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idées
reçues

Madagascar
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© FTM (Institut de Cartographie de Madagascar)


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idées
reçues

Madagascar
Patricia Rajeriarison
Sylvain Urfer

Avec la collaboration de Jeanne Rasoanasy

Histoire & Civilisations

E D I T I O N S
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Patricia Rajeriarison
Consultant spécialisé en développement touristique. Basée à
Madagascar, ses travaux se focalisent sur le développement
social et économique sur des thèmes divers comme le
VIH/sida, le tourisme durable ou le climat des investissements.

Sylvain Urfer
Jésuite, Sylvain Urfer vit à Madagascar depuis 1974. Il a été
curé d’Anosibe, paroisse populaire de la capitale, pendant
25 ans. Enseignant et écrivain, il a fondé le centre Foi et
Justice, collabore avec la Conférence Episcopale de
Madagascar, et est membre fondateur du SeFaFi
(Observatoire de la vie publique). Expulsé de Madagascar en
2007, il y est revenu en 2009.
Du même auteur (sur Madagascar)
– L’espoir et le doute. Un quart de siècle malgache, éd. Foi &
Justice, 2000, rééd. 2006.
– Le doux et l’amer. Madagascar au tournant du siècle, éd. Foi &
Justice, 2003, rééd. 2008.
– La crise et le rebond. 50 ans après l’indépendance malgache,
éd. Foi & Justice, 2010.

La collection « Idées Reçues »


Les idées reçues sont tenaces. Nées du bon sens populaire
ou de l’air du temps, elles figent en phrases caricaturales des
opinions convenues. Sans dire leur origine, elles se répandent
partout pour diffuser un « prêt-à-penser » collectif auquel
il est difficile d’échapper… Il ne s’agit pas ici d’établir un
Dictionnaire des idées reçues contemporain, ni de s’insurger
systématiquement contre les clichés et les « on-dit ». En les
prenant pour point de départ, cette collection cherche à
comprendre leur raison d’être, à déceler la part de vérité
souvent cachée derrière leur formulation dogmatique, à les
tenir à distance respectable pour offrir sur chacun des sujets
traités une analyse nuancée des connaissances actuelles.
Vous souhaitez aller plus loin ? www.ideesrecues.net
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MADAGASCAR, n. m. – En malgache, Madagasikara


n’a pas de signification particulière. C’est une appellation
provenant de l’étranger, citée notamment par Marco Polo
dans son récit « Livre des Merveilles » en 1298. Le géographe
arabe Edrisi (1153) lui a donné le nom de Zaledj et les
marins portugais conduits par Jean Rodriguez Pereira lui ont
donné un temps le nom de Saint Laurent (1506).
Madagascar est une île de l’Océan Indien située sur la bor-
dure orientale du continent africain dont elle est séparée par
le Canal du Mozambique d’un bras de 400 km. Les îles les
plus proches sont les Comores au nord ouest (300 km) et la
Réunion à l’est (800 km).
Sa superficie totale est de 587 000 km2 s’étirant sur une lon-
gueur de 1 587 km du Cap d’Ambre (Nord) au Cap Sainte
Marie (Sud) entre 12° S et 25° S de latitude et une largeur de
580 km au niveau du 18e parallèle. Le linéaire côtier est de
4 828 km.
Madagascar est également appelée La Grande Île du fait de sa
taille (quatrième plus grande île du monde après le
Groenland, la Nouvelle Guinée et Bornéo), ou l’Île Rouge
pour la couleur latérite de la majeure partie de son sol.
Madagascar présente une grande diversité sur le plan
climatique et géographique : au centre les hauts plateaux à
climat tropical, au nord et à l’est les montagnes et plaines à
climat subtropical et au sud, un climat subdésertique.
La population de Madagascar est estimée par les Nations
unies, faute de recensement officiel depuis 1993, à 18,5
millions d’habitants dont 73 % vivent en zone rurale. Le
taux de natalité est de 43 pour mille et le taux de mortalité
de 13 pour mille. La croissance démographique est de 3 %.
Le taux de séropositivité au VIH/sida est de 1,7 % chez les
adultes.
Sur le plan administratif, Madagascar est divisée en 22
régions et 6 provinces. Sa capitale est Antananarivo, située au
centre du pays.
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Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Histoire et géographie
« Madagascar est un pays africain. » . . . . . . . . . . . . . . . . 13
« Madagascar est le pays des lémuriens. » . . . . . . . . . . 19
« Ranavalona Ire fut une reine cruelle. » . . . . . . . . . . . . 25
« Madagascar est une ancienne
colonie française. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
« 29 mars 1947 : événement ou insurrection ? » . . 33

Économie et politique
« Madagascar est l’un des pays les plus pauvres
du monde. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
« Madagascar est le pays de la vanille. » . . . . . . . . . . . . 45
« Madagascar est un pays de potentiel. » . . . . . . . . . . . 49
« Madagascar est un pays ingouvernable. » . . . . . . . . 53
« À Madagascar, les Églises font de la politique. » 61

Culture
« L’identité malgache est incertaine. » . . . . . . . . . . . . . . 69
« Madagascar vit au rythme du moramora. » . . . . . . . 75
« La culture malgache est essentiellement orale. » . 79
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« Le fihavanana est le fondement de la culture


malgache. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
« À Madagascar, on retourne les morts. » . . . . . . . . . . 89

Société
« Il n’y a pas d’unité nationale à Madagascar. » . . . 95

« À Madagascar, on brûle les forêts. » . . . . . . . . . . . . . . 99


« Les Malgaches sont francophones. » . . . . . . . . . . . . 105
« Madagascar est une grande destination
pour l’écotourisme. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
« Les Malgaches sont un peuple non-violent. » . . 115

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119

Annexes
Pour aller plus loin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
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Carte des ethnies à Madagascar


© DR
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Introduction

« L’île heureuse » : c’est ainsi que l’on définissait


Madagascar, il n’y a pas si longtemps. Opinion renfor-
cée par les nombreux visiteurs étrangers dont certains
deviennent des habitués (41 % de « revenants » selon
une enquête officielle réalisée en 2008).
Il faut le reconnaître, tout est là pour entretenir le
mythe : une nature somptueuse, des sites exception-
nels, des paysages inégalés, tous gorgés de lumières et
de couleurs. S’y ajoutent une flore et une faune endé-
miques à plus de 80 %, qui font se pâmer botanistes et
autres zoologues. Et pour couronner le tout, des
saveurs inattendues et une population accueillante, qui
pratique l’hospitalité avec un sourire inaltérable et une
patience à toute épreuve.
Au concours de l’exotisme personnifié, la Grande Île
l’emporterait haut la main sur toutes ses rivales. Et
pourtant… Ce paradis pour touristes est aussi l’un des
pays les plus pauvres du monde, où les deux tiers de la
population vivent sous le seuil de pauvreté. Quant à
savoir pourquoi, accident de l’histoire ou fatalité,
personne n’ose trancher.
De leur propre histoire, précisément, les Malgaches
sont aussi peu informés que les voyageurs qui traversent
leur pays. Pour un peuple si préoccupé par ses ancêtres,
l’histoire officielle n’est pas une préoccupation majeure,
d’autant qu’elle a souvent été écrite par des étrangers.
D’ailleurs, les réminiscences des anciens royaumes per-
durent avec des familles princières toujours respectées
et écoutées. Le souvenir des 64 années de colonisation
française est également vivace, avec les événements de
1947 comme point de référence. 45 % de la popula-
tion a cependant moins de quatorze ans et est résolu-

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ment tournée vers l’avenir, le passé étant occulté dans


les discours officiels.
De ce dernier demi-siècle enfin, que retenir ? Les
crises politiques qui secouent régulièrement le pays
(1972, 1975, 1991, 2002, 2009) et donnent l’impres-
sion d’un éternel recommencement ? Des artistes
populaires comme le groupe Mahaleo qui aura accom-
pagné la vie de plusieurs générations de Malgaches ?
L’émancipation progressive et silencieuse des femmes
malgaches grâce aux programmes d’éducation pour
tous, de planification familiale et à un accès à l’emploi
favorisé par l’émergence des entreprises franches
textiles ou informatiques ?
Si Madagascar n’est pas, et n’a jamais été, l’« île
heureuse » rêvée par certains, elle n’est pas davantage
l’enfer que pourraient décrire les statistiques. On dira
souvent que le Malgache de base se contente de peu :
une bonne récolte de riz, des troupeaux de zébus en
sécurité et une lignée familiale assurée. Entre les idées
reçues des uns et des autres, se faire une idée juste et
précise des réalités vécues par les Malgaches n’est pas
chose aisée. Puisse ce petit livre donner à tous le goût
d’approfondir les connaissances et de tisser les liens qui
permettront d’aller plus loin !

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HISTOIRE
ET GÉOGRAPHIE
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© collection Christian Manteaux


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« Madagascar est un pays africain. »

L’origine des Malgaches est la plus belle énigme du monde.


Il faut, pour la résoudre avec certitude, des équipes
de chercheurs spécialisés (…) menant des enquêtes et
comparant les résultats à Madagascar, dans le monde
indonésien, en Afrique du Sud-Est et peut-être ailleurs.
Hubert Deschamps, Histoire de Madagascar, 1972

Tout le monde le sait, même si les Malgaches


rechignent à le reconnaître : Madagascar fait partie du
continent africain. La plus grande part de sa popula-
tion est d’origine africaine, la colonisation française
en avait fait une possession africaine partageant le
même Franc CFA, et la Grande île est membre fon-
dateur de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine)
– devenue l’Union Africaine (UA). Ces réticences
tiennent avant tout à l’insularité, les Malgaches étant
à l’Afrique ce que les Britanniques sont à l’Europe !
Plus profondément, on retrouve le vieux réflexe
qui valorise le moins noir par rapport au plus noir.
Dans les quartiers populaires de la capitale, un jeune
se sentirait déshonoré s’il épousait une fille au teint
plus sombre que le sien. Et il n’est que d’entendre les
spectateurs d’un match de football entre l’équipe
nationale et des Mozambicains ou des Ivoiriens :
« Qu’ils sont noirs ! ». Ajoutons que le souvenir des
tirailleurs sénégalais de l’armée française, chargés de la
répression après l’insurrection de 1947, n’est pas fait
pour améliorer les choses…
Le problème remonte aux origines des temps.
Partie de l’immense Gondwana, Madagascar se serait
détaché, pendant la dérive des continents, de

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l’Afrique à l’ère primaire, puis de l’Inde à l’ère secon-


daire. L’origine de son peuplement, que n’attestent ni
tradition orale ni document écrit, reste mystérieuse.
Une seule certitude : l’homme est arrivé par la mer, s’est
installé après la préhistoire, et maîtrisait le fer et la poterie.
Des traces humaines (poteries, cailloux grossièrement
taillés, hameçons en fer, cuillères en coquillage) ont été
relevées dans les régions de Toliara et de Antananarivo,
mais leur datation, entre le IVe et le VIIIe siècle après Jésus
Christ, divise toujours les chercheurs.
Autre pomme de discorde au sujet des premiers
habitants : noirs et de type pygmée, issus de l’ancienne
civilisation du Zimbabwe, les vazimba seraient les
véritables proto-malgaches, refoulés par les « afro-
indonésiens » qui constituent la base de l’actuel
peuple malgache, mélange d’Indonésiens et
d’Africains. Quoi qu’il en soit, et compte tenu des
courants et des vents, les migrants ont dû arriver par
l’ouest, depuis la côte africaine, via Zanzibar et les
Comores ; mais les techniques de navigation de
l’époque étaient indonésiennes, et non pas africaines,
ce qui complique la donne. Quant à la voie directe, de
l’archipel indonésien à Madagascar, elle est exclue
pour des raisons de distance, de conditions clima-
tiques et de techniques maritimes.
La seule possibilité compatible avec les navigations
primitives est celle de la voie du Nord. Elle longe les
côtes, par étapes successives menant d’abord des îles
indonésiennes vers Ceylan, via les îles Nicobar ; puis
de l’Inde du Sud vers Socotra, au large de la Somalie ;
enfin, après avoir longé la côte orientale de l’Afrique,
de Zanzibar aux Comores, pour arriver à Madagascar.
Cet itinéraire empruntait une mer connue des
Chinois et des Grecs depuis la très haute antiquité ; et
tout au long du parcours, se retrouvent jusqu’à nos
jours les pirogues à balancier (double ou simple) qui,

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à Madagascar, sont équipées aujourd’hui encore des


attaches de type javanais…
Autre incertitude, la diversité anthropologique des
Malgaches et leurs particularismes affichés, physiques
autant que psychologiques, laissent entière la ques-
tion de savoir d’où ils viennent. Ainsi, pour reprendre
les estimations de Deschamps, les dernières en date
(Histoire de Madagascar, 1972), le groupe le plus
caractéristique s’apparente aux populations indoné-
siennes : de peau brun clair, à la morphologie plutôt
asiatique et aux cheveux lisses, il concernerait de 10 à
15 % du total de la population. Un autre groupe, plus
africain que mélanésien, a la peau noire et les cheveux
crépus : il représenterait 15 à 20 % de la population
des Malgaches. Enfin, un type mixte, à la peau plutôt
brun foncé, aux cheveux frisés et au nez court, réuni-
rait 65 à 75 % de la population totale. Bref, il n’existe
pas de « type malgache », et les chiffrages sont plus
qu’approximatifs, ce qui témoigne bien de la diversité
des origines et des métissages au long des siècles.
Cette apparente diversité, comme la persistance
des rivalités ethniques, n’entament pas l’unité du pays
qui plonge de profondes racines dans une langue et
une culture foncièrement uniques. La musique en est
une excellente illustration : l’influence bantoue
imprègne la côte, notamment dans le Sud, l’austro-
nésienne prédomine sur les Hautes Terres ; mais tous
les Malgaches s’y retrouvent ! Aux dires des linguistes,
la langue malgache est un rameau indonésien des
langues malayo-polynésiennes, dont l’unité linguis-
tique s’appuie sur une grammaire et une syntaxe
identiques dans toutes les régions. Mais elle se
diversifie dans une riche variété de vocabulaire, liée à
la géographie plus qu’à l’origine : paradoxalement, les
mots sanscrits sont plus nombreux sur la côte que sur
les plateaux.

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Quant à la culture, son unicité initiale est désor-


mais admise. À lui seul, le mythe d’Ibonia en apporte
la preuve.

Le mythe fondateur d’Ibonia

Attesté sur la quasi-totalité du territoire par des variantes


ethniques qui en respectent l’unité, le mythe d’Ibonia est
encore largement méconnu par les Malgaches eux-
mêmes. Il compte pourtant parmi les grands mythes de
l’humanité, et l’anthropologue Joseph Goetz, ami de
Mircea Eliade, n’hésitait pas à le comparer à Gilgamesh.
Mythe de la création situant l’homme dans le cosmos,
Ibonia présente aussi l’histoire de l’Homme archétypique :
naître, grandir, trouver femme, engendrer, mourir ; roi
dans le monde, il y affirme toute sa liberté et son indé-
pendance…

Comment concilier, alors, le paradoxe de la diver-


sité affichée et de l’unité revendiquée ? L’hypothèse la
plus souvent retenue aujourd’hui veut que des
groupes issus de l’archipel indonésien ont suivi par
étapes « la voie maritime du Nord » jusqu’à la côte
orientale de l’Afrique ; là, ils se sont mélangés aux
populations locales tout en préservant leur langue,
leurs coutumes, et, pour les castes nobles surtout, la
pureté du sang par l’endogamie. Poursuivant
ensemble leur migration, ils ont rallié les côtes mal-
gaches via Zanzibar et les Comores.
Arrivés sur la Grande Île inhabitée, les uns s’installent
sur les côtes, aux conditions physiques et climatiques
proches de l’Afrique, et les autres montent sur les
hautes terres, comparables à celles de l’archipel indo-
nésien. Depuis lors, si l’histoire commune n’est pas
assumée par tous, l’unité n’en est pas moins vécue au
quotidien par une population qui revendique tout à la

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fois son appartenance à une même culture et le parti-


cularisme de chaque groupe d’origine.
Riz (vary) asiatique et bœuf (omby) africain sont
désormais les symboles d’une civilisation nouvelle et
originale, ce qui faisait dire au premier président de la
République, Philibert Tsiranana, non sans humour,
que « les Malgaches sont les seuls véritables Afro-
asiatiques » !

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« Madagascar est le pays


des lémuriens. »

Dans la forêt de l’Analamera, entre Diégo Suarez et Vohémar,


un guide me rapporta connaître le lieu de séjour
de lémuriens plus grands que des babakoto.
Pierre Vérin, Madagascar, 2000

Le lémurien est l’animal emblématique de


Madagascar. Comme l’a montré le film d’animation
Madagascar, il s’agit bien d’une terre peuplée de lému-
riens (5 familles et 101 espèces, voir encadré) et de
fosa. Le plus caractéristique, le bondissant lemur catta,
avec son air de justicier masqué grâce à son pelage facial
et sa longue queue rayée en noir et blanc, a été adopté
comme mascotte des Jeux de la Francophonie qui se
sont déroulés à Antananarivo en 1997. De même,
l’équipe nationale malgache de rugby a été baptisée les
Maki (lémuriens en malgache).

Les familles de lémuriens

Les cinq familles existantes sont les suivantes : les


Lémuridés comprenant les genres Lemur, Hapalemur et
Varecia, les Daubentonidés et une seule espèce, le Aye-aye
(cas unique parmi les primates pour la conformation de sa
main), les Mégaladapidés comportant des espèces stricte-
ment nocturnes, les Indridés dont les espèces sont les plus
grands de tous les prosimiens (Indri, Sifaka) et les
Chirogalidés appelés les lémurs nains, comprenant les
fameux microcèbes de la taille d’une souris. De nouvelles
espèces sont découvertes chaque année et des scienti-
fiques font même état depuis peu d’une sixième famille !

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Christian Alexandre, Violences malgaches, Antananarivo, Foi et


Justice, 2007. Une analyse lucide et courageuse de réalités trop
souvent occultées.
François Lery, Madagascar, les sortilèges de l’Île Rouge,
L’Harmattan, 2002.
Richard Andriamanjato, Le Tsiny et le Tody dans la pensée
malgache, Paris, Présence Africaine, 1957. Un « classique » sur
Madagascar.
Giulio Cipollone (dir.), Christianisme et droits de l’homme à
Madagascar. Un siècle d’évangélisation dans la région Alaotra-
Mangoro, Paris, Karthala et Antananarivo, Foi et Justice, 2008.
Un travail collectif, pour évaluer l’impact du christianisme sur la
compréhension et la pratique des droits de l’homme à
Madagascar.
Øyvind Dahl, Signes et signification à Madagascar. Des cas de
communication interculturelle, Paris, Présence Africaine, 2006.
Les attitudes, comportements et croyances malgaches comparés
aux nôtres.
Robert Dubois, Olombelona. Essai sur l’existence personnelle et
collective à Madagascar, Paris, L’Harmattan, 1999. La meilleure
initiation à l’anthropologie malgache.
Le Mythe d’Ibonia, Le grand Prince (Madagascar), traduit et pré-
senté par François Noiret, Paris, Karthala et Antananarivo, Foi
et Justice, 2008. Un texte qui compte parmi les grands mythes
de l’humanité, et témoigne de l’unité culturelle des Malgaches.
Lars Vig, Les Conceptions religieuses des anciens Malgaches – Ny
fireham-pinoan’ny Ntaolo Malagasy, Paris, Karthala et
Antananarivo, Ambozontany, 2001. Écrit en norvégien, en
1892, ce livre reste une référence.
Bruno Hübsch (dir.), Madagascar et le Christianisme, Paris,
Karthala et Antananarivo, Ambozontany, 1997. Unique en son
genre, cette œuvre œcuménique exerce sur influence durable sur
les relations entre religions et sur l’ensemble de la société malgache.
Église et Société à Madagascar (textes bilingues des évêques de
Madagascar). Tome 1 : 1889-1960 ; t. 2 : 1960-1975 ; t. 3 :
1975-1989 ; t. 4 : 1990-1995; t. 5 : 1996-2000 ; t. 6 : 2001-
2005, Antananarivo, Foi et Justice. Par les textes, plus d’un siècle
d’engagement de l’Église catholique dans l’histoire malgache.

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Arts et littérature
La tradition orale de Madagascar est riche en contes, mais leurs
versions imprimées sont souvent anciennes et difficilement
accessibles. Parmi les éditions récentes, on retiendra :
Fulgence Fanony, L’Oiseau Grand Tison. Et autres contes des
Betsimisaraka du Nord (vol. I) et Le Tambour de l’Ogre. Et autres
contes des Betsimisaraka du Nord (Vol. II), L’Harmattan, 2003.
Velonandro (dir), L’Origine des choses. Récits de la côte ouest de
Madagascar, Foi et Justice, 1991, rééd. 2001 et 2006.
À quoi, il faut évidemment ajouter Les Hain-teny merinas. Poésies
populaires malgaches. Recueillies et traduites par Jean Paulhan
(1913), Geuthner, 2007. Un double chef-d’œuvre, malgache car
ces proverbes sauvés de l’oubli expriment avec finesse la sagesse
traditionnelle, et français parce que le traducteur fut à la fois un
grand écrivain de langue française et un excellent connaisseur
des réalités malgaches.

La littérature malgache compte très peu d’écrivains, mais ils sont


remarquables. Citons particulièrement deux auteurs, et quelques
unes de leurs œuvres disponibles en librairie :
Jean-Joseph Rabearivelo, Presque Songe – Sari-nofy, éd. bilingue,
Sépia, 2006. Traduit de la nuit – Nadika tamin’ny alina,
éd. bilingue, Sépia, 2007. Poèmes, Hatier, 1990. L’Interférence,
Hatier, 1987. Liliane Ramorasoa, Serge Meitinger et Claire
Riffard (coord.), Œuvres complètes, éd. du CNRS, 2010. Le plus
grand écrivain de Madagascar, en langue malgache autant qu’en
langue française.
Jacques Rabemananjara, Œuvres complètes. Poésies, Présence afri-
caine, 2000. Thrènes d’avant l’aurore, Présence africaine, 2001.
Nationalisme et problèmes malgaches, Présence africaine, 1959.
Moins connu mais intéressant et contemporain, Elie
Rajaonarison, Ranitra, Grand Océan, 1999.

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