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ISBN : 978-X-XXX-XXXXX-X
EAN : 978XXXXXXXXXX
Sous la direction de Bernard Grunberg
L’Harmattan
Éditeur : Bernard Grunberg
Collaborateurs : Josiane Grunberg, Joël Hanry
Couverture
--Anse Louvet - St Lucie - 2009 - © Benoît Roux
stéphen rostain1
E
n révélant et localisant des sites oubliés, l’archéologue crée des cartes. La
mise au jour d’anciennes implantations méconnues ou oubliées aboutit à
une réécriture géographique et topographique. Ainsi, les pas de l’archéo-
logue s’inscrivent sur les cartes. Mais avant d’être un créateur de nouveaux espaces
mesurés, l’archéologue est avant tout un grand consommateur de cartes. Avant
même de poser le pied sur son terrain, il lui faut consulter tous les documents
disponibles pour circonscrire son sujet d’étude et définir sa problématique de
recherche. Il est de coutume de consulter les plus récents d’entre eux pour s’en-
quérir des dernières mises au point. Il est en effet rarement utile de se référer aux
cartes anciennes car trop imprécises et peu renseignées (figure 1). Pourtant, il
arrive des cas d’exception…
De 1762 à 1785, Joseph-Charles Dessingy, ingénieur-géographe en chef en
Guyane, effectua de longs séjours dans cette région où il dressa plus d’une ving-
taine de cartes. Si la plus connue est celle de l’île de Cayenne, il en existe une autre
remarquable du bas Approuague d’une précision exceptionnelle. En la superpo-
sant sur celle réalisée par l’Institut Géographique National (IGN) il y a 30 ans, il
est quasiment impossible de discerner quelque différence entre les deux. Outre
les habitations coloniales en aval du Saut Tourépé, cette carte est extrêmement
intéressante par l’indication précise d’établissements amérindiens, parfois avec
le nom de leur chef (figure 2). Une copie de cette carte, issue des collections de
l’Institut Géographique National, tomba entre nos mains à la fin des années 1980.
En 1990, avec mon collègue Yves Wack, nous avons alors décidé d’étudier le bas
Approuague dans le cadre du programme de recherche archéo-cartographique
“ Approuague”, financé par l’Institut de Recherche et de Développement (IRD,
ex-ORSTOM). L’un des aspects de la problématique était l’identification des ves-
tiges archéologiques, trouvés en grand nombre hors contexte archéologique par
les orpailleurs dans le lit du fleuve, à travers la recherche des sites amérindiens
désignés sur la carte de Dessingy de 1764. Le point de départ de ce travail était
ainsi l’inventaire frustrant de nombreuses pièces collectées par des orpailleurs
mais dépourvu de tout contexte archéologique2. Yves Wack et moi-même avions
déjà essayé d’analyser et d’interpréter les informations issues de ce travail d’inven-
taire, tant pour les outils lithiques3 que pour les céramiques4, mais l’absence de
donnée de terrain interdisait d’aller plus avant.
1. CNRS, Institut Français d’Études Andines.
2. Cornette, 1988a 1989 ; Rostain 1985, 1991, 1992 ; Rostain & Wack 1986, 1987, 1988.
3. Rostain & Wack 1987.
4. Rostain & Wack 1988.
51
figure 1
figure 2
52
D’autre part, la stupéfiante précision de la carte de Dessingy nous incita à vou-
loir retrouver les établissements amérindiens localisés le long de l’Approuague.
C’est ainsi que, munis de la carte IGN dans une main et de celle de Dessingy dans
l’autre, nous partîmes en pirogue explorer les berges du bas Approuague. Nous
retrouvâmes quatre des 13 implantations repérées par Dessingy. Des reconnais-
sances soigneuses y furent effectuées, ainsi que des sondages, révélant du matériel
céramique, lithique et du charbon, qui nous permirent de définir l’identité des
anciens habitants et de déterminer l’époque de leur occupation.
La carte de Dessingy
En 1763, les Jésuites, qui ont été pendant 30 ans les “maîtres” des fleuves et
des relations avec les populations amérindiennes de l’intérieur, sont expulsés de
Guyane. Parallèlement commence une période de tentative de reconnaissance et
de délimitation du territoire de Guyane française, effort qui s’éteindra avec la Ré-
volution française. Quoiqu’il en soit, l’arrivée de l’ingénieur-géographe Dessingy
coïncide avec cette nouvelle politique de cartographie. C’est toutefois la rare va-
leur de l’homme qui est à l’origine de ses excellentes cartes de l’île de Cayenne et
du bas Approuague car les autres documents de la même époque n’atteignent pas,
de loin, cette perfection. D’ailleurs, l’existence de plusieurs versions de cette carte,
en noir et blanc et en couleurs, dénote du soin apporté à sa réalisation (figure 3).
Son intérêt premier était évidemment de localiser les implantations occidentales
et c’est donc tout à son honneur d’avoir pris la peine de noter également les pré-
sences amérindiennes, contemporaines ou abandonnées.
Les habitations coloniales sont surtout présentes vers le bas Approuague, la
rivière Kourouaïe et la rivière de Kaw, au pied de la Montagne de Kaw. Les ha-
bitations les plus hautes sur l’Approuague se situent en aval du Saut Tourépé.
Dessingy a également tracé des chemins terrestres, et notamment les “chemins
royaux” qui desservaient l’Approuague et l’Oyapock depuis Cayenne. Plusieurs
indications lui ont probablement été fournies par les Amérindiens qui lui ser-
vaient de piroguiers et de guides, ou même par les habitants des villages amérin-
diens qu’il rencontrait : “cette Rivière (la Matarony) est Hab. et Nav. jusqu’à une
journée ½ d’içi (sa confluence avec la crique Manaré) Suivant les Indiens” ; “Nota.
les Indiens pretendent qu’au haut de la Crique Maripa l’on y rencontre de Belles
Savannes Sèches”5.
L’analyse des archives des XVIIe et XVIIIe siècles complétée par celles des cartes
anciennes permet de dresser un panorama général de l’occupation amérindienne
ancienne du bassin de l’Approuague (figure 4). Mais plus encore le grand intérêt
de la carte de Dessingy pour l’archéologie amérindienne est la localisation exacte
de villages, contemporains ou anciens, avec le nom des groupes qui les occu-
paient. Treize villages amérindiens sont repérés dans le bassin de l’Approuague :
Trois établissements des Indiens Kusari (Coussaris sur la carte) sont notés dans
le bas Approuague. L’un était localisé sur un affluent de la rivière Kourouaïe, la
crique Ratamina (Ratoumina). Le village, installé au “commencement de la terre
53
54
figure 3
figure 4
55
ferme”, était particulièrement bien placé, puisqu’il se trouvait au départ du “Che-
min Roial en 1 jour de Marche au dégrad de Ouanari”. Le second village était situé
un peu en retrait de la rive gauche de la Kourouaïe, le long du “Chemin Roial al-
lant à Courouaïe” depuis l’Approuague. Le troisième village, qui était abandonné,
se trouvait dans l’intérieur des terres en haut de la “Crique Coussaris”, sur la rive
droite de l’Approuague, en face de l’île Corossony. Les Kusari (Coussaris, Coussa-
nis, Kusali) furent connus dès 1674 par les pères Grillet (1716) et Béchamel sur la
rivière Kourouaïe, à laquelle ils ont donné leur nom : “la rivière des Coussaris”. Les
textes d’archives signalent ce groupe à divers endroits, tant sur le littoral que dans
l’intérieur, notamment dans le bassin de l’Oyapock. En 1729, 80 familles étaient
réparties sur la bande côtière entre l’Oyapock et le Cap Nord, 20 autres sur le
moyen Oyapock, et 40 Kusari vivaient à la mission de Kourou en 17326. Il semble
néanmoins que la majorité d’entre eux, à cette époque, s’étaient enfoncés vers
l’intérieur des terres sur le haut Oyapock suite à un net éclatement du groupe.
En 1831, on les rencontrait en Amapá sur l’Amapari et l’Inipoko, en contact avec
les Wayãpi. Puis ils continuèrent leur migration vers le sud, en s’isolant progres-
sivement des autres groupes Wayãpi et Wayana. Il est possible que des groupes
Kusari vivaient encore, il y a quelques dizaines d’années, aux sources de la crique
Kulaniti. Comme les Akuliyo du Suriname, après des contacts avec les Européens
au début de la Conquête, les Kusari s’isolèrent volontairement dans l’intérieur. La
localisation des deux villages Kusari de la Kourouaïe le long des “chemins royaux”
est intéressante. Ces chemins reprenaient en effet des axes amérindiens existant
déjà depuis longtemps. Les Kusari contrôlaient donc les voies de circulation par
la terre du bas Approuague à la Ouanary.
Trois établissements des Indiens Norak (Nouragues sur la carte) sont notés dans le
bas Approuague. Un ancien village était repéré sur la rive droite de la moyenne
Matarony, au lieu-dit actuel Dubol. Un autre village abandonné était marqué sur
la rive droite de l’Approuague dans le méandre le plus en aval de la boucle du Saut
Tourépé, dernier rapide du fleuve. Le village norak contemporain était localisé sur
la rive droite de l’Approuague, en aval du Saut Mapaou, à la sortie de la crique
Grand Vevoni (“Coui ou perere”). Les Norak (Nolaques, Noragues, Nouragues)
furent signalés pour la première fois en 1674, et le village norak le plus en amont
sur l’Approuague était alors composé de quatre cases proches les unes des autres,
et habité par plus de 120 personnes7. Le territoire Norak, localisé dans le bassin de
l’Approuague, était vaste. Il était limité au nord par la haute Comté et le moyen
Approuague, au sud par la crique Sapokaye et la rivière Camopi à sa confluence
avec la crique Inipi. La pénétration dans l’intérieur du pays par l’Approuague était
donc contrôlée par les Norak. Ainsi, pour arriver chez les Akokwa, les pères Gril-
let et Béchamel devaient traverser le territoire Norak. Ils ne pouvaient atteindre ce
dernier qu’en entrant par la Comté (“Uvia”) ou par l’Approuague. L’embouchure
de l’Approuague était habitée par des Kali’na (figure 5) et des Sapaye qui sem-
blaient peu enclins à naviguer vers l’intérieur des terres, et demandaient pour cela
de fortes rétributions. En 1674, la population Norak se composait de 500 à 600
6. Grenand 1971.
7. Grillet 1716.
56
personnes8. Leur chef Camiati habitait au dessus de la confluence de l’Approuague
et de l’Arataye, et son fils le chamane Imanon vivait sur un proche affluent gauche
du fleuve. Pierre Grenand9 pensa tout d’abord que leur langue était karib, puis cet
auteur10 et Jean Hurault11 montrèrent finalement qu’elle était très probablement
tupi. Les quelques indications de Jean Grillet sur les mots Norak “dont les uns
se prononcent avec des aspirations fort rudes, les autres avec les dents serrées, ou du
nez, & quelquefois on trouve ces trois difficultés dans un seul mot”12 évoquant des
nasalisations et des glottalisations, ainsi que certains mots rapportés, rapprochent
cette langue du Tupi13. En 1720, les Norak avaient abandonné la Comté et étaient
signalés sur l’Approuague entre le Saut Machicou et le Saut Grand Canori, où ils
étaient commandés par Ladora. De 1731 à 1808, ils étaient toujours présents sur
l’Approuague et, en 1729, leur chef Conomipou vivait à Saut Mapaou. En 1848,
Devilly n’en rencontra que neuf. L’installation d’une partie d’entre eux, en 1738,
sur la mission de Sainte-Foy du Camopi marqua l’accélération de leur déclin, et
leur métissage avec des groupes de l’Oyapock. En 1883, Henri Coudreau notait
que la mère du Capitaine Piriu appelé Gnongnon, vivant dans le bas Oyapock,
était Norak. Si leur extinction fut lente, c’est probablement parce que le moyen
Approuague fut peu fréquenté par les colons14.
figure 5
8. Grillet 1716.
9. Grenand 1971.
10. Grenand 1982.
11. Hurault 1972.
12. Grillet 1716, p. 213.
13. Grenand 1971.
14. Grenand 1971.
57
Un ancien village Akokwa est localisé sur la rive droite de l’Approuague, en
aval du saut Mapaou. Il s’agissait de “l’Ancien Etablissement d’Apoumanan, Chef
de la Nation Akoukoa”. Les Akokwa (Akoukoa, Acoquois, Acoqouas, Acoquas)
furent également rencontrés pour la première fois par les pères Jean Grillet et
François Béchamel, près de la crique Tamouri sur le Camopi, où ils étaient 2400
(figure 6). On a peu d’informations sur ce groupe, peut-être karib15 : en 1722,
ils furent rencontrés sur la crique Inipi et dans la basse Camopi, et sept ans
plus tard ils avaient un village avancé sur l’Oyapock en aval de sa confluence
avec la Camopi, mais ils étaient surtout présents sur la Camopi puisque 40
familles y vivaient en 1730. En 1749, 83 d’entre eux habitaient près de la mis-
sion jésuite de Sainte Foy. En 1787, ils avaient presque totalement disparu. Il
est possible qu’une fraction des Akokwa se soit maintenue sur la Camopi, tan-
dis que d’autres allaient sur l’Approuague, où ils s’éteignirent un peu plus
rapidement16. Leur village le plus en aval du fleuve aurait été à Saut Mapaou.
figure 6
Une “H. d’Indiens Calipourne Portugais” est localisée sur la rive gauche de la
haute crique “Maripa”, qui débouche dans l’Approuague par la rive droite en
face de l’île Catalin. Les noms de Calipournes, Garipons et Caripouns apparaissent
dans les archives vers le milieu du XVIIIe siècle, désignant “des transfuges d’une
colonie portugaise établie au-dessus de l’embouchure de la Rivière des Amazones”17
58
(figure 7). La précision “Portugais” de Dessingy confirme qu’il s’agissait d’un
groupe réfugié de l’Amazone. Ce groupe parlait à l’origine une langue tupi, mais
il semble qu’il était à cette époque déjà très acculturé, et que le terme Caripoun
avait une valeur générique. Leurs héritiers actuels les plus proches sont les Kari-
puna de la Couripi18.
figure 7
Une “H. d’Indiens Maraones” est située sur la rive gauche de la haute crique
“Maraon”, qui débouche dans l’Approuague par la rive droite non loin de l’îlot
Vendôme. Les Maraon (Marowana, Morrownia, Maruanuns, Maronnes) étaient
signalés au XVIIe siècle entre la Uaça et l’Oyapock, et entre le Cap Nord et Ma-
capá, mais étaient également connus dans le bas Maroni. En 1731, quelques fa-
milles de réfugiés du Cap Nord habitaient l’estuaire de l’Approuague, où ils sont
mentionnés jusqu’en 1848. Ce groupe fut tout d’abord considéré comme appar-
tenant à la famille linguistique Aruak19, puis Karib ou caraïbisé20. Les Palikur les
désignent comme un groupe indigène de l’Urucaua, qui aurait fui les Portugais
vers le nord21. En 1729, ils représentaient 23 familles dans le bas Oyapock mais,
59
vingt ans plus tard, ils n’étaient plus que 45 personnes, et 9 en 1787. Ils ont dû par
la suite s’assimiler aux Palikur et aux groupes du bas Oyapock22.
Une “Habitation d’Indiens”, un “Ancien établissement d’Indiens” et une “An-
cienne Habitation d’Indiens” sont notés par Dessingy dans la haute rivière de Kaw
(Caux), au sud de la Montagne de Kaw. Une “Habitation d’Indiens” est locali-
sée sur la rive droite de la “crique Maripa”. “Les Sapayes & les Galibis […] sont
à l’embouchure de cette Rivière (l’Approuague)” (Grillet, 1716 : 204) et ils étaient
en contact avec les Norak de l’intérieur mais les fréquentaient peu. Les Sapaye
étaient un groupe aruak23.
Un chemin amérindien de terre ferme reliait la Matarony, en amont de la crique
Kaminaré, à l’Approuague, au niveau de la crique Petit Vevoni (Yori Kicou-
mecoui). Cette “Communication d’Approuague à Mataroni en ½ journée de Terre
Ferme” fut importante puisqu’elle raccourcissait considérablement le trajet fluvial
et permettait d’éviter le Saut Tourépé, particulièrement dangereux en saison des
hautes eaux. Pour des populations dotées de pirogues monoxyles sans bordage en
écorce repliée, précaires et peu adaptées à la navigation sur les fleuves, ce chemin
présentait un intérêt certain. Les Norak par exemple, bien qu’habitant sur les rives
de grands cours d’eau, semblaient peu familiers à la construction de pirogues et à
la navigation fluviale. Sur la crique Inipi, les pères Jean Grillet et François Bécha-
mel notaient en 1674 que leurs piroguiers Norak “raccommodèrent le Canot” : “la
poupe des grand Canots étant ordinairement postiche ou d’applique, ils la calfatent,
avec de la terre grasse, qui se délayant à l’eau de temps en temps, ils sont obligez d’y en
mettre de nouvelle”24.
La carte de Dessingy montre bien la préférence, déjà soulignée par Jean Hu-
rault25, des Amérindiens de l’intérieur pour les déplacements par la terre plutôt
que fluviaux. Les Kusari étaient installés sur des axes de communication utilisés
par les colons. La liaison entre la Matarony et l’Approuague était probablement
contrôlée par les Norak. À partir de la source de la crique Counamari (Conama-
ré), qui débouche dans la partie haute de la boucle de Tourépé, Dessingy remar-
quait une “Communication Sure du haut d’Approuague à Cayenne par l’Intérieur
des Terres”. En remontant cette crique, on arrive aux sources de la crique Petit
Approuague, qui se jette dans l’Orapu. Il notait d’ailleurs que “les Nouragues ont
communication d’ici à la Ri. d’Orapu par Terre en 1 jour ½ à 2 jours de sa jonction
avec la R. de la Comté : On ne passe aucune Montagne ni ruisseau Considérable dans
le trajet au rapport des Indiens”. Cette piste Norak, qui rejoint la haute Kourouaïe
à l’ouest, existait encore en 1778 où elle indiquée sur la carte de Simon Mentelle.
Deux autres chemins, également Norak, joignaient d’une part, la haute Comté à
l’Approuague en passant par l’Arataye et, d’autre part, l’Approuague à la Camopi
en longeant la Sapokaye26.
Les autres cartes anciennes de l’Approuague sont rares, ce fleuve ayant été peu
exploré durant les deux premiers siècles de la colonisation. Jusqu’à la moitié du
22. Grenand 1971.
23. Grenand 1971.
24. Grillet 1716 : 221.
25. Hurault 1972.
26. Grillet 1716.
60
XVIIIe siècle, les cartes de l’intérieur furent essentiellement dessinées à partir des
informations des pères Grillet et Béchamel d’un siècle auparavant. Sur la carte de
1677 de la “Coste de Guayane” de Pierre Du Val (figure 8), géographe du Roy, on
lit la “R. Aperwaque dite R. Pyrague”, et les seuls Amérindiens qui y furent signalés
étaient les Nolaques qui “portent des plaques d’or à leurs oreilles”. Sur la carte de
1729 dressée par le géographe d’Anville, plusieurs villages et groupes amérindiens
étaient notés sur la “Rivière d’Aprouague”. Les Kusari occupaient la moyenne
Kourouaïe (“R. des Coussaris”). En amont de celle-ci, des Tocoyen (“Tocoïennes”)
vivaient sur un affluent de la Ouanary, et des Aruã (“Arouas”) à l’embouchure
de la Kourouaïe. En remontant à partir du saut Tourépé, plusieurs villages no-
rak étaient signalés : le “Carbet de Panacarou Nourague” sur la rive gauche d’un
affluent de l’Approuague, qui pourrait être la Matarony ; plus en amont, sur la
rive gauche de l’Approuague, des villages (apparemment trois) “Nouragues dont
Conomipou est Capitaine”. Sur la “carte générale de la Guiane” établie d’après dif-
férentes sources par N. Buache en 1797, deux “villages d’Indiens” sont notés, l’un
entre la rivière de Kaw et l’Approuague, et l’autre vers le Saut Mapaou. Les Norak
(“Nouragues”) étaient alors localisés sur le haut Approuague.
figure 8
Les sites archéologiques
Les prospections réalisées pour ce programme de recherche sont parties de Ré-
gina en 1990. Il s’agissait de remonter à chaque fois le fleuve, soit pour prospecter
61
les rives de la rivière Matarony, soit celles de l’Approuague jusqu’au Saut Mapaou.
Au cours de ces reconnaissances, six sites et deux loci archéologiques furent dé-
couverts. Ce sont, de l’amont vers l’aval : Saut Mapaou, Mapaou, Grand Vevoni
(locus), Counamari (locus), Tourépé, Baugé, Dubol (sur la Matarony) et Caparou
(figure 9). Parmi ces sites, quatre étaient signalés sur la carte de Dessingy et
furent retrouvés grâce à l’extrême précision de ses indications. Ce sont les implan-
tations que nous avons dénommées Mapaou, Grand Vevoni, Tourépé et Dubol.
Les sites découverts sont installés sur des berges argileuses partiellement inon-
dables (Mapaou ; figure 10) ou non (Baugé, Caparou, Dubol, Grand Vevoni,
Saut Mapaou), ou sur une haute berge sableuse (Tourépé). Les carbets, localisés
sur les berges inondables, devaient être construits sur pilotis comme, par exemple,
le village Maraon, composé de trois grandes cases sur pilotis, observé en 1623 par
Jesse de Forest, sur la berge de l’île de Curuá (Sapno) dans l’embouchure de l’Ama-
zone. À Mapaou, un sol virtuel a été mis en évidence, représentant apparemment
une aire de rejet. Le matériel archéologique récolté sur ces sites est principale-
ment céramique. Les tessons appartiennent en très grande majorité à la culture
Koriabo, mais la culture Aristé est également représentée ponctuellement27. Peu
de pièces lithiques ont été trouvées, mais de nombreuses lames de hache en pierre
polie, provenant peut-être en partie des berges érodées, ont été découvertes dans
le lit du fleuve devant les sites.
L’un des intérêts d’avoir retrouvé certains sites localisés sur la carte de Dessingy
est la certitude de leur occupation à une date connue. Le village de Grand Vevoni
est noté comme habité par des Norak lors du passage de Dessingy, ce qui le date-
rait de 1764. Le site de Mapaou (figure 10) est désigné comme abandonné sur
la carte de Dessingy, mais son souvenir était encore bien présent à cette époque
dans l’esprit des habitants du fleuve, puisque le nom de son chef était connu. En
outre, le tracé précis des contours du site sur la carte suggère qu’il en demeurait
des traces, au moins dans la différence de végétation. Lors du passage de Dessingy,
le village pouvait n’avoir été abandonné que depuis quelques années. Un échan-
tillon de charbon de bois, récolté à 20 cm de profondeur dans un sondage, a été
daté au 14C de 240 +/- 50 ans BP (OBDY 728). L’âge a été calibré entre 1518 à 1801
de notre ère, mais l’occupation Akokwa du site, sous l’autorité du chef Apouma-
nan, a de fortes chances de se situer durant la première moitié du XVIIIe siècle.
Sur la carte de Dessingy, les sites de Tourépé et de Dubol sont d’anciens villages
Norak, information vraisemblablement obtenue des Norak de Grand Vevoni. Les
villages avaient peut-être donc été abandonnés quelques années auparavant, et on
peut les dater, sous réserve, de la première moitié du XVIIIe siècle.
Presque tous les villages amérindiens littoraux de Guyane visités par les chro-
niqueurs étaient situés à l’embouchure de fleuves. Cette localisation charnière
semblait s’insérer dans un réseau de relations inter-tribales. D’une part, ces sites,
faces à la mer, étaient des points d’escale des voyageurs maritimes, et d’autre part,
ils contrôlaient l’entrée et la sortie des terres par les cours d’eau. Au début du
XVIe siècle, sur le littoral de Guyane, “la majorité des gens sont implantés près des
62
figure 9
figure 10
63
rivières et voyagent de place en place avec des Pirogues”28. De tels villages représen-
taient des centres de communication et des foyers d’informations privilégiés sur
les mouvements de troupes et de commerçants. Les chefs de nations y résidaient
généralement, accueillaient les arrivants, organisaient les expéditions guerrières et
commerciales, géraient le territoire.
Les sites de berges de fleuve présentaient également des avantages stratégiques,
car ils permettaient une bonne surveillance de la circulation fluviale, mais ils
étaient en revanche plus exposés à une attaque surprise. La carte du bas Ap-
prouague de Dessingy montre deux localisations d’habitat correspondant à diffé-
rents groupes (figure 9). Notons toutefois qu’à cette époque, cette distribution
était dépendante des implantations françaises, denses dans cette région. En dépit
de cette situation coloniale, deux choix préférentiels semblaient distinguer les
ethnies. Les Akokwa et les Norak étaient installés sur la rive du fleuve, sur des
lieux d’accostage habituels (sauts) ou les lignes droites. En revanche, les villages
des Kusari, peuple de marcheurs, sont localisés sur de petites criques en retrait
du cours d’eau principal, indiquant qu’ils étaient peu enclins à participer à la vie
fluviale. Les lieux d’implantation des villages peuvent être indicateurs d’attitudes
particulières et de climats relationnels propres à certaines communautés.
Dans l’intérieur, si les Wayãpi et surtout les Wayana actuels s’installent le plus
souvent sur les cours d’eau, de préférence importants, d’autres facteurs inter-
viennent également dans le choix de l’emplacement29 :
• la contiguïté d’une eau claire et poissonneuse : les sauts sont privilégiés car
la pêche y est généralement bonne, l’eau courante rend ces lieux salubres,
les roches permettent un accostage aisé et ne retiennent pas les raies veni-
meuses (Paratrygon sp.) ;
• le voisinage en proximité de terres cultivables : les anciennes terrasses allu-
viales non inondables, ni envahies par les fourmis-manioc (Atta sp.) sont
recherchées, les abattis étant généralement installés à une quinzaine de
minutes de marche du village ;
• la proximité de bois de chauffage, certaines essences étant préférées ;
• l’éloignement des eaux profondes, habitat d’esprits maléfiques ;
• l’éloignement d’anciens villages abandonnés à la suite d’un ou plusieurs
décès.
Les données des fouilles archéologiques, associées aux indications des sciences
de la terre et aux documents ethnographiques, montrent que la sélection d’im-
plantation humaine répondait à des critères précis. Ceux-ci pouvaient être endo-
gènes au groupe (contraintes culturelles, démographiques ou technologiques), ou
exogènes, tels les relations inter-tribales et environnements spécifiques. Ce tissu
de relations montre la complexité des facteurs impliqués dans le choix des instal-
lations amérindiennes. Loin d’avoir totalement subi les inconvénients du milieu
naturel, les Amérindiens ont sélectionné les espaces les mieux adaptés à leurs
besoins, témoignant d’une connaissance profonde de ce milieu.
64
Spécialisations et échanges
Des sites primaires ou secondaires étaient établis sur les fleuves, au niveau du
dernier rapide, parfois à 50 km au sud de l’océan, jusqu’où se fait sentir l’effet de
la marée. Ces villages servaient de relais entre les habitants de la côte et les popu-
lations et les produits de l’intérieur30. S’approvisionnant directement ou troquant,
les premiers récupéraient des marchandises absentes du littoral qu’ils redistri-
buaient aux communautés côtières31. C’est le cas notamment de la pierre, très rare
sur la plaine côtière. J’ai ainsi mis en évidence l’existence d’un commerce d’outils
lithiques depuis l’intérieur des terres vers le littoral de Guyane française à l’époque
précolombienne32. Sur le moyen Approuague, à Saut Mapaou, un groupe de 43
pièces bifaciales en schiste vert furent découvertes sur 20 m2 dans le lit du fleuve
au pied des rapides (figure 11). Ce sont 24 lames préformées par percussion di-
recte, 14 pièces partiellement polies et 5 lames polies achevées. Elles représentent
probablement les restes de la cargaison d’une pirogue qui aurait coulé lors du
passage du rapide, celui-ci demeurant, même pour des navigateurs expérimentés,
un lieu dangereux. En outre, à la différence des Amérindiens du littoral, ceux de
l’intérieur étaient de préférence des marcheurs et souvent de piètres piroguiers.
Les textes anciens font parfois état de ce manque de maîtrise de la navigation
fluviale : “les Indiens eux-mêmes pâlirent à la vuë du danger ; mais ce ne fut par le
seul ; une fois, entr’autres, ils firent de si grands efforts pour empêcher que le Canot
ne fût emporté dans un précipice, que rangez à l’abri d’un Rocher, qui rompoit le
cours de l’eau, & presque d’haleine, ils se reposerent un demi quart d’heure. Je me suis
trouvé deux fois en danger de perir sur deux Navires”33 (figure 12). L’abondance des
schistes aux alentours et en amont de Saut Mapaou, alors qu’ils sont inexistants
vers l’aval et sur le littoral, fait logiquement supposer que la pirogue descendait le
fleuve lors de l’accident. Deux hypothèses sont envisageables pour expliquer une
telle expédition. La première est celle d’habitants du littoral s’étant rendus aux
gisements de l’intérieur pour collecter des échantillons et chavirant avec son char-
gement au retour. La seconde est celle d’un groupe spécialisé descendant le fleuve
pour échanger ses productions avec les populations littorales. Dans les deux cas,
l’ébauche était réalisée sur le lieu même d’extraction de la matière première. Cela
permettait de sélectionner les meilleurs spécimens en éliminant les roches pré-
sentant des défauts, tout en allégeant la cargaison. Il apparaît en outre que la
préforme et le polissage de certaines pièces, étapes suivantes de la fabrication,
avaient déjà commencé sur le gisement et s’étaient peut-être poursuivis durant le
voyage. Quoiqu’il en soit, le nombre important de haches entières emmanchées
découvertes en milieu anaérobie dans les sédiments du lit du bas Approuague,
particulièrement au niveau des rapides, plaide en faveur d’un intense commerce
durant l’époque précolombienne (figure 13). Plus encore, le large éventail de
datations de ces artefacts, couvrant une période de plus de 2500 ans, indique une
longue tradition d’échanges entre la côte et l’intérieur.
65
figure 11
figure 12
66
Similairement, aux alentours de 1000 apr. J.-C., des groupes occupant le massif
de Brownsberg-Afobaka de l’intérieur du Suriname utilisaient des carrières, se
spécialisant dans la fabrication d’outils de pierre et fournissant les communautés
côtières34. Sur la côte centrale, les groupes de culture Kwatta réceptionnaient ces
artefacts en échange d’autres biens avant de les diffuser à leurs voisins de l’est et
de l’ouest. Le commerce des muiraquitãs, pendentifs de pierre verte en forme de
batracien, s’insérait logiquement dans ce réseau. Dans les marais de la côte occi-
dentale du Suriname, les habitants des monticules artificiels de terre de culture
Hertenrits devaient remonter le fleuve Nickerie sur 225 km afin de se procurer
les norites et les granulites nécessaires à la confection de leurs meules, molettes et
percuteurs. Un mythe des Lokono du Pomeroon, au Suriname, raconte le long et
périlleux voyage qu’il fallait effectuer pour se procurer des haches de pierre auprès
des “hommes de pierre” de l’intérieur35.
figure 13
L’approvisionnement en roches était parfois difficile car la sélection des pierres
était précise, aussi certains groupes s’étaient spécialisés dans leur collecte. Les
67
Kali’na de la côte du Suriname allaient chercher leurs lissoirs à céramique en
pierre rouge, peut-être du jaspe, jusque dans la crique Sipu du sud du Guyana en
naviguant sur le Corentijn36. De même, les Waiwái délaissaient les affleurements
granitiques fluviaux proches de leurs villages pour des gisements éloignés de trois
jours de marche, afin de collecter des roches sédimentaires métamorphisées jugées
meilleures pour réaliser les dents de râpes à manioc. Ces dernières étaient des
pièces d’échange tellement appréciées que, lorsque le bois commençait à pourrir,
les Wapisiana conservaient les dents de roche pour faire une nouvelle râpe37. Dans
le haut Mazurini au Guyana, certains groupes avaient l’exclusivité de l’exploita-
tion des ressources naturelles de leur territoire38. Plus loin en Amazonie, dans le
haut Xingu, jusqu’à la fin du XIXe siècle, les Trumaí et les Suyá avaient le mono-
pole de l’exploitation des carrières de roche et de la fabrication d’outils de pierre39.
L’ethnologie amazonienne a fréquemment montré que des groupes se spéciali-
saient dans l’extraction et la diffusion de matières premières spécifiques, la chasse
et la pêche, ou la manufacture de certains objets. En Guyane, chaque tribu était
réputée pour les produits qu’elle commercialisait. Par exemple, les différents
groupes Karib du plateau central de Guyane avaient, et ont parfois encore, des
productions complémentaires, qu’ils s’échangeaient mutuellement dans un réseau
généralisé de contacts commerciaux. L’analyse des archives indique que la spécia-
lisation des groupes amérindiens était encore plus marquée auparavant.
Dans la haute Camopi en Guyane française, remarquant que les Kaikusiána
élevaient des chiens de chasse et que les Way, comme les Piriu et les Arouane,
faisaient et vendaient des râpes à manioc faites d’éclats de roches incrustés dans
des planches, Moreton de Chabrillan note en 1742 que “chacune de ces nations a
son objet de commerce et ses manufactures particulières, sans qu’aucune s’avise de vou-
loir entrer en concurrence avec une autre. Cela sert à les lier ensemble, en nécessitant
entre elles un commerce et une fréquentation indispensable”. Sur la côte, les gens du
Cap du Nord étaient considérés comme les meilleurs navigateurs et constructeurs
de pirogues qui “ sont très-grandes, construites avec beaucoup de solidité, et résistent
parfaitement à la grosse mer”40, et “parmi les nations dont on a le plus besoin, celle
des Maillés excelle à faire des Canots”41. Les Arikare de la côte centrale d’Amapá
pêchaient intensivement le lamantin, qu’ils vendaient aux colons42. Les Kali’na
semblent avoir été de grands producteurs de hamacs en coton qu’ils échangeaient
avec les Européens, mais aussi d’autres groupes amérindiens. Avec les Arikare,
ils les troquaient contre des “pierres vertes”43. On peut également imaginer que
certains groupes, comme les Maraon et les Itutan d’Amapá, réputés “excellents
chasseurs & flecheurs”44, aient développé les activités de chasse et de pêche au détri-
68
ment d’autres, afin d’échanger leur gibier contre les produits qui leur faisaient
défaut.
Encore au XIXe et au début du XXe siècle, Walter Roth remarquait que chaque
nation a ses propres productions et sa réputation pour ses articles de troc45. Cet
auteur donnait plusieurs exemples :
• Les femmes Otomac étaient reconnues pour leurs poteries.
• Les Makusi pour le poison au curare.
• Les Maionkong et les Taruma pour les râpes à manioc et les chiens de
chasse.
• Les Warão pour leurs coquilles.
• Les Waiwái pour leurs fibres de tucum et de kuraua.
• Les Guinau pour leurs hamacs, leurs grattoirs en calebasse, leurs tabliers,
leurs ceintures de cheveux humains et leurs parures de plumes.
• Les habitants du fleuve Oyapock pour leurs meules et leurs “spleene” de
pierre.
Aucun produit n’était considéré comme inutile car il était toujours échangé
un jour ou l’autre. Parmi ces objets de troc, le curare constituait un article de
luxe très désiré dans la Guyane occidentale. À la fin du XVIIIe siècle, le long de
l’Orénoque, seuls les Caberre le fabriquaient et en tiraient de grands bénéfices,
notamment lors d’un grand marché annuel se déroulant en aval du fleuve46. Dans
le haut Amazone, le curare était uniquement fourni par les groupes vivant au delà
des rapides des affluents septentrionaux, et plus particulièrement le Rio Negro et
le Japurá.
Les habitants de la rivière Uaupès échangeaient leurs éclats de pierre pour faire
les dents de râpe à manioc dans tout le haut Amazone. Au début du XXe siècle
au Guyana, les Makusi du fleuve Rupununi recevaient, en échange d’un flacon
de poudre à fusil au minimum, leurs râpes des Arekuna, qui les obtenaient des
Maiongkong. Ces mêmes Makusi les exportaient au Suriname grâce aux groupes
Karib. Les Wapisiana, eux, les recevaient des Taruma. Enfin, les Maiongkong
avaient organisé un intense courant commercial de râpes depuis l’Orénoque
jusqu’au Rio Branco47.
Sur l’Orénoque, à l’époque de la conquête, les agriculteurs contrôlaient et
cultivaient les berges tandis que les pêcheurs occupaient les parties fluviales pois-
sonneuses, et que les collecteurs exploitaient les aires inter-fluviales. Outre leurs
produits agricoles, les agriculteurs fournissaient également des céramiques aux
groupes non agricoles contre du gibier, du poisson et des matières premières48.
Dans les plaines alluviales du bassin de l’Amazone, sur la frange orientale de
Guyane, les premiers explorateurs découvrirent des sociétés complexes et des tri-
bus spécialisées qui dépendaient les unes des autres pour des produits de première
nécessité :
69
• Des groupes de pêcheurs constituaient des stocks de poisson séché qu’ils
échangeaient avec les populations de l’intérieur.
• Les Caripuna et les Zurina sculptaient des bancs en bois destinés au troc.
• Les Carabayana extrayaient du sel de cendres végétales.
• Les Aruaqui, les Tapajo et les Trombeta échangeaient leurs céramiques
contre du coton, du fil, du tabac et du maïs.
• Les Aiçuares produisaient également de la céramique et cultivaient du co-
ton pour d’autres groupes.
70
depuis l’intérieur vers la côte, cette culture est parfois confuse à cerner. En ef-
fet, beaucoup de sites Koriabo étaient implantés sur le même emplacement que
des sites antérieurs de cultures différentes. Les sols archéologiques d’Amazonie
étant souvent peu épais et très perturbés, il est presque impossible de définir les
caractéristiques propres de l’occupation Koriabo dans ces sites mixtes. Ainsi, ils
semblent avoir souvent réoccupé des villages d’autres groupes. Les sites de Rac-a-
rac et de Surnaukreek, que nous avons fouillés au Suriname avec Aad Versteeg en
2004, sont de bons exemples, puisqu’ils montrent clairement deux occupations
successives : une première Kwatta et une postérieure Koriabo. Les datations au
14
C de 990 +/- 40 ans BP de Rac-a-Rac et de 475 +/- 40 ans BP de Surnaukreek
pourraient être attribuées à l’une ou l’autre culture54. La culture Koriabo se main-
tint à certains endroits longtemps durant l’époque coloniale. Ainsi, leur présence
était encore attestée durant la seconde moitié du XVIIIe siècle sur l’Approuague
en Guyane française55, tandis que, plus à l’ouest, des groupes de même culture
migraient vers les Petites Antilles où elles perdurèrent un peu plus longtemps56.
La culture Koriabo était pourtant unique car elle représentait le seul ensemble
culturel véritablement guyanais, peut-être d’origine locale, qui n’est pas reconnu
hors de cette région. En effet, elle se révéla presque simultanément et bien iden-
tifiée sur l’ensemble de la Guyane, depuis l’Oyapock jusqu’à l’Orénoque, et du
centre de la Guyane jusqu’à la côte. En outre, l’aspect vraiment remarquable de la
culture Koriabo était son unité stylistique dans les formes et les décors céramiques
à travers cette immense région. La composition de la pâte variait évidemment
d’une aire à l’autre en fonction des sources d’approvisionnement, mais des formes
spécifiques de récipients se répétaient partout et des décors incisés et appliqués
élaborés très particuliers se retrouvaient dans tous les sites, même distants de
centaines de kilomètres.
La céramique Koriabo est très distinctive tant dans ses formes que dans ses dé-
cors. Le dégraissant, lui, varie notablement d’une région à l’autre : sable plus ou
moins fin, quartz concassé, mica, coquillage broyé, cariapé, etc. Les deux formes
les plus standardisées sont le pot globulaire, avec souvent quatre renflements laté-
raux sur la panse, col vertical et lèvre éversée (figure 14), ainsi que la jatte aux
parois concaves éversées et bord à multiples lobes. Les bords épaissis à lèvre plate
incisée de larges lignes sont aussi caractéristiques. Les décors combinent les fines
lignes incisées et les très larges incisions peu profondes faites avec un bâtonnet
dentelé, les cordons parfois incisés, les pastilles annulaires appliquées et la peinture
blanche, noire et rouge. Les motifs sont des volutes et des spirales. Des visages plus
ou moins simples sont figurés par des pastilles, des boutons et des cordons appli-
qués. Les modelés sont parfois très élaborés, figurant des êtres hybrides animaux/
humains. Le félin, jaguar ou ocelot, domine le bestiaire réaliste (figure 15).
Les Koriabo entretenaient des relations particulières avec les Aristé du bas Oya-
pock et du littoral d’Amapá57. Les premiers descendirent loin sur le fleuve Oya-
pock, près de l’embouchure c’est-à-dire en bordure du territoire Aristé, mais ils ne
54. Rostain 2012.
55. Rostain 1994a.
56. Boomert 1987.
57. Rostain 1994a.
71
figure 14
figure 15
72
s’implantèrent pas au cœur de celui-ci dans les collines de la baie d’Oyapock. En
effet, seul un pot typiquement Koriabo décoré de quatre visages a été trouvé placé
dans une petite cavité rocheuse, faisant penser à un dépôt votif. Hormis cela, pas
un tesson Koriabo n’a été découvert dans les sites d’habitat Aristé58. En revanche,
comme pour la céramique Thémire, l’influence Aristé se ressent quelquefois dans
la poterie Koriabo, et c’est peut-être cela qu’Arie Boomert a détecté, plus qu’un
rattachement de la culture Koriabo à la tradition Polychrome59. Un petit pot tout
à fait étonnant a été collecté dans une rivière de l’ouest du Suriname, soit à une
très grande distance de la sphère d’influence Aristé. La forme, le dégraissant, le
décor peint, l’habileté de réalisation sont pourtant caractéristiques du style Aristé.
Seul l’animal représenté, un ocelot reconnaissable à son masque noir sur les yeux,
n’appartient pas au corpus iconographique Aristé mais bien à celui des Koriabo60.
S’agit-il d’un vase, peut-être funéraire, fabriqué par une potière Aristé pour un
partenaire Koriabo puis transporté au loin ? Serait-ce l’œuvre d’une femme Aristé
ravie par un guerrier Koriabo ? Est-il la trace de l’association de clans des deux
cultures ? Les réponses possibles sont multiples, mais cette pièce parle en tout cas
d’une accointance spécifique entre Aristé et Koriabo.
L’invasion Koriabo de la côte de Guyane ne fut toutefois pas totale. Le terri-
toire Hertenrits du Suriname et l’espace Aristé d’Amapá semblent avoir été peu
touchés par cette culture. Tout le reste du littoral subit en revanche l’influence
Koriabo. Que ce soit sur la côte du Guyana ou sur celle du Suriname et de la
Guyane française, tous les sites Arauquinoïde présentent des signes d’une pré-
sence Koriabo à travers la céramique. À partir de 1200 apr. J.-C., les populations
du littoral de Guyane évoluèrent sous la pression culturelle venue de l’intérieur.
À partir de 1250 apr. J.-C., la culture Hertenrits semble disparaître. Et de même
qu’elles s’installèrent peu à peu, les autres cultures s’éteignirent les unes après les
autres d’ouest en est. La culture Thémire fut la dernière qui paraissait survivre
encore au moment de la conquête européenne.
Bien que peu affectés par l’expansion Koriabo, les peuples Aristé de l’est de
Guyane subirent également une mutation provoquée par la croissance de la tra-
dition Polychrome du bas Amazone. Les décors céramiques incisés laissèrent la
place à la peinture et les motifs s’affinèrent. Comme les Koriabo, les groupes
Aristé ont survécu durant les premiers siècles de la colonisation.
Conclusion
Si le programme “Approuague” demeure exemplaire par l’étroite interdiscipli-
narité qui associa l’archéologie à l’histoire et la géographie, il n’en est pas moins
exceptionnel par la rareté de telles opportunités dans le monde amazonien. En
effet, on assiste ici à la conjonction de facteurs historiques uniques qui ne se
répétèrent pas. Tout d’abord, jusqu’au XVIIIe siècle, l’intérieur de la Guyane était
encore peu exploré et très mal connu. Ainsi, bien que plusieurs habitations euro-
73
péennes fussent implantées sur le bas fleuve à la moitié du XVIIIe siècle, les cartes
de l’Approuague étaient encore établies à partir de celle de d’Anville de 1729,
elle-même dressée sur la base des renseignements collectés par les pères jésuites
Jean Grillet et François Béchamel durant leur expédition de 1674, soit près d’un
siècle plus tôt ! L’œuvre de Dessingy, fondée sur un travail de terrain personnel
de longue haleine, constitue donc la première référence géographique sérieuse du
bas Approuague. S’il est certain que la plupart des villages amérindiens de l’inter-
fluve y sont omis, on peut en revanche être sûr que tout ceux bordant le fleuve
sont signalés. C’est donc un instantané des dernières occupations amérindiennes
du bas Approuague que nous offre le cartographe. Il faut rappeler que l’absence
d’intrusion occidentale dans le sud de la Guyane jusqu’à cette date a laissé le
terrain vierge pour les Amérindiens. Bien que ceux-ci avaient de longue date subi
le choc et les conséquences de la conquête européenne, ils vivaient encore pour
quelques années seulement dans un relatif repli avec des contacts épisodiques avec
les populations blanches, essentiellement pour du troc.
La densité de découvertes archéologiques sub-aquatiques vers les derniers ra-
pides de l’Approuague (Saut Athanase, Saut Mapaou et Saut Tourépé) et la grande
variété de leurs datations confirment le statut de fleuve essentiel dans le réseau
d’échange liant le littoral et l’intérieur. En effet, l’île de Cayenne marquant une
frontière socio-culturelle nette le long de la côte guyanaise tant à l’époque préco-
lombienne qu’à la période coloniale61, les populations occidentales ne pouvaient
emprunter l’Oyapock dont l’embouchure était aux mains de leurs “ennemis”. La
remontée par la Comté puis l’Approuague constituait donc une voie royale pour
échanger des produits vitaux avec les groupes forestiers. Les différents bassins
étaient connectés par des sentiers car il faut souligner que si les communautés
fluviales étaient souvent bonnes navigatrices, les groupes forestiers étaient avant
tout des marcheurs (figure 16).
Les chemins amérindiens de l’époque coloniale conduisaient surtout vers les
installations européennes, où l’on se procurait les produits manufacturés, et leur
distribution ne reflétait donc que très partiellement les réseaux précolombiens
(Grenand, 1971). Toutefois, les habitations coloniales se sont souvent installées
dans des emplacements avantageux, sûrement déjà utilisés précédemment par les
Amérindiens et en fonction de sentiers indigènes existants, comme les chemins
royaux de Guyane qui reprenaient généralement des axes déjà bien tracés. Les
sentiers amérindiens actuels ne dépassent pas 50 cm de largeur (Grenand, 1971),
mais les textes anciens décrivent des chemins bien plus larges en Amazonie. Cet
entrecroisement d’axes de circulation terrestres et fluviaux formait un réseau com-
plet, auquel il faut ajouter les multiples portages qui permettaient, non seulement
de contourner les rapides par la terre, mais aussi de passer d’un cours d’eau à un
autre. D’autres sentiers, encore, longeaient des berges.
L’Approuague constituait donc une voie de circulation privilégiée entre la côte
et l’intérieur, peut-être encore plus que l’Oyapock qui pénètre pourtant plus
profondément dans les terres, sachant que l’île de C,ayenne fut tant à l’époque
précolombienne qu’à la période coloniale une frontière essentielle qui divisait
74
formellement le monde amérindien littoral. Cet axe fluvial au centre d’un réseau
d’échanges entre le monde marin et le monde forestier semble avoir gardé une
relative importance jusqu’à la moitié du XVIIIe siècle. Dessingy fut l’un des der-
niers témoins des vestiges de la mosaïque culturelle que fut l’Approuague. Peu
après l’élaboration de sa carte si remarquable, les Amérindiens disparaîtront sur
ce fleuve qui deviendra alors un territoire purement occidental.
figure 16
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Légendes des figures
2. Carte du bas Approuague par Dessingy en 1764 (curieusement le nord est vers le
bas) utilisée pour nos prospections archéologique. Les cercles autour des villages
amérindiens sont ajoutés par l’auteur
4. Cartes des occupations amérindiennes aux XVIIe et XVIIIe siècles dans le bassin
de l’Approuague d’après divers chroniqueurs (dessin Stéphen Rostain)
9. Carte archéologique du bas Approuague avec les sites découverts durant les
prospections et les établissements signalés par Dessingy en 1764 (dessin Stéphen
Rostain)
10. Degrad aménagé par l’homme sur le site de Mapaou facilitant l’accostage des
pirogues, probablement depuis longtemps (dessin Stéphen Rostain)
13. Haches de pierre emmanchées trouvées sur l’Approuage : 1. Saut Mapaou, datée
entre 1429 et 1516 apr. J.-C. cal. 2. Crique Benoit, moyen Approuague. 3.
Rivière Matarony. 4. Saut Tourépé, le manche sculpté est anthropomorphe et
daté entre 918 et 803 av. J.-C. cal. 5. Rivière Matarony (dessins Stéphen Rostain
sauf le n° 4 d’Alain Cornette, 1988b ; coll° Musée des Cultures Guyanaises,
Cayenne)
14. Pot typique de culture Koriabo (750-1750 après J.-C.), décoré de visages
anthropomorphes incisés, provenant de l’Approuague (photo Stéphen Rostain ;
coll° privée)
15. Félin anthropomorphisé modelé à l’intérieur d’une jatte, culture Koriabo (750-
1750 après J.-C.), provenant du Suriname (photo Stéphen Rostain ; coll°
Stichting Surinaams Museum, Paramaribo)
Introduction........................................................................................ 5
397
Éric Roulet, Parlez-vous “sauvage”? La question linguistique
dans les Petites Antilles françaises au milieu du XVIIe siècle..................... 235
Vincent Cousseau, Les pratiques anthroponymiques
des Indiens caraïbes face à l’altérité occidentale (XVIIe- XVIIIe siècles).....251
María del carmen martínez martínez, La monarchie espagnole
et les Petites Antilles (XVIe siècle)........................................................ 269
Louise Bénat Tachot, L’île de Cubagua. Réflexions sur les mécanismes
et les enjeux de la société coloniale des Caraibes au XVIe siècle................ 285
Gérard Lafleur, Origine des Caraïbes noirs de Saint-Vincent..............305
André Delpuech et Benoît Roux, À la recherche de la culture
matérielle des “Caraïbes insulaires”. Collections amazoniennes
et antillaises d’Ancien Régime en France............................................... 319
Danielle Bégot, L’émergence du passé amérindien
dans la conscience érudite des Antilles françaises
du milieu du XIXe siècle aux années 1930.......................................... 345
POSTERS............................................................................................ 361
Marie Bulion, Inventaire des documents graphiques
présents dans les ouvrages français du XVIIe siècle
portant sur les Petites Antilles...............................................................363
Aurore Copeau, Guillaume Coppier
et son Histoire et voyage des Indes occidentales (1645)...............................367
Zoé Dubois, André Chevillard : un missionnaire oublié ? Les desseins
de son éminence de Richelieu pour l’Amérique et son apport pour
l’histoire caraïbe (1659)......................................................................... 373
Jérôme Jue, Des manuscrits à l’édition, l’Histoire générale des isles
de Jean‑Baptiste Du Tertre (1654).........................................................379
Annella Knerr, Le carme Maurile de Saint-Michel
et son Voyage des îles camercanes en l’Amérique (1652)............................. 385
Eugénie de Zutter, John Nicholl, An Houre Glasse
of Indian Newes (1607).......................................................................... 391
398