Presse Med.

2019; 48: 4–18

DIAB ETOLOGIE en ligne sur / on line on

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Revue de la littérature

L'impact de la thérapeutique parodontale sur

l'équilibre de diabète : revue systématique

Latifa Benrachadi 1, Zainabou Mohamed Saleh 2, Amal Bouziane 1,3

Disponible sur internet le : 1. Université Mohammed V, faculté de médecine dentaire, département de

18 janvier 2019 parodontologie, Rabat, Maroc
2. Faculté de médecine dentaire de Rabat, Rabat, Maroc
3. Université Mohammed V, faculté de médecine et de pharmacie, laboratoire de
biostatistique de recherche clinique et d'épidémiologie, Rabat, Maroc

Correspondance :
Latifa Benrachadi, Faculté de médecine dentaire de Rabat, département de
parodontologie, les instituts Rabat, 6212 Rabat, Maroc.
l.benrachadi@um5s.net.ma

Résumé
Objectif > La relation bidirectionnelle entre le diabète et la maladie parodontale est confirmée ; le
diabète étant un facteur de risque de la maladie parodontale et cette dernière est une compli-
cation du diabète. L'objectif de cette revue systématique était de déterminer si l'administration
d'un traitement parodontal en comparaison avec l'absence de traitement aurait un impact sur
l'équilibre du diabète chez les patients diabétiques ayant une parodontite.
Méthodologie > Une recherche de la littérature a été effectuée sur quatre bases de données
(Pubmed, Science direct, Scopus, Cochrane) pour identifier les essais cliniques randomisés, qui ont
étudié l'effet de la thérapeutique parodontale sur les dosages d'hémoglobine glyquée et de
glucose plasmatique à jeun chez les patients diabétiques diagnostiqués avec une parodontite.
L'évaluation de la qualité et le risque de biais des études incluses a été réalisée selon la grille RoB
de Cochrane.
Résultats > Quatorze études, satisfaisant les critères d'inclusion, ont été incluses dans la présente
revue systématique. Treize de ces études ont rapporté que la thérapeutique parodontale apporte
une diminution de taux d'hémoglobine glyquée, trois mois après traitement parodontal. Neuf des
études incluses avaient étudié l'effet de la thérapeutique parodontale sur les taux de glucose
plasmatique à jeun dont cinq études ont rapporté des différences statistiquement significatives de
la glycémie entre les diabétiques ayant bénéficié du traitement parodontal et les diabétiques
n'ayant pas bénéficié du traitement parodontal.
Conclusion > Les résultats de cette revue systématique ont montré que la thérapeutique paro-
dontale peut contribuer à l'équilibre de diabète chez les patients diabétiques ayant une
parodontite.
4

tome 48 > n81 > janvier 2019

https://doi.org/10.1016/j.lpm.2018.12.002
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L'impact de la thérapeutique parodontale sur l'équilibre de diabète : revue systématique
DIAB ETOLOGIE

Revue de la littérature
Summary
The impact of periodontal therapy on the diabetes control: A systematic review

Purpose > The bidirectional relationship between diabetes and periodontal disease has been
established. Diabetes is a risk factor for periodontal disease while periodontal disease is a
complication of diabetes. The objective of this systematic review is to determine whether the
administration of periodontal therapy compared to the absence of this treatment would have an
impact on the diabetes control in diabetic patients with periodontitis.
Methods > A literature search was conducted on four databases (PubMed, Science direct, Scopus,
Cochrane) to identify randomized clinical trials investigating the effect of periodontal therapy on
levels of glycated hemoglobin and fasting plasma glucose for diabetic patients diagnosed with
periodontitis. The quality assessment and the risk of bias of the included studies were carried out
according to the Cochrane RoB tool.
Results > Fourteen studies met the criteria and were included in this systematic review. Thirteen
of these studies reported that periodontal therapy reduces glycated hemoglobin levels three
months after periodontal therapy. Nine of these studies investigated the effect of periodontal
therapy on fasting plasma glucose levels, five of which reported statistically significant diffe-
rences of blood glucose levels between diabetics who received periodontal therapy and diabetics
who did not receive treatment periodontal.
Conclusion > The results of this systematic review indicate that periodontal therapy can contribute
to diabetes control in diabetic patients with periodontitis.

Introduction qui a établi la relation entre les maladies parodontales et les

Les parodontites sont des maladies inflammatoires et infectieu-
ses qui affectent les tissus de soutien des dents. Le facteur
déclenchant de ces pathologies reste le biofilm bactérien chez
un hôte permissif et en présence de facteurs de risque. Les
parodontites sont caractérisées par une inflammation gingivale,
une perte d'attache et une perte de l'os alvéolaire. L'épithélium
ulcéré le long du parodonte enflammé constitue une porte
d'entrée des bactéries, de lipopolysaccharides et d'autres
structures antigéniques qui induisent une réponse locale et
systémique. En présence de parodontite, des bactériémies tran-
sitoires peuvent se produire même lors du brossage et/ou de la
mastication, et induire une réponse de l'hôte [1]. Ces média-
teurs immuno-inflammatoires (interleukine 1b, tumor necrosis
factor a, interleukine 6) peuvent agir à distance et être à l'origine
d'infections systémiques.
Parmi les facteurs de risque de la maladie parodontale, le
diabète mal équilibré peut aggraver l'évolution et la sévérité
de la maladie parodontale. Cette dernière est reconnue comme
la sixième complication du diabète. Elle a un impact significatif
sur le statut métabolique des personnes diabétiques par l'inter-
médiaire des médiateurs de l'inflammation qui sont libérés
de manière chronique. Ceci entraîne une résistance à l'action
de l'insuline et provoque une hyperglycémie chronique ce qui
contribuerait à l'apparition des complications du diabète. Cette
influence bidirectionnelle entre ces deux pathologies est confir-
mée depuis l'apparition du concept de la médecine parodontale
maladies systémiques. Cette relation n'est pas un fait nouveau.
Elle a été introduite dans les années 90 et correspond, d'une
part, à l'influence des pathologies générales sur l'évolution et
la sévérité des parodontites et d'autre part, à l'influence des
maladies parodontales sur certaines maladies systémiques,
notamment les maladies cardiovasculaires, les maladies respi-
ratoires, les naissances prématurées et hypotrophies des nou-
veaux-nés et le diabète sucré. Dans ce cadre, les maladies
parodontales ont une influence délétère sur le diabète, et
le diabète aggrave l'évolution et la sévérité des maladies paro-
dontales [2–4].
Plusieurs études ont été publiées montrant l'existence de
cette relation bidirectionnelle entre le diabète et la maladie
parodontale [5–7]. Une glycémie mal contrôlée serait associée
au risque de développer une maladie parodontale et à une
atteinte parodontale plus sévère [8,9]. Une amélioration du
contrôle glycémique peut atténuer la maladie parodontale
[10].
D'autres études ont été menées pour chercher l'effet du trai-
tement parodontal sur l'équilibre du diabète et si un traitement
parodontal adéquat chez un patient diabétique contribuerait au
contrôle de l'équilibre glycémique et à la réduction de compli-
cations [11–13]. Les résultats de ces revues systématiques et
méta-analyses ne sont pas toujours positifs. En outre ces études
ont présenté certaines limitations comme le nombre d'études
incluses et l'évaluation du risque de biais des études incluses
dans ces travaux [12,14,15]. La contradiction entre les résultats
5

tome 48 > n81 > janvier 2019

 L. Benrachadi, Z. Mohamed Saleh, A. Bouziane
Revue de la littérature
de ces études et le manque d'une preuve irréfutable que la prise
en charge de la maladie parodontale permet d'améliorer l'équi-
libre glycémique, nous ont incité à la réalisation de la présente
revue systématique.
L'objectif de la présente revue systématique était de déterminer
si chez les patients diabétiques, le fait d'associer un traitement
parodontal au traitement antidiabétique en comparaison avec le
traitement antidiabétique seul, contribuerait à la diminution de
l'hémoglobine glyquée.
Méthodologie
Cette revue systématique a été réalisée selon les recomman-
dations Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and
Meta-Analyses (PRISMA) [16].
Stratégie de recherche
Quatre bases de données ont été systématiquement recher-
chées (PubMed, ScienceDirect, Scopus, Cochrane) à l'aide des
termes de recherche suivants : (diabet* OR « glycemic control »)
AND (« periondontal disease » OR periodontitis OR « periodontal
therapy » OR « periodontal treatment »).
Critères d'inclusion
Les études incluses étaient des essais cliniques randomisés
étudiant l'effet de la thérapeutique parodontale sur l'hémoglo-
bine glyquée et le taux de glucose plasmatique à jeun chez les
diabétiques atteints de parodontite.
Les critères suivants devaient figurer dans l'essai :
 essai clinique randomisé contrôlé ;
 population : patients diabétiques diagnostiqués avec
parodontite ;
 traitement parodontal non chirurgical avec ou sans l'utilisation
adjuvante de médicaments et d'antibiotiques systémiques. Le
traitement parodontal consiste, en plus de l'optimisation de
l'hygiène orale du patient, en des actes de détartrage et de
nettoyage dentaire afin d'éliminer les dépôts de plaque bac-
térienne et de tartre en supra- et en sous-gingival. Un complé-
ment de débridement sous-gingival peut être indiqué en cas
d'approfondissement du sillon gingivo-dentaire ;
 période de suivi d'au minimum 3 mois ;
 groupe témoin sans traitement parodontal ou traitement
parodontal différé ;
 critère de jugement : variation du taux d'hémoglobine
glyquée.
La recherche était limitée aux articles publiés en anglais et en
français sans limite de date.
Critères d'exclusion
 les essais cliniques non randomisés ;
 les études ne prenant pas comme critère d'évaluation le taux
d'hémoglobine glyquée ;
 les essais cliniques dans lesquels le groupe témoin a reçu un
traitement parodontal quelconque ou une antibiothérapie ;
 les essais dont l'un des groupes n'était pas diabétique.
6
Extraction des données
Après l'exclusion des articles non éligibles à l'étude, la perti-
nence de tous les articles a été sélectionnée à partir des titres et
des résumés. Les articles en texte intégral ont été évalués et
ceux qui ne répondaient pas aux critères d'inclusion prédéter-
minés ont été exclus.
Les données qui ont été relevées de chaque essai clinique
randomisé sont :
 les caractéristiques démographiques (moyenne d'âge, la taille
de l'échantillon, le pays où l'étude était réalisée) ;
 les caractéristiques de la parodontite ;
 les caractéristiques du diabète (type, durée, résultats initiaux
et finaux du taux d'HbA1c, de la glycémie à jeun) ;
 le type d'intervention parodontale ;
 le type de résultats (hémoglobine glyquée, glycémie à jeun) ;
 la variation du taux d'hémoglobine glyquée entre le début et
le 3e mois a été le critère de jugement principal pour l'amé-
lioration du contrôle glycémique.
La variation de la glycémie à jeun entre le résultat de base et le
résultat final après la période de suivi était le deuxième critère
de l'étude.
Les groupes tests ont reçu une thérapeutique parodontale non
chirurgicale avec ou sans adjonction d'une antibiothérapie ou
d'un bain de bouche antiseptique tandis que les groupes témoins
n'ont reçu de traitement parodontal qu'après la fin de l'étude.
Évaluation du risque de biais
Nous avons évalué le risque de biais à l'aide de l'outil d'évalua-
tion du risque de biais (RoB : risk of bias) de la Cochrane
Collaboration [17]. Cet outil vise à déterminer la validité interne
d'une étude, sa qualité méthodologique permettant une
réponse à la question posée exempte de biais. Les domaines
évalués de cet outil sont : la génération de séquences aléatoires,
la dissimulation des répartitions générées par la randomisation,
l'aveugle du patient et du personnel, l'aveugle lors de l'évalua-
tion des résultats, la présence de données incomplètes, le
rapport sélectif des résultats et les autres sources de biais.
Chaque critère était jugé en fonction de la présence ou non
du biais. L'essai clinique était jugé à risque faible, haut ou
incertain (tableau I).
Résultats
Sélection des études
La recherche prédécrite a pu récupérer 2140 articles.
Nous avons éliminé 2045 articles lors de la sélection des titres et
résumés, car ils ne répondaient pas aux critères d'inclusion ou
étaient des dupliqués.
Le texte intégral de 69 articles a été évalué en détail pour
déterminer leur admissibilité. Nous avons éliminé 55 articles,
car il s'agissait soit d'essais non randomisés ou d'essais dans
lesquels les groupes témoins étaient non diabétiques ou dans
lesquels les médications étaient modifiées dans la période de
suivi.
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L'impact de la thérapeutique parodontale sur l'équilibre de diabète : revue systématique
DIAB ETOLOGIE

Revue de la littérature
TABLEAU I
Évaluation du risque de biais selon l'outil RoB de Cochrane

Les domaines évalués La génération de séquences aléatoires expliquant la méthode de randomisation

La dissimulation des répartitions générées par la randomisation (tel que l'utilisation d'enveloppes opaques)

L'aveugle du patient et du personnel : ce critère n'a pas été attribué, car il ne peut être respecté du fait de la
nature de la thérapeutique parodontale

L'aveugle lors de l'évaluation des résultats

La présence de données incomplètes

Le rapport sélectif des résultats

Autres sources de biais

L'évaluation du critère Oui : s'il avait été respecté pour éviter le biais

Non : s'il n'avait pas été respecté

Incertain : s'il n'a pas été clairement défini

L'évaluation de l'essai clinique À risque de biais faible : si tous les critères applicables sont respectés

À risque de biais élevé : si un ou plusieurs critères ne sont pas respectés

À risque de biais incertain : si un ou plusieurs critères sont incertains

Seuls 14 articles satisfaisaient aux critères d'inclusion et étaient Dans trois des études incluses dans cette revue systémique
inclus dans la présente revue systématique (figure 1). [18,21,24] les auteurs avaient administré une antibiothérapie
avec des modalités différentes :
Caractéristiques des études  Singh et al. [18] avaient comparé la thérapeutique parodon-

Les 14 études qui ont été sélectionnées pour cette revue sys-
tématique étaient des essais cliniques randomisés publiés en
anglais (tableau II). Cinq de ces essais étaient effectués en Inde,
deux aux États-unis, deux en Chine, une en Grèce, une en
Turquie, une en Iran, une en Malaisie et une au Japon.
Les essais qui ont été inclus ont compris 732 participants dans les
groupes traités (entre 15 et 257 participants par étude) et 660 dans
les groupes témoins (entre 8 et 257 participants par étude).
La moyenne d'âge variait entre 47 et 60 ans dans le groupe
tale seule et celle associée à la doxycycline (200 mg le premier
jour puis 100 mg par jour pendant 14 jours) avec l'absence de
traitement. Ils ont remarqué une réduction supplémentaire de
0,18 % chez le groupe pour lequel ils ont utilisé l'antibiothé-
rapie. Ils ont conclu par la suite que la thérapeutique paro-
dontale améliore le contrôle métabolique, mais l'adjonction
d'antibiothérapie apporte une amélioration supplémentaire et
statistiquement significative ;
 Kumar et al. [21] ont comparé l'utilisation des antibiotiques en

traité et entre 49 et 66 ans dans le groupe témoin. plus du traitement parodontal avec l'absence de traitement et
Le taux d'hémoglobine glyquée avant traitement parodontal ont abouti à une diminution statistiquement significative de
variait entre 7,0 % et 9,9 % dans les groupes traités et entre 0,82 % de l'HbA1c 3 mois après traitement ;
6,9 % et 8,7 % dans le groupe témoin.  Bharti et al. [24] ont rajouté au traitement mécanique l'anti-

Tous les patients dans les groupes traités ont reçu une théra-
peutique parodontale non chirurgicale. Dans certaines études,
les auteurs ont administré une antibiothérapie [18–21], dans
d'autres des bains de bouche antiseptiques ont été administrés
[22,23] tandis que les patients dans le groupe témoin n'ont reçu
de traitement qu'après la fin de la période d'étude.
Effet du traitement parodontal sur l'équilibre du
diabète
Treize des études incluses dans cette revue avaient rapporté que
la thérapeutique parodontale permet de diminuer le taux
d'hémoglobine glyquée 3 mois après le traitement parodontal.
biothérapie locale (10 mg de minocycline) et ont rapporté
une réduction statistiquement non significative de 0,2 %
de l'HbA1c à 2 mois et une réduction statistiquement signi-
ficative de 0,3 % à 6 mois.
Dans deux des études incluses dans la présente revue, les
auteurs avaient administré des bains de bouche en adjuvant
au traitement mécanique [22,23]. Telgi et al. [23] avaient
comparé les résultats du traitement mécanique associé à un
bain de bouche (0,12 % de chlorhexidine) et au brossage, avec
les résultats suite à l'utilisation de bain de bouche et brossage,
et avec brossage seul. Ils ont constaté que dans le premier
groupe, l'HbA1c a diminué de 0,58 % et dans le second groupe,
7

tome 48 > n81 > janvier 2019

 L. Benrachadi, Z. Mohamed Saleh, A. Bouziane
Revue de la littérature
Figure 1
Flowchart des études incluses dans la revue systématique
il y a eu une diminution de 0,13 % tandis que dans le groupe
témoin (pas de traitement) il n'y a pas eu d'amélioration.
L'étude réalisée par Kaur et al. [20] suggère que les diabétiques
mal équilibrés sont plus susceptibles de profiter de cette dimi-
nution de l'HbA1c. Cette étude a montré que dans le groupe
traité la réduction de l'HbA1c avait atteint 1,19 % trois mois
après l'intervention chez les patients dont le diabète était mal
équilibré, tandis que dans le groupe équilibré la diminution était
de 0,1 %, de même pour la glycémie à jeun la diminution n'était
observée que dans le groupe dont le diabète était mal équilibré.
Neuf essais cliniques de la présente revue systémique avaient
étudié aussi la variation de la glycémie à jeun. Dans cinq de ces
études, les auteurs ont trouvé une différence minime, mais
statistiquement significative [20,21,23,25,26]. Dans trois de
ces études incluses dans cette revue, cette différence était
statistiquement non significative [18,27,28]. Dans l'étude
8
réalisée par Chen et al. [29] les auteurs n'ont pas trouvé de
différence dans le contrôle glycémique entre le groupe traité et
le groupe témoin, ils n'ont pas trouvé d'impact de la thérapeu-
tique parodontale sur l'équilibre du diabète.
Évaluation du risque de biais dans les études
Parmi les études incluses, cinq étaient à faible risque de biais
(Gay et al. [19], Kaur et al. [20] Engberston et al. [22], Koro-
mantzos et al. [30], Zhang et al. [25]) (tableau III). Deux études
étaient à risque de biais élevé (Kumar et al. [21], Bharti et al.
[24]). Elles présentaient un biais de sélection, car les patients qui
n'avaient pas accepté le traitement parodontal étaient assignés
au groupe témoin. Sept études étaient à risque de biais incertain
(Singh et al. [18], Telgi et al. [23], Kiran et al. [28], Moeinteghavi
et al. [27], Chen et al. [29], Kanduluru et al. [26], Raman et al.
[31]).
tome 48 > n81 > janvier 2019
tome 48 > n81 > janvier 2019

L'impact de la thérapeutique parodontale sur l'équilibre de diabète : revue systématique

TABLEAU II
Caractéristiques des études

Auteur et année Pays Taille de Moyenne d'âge Caractéristiques du diabète Caractéristiques de la maladie parodontale
de publication l'échantillon
Kiran et al., 2005 [28] Turquie Gt : 22 Gt : 56  11 Diabète type 2 Pas de traitement parodontal depuis 3 mois

Gc : 22 Gc : 53  12 Ancienneté du diabète (ans) : Gt : 9  8 ; Gc : 8  5

HbA1c (%) : Gt : 7,31  0,74 ; Gc : 7,00  0,72
Glycémie (g/L) : Gt : 1,32  0,3 ; Gc : 1,39  0,35
Singh et al., 2008 [18] Inde Gt1 : 15 Diabète type 2 Plus de 16 dents naturelles restantes

Gt2 : 15 HbA1c (%) : Gt1 : 7,9  0,7 ; Gt2 : 8,3  0,7 ; Gc : 8,08 Pas d'ATB depuis 3 mois
 0,7
Gc : 15 Glycémie (g/L) : Gt1 : 1,51  0,1 ; Gt2 : 1,64  0,1 ; Gc : Parodontite modérée à sévère
1,83  0,1
Koromantzos et al., 2011 Grèce Gt : 30 Gt : 59  7 Diabète type 2 Plus de 16 dents naturelles présentes
[30]
Gc : 30 Gc : 59  9 Ancienneté du diabète (ans) : Gt : 7,76  4 ; Gc : 7,84 Plus de 8 sites avec PP plus de 6 mm
6
HbA1C (%) : Gt : 7,87  0,74 ; Gc : 7,59  0,66 Plus de 4 sites avec PA plus de 5 mm dans plus
de 2 différents quadrants

Moeintaghavi et al., 2012 Iran Gt : 20 50  3 Diabète type 2 Parodontite légère à modérée

[27]
Gc : 20 HbA1C sup à 7 Pas de traitement parodontal depuis 6 mois ni
antibiothérapie

Médicaments hypoglycémiants administrés par voie orale

HbA1C : (%) : Gt : 8,15  1,12 ; Gc : 8,72  2,22
Glycémie (g/L) : Gt : 1,7  0,52 ; Gc : 1,6  0,37
Chen et al., 2012 [29] Chine Gt1 : 45 Gt1 : 60  9 Diabète type 2 Parodontite chronique avec PA + de 1 mm

Gt2 : 45 Gt2 : 58  11 Ancienneté du diabète (ans) : Gt1 : 8,69  5,25 ; Gt2 : Plus de 16 dents naturelles présentes
6,83  4,31 ; Gc : 9,56  6,02
Gc : 45 Gc : 63  8 HbA1C (%) : Gt1 : 7,31  1,23 ; Gt2 : 7,29  1,55 ; Gc : Pas de traitement parodontal depuis 1 an
7,25  1,49

DIAB ETOLOGIE
Glycémie (g/L) : Gt1 : 1,39  0,31 ; Gt2 : 1,39  0,37 ;
Gc : 1,44  0,44

9 Revue de la littérature
 10 Revue de la littérature

L. Benrachadi, Z. Mohamed Saleh, A. Bouziane

TABLEAU II (Suite).

Auteur et année Pays Taille de Moyenne d'âge Caractéristiques du diabète Caractéristiques de la maladie parodontale
de publication l'échantillon
Engberston et al., 2013 États-Unis Gt : 257 Gt : 57 W 10 Diabète type 2 Au moins 16 dents naturelles présentes
[22]
Gc : 257 Gc : 58 W 10 Ancienneté du diabète (ans) : Gt : 12,3 W 8,2 ; Gc : PP plus de 5 mm dans 2 quadrants ou plus
11,3 W 8,4
HbA1C : Gt : 7,84 W 0,65 ; Gc : 7,78 W 0,60 Pas de traitement parodontal depuis 6 mois

Telgi et al., 2013 [23] Inde Gt1 : 20 Diabète type 2 La présence d'au moins 28 dents

Gt2 : 20 Utilisation d'agents hypoglycémiants par voie orale PP : 4–5 mm

Gc : 20 HbA1C (%) : Gt1 : 7,68 W 0,6 ; Gt2 : 7,56 W 0,5 ; Gc : Pas de tt paro ni d'ATB depuis 6 mois
7,4 W 0,5 ;
Glycémie (g/L) : Gt1 : 2,10 W 0,4 ; Gt2 : 2,05 W 0,3 ; Gc :
2,10 W 0,41
Zhang et al., 2013 [25] Chine Gt : 50 Gt : 60 W 10 Diabète type 2 Plus de 16 dents naturelles présentes

Gc : 50 Gc : 63 W 11 HbA1C au moins de 5,5 Au moins 4 dents avec PP plus de 5 mm et PA

plus de 4 mm distribués dans deux quadrants ou
plus

Ancienneté du diabète (ans) : Gt : 8,6 W 4,2 ; Gc : Pas de traitement parodontal depuis 1 an

7,2 W 5,6
HbA1C (%) : Gt : 7,68 W 1,22 ; Gc : 7,38 W 1,30
Glycémie (g/L) : Gt : 1,38 W 0,16 ; Gc : 1,36 W 0,2 ?
Bharti et al., 2013 [24] Japon Gt : 21 Gt : 60 W 11 Diabète type 2 Plus de 10 dents naturelles restantes

Gc : 8 Gc : 66 W 8 HbA1C (%) : Gt : 7,1 W 0,8 ; Gc : 6,9 W 0,6 Au moins 2 sites avec PS supérieur à 4 mm

Pas de traitement parodontal depuis 6 mois

Parodontite légère à modérée

Kanduluru et al., 2014 Inde Gt : 35 Gt : 47 W 5 Diabète type 2

[26]
Gc : 35 Gc : 49 W 4 Ancienneté du diabète (ans) : Gt : 1–15 ; Gc : 1–15 Parodontite modérée généralisée

HbA1C (%) : Gt : 8,49 W 1,50 ; Gc : 8,04 W 0,70

tome 48 > n81 > janvier 2019

Glycémie (g/L) : Gt : 1,31 W 21,48 ; Gc : 1,27 W 19,89

Raman et al., 2014 [31] Malaisie Gt : 15 Gt : 58 W 10 Diabète type 2 depuis plus de 1 an Parodontite chronique modérée à sévère

Gc : 15 Gc : 55 W 6 HbA1C (%) : Gt : 7,8 W 1,5 ; Gc : 7,6 W 1,5 Plus de 12 dents naturelles présentes

Pas de traitement parodontal depuis plus de

6 mois
 TABLEAU II (Suite).
tome 48 > n81 > janvier 2019

L'impact de la thérapeutique parodontale sur l'équilibre de diabète : revue systématique

Auteur et année Pays Taille de Moyenne d'âge Caractéristiques du diabète Caractéristiques de la maladie parodontale
de publication l'échantillon
Gay et al., 2014 [19] États-Unis Gt : 77 Gt : 51 W 9 Diabète type 2 Parodontite chronique sévère localisée ou
généralisée

Gc : 77 Gc : 54 W 10 HbA1C (%) : Gt : 9,0 W 2,3 ; Gc : 8,4 W 2,0

Kaur et al., 2015 [20] Inde Gt : 50 Gt : 52 W 6 Diabète type 2 Plus de 12 dents naturelles présentes

Gc : 50 Gc : 53 W 6 HbA1c (%) : Gt : 8,17 W 2,49 ; Gc : 7,87 W 2,56 Plus de 2 sites atteints sur au moins 2 dents
différentes
1
Glycémie (g/L) : Gt : 1,37 W 0,59 ; Gc : 1,20 W 0,41 PP sup à 5 mm
1
Kumar et al., 2015 [21] Inde Gt : 15 Diabète type 2 PA de 4 à 6 mm

Gc : 15 HbA1C (%) : Gt : 8,13 W 0,67 ; Gc : 8,09 W 0,76 Parodontite chronique généralisée

Glycémie (g/L) : Gt : 1,53 W 0,13 ; Gc : 1,57 W 0,17 Pas de traitement parodontal 6 mois avant
l'intervention
Auteur et année de Pays Intervention Durée de Critères de Résultats après 3 mois
publication l'étude jugement
Kiran et al., 2005 [28] Turquie Gt : thérapeutique parodontale non chirurgicale 3 mois HbA1C HbA1C (%) : Gt : 6,51  0,80 ; Gc : 7,31  2,08
+ motivation a l'hygiène bucco-dentaire
Gc : motivation a l'hygiène bucco-dentaire Glycémie R = 0,86 %

Glycémie (g/L) : Gt : 1,28  0,29 ; Gc : 1,40

 0,4

Singh et al., 2008 [18] Inde Gt1 : thérapeutique parodontale non chirurgicale 3 mois HbA1C HbA1C (%) : Gt1 : 7,3  0,6 ; Gt2 : 7,5  0,6 ;
Gc : 8,1  0,74

Gt2 : thérapeutique parodontale non chirurgicale Glycémie R : Gt1 : 0,6 %1, ; Gt2 : 0,7 %1
+ doxycycline (100 mg/j pendant 14 jours)
Gc : pas de traitement Glycémie (g/L) : Gt1 : 1,47  0,14 ; Gt2 : 1,60
 0,11 ; Gc : 1,85  0,12

R : G1 : 0,03 g/L ; G2 : 0,04 g/L

Koromantzos et al., 2011 Grèce Gt : thérapeutique parodontale non chirurgicale 6 mois HbA1C HbA1C (%) : Gt : 7,14 W 0,54 ; Gc :
[30] + motivation a l'hygiène bucco-dentaire 7,41 W 0,54 ;

Gc : motivation a l'hygiène bucco-dentaire R : 0,73 %1

Moeintaghavi et al., 2012 Iran Gt : thérapeutique parodontale non chirurgicale 3 mois HbA1C HbA1C (%) : Gt : 7,41  1,18 ; Gc : 8,97  1,82
[27] + motivation a l'hygiène bucco-dentaire

DIAB ETOLOGIE
Gc : motivation a l'hygiène bucco-dentaire Glycémie R = 0,74 %1

Glycémie (g/L) : Gt : 1,53  0,44 ; Gc : 1,70

 0,40

11 Revue de la littérature
 12 Revue de la littérature

L. Benrachadi, Z. Mohamed Saleh, A. Bouziane

TABLEAU II (Suite).

Auteur et année de Pays Intervention Durée de Critères de Résultats après 3 mois

publication l'étude jugement
Chen et al., 2012 [29] Chine Gt1 : thérapeutique parodontale non chirurgicale + un 6 mois HbA1C HbA1C (%) : Gt1 : 7,30 W 1,5 ; Gt2 :
détartrage après 3 mois 7,43 W 1,5 ; Gc : 7,59 W 1,54

Gt2 : thérapeutique parodontale non chirurgicale + un Glycémie R : Gt1 : 0,01 % ; Gt2 :S0,14 %
nettoyage prophylactique après 3 mois
Gc : pas de traitement Glycémie (g/L) : Gt1 : 1,25  0,32 ; Gt2 : 0,81
 0,31 ; Gc : 1,48  0,5

Engberston et al., 2013 États-Unis Gt : thérapeutique parodontale non chirurgicale 6 mois HbA1C HbA1C (%) : R (M et IC 95 %) ; Gt : 0,14 (0,02–
[22] + motivation a l'hygiène bucco-dentaire + gluconate de 0,27) ; Gc : 0,11 (S0,02 à 0,24)
chlorexidine + dentifrice + fil dentaire
Gc : motivation a l'hygiène bucco-dentaire
Telgi et al., 2013 [23] Inde Gt1 : thérapeutique parodontale non chirurgicale + bain de 3 mois HbA1C HbA1C (%) : Gt1 : 7,10  0,6 ; Gt2 : 7,31
bouche + brosse à dents  0,5 ; Gc : 7,75  0,58

Gt2 : bain de bouche Glycémie R : Gt1 : S0,58 %1, ; Gt2 : S0,25 %1

Gc : brossage seulement Glycémie (g/L) : Gt1 : 1,81  0,4 ; Gt2 : 1,92

 0,3 ; Gc : 2,10  0,4

R : Gt1 : 0,021, ; Gt2 : 0,011

Zhang et al., 2013 [25] Chine Gt : thérapeutique parodontale non chirurgicale 6 mois HbA1C HbA1C (%) : Gt : 7,54  1,13 ; Gc : 7,41  1,52

Gc : pas de traitement Glycémie R : 0,13 %1

Glycémie (g/L) : Gt : 1,35  0,04

Bharti et al., 2013 [24] Japon Gt : thérapeutique parodontale non chirurgicale 6 mois HbA1C HbA1C (%) résultat à 2 mois : Gt : 6,9  0,7 ;
+ motivation a l'hygiène bucco-dentaire + 10 mg de Gc : –
minocycline locale chaque semaine
Après 2 mois : thérapeutique parodontale non R : 0,2 %
chirurgicale + motivation a l'hygiène bucco-dentaire
Gc : motivation a l'hygiène bucco-dentaire
Kanduluru et al., 2014 Inde Gt : thérapeutique parodontale non chirurgicale 3 mois HbA1C HbA1C (%) : Gt : 8,47  0,89 ; Gc : 8,27  0,63
[26] + motivation a l'hygiène bucco-dentaire
Gc : motivation a l'hygiène bucco-dentaire Glycémie R = 0,02 %
tome 48 > n81 > janvier 2019

Glycémie (g/L) : Gt : 1,22  0,17 ; Gc : 1,36

 0,15

Raman et al., 2014 [31] Malaisie Gt : thérapeutique parodontale non chirurgicale 3 mois HbA1C HbA1C (%) : Gt : 7,1  1,2 ; Gc : 7,1  1,2

Gc : motivation a l'hygiène bucco-dentaire R = 0,7 %1

tome 48 > n81 > janvier 2019

L'impact de la thérapeutique parodontale sur l'équilibre de diabète : revue systématique

TABLEAU II (Suite).

Auteur et année de Pays Intervention Durée de Critères de Résultats après 3 mois

publication l'étude jugement
Gay et al., [19] États-Unis Gt : thérapeutique parodontale non chirurgicale 4 mois HbA1C Résultat à 4 mois : HbA1C (%) : Gt : 8,4  1,9 ;
+ motivation a l'hygiène bucco-dentaire Gc : 8,1  1,8 ; R : 0,6 %

Gc : motivation a l'hygiène bucco-dentaire

Kaur et al., 2015 [20] Inde Gt : thérapeutique parodontale non chirurgicale 6 mois HbA1C HbA1C (%) : Gt : 7,49  1,83 ; Gc : 7,96
+ motivation a l'hygiène bucco-dentaire  2,65 ; R : 0,68 %

Gc : pas de traitement Glycémie Glycémie (g/L) : Gt : 1,35  0,59 ; Gc : 1,21

 0,42

Kumar et al., 2015 [21] Inde Gt : thérapeutique parodontale non chirurgicale 3 mois HbA1C HbA1C (%) : Gt : 7,31  0,60 ; Gc : 8,16
+ doxycycline  0,74 ; R : 0,82 %1

Gc : pas de traitement Glycémie Glycémie (g/L) : Gt : 1,47  0,11 ; Gc : 1,57

 0,17

Gt : groupe traité ; Gc : groupe témoin ; PP : poche parodontale ; PA : perte d'attache ; PS : profondeur de sondage ; HbA1c : hémoglobine glyquée ; R : résultat (différence de l'HbA1c au début de l'essai et 3 mois après) ; M et IC 95 % :
changements exprimés en moyenne et intervalle de confiance à 95 %.
1
Différence statistiquement significative dans le groupe traité avant le traitement et après 3 mois (p<0,05).

DIAB ETOLOGIE
13 Revue de la littérature
 L. Benrachadi, Z. Mohamed Saleh, A. Bouziane
Revue de la littérature

TABLEAU III
Évaluation du risque de biais

Étude Génération Dissimulation L'aveugle L'aveugle Données Rapport Autres Résumé :

des séquences des répartitions (patient et (évaluation incomplètes sélectif sources risque de
aléatoires personne) des résultats) des résultats de biais biais

Kiran 2005 Oui Incertain N/A Incertain Oui Oui Oui Incertain
Singh 2008 Oui Incertain N/A Oui Oui Oui Oui Incertain
Koromantzos 2011 Oui Oui N/A Oui Oui Oui Oui Faible
Moeinteghavi 2012 Incertain Incertain N/A Incertain Oui Oui Oui Incertain
Chen 2012 Incertain Incertain N/A Oui Oui Oui Oui Incertain
Zhang 2013 Oui Oui N/A Oui Oui Oui Oui Faible
Engberston 2013 Oui Oui N/A Oui Oui Oui Oui Faible
Telgi 2013 Incertain Incertain N/A Incertain Oui Oui Oui Incertain
Bharti 2013 Non Incertain N/A Incertain Oui Oui Oui Élevé
Gay 2013 Oui Oui N/A Oui Oui Oui Oui Faible
Raman 2014 Incertain Incertain N/A Incertain Oui Oui Oui Incertain
Kanduluru 2014 Incertain Incertain N/A Oui Oui Oui Oui Incertain
Kaur 2015 Oui Oui N/A Oui Oui Oui Oui Faible
Kumar 2015 Non Incertain N/A Incertain Oui Oui Oui Élevé

Oui : critère respecté ; non : critère non respecté ; N/A : non applicable.

Discussion thérapeutique parodontale sur l'équilibre du diabète. D'autres

La présente revue systématique comprenant 14 essais cliniques
randomisés est en faveur de l'hypothèse suggérant que le
traitement de la maladie parodontale a un effet bénéfique
sur le contrôle métabolique chez les patients diabétiques diag-
nostiqués avec une parodontite.
Efficacité générale
Le résultat principal de la présente revue systématique était le
changement du taux d'HbA1c 3 mois après thérapeutique
parodontale.
Treize des études incluses dans cette revue ont rapporté que la
thérapeutique parodontale apporte une diminution du taux
d'hémoglobine glyquée. Ces résultats sont en cohérence avec
ceux de plusieurs revues systématiques et méta-analyses pré-
cédentes [14,15,32–39]. Ces méta-analyses avaient indiqué que
la thérapeutique parodontale entraîne une diminution de
l'HbA1c qui varie de 0,27 % à 0,48 %, 3 mois après thérapeu-
tique parodontale. Certaines études incluses dans la présente
revue systématique ont montré un résultat supérieur (0,27 %
à 0,71 %), notamment avec la prise des antimicrobiens (anti-
biotiques [18,21], antiseptiques [22,23]) ou chez les diabétiques
avec un mauvais contrôle glycémique [20]. Par contre, l'étude
de Chen et al. [29] avait rapporté qu'il n'y a pas d'effet bénéfique
de la thérapeutique parodontale sur le contrôle glycémique
malgré la méthodologie rigoureuse de l'étude, le grand nombre
de patients inclus (126 patients) et la longue période de suivi
(6 mois). Les auteurs n'ont pas trouvé d'impact de la
14
revues systématiques et méta-analyses [12,40] avaient rap-
porté aussi l'absence d'effet sur le contrôle glycémique 3 mois
après thérapeutique parodontale. Ces résultats peuvent être
dus au petit nombre d'études incluses et à la taille de l'échan-
tillon qui peut être insuffisante pour démontrer des différences
significatives. Aussi, certaines études incluses dans ces méta-
analyses présentaient un risque de biais élevé ce qui est insuf-
fisant pour fournir des résultats fiables.
Thérapeutiques associées
Cette revue systématique a compris des études sur le traitement
parodontal mécanique et des études sur l'adjonction d'anti-
biotiques et leurs effets sur le contrôle métabolique chez
les patients diabétiques type 2. Les auteurs ont comparé la
thérapeutique parodontale seule et celle associée à une anti-
biothérapie avec l'absence de traitement parodontal [18,21,24].
Ils ont remarqué une réduction supplémentaire de 0,18 % chez
le groupe pour lequel ils ont utilisé l'antibiothérapie. Ils ont
conclu que la thérapeutique parodontale mécanique améliore le
contrôle métabolique, mais l'adjonction d'antibiothérapie
apporte une amélioration supplémentaire et statistiquement
significative. Cependant, le résultat d'une méta-analyse réalisée
par Liew et al. en 2013 [15] a montré que l'utilisation des
antibiotiques ne fournit pas de résultats positifs sur le contrôle
métabolique, mais bien le contraire, car pour les études dans
lesquelles les auteurs avaient effectué uniquement le traite-
ment mécanique, la réduction de l'HbA1c était de 0,73 % tandis

tome 48 > n81 > janvier 2019

L'impact de la thérapeutique parodontale sur l'équilibre de diabète : revue systématique
que dans les études avec antibiothérapie, la diminution était de
0,40 %. Les études incluses dans cette méta-analyse avaient de
petits échantillons. L'une de ces études était non randomisée ce
qui pourrait donner des résultats biaisés.
Cette revue systématique a aussi étudié l'effet des antiseptiques
sur le contrôle métabolique [22,23]. Engebretson et al. [22]
avaient comparé les résultats du traitement mécanique associé
à un bain de bouche (0,12 % de chlorhexidine) et brossage, avec
l'utilisation de brossage seul pour le groupe témoin. Les auteurs
ont rapporté que le traitement parodontal non chirurgical
n'apporte aucun changement significatif du taux d'HbA1c 3 mois
et 6 mois après traitement parodontal. Cependant, la qualité de
preuve de l'essai clinique d'Engebretson et al. [22] a été évalué
par Borgnakke et al. [41]. Les auteurs ont rapporté que les
résultats de cette étude ne sont pas concluants et ne permettent
pas de déterminer si un traitement parodontal non chirurgical
efficace, contribue ou pas au contrôle glycémique chez les
personnes atteintes de diabète de type 2 et de parodontite
chronique modérée à sévère. Telgi et al. [23] ont étudié 3 grou-
pes, ils ont comparé les résultats du débridement mécanique
associé à un bain de bouche (0,12 % de chlorhexidine) et
brossage, avec les résultats de l'utilisation de bain de bouche
et brossage, et avec l'utilisation de brossage seul pour le groupe
témoin. Ils ont constaté que dans le premier groupe, l'HbA1c
était diminuée de 0,58 % et dans le second groupe, il y a eu une
diminution de 0,13 %, tandis que dans le groupe témoin (pas de
traitement) il n'y a pas eu d'amélioration. Ceci pourrait être dû
au fait que le bain de bouche n'élimine pas complètement les
facteurs étiologiques responsables de la maladie parodontale
[23] et que l'efficacité du traitement antiseptique dépend
aussi de la diminution de la charge bactérienne par le traite-
ment parodontal mécanique. L'effet des antiseptiques sur
l'équilibre glycémique n'a pas été étudié par d'autres revues
systématiques.
Équilibre glycémique
Le deuxième résultat de cette revue systématique fut la varia-
tion de la glycémie à jeun entre le résultat de base et le résultat
final après la période de suivi de 3 mois. Neuf essais cliniques
avaient étudié cette variation. Dans cinq de ces études
[20,21,23,25,26], les auteurs ont trouvé une différence minime,
mais statistiquement significative entre le groupe test et le
groupe témoin. Ces résultats sont comparables à ceux d'une
méta-analyse [14] et ceux d'une autre étude [42] qui ont
rapporté les mêmes conclusions. Dans quatre de ces études
incluses dans cette revue [18,27–29], cette différence était
statistiquement non significative. Les auteurs n'avaient pas
trouvé de différence dans le contrôle glycémique entre le
groupe traité et le groupe témoin. Ces résultats sont aussi
comparables à ceux d'autres méta-analyses [12,34,35,43] où
les auteurs ont déclaré aussi l'absence d'amélioration de la
glycémie à jeun 3 mois après thérapeutique parodontale. Ceci
tome 48 > n81 > janvier 2019
DIAB ETOLOGIE
Revue de la littérature
pourrait être expliqué par le fait que la glycémie à jeun est une
valeur influencée par plusieurs facteurs tels que les aliments
consommés la veille, le stress et l'anxiété.
Il semble que le niveau de preuve est faible concernant
l'influence de l'importance du déséquilibre diabétique sur
l'amélioration des valeurs de l'HBA1c. Une étude rétrospective
[44] a conclu que les patients avec l'équilibre glycémique le plus
faible ont tendance à avoir la meilleure amélioration de leur
contrôle diabétique, mais cette amélioration est souvent non
détectée par les mesures conventionnelles. Ce facteur de l'équi-
libre diabétique n'a pas été considéré de ce fait, comme source
de biais. Cependant, il faut noter que l'étude de Kaur et al. [20]
a révélé une nette amélioration de l'HbA1c, 3 mois et 6 mois
après le traitement parodontal chez les diabétiques avec un
mauvais contrôle diabétique. Nous suggérons donc d'intégrer la
stratification du déséquilibre diabétique dans les futurs essais
cliniques.
Conséquences en clinique
Même si l'influence de la thérapeutique parodontale sur l'équi-
libre métabolique chez le diabétique reste contradictoire, la
relation bidirectionnelle entre diabète et maladie parodontale
est bien établie [2–7]. Les maladies parodontales sont des
infections fréquentes dont le traitement est courant parmi les
soins dentaires en général [3]. La Haute Autorité sanitaire (HAS)
recommande le recours aux soins bucco-dentaires dans la prise
en charge des patients diabétiques [45]. Alors qu'un examen
buccal annuel est préconisé dans le suivi du diabétique, le
nombre des patients ayant recours à cette consultation annuelle
reste voisin de 35 % [46]. En outre, la santé orale n'est pas
encore pleinement prise en compte dans le suivi médical plu-
ridisciplinaire des patients diabétiques. Le recours à ces soins
chez les diabétiques reste moins important [47,48]. Ceci peut
être expliqué par le fait que ces personnes, par manque d'infor-
mations, ne considèrent pas les soins dentaires comme une
priorité sanitaire. D'autant plus que les personnes défavorisées
et sans couverture complémentaire se trouvent dans une situ-
ation de non-recours aux soins dentaires [49].
Les patients diabétiques devraient être informés de l'influence
de la parodontite sur l'état glycémique. Valera et al. ont rapporté
un pourcentage de patients diabétiques de 49,6 % avec
des connaissances sur cette relation [50]. Un bilan parodontal
régulier doit faire partie du suivi conventionnel du patient
diabétique. Les diabétiques ayant une parodontite devraient
être fortement motivés pour suivre le plus tôt possible un
programme de traitement parodontal. Ce traitement préalable-
ment défini est d'abord non chirurgical qui peut être suffisant
à traiter la maladie parodontale. Dans certains cas, il sera suivi
par un traitement chirurgical par un lambeau qui permettra un
débridement à ciel ouvert. L'objectif des deux thérapeutiques
est l'élimination des poches parodontales et la cicatrisation de
l'épithélium ulcéré. Après stabilisation de la maladie, les visites
15
 L. Benrachadi, Z. Mohamed Saleh, A. Bouziane
Revue de la littérature
chez le parodontiste doivent être régulières pour maintenir
l'état de santé parodontale.
Cette relation bidirectionnelle devrait inciter les médecins-den-
tistes et les endocrinologues à coordonner la gestion des
patients atteints à la fois de diabète et de maladie parodontale.
En effet, si on améliore l'équilibre glycémique des patients
diabétiques en leur permettant d'accéder à des traitements
parodontaux, on prévient aussi le risque de toutes les autres
complications du diabète dont les rétinopathies, les neuropa-
thies, les néphropathies et les complications cardiovasculaires
qui peuvent être associés à la sévérité de la maladie parodon-
tale [51,52]. Cette coordination doit aussi inciter à une stratégie
de dépistage, de prévention, et de traitement précoce de la
parodontite [53]. La visite chez le médecin-dentiste doit être
systématisée, voire même, deux fois par an, même en l'absence
de signes cliniques « évidents » de parodontite. Cette dernière
est une maladie chronique qui ne s'accompagne pas toujours de
signes cliniques évocateurs. Sa prise en charge systématique
nécessite la reconnaissance de la santé bucco-dentaire comme
une composante à part entière dans la prise en charge du
diabète [50].
Concernant l'effet du traitement parodontal sur la réduction de
l'HbA1c chez les sujets atteints de diabète de type 1, les don-
nées sont insuffisantes en raison de la rareté des études réa-
lisées chez les diabétiques type 1. La plausibilité biologique liant
la thérapeutique parodontale à un contrôle glycémique amé-
lioré chez les personnes atteintes de diabète de type 1 n'est
pas clair et nécessite une exploration plus poussée [54]. Le
rapport de consensus du Workshop 2013 commun à l'European
Federation of Periodontology (EFP) et l'American Academy of
Periodontology (AAP) traitant de « maladies parodontales et
pathologies systémiques » [55] a montré une évidence limitée
de l'association entre maladie parodontale et complications
de diabète chez des adultes atteints depuis longtemps de
diabète de type 1 [56].
Force et limites
L'évaluation du risque de biais de la présente revue systéma-
tique était effectuée par la grille Cochrane, contrairement à -
plusieurs revues systématiques précédentes qui avaient évalué
le risque de biais en utilisant l'énoncé de Consolidated Standards
16
of Reporting Trials (CONSORT) [34] qui est jugé être trop sim-
pliste et mettant trop d'accent sur l'aveugle [57,58]. En outre, il
ne prend pas en compte le critère de dissimulation d'affectation
considéré être primordial par la Cochrane Collaboration pour
éviter les biais [17].
Les critères d'inclusion des études dans la présente revue systé-
matique étaient sélectifs et plus pertinents par rapport aux revues
systématiques précédentes dont certaines incluaient des essais
cliniques randomisés et non randomisés [37] ou incluaient des
essais qui ne respectaient pas le délai de suivi de 3 mois [40]. Ce
travail a pris l'HbA1c comme critère de jugement de l'équilibre
glycémique, car étant une moyenne glycémique sur trois mois,
c'est une valeur plus robuste que la glycémie à jeun.
Cependant, il existe certaines limitations à cette revue systé-
matique. Cette revue est une étude qualitative où il n'y a pas eu
d'estimation de la mesure d'effet, d'où l'intérêt de la réalisation
d'une étude quantitative par une méta-analyse. Cette dernière
n'a pas été réalisée vue l'hétérogénéité des études incluses, due
aux différences dans le protocole des études notamment en ce
qui concerne la prescription des antimicrobiens. Ceci rend diffi-
cile l'interprétation de l'effet commun. En outre, nous nous
sommes limités aux articles en français et en anglais ; et aussi
le fait que ça soit une étude limitée aux diabétiques type 2.
Conclusion
La présente revue systématique indique que le traitement
parodontal est un adjuvant pour le contrôle glycémique chez
les patients diabétiques type 2. D'autres études intervention-
nelles et multicentriques de haute qualité sont nécessaires pour
confirmer les résultats. Ces études doivent inclure le diabète
type 1 dont les informations dans la littérature ne sont pas
suffisantes. L'influence de la maladie parodontale et de sa
thérapeutique sur l'équilibre du diabète type 1 reste à élucider.
Financement
Les auteurs déclarent ne pas avoir de source de financement.
Déclaration de liens d'intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de
liens d'intérêts.
tome 48 > n81 > janvier 2019
L'impact de la thérapeutique parodontale sur l'équilibre de diabète : revue systématique
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