw ne ves jamais plaint, pourtant je sais que ta femme te manque En effet, male test grand temps que tu alles la retrouver. ‘Mais avant que tu ne repartes, je te payerai ce que je te dois. Un sousire se dessina sur le visage usé du paysan. Je te laisse cependant le choix, Neigeme préferestu que je te paye en argent ou en conseils 7 Tu me donneras ta réponse demain. La question était diffe, et Neigeme y réfléehit toute Ia nuit: Fargent était certes bon a prendre, mats le rol de Trinidad connaissait tellement de choses que ses conseils pouvaient étre encore plus précieux, Sa biblithtque recelait des manuscrits et fes grimoires que Temployé dépoussirait pu seuss fois par semaine sans sre toutefois autorisé 8 les ouvrt, Seul le roi avait le droit de consulter ces tnésors de savor, et il le falsait réguliérement NNeigente se résohit&cholsir les conseils en espérant Auils le meneraient vers la fii —Cette décision courageuse thonore, fit le xdemain matin: renoncee & vingt roonarque le | nées de salace pour un peu de sagesse..Je vals done te donner trois consels. Beoute moi bien Neigeme était tut oute Voici mon premier conseil: le chemin le plus court peut jouer bien des tours Le paysan plissa les yeux — Avtu bien compris ? fai demand le ri = Oui, maite, e eros avoir compris. Bien. Mon deuxiéme consel est le suivant: @ jerdre la tate Neigeme vlhten so rptant es paroles 8 vo basse a 4 vouloir tout connaitre, on peut perdre la tte.» Porfitement, confirma le souversn. eto de tw aris Je suppose que tex pre dented homme fit oui de la te Eh bien, le voici: ta cole du moment te ca Cette parole parut & Neigeme plus énigmatique mais il nen fit pas monte, Leroi conclut — Ces consels te seront fort utiles stu Yen sou viens. Aije besoin de les écapituler ? —Ce n’est pas la peine, je ne les oublierai pas Bien. Avant que tu ne partes, jaimerais que tu prennes ceci,ajouta le roi en tendant & Neigeme ‘deux paquets de taille identique enveloppés dans de Ja soie, Tune couleur jaune bronze, Vautre vert Neigeme s'empara des deux cadeaux en consta tant que celui enveloppé dans la soe jaune bronze pesait plus lourd que Tate Ce sont deux pains, expliqua le rol. Celi ‘emballé dans la sole vert antique tu le mangeras en ‘outs de route. Il te donnera des forces et de Tes poi. Ca le voyage qui attend est long et péillenx. Neigeme déglatit avec peine en songeant aux dif ficultés inconnes qui rencontrerait —Quant a Faute, tle bailleras Ata femme. Ta ne dois surtout pas Vouvrir avant détre ches toi ‘Miastu bien compris ? Ne Vouvre surtout pas! Le paysan hocha la tte — Jai bien compris, Msjesté. Merci pour tout, du fond du coeur Alors il quitta le chéteau pour ne plus jamais y Utraversa des endroits sauvages et hosts, foula des sols marécageux, marcha sous des pluiestorren tielles, Jour apres jour, le pain s‘amenuisait, mals Neigeme gardait Vespoir au fond de luiméme, I se repétat réguliérement les conseils du bon rol Etle visage de sa femme, dont il ne voyait plus que les yeux blew marine et les contours indécis aprés toutes ces années vécues loin delle, brillait comme tun soleil sur horizon menacant ‘Quand il eut parcours douze mille Heues, i rem contra sept hommes munis ehacun d'une musette Bonjour Vani, salua Tun entre eux en sou riant. Tu marches seul dans la mangrove ‘Oui, répondit Neigeme avec un peu de méfiance Je rentze chez moi et la route est longue. = Nous aussi, on retourne chez nous. Pourquot nble ? proposa Fate re pas marcher en —diaccord Tis se mirent alors & cheminer de concert. Petit 3 petit, Ia Gait intrigue par les paquets de Neigeme Questce que ces? Du pain, tout simplement, En vewxtu un Taimerais bien, ot pathie sinstallait, Lian des hommes Neigeme arracka un beau morceau et Foffit a voyageur — Voila, itil, maintenant il nen reste presque plus — Et questce que contient Fautre paquet, fit homme en machant, le doigt pointé sur Ta soie jaune bronze ‘Oh ea... hésta Neigeme, ce nest rien de spé fal, Juste un petit cadeau pour ma femme. Tis vonaiont dlarrver a une crvisée, Le chef de la bande pri a parol Hy a deux itinésates. Je suis deja passé par ick ily a bien longtemps et je stis de faran certaine que le chemin le plus court est celul qui va a droite Allonsy | Ceest alors que Neigeme se rappela le premier conseil du rot: le chemin le plus court peut jouer Dien des tours — Quiestce que ty attends ?sexclnna le che de la bande en se retournant alors que lui et ses hommes ‘étaient déja bien engagés sur le chemin de droite Je préfe prendre itinéraire de gauche, repon dit Neigeme Mais ces le plus long insists le chef, Viens done avee nous ! Durant quelques secondes, Nelgeme hésita, Mats, final de compte, il décida de feire confiance & la sagesse du to. Non, vraiment, Je vals prendre 8 gauche. Je vous souhalte bonne chance pour la ste Us se séparérent en se disant adieu de a mai, Neigeme empruntait le sentie le plus long depuis & pine quelques minutes quand un hurlement sourd Te ciel, Un bref silen comme Ta mort éea abattt te un ffisson. Six autres cris affreux su Virent, Neigeme comprit ausst6t qu’un événement tragique stat produit ls hommes venaient en effet de se faire égorger par des mercenaires qui vouient Jeur argent TI continua son chemin, Ia peur au ventee, mais aussi conforté dans sa confiance en Ia sagesse du raonarque, Quand i arsiva au bout du sentier, Ja tombée du faire-noir, il apergut une petite auberge La soe vert antique ne contenant presque plus ren, i prt la décsion de se restaurer dans le gite et 'y 1 pénétra dans la cour et tomba sur une femme xvange. Elle ressemblait 4 une sorcire, du moins telle que Neigeme connaissait les sorciéres qui hantent les contes trinidadiens. Elle tuilait un chausdron bralant. Le paysan s‘approcha et constata «qwielle fasait boul... du sang. Bonsoir étranger, artcalatelle dune voix augue et castée. Que cherches-u ici? Je suis venu demande Ie réponditil dans Pangoisse —Soit, fit Ia vieille femme vottie, je vais t conduire 4 ta chambre, ajoutatelle en léchant sa Touche dégoulinante de sang, Elle Yamena dans une chambre dont la porte ait séverement rongée par les termites. Quand elle ouvrt, dans un grincement strident, Neigeme eut tun hautle-corps: aux parois délabrées: pendaien des ttes humaines, te et le cowvert, ly avait ides dizaines de ttes qui sacerochaient ‘aux ‘murs comme des cafards géants, Certaines étaient rabougries et desséchées avec le temps, autres suintaient encore. Que séaitl done pas Qui était oette son dont il sentai (qui se tenaitdervgre lu et le souffle glacial sur son épaule ? Alors qui s'interrogeat avec effrot sur le sexi de la porte, le deuxidme conseil du roi lui revint en Imémoire : a voular tout connate on peut perre a ‘die. Ne ien demander. Ne pas poser de questions, Voild ce que Neigeme se dit qu'il devat faire 1 installa finalement dans la ch de dine: a vue de tous ces meurtres lui était Vappétit. Durant la nuit, parvint & fermer Toei quelques heures tant i était puis. Mais Fimpres sion d@tre en plein cauchemat Varracha at som: teil profond jusqu’s Taube. DBs les premiéres Iueurs dt matin, il

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