DOCUMENTATION
28/09/2008
Écoulements monodimensionnels
des fluides compressibles
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vs vitesse du son
vs ∗ vitesse du son critique
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1. Étude générale Cette équation peut encore s’écrire sous la forme suivante :
dρ dv dΩ
de l’écoulement --------- + --------- + ---------- = 0
ρ v Ω
(3)
ρ 1 v1 d Ω1 = ρ 2 v2 d Ω2 (1)
ρ 1 v 1 Ω 1 = ρ 2 v 2 Ω 2 = Ṁ (2)
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2 z, w t , q et p lorsque la section se déplace. Il reste alors cinq inconnues
dp à déterminer : v, ρ, T, h et τ, pour quatre équations. L’équation de
-------- + ∆e c 12 + ∆e P 12 + τ 12 = 0 (7)
1 ρ fermeture du système est alors l’équation qui lie l’enthalpie à la pres-
sion et à la température et qui, dans le cas d’un gaz parfait, s’écrit
C’est une équation énergétique massique dite équation de l’éner-
simplement :
gie cinétique, ou encore équation énergétique mécanique, car elle
dh = c p dT
ne fait apparaître explicitement que des énergies de type
mécanique : de pression p, cinétique e c , gravifique ou potentielle ou : h = c p T + Cte (12)
e P . L’opposé du travail des forces de frottement par unité de masse
τ 12 , toujours positif, correspond à la transformation d’énergie méca- si c p , qui est la capacité thermique massique sous pression
nique en énergie thermique. constante, peut être considérée comme constante.
Comme l’équation (7) est déduite de (6), on utilisera soit l’une, soit
l’autre de ces expressions puisqu’elles sont physiquement
identiques. 1.3 Application des équations
Si on interpose un élément mobile d’une machine entre les points énergétiques à quelques cas
1 et 2 de la ligne de courant, l’intégration de l’expression (6) donne :
particuliers
2 2 2
dp v2–v1
w t 12 = - + τ 12
-------- + g ( z 2 – z 1 ) + ------------------- (8) 1.3.1 Fluide en écoulement dans une canalisation
1 ρ 2
(sans machine)
où w t 12 représente l’énergie reçue par l’unité de masse de fluide
lors de son contact au cours du déplacement 1-2 avec cet élément Dans ce cas, w t = 0. Alors les équations (8) et (9) donnent
de machine. Cette énergie est encore appelée : travail technique. respectivement :
2 2 2
dp v2–v1
- + τ 12 = 0
--------- + g ( z 2 – z 1 ) + ------------------- (13)
1.1.4 Équation de l’énergie ou équation 1 ρ 2
énergétique thermodynamique
q 12 = ∆h 12 + ∆e c 12 + ∆e P 12 (14)
L’équation de l’énergie traduit le premier principe de la thermo- soit, en les combinant :
dynamique. Sous sa forme technique, c’est-à-dire en ne considérant
explicitement dans l’énergie mécanique échangée entre le fluide et
2
dp
son environnement que la part due à l’échange avec des éléments q 12 + --------- + τ 12 = ∆h 12 (15)
mobiles liés à un arbre de machine, on l’écrit, pour un tube de courant 1 ρ
avec les hypothèses mentionnées ci-dessus : (équation qui est toujours valable, qu’il y ait ou non une machine).
w t 12 + q 12 = ∆h 12 + ∆e c 12 + ∆e P 12 (9)
avec q quantité de chaleur échangée entre l’unité de masse du 1.3.2 Écoulement d’un fluide non pesant
fluide et le milieu extérieur à l’élément de fluide dans une canalisation fixe
considéré,
h enthalpie de l’unité de masse. Pour les écoulements de gaz, on peut pratiquement toujours négli-
Cette équation peut s’écrire plus simplement sous la forme : ger la variation d’énergie potentielle (∆e P ≈ 0, sauf dans l’étude par-
ticulière des cheminées). Alors, s’il n’y a pas de machine, on a :
w t + q = ∆h t (10)
2
dp
2 -------- + ∆e c 12 + τ 12 = 0 (16)
v
où h t = h + ------- + g z est l’enthalpie totale. 1 ρ
2
q 12 = ∆h 12 + ∆e c 12 (17)
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2
dp
--------- + ∆e c 12 = 0
1 ρ
ou :
dp
=0
v2
--------- + d -------
ρ 2
(20)
-------
∂ρ
∂p
En admettant que la traversée de l’onde de pression se fasse de 2
manière réversible, donc sans frottement compte tenu notamment vs = -
s
de la valeur infiniment petite de l’épaisseur du front d’onde,
l’équation (6) devient, en négligeant la pesanteur ou en supposant Or, en notant que le coefficient isentropique vaut, par définition :
que l’onde se déplace horizontalement :
ρ ∂p
dp
v s dv s + -------- = 0
ρ
(22) p
ν
k s = – ---- ∂-------
∂p
ν
-
s p ∂ρ
= ---- --------
s
∂--------
∂ν
p ∂--------
∂ρ
p
thèse de réversibilité, il est donc isentropique. En admettant que le 1 1 1
K s = – ---- - = ---- - = -----------
fluide considéré soit un gaz parfait idéal (gaz parfait pour lequel le ν s ρ s p ks
coefficient γ = c p /c V , rapport des capacités thermiques massiques
à pression et à volume constants, est constant), l’équation de la soit, avec (27) :
transformation isentropique est :
2 1 V 1
v s = ------------ = --------- -------
p ρ Ks M Ks
------- = Cte (24)
ργ où V et M sont respectivement le volume molaire et la masse
dp p molaire du fluide.
soit : --------- = γ ----
dρ ρ La vitesse du son est donc d’autant plus faible que la compres-
sibilité du fluide est plus grande.
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2. Écoulement isentropique La relation de Poisson, déduite des équations (11) et (24), s’écrit :
L’étude de l’écoulement monodimensionnel isentropique d’un gaz Dans cette équation, δ est le taux de détente. Alors :
parfait conduit à la notion d’écoulement en tuyère que l’on retrouve
dans de nombreuses machines thermiques. Dans ce cas, en ∆h 12 = c p T1 (δ a – 1)
considérant la canalisation fixe (ou le mouvement relatif si la cana-
lisation est mobile), les équations de base se simplifient car l’écou- Comme pour un gaz parfait (relation de Mayer) :
lement a lieu sans échange d’énergie mécanique avec une machine. r
À ces équations on ajoute, compte tenu de l’hypothèse d’isentro- cp – cV = r et c p = ----
a
picité, l’équation des transformations isentropiques des gaz parfaits
idéaux (24). la variation d’enthalpie a pour expression :
On a alors le système d’équations suivant :
r a
∆h 12 = ---- T 1 ( δ – 1 ) (30)
a
ρ v Ω = M˙ = Cte
On obtient alors, avec l’équation de Zeuner (28), l’expression sui-
v2 vante de la vitesse :
------- + h = Cte
2
2 r T1 a
p v2 = v 1 + 2 ----------- ( 1 – δ ) (31)
---- = r T a
ρ
C’est la relation de Barré de Saint-Venant. On remarque que, pour
h = c p T + Cte un gaz donné, la vitesse ne dépend que des conditions amont (vitesse
et température), du taux de détente et de la nature du fluide.
p
------- = Cte
ργ
2.1.2 État générateur. Point d’arrêt
Dans ce système, l’équation (16) n’intervient pas car son intérêt
serait de permettre le calcul des pertes τ12 qui sont nulles, a priori, Lorsque la section amont a une aire infinie, la vitesse d’écoulement
compte tenu de l’hypothèse de réversibilité de la transformation est nulle dans cette section. La vitesse, en une section quelconque
isentropique. Elle est remplacée par l’équation (24) qui la contient où la pression a la valeur p, est alors égale à :
implicitement. Ainsi, parmi les inconnues citées (§ 1.2), il n’en
demeure que quatre (v, ρ, T et h ). Le fait que l’écoulement soit décrit 2 r T0 a
par cinq relations implique qu’un des paramètres Ω, z, wt , q est fonc- v = -------------- (1 – δ 0) (32)
a
tion des autres. On prend en général la section Ω. Ainsi, le problème
consiste à déterminer l’évolution des inconnues : v, ρ, T, h et Ω en T0 est la température dans la section amont où la pression est p 0 .
fonction des conditions dans la section amont et de la pression p Par définition, l’état du fluide à vitesse nulle donné par p 0 et T0 est
dans la section considérée (w t = q = 0 et z non pris en compte, le appelé état générateur du fluide s’écoulant isentropiquement à la
gaz étant considéré comme non pesant). vitesse v dans une section où sa pression a la valeur p et où sa
température est égale à T. Le taux de détente δ 0 = p/p 0 est le taux
de détente générateur de l’écoulement.
2.1 Étude générale de l’écoulement Inversement, on peut déterminer les conditions génératrices d’un
fluide à la température T, à la pression p et s’écoulant à la vitesse
2.1.1 Vitesse de l’écoulement v à partir des relations (32) et (29). On obtient :
2 1/a
Soit une veine d’écoulement quelconque (figure 5), une section v
p 0 = p 1 + ---------------- (33)
de référence amont 1 et une section aval 2 quelconques. 2 cp T
La vitesse au point aval s’obtient à partir de l’équation de Zeuner
(18) qui s’écrit : v2 v2 h
2 2 T 0 = T 1 + ---------------- = T + ----------- = ------0 (34)
v 2 – v1 2 cp T 2 cp cp
- = – ∆ h 12
-------------------- (28)
2
L’état générateur sert de référence dans tous les écoulements de
dans laquelle, compte tenu de (12) : gaz parfaits, isentropiques ou non. À ce titre, il est évidemment
important. Dans le cas d’un écoulement non isentropique, cet état
∆ h 12 = c p ∆T12 = c p (T2 – T1) est un état amont hypothétique, puisqu’on l’obtient en supposant
un écoulement isentropique.
L’état générateur peut être représenté sur un diagramme entro-
pique T, s (ou h, s puisque, pour un gaz parfait, cette représentation
est équivalente). La figure 6 donne une telle représentation qui per-
met de mettre en évidence l’énergie cinétique à partir de l’application
de l’équation de Zeuner (18) :
v2
------- = h 0 – h
2
Figure 5 – Écoulement d’un gaz parfait idéal
dans une veine quelconque
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Inversement, cette équation permet d’obtenir l’enthalpie de l’état Ainsi, les conditions génératrices s’expriment par :
générateur h0 à partir des caractéristiques de l’état du fluide au
γ ⁄ (γ – 1)
point considéré :
v 2 γ–1
p 0 = p 1 + ------------- Ma
2
2
(37)
h 0 = h + ------- (35)
2
On obtient la masse volumique dans l’état générateur en utilisant γ–1
T 0 = T 1 + ------------- Ma
2
2
(38)
la loi de transformation isentropique (24) :
Ces expressions montrent que, dans les écoulements subso-
1 ⁄ (γ – 1)
v2 niques pour lesquels v < vs ou Ma < 1, les conditions génératrices
ρ 0 = ρ 1 + --------------- (36) sont proches de l’état du fluide en écoulement, du moins lorsque
2 cp T
Ma est relativement faible, inférieur à 0,3 par exemple.
Il est important de remarquer que, lorsqu’un fluide part d’un état Les conditions génératrices correspondent également aux
générateur donné p 0 , T0 , h 0 en évoluant de manière adiabatique, conditions que l’on obtient au point d’arrêt d’un écoulement.
l’état générateur pour toute situation ultérieure 1 ou 2 (figure 6) ne Considérons un corps quelconque placé dans un écoulement infini
change pas si l’évolution est réversible. En effet, comme : (figure 7). Il existe une ligne de courant particulière qui doit se
séparer, au point A, en deux lignes passant de part et d’autre de
2 2 l’obstacle. Au point A, dit point d’arrêt, la vitesse ne peut alors
v1 v2
h 01 = h 1 + ------
- = h 2 + ------
- = h 02 qu’être nulle. Si on admet qu’entre un point quelconque M et le
2 2
point A l’évolution est isentropique, on obtient par un raisonne-
on a, d’après l’équation (34) : ment analogue à celui qui a été fait ci-dessus :
T01 = T02 = T0 p Ai = p 0 ; TA = T0
Par ailleurs, en utilisant l’équation (33) et compte tenu de L’étude de l’évolution d’un fluide entre un point de vitesse
l’équation de Zeuner : quelconque v et un point d’arrêt montre que la compressibilité du
gaz dans un écoulement isentropique peut être négligée tant que
2
2 le nombre de Mach de l’écoulement est inférieur à 0,5 environ. Dans
v1 v2
h 0 = h 1 1 + ------------------
- = h 2 1 + ------------------
- le tableau 1, sont donnés les rapports de pression p A /p en fonction
2 cp T1 2 cp T2
du nombre de Mach en tenant compte de la compressibilité du gaz
[équation (37)] d’une part, en supposant le gaz incompressible
1⁄a 1⁄a d’autre part. Dans ce dernier cas, on peut appliquer l’équation de
h0 T0
soit : p 01 = p 1 ------- = p 1 ------- Bernoulli entre M et A [3] et on obtient :
h1 T1
p 02 = p 2
T
------0-
T2
1⁄a v2
2
2rT
v2
p A inc = p + ρ ------- = p 1 + -------------
(39)
soit :
1⁄a
p1 T2
p 01
ou encore : ---------
p 02
= ------- -------
p2 T1
= 1 γ
p A inc = p 1 + ---- Ma
2
2
(40)
1⁄a 1⁄a
h0 T0
et p 03 = p 3 ------- = p 3 -------
h3 T3 1⁄a 1⁄a
T0 T2
= p 2 ------ = p 02 -------
T3 T3
Ainsi, l’état générateur du point 3 est tel que : T0 , h 0 et p 03 ≠ p 02 .
On peut énoncer le résultat suivant :
v s2 = γ r T = ( γ – 1 ) c p T
v s2
d’où c p T = ------------
-
γ–1
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L’observation du tableau 1 montre que la compressibilité du 2.2.1.1 Évolution de la masse volumique avec la pression
fluide (air, dans ce cas) entraîne une différence de 1 % seulement
L’équation (24) de l’évolution isentropique permet d’écrire :
à Ma = 0,5 et de 11 % environ à Ma = 1. Ce résultat justifie l’hypo-
thèse faite quant à l’incompressibilité du fluide dans les écoule- 1⁄γ
ments de fluides compressibles tant que l’écoulement reste ρ = ρ0 δ0 (43)
nettement subsonique ( Ma 0,5 environ).
avec δ 0 = p/p0
Enfin, les évolutions de la pression et de la température, à partir
d’un état générateur p 0 , T0 , donné, peuvent être tracées (figure 8), Ainsi :
à partir des équations (37) et (38), en fonction du nombre de Mach — pour p = p 0 , soit δ 0 = 1, on a : ρ = ρ 0 ;
local de l’écoulement isentropique. — pour p = 0, soit δ 0 = 0, on a : ρ = 0.
dρ ρ0 – a
La dérivée ----------- = ------ δ 0 étant une fonction continue décrois-
2.1.3 Vitesse de détente dans le vide d δ0 γ
ρ0
sante de ∞, pour δ 0 = 0, à ------ , pour δ 0 = 1, la courbe ρ (p ) ou
Soit un état générateur p 0 , T 0 et une section dans laquelle la γ
pression p est nulle (vide). La vitesse, donnée par la relation (32), ρ
------ ( δ 0 ) a l’allure représentée sur la figure 9.
est alors maximale. Elle a pour expression : ρ0
2 r T0
v max = --------------- = 2 cp T0 (41) 2.2.1.2 Évolution de la vitesse avec la pression
a
L’équation de Barré de Saint-Venant (31) s’écrit, compte tenu de
Cette vitesse est indépendante de la pression, elle ne dépend que l’expression de la vitesse maximale de détente dans le vide
de la température de l’état générateur et de la nature du fluide. [équation (41)] :
On peut comparer cette vitesse à la vitesse du son dans l’état géné- v = v max 1 – δ 0
a
(44)
rateur. On obtient :
2
v max = ------------- v s 0 (42)
γ–1
L’équation de continuité (2) permet d’affirmer que, le Figure 9 – Évolution des paramètres v, et
débit-masse Ṁ étant constant dans l’écoulement, la section de en fonction de la pression (ou du taux de détente)
l’écoulement doit varier comme 1/ρ v. On étudie alors séparément pour un écoulement isentropique de gaz parfait
la variation de ρ, puis celle de v avec la pression.
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V̇
Ω = ---- Figure 11 – Évolution de la section d’un écoulement
v de fluide incompressible
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Par ailleurs, en considérant la réversibilité de l’écoulement, p = p 1 , puis diminue lorsque p augmente à nouveau. Dans ce cas v
l’équation du bilan de la quantité de mouvement (6) s’écrit : reste toujours inférieure à v i , ce qui correspond à un écoulement
subsonique dans toute la veine.
dp = – ρ v d v (51)
Ainsi, l’équation (50) devient :
2.2.3 Taux de détente au col
v2 ρ
dv dΩ capable de la vitesse du son
-------- 1 – ------ ---- + --------- = 0
v γ p Ω
Le taux de détente au col permettant d’obtenir la vitesse du son
p
En introduisant la vitesse du son v s = γ ---- , on obtient :
2
au col est noté par :
ρ
p
dΩ 2 dv
--------- = ( Ma – 1 ) -------- (52) δ 0 i = ------i- (54)
Ω v p0
C’est la relation de Hugoniot qui permet de faire l’étude de la varia- Pour cette valeur, on a simultanément :
tion de la vitesse en fonction de la section droite de la veine et de
dΩ dΩ
la situation au col de cet écoulement où d Ω = 0. Deux cas sont à --------- = 0 et --------- = 0
considérer. ds dp
■ Variation nulle de la vitesse au col : d v = 0 Ce taux de détente δ 0i , appelé également taux de détente critique,
se calcule à partir de la relation de Barré de Saint-Venant (31) dans
Si dans le convergent où d Ω < 0, la vitesse augmente (d v > 0), la laquelle, la vitesse v est à remplacer par la vitesse du son au col
relation de Hugoniot indique que le nombre de Mach doit être infé- v i = v si . On obtient :
rieur à l’unité : la vitesse est subsonique. Dans le divergent, la vitesse
diminue (d v < 0 puisque sa dérivée en fonction de s s’annule au col) 2 2 r T0 a
v si = --------------- ( 1 – δ 0 i ) = γ r T i
et on a encore Ma < 1 : l’écoulement est subsonique. Alors, l’écoule- a
ment est subsonique dans toute la veine . Sur les courbes T 2 a
ΩṀ = f ( δ 0 ) et v ( δ 0 ) , les points évoluent selon les chemins a soit : ------i- = ------------- ( 1 – δ 0 i )
T0 γ–1
(figure 12).
Si, dans le convergent, la vitesse diminue, il faut que Ma > 1 : En utilisant la relation de Poisson (29), cette équation devient :
c’est l’écoulement supersonique. Dans le divergent, la vitesse aug- γ
mente et on doit encore avoir Ma > 1, soit un écoulement superso- ------------
γ–1
2
nique. Dans ce cas, l’écoulement est supersonique dans toute la δ0 i = ------------- (55)
veine d’écoulement. Sur les courbes ΩṀ = f ( δ 0 ) et v ( δ 0 ) , les γ+1
points évoluent selon les chemins b (figure 12). Ce taux de détente ne dépend que de la nature du fluide : (0)
■ Croissance de la vitesse au col : d v ≠ 0
Pour avoir d v ≠ 0 au col d’une veine d’écoulement (d Ω = 0), le
nombre de Mach doit être égal à l’unité. L’écoulement est alors fluide γ δ0i
sonique au col et, si dans le convergent la vitesse augmente, le – air ou gaz diatomiques .............. 1,405 0,53
nombre de Mach est inférieur à 1 et l’écoulement est subsonique ; – vapeur d’eau sèche ou CO2 ....... 1,32 0,542
dans le divergent, la vitesse continue à augmenter puisque d v ≠ 0 – vapeur d’eau saturée ................. 1,135 0,577
au col, ce qui entraîne Ma > 1 et indique que l’écoulement est super-
sonique. Les points caractéristiques de l’évolution de l’écoulement
suivent les courbes ΩṀ = f ( δ 0 ) et v ( δ 0 ) dans leur intégralité et
dans un sens ou dans l’autre (chemin c).
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γ–1
2 2 2 2 2
v si = ---- r T 0 1 – ------------- = ---- r T 0 1 – -------------
a γ+1 a γ+1
On obtient alors :
2γ
v i = v si = ------------- r T 0 (56)
γ+1
et en introduisant la vitesse du son dans l’état générateur v s 0 :
Figure 13 – Évolution théorique du débit en fonction de la pression
2 pour une section donnée
v si = v s 0 ------------- (57)
γ+1
La vitesse au col d’un écoulement, donnée par les équations
(53), (56) et (57) est encore appelée vitesse du son critique. On la
note par v*s = v si .
3. Écoulement adiabatique
d’un gaz parfait
2.2.4 Température du fluide en conduite cylindrique
en écoulement sonique
Cet écoulement adiabatique qui ne respecte pas l’évolution de la
La température du fluide au col d’un écoulement isentropique en section Ω d’un écoulement isentropique, est essentiellement irré-
régime sonique s’obtient à partir de la relation de Poisson (29) : versible. Il est extrêmement fréquent en pratique et est appelé écou-
T lement de Fanno.
a
------i- = ( δ 0 i )
T0
T 2 3.1 Équations de l’écoulement de Fanno
soit : ------i- = ------------- (58)
T0 γ+1
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p ρT v1 T
------- = ------------- = ------- ------- (69)
p1 ρ1 T 1 v T1
v2 – v2
------------------1- = h 1 – h = c p ( T 1 – T )
2
2 cp 1⁄2
v
soit : - ( T1 – T )
------- = 1 + ----------
2
(70)
v1 v 1 Figure 14 – Évolution du fluide en écoulement de Fanno
pour une température génératrice donnée
ou encore, en notant que :
ṁ
v 1 = ------
ρ1 3.3 Nature de l’écoulement
1⁄2
v 2 cp 2
------- = 1 + ---------- ρ 1 ( T 1 – T ) (71) L’équation différentielle de l’entropie s’écrit :
v1 ṁ
2
dT dρ
d s = c V --------- – r --------- (74)
En combinant les équations (68), (69), (71) et la relation de Mayer T ρ
pour les gaz parfaits, on obtient :
ce qui, compte tenu de l’équation de continuité (63), de l’équation
T r 2 cp 2 de Zeuner (65) et de l’équation d’état (66), devient :
2
- ρ1 ( T1 – T )
s – s 1 = c V In ------- + ---- In 1 + ---------- (72)
T1 2
------T – ---------
- d T
ṁ cV r cp
ds = 2
(75)
C’est l’équation de la courbe s (T ) à conditions amont données v
T 1 et p 1 (ou T 1 et ρ 1) pour une valeur ṁ de la vitesse massique. En exprimant c p et c V en fonction de r et de γ par application de
La figure 14 représente de telles courbes caractérisant l’évolution la relation de Mayer :
du fluide en écoulement de Fanno pour diverses valeurs de la densité
de flux massique et une température génératrice T 0 = T 01 donnée. c V = r / (γ – 1) et c p = r γ / (γ – 1) (76)
Outre cette température génératrice, constante pour tout l’écoule-
ment (§ 2.1.2), ont été portées, sur cette figure, l’enthalpie généra- l’équation (75) s’écrit :
trice de tout l’écoulement h 01 = h 0 et la pression génératrice p 01 du
rγ
dT
point 1. On rappelle (§ 2.1.2) que, l’écoulement étant irréversible, les r 1
d s = ------------- ---- – ------2-
pressions génératrices des divers points de l’écoulement évoluent γ–1 T v
avec le point considéré.
L’introduction de la vitesse du son, donnée par (26), permet de
La famille de courbes de la figure 14 peut être tracée à partir des
remplacer la constante du gaz r par l’expression :
considérations suivantes. La température génératrice étant fixée, il
existe un lien entre la température et la pression de référence 1 2
pour chaque valeur de la vitesse massique ṁ . Cette relation vs
r = --------
-
s’obtient en combinant les équations de Zeuner (34), l’équation γT
d’état (11) et l’équation de conservation de la masse (62) :
Alors, la pente de la courbe d’évolution de l’écoulement de Fanno,
2 2 représentée dans le diagramme (T, s ), s’écrit :
r ṁ 2
T 0 = T 1 + ----------- -------2- T 1
2 cp p dT
2
T γ (γ – 1) 4
1 --------- = – ------2- ---------------------- Ma (77)
ds v 1 – Ma 2
2 2
cp p1 r 2 ṁ
soit T 1 = ------
- -------- 1 + 2 ------ -------- T 0 – 1 (73)
r 2 ṁ 2 cp p 2
1
dT
Ainsi, pour Ma = 1, on a --------- = ∞ , ce qui correspond à une
ds
C’est cette température qui doit être introduite dans la relation (72), tangente verticale aux courbes de la figure 14 :
en prenant soin, pour tout changement de ṁ , de prendre une
dT
nouvelle valeur de s 1 correspondant, à la pression de référence p 1 — si --------- < 0 ⇒ Ma < 1 , l’écoulement est subsonique ;
(dont la valeur, au départ du tracé n’a aucune importance, mais qui ds
sera ensuite conservée constante pour l’ensemble du tracé) et à la dT
nouvelle température T 1 . — si -------- > 0 ⇒ Ma > 1 , l’écoulement est supersonique.
ds
Notons enfin que, selon la relation (73), à T 1 constante, si p 1 aug-
mente, ṁ doit augmenter. Ainsi, les courbes à forte valeur de ṁ
sont situées dans la partie gauche du diagramme.
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2 2
ṁ ṁ
4. Écoulement réversible ou : p + --------- = p 1 + ---------
ρ ρ1
(87)
2 2
------
p
p p ṁ r T 1 ṁ r T
fréquent en pratique. - – ------- 1 + -------------------- - = 0
+ -----------------
p1 2 2
1 p 1 p 1
ou : δ q = dh + v d v (85)
— équation d’état du fluide (11) et (12) : 4.3 Nature de l’écoulement
dh = cp dT
La combinaison de l’équation de l’énergie (85), de l’équation d’état
(66) et de la relation entre l’échange thermique et la variation
dp d ρ dT
-------- – -------- = -------- d’entropie en transformation réversible :
p ρ T
δq = T ds (90)
permet d’écrire :
4.2 Évolution du fluide T ds = cp dT + v dv (91)
en diagramme entropique En combinant cette relation avec l’équation suivante, dérivée de
l’équation de continuité (63),
La variation d’entropie d’un gaz parfait idéal s’écrit : dρ
v dv = – v 2 --------
T p ρ
s – s 1 = c p In ------- – r In -------
T1 p1 dρ
on a : T d s = c p dT – v 2 -------- (92)
ρ
où la référence 1 concerne l’état du fluide dans la section 1 de
référence.
Dans cette expression, pour exprimer le rapport de pression p /p 1
en fonction de ṁ , de T 1 , de p 1 et de T, on combine les relations (83)
et (63), ce qui donne :
dρ dp
-------- – ----------- = 0
ρ ρv 2
soit, avec l’équation (62) :
2 dρ
ṁ ------- – dp = 0
ρ2
L’intégration de cette relation donne :
2
ṁ
p + --------- = Cte (86)
ρ
Figure 17 – Évolution des caractéristiques thermodynamiques
du fluide lors d’un écoulement de Rayleigh
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L’équation (74), donnant la variation d’entropie d’un gaz parfait, 5.2 Écoulement en tuyère de Laval
permet d’écrire :
dρ ds c V dT 5.2.1 Variation de la pression en fonction du débit
– -------- = -------- – ------ -------- (93)
ρ r r T
5.2.1.1 Préliminaire
En combinant les relations (92) et (93), on obtient :
Une tuyère de Laval a un profil dont la variation est conforme à
=
v2 v2 celui d’une veine d’écoulement isentropique d’un gaz parfait idéal
ds T – ------- c p – ------- c V d T (94) dont la pression varie de p 0 à une valeur pS à la sortie relativement
r rT
faible. Elle comporte un convergent, un col et un divergent. On fera
ou, en introduisant la vitesse du son v s2 = γ r T et le nombre de l’hypothèse, dans ce qui suit, que les conditions génératrices p 0 et
Mach Ma : T 0 sont constantes. Ainsi, l’équation (59) montre que la courbe :
dT T 1 – γ Ma 2 – 1/ γ
-------- = ------ -------------------------- (95) Ω δ0
ds c p 1 – Ma 2 - = f ( δ0 )
------ = ----------------------------------------- (96)
Ṁ a
ρ 0 v max 1 – δ 0
Cette équation montre que :
dT est unique (figure 19a ). À δ 0 constant, plus Ω est grand, plus Ṁ
— lorsque Ma = 1 (écoulement sonique), --------- = ∞ ; ainsi, sur la doit être élevé, ce qui donne le sens de l’augmentation du paramètre
ds
Ṁ sur la représentation de la figure 19b.
courbe de Rayleigh, le point à tangente verticale correspond à un
régime d’écoulement sonique ; Pour une certaine valeur du débit (figure 20a ), la valeur de Ω
— lorsque Ma = 1 / γ , la tangente à la courbe T (s ) est horizon- pour δ 0 = δ 0 i correspond à la valeur Ω c de la section du col géo-
tale et l’écoulement est subsonique ; il le reste dans toute la partie métrique de la tuyère de Laval (figure 20b ). Ce débit, Ṁ c , est
supérieure de la courbe de Rayleigh où Ma < 1 / γ ; appelé débit critique. Pour cette valeur du débit :
— dans la partie inférieure de la courbe de Rayleigh, Ma > 1, ∂Ω ∂Ω
l’écoulement est supersonique et la pente de la courbe est positive. --------- = --------- = 0
∂x ∂p
Dans ce type d’écoulement, si les conditions amont p 1 , T 1 et le
débit ṁ sont constants, le point représentatif de l’état du fluide peut et le taux de détente au col δ 0 c est tel que :
évoluer dans le sens s croissant ou décroissant puisque l’écoulement δ0 c = δ0 i
est réversible par définition. Lorsque l’entropie augmente, il y a
apport de chaleur et augmentation de la vitesse si l’écoulement est La vitesse de l’écoulement est alors sonique au col (§ 2.2.3).
subsonique ou diminution si l’écoulement est supersonique. Un
refroidissement entraîne une chute de la vitesse en écoulement
subsonique, une augmentation en écoulement supersonique.
5. Écoulement isentropique
d’un gaz parfait
dans une tuyère
Figure 18 – Tuyères
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siège d’un écoulement supersonique, ces ondes sont bloquées dans ṁ = Cte . On se trouve dans les conditions de l’écoulement de
la zone de transition de vitesse à l’abscisse x t qui dépend de δ 0 S . Fanno : écoulement adiabatique, irréversible à section constante.
Elles s’y accumulent en formant une onde de choc avec une brusque ● δ0 S < α
remontée de la pression et dans laquelle les particules du fluide Lorsque le taux de détente atteint la valeur α , l’onde de choc de
subissent une décélération extrêmement forte. Cette onde est compression atteint la sortie de la tuyère. L’expérience montre que
stationnaire et normale à l’écoulement. Le débit reste constant quelle si l’on continue à diminuer la pression aval, l’écoulement perd son
que soit la valeur de δ 0 S . La pression suit les courbes 2 puis 4 jusqu’à caractère stationnaire. Il peut se produire des décollements de veine
l’onde de choc et la courbe 6 à l’aval de l’onde de choc. Sur la courbe dans le divergent qui évoluent dans le temps et on observe, dans
Ω 0 (δ 0 ) (figure 22), la transition correspond au passage de H à I’ et tous les cas, des ondes de choc obliques accrochées au bord de la
non de H à I car ce dernier cas redonnerait en suivant Ω 0 (δ 0 ) un taux section de sortie et qui se réfléchissent ensuite sur les bords de la
de détente égal à δ 0 D pour Ω 0 = ΩS . En fait, l’onde de choc est un pro- veine d’écoulement aval. L’inclinaison des ondes par rapport à une
cessus irréversible et, bien que l’on puisse admettre un écoulement section droite est d’autant plus importante que δ 0 S se rapproche
isentropique à l’amont et à l’aval de la zone de transition, l’écoule- de δ 0 E .
ment n’est pas globalement isentropique. L’augmentation d’entro- ■ δ0 S < δ0 E
pie a pour résultat une modification des conditions génératrices (qui
supposent une évolution isentropique, donc réversible) vis-à-vis de À partir de δ 0 E , l’écoulement est supersonique dans tout le
l’écoulement aval. Alors, pour l’écoulement aval, la courbe de varia- divergent. Aucune onde de pression ne peut plus remonter le
tion de la section en fonction de δ 0 change. C’est une courbe courant dans le divergent et le débit reste toujours égal à sa valeur
p critique. La pression évolue selon les courbes 2 et 4 et l’écoule-
Ω′0 ( δ 0′ ) avec δ 0′ = -------- , où p ′0 correspond à la pression de l’état ment est isentropique dans toute la tuyère. À la sortie, se forment
p ′0
des ondes de détente obliques qui permettent le passage du taux
générateur de l’écoulement aval, lié à la courbe Ω 0 (δ 0 ) par la valeur de détente δ 0 E à δ 0 S et qui se réfléchissent sur la surface de dis-
de p qui est la même quelles que soient les conditions génératrices. continuité limitant le jet à la sortie de la tuyère. L’évolution des
Pour connaître la valeur de p′0 relativement à p 0 , on fait le raisonne- caractéristiques du fluide dans le diagramme T, s apparaît sur la
ment qui suit. figure 21. Le fluide passe de l’état 0 à l’état h dans la tuyère. Il évo-
lue selon une courbe oscillante autour de l’isobare p S dans le
L’enthalpie du fluide à l’amont h 0 a une valeur fixée pour les
réservoir aval.
conditions amont réelles (ou l’état générateur amont). La tempéra-
ture génératrice T 0 étant liée à l’enthalpie, on peut la considérer
comme constante. Par contre, du fait de l’irréversibilité due à l’onde
de choc, pour une pression aval p S donnée, la variation d’enthalpie
5.2.3 Expression du débit
entre l’entrée et la sortie sera plus faible que pour une évolution
réversible (figure 21). Le fluide passe par exemple de l’état 0 à l’état L’équation générale du débit d’un écoulement isentropique en
g alors qu’il serait passé de l’état 0 à l’état j en écoulement réver- fonction des caractéristiques de l’état générateur T 0 , P 0 est donnée
sible. L’application de la relation de Zeuner (18), valable quel que par l’équation (59). On applique généralement cette équation en
soit l’écoulement adiabatique montre que la vitesse obtenue dans considérant :
l’écoulement réel est plus faible que celle qui aurait été obtenue en — soit la section de sortie :
écoulement isentropique. L’équation (33) relative à l’état générateur
1/ γ a
d’un écoulement donné montre alors que : Ṁ = ρ 0 v max δ 0 S 1 – δ 0 S ΩS (97)
p′0 < p 0 — soit la section au col :
Ce résultat apparaît nettement sur la figure 21. Ainsi : 1⁄γ a
Ṁ = ρ 0 v max δ 0 c 1 – δ 0 c Ωc (98)
δ 0′ S > δ 0 S
Les courbes correspondantes sont données qualitativement sur
Ce résultat justifie la position des courbes Ω′0 et Ω 0 présentées la figure 23.
sur la figure 22. De plus, pour l’écoulement réversible à conditions Bien évidemment, le débit calculé par l’équation (97) doit être
génératrices 0’, la section au col en régime sonique ( Ω′0 ) c doit être identique à celui calculé par (98). Ces deux équations permettent
supérieure à celle que l’on a avec les conditions 0. En effet, comme d’avoir la correspondance entre δ 0 c et δ 0 S .
dans chaque cas, le taux de détente au col capable de la vitesse du Lorsque la pression p S à l’aval de la tuyère diminue à partir de
son est le même, l’application de la relation (96) donne : la valeur p 0 , le débit augmente et les taux de détente δ 0 c et δ 0 S
diminuent. Lorsque le taux de détente au col atteint la valeur
( Ω′0 ) ( Ω0 ) critique :
---------------c- ρ ′0 = --------------c- ρ 0
Ṁ Ṁ γ /(γ – 1)
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Figure 22 – Schématisation de la transition due à une onde de choc 5.3 Réalisation pratique
et rendement des tuyères
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6. Ondes de choc
Une onde de choc correspond à une zone d’écoulement de très Figure 26 – Schématisation d’une onde de choc droite
faible épaisseur, inférieure à 1 mm, qui fait la transition entre l’amont
où la vitesse est supersonique et l’aval où elle est subsonique. Dans Équations d’état du fluide (11) et (12) :
le même espace, la pression est en très forte augmentation. Ainsi,
les particules du fluide lors de leur traversée de l’onde de choc dh = c p dT
subissent une décélération extrêmement forte qui peut atteindre 109
à 1010 m/s2, soit environ un milliard de g. C’est cet impact violent, dρ dp dT
– -------- + -------- = --------
produisant un véritable choc sur les particules, qui est à l’origine ρ p T
du nom donné à cette zone de transition.
On retrouve, dans ce système d’équations :
Il existe des ondes de choc droites (ou planes) et des ondes de — l’intégralité des équations de l’écoulement de Fanno, sauf en
choc obliques. Cet article étant réservé aux écoulements mono- ce qui concerne l’équation du bilan de la quantité de mouvement (83)
dimensionnels, seules les ondes de choc droites, perpendiculaires [équation (64) pour l’écoulement de Fanno] ;
à la ligne moyenne d’écoulement du gaz sont traitées. Elles séparent — l’intégralité des équations de l’écoulement de Rayleigh, sauf
le milieu 1 ou l’écoulement est supersonique du milieu 2 où l’écoule- l’équation de l’énergie (65) [équation (85) pour l’écoulement de
ment est subsonique (figure 26). Rayleigh].
Ainsi, en considérant :
— d’une part que les équations (62), (65), (66) et (67), associées à
6.1 Équations des ondes de choc l’équation de l’entropie d’un gaz parfait, ont conduit à l’équation de
la courbe de Fanno en diagramme entropique ;
— d’autre part que les équations (62), (83), (66) et (67), associées
Pour l’écoulement à travers une onde de choc, les équations géné- à la même équation de l’entropie d’un gaz parfait, ont conduit à
rales prennent la forme suivante, en notant par 1 la face amont de l’équation de la courbe de Rayleigh en diagramme entropique ;
l’onde de choc et par 2 la face aval dont la surface Ω2 peut être
l’écoulement à travers une onde de choc doit répondre aux deux
estimée égale à celle de la face amont Ω1 .
conditions, celle de Fanno et celle de Rayleigh. La solution du
■ Conservation de la masse (2) : problème correspond donc aux points communs à ces deux courbes.
La figure 27 montre qu’il existe deux points d’intersection : l’un entre
ρ 1 v 1 = ρ 2 v 2 = ṁ les branches supersoniques des courbes de Fanno et de Rayleigh,
l’autre entre les branches subsoniques. La traversée de l’onde de
d ρ dv choc se faisant avec création d’entropie, l’évolution du fluide
ou : --------- + -------- = 0
ρ v correspond au passage de 1 à 2, soit effectivement d’un écoulement
supersonique à un écoulement subsonique (et jamais dans l’autre
■ Bilan de la quantité de mouvement (6) :
sens).
dp
v d v + -------- = 0
ρ
En effet, le travail des forces de frottement – f d x peut être 6.2 Relations entre les paramètres
négligé, compte tenu de la très faible épaisseur de l’onde de choc du fluide de part et d’autre
(∆x ≈ 0). de l’onde de choc
■ Bilan de l’énergie (9) qui, en raison de l’adiabaticité du transfert,
s’écrit :
dh + v dv = 0 La combinaison des équations de base des ondes de choc permet
de trouver des relations entre les pressions, les températures et les
vitesses de part et d’autre de l’onde de choc.
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p T Ma T
------2- ------1- = -----------1- ------1-
p1 T2 Ma 2 T 2
p Ma 1 T 2
soit : ------2- = ------------ ------- (107)
p1 Ma 2 T 1
Figure 27 – Transition à travers une onde de choc de 1 à 2 La combinaison des équations (105), (106) et (107) permet de
trouver une relation entre les nombres de Mach à l’amont et à l’aval
de l’onde de choc :
6.2.1 Expressions des paramètres en fonction γ–1 2
Ma 1 1 + ------------ - Ma 1
des nombres de Mach amont et aval 2
1 + γ Ma 2
de l’onde de choc --------------------------21- = ------------- -------------------------------------
-
1 + γ Ma 2 Ma 2 γ–1 2
1 + ------------- Ma 2
2
L’équation du bilan de la quantité de mouvement (83) peut être
remplacée par une équation intégrale dans laquelle les forces La résolution de cette équation se fait en élevant les deux membres
d’interaction avec l’élément de fluide considéré ne sont pas expli- au carré, puis en notant qu’elle est symétrique en Ma 1 et Ma 2 .
citées, mais simplement représentées par leur résultante R : 2 2
Ma 1 = Ma 2 est donc la première solution de cette équation du
deuxième degré, la seconde solution est :
R = ρ 2
2
v 2 d Ω2 n2 + ρ 1
2
v1 d Ω1 n1 (102)
2
2
Ma 1 + [ 2 / ( γ – 1 ) ]
Ma 2 = -------------------------------------------------------
2
(108)
Or, du fait de la faible épaisseur de l’onde de choc et de l’hypothèse [ 2 γ Ma 1 / ( γ – 1 ) ] – 1
d’écoulement monodimensionnel, on a :
Cette relation entre Ma 2 et Ma 1 est représentée sur la figure 28.
ρ 2
v dΩ = ρv Ω
2
------------
2γ γ–1
------------
γ + 1 ( γ + 1 ) Ma
γ–1
T 2 2
------2- = - Ma – ------------- - + -------------------------------- (109)
Or, compte tenu de l’équation d’état, on peut noter que : T1 γ+1 1 γ+1 2
1
2
p+ ρv
2 v
= p 1 + -------
rT p
p1 γ+1
2γ 2 γ–1
------2- = ------------- Ma 1 – -------------
γ+1
(110)
ou, en introduisant la vitesse sonique :
2
p + ρ v 2 = p (1 + γ Ma 2)
ρ p1 T2 2 + ( γ – 1 ) Ma 1
(104) ------1 = -------------
- = ----------------------------------------
- (111)
ρ2 p2 T1 ( γ + 1 ) Ma 1
2
Ainsi, l’équation (103) s’écrit :
2
p 1 + γ Ma 1
------2- = --------------------------
2
- (105) 6.2.4 Relation de Rankine-Hugoniot
p1 1 + γ Ma 2
pour les ondes de choc droites
De même, l’équation de l’énergie, compte tenu des équations
d’état, devient : La relation de Rankine-Hugoniot lie les pressions amont et aval
aux masses volumiques amont et aval. Elle s’obtient en éliminant
2 2 le nombre de Mach Ma 1 entre les relations (110) et (111) :
γ–1
= c T 1 + -----------
v1 v1 2
c p T 1 + ------
- = c p T 1 1 + -----------------
- - Ma
2 2c p T 1 p 2 1 1 ρ ( γ + 1 ) p2 + ( γ – 1 ) p1
------2 = -------------------------------------------------------
- (112)
γ–1 ρ1 ( γ + 1 ) p1 + ( γ – 1 ) p2
2
1 + ------------- Ma 1
T 2 p ( γ + 1 ) ρ2 – ( γ – 1 ) ρ1
soit : ------2- = -------------------------------------- (106) ------2- = ------------------------------------------------------
T1 γ–1 2
ou :
p1 ( γ + 1 ) ρ1 – ( γ – 1 ) ρ2
- (113)
1 + ------------- Ma 2
2
La figure 29 permet de comparer la loi de l’évolution du choc à
celle d’une transformation isentropique.
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2 1
Ma * = ( γ + 1 ) Ma 2 ----------------------------------------2- (114)
2 + ( γ – 1 ) Ma
2
2 2 Ma *
soit aussi : Ma = -------------------------------------------------
2
- (115)
γ + 1 – ( γ – 1 ) Ma *
La relation de Prandtl-Mayer relie les vitesses amont et aval de 6.3 Application à la mesure de la vitesse
l’onde de choc à la vitesse du son critique pour l’écoulement amont en écoulement supersonique
ou pour l’écoulement aval. Par définition, la vitesse du son critique
(§ 2.2.3) est la vitesse sonique obtenue dans un écoulement isentro-
pique. Pour un fluide en écoulement à p 1 et T 1 , les conditions géné- La vitesse d’un écoulement peut être déduite de la mesure de la
ratrices sont p 01 et T 01 . Dans un écoulement isentropique à partir pression effectuée à l’aide d’un tube de Pitot. La pression mesurée
de ces conditions génératrices, la vitesse sonique est obtenue au au point d’arrêt du tube est la pression d’arrêt isentropique du milieu
col de l’écoulement lorsque le taux de détente correspond au taux où il se trouve. Dans le cas d’un écoulement supersonique, il se pro-
de détente critique : duit, à l’amont du tube, une onde de choc qui permet le passage
de la vitesse de l’écoulement infini entourant le tube de Pitot à la
2γ vitesse nulle du point d’arrêt (figure 30). La pression d’arrêt p 02
v si = v s = ------------- r T 01
* γ+1 mesurée par le tube est liée à la pression p 2 par l’équation (37) :
1⁄a
γ–1
1 + -----------
p 02 2
-------- = - Ma 2 (118)
p2 2
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γ+1 1 ( γ – 1 ) 1⁄γ
p′
a
-------
------------- Ma 1
2 p′0 pS pS
p 02 γ+1 2 2 Ṁ * = ----------
- 2 cp T0 - 1 – --------- ΩS (122)
--------- = ------------- Ma 1 ----------------------------------------------- r T0 p′0
p1 2 2γ 2 γ–1 0
------------- Ma 1 – -------------
γ+1 γ+1 La détermination des caractéristiques de l’écoulement à l’amont
1 et à l’aval 2 de l’onde de choc et la position de celle-ci, à partir
Cette équation est une équation implicite en Ma 1 dont la solution des conditions amont, p 0 , T 0 , de l’écoulement, des sections au col
permet, à partir des mesures de p 1 et de p 02 , de connaître la vitesse Ωc et à la sortie ΩS , de la pression de sortie p S et de la nature du
de l’écoulement. gaz ( γ et c p ), peut être faite en suivant l’organigramme de la
figure 32. Dans cet organigramme, ε est une constante de faible
valeur, choisie a priori.
6.4 Application à la détermination
de la position de l’onde de choc
dans le divergent d’une tuyère de Laval 6.5 Estimation de l’épaisseur
d’une onde de choc
La position de l’onde de choc, ainsi que les valeurs des vitesses,
températures et pressions de part et d’autre de l’onde de choc L’épaisseur de l’onde de choc peut être estimée à partir de l’analyse
peuvent être déterminées à partir d’un ensemble d’équations dimensionnelle et de considérations simplificatrices. Ainsi, si dans
données ci-dessus et d’autres qui découlent directement des théories l’équation (4) de la quantité de mouvement, on admet que toutes
des écoulements en tuyère. Ainsi, le débit étant critique, on peut les forces sont du même ordre de grandeur, en particulier, les forces
l’exprimer de diverses manières : d’inertie et celles de viscosité, on peut écrire :
— régime critique au col
- µ ---------
dv d dv
1 ⁄ (γ – 1)
ρ v --------- ≈ -------- (123)
dx dx dx
Ṁ * = ρ 0 2 c p T 0
γ–1
-------------
γ+1 2
-------------
γ+1 Ωc (119)
Or, en première approximation (figure 33) :
— utilisation des conditions amont 1 et aval 2 de l’onde de choc v –v
dv
---------
dx
≈ ------------------
1
δ
2
-
1⁄γ
p
a
-------
p1 p1
Ṁ = ρ 0 2 c p T 0 - 1 – -------- Ω oc
0 p0 où δ est l’épaisseur de l’onde de choc. Ainsi :
(120)
1⁄γ v –v
p′
a
-------
p2 p2 dv
= ρ ′0 2 cp T0 - 1 – --------- Ω oc ρ v --------- ≈ ρ 0 v 0 ------------------
1 2
- (124)
p′0 dx δ
0
où ρ 0 et v 0 sont des valeurs moyennes à l’intérieur de l’onde de choc.
où Ωoc est l’aire de la section de la tuyère où se produit l’onde de
Par ailleurs, on a :
choc (figure 31), p′0 et ρ ′0 = p ′0 r T 0 , les conditions génératrices
d dv v1 – v2
de l’écoulement à l’aval de l’onde de choc. De cette équation, on --------- µ --------- ≈ µ 0 ------------------
2
- (125)
déduit une relation entre les pressions amont et aval de l’onde de dx dx δ
choc :
La combinaison de (123), (124) et de (125) permet d’écrire :
1⁄γ 1⁄γ
a a
p2 p2 p0 p1 p1 µ
--------
p′0
1 – --------
p′0
= -------- -------
p′0 p 0
1 – -------
p0
(121) δ ≈ -------------
ρ v
0
- (126)
0 0
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