24 CONTES
DES ANTILLES
Ilustrations de Frédéric Sochard
FlammarionIntRopuction
«
‘Marie Galante
‘QDoninique
Marnie
«conte populaire est tte deta civilisation
L ‘nals dont fonde a Iinérture et reflote
le verrbe pase
Zu xn sie, esclavage se met en ple sur ces
fs dsolel oi pet pousserabondamment a canne
@t sure, Voyant quis pouront er profit de cette
plant, des Furopées dct de expliter. ais
travail das les plantations cant rx prot, is
proirent ullser des escaves nots pour Tffcter
teu place ces hommes sont restr comme
des bates du matin es sir Capturés en Afique et
Imporiés par Bateau dans es Petites Antles,ssont
venus un tre Blane qui posséde fa plontation
tt que fon appeal « Bake»
En Martinique et en Guadeloupe, les Bkds sont des
Francis: ces en 1635 que cxs ies entrent dint
‘ement en possession tot Lous XIV. Or cette date
Correspond fla eration pr le cardinal Richelieu
3
3
3
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go ot
g
2
3
Mer des caubes
tae
Bitte
qsde tAcadémie francaise: & époque, le francais
‘moderne nexiste pas encore et le premiers colons
(Bretons, Vendéens ow Normands) stexpriment dans
eur patos ou leur dilecte régional. Cela ne va pas
sans poser des problimes de communication, non sts
lement entre Hexagonaux, mais surtout ene Blancs
(et Noirs. Cst alors qu’un nouveau parlé commun voit
progressivement le our: le eréte.
A la tombée de la nuit, aprés une dure journée
de labeur sous une chaleur moste insoutenable, les
esclaves peuvent enfin se reposer. Cest le moment
de sévader un peu, en eréle, rice & la magic des
mots. Sous les étiles, ils se réunissont pour écouter
elu qu. durant plusieurs heures infiniment précieuses,
va les divertr et lew faire oublir leur condition abo
minable le conteur
— Yééé Krk ? hurle ce dernier,
- Y86éKrak ! dit répondre en cheeur Vassemblée
Bt le verbe se met en mouvement ~ en délire. Le
conte trditionnel antilais est avant tout ume joyew
seié de la parole. Le conteur lance des devinetes,
chantonne des comprines s'loigne de intrigue pour
{faire de Thumour et interplle sans arrét son aul
toire afin qui reste attentif Mais le conte est égale
rment une parole de résistance qui distill en secret
des messages interdits. Ses personages ne sont
pas anodins, ainsi une de ses figures récurrentes,
compére Lapin, représente-vil Vesclave affranchi
qui, grace asa malice et & son espidglerie,faisant
ide tt seep pres jours es
Voilé une composante quil ne faut pas forcement
espérerretrower ici: la morale. Carle corte anilais
est souvent cruel: il chétie les gentls et flate les
dudaciewx. Mais ce n'est pas une régle systématique,
Contrairement + cette obsession des ventres vides »
dot parle e grand poite martiiguais Aims Césaire
«Pas un conte oi ne revienne vision de ripalle
de sodere, ériil dans son « Introduction au fll
lore martniquais» revue Tropiques, janvier 1943)
Effectivement le conte aniliais se plat faire resur
gir, soit dans ta dérisionfrvale, sit dans Tinguitude
fantastique, Yangoisse de la malnutrition dont soup
‘faint les esclaves noire: dans Varchipel francais
ppar exemple, il fllutattendre une loi, une circulaire
‘ministéille et un arrété da goxwverneur en 2845
1846 pour que ces derniers alent chacun droit @ six
livres de farine de manioc et un kilo et demi de
‘morue par semaine.
Gourmand, le conte créole se nowrit de dif
rontes traditions - afrlcaine, amérindienne, asiatique
fet européenne, Cest pour cette raison quil est
{comme tout festin digne de ce nom..)& la fois si
riche et si varié. On pourra dlalleurs semuser &
repérer dans ce recuell les échas de certains contes
bien connus en France comme ceux de Perrault oules Fables de La Fontaine. fe suis str que vous alle:
y reconneitre quelques sosies eélebres.
Quien esti cxjourd hut di conte antillis ? Avec
abolition de Fesclavage (en 1833 dans les les ae
lise, 1848 dans ls tls francaise) et la crise du com
‘mere du suere de canne & la fin du x0 site, on
‘assisted un long déclin de la société des plantations
fet par Ia: méme & Vérosion de ce bijou doraliture™
De nos jours, de plus en plus rarement il est vrai,
il arrive encore que le conteur intervienne comme
dautrefis dans les villées mortuaires des campagnes
fn de signifier a continuation de lave. Fn revance,
dans la sphére privée, la place du conte Samenuise,
¥y compris dans les familles blanches créoles ot
était jadi la « Da», nourrice de couleur, qui trans
matt es récits aux petits dalleurs seles quelques
{amilles de Békés emploient encore une «Da »
es voies traitionnelles de transmission du conte se
désagrigent en douceur, Fort heureusement,diveses
Initiatives ordre culturel et commercial voient le
jour festivals spectacles associat, prestations dans
Tes éeoles,difusion denregisrements audio, publi
cation de recuils allan de la simple transcription
‘fénoncés orauoencréoleet leur traduction litéraleen
“ans (ouvert pénible & fa lecture) en passant par
Les mts sis un atraque emieat a exique en
1a régeriture du patrimoine tla vértableeréation lit
‘téraire. Or certains autew's contemporains font prewve
une belle iventvité
Voraliture, quelle que soit sa langue d'expression,
se perpétwedésormais selon des modalités moderns.
Quand point le erépuscule, on allume aujourd hui ta
television, on sufe sur Internet: les adultes ne pren
nent plus le temps de raconter des histores leurs
enfants. Puisse ce livre, inspiré par imaginaire
collectif antilas, contribuer & détourner un peu le
‘cours des évinements
vr Lanza1, La VILLE-AUX-RASOIRS
Tisation medleme ne sempaze dela Martinique, i
seistat qvune seule ville sur Tile. On le sur
‘nomial a « Villemuxrasoirs» en raison des clés cou
pantes qui tapissaientcertaines rues depuis la nuit
des temps, Cait une ville mystérieuse ob les viiles
femmes Fadonnaient az vaudou" et mangeaient les
fossements des personnes décédées qui n'avalent pas
Temboursé leurs dete, Les corps éaienttrainés par
‘eax chevanx usqu’a ce que leur chai se dlstogue et
{que les vielles mgires en fissent leur festin.
Un jeune voyagour, venu don ne savait of,
#échoua un jour das la Villeansrasirs. I répondat
J adi ily a tt longtemps, ben avant que cvau nom de Paulo ots tit mis en quate de trouver
tune épouse la ferme de sa vie, son Ame scour,
fave laquelle i espérait fonder un foyer. 11 avait
femporté tout Fargent qu'il posséait ts était usque
Jcontenté du miniraum néoessare a sa subsistance
afin de garder un pécule pour son futur mariage.
Mais son arrivée dans la Ville aux-rasies changea
ses plans, A peine avaitl franch le seuil de la com
rune quil se figea dhorrear devant la scéme qui se
déroulait sous ses yeux = accroché & une corde, un
iellard était iré A méme le sol par deux chevaux.
fu trot et son sang rougissalt les bouts de métal
ttanchants qui jonchaient la route. La foule regardit,
tout en injuriant la famille dx défunt qui pleurait
humiliation et de tristesse. Cen était trop pour
Paulo, qui lla trouver le maire
— Monsieur, implora il avec déférence, il faut
bsokument que cela cese, Imagine que votre propre
pire sot trainé ainsi.
Crest a eoutume quile vect,
La seule chose qui puisse arétercevituel, ce serait
Te remboursement des deties contractées par le
dfunt an cours de a vie
Soit! Alors je paierai ! Ou, je paierai tout |
Paulo se tendit che ls eréanciers pourremboursee
les detes accumlées, La famille du mort le remercia
chaleureusement, mais i rfvalt plus un sou. sat
‘complétement dépourvs. FL se trouvait désormais
wad le maire
4
dans Vimpossibllité de se marier si jamais il ren
contrat la femme idéale, Cest alors qu'une voix
Vappela
Paulo, Paulo.
I fit volteface mais ne vit personne, La voix
rept, comme un souffle venu de loin
Paulo, merci de ta compassion,
Le voyageur ne voyait toujours rien.
Qui a parlé ? demandatil dans le vide
ime de celui que tu viens de préserver.
Un spasme parcourut Paulo.
[Ne erains rien, ft le
‘ader mon tout.
—Je mai plus dargent, se plaignit Vhomme, Et
sans angent, je ne pourra amis épouser la femme
dde ma vie.
fantome, Je sus 1a pour
assure, je vals Cindiquer le chemin, Tu te
ras aux trois portes de la Ville aur-rasoirs
Les trois portes de laVilleaus-rasoirs ? Je n'ai
jamais entendu parler de cola
Ce sont les tris portes les plus dangereuses
u monde, mais derriére elle se dissimule la femme
do tes reves: Ia Bellesans-connaitze
— La Bellesanscconnaitre ?
—Oul. Vous tomberes amo
Cest vrai?
=i te faudra cependant braver bien des dan
gers, continua Vime du détunt. Pour les vainere,
rex Tun de Vautreschdteras trois barls dos, trois bars de fleur et
trois barils de suere,
Trois barils dos, tris barils de fleurs, trois
barils.. Mais comment faire ? Je nai plus dargent 1
a bse fit fissonner les narines de Paulo et sou-
leva a ses pieds la poussiére de la route. Aucune
réponse ne se fit entendre. Le fantome venait de
disparate
‘Paulo mit machinalement la main dans sa poche
cet bua sur quelque chose de métallique. Il la sontit
tt eonstata que etalon des pies il nfavait donc
pas r6v6
Il ne perdit pas une seconde et part siacheter les
trois barls Itloua égelement une cartiole afin de
les transporter, Pus i se drigea vers les trols portes
[es plus infernaes que 'on el connues sur Terre.
UW asiva devant ui fc imposan,consioé
tun mur evel haut de plasters dans de
intrest dont a sete ouverture vixble ait une
te porte on bio Cea la premlre porte dela
Vitestsrasots et ele ne preageitabsolument
ten dingulcan. Mais &petne Paul ei rap
jr des groncenentsalroces sen échppéren On
eit at une mee de chiens eng’, alfa
ets plate leurs ccs polnua dans import
Fuck chat humaine Paulo pit le bail Joa et on
dives le contenu, Alot owet la porte Caen.
effectivement des chiens Ils se brent sur les os ot
Tul Inissécent le limp libre.
Paulo s'engoutra dans un couloir obseur et pro
agressa sans entraves jusqu’a la deuxiéme porte. I
pergut alors comme un sfflement qui simtensifiait
Houvrit la porte et vit, au fond du corsidor, des cll
bis par dizaines. Is volaient vers lu toute vitesse
pour lui piquer les yeusx. Paulo se précipita sur le
bari de fleurs et le vida Les eoibris se postrent sur
les fleurs et commencirent & les butiner. Il venait
une nouvelle fos de Véchapper belle
CChaque porte souvrait sur un couloir et Paul ate
{git la dernie des trois. flu suffisat de surmonter
‘ot utime danger pour connate le bonheur supreme,
ctl se doutat ben que le bari de sure lui seviait
de sésame. Derive Ia porte montait un bourdonne-
ment assourdissant. Paulo se reoouvit le corps de
suere et fonca. Le corvidor pullulait de mouches car
nivores mais elles ne vayaient pas le jeune homme.
Elles se contentirent de manger le sucte et le lais
sérent indemne, Paul courutusqu/au bout da couloie
et arrva dans une salle immense dont les murs de
marbre grislanc lusaient comme une premesse. I
-venat de pénérer dan le palais royal
‘Qui val? demanda le chef des gardes.
Paulo ne sut que séponder.
Jee ne suis qu'un simple voyageur... vent faire
connaissance dela Belle-sans-connalte,
"7Tu nlas rien & faite il | Emmenezle
Trois autres gardes se jetérent sur Tintrus et
Vamenérent au cachot
Tu moisiras ii jusqu’d ce que le roi daigne
venir te voir! martela le chet des gardes,
[ils aissdrent Pano seul dans s cellule, Le jeune
homme se désespérait : « Avo fat tout cola pour
me retrouver prisonnier...quel gichis!» Mais i
reat pas attendee longtemps. Au bout d'une heute,
Te roi se présenta eserté des quatre mémes gordes,
(On mia dit que tu voulais voir ma fille.
—Votee fille 'sétonna Paulo
— Mais oui, la Bellesansconnaitre, ma eadete
—Fignorals qu'il sagissait de votre file
Allons bon ! Eten pls il ment,
— Je vous assure, Siee
—Taistoi My a mail ans, je me suis fiancé
avee mon actuelle épouse., fit lero d une voix nos:
talgique. Nous nous sommes promenés dans Je
Nord de la Martinique, hélas ma fiancée perdit la
somptueuse alliance que je lui avais offerte. Je te
donne une journée pour la retrouver. Sita nes pas
fen possession du bijou dick demain matin a pareille
Fhoure, tu seras haché au fil da rasoie
— Mais Altsse, comment puisje le retrouver st
vous me lasser enfermé ?
Débrouilleto,répondlit le rol en s'éoignant. A
demain
8
heure était grave, et cette foisct le voyageur ne
voyait pas comment ¢en sori.
La nuit stvangait, ombre noire dont Paulo ne
percevait pas l'épasseur dans sa geble plongée dans
Vobscurit. I navait plus la notion du temps mais
lt avait que ce dernier passat iréméiablement,
Un sentiment dimpuissance et de désespoir Fenva
Jnssait tout entier quand il entendit un aboiement.
Quiestee ?
Crest mol, Chien
ar
Le sergent chef des chiens fe viens te rendre
Ja pareil. fy avait mille ans que mes congéndres
et moiméme n'evions mangé des 0s si dalicieuy,
lune moelle aussi tendre que eellecontenue dans le
bail que tu nous as baillé. Nous allons Walder
Lorsque Tangélus sonnera, nt seras en possession
de la bague. Tu peux dormir sur tes deux orelles,
Paulo s'en remit & la parole réconfortante de
compize Chien et se couchs. Que pouvaitil bien
faire diautre aprds tout ? Il n'y avait pas d'autre
Pendant ce temps, la meute des chiens, menge
par le sergent-chef, se regroupa pour se diiger 3
‘oute allure vers le nord. Arrivée sur place, elle se
\éploya dans toutes les directions, Des dizaines delens arpntérent es ues, Hairrent les bosauets,
foultent es plges ls demaaderent des indices
fi potas et ce ft une tte sardine qui les
wee sar aun jour ta use bag y 8
pourrait me 1a rapporter ? demanda Te
sesgontchf des chiens
TE peste sardine ponges et remontala bague en
aqventon Le sergent hel reconstfmédltement
IE coen royal
ainst quion la sumammait en
talson de ses longues plumes arviére. Le gaccon
fobservait son tracénoit dans les alizés de Tazur
quand, tout & coup, oiseau fondit sur Teau pour en
retirer un poistonaiguile tout frémissant. TeJean
rut alors entendre comme un rurmure montant
des vagues. Il pensa dabord au vent, mais ce mur
mmure lui rappelat rangement la voix de ss méze
«Pour atraper un poisson aiguille, souflla cette woie
familie, I faut agircorame la queveede-cisea. >
‘TiJean avaitil reve ou Vesprit de sa mire était
bien présent dans Toeéan ? Encourage dans sa quite,adolescent interpreta judicieusement le consel surgi
des profondeurs marines : il entzeprit de fabriquer
tun cerFvolant qui se terminerait par un appt sans
hameson,
Il parti dans la ford et, pendant plusieurs jours,
chercha parmi cachibous” et bananiers, fougeres et
Dalisiers, ce qui aurait pu fare office d’hamegon.
‘Un morcens de fer ov une pier siguisée ne conve
alent pa: trop rigides ts brseralent le bec du pois
son. C'est alors que les cheveux crépus de TiJean se
prirent dans une toile daraignée gigantesque. Il ne
Yen défit que tres dffcilement, cette tole ayant la
particularté etre A la fois résitante et gluante
TiJean venait de trouver son hamegon.
I arracha tne branche, Venfonga dans la tolle et
ta fitouler entre ses mains de manigre a récolter le
fil si spécial. Loreque Ta tile enroulée autour du
bbiton forma une gaine aster épaisse, TEJean rotra
Adlicatement la branche afin de ne pas abimer le
reste de Ia maison de Varaignée. Pus, & Taide du
coutelas que lui avait ofert son grand-oncle il sec
tionna des lanes qu'l prit soin de couper en quatee
dans le sens de la longucur: celles ul serviraient
de fils pour manier et guider la parte volante du
cerfvolant. Cotte dernigre nétait pas dllficlle &
‘concevoir Ts Jean déerocha dimmenses fells de
siguine blanche" qu'il relia en losange & Taide
autres lanes tds fines
4“
1 acheva ainsi son cerfvolant, porsuadé quill
volerait dans le ciel comme une frégate en fisant
trainer la surface de Veau la bobine de toile dara
jgnée que wimporte quel poisson powvait prendce
pour de Vigname? grive & sa couleur mordorée,
Lorsque ‘Jean expliqua son stratagéme 8 son
grandoncle, ce dernier ne le prit pas au sérieux
*Tu penx toujours essayer » hui langad sans y
croire. Néanmoins il consenti lui préter sa pirogue
aqui permettrait au gareon daller plus au large, Lio,
Valize souffle pha fort,
Arrivé au beau mitan de Vooéan, cétait comme
si Jes poissons aiguilles Vattendaient: is dansaient
tout autour de la barque, sans se douter in seul ins
tant du triste sort qui les guetta. T:Jean leva ses
feuilles de siguine & bout de bras ot Jes lacha bru
quement. Celiesc, au liew de s'élever, tombérent
dans leau. Mais TrJean ne se déeouragea pas. Illes
ramena 8 lu a Vside des lanes et recommenca
la seconde fois fut la bonne: les feuilles se
vérent dans les airs comme une frégate, et avec eles
Te coor de fadolescent frémit. Les fells planaient
dans le sole, losange dor étincelant, Alors lappat
se mit 8 glisser sur la exéte des vague et, miracle,
les poissons-aiguills le suvirent, La course dura
quelques secondes & peine : appt fendait Teau &
toute vitesse et les poissons le suivirent jusqu’® ce
5que Tun dente ev le gob goliment. TrJean net
lus qu tie arse ile be du poison stat
{om pv eng dan la tl agua
Tl sori la prise de Feu etl sit 3 plenes
mains eit sans doute la premire fos qui
Tomine tent un posonagal Cet explo emt
Troan de Rete, Toute aginst la sorprive
fate des autes villages, unl olson en
todant i maque et coup Tapp avec sex dent
Iesqutls ats n ple st rice 8 papeye
chil comoramatabondamment
ate aprevmidi price & la technique révol
ionnate crf ont qu aval invent, Team
fttrop tents possonsaiplles, ILfu serlamé sur
Sere comme on vera ce et silage se
reitentfe sot meme la place cna afin de
ter enfin a char de ce poo sl myatreix
ie Fadnesent ep &patoger avec eu
est pede La lege ont qi Tan ps ot
Ge pece a eno ae garganva pes
prempeche a mort de ses poe Mai parvint
Mhanger ave de sx congentres
nL
6.CoPAINS D'UN Jour,
L'AMOUR TOUJOURS
pate Calon a soit sumed vr ar
{cE prenaon dbo tps he
Sinapprecnt apie compughe dette Ma
Le roi avait une fille mavier, et ni elle nl lai ne
souhaitalent une union avec le premier ven. Apres
avoir passé en revue des dizaines et des dizaines de
prétendants ils hésiterent entre les deux compres,ql possédaientchacun des qualités convaincantes
Cheval joisslt dune musculature puissante et dime
trinibte magnifique, or cela le rendait fier, trop au
soit de Sa Majest€; Lapin, Iu, était vif et rapide
‘Eanme Uéclae, mais la princesse jugeit ses longues
treilles digracieuses. La compétition s'annoncait
Serrée. St les deux compres aussi déterminés Yun
que Faure
ya certes de longues oreils, se défendit Lapin
dovant les souverains, ais au moins jentends &la
perfection. Ce que je regret, daillesrs, quand j
Pi obligédécouter les henmissements aburissants
de non vosin.
wah ca cest trop fort! rétorqua compare
Cheval, beaucoup moins & Taise que son acolyte
{ans le maniement da langage. Pout qut ke prends
tu donc, avec ta taille de moucheron 7
Moi ai une taille de moucheson ?
Parfaiterent, monsieur, Ta es minuscule
je suis en effet plus petit que tei, grosse bour-
rique mais cela ne signife pas que je te soi infreur
‘hu conteaie, je peux méme Ge supériur 3101
yi ha ha | hennit Cheval. ’aimerais bien voir
al
«Je parie que je peux faite de toi ma monture,
tanga le rongeur avec des yeux pétilants de malice
ie je veléve le par, soubresaute Tautce dans son
fou rie, i jamais Tu y aves, je Tenoncerat& la
#
princesse, Si par contre ty éehoues, Cest toi gui
Ahandonneras.D'accord ?
‘Compre Lapin approuva, de méme que le roi et
sa fille, satisfits qu une idée permettant de dépar-
tager les deux prétendants fir enfin trouvée. Les
ddeox anciens copains sen retournérent, sats de leurs
chances ceapectives. Cheval ft méme vlteface pour
tenvoyer un baiser& sa promise
A bientdt, mon amour, susurratil en sot
grant.
Sitot renteé cher lui, Cheval installa un cle
boeuf sur sa porte oe nest pas quil raignat Lapin,
persuadé que ce petit prétentieux ne pourrait jamais
Bagner son pari, mais préférat tout de méme
prendre ses précautions ; Lapin était tellement rusé
{gil était capable de nimporte quoi
Pendant plusteurs semaines ob ses pensées alter
nalententze limage rebstante de son adversaire et
Te visage si dou de la princesse, compere Cheval
continua de vivre comme & son habitude, vaquant
{ses occupations quotidiennes et sortant samuser
Te weekend. Mais, of qu'il allt, il ne rencontrait
jamais son ancien camarade: ni a la plage de
Madiana, ni au Karaoké café, ni su le campus oii
prenalt des cours d'éloquence alors que Lapin y
Yenalt souvent lorgnet ls jeunes étudiantes, Le row
jgeur éait bel et bien devenu invisible. Au début,
*Cova pense guise cachalt par honte voi
lane un dts préompmesn, Pi sed qe Son
tia nk mda e temperament exibrant de
{Spine Tara amas Sonne das son pest er
fereusilongiemps "
es dates de Cheval se confirment une aprés
Daur Schechter passer tapin
var Sappayait sur une cane. Li que Conds
sous Teste Mamboyant. lon # approcha de
i
El en alos, mon vies fated toujours que
wR rom ai pln Taree vx che
rote, sls tone alae qe eens pine
[at I st wt ce qu ive quand on veut
five matin, Dism vent done fon ma?
dear mine ign One
nem que ga neva ps pte Eo Te moment,
Iris ste un rie special a base de tame
Mon pauee- Bon ch bin fecal queje vals
de cps nse apintse Abin, ton com>
pov bon absent
Tues le meilleur, je Tadmets volonters. Je te
soubaite beaucoup de bonheur avec la princess.
FFespére simplement quelle te cries,
‘Cheval, qui ‘apprétait& s'ancer au galop, mar
(qua un temps dare
‘est vrai quelle n'est pas foroge de me eroire,
concédatil
Si tu veux, je peux venir avec toi pour
confirmer,
— Oh oui, ca serait tellement plus exédible | Cela
ne te dérange pas, au moins ?
Pas du tout. Si ga peut Yaider.. Seulement,
dans Tétat ob je sus, je ne pourra pas courir aussi
vite que to.
— Ne Vinguite pas, je te porter, Alle, grimpe
sar mon dos !
Comme dit, comme fait. Cheval se baissajusqu'a
hauteur de Lapin, qui sasst&ealifourchon en lis:
sant sa canne a tere, talon poussa tn hennisse-
ment conquérant et dématra,
Durant le trajet chaotique qui serpentait entre le
reli et la mangroves, Lapin se mit & cracher en
suppliant
= Passi vite, compare, Je me sens si ral
CCheval ralentit en sexcusant. Latte ajouta
—Tiens, aeétonsnous quelques instants dans la
forét. Psimeraischercher des lanes, stu le permetsje les enroulerai autour de ton cou et fe my accro
erat afin d'etre moins secoue. Ca rendra la dow
leur moins vive
‘Cheval ne put sefuser, méme si tout ce temps
perda Tagagalt Lapin coupa quelques lanes et les
Facha comme convent autour du cou de son com
pagnon afin de pouvoir sy agripper. Quelques rn
Fhues aprés qui se furent remis enroute, le rongesr
Woulut & nouveau faire une hate
wah compere, les lianes me glissent des
mains, je n'ai pas assez de force pour les setenit
Cla te dérangeratil de les maintenir dans tes
dents puissantes ?
Bon elaccord, naugréa Cheval, Fais ce que tt
‘yeux mais ne perdons pits de temps, conelutil en
Tnichouilant les Tianes, Matté que son concurrent
tnatheureax Feit complimenté sur sa dentition,
Enfin is arrivérent devant Je chiteaw du 10k
cheval, ézeinté par Veffort, haletait comme une
Tocornotive & vapeur. Quant & Lapin, il héla Te
rarde
re Va vite chercher la princesse: nous sommes
‘venus Iui annoncer Ie nom de son futur mari!
‘étalon tenta rapidement de remettre sa crniére
cen place avant de pénétrer dans la cour du chateau,
Lapin toujours juché 3 calfourchon sur son dos. La
princesse et son pte les observaient du haut dit
se
taleon royal Cet sor que le rongeur tra ures
sett ea ion
Oattese vous consatrer qu fl gugné mon
puis Jal fat de Cheval ma trontre! Heureu
Tavis conquis votre main, princes, jou i en
‘incinant furl dos do son eompagoon qui com
brit ce momenta quil venat des faite bores,
Come conven Lapin gus ile dr
ls eutent ensemble ine hele metal, Quant &
Cheval il se sett tellement honteux avoir été
tubs sapide ql demeura cite che ui pour le
teat de es ors Umar sat bin et ron de
Fentente amiale ene les deux compare, et cest
depuis cette histoite qu'on ne voit pls Cheval et
Lapin fare Ia bringne ensemble7. Lé soRr DES ENTETES
mule. TrPocamne, comme il sappelait, était obs
tind au point de rendre flle sa mama: « Quand
‘has quelque chose dans la tt, lui
tu ne Tas pas ailleurs!»
Un jour, elle fut tellement exaspérée devant son
refus de manger la frieassée de chateou quelle
wait mijotée avec amour, quelle lui fracassa ne
couscouche” sur la caboche. Mais TrPocame avait
la tte bien dure : malgré ses pleurs, il n/avala pas
une cuillere de chatro,
Pour autant, i! nlétait pas mauvais gargon, 1
rmanifestait méme une grande sensibiite. Or hi
I 1 ait une fois un gelopin plus téta qulunerlleus offert & Nol une fate de pan dont
it de merveilleuses mélodies. T+Pocame tenait
tellement son instrument quil Yemporaitpartout
Th apres o este rita pra
pecan ee ve dan fi on de a
Fate tnt quit poe Quand i ft To posta
phe un gomnier ouge I ged quelques ns
ware renter a wflage ave all Ue arnemen,
Sie evn te grand Bible qu at dans ls
aa inti tombante. Et Tofocame scot de
Ts avoient parcouru un bon bout de chemin
snd Tenant te rappel out coup avoir ove
= itdt cette pensée eut-elle traversé son
mae et fa comine
sa fle.
fxprit qui cha la main de
tune léche
~ Revers tout de suite | seria la pauvre maman.
Gest trop dangereux, tu risques de rencontrer le
Diable !
Mais TS Focame 1’eoutait pas. I eourut et courut
encore, jusqu’’ atteindre enfin le trone rougeatre
Su goramier au pied duquel tranatt sa fate. I la
ramassa et tegarda Tarbre incandescent que le tout
‘Gernier rayon da jour embrasait de bromze. Un wile
36
a
noir tomba tout & coup sur la fort. Un hululement
range traversa Tobscurté. Le jeune gargon sentit
son cceur bate plus for.
1 se souvenait maintenant des conseils de sa
mare et commengait 4 regeetter de ne pas Tavoir
courte. Il avait bien la flite en main, mais & quot
Jai servialt elle sl ne parvenait pas &rentrer? Tout
iat si noir, seules quelques étoles pergaient timi
ddement le feuillage épais des arbres, Sur le chemin,
tun figuier mauait jetait ses racinestordues comme
fn jette un mauvais sort. On aurait dit les doigis
Interminables d'une sorcire, et THPocame hésitait
‘Soudain, une billance extraordinaire appanit at
Join. Cétat une lumigre dune blancheur aveuglant,
etelles'approchait la vitesse dun élair Ti Pocame
‘eat pas le temps de se froter les yeux qu'un cheval
rmajestuewx se posta devant lui Il éait couleur de
une et portait deux comes immenses et torsades,
Que faist dans la fordt & cette heure ? lai
demand Ia réature éincelante,
TrPocame, abasoued, balbutia
Je suis ven chercher ma fite de pan que
ifvaislaissée au pied d'un gommier rouge
Tu ne devrais pas trainer dans les bois en co
moment. Pour ta peine, tu joueras pour moi,
37TiPocame tremblait mais, croyant que sa vie
ait menacte, se fit violence pour jouer da mieux
quit put Entre les notes de musique, # chanta
ta: man tow, péla man I
Pela man li, péla ma lou
Coral bel, coral belt
Péta man li, péla man low
‘La erate fut touche par fat émouvant da jeune
gatgon.
re passe ton chemin, Ia dell, le plus beat est
Sur ces paroles plutot énigmatiques, T-Pocame
pit ses jambes son cou et senfonga comme um. fou
tans la nébuleuse de la nuit. hu sembla méme un
natant quil éait-poussé par une force invisible,
Comme le souffle dun ouragan. Cest alors qui se
Felourna et tomba nex &nez sur. un dragon.
La béte était colossal, plas haute qu'un gayact,
ct dans ses yeux rougeoyants tressaillaient des 26
bbnires de soufre
aque faint dans a fort cette heure tardive ?
Jui demmanda le monstze dans un souffle brant. Tu
ras done pas de maman ?
‘Si... dructa Ts Pocame, complétement sétanié
[Mais favaisonblié ma flte au pied d'un gomnier.
8
Les gommiers, je les consume d'un crachet,
Aelara le dragon ail appréciait Ia chair tendre des
enfants
‘Pocame apergut les crocs ivoirins de la béte,
4qui saillaent de ses micholees couvertes décalles
Ten fat horvfi,alrs il propose, pour se sortr de
ce guepier
=Si vous le souhaitez, je peux jouer de la fate.
Devant Vacquiescement de la erature féroce, le
jeune gargon semploya & jouer et &chanter sa plus
belle melodie
Péla man low, péla man I
Pela man li, pela man fou
CCorali belli, coral Belli
Pla man li, péla man lou
Le dragon se laissa quelque peu émowvoir par
cette musique si suave, Il fit preuve de clémence,
lest bien, fiston, passe done ton chemin. Le
plus beau est encore-devant
Quiestce que cela voulait done dire : «le plus
beau est encore devant» ? TiPocame ne tarderait
pas ale découvrir,
La peut lai mangeait tout le ventze et i courait
comme un nggre marron” quand il entendit un har
Jement effroyable écarteler le ciel. Les halliers*
vacillivent pot laiser place 2. la Bete &Sepe Tees.‘Un monsire ail terifant, le plus cruel de toutes les
‘Antilles, Ses quatorze yeux lancent de la foudre et
fon ct gaffe le tonnerre. Sa queue traine sur sept
frandes lees et ses dents sont plus lmgues que es
Vrambous de la montagne Pelé. T-Pocame compet
{que sa fin état proche
‘Son cerur battait la chamade. Des gonttes de
seu glacées lai dégoutinaient dans le dos, Tout
on corps tremblat et fenfent serra sa fit du plas
fort quil pat Audessus del a vote céleste avait
dja revétu son linceul Te plus sombre. T-Pocame
‘avail bien Timutilisé de toutes ses pritres et de
fon chant : la Héte & Sept Tétes naurait aucune
pitie
Tentement, gravement, de son pas si Jourd qu'il
cenfoncit la tere, le monste se mit 3 toomer autour
dd Jeune gargon, Son regard était d'une cruauté
indescripible, pétifiant de frayeur cola qu le crise
T-Pocame leva courageusement sa flite en guise de
bouclierdérisoire. La Béte déclara, impavide
Quelle imprudence de se trouver a milieu
du bois & Fheute oi le sexpent ouvee son bal, ob
le zombi galope dans les halliers, ot le dragon se
révelle dans la fareu {La nuit est le royaume dy
Soucoayan®, Ft le Soucouyan a grand’ faim
‘ies plumes di monstre avaient la couleur des
jours passés, THPocame retenait sa respiration, pe
Sant toute la douleur qui causerait asa mere une
fois disparu. Mais i nut pas le temps denteevoir
la riviere de ses yeux que le Soucouyan le dévora,
Par terre gisait la fite de pan, inerte et silen
cieuse & jamais. Ainsi en vatil du sort des entétés8.LA CRISE DE CRAPAUD
fous tes vous deja demandé pourquoi les
V crapauds ont la peau verdatre et verre
fqucuse ? Car il en a pas tovjours été
ainsi. Nombre de gens pensent que ce défat est
appara 8 cause de leur absence de coquettere: i
fest vrai que les crapauds n'appliquent pas souvent
des crémes de eauté. Cela compte, sans doute.
Mais ce nest pas la veritable raison
‘Un jour, alors quil flnait sous les hibiscus, un
compte Crapaud tout juste sortt de Ladolescence
apergut une demoiselle Anol™ accupée & déyuster
‘une caimite*, Crapand en ravaa sa bave st jolie lu
parut la jeune Mzarde ; elle état longue et fine,
%lune merveilleuse nuance émeraude, et ses yeux
brillaient comme des petites perles, Crapaud en
coasta d'admiration
oiplétement hallucing, le jeune imberbe cow
rut cher sa maman pour hi annoncer qu'il souhat
‘Maman, maman ! sécriatil bout de souffle
Je suis tombé arnoureux sous les hibiscus
— Ammoureux ? Mais de qul done ?
—De mademoisell Anal. Elle est tellement bell
cet sa peat de lzard semble si douce... soupirail
Mais mon fils, tes fou | Tu ne peux pas tom
ber amoureux comme ga! Bt surtout, tw ne peux
pas épouser une anoli: ¢est ave une damoiselle
Crapaud que tu dois te marier. Laisse done dam
selle Anali pour an monsieur Anal
(Mais Crepaud wobéissait jamais. Ul avait une
ficheuse tendance & ne vouloir en faire qu’ sa téte
pls petit, 8 Téeole primaire, il vamusait deja &
soillevet les jupes des srurs Salamanale malgr? les
ppunitlons repetition que fu infligeait la matresse
Ecrevisse, Comme dhabitude, le fouguewx batra-
‘Gen se sentit assez grand pour agir & sa guise: i
sen alla retrouver la jolie Anoli afin de ui avouer
Ses sentiments et son intention. Celleld nen crut
pa ses auies
— Comment ? Tu veux te matier avec moi?
“Mais tu sal. les gens ne se marient pas comme ga!
ES
1 faut dabord acheter route ume série de choses
pour la future maison: un It une armoire, ane
le, des chair, des abe, un hana et jor
pase Bon ty, eva eae une ft et
Ee qu faut pour que le mariage sit enisgeabe
/Aprés ca, on verra bien. “s =
(rapaud emits, tout houreux de constater que
la fabulese damoislle Anal ne le eet pa
stent patient quelle complé la hae de
“Tu auras tout ce que tu voudeay, mci. Ta
peux me far confance
— Mais je nen doute pas un instant, Crap
dans ma case qs ite au bond dee rivéne Cat
Uh gue fe attends pou es woes
Tout excité, le prétendant se mit immédiatement
‘a travail La premibre chose aie était de Sendeter,
car il ne possédsit pas argent lui permettant d'soqué
tir ces biens. Talla vir son ami le bangle, compere
Cafard, qui ne mit pas longtemps a eonvainere
Tu comprends, lui dit, fen suis amoureux
fou, St voyais fa queue, vet et ls
Comme Calard vivait seul depuis toujours, se
désespérant de tencontzer un jou a fesame de sa
vie, sa pausre vie qu'il voyait en noir, i se laissa
attendrir par son compere
6
a ———————Si tu savais comme je Yenvie. lui confiatt
dans un soupir, Tiens, prends tout Vargent que ts
‘veux, puisque cet argent fera ton bonheur.
‘Une semaine plus tard, Crapaud se renclit & La
case de se promise of il vat comme conven
tentzeposé tout le mobili, Il était prét la conduire
A Teéglise mais damoiselle Anolt objecta
fe suis vraiment désolge, nous ne pourrons
pas nous marier aujourd'hui. Hy a en effet une ra
Sitio dans la famille: ehaque nouvelle marige doit
porter pour la cérémonie une couronne de fleurs
Woranger que son fiancé ira chercher & Grand.
Riviere. Situ nee fais pas, mon pére ne Caccordera
pas ma main
‘Crapaud. ne se fit pas prier: 3 peine la jeune
lézardle avaitelle prononceé ces paroles qu'il se mit
en route vers le nord de la Martinique
Pendant ce temps, comme vous pouvez vous en
outer, la mare de Crapaud se faisait beaucoup de
Ssoucis : «Ce nest pas une fille pour Il, e suis sir
fquele va fat jouer un mauvais tour.» songeat
deen se fasant un sang dencre. Orel nfavait pas
fort (es mamans ont rarement tort} : bien evant
Ta demande en mariage du batracien, damotsele
‘Anoli réquentait déjt un fianeé, monsieur Anal dt
CAnolid Grosses Joues » — cest qui aimait bien
manger, celuida.. Dés que Crapaud fut parti pour
rs
GGrand-Rividre, le couple s‘empressa de déménager
tout ce que le pauvee soupirant avait acheté. Une
fois le matériel chargé dans une camionnette, ils
Aisgararent et pas personne ne les revit jas
(Quel ne Fut pas le malheur de Crapaud lorsquil
revint une semaine phi tard, completement épuisé
par sa quéte, la coutonne de fleurs doranger aux
levres il n'y avait plus de mademoiselle Anoli! IL
la chercha partout, de Vaube au crépuscule et du
soir au matin, mais il ne trouva rien d'autee qu'un
vulgeire morceau de papier sur lequel avait été
iribouilé a toute hates « Adieu, petit couillon de
Crapautl »
‘Ala lecture de ces mots le pauvre compére séva
nouit.Cest sa maman qui, inquiéte de ne pas le
voir rent 8 maison, le retouve allongé sue le
sol, totalement inconscient
ile le ramena cher ele et sévertua 8 le soigner
Pendant psieuss semaines, ell hi administra des
tisanes et toute la tendcesse quelle avait au fond du
‘cxeur, Mais son fils ne guérissit pas. La maladie de
Vamour se voyait méme sur sa peau qui virait a
brun et se recouvrait jour aprés jour de pustules.
‘Les mois passivent, et petit & petit le mal au
ventre se dissipa, Mais les boutons brundtres de
CCrapaud restient : s crise épidermique jamais ne
@Bien des années plus tard, Crapaud rencontra
enfin famour véritable en la personne d'une damot
Selle Grapaud, Cellec\ passa outre sa laideur de
Surface ef Faima pour sa beauté intérieure - eachée
teés at fond de lutméme. Au grand bonheur de sa
rmaman enfin rassurée, ils se mariérent et eurent
tng enfants. Des enfants ladces* comme leur pére.
‘Gest & compter de ce jour que tous les crapauds
viennent aut monde pustolews. Et ni famour sin-
cere, ni les masques de beaut, ni les conseils dune
mére ne pourront jamais ren y changer.
9. Le Poisson BLU
dont les cheveux dessintient des milliers de
petits 2ér0s. Elle b
Picere of son pire p
I | était une fois une fille prénommée Céline
bitait le village de Saint
Sait & la sean La gentile
Céline auralt pt éte heureuse si sa maman Vavait
aimée davantage, mats celle ct ul p
at son petit
frere lui au moins pourrait plus tard alder son
pire dont les mains étaient abimées & force detrer
Tes filets de poissons
Tous les jours, emplie du regret rancunier de
ne pas avoir eu deux fils utiles, a mére de Céline
envoyait chercher de Yeau de source vers Morne
Rouge. Le chemin était long et abrupt, mals la jeune
9file sexécutait avec abnégaton + dans sa petite
talebose, elle rapport de Lens, une eau date
comme Is lames que aval verses sur leche
Tes, quand esos ereponient a surface
de ota, Caine se movlondait Mas es ages
Tamensent i ses pied tus cs snglts agent
hus sur la mer Ah donne de Tespance a
Jeane file vat de eacontter un jour ona qt la
Cat los dam de cepa ge fon
Sp le surtace de Tea fdit de manire tabi
fucks etun fantasti polon Bewté appara
tes potent volonts qui virevoltent Ix nt das I
Tie de Fortde France Cea feappa plus parti
Tarement line, cat le ble el dss Eales.
Ce poison ne ressemblit& auc ate.
1 jane file satardat ule vag, come 1
confor pr ete sppusiton, Ele pens tot de
rene ener cer ely ign le réperanes de
‘Sint, quand le potion sane mura
Ta pee a touche Jesouhalte alder
Cie aril les yeux le en croyait pas
Je sus le Towson Ble, peu de gens me
consent Cest pare quil fava fos ue uste
7
et avoir Je coeur almant pour pouvoir me rencon:
rer. Je appara qu'aux personnes qui le mértent
—Tu veux bien tre mon ami ?sersqua la jeune
file
~ Tous les jours, répondit Ie poisson, tu viendras
me volr avec ta calebasse vide, Tu nauras plas
‘besoin aller jusqu’s Morne Rouge. Tu n'auras qu’s
‘me donner ton réipient et je le rempliral. Ce sera
eau de Fait
Un large souree, plus grand que le soleil, élaira
Ie visage de Céline. Le soir sapprétat a tomber. Le
poisson disparut dans les profondeurs sombres et la
Jeune file se mit enroute vers sa maison. Elle avait
Fe eceur blew de bonhese
Le lendemain matin, dés le chant de Voiseau
pipin, Céline dut partir. Sa mére, qui ne lui fasait
pas conflance, chargea son frére de la suivre un
bout de chemin afin de vérifier si elle se drigeait
bien vers Morne Rouge et ne charroyait pas Teau
lune gueleonque’ autre source, plus proche mais
plus trouble. Cest qu'il pleuvait beaucoup en cette
fin d’hivernage. 11 éait difficile de trouver de Veau
limpide. Seale eelle dévalant Morne Rouge restait
assez clare.
‘hu lien de prendre son itinérare habituel, Céline
bifurqua vers la plage, & Vendroit méme od le Pos
son Bleu lui était apparu la ville. Tout en marcha,lle entendait des pas derlére elle mais n'y préta
jude atlention, trop excitée & Tidée de reirouver
Eon seul ami. Au moment ob elle foul le rivage, le
frére, rise comme tn renard, se dissimula derriére
patiemment. Céline se
un gros cocotier et alt
sit & chanter
‘Mon bea Poisson Bleu
Reviens me voir que je te caresse
Mon beau Poison Blew
Keviens me vir dans la tendresse
Lamlodie ségrenait sur 'eau comme des petites
sgouttes de pluie parfumées de mauve, et tout &
Coup le miracle se produlsit. Un éclair bleuté tea
\ersa Iécume et le euperbe poisson émerges,
~ ponjour Céline ui dit ilen dauceu, je Uatter-
dais, Jo suis heureux de te revoir
‘Le poisson brillait de joie. Céline hai sourit, te
caressa et Tembrassa entre les deux yeux. Soudan
Te monde niexistat plus, Jamais elle ne se serait
doutée que son frére Tespionnait,
Donne mot ta ealebasse ui murmura son ami
Ia jeune fille Yéeouta. Le poisson sempara du
sécipiemtplongea un moment et leremonta, rempli
lune ens eristalline
Voici eau de famitié., sourit le poisson,
Céline se saisit de lacalebasse et déposa un der-
ner baiser sur Te front de son ami. Une pointe or
se mit a lure et Fanimal senfonga détintivement
dans les profonde
le reviendai demain, lui eria Céline en regar
dant disparate sa quete Blewée dans la ravine du
temps.
Pais elle sem retourna, le casurIéger. Au méine
‘moment, le fete félon courait de toutes ses jabes
vers la maison
‘Le garcon raconta tout ce quil avait vu &sa mre
la convainguit méme que salle commergait avec
le Diable, Cela wétait pas chose difficile: en ces
tempera en effet, personne ngnorait que le Diable
hhantat les bois il ne sétat pas encore établi en
Enéer.
La mire fit part de cotte histoire & son époux,
Jequel pensait déja au prix fort avantageux quill
pourrait tirer dun poisson aussi fabuleus. La
famille disposait quasiment de tonte la journée
pour dlaborerun stratagéme, Céline ne pouvant pas
entree avant le erépuscule si elle voulait éviter
éveillr Ia suspicion,
Envoyonsla chez sa marraine, suggéra la mére
Nous lui dirons quille est malade et qu'elle se lar
guit de revoir sa fileule Pendant ce temps, nos
Irons capturer le Poisson Ble. Celui-l ne se doutera
de rien puisqu'l Satend a une visite demain matin,
‘Apres une belle journée passée a gambader dans
1a nature capiteuse ob elle séait fry
%taurés de carambolest la jee fille evint la ma
‘Sree a calebosserempliedeau cai, Sit le
‘Side le prt fence apprit a fausse now
alle, Malle sa fae, tarandoe pa Tingultude,
She pepare quelques alfies en ute hte et repae
in rute dat longue mais ine ft un pit
our pl plage Sosa vodte obser dc a
Stofce dela mer so pollo de ote es ares
Sitargent des toes! CSine svat u'dle never
Ys Te Polson Bele endrain matin. Graverent,
Efe sora de son soc son chapel, Fenroula aout
Tuy meee de bls ltt pa ere et planta
rer dans le ble. + fai le ehapeet et
“Teele Pais elle se emit en marche
‘Quan sa arcane uve la pore des petite
case a jane file fut rasurée de fa voit dbout
CGependant lle rong es sour de perpen en
Sretenan quelle se porta mervelle et quelle
‘it jamais male
Smal fate Mats eau bin contente de te
‘Pourtant Céline nétait pas tranquil elle sentait
bien quil devaity avoir anguille sous roche. Aussi
se réslatelle & quitter sa marraine dés Taurore
"
Has! Llaube ne sétait pas encore levée que
toute Ia famille préparat son arsenal sanguinaire
hharpons, aches, coutelas et des cordes grosses
comme le bras. Arsivé sur la plage, le pore six
Spates larges de marin ele entonna
‘Mom beau Poisson Bleu
Reviens me voir que je te caresse
‘Mon beau Poisson Blew
Reviens me voir dans la tendresse
‘Mais la surface de eau demeurait immobile. Le
fils comprit,
‘oli est sans daute trop grave, papa, ca je
suis sr que cst bien cette chanson la qui avait
até le poisson Fautre jour. Laisse-moi essayer.
tle jeune gargon pas encore adolescent se mit &
fiedonner d'une voix aérienne
Mon beat: Poisson Blew
Reviens me voir que je te caresse
Mon beats Poisson Blew
Keviens me voir dans la tendresse
eau sembla boulir,'écume échevelée sntrou
vit et laissa poindre le plas mervelleux poisson de
la Terre. Son blew intense iradiait toute la plage.
‘Cest li! sera le fil en levant sa machette,
est Il le Diable qui nage {
1
EEEBt toute la famille, armée de ses ustensiles de
boucher, se rua sur le pauvre animal qui ne 1ésista
pas longtemps. Le pre comnaissait son métier et
eeoupa de heles tavches. tl pourrait en vendre,
fen faite du blaff™ ou de la frie: ily avait assez
de chait pour subvenir aux besoins de la famille
durant plusieurs jours.
Pendant ce temps, Céline marchait le plus vite
cquielle pouvait: « Pourvu que le chapelet soit tu
fours debout »,espéraitelletrbs fort, Mais quand
elle atteigat le lieu de render-vous, un hautleccear
Ta secoua : les vagues macéraient dans une couleur
incertaine. Surtout, le chapelet tainait négligem:
iment par terre, comme sil avat & piéting, Malgré
Tes larmes qui commengaient & monter, Céline
employa 3 chantonnet|
Aon beau Poisson Blew
Reviens me var que je te caresse
‘Mon beau Poisson Blew
Reviens me voir dans la tendresse
Mals du rouge susgit de I'écume blessée. Cline
comprit ce qui venait de se produire. Les larmes
ffflutrent& grands flots dans le vide aroce de ses
{yeux Plus jamais elle ne reverrat son bel ami
De retour & la maison, elle demeura mute.
La découverte de Fhortenr lui faisait oublier de
{questionner ses parents sur la fausse nouvelle de la
ee
maladie de sa marraine, A Theure du déjeuner, elle
attbla dans un silence lourd. Elle avala son riz,
puis sa mére apporta du poisson. Alors elle erat
Aefallir la hale de ee poisson était dun blew qui
fe salt jamais vu mule par.
Cline senfuit en courant vers la mer. La douleur
Tui déchirat les jambes et le corps tout er
pleurait comme tne folle
Elle
Mon beau Poisson Blew
Reviens:mai, je en pre!
Mon Beat Poisson Blew
Tu étais mon seul ara!
Elle senfonga dans la mer jusqu’d ce quelle
perdit pied. Aucdessus delle, le ciel menagait dun
‘zis opaque, La jeune fille e reeroquevilla sur elle
méme comme une hantée, ésolue retrouver pour
toujours le blew du bonheur :elle se Iaisa couler a
fond de Yocéan, comme on laise couler une lame.
Comme on laisse mourir un amour1p SAUTERFLLE
LES FOURMIS
amelle Sauterelle o's jamais && ms
IM Friis ait ge a
lovee cr elle ince dans ls appar
femenis et les maisons méme si elle trouve porte
close. Cela ne se fait’pas, bien entendu : on nfentre
pas chez quelqulun sil ne vous a pas invité, Pour
tant mamzelle Sauterelle sen moque: elle a Vhabi-
tude daller of elle veut, dans Vinsouciance de son
saut vert frivole
Cette mauvaiseréputation était remontéejusqu'aux
areilles de reine Libellule, laquelle waurait jamais
fait appel elle en des citeonstances normales, MaisVhoure était grave : le reine avait en effet éaré
une de ses somptueuses bagues en or qui lui
entouraient Fabdomen et la rendalent étineclante
faux yeux de ses serviteurs. Lorequillevolat sous le
Soleil, reine Libelile ébloussat ses fides contem-
platifs ses anneatx brillant de mille feux, et leur
magnificence rappelait tous, mouches prolétaires
cet abillescultivatrices, scarabées fonctionnaires et
Favets au homage, quelle régnait sur les insectes
de a Terre, Que sa grace et sa beauté sfavaient
point egal
(sans cette ague le prestige n'étalt ps assure
(On hai trouvait mauvaise mine, on se demandait si
cll était pas malade, et dans tout le palais on ne
parlait plus que de cela : la fameuse bague éyarée
lle reine Libellule. Cette dernigre s'accommadait
fort mal de cette situation, a un tel point quielle
rfosait méme plus apparaitre en public. Lorsque
le matin elle se regardait dans le miro, elle se sen-
tait diminuée, comme amputée:« Jai impression
tre un crabe qui aurait perdu ume pince », se
Imorfondaitelle, Et sa journée Gat grise comme un
Gel pluvieux dhivernage
Voulant a tout prix remetire la patte sur cet
anneau inestimable, reine Libellule ft publier dans
tout le pays de la Guadeloupe et de la Martinique,
jnsqu'ax Grenadines, des annonces stipulant quel
fe
recrutait des devineurs, Les annonces prometaient
Qu’une écompensealéchante, savoir sept bananes
figues et sept cristophines, serait offerte 3 celui on
celle qui parviendrat 8 deviner Vendroit ods
nichée la bague. La reine leur ballait méme le logis.
ct la nourrture penalant trois jours et trois nuts
mais si, au bout de ce dé, le devineur naval tou
jours pas découvert a cachete, il serait décapit
est ainsi que, aprés quelques semaines seule
‘ment, plusieurs bourreaux se mirent en congé mala-
de & cause dune tendinite au bras droit, tellement
is avaient coupé de tts : les machetes nen fi
saient plus de trancher les insectes téméraires,
‘marabouts vértables ou imposteursimprovisés, au
risquaient la devinette au péril de leur vie. Cela
rfamusalt guée Libelule de wir tutes ces tronches
‘de macchabées pourtir devant immense portal de
som chateau, mals personne ne parvenait a résoulre
Vénigme. Meme la vieille araignée, pourtant doc
leur &s sciences occultes, sécha devant le probleme
= en perdre latte
‘Cost alors que la reine entenlt parler de mamnzelle
Sauterlle son boutfon le criquet, qui avait ebtoyé
cette deridre sur les banes de Vécoe, ui rapporta
quien dépit de son impolitesse légendaire et d'une
paresse bien install, elle tat tbs rusée et saurat
peutére éelairer leur lantern La reine ne suppor
tit pas les gens de mauvaises maniéres, cependant
Beelle était tellement désespérée quelle se laissa
Convainere et ordonna dller chercher Vinsecte
impertinent.
Cela torabait plat bien pout manszelle Sauterelle
a force de fainantiser tout le caréme, préférant
Sioter e-punch* sur tipunch plurdt que dalle tax
wulller dans les plantations, elle navalt gagné qu
{ris peu de sous, et Iai était désormais impossible
acheter les fruits et les Kggumes nécessaies & sa
subsistance. De plas, les plantes et les arbres étaient
Surveillés de tes prés par des gardes-bourdons peu
fvenants il valait mieux ne pas songer au vol car
Te coupable attrapé en flagrant délit éopait d'un
chhitiment fatal, semblabe 8 cel des devineurs qui
fhe devineient pas. « Sept bananesigues et sept
‘ristophines ? sinterrogea Vinsecte sauteut. Ga ma
Tair pas ma du tout ! En plus, je vais dotmir dans
tun palace et grailler 3 Vooil pendant trois jours,
‘Apres a, on verra,. Fant bien crever un jour, de
toute fagon. Au moins, si je meurs, je mourral la
PefamaleSauterlle fat en effet regue comme
unpinense Ola loge das la pos ble suite
tier tus ses eae lene teat 2 offi &
sowie Te metear conor possible afin
FRndftene de conditions optieaes pour pratique
fa
art si mystérieux dela divination, « Pourvu qu'elle
me retrouve ma bague », se languissat la souve
rine. «Je vais m‘en mete plein la panse », som
seat Ia sauterelle
lle 'en donna effectiverent & cceur foe ~ ou
plutét a estomac joie. Pour faite plus vrai, entre
deux planteurs* au jus de goyave, elle s'asseyait
dans un vaste fauteil en rotin et prenait une pose
méditative, téte Kgirement relevée, yeux fermés,
les doigts de Ia main formant un triangle que les
domestiques fourmis si curieux abservaient dun
air hagard. Le jour de som arrvée au chavea, lle ft
cela deux fois puis, s'apprétant recommencer,
intima sux dete pis grandes fourmis de quitter Ia
pidee. Lorsque le dernier domestique se retrowa
seul face la sauterell,celleci le regarda, rit une
profonde inspiration et déclara d'un ton mystique
Diew tout puissant | ly en a un qui s'est fait
prendre
1a petite fourm ne sist pas le sens précis de ces
paroles, mals elle én informa ses deux congénézes
Te soir méme, lors de Ia courte patse dont ils dispo
sient pour prendre lear diner frugal, Ceuxcl ne
comprirent pas davantage. Un jour sétit éeoulé
Mamzele Sauterelle savait qu'il ne hl restat peut
tre que deux jours & respite.
‘Le lendemain, aprés la toilette dx matin oi elle
sft lisse ls ales avec du lait de coco, Sauerelle
&
ee‘continua son manége. Fle commanda une bisque
de toulovlous* et une tarte att giraumon quelle
frrosa d'un succulent rhum views & Vauburn mer
veilloux, Cétait un ts grand saintjames, celul
{que la reine préférat, mais 'nsoete sauteus, déci-
dément sans géne, Tengloutit pour lui tout seul
« Gare toi sta ne découvres pas 'anneau », pens
lets fort Libel. « Cest¢a a vie», sexelama en.
son for intéieur Sauterelle en lichant un magnt
fique rot de comtentement,
Puis elle s'asit 2 nouveau dans le fauteuil de
rotin, prit sa position si particule et, cette fois,
‘demand & la plus petite et la plus grande fourm!
de parti. Restait donc le domestique de taille
‘moyenne, qui sinscrivat du regard dans ce triangle
i inguigtant que la devineresse dessinait avec les
dojgts. Cest alors qu'elle rouveit les yeux et pro-
norigasolennellement
blew toutpuissant | Ty en aun deuxiéme qui
Seat fait prendre.
Le soir, lors de la pause diner, le valet moyen
fit part ses collégues de ces propos obscurs quiil
avait pas compris, Tous demeurérent pantois
atl se passer pour ele ~ et pour eux 7 Il ne
restait plus qu'un jour avant Vexécution,
Le troisiéme jour Sannongait la fis splendide et
funeste. Laurore sortt de lz mit dans une quiétude
Bs
ambrée qui convenait & merveille & Thumeur de
mamzelle Sauterelle. Cait peutétre le dernier
Jour de sa vie mais ellen’en avait eure, Rien ne sem
bait pouvoir entacher son insouciance: I) faut
Dien mourir un jour », se répétaitelle, «et il vaut
‘mieux mourie hese que malheurewx.» Pleine
entrain, elle avala une calebasse de victuailles et
tune chopine de tafia* sous les yeux herlués des
fourmisnoires pastes assurées. Puls elle installa
dans son fauteil de rotin. Les vats se doutaient
bien qu’elle demanderat & restr seule avee le plus
sgrand entre eux, aussi les deux plus petits, rongés
par langoise, décidérent ils de prendre les devants.
—Si mamzelle Sauterelle le souhaite, nous pou
‘vons lulapporter du ehorolat et du pain au beurre
— Ouals, cast une bonne idé, répondit Ia saute:
relle sur un ton détaché. Fates done, mes braves,
faites done.
A peine avaientils quitté la pice quélle se
edressa et leva les bras a ciel en déelamant
Ai, mon Dieu, voila que le tosiéme vient de
se faive prendre, et In reine n’ura jamais de pti!
Que la vie est cruel! La mort nous guette dis
Un frisson atroce parcourut le dos longiligne de
Ja fourm, qui ne put retenir davantage le secret
ue lui et ses deux compéres gardalent depuis des
55—Mamzelle Sauterelle, 6 grandiose devineresse,
{implore votre pardon. Je vous en pre, ne me faites
‘pas de mal! suppl iL
— Mais qu'ss-tu done fait, misérable, quit Fase
trembler comme ga? On diait une feuillesoufTée
par l'slizé
“ Cest bien nous qui Favons pris, la bague. Tu
as su le deviner ds le premier jour
La sauterelle exultaitintérieurement. Som strate
sgéme avait fonctionné : en faisant crore 3 ses serv
teurs qu'elle possédait des dons de divination, elle les
avait foreés & avouer le forfait qu’lsavalent commis.
‘ais comment statelle outée de leur culpablté ?
Simple question de loggu : les fourris étaient en
cffet les seule domnestiques Aavoiraecés la chambre
{de la vein, of cellec rangealt ses magnifiques bijoux
avant de se coucher ~ Libellle ne dormait jamais
vec ses apparas, de pour de les aime.
"Mais voila que la fourmi, qui était la fos la plus
‘grande des toi tla plus eraintive, se mit a gémir
Tu comprends, mamzelle, nous étions obligés
de voler cette hague, elle nous aurait rapporté bea
‘coup diargent si nous Tavions vendue, Avec la pol
tique imposte au royaume, les fruits et les legumes
sont devenus tellement cers que notre famille ne
peut pas sien payer.
Sauterelle pensa & sa propre situation, puis
demanda
ra
— Routan vos ts nour, logs et Blancs
ss palais non P nf. quand eds «banc >,
eae parler dea lesv, bio et, epi a sate
{Se gui psn tot de maime
= avis bien compen 6
ral que, dans tute cere afi, ous ne sommes
Dos ti blancs. Mais nous navions pas autos
folions, Aete det remarut Finmence mabe
fay std devant le cites?
Steele ito ete
th bien, cert la que vit out notre comm
atau de nine Cinqant dure ale a
iis at tne et sportons ps de Farge
{pings jours pels pent acheter do la
nour erins meron de fat Les dex
tres voles sont en realte mes pets fees, et
oe nous wommes fa engager ie dans Vespotr de
traver une slaton 8 cote probleme
Snuterlle compat ell qu al dh retouvde
dons tine sation st cxtique sor uel arboalt
mean ven en a he ce
sngante et wae, nai le vat wn cour
come vn cones le chit agus sar
et expqaa son ovens statagine a fourm
renal pas enve dave tte coupe. Jesup
ore que tore es frtes non pls. Mas ene
teow pasta cachet di demsin matin, cet
aut mfrrvera. Ets vous dénonce, ces wou gu
%
eTsetez décapités, Alors voll ce que vous allez faire
‘yous alle récapérer cette satanée bague et vous tee
Ia fourrer dans le gosier de la plus grosse ole de
Ia reine, Jai ve en arcivant quelle possédait une
basse cour, Pour Ie reste, je m'accupe de tout. Mais
rassuretoi quand bien méme vous renarer le bijou,
tes congénéres ne mourtont pas de faim, Ast bien
compris ?
La fourmi aequiesga et se mit tout de suite au tra
vail: de la bonne exécution du plan dépendaient,
‘non pas quatre vies, mais des dizaines de miles
fe matin du quatridme jour arrva vite. Dés le
thant du coq, a reine, accompagnée de trois bout
eaux hideux, fit ireuption dans la chambre d’hOte,
Elle était la fois déque de ne pas avoir pu récupé
rer sa bague et en méme temps satsfite de mettre
tun terme 8 existence de cette profiteuse de saute
relle. Comme le voulait usage, elle demanda & son
invitée d'un air impérieu.
— Btu croyante ?
Mazele Sauterelle, sre de ses nouveaux com
plices,sépondit d'une voix grave en ponctuant ses
Dhroses dun um ineantaoire
Je crois en effet en mes powvoirs de divina
tion, 6 reine Libellule, Hammam... Et je puis surle
champ te divulguer lendroit ose trouve ta bague,
Hmmm
8
—Ah bon? sexclama la reine, agréablement
surprise. Eh bien, je r'éeoute
‘Sauterelle rit sa fameuse position de fausse dev
neresse ot délara gravernent
—Ta bague, 8 reine dentee toutes les reins, se
trouve dans le ventre de la plus grosse ole de ta
basse-cour. Cest elle qui 'a engloutie. Cest done
elle qui doit étre chatige. Hum,
a eine chargea ses bourreaux de vérfier la
prédiction. Ils décapitérent Yoie en question, Ii
‘uvrirentIstomac et y découvrtenteffectivement
Ie précieus anneau.
La reine fut si enchantée de ce dénouement
aquelle donna une grande réception au chiteau oi
les convives se régalérent de viande doe boucanée™
Fle fit publier partout, dans le pays de la Guade
Toupe et de la Martinique, jusquatx Grenadines, que
mamaelle Sauterelle était la meileure devineresse
da monde, Elle hui proposa méme de devenic sa
conseilléwe personnelle, ce que Sauterelle accepta
compte tenu des Conditions trés avantageuses de
offre.
Noubliant pas sa promesse, Tinsecte sauteur
adi mal aimé se rend trés popiilaire auprés de
Toute la fourmiliére en lui Kguant la eécompense
jbtenve : les sept eristophines et les sept bananes:
figues, qui sauvérent de la famine toute la commu
9
SEECes depuis ce jour que la santerelle occupe une
place diferente dans le regne animal o elle est const
térée comme une bieaaitrice et non plus comme une
effrontée. Vous auss,chers amis, devrez la regarer
futrement: avec des yeux emplis de doucour et non
Ge dédain, Carla sauterelle est un insecte tout aussi
respectable que les autres : les anneaux dor qui
fornent abdomen de Ia ibellle sont I pour Tattster
A ta mémoire de Charles Robert Maturin
sur tere. Cétat ily a ts longtemps, un jour
de tempéte od Tennat le taraudalt. Du haut de
Son trone, i observait les éclairsfendte le cel sous
ses pleds, et 'eavie lui prit de se promener parmi
Jes hommes. Il pensa plus partcalgrement & un
brigand nommé Cyparis, un vagabond sans sera:
ppules qui avait passé sa vie & voler les autres et
approchait maintenant de la fin de son parcours
Dans quelques semaines en effet la mort viendeait
le ehercher, ole Bon Dieu ignorait encore quel sort
I lest arrivé une fois que le Bon Dieu descende
”
——il réserverit ct homme minable quis ait pour
tant repenti et pris tous les sors pour rejoindre le
Para.
Le Grand Maitee se drapa dun ts
donna Valare dun veil homme voit Pus i dee
cendit dans la fort téndbreuse, au coma dela tem
pte A quelques métees dune petite case qu gst
‘iu pied d'un mote. [a pluie sablatviolemment
Tanique fenére of vaca la faible lueur une
handel. Un noir total, ste pat afore interme.
tente,envloppait la minuscule demeute. Le Tout
Puinsanthésita avant de toquer, persiadé qu ren
de bon nigmanerait de cet endo Mais miss
conde prt le dessus
Tfrappa deux coups. Au bout d'un long moment,
Gyparus ouvit la pore et découvrt un vied
rulsselant et affabh
~ oltie2 mot hospital, implora ce deter en
Joigoant les mains.
Vilas Ma case est trop petite pour deux,
répligua Gyparus qui venait de tire des pie
Guotdienne, mais ne reste pas dehor. Entrez, Je
‘ous en pre
La ple crépitat encore plus fort sur Te tot de
boi: tanger sat pa tere eévlant son hte
sex jambos dénudées Cypanis niétait plas tres
reste, mais il sempressa de fu fourne Tun des
‘deux seulspantalons qu'il possédait
2
— Vous étes bien généreux, remercia Vinconnu.
Si vous saviex comme jai faim.
—Timagine... répondit Cyparus qui pensa a
toutes Ies fois oi Ia faim Iui avait ereuisé le ventre
jusqu' Ta douleur, Tener, prenez coc
UIs offrit da pain noir en guise de repas et de
eau de pluie pour boisson,
— Cet tout ce que jt, excuse
pouvez passer Is nuit
[Et Ces ans! que le Bon Dieu dormit chez homme
ont il éait ver vor le coeur,
Le lendemain matin, au séveil, le Grand Maitre
Geclairet Ie ciel et s'adressa en ces termes 8 son hoe
— Hier soi, je navaisnulle part oi aller, tals
fatigué, ru mfas héberpé. Veta trempe jusqu’aux
os, et tu mas habillé. Yavais faim, et tu mas nour
Tuas été bon, Cyparus. Toutes les inquiéeudes que
Ffavais& ton égard se sont dissipées avec les muages
‘menagants dela temp2te.
Et comme il prondnga ces paroles, une brillance
blanche et or Venveloppa de haut en bas. Le Bon
Dieu rayonnait d'une telle puissance que le vieux
Cyparus avait du mal & soutenir son regard,
— Bh oui, fit le Grand Maitre, e suis le Seigneur
de cet Univers Et je vais récompenser ta bonis.
Cypatus demeure interdit. Muet devant Ia magni
‘cence deTimmense sifhouete blanche dont le visage
2
SSbrilait comme une étoile. La bouche indistincte
artcula
—Tu as droit & trols vorux, Cyparus, trois sou
halts que fexaucerai sure-champ. Tu peux deman-
der tout ce que Ws désires. Tout, sauf une chose:
Téternité
‘Le vieil homme réfgchit quelques instants, puis
Si demanda ce qu'il avait toujours espéré =
Vous voyer ce jeu de cartes, Seigneur. Eh
bien, joimerais ne plus jamais étee perdant aux
cartes et ramasser ainsi beaucoup d'argent.
— Sit, fit le Bon Die.
— Je’ pas le droit de demander Véternité
En effet, confirma le Maitre du monde, tous
les hommes doivent mourir un jour. Limmortalité
ne peut tre accordée & aucun étre vivant sur cette
‘Terte len est ainsi
Puls je néanmoins demender & vivre encore
tun peu dans la jeunesse et la santé? se risqua
‘Cyparus en inclinant son front crevassé de rides
“Sita demande reste risonnable, ou
— Cent ans. seraitce possible ?
{Le Bon Dieu marqua uh temps dart
— Jete Taccorde Il te reste un veeu
Cyparus fit mine d’hésiter
Presse
0 Grand Maite, aime tellement les oranges.
Voyee-vous cet oranger dans mon petit jardin ? Cest
*
Je seul arbre ruter que je posse. simeras qui
soit toute Tannée couvert de beaux fruits mbrs,
st jamats quelgu'un Saventurit y grimpe
Gq ne piss plas redesconre jasqu's ce que $Y
~ Si cenext que cla, répndit le on Dieu, cepen
dant wa seras abligé de ber le voleur tt oar
— Jesera done bien le seul posséder le pouvoir
de le libérer ?insista Cyparus
— Puisque je tle ds, sagaga le Tout Puissant
EX maintenant fe dos te quite. Des que je seral
partes vrux seront exacts,
Le vill homme ne bougea pas en voyant Tim
sense silhouette blanche frémir queloues instants
savant de disparate. A peine le Hon Dieu «eta
it vlatlisé qu'une force magique, comme un lan
‘ital, parcourut le corps usé de Cypars.
— Cest incroyable sexclama il
‘Son dos pié sous le poids des années se redress,
1a douleur dans ses articulations samenalsa. Ses
heveus blancs fonctrent Sa vue samdliora
est incroyable répéa Je vaeunis
1 regarda pat a fenétre un superbe oranger
chargé souhait incl au soleil. Out, Cyprus
‘venait de gagner ne are vie
Sitét aprés avoir été comblé par la grice divine,
41 Sadonna au jeu. En quelques jours, il amassa
95
- TSlune fortune considérable, Il acheta des terrains
‘iil ft construire des villas et syhabilla du lin le
plus raffing. En quelques mois il devint une per
Sonnalitéreconnue de file I recut le titre de « Mion:
Seigneur de Cyparus » et dinait aux tables les plus
prestigieuses
I avait toutes les femmes qu'il désirait, et il chok
sit les plus belles, des exéatures de braise I! ne se
maa pas mais eut plusieurs enfants llgitimes. Et
méme sil leur rendait parfols visite en apportant
un cadeau, ine ¥en soucllt guére, Cyparus menait
sa vie comme bon Ii semblat. tla vie li serblait
bonne, De teraps & autre, il retournait & sa minus
calle case quil avait gardée en souvenit. Li il vas
seyait sous son bel oranger, et savourat une orange
fen méme temps que s8vietoite sur le pase
Mais le temps passa vite, une fois de plus. Un ma
tin, on vint sonner ala maison de maitre que Cypa
rs occupait. Cétait une viellle femme vétue de
noir, aux daigts crochus, elle portait un bakoua*
{uds sombre ot sr ses tempestombaient des miches
dior blane. Cyparus envoye un domestique ou
vrir la porte, Mais la femme insista pour voir le
mnaitre de maison en personne. Elle tenait dans sa
main une canne omée dun erine humain en mi-
‘Que me veux ? stenquit Cyparus
Je viens te chercher. Je suis la Mort
6
Cyparus fall strangle
— Les cont ans supplémentaires que le Bon Diew
avait octroyés arrivent anjoued'hu A éehéance,
ajoutatell
Déjd? fit Cyparus, tétanisé. Ne croistn pas
que oy me voles un pea?
Je ne suis pas comme toi, brigand t Allez, il
faut partir | Ton eure a sonné.
Attends... ne nous précipitons pas, Tu
pourrais at moins me laiser manger une derniére
orange.
—Une demitre orange ? s'éonna la Mort. Sil
bY a que cela pour apaiser ta peur...e ten prie
Je porside une petite case pourvue d'un magni:
‘que oranger, Tu voudras bien aller me cuelli un
fruit tandis que je rangerai mes affaires ?
‘La Mort acyuiesa, Ils mazchéxent ensemble jusqu’d
Ia ase sitaée non loin de ia. Cyparus montra arbre
fen question ala Mort qui stempressa d'y monter. Et
Ta voila ligne, prisonniare, impuissantejusqu'’ ce
{quil en décide autrement. Les cabrouets? du Bon
Dieu repartirent vides dans 'Au-DelS Et Cyparus se
rit 8 flamber de plus belle,
Pendant de longues années, plus personne ne
décéda, La malaria et le choléea avaient disparu
(On ne mourait plus de faim, Les grands péres
vieillsaient & nen plus finie, La Terre se peuplait
EEE8
toujours davantage, et cette promiscuité atisait la
violence : les gens ne supportalent pas de vive les
‘uns Bcté des autres, ils ne s'aimaient pas. tly avait
tous les jours davantage daffrontements, de vols
rmesquins, de jalousie Au bout dun certain temps,
CCyparus comprit la folie de son geste. I ve souvint
aussi quil ait obligé de hbézer tot ou tard sa pri-
sonniere, elon la volonté du Tout Puissant, Alors il
sadressa la Mort en ces termes
— Je suis d'accord pour te faire descendre & une
seule condition,
— Je toute
—Eh bien voila: tu me Inises vivre cent ans de
plus.
La Mort rechigna, mais elle fut contrainte d'accep-
ter. Cypanusexaltat Il recommenga aussitot sa vie
exces, Pendant ce temps, la Mort se rattrapa. Elle
‘éelencha toutes sortes de cataclysmes: des raz-le-
imarée, des sécheresses 8 détruire toutes les récoltes,
des plies de gr@le meurtrires... La guerre éelata
ppartout. De nouvelles maladies ravagerent des vik:
lagesenties.
‘Cypamis ne se sentait concerné que par sa propre
avidité I jouat et gagnait. Mais il ne se satisfatsait
‘hus dre imbattable aux cats, I voohut sessayer &
‘autres je Il misa de plus en plus gros et la chance
Tabandonna, Un beau mati, il avait tout perdu et
rméme accurmulé des detescolossales. Songeant aux
Innombrables parties de cartes quil pourrait fac
Jement remporter, il promit& ses exéanciees de les
rembourser le soir méme, mais es derners ne le
crurent pas: ils en eéférévent aux autorités qui
prirent la décision de Venfermer sure champ.
(Cyparus se désespérat devant la treble ironie de
son sort: lui qui stat affrancht des limites tempo:
relles se retrouvait désotmais esclave de Tespace
Seraiti condamne & passer toutes ces ongues éeen-
‘les quil Iu rostalt A vivre deere les basreaux ? 11
regrettitd'avoir demande & la Mort un autre surs
Dehors, calleci continuait de fare rage et mois.
sonnait 8 foison: famines, séismes,assassinats.. Un
mois de mai, lt montagne Pelée entra méme en
ruption et dévasta Saint-Pierre. Prés de trent mile
personnes périrent dans la catastrophe, tous les habi
tants de lt capitale martniquaise furent décimés.
Tos. sauf un : Cyparus, qui avalt été préservé dt
deluge de lave grice 3 Torientation de sa gedle.
‘Son surssfinit pourtant par toucher & son terme.
Cte foisci, "homme ne contesta pas Véchéance. 11
accepta avec solagement Ia fin de cette vie trzestre
{qui lui avait certes apporté beaucoup de joies mais
4 hai pest maintenant. Cyparas était las de vivre.
La Mort Temporta et voulut le conduire aux
porte de VEnfer
avon est pas question, protestatl, je refuse
aller en— Jen's pas le pouvoir de décider de ton avenir
‘éleste, mor pauvre ani mas erois moi, dit la Mort
fen ricanant = compte ten de Ia manigre dont tu as
véeu toutes ces longues années, tw n’as aucune
chance deze admis au Paradis.
— Je veux pouvoir le constater par motméme {
La Mort ne contesta pas la dernigre volonté du
défunt et le déposa devant les portes du Paradis
Cellesci ressemblaient a deux grands batants dun
‘arbre immaculé, avec de discretsreflets rose ops
line, Un archange en gardait Vacets.
Ta place nest pas ict, dital au défunt sur un
ton autoritair. Ti dois te diriger vers IEnfer.
“Este vraiment obligatoire 2 questionna Cyp-
‘us, et tout en parlant i lanca son jeu de cartes dans
Yentrebaillement
— Va ramasser Forde que tu viens de jeter, lu
fordonna Varchange en colére.
(Cypanus sexécta et pénétra dans le Paradis avec
1a ferme intention de nen plus ressonts. Uharmo-
nie du lieu en fut perturbée, Cyparus abordalt les
saints et leur proposait des parties de cartes. Le Bon.
Dieu ne tarda pas &étre informé de la présence diy
twoubleste
Cyparus sexclama-til, que fait ict?
—Oh que je suis heureux de vous retrouver,
Grand Maitre Je me languissis de vous vor et suis
‘venut vous présenter mes hommages respectueux
— Je na que fe de homage a5 a
tol tau so Teepe Get cs eds et
festa fa de outer tempo nie ip vole, en
Sol tcge is ae oemecr ewe
fecha eondatne on ie emer pa
tesupples deter
‘Seve ls yx ver Te Sah in
tan doar
aur olent Bn Die, os ob vous
stolen Thespian ined cae ses
tbe ders a tempte pa es arene?
Nos navientt dai pas a it ben
seca ver alo gue eae union
vous offre?
“Je men souviens, ou
Et aujourd’hui, dans un paradis infiniment
plus grand que ma minuscule demeure, tellement
grand que je nen vois pas les limites, vous niavez
pas une toute petite place & me baille ?
Le Bon Diet réflchit quelques instants puis,
esquissant un sourze, fnit par lui dire
“Su as raison, Cyparus, ce nest
smi, Reste ici pour Téterit
5 digne de
eh12, LA MESAVENTURE CELESTE
DE COMPERE TORTUE
cut le monde sait gue les tortues, sous leur
appacence placide, sont des petites. bétes
hargneuses. Ce que Ton salt moins en
revanche, cest pourquoi leur carapace ressomble 8
tune mostique de carrelages. Cala remonte en fait &
histoire de Zébulon
Zabulon était une tortuemolocaye 3 la carapace
lisse et uniforme. Mais son tempérament était plein
\Faspértés, Enfant dé, il se comportat comme un
veritable chenapan, méme qu'il avait failh plusieurs
fois fendre sa précieuse armure + en tombant d'un
rmuet que sa maran Tui avait pourtant interdit
TTAescalader ou en jouant sur ta plage avec des
Jambis* bien plus gros que Ini, Ce earactire fou
jgueus état en parte di 3 ses complexes : non seu-
Jement le jeune Zébulon détestat son nor, mais
surtout il se trouvait trop petit. Das lors, il avait
toujours besoin de se faire remarquer : sa taille
smodlste avait eréé en Iu une immense soif de recon
Devenu grand, Zébulon était resté petit alors
que les tortuesmolocoyes peuvent facilement at
teindre es cinquante los, i Gait restéblogué &
vingtcing. Et cela avavait fait qu/augmenter son
besoin de saffirmer aux yeux des autres. Vous im
ginez certainement qui aurait tés mal pris de ne
pas ére invité a une fete ou un anniversaire. Cest
pourtant bien ee qui arriva un jour.
le Bon Dieu avait en effet décidé dorganiser une
bbamboula gigantesque a laquelle il comptaitconvier
toutes les bétes a plumes : nous étions alors au
début des temps, Vhomme navait pas encore f
fon apparition sur la Terre et les olseaux vivaient
dans une parfite harmonie. Mouctes,clibris, bal
bouratds,olseaus gligis” pépiaient et volaient dans
la sérénité. Le Bon Dieu contemplait avec bonheur
‘ce monde de félicté oi Ia seule ombre état le fait
des immenses noctuelles npires da fareux papillon-
deail Le Tout-Puissant était tellement satisfait qu
Invta tutes ses bites alées& un festin dans le cil
105
Alors que la nouvelle crculalt parmi tous les ant
mau, Zebulon nfavait toujours pas rogu dinvite.
tion: « Ilse vont quand méme pa fire afte sans
rm, pensa til ave un profond agacement. Je sera
dela partie, Ou alors je ne sus plus une tortue ! =
Lentétement du chélonien était sans bornes, aussi
ddemanda-il plusieurs connaissances de bien vou
Toir lui baller Ieur invitation afin qui puisse sy
rendre a leu place, Mais personne ne daigna accéder
Asa requéte, Compre Petroquet lui répondit méme
{que en raison de ses ilaines manidres i était pas
ddgne dan repas divin. Le sang inculte de Zabulon
ne fit qu'un tour
— Je vois pas pourquoi auras le droit de boire
du vn et pas moi |
‘Verte, la torte déida de ne plus jamais adresser
la parole ce radoteu de perroquet. Mais le probleme
‘était pas résolu pour autant, Ces alors que ZAbulon
‘mit a point soa stratagbme il ramassa toutes les
elles plumes qui trainaiont par tere et ls coll sur
‘8 carapace avec le jus du fruit & pain® I en couvrit
‘également ses pateset se posta sur un des pitons du
(Carbe, A Taft du grand départ des oiseaus Des quill
les vit prendze leur envo, il sélanca du sommet et
battit des pattes de toutes ses fores. Et Tincoyable se
produist Ia tortue planait dans les airs
‘Mais la forte chaleur faisait fond la colle. Se
rappelant Ie conse judicieux de son copain Ieare,
195,‘Zebulon évita de rap se rapprocher du soleil Final
{de compte, ll arriva sans encombre a la table des
convives, Recouvert de plumes, il passa totalement
rapergu et ne se géna pas pour s'installer comme
tout le monde autour du festin.
Sous son déguisement, le compere sen mit plein
Ja panse. 1 but et mangea comme un glouton :
acras* de morue, velouté de cabri, biére Lorraine, il
engloutissait tout ce qui passait devant son bec
CCependant, son naturel extravertireprenait peu &
petile dessus. A force de boite il commencait 8 ges
ticuler dans tous Tes sons et & faire le maloteu I se
rit & rigoler fort, poursuivit avec des blagues de
‘mauvais got et termina sous la table. Avec toute
cette agitation, ses plumes se décolldrent et le Bon
Dieu finit par Yeconnaitre Vintrus. entra dans une
colére noire et le somma de quitter la table. La
tortue ne se fit pas pri ~ cest le cas de Te de
‘comme il n'y avait quasiment plas rlen & manger,
elle ne voyait pas Fintéret de reste plus longtemps
fen compagnie de ces prvilégiés, Elle haussa les
épaules et sen retourna sans un regret.
‘Oui mais: comment redescende ? était bien
‘beau etre monté jusqufau ciel, mais comment Zébu-
Jon poutraitil quitter ce nuage recouvert dun tapis
de plumes ? Sa chance fut de se trouver sur la route
‘aérienne de commére Araignéc, laquelle adorait se
106
rs
suspend entre les nuages. Voyant Varaignée du soir
approelir de hi, fa torte ft mine de pleurer.
que tarrivetl, ma grosse carapace ?
a gentiment Varaignée espoir.
“= Jene sas pas comment redescendre st
geri le molocoye.
Aller, ne te mets pas dans des états parils
pour si peu. Laissemoi done Yaider: je vais atta-
cher avec du fil et je te ferai descendre
‘Comme dit, comme fait. Commére Araignée pro
duisit de som fil plus solide que la soe et commenca
| fare lentementredeseendre la torte, Celle asst-
‘fe ot toujours in pes émnoussde par Talool, chants
Papillons, betes ales,
Colibrs, béces plumes.
‘Tout en chantonnant, une question hui wottait
dans la tte: ot done Varaignée prenaitelle tant de
fil? Zébulon leva les yeux et se rendit compte que
étaient les fesses de Varaignée qui le produisaient
1 lata de rire &'s'en décrocher la machoiee : « Ka
hha hal » Laraignée s'tonna
—Ben dis donc. tu dtais triste il_y a quelques
minutes & peine et te voild maintenant heureux
comme un pape. Qu'escoe qui te prend ?
— Comme un pape, ui, balbutia Zébulon entre
deux tressautements hilaves. imagine la tite du
Bon Dieu... se gausse-il encore
‘Terre,
107108
‘Cala ne plasait gubre a commare Araignée que
compére Tortue se moquat ainst duu Bon Dieu.
Mais elle continua de prodize son fi. Lautre aero
bate, sidéré par sa découverte, reprt sa chanson.
fort: Papions, betes alles,
tres bas :Avaignée, tes fsses font du fil!
fort Colibris, betes & plumes,
tris bas Araignée, ces fesses font du fil!
“Mais force de rte et de chanter, Zébulon soublia
cetentonna du plus fort qui put
Papillon, tes ails,
“Araignée, tes fesses font du fil
Colibrs,bétes a plumes,
Araignée, tes esses font du fi!
Commére Araignée entendit le refrain et comprit
que la tortue se fichat delle. Exaspérée au plus
haut point, elle cossa aussitot de filer. Zébulon,
‘Sapereevant quil ne descendait plus, leva les yeux
‘et croia le regard courroucé de Varachnide, Ul pres-
sentit que la chate allatétre terible
— Excuse-moi, commére, fe te supplie de miexcu:
ser. [ai bu trop de vin tout & Pheure,
Mais cen était trop pour Varaignée, Elle sec
tionna le fil et ft un au revoir de la main & com-
pte Tore, Celui,dgringolan tute vies,
— Vite, retires les pieces et mettez de ls pale!
Metz de la pale
‘Mais personne ne réagit. Cest alors qu'un fracas
terrible secoua toute I mangrave Te molocoye
tomba en plein sur un rocher de la riviére et se bisa
la carapace en plusieurs morceau,
Tout rentea dans Vordre le lendemain : Zébnlon
se fit recoler les morceau a pital de La Meynard.
avait compris quil vaut mieux ne pas se moquer
es autres. Et il se jura détre plus sage a Tavenir.
CCependant, malgré ses bonnes résolution, toutes
les tortues qu naitraient aprés lai guederalent sue
la carapace le souvenir de cette mésaventure.13, CHRISTOPHE ET LE DIABLE
Alevait seule son fils unigue, Christophe. Ds
vivaient dans une case minuscule et, tous les
matins, Ia méze avait un goit de rouille dans la
‘gorge car elle gnorait si elle parviendrait & nourrir
son enfant. Elle finissait toujours par trouver
{quelque chose, comme des Frits et un peu de
farine de manioc. £t elle fnissait toujours par ver
ser une lame, dimpuissance et de titers.
‘Un matin, lenfant surprit sa mére en train de
sangloter. I a'avait pas douze ans, mais cela pro
voqua une véritable révolte 4 intérieur de lui— Maman, je m‘en vais Tui annonga til d'un air
—Tu ten vas ? Mais ot done ?
— chercher de Vargent. Je ne supportephis cette
situation. Je ne supporte plus de te voir malheu-
reuse et davoir faim, Ne tinquidte pas : quand je
reviendai, nous serons eiches,
— Mais Targent ne ae trouve pas comme ¢a,
— Faismot confiance, Ft surtout ne tinquiéte
pas, repéta til en s‘emparant d'un vieux sac de
jute
Duis il parti, Figée au seull de la port, la mére
Je regarda sen aller, comme si chacun de ses pas
erasait ses panpidrestremblantes.
A vrai dre, Venfant ne savait pas oi alle. It
comptaitsimplerent sur la chance et se dsait que
son voyage lui serait forcément profitable: il ne
pouvait, ob quil saventure, trouver une situation
pire que celle quit connalssat lez ul
1 marcha un long moment jusqu’ attend une
forét de mancenllicts* La seule vue de ces arbres
si dangereux lui donna un hautle-comps, mais il
fontinua courageusement son chemin. Dé la
Jumidre déelinait, et un sentiment dinguiétude se
mit a Tétreindee. Cest alors quil apereut une case
blanche sur sa droite. De la fume s'en échappait,
cexhalant une agréable odeur de gibier rot. Lenfant,
que la faim traillit, s'approcha en catimini de
Vunique fenéwe et découvrit avec stupeur... le
visage du Diable.
Le jeune gargon eut un mouvement de rec, tant
ce facds était hideux : sa peau jauntre, parcourue
ide verrues et de veines violacées, ne pouvait aueu
nement contenir le sang de la vie; ses cheveux hu:
saient d'un noir si profond quils formaient avec sex
dont sillates d'une blancheur erelle un coatraste
ceffrayant; ses irs se réduisaient & un trait rouge
vertical semblable aux yeux du serpent venimeu.
Pout la premire fois dep son départ, Christophe
‘et enwie de rebrousser chemin, Mais ce qu'il enten
dit, caché sous la fenétre du monste, Vintéressa
au plus haut point
— Aujourd ui je fas euse ma viande, artical ls
voix eaverneuse, mais demain, cst la fille du rot
que je mangerai car jamais ils ne découveiront mon,
Tous les ans, depuls la nuit des temps, le Diable
jetait son dévohy sur une jeune fille de Te. 1
issat alors 2 ses parents trois jours pour quils
découvrent son nom demeuré incannut jusquela
Passé ce délai, le Diable se rendait & leur domicile
tsi lGnigme n était pas résolue, i enlevait enfant
pout la dévorer. Cette année, comprit Christophe,
était done la file du toi qu était en danger. Le
Jeune garcon redoubla dattention
ny
hh — pT T— Non jamais, poursuivit le Diable, jamais les
souverains ne sauront que je me nomme Lucifer
‘Salnte Rose Dachine.
Christophe savait maintenant comment gagner
beaucoup daegent. I pri le large et se mit a courir
le plus vite possible dans le faivenoir, entre les
mancenilliers dant les sthouettes nimbées de cla
de lune prenaient des formes étranges. Sa mere
‘mourait dinguigtade et un frane sourire ilamina
som visage lorsquelle vit arsiver Tenfant
— Dieu soit lous, te voila enfin, soupiratelle de
soulagement.
— Maman, maman | stexclama le fils tout excté
‘demain nous serons riches !Tu mientends : demain,
nous serons riches! Je te le promets
H stemploya aussitot 8 raconter & sa 1
‘quil venalt de découvrir. La pauvre mamas
pas rassuée faire face au Diable s'avérait ras
ddangereux, Mais le fiston était plus déterminé que
jamais
“Tu nas plus besoin de garder toutes ces
vielles choses, lui ditil en se préparant & partir
le lendemain matin. Tu peux tranquillement te
débarrasser de ce matelas moist et de ces haillons
‘qui te servent de robe. rile méme notre case,
‘maman : je seral bientot assez riche pour toffri
un palais.
ay
CC
Pasi se mit en route, le sac en jute sur pau,
‘Sa maze le regarda sloigner de la case en adressant
tune prire au Tout Puissant.
1 marcha un long moment pour attsindze le chi-
teau royal I flat gravir des mornes® et traverser
des forétstoufTues infestées de matoutous false”
“Mais Christophe ne se décourageait pas :Tespoir de
manger 3 sa faim et de ne plus voir st méze déses:
pérée Ini donnalt une foree extraordinaire. Quand
‘enfin il arriva devant Ie portail du chateau, it dat
‘encore convainere les deux gardes de le laisser
= faut absolument que je rencontre le ri
—Cest impossible, ui opposa Tun des garde,
les pauvres ne sont pas admis au palais.
— Cest une question de vie ou de mort: je dois
voir le roi |
“Je te le répite : Sa Majesté ne regoit pas les
gens en guenilles
Bt que dirit Sa Majesté isa fille venait &étre
‘évorbe par le Disble parce que lun de ses gardes
ra pas voulu lasserenteer cela qui peut empécher
cate tagédie ?
Le garde demeura pantols, et sur un signe de la
t8te de son collige, il sen alla trouver Ie ro.
— Que distu ? sexclama ce dernier, médusé. Ce
jeune vagabond prétend savoir comment empécher
nsle Diable de manger ma fille? Tu entends ma ché-
re ?fitil& la reine qui secrait son chapelet contee
= faut le faire entrer tout de suite, intima
celleci, méme si ce gargon est pauvre. Cest peu
{tre notre derniéxe chance..
Crest ainsi que Christophe pénéwra dans Te cha
teas Tl en admira les dorures et les lustres flam-
hoyants et les tapisseries plus ralfinges que lz soie
orientale, 1! se demanda comment il était possible
‘que, sur la méme tere, certaines personnes vivent
si richement alors que autres meurent de faim.
Etil cesea de songer quand on lal annonga les sou
— Majest, fit en sinclinant, je sais que votre
file coutt un danger morte. Je Vai appris en pas-
sant par hasard pres de la case du Diable dont Te
faciés m’a révulsé. Or je Vai entendu prononcer son.
propre nom, je sais comment il ¥appell. Je sais
‘comment éviter& votre fille de mouri.
La rein fallt se mettre & sangloter tant Vespoir
‘que suscitérent les propos du jeune garcon lu parut
‘veritable. Elle aimait tellement sa fille quelle auralt
Daillé importe quoi pour la sawver.
— Nous técoutons, dit le roi qu sefforgait de es-
ter impassble. Si tw nous donnes le nom dh Diable,
ous te récompenserons généreuserent. Mais si tu
nens, tu seras Jett aux crocodiles
Je ne mens pas, Sire, Jaime trop ma mére
pour cela. Voie le nomn da Diable : Lucifer Sainte-
Rose Dachine
La reine griffonna le nom sur un morceau de
papier lias. Un simple morceau de papier qui rece-
Iait toutes ses espérances
Sur les murs anthracite du chéteau, le soleil du
soir déposait quelques abeiles affolées. Le Diable
ne devait plus tarder. Les souverains ordonnérent d
Christophe de se dissimuler derriére une grande
armure postée 8 ebté ds tréne. Soudain le gazyon
frémit en reconnaissant In voix caverneuse di
‘monte qui sepprochatt
—Je suis venu chercher vote fille, Majesté!
Quelques gardes dérisoires, la démarche trem
biante, escortaient la créature peénetrant dans Ia
salle du tréne. Avec ses crocs immense il aurait
pu les anéantir en une fraction de seconde. Mais
A réservait sa cruclle voracité pour la fille du
souverain
—Je vous avais acordé un data de trois jours
ppour découvrir mon nom, grogna létre ignoble, or
voll que ce dai touche & sa fin. Alors, cers parents
‘comment 1» appelleton ?
Comme pour jouer le ju, la reine égrena d'sbord
quelques noms quelle savait ne pas couvenit, Le
Diablefasut& chaque fois non de atte, toujourscaché derriéte Tarmuze en fer, Christophe commen:
salt a singuieter.
— Cest votre derniére chance !somma enfin le
Disble dans un mugissement terrible. Aprés quoi je
‘memparerai de votre fille.
Cest alors que la reine pla le petit papier las
et déclama du plus fort qu‘lle put
Je connais ton nom: tu tappelles Lucifer
Sainte-Rose Dachine !
‘Le monstre demeura inerdit. Un afflux de sang
se répandit dans ses orbites blanchatres. I! bi
butia
— Comment ?.. Vous pouver. répéter ?
Parfsitement : (0 te nommes Lucifer Sainte-
Rose Dachine.
‘Apeine la reine avaitellerépété le nom du tour
‘menteus quil disparut dans un éelair bleutre as
‘sourdissant. Ls souverains ressentirent wn immense
soulagement et Christophe sortt de sa cachette;
Te sourire aux levees. Un sourite qui voulait dire
aman : plus jamals nous aaurons
En effet, le roi leur Iéyua une partie de sa for-
tune, Avee cet argent, le mére et Tadoleseent purent
sore une grande ease Iuxueusement meublée et
sme le service de quelques donnestiques.Lalégende
dit que Christophe et la fille du roi senticherent
Tun de Vautre et se mariérent quelques années plus
tard, Le jour ob j'ai voulu verifier ces dives, je me
sits présenté devant Ia case de Christophe, Cest
alors qu'il va dit
—Vatien dic. Je ne regois pas les pa
Lil mienvoya un coup de pied dans le dersiére
‘qui me projeta jusqu’d vous et me fit vous raconter
toute cette histoire1g, LE BAL DE COMPERE TIGRE
Voici un classique du parrimoine antilas 1! sis
crit dans le fameux cycle de Lapin qui valorise ta
‘gbroullardise et la ruse aux dépens dela force eré
‘lle incarnée par Tigre, animal de la faune aficaine
ayant jamais eu dexstence rélle aux Antilles. La
revanche des opprimés, méme quand elle fait appel
8 des procédés réprowvables, consitue la morale
‘apparente de nombreux contes eréoles.
nn jon un énormme tigre &rayures débrarqua
[ J fen Guadeloupe. Part ”Afique sur un ra
dea, il avait pagayé pendant des semaines
atoindre Met. La faim le teaillait tant &
ison arcivée qui se mit & dévorer tous les aninans
ayant le mallicur de croiser son chemin, En de
temps, une grande partie de la faune gue
péenne fut dacimée
Le soi, dans les cases faiblement éclaleges ja
les bougies, on ne parlat plus que de ce novvel
ogre que Ton évoquait avec grand’ crainte. 1
parents mettaient en garde leur progéniture
plus personne ne dormait sur ses deux oreill
Chague jour, de nouveaux amis manguaient «
Vappel : passat encore que Tigre engloutisse le
Vieux cabris& la chair toute gris, mais on ne sa
rait se résigner & ce qu'il mangedt des enfant
La situation ne pouvalt plus dures. Aussi com
pire Lapin pritil linitiative dorganiser Is
I convoqua de nuit tous Jes animaux sous un
fromager*. Aprés avoir chargé les insaisissables
colibri de monter la garde, ilexpliqua son plan
Dis que Tun dentze nous apercevra le
ruseau de Tigre il devea baller dela voix fin que
tous les autres puissent se cacher, Toi, Chien, tt
aboieras. Toi, Macaque, tu eieras comme un cinglé
aque tu es Tel, Zamba, bartras, Bt toi, Vache, ta
eugleras
spin apercut alors des ronds dans la rvigre au
pied de Varbre
Quant a toi, Poisson... hésitatil un long
moment, tu resteras mut. ly ades fois ole silence
tt plus puissant que la parole
Et Poisson se sentitrassuré sur son tlt
eux semaines plus tard, compéee Tigre mar
tmonnait dans ses moustaches: « J'ai faim. Ca fait
‘quince jours que je ai plus rien A me mettre sous
le croc, Je nven peux plus: je veux boufler 1» Sa
Jangue pendait jusqu'a toucher terre, «Allez, Bon
Dieu, rien qu'une petite fourmi on un moustique,
Silt plat,» Bt Lapin se marralt.
Le carnivore ne savait que fare. Allongé sous un
rmanguler, quasi la larme & Vel, il se lamentat,
‘Tout coup, un point minuscule scitilla dans la
nuit, Cétait une lucole, Tigre suivit du regard la
Tucur qui dansait et cola lui donna une idée.
Lumineuse.
Je vals donner un bal, se ditil. Un grand bal,
avec un orchestre, des spots et de la biguine™. fy
Jnvterai tous les animaux de Tile Et quand il sera
sminuit, heute de fini afte, jattraperal le dernier
qui franchira ma porte et je le mangers
Tigre fut sisatisait de sa propre rélexion qu'elle
lui combla un pou le grand creux de son estomae. IL
passa une bonne nuit sous les étoles, en dinant
comme il se doit lorsque Ton dort.
NNN TDis le surlendemain, a nouvelle cieculait parm’
Jes animaux. Compére Cochon requt un te joi ear
ton dinvitation ~ i était en effet un morceat de
choix. Compére Tortue, dant tout le monde savait
{quil adorait partiiper sux festins, serait Iai aussi
dela parte. Comméze Bourrique, qui se désespérait
de perdre un jour ses kilos mperflus, se vit méme
offrir des fleurs.
Prendsen done de la graine, Syivestre, langa-
tlle & son bougon dle mari en meteant le bouguet
dans un vas
Tu parle !répliqua ce dernier qui fréquentait
fen eachette une mamzelle Tamanoir bien plus gra
cieuse que sa femme, #114 exois que Tigre tinwvite
pout ta silhouette
ne eroyait pas si bien dite, Sylvesee, En rélité,
pas un. seul animal comestible ne fut oublié Te
Falin comptat bien ne pas fini la soirée le ventre
vide,
Pourtant compre Lapin veillat Il se doutalt que
le prédateur mijotait quelque chose de pas clr.
1 en avertit toute la communauté animalire, un
soi, au pied du fromager, pendant que les oiseaux:
‘mouches montaient une fois de plus la garde
— Mes chers amis, i vous faudra étre trés pro
dents & la féte de compére Tigre, harangua le on-
igeur qui stait perché sue une branche. Noubliez
pas que oe Tigre est voraee et quil pourrait ne faire
de vous quiune seule bouchée. Comme le dit un
proverbe créole: «Les Bebéstigres ne naissent pas
sans angles,» Alors, dss que je commencerai
jouer aux dominos avec Iu, vous quitter sa mal
fon. Vous entender bien : dds que je jouerai aux
ornines,
Tout le monde acquiesca, ¥ compris poisson qui,
dans la riviée en bas de Farbre, fit quelques bulles
pout manifester son approbation ~ meme sil savait
bien qu'il ne pasticiperait pas de bal terrien
Enfin le grand soir arriva, Tigre sat vétw de
son plus beau costume et arboralt son plus large
sourite, Ses longues dents n'en étaient que plus
apparent, ce qui n'était pas pour rassurer les inv
ts. Iles accueil tous personnellement, au seuil
de sa porte, en s‘inclinant chaque fois & en faite
tun Tuanbago.
Bonjour compére et commére Bourrique,
entrez dene, je vous en prie,ftil en
lin d'eil compli & la grosse femme... Ah, com
pire Cochon, je suis ravi de te voir. Oh, ma com
tmére Poule, ti es resplendissante dans ton corset
dopéra,
‘A chaque Flagomerie, le félin se pourléchat les
babines. Mais Lapin état Vafft ne le quitait
as des yan tut en profit do gaes 6
dressant unTout le monde samosat, la fete butt son
plein sur les rythiner de runba et de bigun
Zama Yeléphanttompetait; compére Cochon
broeantant ‘des propos sur la conenne de leu
Ia teranse Chien racontnt des blagues& compere
Cheval dont es narne,i force de gl were
comme un canon defi commtre Bourque se
repourait la fae des que Tigre lorgnat sue
talus vert nénuphar amb heute precalt
a phos pat pase cope Poon qu
tude dans Teau dowe del sve, en ompagale
de quelques coins coslrous* — plaot amateurs
dea slg ies va
es alors que Lapin lng dun ton désinvole &
Tig
“Et sion fast une dominlogie?
— Pourguol pas? séponlt le réateu, inp
vent ated lain de a stee ®
ceux qui ront pas bo ped patent evar!
| Dominos, dominos, répliqua Tigre, le
aru, cest ai, jele manger
| | Mats dja les ote sffaaent. Poole dale
Partie. Mouton cabriolait vers a porte. Compare
6
EE
Ahurcique tate bras des fenie qu ne vuli
pus gui lamason de cel qlavalt offer des
fas
Dominos, dominos, pour Lapin que ev
ui nfont pos bon pied sem alent tut de ate
Dominos, dominos, renchért Tigre en 5
sant ne pntez pas mes ais, leila en
Tout le monde avat compris Te message jul
tere davor philosophé su le hum canne blew
tos musiiens ase sete les lee. En gud
complitement vide Il ne restat plo que son pro
pris ele malice opin
Th bien veld, mon comple feroiaque jet’
coullonn se moa le onge
dre scr
est alors que Lapin dala comme wn. lpi
Tigre le sit A toute allure, Lon deux eaneris
Grant un Tong moment.
Pendant oe temps, Pore et Cachon s'enterraien
‘comme des touloulous ils avaient tellement bu
fquils étaient méme incapables de tenir debout,
alors, pensex-vous : traverses comine le autres ani — Au secours, au se. glouglougiou.. glougio
mau la iviére qui menait ala maison de Tigre ? I lou. vo
nen dait pas question. Aussi les deux comperes te flim disparat tout amals. Ua grand sou,
déciderentils de creuser un tou et de sy dssimuler agement aly, cone om ot i
jusqu’d ce que la rage du prédateur s'spasitj ils fait bouger la cime des arbres. Cest depuis cet
avaient la chance que la kine ne brillait pas cette rita quil nya plus de tgres en Guadeloupe.
nuit li, Mais, dans leur afaicement maladeoit et
tnivrg ils avaient fait omber Cabri avee eux dans
le trou.
Ah, vous deux, vous étes vraiment des inca
pabes!rouspéta ce dernier
‘Allez compre Cabri, ne ténerve pas, rota
Cochon, C'est juste un mauvals moment & passer.
‘Out mais voila: les deux comes de Cabri dépas
snient, Les compéres avaient bien rabatt la tree sr
‘ax, mais les dex longues comes de Cabri silaent
‘ome un piége infallible. Lorsque, aprés une pour
suite effrénée, Lapin ateignit la rive avec le fauve &
ses trousses, i sata pardessus la rive — sous les
yeux excités de Poisson qui regardat le spectacle
depis le fond vaseux. Mais Tigee, qui était beau:
‘coup plus gros, ne put éviter les cormes de Cabri. 1
teébucha et fat projeté au beau mitan de Vea
‘Au secours, mes amis, st secours! Je ne sais
7 pas nager |)
| Sur la rive dien face, tous les animaux tiaient &
gorge déployée. Poisson frappait des nageoires. On
entendit encore
1815, DoucE MistRE
ne marchande de sirop se prowenait dans
Ja campagne Fle était cone pour vendre
le meilleur sirop de tous les moenes env
's accoureent de toutes parts pout
dalicieux breuvage et se caressaent le
ventre de contentement apres [avoir goite
‘Macaque observaitlasctne du haut de son arbre
ignorait ee que contenat a calebasse tant conver
tée de le fermidre.« Jaimerais bien savoir ce que
est. », se demandaitil, quand tout & coup la mar
cchande trébucha sur la grosse cacine dun figuee
audit La calebaste toma par terre et se renverse.
(Quelle misére!sexclama teleLa dame se seleva et rentra cher elle, les yeux
pleins de tristesse. DE que le champ fut libre,
‘Macaque descendit de son perchoir
“A Cest donc cela que Yon appelle « misére »
Ti se mit & laper le scop qui stagnalt sur le che
min et adora cela
w La misére ext bien douce, conclu. Demain,
Fei voir le Bon Dieu et je Tui demanderai un peu
de misére A mettre en réserve
CComie dit, comme fait, Le lendemain, e singe
alla ouver le Pttarche, qui état justement occupé
4 tegarder la misite du monde et le malheur des
gens.
gonjour Fon Dieu. Falmerais que vous me
baal un peu de miste, sil vous plat.
—De la insére ? Ilya en tellement, partout.
Macaque se pourléchait les babines.
— Je suis néanmoins surpris que tu me demandes
cela, ajouta Te ToutPuissant, moi qui te croysis
fgoiste et gourmand, Je suis satisfait que ta veuilles
partager la misére duy monde, Voila un geste géné
eux qui thonore.
Macaque n'écoutait dé pl
Bon Diew tant il éoutait son ventre. Tl simpa
Et ot done pourraisje trouver ce breuvage si
les paroles du
— Tis as une bien drole de manidxe de parler de
la misére, admire ton enthousiasme... Tu voi cete
“Macaque spergot sursa gauche wn tonne dont
wai i ent orme! ext
Eh oul epondit e Bon Dieu d'un air in pe
bait, fon ald revendre, dela mise. Ts peux
rene ag Yeu af commen
dls tout fait que ta te confentes une Tow
chette. "
Fioqu et le di
Le singe nen coynit ps ss oreilles.
7 Eh bien, plsque vous me le proposer, em
pone tout le tonneat
Je to bins, soupira le Tout Pusan, sidéré
par et ate de cart qu ui prut proche de in
flnscience ou de I foie
est ans! que Sfaeaque se ft ver une énoeme
Darrique dans une savane Tongue de cent il
tne, comune Te hi vat consilé le Bon Die
grimpa sare couvercle du tonneas et semploys&
Ie défoncr a Taide un martes. Quand enfin iy
parvint un bouledogae pus enragé quiun cong
Erg du fond du tonneau et se mit le pourchae
Ser Sappelat MisireMacaque détala, uaversa toute Ja savane et
rmonta au seul arbre qui sy trouvat, un warat. Les
piquants du tronc luk écorchérent le postéieur et
Misére, qui courait vite, lui arracha Te bout de ls
queue. Arrivé sur la plas haute branche, alors que
Ie chien aboyat focement, Macaque leva les yeu
au ciel
‘La misére nest pas douce, Bon Dieu lle nest
vraiment pas douce !
Crest depuis ce jourld que les macaques svont
plas de poils sur le bas du dos. Et que personne
{autre ne veut plus partager la misére des hommes.
16. LEGON DE LUNE
nh jour, ne voyant pas revenir son frire
peti dAfrique pour la Guadeloupe, un
tigre couleur colombo leva les woiles vers
Fle antlase:Maisil se tompa ditingaire et accosta
& Marie Galant
Vous connaissez la voracité du tigre + en quel
ques semaines, tous les animaux de la petite ile se
‘mirent a vivee dans la erainte d’étre dévorés. Meme
compre Lapin ttemblalt pour sa famille. Gest un
soir de peine lune qu'une solution lui vinta Tesprit.
Lapin se tenait debout sur le pontan enjambant
la petite riviére qui sexpentat pris du refuge de
Tigre. La nuit se bercait du chant audacieux dessgillons. La pluie a’était plus tombée depuis des
four, et la surface da ruisseau semblalt un miroir
biew serein, seri dune apale ou d'une belle pidee
or. Oui, se disait Lapin en podte, la hune est un
mensonge aux allures de tésor.
fl savelt que Tigte ne tarderait pas & passer pres
de lui puisque tous les eos la béte rédait. Quand i
apergut le flin poindre au loi il se pencha davan-
tage vers le reflet de Vastra
‘Que faistu done ic, compre Lapin ?demanda
ogee artivé & sa hauteur, Ta comptes les marin:
igoutins” ou quo ?
we Ceaistu vraiment que je perdrals mon temps
. compet les mazingouins ? Pas du tout, mon ari
envisage la possibilité de devenir riche comme
CCrésus
(Que veuxt dire ?
— Regard cette fabuleuse pidee dor au fond de
eau. lit le rongeur en désignant le disque de la
lune. Elle doit étre plus grande qu'un barracuda’
Ta convoitise du prédateur était atisée, Lapin
ajouta
fe sais top Iéger pour plonger aussi profond
TI faudrait que je miaccroche des poids et des
chatnes en acer.. Mais imagine encore que je par
Senne & descendee : jamais je n’aurais assez de
once pour soulever ce bijou inestimable.
LLesl de Tigeebrilait comme une bétise. Il vou
lait absolument posséder In pie. Alors i proposa,
‘un ton aussi dovcerewx que du sirop de canne
‘Tu sais que je suis fon ami et que donc tu
peux compter sur moi, Je veux bien aller tela cher
cher, cette pider, Bien sir, sois sans crainte: je tela
rend dts que je eposerai les pattes sur tere
Tu ferais cela pour moi, oh mon compare ? Ce
serait tellement gentil de ta part.. [ai toute une
famille A noursir et cette pice me préserverait de
Yembarras pour le restant de mes jours.
Je sas bien que tu as de nombreux enfants
répondit le fauve en songeant 2 toutes ces petites
‘eulsses poilues si appétissantes. Je serais heurcux
Aquils mangent & leur faim grace & moi, Allez !
Accroche moi oes fers qui trainent 1a Je vais te
régler ca en cing sec
‘Le gros animal se frotait dé les mains. Sur la
rive roulllalent des morceaux de fer ayant servl A
Ta construction du ponton, Lapin les attacha soli
dement aux paties postérieures da félin avec dk
Vanes trés épaisses
‘Voila, tu peux y aller maintenant
‘Tigre sapprocha de la surface en toute confiance
Tout & coup il hésita
Buh. Tu ne voudrais pas encore mattacher
cette grass pierre ? Au cas oles fers ne suffirain
pas.Bien sir
Lapin stexéeute
= Meintenant cst bon, lui assure le rongeur
— Mout de suite, mon ari, fat hate de te faire
plaisir en te rapportant ce trésor |
Tt Tigee plonge comme un abruti,aidé par son
compte qui le pousse dans le dos. Il descend, des
end, descend jusgu’ attendee le fond de la ivr.
II lave les yeu. « Zut alors a pide est remontée»
se dtil i débat comme un forcené pour échap
per ses canes et refaite surface, mais cest peine
Perdue. Sa sottise pose trop Toard. Tigee ferme les
yeux — et meurt dans la pauvreté
7.LA SARDE ET LE SOUDON
Diaprés une fable de Gilbert Graiant
‘est histoire dun sous, solitaire et bow
gon, qui se désespérait de rester sur place
Depuis sa naissance, le mollusque était
rivé sa racine de palétuvier* comme une moule
son rocher. Aussi longtemps qu'il se souv
fava
it toujours vécu parmi Ia vase de la man
grove, avec pour seuls voisins des algues et des
Sponges.
Désormais Soudon voulait voir le monde. I
voulait voyager. Partir et vivee libre. Danser sur
Vhorizon. Se baigner dans la humiére crue dimatin rose, Ses copines, les petites pisquettes* si
Vives ct si agiles, emportaient son regret dans
lear sillage argent.
wt Taller, muon compere, lu dsaientelles de leur
voix mignonne, ne te rends pas triste parce que t
We nmobile. Limportant, oe nest pas de bouger ni
‘Taller vivre ailleurs, mais détre bien 1a oit th es
Ceo nest pas Vendroit qui compte, mais Tentourage
cet la force de Vamitie
Soudon écoutait sans pouvoir comprendre
allee dire 3 un prisonnier que la lberté n'est pas
belle. Soudon voulat partir. Rester,céait mourir,
Un jour, une sarde magnifique ondula devant
Jui, Ses nageoires fendaient Yeau comme tne pro
rmesce dans la grice illaminée du matin Elle por
Tait du oBté des outs, deux taches ocre. Cétait,
‘comme on Tappelle dans les Petites Antilles, une
ie touchéededieu. Le mollasque comprit que
état Ia sa chance
Belle Sarde TouchéedeDiew qui a eu le bon
heur de voir FortdeFrance | Je ne suis quun coguik
jage foulsseur, mals jaimerais tellement voguer
Sentir sur moi Vélan de Valse
Le superbe poisson daigna sarréter& sa hauteur.
wen effet, lui réponditi, je suls deja alle
jusqu’s Rivige Madame, La nourrture y sbonde et
Peau a un godt dailleurs.
on! vexclama Soudon, jaimerals tant m'y
rendre moi aussi. Me baileraista un petit passage
sur ton dos ?
La sarde réfléchit un court instant avant d'ac:
auiescer
Diaccord Yami, je veux bien t'emmener au
pays de Foyal®. Mais quelque chose m’ennuie
ta coquille, Elle raclerait mon dos comme une
1pe 3 manioe. Situ soubaites venir avec moi, i
te faudra en sortir, Je taccueilerat alors dans
mon estomec ; fouvriral la gueule et tu n'auras
fqu't ty rélugier, Alnsi nous particons a la dé
ouverte duu monde, bercés par le roulis des
vagues.
Soudon était conquis, grisé despérance, Sarde
ajouta
‘Quand nous serons arrivés, je te déposerat et
Fieai de cette nageoire chercher ta coqull
Je te fais confiance, belle sarde touchée de
rice. Je me rhabilleral agit arrive: je sais qua
Fortde France régne Iélégance,
‘Le molhusque sempressa de quitter sa maison et
se jeta dans la bouche de Fénorme poisson. Celi
avait bon cceur, mais meilleae faim encore = Il ne
rouvrit plus In gueule jusqu’d ce que Fut y fon
Git entidrement, Ce fut le premier ot le dernier
‘voyage de Soudon,Depuis, un murmure raugue slave du fond de
Ja rivitrecimetigre : « Ce que vous ne pouves ee
faite seul pour vous-méme, ne demandez pas &
autres de le faire pour vous. *
28. TOUT VIENT A FOING
[erent i nga pn
Poinge er luimeme tat gigantexque pats
dessa en alle plas game maison de or
devemee I al pont lin aver un spent
ogre et ne pouvsit consommer ses abondantes
récoltes& li tout seul. Un jou, il colla sur sa case
une afficheJe baille belle charretée patates douces
cet bon coup de poing.
Gest que Monsieur Poingde Fer éait un
Iepong
Com
foci
de pong I ala done wouvercompire Tigre loql
lat occape 8 védiger Favis de dls un ancien
re Lapin, qui passait par 18 en sfflotant,
latement alléché parla proposition. Ma
it pas recevoir le coup
ami & Tai mort par noyade.
‘Oh mon compére, ta me fais de la peine
— Je suis un peu teste, c'est normal... confia le
Gest le chagrin qui te coupe Yappétit? dem
Lapin d'un air faussement compatissant. Tu as Vair
une fim de tie. Mats la vie ext chr et Tes den
her, fit Te petit rust, viens done passer
‘Moun Reretx de accel te etna le
Complce Tigee accepta, ravi, et promit date
cher son héte le lendemsin & midi. Pendant ce
temps, Lapin se rendit chez monsieur Poing-deFer
I sempare de la chatetde de patates douces et
convint aver le géant dieu et dela date di famenx
coup de poing : demain & midi et quart, dans la case
méme de Lapin,
Le Tendemain midi, Tigre frappe & Ja porte de
Lapin. Son épouse le pri d'enter, le débarrasse de
son bakoua et Tinvite& s'asseoir dans le fauteil
en rotin di salon. Elle Iai sert un t-punch et lui
dit
—Je vals chercher mon mar, il est en train de
trier ses carotes, Si jamais on toque la porte, tu
serais bien aimable aller ouvir
—Tu peux compter sur moi, répond Tigre en
sirotant son breuvage
Quelques minutes plis tard on frappe dla porte,
Trois coups secs bien portés. Tigre va otvrr et n'a
pas Ie temps de rearder la personne en face de hai
Gul recoit sur le museau un terrible coup de poing
ui le tue surlechamp. Monsieur Poing de-Fet croit
auil vient d'assommer Lapin et ¥en retourne chez
Ii, satisfat. Lapin sort de sa cachette et sexclame,
triomphant
— Voli une bonne chase de faite: non seulement
ce prédatour de Tigre ne nous ennuiera jamais phis,
us,® ‘str a ‘son stratageme, Lapin le
na Joe ede eget i propos de pase
aq pan il appa ave an
a il commengait méme a
éatilisera plo
mal a lew de Tintéress
rongeur encalssait mieux que
Se dire que ce satané
Mohamed Al
Vuengraissait & ue dl & force de mas
Jules accompagnés cde vanes verses
Scfjam, chev cae totes es aes vies
sara pert Maks voi! que es grosses bites
is solut alors & inviter
Sinnent 8 manguer. Lapin se
Macaque
Oni mais, avee Macaque, oe n’tait pas le méme
affeige ’épouse de Lapin Vavait pourtant bien pré
Ge compte est trop mali. Tu w’auras jamais
do Vinviter ;
pin evaait pas supporté que s Femme fe et
rmoine inteligent quan singe. Et pourtant.- a
root douvrie a porte, ce dere, assis dans Te
caarnea de rotin, ne bouge pas dun poi. est que
ont vite sur fe et il ne sat que trop
Jes umeurs
bien le sort qui Yattend sl ouvre cette fichue porte
Alors il erie
On toque, om toque |
Lapin, cache derrire un gos sac repli ignames,
simpatiente. Les coups sur la porte se font plus
insstants. Macague continue
Compéxe Lapin, compére Lapin, la porte va
der situ ne Vouvres pas tout de suite!
Le rongeur tremble cormime une yole™ 1 trans
pire & inonder sa ease. Pendant ce temps, le singe
Brote son trpunch, tout calme et les yeux pétil
fants dironie Tajoute encote, aprés un autre coup
"attention, la porte va casser.
Tapin nen peut plas, I surgit de sa cachette et
saute sur la porte. Il Touvee et rogoit un direct
‘magisra. Lapin s'effondee, Et meurt plus béte que
Macaque
Ta fin de cette histoire 2 Cest Monsieur Poing:
deer qui la déient. I ne Véchange que contre un
bon coup de poing. Allez donc la lui demander si
vous en aver le courage19. CECENE ET JOSEPHINE
1 tit une fon dane es es Grenadines, ne
J mites dem sce nine
Cicbe tat le pus fleet a plus ervlabl
‘lc ange a mason, alla cece eae ate
the Et surtout elle lowe terblenent I beaut
Ta mére avait une préférence ts nette pou
Joséphine, On peut méme dire quelle déestat
Céctne, persuadée qulune diablesse avait présidé &
sa naissance. Le jour du baptéme était apparue en
tffet une ferme tris élégente. Elle avait demandé‘une tertine eau afin de se laver les pieds sali pa
se ongue marche. Or, au moment elle entamait
Sa Giette, on entendit comme un craquernent. 13
ferme prétendit avoir Iaissé tomber son bracelet
Grange dans le réipient de tere rouge, pls lle
oe aime danser au cerur de la fete. Elle tournoys
se arveliche et berga le nouveauené. Au moment de
funtiellesoulevasa longue robe dans un ree per
Fr et provoqta la stupétaction chez les convives
Ta evant la place du pied gauche, un sabot de
Shoval quel avait bel et bien fend fa terre en
fa cognant. La convetion stat imposée a tout le
t quil Jagiseait dune diablese. Ft depuls ce
wate ty inte ne povenak pis 3 Se
rae Sede. haw agsntelle en vetable
ei Sumanehe, et fosepine se endaent
Geebne ae morfondait dans son malhear.
‘he jus, alors quelle revenait des champs de
anne od ele était comme a Taconuturée éreintée
8 la tiche sous un soleil de plamb, Ia pauvre fille
rencontra une vieille femme au bord dis chemin.
Son visage était blane de lys, Elle portait pénible
‘ment une lourde ealebasse remplie dean. Cécine
offrit son aide malgré les reproches quielle encour
rait si elle vattardalt. La viellle femme la remercia
fen Tui donniant un petit baton.
‘Quest-ce done ? demands la plus jeune
— Une taguete magigue le fer Te menage &
ta place quand tu le lui otdonneras, Elle Chabillera
comme une princesse quand tu le souhalteras,
Mais je ne connais rien & Ia magie, Comment
devraije procéder ?
[Ne Vinguidte pas. Tu n'auras qu'a penser tes
fort ce que tu désies, et la baguette fera le reste
‘— Je ne sais comment vous remercier, madame
Tu nas par & me remercir. ois simplement
heureuse, et ti baillers du bonheur autour de to
= Qui étes-vous ?finit par demander Céctne
Je ss Ia Sainte Vierge. Du moins cest ainsi
que Ton mvappelle
Et elle sen alla. Cécine se dépéeha de rentrer
chez elle ~ pour y reeevor les réprimandes quelle
rie méritalt pas.
Le ditnanche matin, Jaséphine et sa mére se
préparérent pour la messe. Elles espéraient y ren
ontrer un homme beat et riche enclia d épouserTainée. Mais sa lideur, rflet de sa méchanoeté
ait tous les hommes & I'éeart. Avant de partir,
comme & Tusage, les deux femmes confintrent
CCleéne a la maison afin de sassurer quelle ne fit
, Tu nettoieras toute la maison et tu trieras ces
semplicns sept ones | jot fosephine.
IP nunage vf tout seu Ta perfection, le bon
rate se cose dans le grand mir d salon et
see compte quelle ne powat aller la mess
Se baguete magiqe et espera td fort reaper
‘snl premire fl des vie ql st renait
av Gglae A puieavaltelle anc le purvs qu os
les yeux se posérent sur cette femme resplendis
sante. Ses ceveax tombaient en cascade Sir ses
ches, et sa robe étincelait dans le matin
radiewx. Pas un instant sa sur ni sa mére ne se dou
trent quill siagissit bier de Cécine tant cette der
nigre avait change. Mais la jaloasie obstruit la gorge
de Joséphine qui ne pouvait que maudite cette dame
dont la beauté sans pareillecaptivalt us les regards
Aprés la messe, Céséne voulut renrer che elle &
toute hite, mais un charmant jeune homme s'appro
cha dell. Cétat le fils du notre, Phomme le pls
riche du village
Comment tappelies-u ? demands
Céene
Je ne tai encore jamais vue par ict?
Has non, je nai pas le droit daller & la messe
Ma mére et ma soeut Joséphine ne me laissent
jamais sor,
— Als, tues la soeur de Joséphine.. Elle n'arréte
pas de me courisaprés, mais je Vapprécie pe Som.
‘cour nest pas pa
Excusez-moi, e dois vraiment parte
itu me dis 08 tu habites, rai te voir
CGécne hésita,craignant les résctions de sa mre,
mais Ie dows visage du jeune homme la séduisait.
Elle lui indiqua done Yendeot ob elle habitat.
A bientot alors, conclutil avec un sour
Tul offrant une fleur PhibiscusPuis il remonta sur son cheval. Céoéne serra a
fen contre son cinu et emit couri Te pus vite
{qelle put elle evait absolument rentrer avant
Fee femmes. En chemin, elle perdit un soulier
Hae elle ariva juste & temps pour remettre ses
‘Une fois rentsées, Joséphine et sa mére ne pre
tasent méme pas attention aux corvées de Cécine
tiles étsient top occupées & maudire cette superbe
Femme quelles avaient apergue &Vélise
vO Flle portait une robe couleur de hune. Elle est
nme pls belle que to! feta Josephine & sa scour
cadette
verpeutdtve que etait mol ? se risqua Céoéne,
eistot, pauvre file! ula sa mace, Les grains
de riz ne sont meme pas bien tiés!
Is le sont, mére
Taistoi | te disje. Le travail est mal fait!
‘Viens ick at iew de die des sottises
‘Céedne s'approcha et regut deux gifles. Mais elle
rent ces Lares eo pensant & son beau chevalier.
Smahtendit alors comme un hennissement. Puls on
toqua a la pore.
seraite le fils ds not
wr Vite, ordonna la mére 4 CécPne, cachet sous
demande joséphine.
La jeune fille obeit ot la mare alla ouvri.
Bonjour madame, je sais ven vous deman
dere sain de woe il, Calle qu ped ce
‘Céaaiteffectivement Ie fils du notre, ce cavalie
aux épaules argent, et il tenait dans sa main le
soulier de satin que venait de perdre Cécéne. Son
regard ireadiait toute la pice
Je sais, cela doit vous paraitre un peu préct
pité., sexcusatil, mals je suis amoureux. Pulsje
one la voir ?
Jesu fit Josephine en passant devant sa
ii un price
Me aheurenement torguatil en se pingant
les ives drone ene sus pas sr que e soe
ous apparicnne.
Gist sit confirma la mae, cet bien sen
vas ws na Josephine che?
‘Oi ot
Eh esayons, fit le cvs
i1vema tant ban que mal denfoncerle large pied
de Josephine danse ptt soul, nis hy ave
tien fie
ae regret
— Paingue je vous disque cst ese, insist la
ror. ele i a acheté pour son anniversaire
cole apartient une file merle,
dive bem prétendant.— Clos bien ce que fessale de vous dire, cont
nua la mere
ce momenta, un peut perroquet catoyant se
psa sur le rebord de la fenétre,
Ta pli beten ba la paile'articul
que divil? demnanda Vhomme.
~ La pl been ba far pall népéta oisca
— 14 plus belle est cachée sous la pale? trad
sit le cavalier.
Il souleva la paille et découvrit Céctne, reeroaue
villée.vétue de haillons qui me terissaient pas 3
Deauié Le soulier tut alla. comme un gant Ete Hs
a notaie fut heureux davoie trouvé sa promise
ee ois que je vous aime... muraura la jeune
fille
homme lui xépondit par un clin dil eompice
ave | fit aux dewx méchantes
Je vous Len
fernmes, flies de rage
Alor is partirent et geloperent ensemble, pows
sidre de fraude, vers Taurore viline ~ et le bonheur
beat,
aqvaseer de découvrir, chaque matin, le pulls
de son jardin competes Le carte
Grn resect Vea tant
wnt als
alors au point un statagbme pour attreper Te
voleur impénitent. ‘ame p ae
TH confetionna un bonhornme de
du fruit & pain. Il utilisa de la paille en guise ‘te
Chevoux et des fiandises mulicolores em guise
de bijoux. Avec sa perrugue et ses faux apparade dés dans la man, au cas a le voleur serait aussi
joueur. Psi alla se coucher.
Te lendemain, juste avant le lever du soleil, com
pare Lapin passa par en quéte de eau quil volait
Tous les jours « & cet idiot de roi», «Ine comprend
rien, se moquaitl, je suis sar quil croit que Teau
évapore.-» Cest alors quil apezeut, juste 2 cOté da
puits Télggante dame de gh. Il remarqua également
fes succulentesfriandises qui la décoraient.Or Lapin
hit tres gourmand, Il ne put ésister
Mes hommages, madame, fil en se baissant
pour Tui baiser la main et gober au passage un bon-
bon,
‘Mais au moment od sa bouche toucha la main, sa
levee supérie resta colle
Mais
eenta de dégager sa patte deoite, mais elle gait
Ga suit maintenant, Hehez-anoi |
Lapin sagitait dans tous les sens, incapable dese
détacher. Mors il tira sur les cheveux de pail et les
aeracha
ww Ga alots | remarquatil enfin: un bonhomme
de glu. Je me suis bien fait avoir
Ve roi artiva en courant
— fai fini par Vateaper, sale voleur |
— Moi, voleur ?sétonna Lapin d'un air fausse
ment naif. Je voulais simplement étre courtois ex
nfin, madame, voulez-vous me Licher!
baisant la main de ce que je eroyais étre une belle
marquise... ae justifiatl, toujours rivé au bom
homme de glu
—Taistoi, sale béte | C'est to} qui me voles mon
eau tous les jours. Regarde, fit le monarque dun
geste large en désignant ses récoltes: tout est
train do erever.. par ta faute | Je vais te rougir le
comps an fer chaud |
Un frisson remonta la colonne vertébrale du ron
voila une perspective qui ne le réjouisait
iguére. Mas tut le monde connalt la ruse de Lapin.
Tl attendit que le souverain partit préparer sa tor
ture pour appeler compere Tigre, qui vivait non
loin de i. Ce dernier, vorace, ne se ft
fentendant la voix de cell quil considérait comme
tun potentiel mets de choix
os per en
Bonjour, compere Lapin. Mais...que faista
dans cette positon ? demands le gros fauve, intrigué
‘Tu vois bien, non ? Je pose pour un peinte
sévorqua Vautre d'un ton agacé
Ah bon 7 Et i est oi, ce peitre ?
‘Mais non, imbécile ! Tu vois bien que Je suis
collé | Ces le rot qui ma attaché,
Fais quand méme attention & ce que tu dis,
reprit Tigt, je ne suis pas un imbécile, Javals bien
‘compris que fu plaisantais... Mais dismot : pour
‘quoi le roi fail done attaché & ce bonhomme de
shu?est parce quil tient absolument & me don
nner son eadeat, Moi je nen veox pas asi insist
ue wets qulune petite béte comme mot fasse
dun eabrouet de bouts ?
Liesl du carnivore salhum
vrei cabrouet de boeufs ? est lecadean du roi?
— Mais out | Ga ne me servitat 8 rien
TO fit Tigre qui ne savait pas trop comment
présente la chose, moi je pourra y voir quekque
‘lit, sais.
wh bon ? Le cadeau Cintéresseralt ?
Oh out! Jesus content que ce sot toi qui me
Je proposes
rere meilleure des choses &
tu tens effectiverent a obtenir le cadeau, ce
tque tu prennes ma place, ne roists pas?
a saccond, Ne beuge pas, je vais te libérer
fi Tigre de tirer sur aon compare de toutes ses
forces En moins de temps goill n’en faut pour
Téerte, Lapin fat dive
fon ben.. It faut maintenant que te prennes
sna place, cit celuici en enlevant les derniers bouts
jie dans ce c35, si
de gu scree ses pls
1a amuse Ty alla de tne au bouche, comme
ca cal tellement bla ain bow
ie cae fd pe pouwait mime pl acl
Lapin état parti depuis quelques minutes quand
Je ro revint, Mais oe n'était pas un cabrouet de
beeufs qu'il transportait.,.« Mon dieu !songea tes
fort Tigre. Cest un eabronet de feu I>
Ha ha ha rican cruellement le roi qui n'avalt
pas remarqué Féchange. Tw 19s volé mon eau tous
fes jours pendant deux semaines. Et bien mainte
nant, tu vas boire mon feu!
Le rol plongea sa grande épée dans le feu jusqu’a
ce quelle sit toute rouge, et il Tapposa sur le corps
de Tigre. Ge dernier sursauta,rugissant dans sa
gorge, incapable de hurler sa doulear, transpirant
fomme une béte qu'on trucde. Leroi recommenga
Vopération tos fois, puis il détaca Vanimal.
aller, ouste! Je ne veux plus jamais te revoir
par ic
Le félin se rua vers la riviére pour sy tremper
rats elle ait tbs basse & cause de la sécheresse. 1
pt tout de méme se soulager, constatant avec hor
eur que toute une partie de son superbe pelage
ait abimée.
— Al lala | Dans quel état i a mis.
Tigre leva les yeux pour voir doi venait la vox
cet vit sur a eive compere Agouti™
Ila mis dans un sac état, répétace dernier
— En effet, confirma le fauve, mais si jamais
le revos, je le tue!CCompere Agouti ext peur pour son view copain
Lapin, Il sen alla sussitt Yavertie du danger.
eengigee eat tres on cole, Si jamais i te tombe
dessus
“ye ten doute, Merci de ‘avoir pd
Lapin reflect quelques seconde, puis demanda
Disimoi: nestce pas le viell Agouti qui est
mort de vieilese il y a une semaine ?
= Si, pourquol ?
— Je erois que j'ai une Klée, O se trouve sa
epouille?
sesprbs du grand manguler Je peux ¥y conduie,
Avec pais.
Les deux compares détalbrent,
olla, cest ic, dit Agouti en se pincant le
Todenr était en effet atroce. Le cadavre du veil
Agouti se décomposait, verdive, groullant 'insectes
tte vers, Lapin frémit dexctation
Questee quill tsrive? demanda compere
|Agouti,deceuré. Ne me dis pas que ca excite ?
Taistol et éenute : pewctu ne pas dre visible
pendant tis jours?
~Quiestce que tu veux dire ?
eux te eacher pendant trois jours, de sorte
{que personne ne te voie ?
ub oui.. sil n'y a que eela pour taider,
— Tits bien Alo, pendant tis jours on ne
vera male par. Pris?
fin parade Agu
son courage deus pales et ef a dapulle pr
ct, Pe part epromene das lx pages de
a mito de Tee: ancl! tomb pa asad
erent tant le pectale Forni
mon Bi Compe Ag oe dle
Ces
pin qui n'a fait ga {IL n'a Yair de rien
ais il posséde des pouvoirs surnaturels. Regarde
comme je me décompose
Timers la! sot dune de a depute
net hrc Gest. Oh Ih Stats
revis Lapin dia que nove querele et oublic
Ie pee ei ome
le pede en tetouna che ues pales
tremblantes. A Tinrieurde son dégulsement, Lapin
a. Deus ce Jour a plus anal 6
tanayé parson vueaa. LA FORTUNE DE TE]EAN
nt dela plantation, Lesclave
oie contraint traveler dur. Aus essayail, afin de
survire, de tvaller le moins posible, Ce conte subs
versif met en scbne un TiJean qui se soustrait la lot
dd travail et tente de réussir gre @ sa seule « malin
trie». Peu inporte sil gruge les autres tant quis sont
riches et puissants: comme dens les contes de Lapin,
Ta révolte des faibes et des petits se wit réeompensée.
tuand la pauvre madame Jean décéda, elle
ne laisse qu'une poignée dncras de more
fen heritage, Ses deux fil les vendirent
afin dffrr leur méve un enterrement digne de cenom. Final de compte, il ne restait que deux acras
Grandjean stempara du plus gros, et THfean du
plus peut. Pus les deux freres se séparérent.
TrJean prit grand soin de son ace il savait que
était Iason unique moyen de gagner de argent.
Yenveloppa précautionneusement dans une fell
de bananier et se mit en route, en direction du do-
micile de som parrain qui ne Favait pas revu depuls
son baptéme. Ala tomabée dela nuit, il ariva enfin
devant la porte du fermi.
Bonjour parrai,ftil d'un alr triste. Jo suis Te
Jean, ton fille. Me reconnats'
—"Tijeun ! Cela fit si longtemps que je ne tai
vu Mais que fabriques ta ict?
— Ah lil, parrin...Je suis venu te voir parce
aque je Wavais mulle part ot aller... Maman est
Le parrein ne sut que dite. I baisa les yeux et
proposa 8 T:Jean de passer la nuit chez tu
Crest trbs gent de ta part. Je sais bien que
mama et toi ne vous entendiez gubre
Bah, ce n'était pas une mauvaise femme. Je
regrete de ne pas m’étre réconcilé avec elle avant.
Enfin, questce que tu veux faire
Mais T-Jean pensait uniquement d son aca
—Dis donc, parrain, est ce que je peux laisser
mon aera dans ton poulallee?
Crest done cela que tw transportes dans ta
Feuille de bananier.. En voila une curicuse requéte
pourquoi diable veusctu mettre ton acra dans mon
poulaller ? Les poules wont le manger.
‘que. Cet aera, que maman nous a
‘pour moi une immense valeur
sentimental ee ne voadrals pas quildorme dehors
Je comprends bien. Mais pourquot ne pas tout
implement le poser sur la table de la cuisine ?
Cet acra ne dort pas ailleurs que dans un pou:
lailler Je n'y peux ren
Le partain ne voulut pas contrarier son filleul
‘qui lui paraissait peychologiquement assez mal en
point
™ Diaccord, Tu peu le lasser dans le poolalir
Le jeune homme passa une excllente nuit, dans
des drape tout propres. A quatre heuees du mati,
alors quil fasait encore ri mais que Tes cogs
annongaient la naissance du jour, TrJean se leva
pout aller manger aera, Puisilretourna se coucher,
jusqu’ ce que son parrain le veil
Ah mon fille an malheur est arivé
Tian se frotta les yous.
= Que se passe-til done ?
Ton acra, auguel tu tenais tant: les poule
ont mangé | Je te Tavais bien dit, pourtant, que
Clétaitriequé dele Ininser dans le poulallerMa pauvre maman,feignit de geindre TiJean,
eéait le Seul souvenir quill me resat delle.
Le parrain sfen voulsit 8 mor.
Je ne sais comment réparer cette tristesse, se
tamoata til 3 je te balls mon plus beau cog, cela
sécheraiti tes larmes ?
Taccepte ton offre. Rien ne pourra remphacer
Yacra dans toon ceeut, mas le plus beau de tes cogs
fera Vatfair
Russ, apres avoir pris son petit déjeuner, Ti
Joan se temitil en route avec, dans une caisse, ce
fog dont il pouveit assurément tier un trés bon.
prs
1H marcha toute la journée. Au erépuscule, il sar
réta dans un village. Il scruta toutes les maisons
tt alla frapper la porte de la plus grande dentre
tes pour y demander le logis. Le maitre des lieux
“lepta daocorder Thosptalité & ce jeune fermier
qui prdiendait avoir mis tant dardeur &retrouver
sa volaile di
Gest un trés beat cog, lui raconta le jeune
homme, malheureusement i ne tient pas en place.
Cest la deuniéme fois quil ®échappe, mais ce soc
AI sest beaucoup trop éoigné de chez moi
Tie vous inquidtez pas, Vous passerez la nuit
dans ma demeute et vous repartirez demain matin.
Cela vous convientl?
Crest tts généreux de votre path, wana
Estce que je pete installer mon coq, dias la bet
serie?
Le maitre éarquilla les yeux
Dans la bergerie ? Dans le poulaller, vous
voles die
‘Oh non, monsieur, dans la hergere. Vous saver,
rman con est vraiment tr bizarre : c'est un solitaire,
I supporte mal ses congénéres et, si jamais je Vins
tale dane le pour, i rsquerait encore une fos de
se faite la mall. Cela doit vous toner, mais mon
‘oq préfézeait de loin dormir dans la bergeie.
Vous nlavez pas peur que mes gros moutons
Véerasent ?
‘Quils Mécrasent ? Oh non, c'est justement sur
leur dos que mon coq aime dormir
Les yeux du maitre étaient toujours aussi ronds
dMonnement, Mais il accueil favorablement la
requéte de TiJean, Et ce desniers'endormit comme
tin poussin,
Vers quatre heures di matin, TJean fut sort de
son sommeil par son coq, C'était le moment. 11 se
Teva et se rendit ala bergerie tuer le volatile parm
les moutons qui dormaient paistblement. Puis il
tourna se coucher
‘A Tauro, des ers le révellévent. était le maitre
des lioux, completement afoléMonsieur Tsfean, monsieur THJean | Mes mou
tons ont éerasé votre coq!
re Comment ? Quvestce que vous dites 7 alla
THean.
Votre oq e
Je vous Tavais bien dit que cétait dangereux de le
Taisser dans la bergetie
‘alors ca Ces terrible. sanglota Trfean- Cait
non pls beau coq, Oh non. Jeme souviens encore
poeserete pls éearlate que le coral dela Caraibe
‘an oq plus noble sr
te de son allure five. Etat
re nate des leux cufpabilisat terriblement
Alors il propos
jee bien que rien ne remapacera votre co
snais si je vous offrais mon plus beau baler, cela
‘ous eonsoleraitl un peu?
Votre plus beau béier ?Cslui dont Tes cores
se torsadent comme une mensongerie ?
Celi:
accepte
est ainsi que Te]ean recut
son ancien propeiétaire hui donna aussi une corde
pur fe ie excuse encore au moment 0 on
superbe animal
hte prt congé de lt
He ule tellement désolé, monsiewr TsYean.
Mais les moutons, cest pas si don qu’on crit.
Et Ti-fean sen alla, satisfait de sa progression =i
ait par avec un aera minuscule, et voila qu'l pos
Sela un béliee magnifique. Ine pouvait pas azn
ter en si bon chemin.
Il décida de se rendre au village le plus proche.
Usant du méme stratagime, i parvint a se faire
héberger dans la pls belle villa. Et demanda que
fon baller dorm avec les beeufs
mtavec le boeuf ? sétonna le maftre, Depuis
quand un baler dort il avec les bouls
r peputs sa naissance, monsieut. Mon belier a
tonjours dorm avec les beefs. ignore pourguol,
ate te compagnie des annus gros
Les bosufs ne sont pas habitués aux moutons
tis vont le pietiner.
h maoasicur: dites vous bien que, sles boeufs
ne sont pus habitués aux moutons, mon bélie, Iu
tat bien habitué aux boeuf
‘Le maitre ne manifesta plus la moindre réticence
cet exaua Te souhait pour le moins étrange de son
hhote. Comme a Taccoutumnée, ce dernier se eoucha
pour se relever au mili de la nut & twer son ant
Thal en lu brsant le cou, Au petit matin, Je maftre
ppt la malheureuse nouvelle & som invité
Te ne sais pas quoi vous dire. je men dow
tais.. auraie da vous empicher deCrest a chose la plus triste qui me soit arrivée
dans la vie, avoua TéJean en ayant tout de méme
fone petite pensée pour sa maman. e faimais tant.
Ecoutes, offrit le matte doontenaneé, prenez
mon plus beat boeuf: tre la charrue sans jamais
‘Yepulser et donnera de la bonne viande quand i
sera ps Agé
Fest accord. Je prends votre bout
est sins que Tea reps la out en comp
nie do puissant animal. Cétait un zébu noir de
pure race, capable de fournir unt tava colossal et
Bengendier une progéniture en pleine santé. Le
‘eur content Ie jeune homme marcha toute lama
tinge. En début daprés-mii alors qu'il approchalt
(dun immense domaine, il croisa deux horames
heme venti de mourie? demanda
ryan,
Fe agit un adclescont, pond Tun des
hoses Un beat lite Cavin qunze ant
Fela Bt Tenn onge. Voit mon mar
chase dourlocane le plas ex 2€bu dea gon
ts deux ames virent hun moyen apie de
se ldbrser corps to en gagnant de Targent
faclement
Dis quis furent ports, TJean sort le cadavre ch
cereueil et, e portant sur son dos, se dlrigea vers le
champ de cannes qui joustait la maison d'un matte
dnt le domaine stendait perte de we. Hs cacha
Jusquau faire noe pour elaborer son tout dernier plan.
‘Quand le soleil eut totalement disparu, TeJean
prt le mort dans ses bras et allafrapper la porte
fe cette maison grandiose, aussi vaste quiun chi
teau. Un domestique vin lui ouvs
= Vous désier ?
= 11 me faut absolurment parler
Jail le fils du grand Baké de Jahar.
Le valet alla chercher son maitre blanc
— Bonjour monsieur, fit TiJean d'un ton ing
iment respectueux. Voici le fils du seigneur de
Jaham, mon maitre. se
ssayons vite dele réveller et de Ini donner
manger | intercompit Ie malt.
re maltre
Je crois que la meileure chose & faire, reprit
calmement Tian, ce serait dele fare dormir entre
‘deux filles, I reprendra ainsi connaissance au petit
‘matin. Le fis du Béké de Jaham aime blen dormir
entre dew filles
Soit fit le maitre blane qui état un peu stu
pide, Mois ti, tu dormiras dans la grange
Le cadavre fut alité entre les deux files du
maitre. Mais celleci ne putent Saccommoder deodeur nauséabonde qui sen dégageait. Toute la
nuit, elles le bousculérent, le cognérent et le renver:
mit plusieurs ceprses en bas du it, Au lever du
jour, ce fut la panique dans la maison.
‘Mon Die seria une des files qui essaya
cenvain de révillerle mor. Je eois que nous Tavons
TJean en raouta
Si vous croyex que je ne vous ai pas enten-
5 Toute Ia nit, yous Faves frappé. Et voilé le
‘lat: vous venez de tuer Ie fils du plus puissant
Boks de Ve
Le pire en tremblait d'inguiétude.
—Oyallons-nous faire?
ui! consella TiJean. Je erois que cest Ja
rmeileure solution, Car si mon maitre vous retrouve,
it vous fera égorger vis |
Ta famille beké ne fit ni une ni deux: elle
abandonna surde-champ son vaste domaine. Natu
fellement, le malicieux usurpateur 'y installa défi
pitivement. Et ily goat, jusqu’a sa mort, des jours
paisbles
‘Voi comment, avec un simple acra de more, on
peut parvenir& masse une fortune eonsidérable.
22, COMMERE MULET Er LE ZOMB!
fommére Mulet se tracasssit depuis Ia die
parition tragique de son époux, elle ne par
‘venait plus & nourrr ses sept petits. En ee,
ds quelle se mettait & piler les bananes de leur
repas, un 2ombi surgissit pour les effrayer. Les
enfants criaient pendant que le zombi engloutssait
leur déjeuner et’ cing sec, Madame Mulet navait
‘mime pas le temps davaler une toutfe dherbe. #2
Tes enfants maigessalent & vue di
‘Un jour, alors que la petite famille descendait &
toute allure la colline de Terrevile, ils tombérent
sur compine Bruf qui était en train de paitee
paistblement.—ch bien, ma commére., its en ruminant,
qoestce dame quite at bond ail?
sinh mon ani depuis e dts de mon mate
Tin? Bt pourguoi ga? Us sont toujours
audi lee mangent que des banaves
Pee atlement ga mais & chaque fis un
zombi vent les elrayer
iia af {Un vomb | Tue vs quand més
pos avo pa dn pee vob on ? Ne Fg
is Ta as vu mea cores psates? Eh bien, 3
femate un zombi vient vous embéter, je i trouera
nse. On y va?
a dé line, I
2 rch tne ale ee erm
a erent ptaton earch
ae oe de mat nt sm grad ma
tt ePhuns en uby sn les pcher
aan rt pour lee Ma
rent Pe aoe ve Bo
aan imal cet ce, xb
ce aeene ecient Le bv
Je serais bien resté, ma comme, mss je viens
de me souvenir que fai un render-vauswrgent,
Et compare Beruf détala comme une mnauviette
A lear tout, commére Mulet et sa progéniture
prirent leurs jambes 2 leur cou. Et le zombi com
‘menga de manger les bananes,
Le lendemain matin, commére Mulet réfléehit
«Ce banuf nln pas dé trés couragenx avec sos gros
Comes. Je men vals chercher de Taide auprés de
compte Cheval
Comme dit, comme fat. La petite famille se ren
dit a Técurie de Cheval, lequel ne sortait plus guéte
{depuis que son grand rival, compére Lapin, Pavait
‘un jour humilié devant la femme qu'il convoitait.
Mult lui raconta sa mésaventure ainsi que la po:
tronnerie de Boe. Or Cheval, qui vivit seul depuis
tn certain nombre d'années, était pas tout & fait
insensible & son charme de muletesse: il aimalt
bien ses longues oreilles et son parfum de furier
Tentrevit la une bonne maniéze de la séduir
— Ah moi, Cheval, avec les fers que je porte aux
sabots, je réduirai le zombi en bouilie,
‘Mais ilest grand | sexclama Yun des enfants
— Ft tout jaune {ajouta son frre
I ne me fait pas pear! assure Cheval
=a méme deux grandes ovilles qul se dres
sent su latte, dit le cadetDes grandes oreilles qui se dressent sur
tite ? stonna Cheval
‘Oui ou! frent is tous en choeur
—Cest bizare, songea Vétalon a voix basse, les
zombis wont pas de grandes oreilles dhabitude
a petite troupe se rendit done & Vendroit fat
dique, Cheval ouvrent la marche en conqueérant, le
baste bien relevé, la ringre au vent. Dis quils
atieignirentla planation, les enfants cuelirent une
belle portion de bananes naines ot a jet@rent danse
ori Ils avaient une faim de loup. Alors leur mere
fcommenga de piler ls bananes, mais 3 ce mosnent
1h le géant jaune surgit de dereiére un bananier.
‘Oh !cria Cheval lest immense
On te Favat bien dit fent les enfants,
Oui mais, ily a grand et GRAND. Ores vrak
ment TRES TRES GRAND.
Lombre da zomabirecouvrait entiéremsent le com
pre, qui commengait& claquer des dent
tes amis, fitil en frottant la terre avec son
sabot avant je vous aime bien mais je n'a pas envie
fde mourit pour vous. Méme pose vous, mz douce
commére...A bientOt
Er il détala commie un Liche, Alors que le zombi
slagtait dans tous les sens et que la farmille Mie,
morte de troulle, Sapprétait & fuir elle aussi, on
fentenalt une petite voix fitée
— Cert Lapin qui fit ea
— Pardon ? ft comméce Mult
= Ces Lapin qui fait en
— Qua pale?
Ele baie es yeux et apergut une patie soar.
Je To mre changer dei le bananer, ex
pliqua Sours Il monte sur des échases en bose
Partsiteent. Vous raver ren a cane
Regaren
Bl a sidan smb a den tn
des enfants, la petite sourisvimmisco timer
di degusement ety caqua une allumete le ent
4 peine le temps en srtir ql snflarama tout
entier La pall de banante lariat ite au boat
stale Feu d joe Sours etl fame Met él
trent dei. Ce tI premio dans histoire
de In Martinique, que Ton mangen des bananes
piles accompagnées de lpi rt| 23, NEIGEME ET LE RoI Dr TRINIDAD
son cceur. Mi
blaient Un matin il décida done
travailSans parler de notre quotidien que nous rarivons
pas 2 améliorer.
waye te comprends, fit la femme en app
ddamt deja le depart de son époux. Va od bon te
“avant de part, Neigeme informa son voisin de
son tent souhatat 6 rede chez olde
Trniad, On dist en effet da soverain qui at
tom et intelligent, or Neigeme plaait beaucoup des
ptr dan ete renconte I demanda 8 son voisin de
Bion vouloirveller sur sa ferame en son absence
‘Celuéc accepta en lui tendant un cxf boul
ens, prends ga. Tale mangoras plus tad En
Durant plusieurs jours et plusieurs nuts il marcha
En avalant ef anil i ext le
Tes fruits des
we ctimentcacquerir de nouvelles forces. Et penser &
Se femme lui prodiguat un courage infin
Quand enfin i se présenta devant le chateau da
ois il comprit tout de site qu'il était vena frapper
Pha bomne port le voi Tatendait en personne au
euil du portal
Bonjour Neigeme
demand
— Vastrologie ma indiqué ta venue. Eta raison
de ta venue, Or j'ai une bonne nouvelle pour toi:
tYembauche pour les vingt ans qui viennent
Ces ainsi que débuttront deux décennies de co!
Iaboration. Pendant cette longue période, tous les
jours, Neigeme sappliqua du mieux possible exéen
ter les corvées que lu confat le souverain:biner la
terre, piler des bananes séches, sarcler la mauvaise
here... Le paysan mettait toute son atdeur dans
accomplissement de ses tiches, Et tous les sir, i
s@ couchait avec tne bonne fatigue, le sentiment s
iratifiant dr tava bien fait, Le rok ait content de
Is, et Neigeme se satistaisait de servir le oi. A la
fin de Vultime année, ce dernier li dit
Vola vingt ans que Je loue tes services, Ne
igeme, Ta as travallé dur et tu as fat preuve dune
abnégation exemplaire. Tw ne ves jamais plaint,
pourtant je sais que ta femme te manque
En effet, male
test grand temps que tu alles la retrouver.
‘Mais avant que tu ne repartes, je te payerai ce que
je te dois.
Un sousire se dessina sur le visage usé du paysan.
Je te laisse cependant le choix, Neigeme
préferestu que je te paye en argent ou en conseils 7
Tu me donneras ta réponse demain.
La question était diffe, et Neigeme y réfléehit
toute Ia nuit: Fargent était certes bon a prendre,mats le rol de Trinidad connaissait tellement de
choses que ses conseils pouvaient étre encore plus
précieux, Sa biblithtque recelait des manuscrits et
fes grimoires que Temployé dépoussirait pu
seuss fois par semaine sans sre toutefois autorisé
8 les ouvrt, Seul le roi avait le droit de consulter
ces tnésors de savor, et il le falsait réguliérement
NNeigente se résohit&cholsir les conseils en espérant
Auils le meneraient vers la fii
—Cette décision courageuse thonore, fit le
xdemain matin: renoncee & vingt
roonarque le |
nées de salace pour un peu de sagesse..Je vals
done te donner trois consels. Beoute moi bien
Neigeme était tut oute
Voici mon premier conseil: le chemin le plus
court peut jouer bien des tours
Le paysan plissa les yeux
— Avtu bien compris ? fai demand le ri
= Oui, maite, e eros avoir compris.
Bien. Mon deuxiéme consel est le suivant: @
jerdre la tate
Neigeme vlhten so rptant es paroles 8 vo
basse a 4 vouloir tout connaitre, on peut perdre la
tte.»
Porfitement, confirma le souversn. eto
de tw aris Je suppose que tex pre dented
homme fit oui de la te
Eh bien, le voici: ta cole du moment te ca
Cette parole parut & Neigeme plus énigmatique
mais il nen fit pas monte, Leroi conclut
— Ces consels te seront fort utiles stu Yen sou
viens. Aije besoin de les écapituler ?
—Ce n’est pas la peine, je ne les oublierai pas
Bien. Avant que tu ne partes, jaimerais que tu
prennes ceci,ajouta le roi en tendant & Neigeme
‘deux paquets de taille identique enveloppés dans de
Ja soie, Tune couleur jaune bronze, Vautre vert
Neigeme s'empara des deux cadeaux en consta
tant que celui enveloppé dans la soe jaune bronze
pesait plus lourd que Tate
Ce sont deux pains, expliqua le rol. Celi
‘emballé dans la sole vert antique tu le mangeras en
‘outs de route. Il te donnera des forces et de Tes
poi. Ca le voyage qui attend est long et péillenx.
Neigeme déglatit avec peine en songeant aux dif
ficultés inconnes qui rencontrerait
—Quant a Faute, tle bailleras Ata femme. Ta
ne dois surtout pas Vouvrir avant détre ches toi
‘Miastu bien compris ? Ne Vouvre surtout pas!
Le paysan hocha la tte
— Jai bien compris, Msjesté. Merci pour tout, du
fond du coeurAlors il quitta le chéteau pour ne plus jamais y
Utraversa des endroits sauvages et hosts, foula
des sols marécageux, marcha sous des pluiestorren
tielles, Jour apres jour, le pain s‘amenuisait, mals
Neigeme gardait Vespoir au fond de luiméme, I
se repétat réguliérement les conseils du bon rol
Etle visage de sa femme, dont il ne voyait plus que
les yeux blew marine et les contours indécis aprés
toutes ces années vécues loin delle, brillait comme
tun soleil sur horizon menacant
‘Quand il eut parcours douze mille Heues, i rem
contra sept hommes munis ehacun d'une musette
Bonjour Vani, salua Tun entre eux en sou
riant. Tu marches seul dans la mangrove
‘Oui, répondit Neigeme avec un peu de méfiance
Je rentze chez moi et la route est longue.
= Nous aussi, on retourne chez nous. Pourquot
nble ? proposa Fate
re pas marcher en
—diaccord
Tis se mirent alors & cheminer de concert. Petit 3
petit, Ia
Gait intrigue par les paquets de Neigeme
Questce que ces?
Du pain, tout simplement, En vewxtu un
Taimerais bien, ot
pathie sinstallait, Lian des hommes
Neigeme arracka un beau morceau et Foffit a
voyageur
— Voila, itil, maintenant il nen reste presque
plus
— Et questce que contient Fautre paquet, fit
homme en machant, le doigt pointé sur Ta soie
jaune bronze
‘Oh ea... hésta Neigeme, ce nest rien de spé
fal, Juste un petit cadeau pour ma femme.
Tis vonaiont dlarrver a une crvisée, Le chef de la
bande pri a parol
Hy a deux itinésates. Je suis deja passé par ick
ily a bien longtemps et je stis de faran certaine que
le chemin le plus court est celul qui va a droite
Allonsy |
Ceest alors que Neigeme se rappela le premier
conseil du rot: le chemin le plus court peut jouer
Dien des tours
— Quiestce que ty attends ?sexclnna le che de la
bande en se retournant alors que lui et ses hommes
‘étaient déja bien engagés sur le chemin de droite
Je préfe prendre itinéraire de gauche, repon
dit Neigeme
Mais ces le plus long insists le chef, Viens
done avee nous !
Durant quelques secondes, Nelgeme hésita, Mats,
final de compte, il décida de feire confiance & la
sagesse du to.Non, vraiment, Je vals prendre 8 gauche. Je
vous souhalte bonne chance pour la ste
Us se séparérent en se disant adieu de a mai,
Neigeme empruntait le sentie le plus long depuis &
pine quelques minutes quand un hurlement sourd
Te ciel, Un bref silen
comme Ta mort éea
abattt te un ffisson. Six autres cris affreux su
Virent, Neigeme comprit ausst6t qu’un événement
tragique stat produit ls hommes venaient en effet
de se faire égorger par des mercenaires qui vouient
Jeur argent
TI continua son chemin, Ia peur au ventee, mais
aussi conforté dans sa confiance en Ia sagesse du
raonarque, Quand i arsiva au bout du sentier, Ja
tombée du faire-noir, il apergut une petite auberge
La soe vert antique ne contenant presque plus ren,
i prt la décsion de se restaurer dans le gite et 'y
1 pénétra dans la cour et tomba sur une femme
xvange. Elle ressemblait 4 une sorcire, du moins
telle que Neigeme connaissait les sorciéres qui
hantent les contes trinidadiens. Elle tuilait un
chausdron bralant. Le paysan s‘approcha et constata
«qwielle fasait boul... du sang.
Bonsoir étranger, artcalatelle dune voix
augue et castée. Que cherches-u ici?
Je suis venu demande Ie
réponditil dans Pangoisse
—Soit, fit Ia vieille femme vottie, je vais t
conduire 4 ta chambre, ajoutatelle en léchant sa
Touche dégoulinante de sang,
Elle Yamena dans une chambre dont la porte ait
séverement rongée par les termites. Quand elle
ouvrt, dans un grincement strident, Neigeme eut
tun hautle-corps: aux parois délabrées: pendaien
des ttes humaines,
te et le cowvert,
ly avait ides dizaines de ttes qui sacerochaient
‘aux ‘murs comme des cafards géants, Certaines
étaient rabougries et desséchées avec le temps,
autres suintaient encore. Que séaitl done pas
Qui était oette son
dont il sentai
(qui se tenaitdervgre lu et
le souffle glacial sur son épaule ?
Alors qui s'interrogeat avec effrot sur le sexi de la
porte, le deuxidme conseil du roi lui revint en
Imémoire : a voular tout connate on peut perre a
‘die. Ne ien demander. Ne pas poser de questions,
Voild ce que Neigeme se dit qu'il devat faire
1 installa finalement dans la ch
de dine:
a vue de tous ces meurtres lui était
Vappétit. Durant la nuit, parvint & fermer Toei
quelques heures tant i était puis. Mais Fimpres
sion d@tre en plein cauchemat Varracha at som:
teil profond jusqu’s Taube. DBs les premiéres
Iueurs dt matin, il