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Le risque opérationnel
bancaire
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A
u-delà de la vision financière tradi- nement de ces fonds propres. Les travaux
tionnelle évoquant les risques de réalisés auprès des institutions financières
marché ou le risque de crédit montrent la nécessité d’un dispositif com-
comme facteur de défaillance principal des plet visant à maîtriser cette catégorie de
banques. Les événements observés depuis risque, non pas nouvelle, mais dont les
le début des années 2000 (affaire Enron, acteurs bancaires ont pris conscience de
Worldcom, Parmalat ou les attentats de sep- leur impact sur les résultats et la pérennité.
tembre 2001) sont venus rappeler qu’une Cet article a donc pour objectif de présenter
autre source de pertes financières significa- les dimensions clés d’un système de
tives pouvait provenir du fonctionnement contrôle des risques opérationnels. Plu-
opérationnel : fraudes, détournements, sieurs études de cas permettent ici de pro-
condamnations, dysfonctionnements. La poser une première évaluation des condi-
définition officielle donnée par le comité de tions d’efficacité d’un tel dispositif. Il a
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I – LE NIVEAU DE FONDS PROPRES nis par le comité de Bâle (voir tableau 1). La
NÉCESSAIRE À LA COUVERTURE matrice ainsi obtenue contient 56 cellules et,
DES RISQUES OPÉRATIONNELS pour chaque catégorie de perte ou événe-
ment de risque, il faut estimer la distribution
Les risques opérationnels sont évalués par la
de sévérité (le montant d’une perte) et la dis-
méthode LDA (Loss Distribution
tribution de la fréquence (le nombre d’oc-
Approach). Il s’agit d’une approche actua-
currences d’une perte)1.
rielle très ancienne largement utilisée en
L’étape suivante consiste à construire la dis-
assurance, qui permet de construire la distri-
tribution des pertes agrégées dues au risque
bution de probabilité des pertes opération-
opérationnel associée à chaque cellule. Le
nelles agrégées. Les données nécessaires au
capital réglementaire associé à chaque caté-
modèle sont fournies par un historique de
gorie de risque ou cellule est calculé en
pertes regroupées selon les huit lignes d’ac-
appliquant le concept de Value-at-Risk
tivité et les sept événements de risque défi-
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1. En juin 2002, le Risk Management Group (RMG) du comité de Bâle a collecté les données de perte liées au risque
opérationnel survenues au cours de l’année 2001 dans le secteur bancaire. Cette compilation des pertes opération-
nelles est connue sous l’acronyme LDCE (Operational Risk Loss Data Collection Exercise). Cette étude fut réali-
sée à partir d’un échantillon de 89 banques de stature internationale. Les données de perte opérationnelle ont ensuite
été classées par ligne d’activité (i) et type de risque (j). Les résultats du tableau 1 portent sur un total de 47 000 évé-
nements de risque opérationnel pour un montant total de pertes subies avoisinant 7 800 millions d’euros.
96 Revue française de gestion – N° 191/2009
5 ^pi,j(n)Fn*
comité de Bâle (2006, p. 153) précise que la x.0
i,j (x)
banque doit avoir fixé un seuil de 10 000 Gi,j(x) = n=1
euros pour les données de pertes à collecter. pi,j(0) x50
Il précise également que le système de
mesure du risque opérationnel d’une banque où Fi,j est la distribution de la sévérité des
doit utiliser des données externes perti- pertes. L’astérisque indique la convolution
nentes (données publiques et/ou agrégées) dans la fonction F, où Fn* indique n-fois la
sur l’ensemble du secteur bancaire. convolution de F avec elle-même2. La dis-
tribution composée G(x) s’obtient alors par
3. Estimation de la distribution
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2. La convolution est une procédure mathématique qui permet de transformer les distributions de fréquence et de
sévérité en une troisième distribution (la distribution de la perte agrégée) en superposant les deux premières (voir
Feller, 1971, p. 143).
98 Revue française de gestion – N° 191/2009
Résilience opérationnelle
Communication interne/externe
Responsabiliser les différents
Indépendance de la fonction
Réputation de la banque
niveaux de management
3. La crise grave qui secoue actuellement la sphère financière mondiale trouve probablement en partie son origine
dans une recherche de rentabilité déconnectée du risque encouru.
100 Revue française de gestion – N° 191/2009
pas de simplement sauvegarder les impacts ORF ont en effet montré leurs limites à plu-
potentiels des facteurs de risque qui ont pu sieurs niveaux :
être identifiés, mais aussi et surtout de défi- – Anticiper et détecter au plus tôt des
nir des actions correctrices spécifiques. Ces comportements ou des situations anor-
informations seront ensuite utilisées pour males. Les indicateurs (ou « révélateurs »)
mettre en place des mécanismes de de risque mais aussi les mesures propre-
contrôle. ment dites actuellement en vigueur sont
– Contrôle. Le contrôle du risque opéra- résolument tournées vers le passé de la
tionnel ou ORC (Operational Risk Control) banque, autrement dit son historique de
est responsable de l’efficacité du modèle de risque. De fait, elles sont d’une utilité très
risque opérationnel (ORF). Cette fonction discutable à des fins de détection. Les
indépendante est au cœur du dispositif de banques doivent être en capacité de relier
risque de la banque (voir figure 3). Il s’agit différents types d’information et de
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ces audits on peut citer l’analyse de l’envi- Seule une telle analyse permet de s’assurer
ronnement pour repérer les éléments pou- que les risques sont bien identifiés et correc-
vant affecter l’activité tels que les évolu- tement reflétés dans les comptes annuels. À
tions de la réglementation, de la ces trois axes s’ajoutent une analyse du res-
démographie, de la croissance économique pect des conditions d’autorisation données
mais également évaluer les changements aux cadres de la banque et plus générale-
dans les comportements de la clientèle et de ment des règles de comportement.
l’ensemble des parties prenantes. – Les agences de notation : elles sont pour
La culture risque a été évoquée précédem- mission d’évaluer le niveau de risque d’un
ment. L’auditeur externe doit évaluer la pré- établissement grâce aux notes qu’elles leur
gnance de cette préoccupation au sein des attribuent. Fortement mise en cause au
équipes dirigeantes ainsi qu’à tous les moment de la crise des « subprimes » pour
niveaux de l’organisation. Il se fonde prin- leur vision erronée des risques, elles font
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6. Rapport COSO II
Le risque opérationnel bancaire 107
thèse sur la mesure et la surveillance des Il est donc essentiel que le rôle des ins-
risques auxquels les établissements de cré- tances de gouvernance continue de s’ac-
dits sont exposés. croître et que leur responsabilité continue
Enfin, comme pour le conseil d’administra- d’augmenter face aux instances de régula-
tion, la direction générale doit être vigilante tion. Il est nécessaire d’avoir aujourd’hui
sur les dispositifs d’incitation que celle-ci une vision élargie de la fonction contrôle,
met en place et qui sont généralement fon- bien au-delà du contrôle de gestion, comme
dés, dans les activités de trading notam- partie prenante du dispositif de gouver-
ment, sur la performance financière des nance (Bouquin, 2004). Ce modèle est donc
acteurs. susceptible de constituer une référence pour
Un tel raisonnement peut s’étendre au dis- les régulateurs dans le cadre de la définition
positif de contrôle. Tant que l’ensemble des de leurs attentes en vue d’édicter des règles
collaborateurs ne percevront pas réellement ou des directives ou lorsqu’ils procèdent à
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BIBLIOGRAPHIE
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Version”, Basel, June 2006.
Bouquin H., Le contrôle de gestion : contrôle de gestion, contrôle d’entreprise et
gouvernance, 6e édition, PUF, coll. « Gestion », 2004.
Brickley J.A., Smith C.W. et Zimmerman J.-L., “Business ethics and organisational
architecture”, Working paper n°FR 00-14, The Bradley Policy research center, 2000.
7. Interview de Nicole El Karoui, responsable du master « probabilités et finance » de l’université Paris-VI et pro-
fesseur à l’École polytechnique, Les Échos, lundi 10 mars 2008.
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