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DES VISIONES
Stéphane Toulouse
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STÉPHANE TOULOUSE
École normale supérieure, Paris
1. Pour une bibliographie sommaire concernant les deux sujets ici évoqués, voir à la fin de
cet article. On y trouvera les références complètes des études citées de manière abrégée dans
les notes.
2. Voir déjà l’article de J.H. TAYLOR, « The meaning of spiritus… ».
3. Voir De civitate Dei, X, ix, 2 : «… sed spiritali [scil. parti animae], qua corporalium
rerum capiuntur imagines » ; c’est dans des termes semblables que le spiritale visionis genus
est défini dans le livre XII du De Genesi ad litteram (imagines – et/ou similitudines – corpo-
rum absentium, ou rerum corporalium ; le verbe dont ces substantifs sont le régime est souvent
cogitare : on peut trouver l’expression « imagines corporum cogitare », mais aussi « corpora
absentia imaginaliter cogitare », comme en XII, xii, 25) ; voir De Genesi…, XII, ix, 20 : «… qui
modo quodam proprio vocatur spiritus, vis animae quaedam mente inferior, ubi corporalium
rerum similitudines exprimuntur », formule reprise d’une autre manière vers la fin de l’exposé,
en De Genesi…, XII, xxiv, 50 : « Haec… natura spiritalis, in qua non corpora, sed corporum
similitudines exprimuntur inferioris generis visiones habet ».
226 Stéphane Toulouse
où l’âme dite pneumatique (spiritalis) saisit les images des réalités corpo-
relles ; il est vrai qu’il ne s’autorise cet emprunt doctrinal qu’avec l’appui
d’un témoignage scripturaire paulinien, qui lui permet d’étayer l’emploi par-
ticulier qu’il fait de spiritus, notion qui désigne spécifiquement, dans l’ex-
posé du De Genesi ad litteram, une sorte de puissance intermédiaire 4, infé-
rieure à l’intelligence 5 ; c’est en effet dans quelques passages de la première
épître aux Corinthiens, au chapitre 14, que l’emploi du couple mens/spiri-
tus lui paraît concorder avec la psychologie porphyrienne et sa hiérarchie
spécifique des instances de connaissance 6.
D’autres analyses augustiniennes dans lesquelles intervient la notion de
phantasia, comportent également des ressemblances avec des points de doc-
trine plotino-porphyriens. Mais pour que la détection de ces ressemblances
ne soit pas aussi vaine que la comparaison que le capitaine Fluellen fait entre
la Macédoine et Monmouth 7, il convient d’être assez précis dans la détermi-
nation de ces analogies, afin de ne pas accorder à ces sources païennes plus
de crédit qu’elles n’en peuvent supporter.
4. Il est notable qu’Augustin ne reprend pas l’expression d’ « anima spiritalis », qu’il uti-
lise pour décrire la doctrine porphyrienne du De regressu animae dans le De civitate Dei, X,
xxvii et xxviii, mais qu’il présente le spiritus, dans le De Genesi…, comme une vis animae
quaedam, une puissance, mais non une partie ou même une sorte d’âme d’un type inférieur.
5. Voir l’expression « vis animae quaedam mente inferior » (De Genesi…, XII, ix, 20); l’ex-
pression rappelle la description de l’âme spirituelle (c’est-à-dire pneumatique) dans le De civi-
tate Dei, X, xxvii : «… ipsam spiritalem [scil. animam], id est nostrae animae partem mente
inferiorem… ».
6. Voir De Genesi…, XII, viii, 19 et ix, 20, où Augustin prend expressément en un sens
spécial le terme spiritus (« ex illo uno modo, quem invenimus in epistula ad Corinthios, quo
spiritus a mente distinguitur… »), sens qu’il appuie sur l’ « evidentissimum testimonium » de
1 Co 14 (le terme apparaît aux versets 2, et 14 à 16).
7. Voir William SHAKESPEARE, The life of King Henry V, acte IV, scène VII, où Fluellen
croit pouvoir assimiler ces deux lieux, parce que « leur situation, voyez-vous, est toute pareille.
Il y a une rivière en Macédoine, et il y a également une rivière à Monmouth (…). Mais cela ne
fait rien, elles se ressemblent comme mes doigts ressemblent à mes doigts, et dans toutes les
deux il y a des saumons » (traduction Pierre Messiaen, dans William SHAKESPEARE, Les dra-
mes historiques, [s.l.], 1962, p. 461).
8. On ne la rencontre pas dans les Soliloquia (II, xx, 34), contrairement à ce que dit
J. Pépin (voir art. cit. [infra, n. 9], p 101, n. 3) : dans ce texte, on rencontre en revanche la
même indifférenciation que chez Porphyre. La distinction stoïcisante entre les deux termes
apparaît cependant dès le De musica (VI, xi, 32), et, plus tard, dans le livre III des Confessiones
(vi, 10), ainsi que dans le De Trinitate (VIII, vi, 9 et IX, vi, 10).
Influences néoplatoniciennes et visio augustinienne 227
9. Voir J. PÉPIN, « Une nouvelle source de saint Augustin : le zêtêma de Porphyre sur
l’union de l’âme et du corps », Revue des études anciennes, 66 (1964), p. 53-107 (repris dans
Ex Platonicorum persona, p. 211-267), à la page 102. L’assertion de J. Pépin est reprise par
M. DULAEY, Le rêve…, p. 93 et 104.
10. Voir ARISTOTE, De anima, III, 7, 431a 16-17 et III, 9, 432a 8-9 et 12-14. Dans ces trois
endroits, Aristote emploie non pas phantasia, mais phantasma.
11. C’est déjà la forme donnée à la formule aristotélicienne par Plotin, dans le traité 27
[Difficultés relatives à l’âme, I = Ennéades IV, 3], 30, l. 2-3 (Plotini opera, édition de Paul
Henry et Hans-Rudolf Schwyzer, Oxford, 1964-1983).
12. Voir Sentence 16, dans PORPHYRE, Sentences, t. I, éd. L. Brisson, Paris, 2005, p. 317 :
« de même que, pour le vivant, sans que soient affectés les organes sensoriels, les sensations
n’ont pas lieu, de même aussi les intellections n’ont pas lieu sans imagination (phantasia); (…)
de même que l’empreinte (tupos) est l’accompagnement du vivant dans sa fonction sensorielle,
de même l’image (phantasma), dans l’âme, suit l’intellection ». Les deux propositions compor-
tant phantasia et phantasma sont dans la même position logique l’une et l’autre, chacune par
rapport à une proposition subordonnée comparative (introduite par de même que) qui se rap-
porte quant à elle, dans les deux cas, à la perception sensible. J. Pépin a d’ailleurs mieux inter-
prété ce texte dans une note à la traduction, dans PORPHYRE, Sentences, t. II, éd. L. Brisson,
Paris, 2005, p. 453-455.
13. J.-L. SOLÈRE (cf. « Les images psychiques… », p. 112 et n. 41), sans mentionner l’asser-
tion de J. Pépin, y apporte cependant une sorte de juste correctif (« aucune distinction n’est
faite dans les Sententiae »).
14. Voir ARISTOTE, De anima, III, 3, 428a 1-2 : « Si donc l’imagination (phantasia) est ce
en fonction de quoi on dit que se produit en nous une image (phantasma) » (ma traduction).
228 Stéphane Toulouse
15. C’est là bien sûr une lecture particulière de Platon, sans doute appuyée sur quelques
passages du Philèbe (39b notamment), d’où l’on peut tirer l’idée que, s’il est vrai que le pein-
tre évoqué métaphoriquement par Socrate intervient après le scribe qui écrit dans nos âmes
(meta ton grammatistên), alors l’imagination ne vient qu’après l’opinion et le langage intérieur.
16. Voir De memoria, 1, 450a 30-b 5.
17. À la première, dans Enn., I, 4 [traité 46, Sur le bonheur], ch. 10, où il affirme l’indé-
pendance possible de l’intellection à l’égard de toute phantasia, et, à la seconde, dans Enn.,
IV, 6 [traité 41, Sur la sensation et la mémoire], ch. 1 et 3 en particulier.
18. Voir par exemple, à propos des sensations, Enn., IV, 6 [= 41], 2, l. 5-6 (non des emprein-
tes et des affections, mais des activités – energeiai) et 17-18 (non des affections, mais, en tant
que ce sont des sortes de jugements, ce sont des connaissances – gnôseis).
19. Voir Sentence 16, op. cit., p. 316, l. 9-11.
20. « elle produit les sensations », dit la Sentence 16 (ibid., p. 315).
Influences néoplatoniciennes et visio augustinienne 229
26. Sur cet ordre épistémologique, qui place l’opinion et le jugement avant la représenta-
tion, voir la section intitulée « The process of perception », dans A.C. LLOYD, The anatomy of
neoplatonism, Oxford, 1990, p. 142-145, aux p. 142-143 ; ce caractère primordial se lit chez
Albinus (Eisagôgê, ch. 4) et dans un texte de Porphyre (In Ptolemaei Harmonica, édition
I. Düring, p. 13, 15-14, 28) et s’appuie sur le Philèbe, 38-39.
27. De Genesi…, ibid.
28. PORPHYRE, De l’abstinence, III, 21, 8, éd. Jean Bouffartigue et Michel Patillon, t. II,
Paris, 1979, p. 178. Le passage de Plutarque forme le fragment 112 de Straton de Lampsaque
dans le recueil de F. Wehrli (Die Schule des Aristoteles, 5: Straton von Lampsakos, Basel, 1950,
p. 34).
Influences néoplatoniciennes et visio augustinienne 231
40. Voir Stoicorum Veterum Fragmenta, édition de Hans von Arnim, 1903, tome II, 863 et
864, qui sont respectivement un texte du commentaire de Calcidius au Timée et un texte
d’Alexandre d’Aphrodise.
41. Voir De musica, VI, v, 10.
42. SYNÉSIOS DE CYRÈNE, Des songes, dans Synesii opuscula, éd. N. Terzaghi, Rome, 1944,
p. 153, 1-2 (pour l’expression « sensation commune », voir aux lignes 5-6) – ma traduction ; voir
aussi la traduction française de Noël Aujoulat, dans SYNÉSIOS DE CYRÈNE, Opuscules, I, éd.
Jacques Lamoureux, Paris, 2004, p. 277.
234 Stéphane Toulouse
43. Voir De libero arbitrio, II, iii, 8 à v, 12, où le sens intérieur, qui juge des sens corporels,
est cependant inférieur à la raison, instance supérieure de jugement (comme en De Genesi…,
XII, xxiv, 51); dans les Confessiones, on trouve certes une brève analyse très similaire à celle du
De libero arbitrio, où sensus interior est remplacé par vis interior (voir VII, xvii, 23), mais l’épis-
témologie d’Augustin est centrée sur la mémoire (voir X, vii, 11 à xxv, 36): cette notion rem-
place le sensus interior comme puissance (vis) immédiatement supérieure à celle des sens par-
ticuliers (voir X, vii, 11 et viii, 12, pour ce passage, cette gradation vers l’intérieur, et vers Dieu).
44. Voir Confessiones, X, xi, 18.
45. Ibid. : « cogitari proprie iam dicatur ».
46. Voir De Trinitate, XI, iii, 6 : « même une fois disparue la forme du corps qui était phy-
siquement perçue, il en reste dans la mémoire une similitude vers laquelle la volonté peut de
Influences néoplatoniciennes et visio augustinienne 235
tatio tient au fait que la mémoire est une puissance de l’âme absolument
centrale et fondamentale dans les Confessions 47, où elle abrite l’âme indi-
viduelle séparée de Dieu et le cherchant, voire se confond avec le siège de la
conscience de soi, de manière analogue à l’imagination et à ses puissances
multiformes dans le traité Des songes de Synésios de Cyrène, inspiré quant
à lui par la doctrine porphyrienne. Dans le De Trinitate, loin du lyrisme ins-
piré par l’expression du désir intime de Dieu, la mémoire est conçue, d’une
manière peut-être plus philosophiquement commune, mais dans une phé-
noménologie plus subtile des actes de l’âme, comme l’un des opérateurs par-
ticuliers de l’esprit dans l’acte de penser; la cogitatio, en revanche, voit son
spectre élargi : au lieu d’être présentée comme le rassemblement de souve-
nirs non-imagés épars dans la mémoire, elle devient, de manière plus sub-
tile, le nom donné à l’unité des opérations qui caractérisent la conscience
sensible et l’imagination, processus par lesquels l’âme prend pour objet de
connaissance (exacte ou erronée) des incorporels de type intermédiaire, à
savoir des similitudines speciei corporis 48, et produit ce faisant une visio
spiritualis, selon les termes du De Genesi ; dans le De Trinitate, Augustin
appelle visio interna ou phantasia 49 le phénomène central de cette triade
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nouveau tourner le regard de l’âme pour l’informer de l’intérieur (…). Ainsi se produit une tri-
nité, faite de la mémoire, de la vision intérieure, et de la volonté qui unit l’une à l’autre. Lorsque
ces trois éléments sont réunis (coguntur) en un seul tout, cette réunion (coactus) fait donner à
ce tout le nom de pensée (cogitatio). » (trad. P. Agaësse, dans AUGUSTIN, La Trinité, livres VIII-
XV, p. 175).
47. Ibid. X, viii, 15 (« magna ista vis est memoriae… et vis est haec animi mei atque ad meam
naturam pertinet »); xvii, 26 (« et hoc animus est, et hoc ego ipse sum », et: « cum in animo sit
quidquid est in memoria »); xxv, 36 (« et intravi ad ipsius animi mei sedem quae illi est in memo-
ria mea »). Le panégyrique de la mémoire chez Augustin trouve un correspondant aussi « enthou-
siaste » dans le panégyrique de la puissance imaginative que constitue le traité Des songes de
Synésios; dans l’un et l’autre cas, entre autres analogies, l’éloge insiste sur le rôle majeur de la
faculté en question dans la montée vers Dieu, montée qui est une conversion vers l’intériorité.
48. Ces similitudines, qui relèvent de la visio spiritale dans le De Genesi, correspondent à
une classe d’incorporels qu’on trouve définis dans la Sentence 42 de Porphyre : des incorporels
par privation de corps, c’est-à-dire des incorporels qui ne se conçoivent en fait que par rapport
à la corporéité (« pros ta sômata », Sentence 42, l. 9) ; Porphyre distingue ces incorporels des
incorporels appelés improprement ainsi (« katakhrêstikôs », Sentence 42, l. 6-7), parce qu’ils
n’ont aucun rapport, fût-ce de privation, avec un corps, tels que l’intellect et la raison intellec-
tive (voir PORPHYRE, Sentences, t. I, p. 368). C’est une distinction de ce type, avec l’exemple
semblable de l’intellect, qu’on rencontre en De Genesi…, XII, xxiv, 50 (op. cit., p. 414) : « illud
mentis atque intellegentiae lumen, quo (…) ea cernuntur, quae neque sunt corpora nec ullas
gerunt formas similes corporum, velut ipsa mens… ».
49. Le terme grec apparaît en effet quelquefois et se substitue aux termes de visio ou imago,
par exemple, en De Trinitate, XI, iii, 6 ou iv, 7 (interior phantasia).
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la pensée, est la voluntas, alors que la memoria, pourrait-on dire, fait figure
de cause matérielle, et la visio de cause formelle ou finale. Dans une étude
très complète des images psychiques chez Augustin, Jean-Luc Solère fait un
sort à une notion importante, qu’il relie à celle de phantasia, l’intentio, qu’il
assimile à la voluntas 50, et qu’il rapproche, à la suite de Jean Rohmer 51, du
tonos, c’est-à-dire de la tension, propre au pneuma stoïcien. Sur ce point pré-
cis, l’analyse de Solère, juste et profonde en son ensemble, mérite d’être dis-
cutée. Le point de départ de son argument stoïcisant est en effet le suivant :
« intentio n’est autre que la traduction de epitasis 52 »; puis, il glisse du terme
grec en question au tonos du pneuma stoïcien, pour marquer l’emprunt doc-
trinal d’Augustin dans l’usage d’intentio. Cependant, le texte invoqué pour
appuyer la toute première assertion pose déjà problème, non pas qu’inten-
tio n’y soit pas la traduction d’epitasis, mais parce que le sens des termes
n’y a strictement aucun rapport avec le stoïcisme ni même avec la physiolo-
gie de la sensation en général, et qu’il s’agit de vocabulaire spécialisé gram-
matical; dans le passage d’Aulu Gelle 53, le terme epitasis est un terme gram-
matical qui a pour équivalent, dans le même registre, intentio, et le sens des
deux termes est « intensification », et il désigne une valeur purement séman-
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à un agent corporel actif appelé lumière, soit à une instance telle que la
voluntas), et le spiritus (pneuma) chez Augustin a, dans les analyses de la
représentation, bien plus à voir avec le véhicule de l’imagination conçu par
Porphyre ; (2) cette idée d’extension ne prend sens, dans la théorie stoï-
cienne, que reliée à l’idée complémentaire de communication matérielle
entre le pneuma et l’objet de la sensation, ce qui ne correspond à rien dans
les descriptions du processus de l’intentio chez Augustin ; (3) Solère fait
s’équivaloir, et se recouvrir, les deux notions d’intentio et de voluntas dans
les analyses psychologiques d’Augustin : or la voluntas est non seulement
une instance qui relève strictement de la nature spirituelle de l’âme, mais
elle est même l’unique instance proprement spirituelle (au sens d’incorpo-
relle) parmi les trois qui interviennent dans le processus de la sensation (le
sensus et la species corporis relevant en revanche de la nature corporelle) ;
on a donc du mal à voir ce qu’il reste de la conception stoïcienne de l’inten-
tio dans l’analyse de la sensation proposée par Augustin, qui emploie d’ail-
leurs la notion hors du domaine de la sensation, d’une manière très origi-
nale, comme l’a très bien analysé Solère dans des pages voisines de la même
étude.
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63. Ibid., VII, xx, 26, p. 544 et 546, pour cette dernière expression.
64. Voir par exemple De Trinitate, XI, iv, 7, p. 180 : « cum… in talia voluntas intenditur ».
65. Voir De Trinitate, XI, iv, 7, p. 180 : « rapitur animus in ea contuenda quae fugiat ».
66. Voir De Trinitate, XI, iv, 7, p. 180: « quod est intentio voluntatis ad corpus visum visio-
nemque copulandam (…), hoc est eadem voluntatis intentio ad copulandam imaginem corpo-
ris quae est in memoria et visionem cogitantis… ».
67. Comparer De Trinitate, XI, ii, 2 : « solius animi est » appliqué à intentio, et XI, ii, 5,
où la même expression est appliquée à voluntas.
Influences néoplatoniciennes et visio augustinienne 239
68. Voir De Trinitate, XI, viii, 15, p. 200-203, où Augustin reprend les deux exemples don-
nés par Straton, transmis par Plutarque, et qu’on retrouve donc dans les citations du De abs-
tinentia de Porphyre (voir livre III, 21, 8, op. cit., p. 178) : l’inattention de la volonté qui empê-
che la mémoire d’enregistrer les paroles de notre interlocuteur (pourtant perçues par nous), ou
le texte écrit que pourtant nous avons lu.
69. Je suggérerais volontiers de comprendre en ce sens une formule de la Sentence 43 où
est employé l’adverbe « athroon » : « or, comme facultés de connaître, il y a en nous tout ensem-
ble sensation, imagination, intellect » (op. cit., I, p. 370, l. 12-13 – je souligne).
70. De abstinentia, I, 41, 5, op. cit., t. I, p. 75.
71. Voir Traité 27 : Difficultés relatives à l’âme, I (= Enn. IV, 3), c. 27 à 32.
72. Traité 10 : Sur les trois hypostases primordiales (= Enn. V, 1), c. 12, 10.
73. Sur l’attention (prosokhê) qui se tourne vers l’intérieur, et non plus ad extra, ibid., c. 12,
13-21 (ce sont les dernières lignes du traité).
74. Voir De abstinentia, I, 40, 2, t. I, p. 73-74.
240 Stéphane Toulouse
nes est, ici, protreptique, puisque tout le travail de l’âme doit consister à diri-
ger sa faculté d’attention exclusivement sur les objets qui en sont dignes,
tout comme dans l’appel qui clôt le traité 10 de Plotin ; mais il reste que,
quand Augustin conçoit l’intentio animi comme le terme unique qui est
commun aux processus cognitifs qui sont à l’œuvre dans les deux trinités,
celle de la sensation et celle de la pensée imagée, il lui attribue la fonction
unitive primordiale que Porphyre confère à l’attention (prosokhê) dans les
diverses activités cognitives de l’âme.
concevable qu’elle ait une semblance de corps, dans des lieux qui sont eux-
mêmes à l’image des corps, et perceptibles par le moyen d’une similitude de
leurs sens. Augustin raisonne ici par analogie, à partir d’expériences de
visions de l’au-delà chez des personnes en état de mort apparente ou de
coma, sur le modèle allusif, mais assez évident, de l’expérience et des visions
d’Er le Pamphylien à la fin de la République de Platon, pour essayer de
concevoir ce que pourrait être la vie de l’âme après la mort 78.
Cet exposé problématique sur le sort de l’âme et sur les lieux où elle se
rend repose sur l’autorité de l’Écriture, qui impose, selon Augustin, la
croyance en la réalité substantielle des Enfers et du Sein d’Abraham 79 (ce
lieu de repos et de joie dont il parlait), lieux qu’il tient pour distincts 80. Or,
de même que l’autorité de Paul dans la première épître aux Corinthiens l’a
incité à faire usage de la notion de spiritus dans le sens d’une instance
médiane, conçue comme une puissance psychique inférieure à la mens, et
capable d’expliquer un type de vision lui-même médian et proprement ima-
ginaire, entre sensation et intellection, ici encore, l’autorité des Écritures,
ajoutée à l’impératif d’expliquer un point d’eschatologie chrétienne, le
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78. Augustin aura affaire à une vision eschatologique, qu’il raconte et commente dans une
œuvre plus tardive, le De cura pro mortuis gerenda. Il s’agit d’une visite en esprit des Enfers
(mais aussi, dans la même vision, d’un retour sur terre et d’une visite du Paradis…), que fait
le décurion Curma pendant un coma profond (voir l’analyse de M. Dulaey, Le rêve…, p. 205-
210). Ce à quoi fait allusion le texte du De Genesi est une expérience du type de celle d’Er le
Pamphylien (voir De Genesi…, XII, xxxii, 60, p. 436 : «… his, qui rapti sunt a corporis sensi-
bus et mortuis similes iacuerunt et infernas poenas viderunt », et plus loin, ibid., p. 438 :
«… cum iacente sine sensu ipso corpore nondum tamen penitus mortuo videt talia… ») ;
Augustin connaissait en tout cas ce récit par l’intermédiaire du De Republica de Cicéron (voir
De civitate Dei, XXII, xxviii).
79. Voir De Genesi…, XII, xxxiii, 62, p. 440: « Nos ab auctoritate divinarum scripturarum,
quibus solis de hac re fides habenda est, recedere non debemus ».
80. Voir l’argumentaire développé ibid., xxxiii, 63-64.
81. Voir PORPHYRE, Sentences, t. I, p. 328, l. 12-14.
242 Stéphane Toulouse
comme un lieu corporel 82, car une conception que Porphyre emprunte à
Plotin est qu’il faut éviter de dire que l’âme, réalité incorporelle, est dans
tel lieu. Or, Augustin, avant de reprendre une nouvelle fois la notion de
pneuma imaginatif chère à Porphyre, commence justement son exposé par
le refus de l’hypothèse d’un lieu corporel pour les Enfers 83. Au moyen des
notions de pneuma (spiritus) et de vie imaginative, Porphyre semble vouloir
sauver l’idée de l’Hadès, tout en restant fortement attaché au principe plo-
tinien concernant les expressions applicables en droit à l’âme.
Il existe pour Porphyre une âme pneumatique, anima spiritalis, en ce
sens que l’âme a pour corps et support spécifiques de certaines de ses acti-
vités, particulièrement de la conscience sensible et de l’imagination, le
pneuma. Quand cette sorte d’âme ou de vie est libérée des liens du corps
(dans le songe, les visions extra-corporelles comme celle d’Er, ou après la
mort 84 – les trois cas sont repris dans l’exposé d’Augustin 85), son activité,
tant qu’elle est prise du moins dans le cycle des métempsychoses, consiste à
imaginer, à projeter sur son corps subtil ses imaginations (phantasiai) ; le
reflet (eidôlon) est la forme adéquate à ce type de vie impure, encore char-
gée de passions corporelles. Dans le traité Du Styx, on trouve des précisions
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ont en effet les représentations de tous les méfaits qu’elles ont commis, et
elles sont punies ainsi, leur faute se présentant à elles sur le mode réflexif et
les punissant au moyen de châtiments déterminés par les fautes ; d’où le fait
que certaines âmes croient porter un fardeau de pierres et être punies par
cette oppression, que d’autres ont la représentation d’une faim et d’une soif
éternelles, que d’autres encore ont la représentation de quelque autre mal
parmi ceux qui leur firent horreur pendant leur vie mortelle 87 ». Plus loin,
on voit Héraclès, devenu un bourreau infernal, « punir les coupables en leur
inspirant des représentations effrayantes 88 ». Dans cette doctrine, les peines
de l’Enfer sont imaginaires, mais elles n’en sont pas moins terribles, puis-
que la vie imaginative de l’âme dans les Enfers fait qu’elle ressent la soif sans
pouvoir l’étancher, qu’elle ressent le poids sans pouvoir s’en délester, etc. Ce
sont donc, comme le soutient Augustin, des peines tout à fait authentiques,
vera, et non de fausses peines.
Pour que cette étrange doctrine puisse être formulée, il est requis que
soit élaborée l’idée d’une vie imaginative ou eidolique, de nature pneuma-
tique 89. L’élaboration de cette idée est porphyrienne, et elle se trouve dans
la Sentence 29, comme nous l’avons évoqué, mais aussi dans le traité Des
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87. Voir PORFIRIO, Sullo Stige, traduit et annoté par Cristiano Castelletti, Milan, 2006,
p. 98 (fragment 2, l. 30-38) – ma traduction.
88. Ibid., p. 98, l. 43-44.
89. Augustin n’emploie pas ici imago et phantasia, mais il pense toujours néanmoins à la
catégorie des incorporels « impurs », qu’il désigne ici régulièrement par « (incorporalia) similia
corporibus/corporalibus » ou « similitudines corporum/corporalium rerum » : nous sommes
toujours dans le registre du spiritus et des visiones spiritales dont il était question dans l’ex-
posé précédent sur les trois visions.
90. Voir SYNÉSIOS, Des songes, éd. N. Terzaghi, p. 156, l. 8-11 (ou éd. J. Lamoureux, p. 280):
« Ce pneuma de l’âme, que les bienheureux ont appelé aussi une âme pneumatique (cf.
AUGUSTIN, De civitate Dei, X, xxvii et xxviii) devient… fantôme, et l’âme reçoit son châtiment
sous cette forme. Car les Oracles s’accordent à dire à propos du pneuma que la vie de l’âme
dans l’au-delà sera conforme aux imaginations vues en songe » (ma traduction).
244 Stéphane Toulouse
« imaginaire 91 », d’autant plus cruel qu’elle n’a plus son corps de chair pour
les assouvir. Augustin ne manque pas, à la fin de l’exposé sur la réalité des
peines de l’Enfer, de conclure qu’il s’agit d’un lieu « spirituel », ce qu’il
entend dans le sens médian selon lequel il analysait la vision spirituelle, dans
les pages précédentes du livre XII ; ce lieu relève de ce qu’il appelle le
« second ciel », qui n’est perceptible ni par les sens corporels, ni par l’âme
intellectuelle, mais qui est constitué de réalités « in similitudine corporali »
perceptibles par cette instance médiane qu’il appelle encore une fois, à la fin
du livre XII, le spiritus 92.
91. Voir, dans la droite ligne de la théorie porphyrienne, De Genesi…, XII, xxxiv, 66, p. 448,
à propos du châtiment pour les âmes des défunts : «… ut (…) hoc eis per illas corporum simi-
litudines exhibeatur ».
92. Ibid., xxxiv, 67, p. 448.
93. Voir Confessiones, X, x, 17 à xii, 19.
94. Voir Traité 27 : Difficultés relatives à l’âme, I (= Enn. IV, 3), c. 30 à 32.
Influences néoplatoniciennes et visio augustinienne 245
95. Voir SYNÉSIOS DE CYRÈNE, Des songes, p. 151, l. 6-8 de l’édition Terzaghi (ou éd.
J. Lamoureux, p. 275).
96. Cependant, cette ouverture de la visio spiritalis vers la vérité divine ne semble pouvoir
se produire qu’avec le secours d’un avertissement divin (voir De Genesi…, XII, xxvi, 53, p. 420),
ou par une révélation angélique (ibid., XII, xxx, 58, p. 432-434).
97. Voir De Genesi…, XII, xxix, 57, p. 432: «… ut in unoquoque aliud alio gradatim super-
feratur… ».
98. Voir De Genesi…, XII, xxxi, 59, p. 436.
99. À comparer à Plotin, Sur la beauté intelligible (traité 31 = Enn. V, 8), 11, où sont expri-
mées la présence du dieu, et l’idée que le spectateur, illuminé, devient spectacle ; voir aussi Du
Bien ou de l’Un (traité 9 = Ennéades VI, 9), 11, où Plotin, évoquant la vision de l’Un, dit
qu’ « il s’agit d’une autre manière de voir » (l. 22).
100. Voir De Genesi…, XII, xxviii, 56, p. 428. Rappelons que la plus haute vision, l’intel-
lectuelle, a pour objet l’âme intellectuelle elle-même, les vertus et Dieu (De Genesi…, XII, xxiv,
50 ; xxvi, 54 et xxxi, 59, ce dernier texte dessinant deux degrés de visions intellectuelles).
101. Comme l’a bien noté J.-L. SOLÈRE, art. cit., p. 117-119. Notons cependant que Porphyre
s’est expliqué avec une grande netteté sur ce qu’il faut entendre selon lui par « faculté » de l’âme,
dans son traité Sur les facultés de l’âme: « la diversité des facultés n’altère pas l’unité du sujet »;
« les facultés restent indivisibles, parce qu’elles pénètrent tout le sujet » ; et encore : « ceux qui
attribuent à l’âme des parties entendent par là les facultés par lesquelles l’être animé peut pro-
duire des actes ou éprouver des passions. Tout en proclamant l’âme même indivisible, rien n’em-
pêche de diviser ses fonctions » (STOBÉE, Anthologie, I, respectivement p. 351, l. 13-14, p. 352,
24-25 et p. 354, 2-6, éd. Wachsmuth ; trad. E. Lévêque).
246 Stéphane Toulouse
Bibliographie sommaire
Sur l’imagination, les images et les différentes sortes de visions chez Augustin, voir notam-
ment, parmi des études récentes, R. A. MARKUS, « Imago et similitudo in Augustine », dans la
Revue des études augustiniennes, 10 (1964), p. 125-143 (repris dans Sacred and secular: stu-
dies on Augustine and Latin christianity, Aldershot, 1994, étude XVI) ; Martine DULAEY, Le
rêve dans la vie et la pensée de saint Augustin, Paris, 1973 ; Gerard O’DALY, Augustine’s phi-
losophy of mind, London, 1987 ; Gerald WATSON, Phantasia in classical thought, Galway,
1988, p. 135-153 ; Goulven MADEC, Lectures augustiniennes, chapitre 12 (« Savoir, c’est voir :
les trois sortes de ‘vues’ selon Augustin »), Paris, 2001, p. 221-239; Jean-Luc SOLÈRE, « Les ima-
ges psychiques selon S. Augustin », dans De la phantasia à l’imagination, sous la direction de
Danielle Lories et Laura Rizzerio, Louvain, etc., 2003, p. 103-136 ; Olivier BOULNOIS, Au-delà
de l’image : une archéologie du visuel au Moyen Âge (Ve-XVIe siècles), Paris, 2008, p. 25-53 ;
et pour une vue globale, avec une bibliographie complète, les articles de l’Augustinus-Lexikon
édité par Cornelius Mayer (volume 3, fasc. 3/4, Basel, 2006) consacrés à « imaginatio (nes) »,
par Christian Pietsch, et, de manière plus développée, à « imago », par Isabelle Bochet (respec-
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Sur Porphyre et Augustin, voir, entre autres études de valeur, que l’on ne peut toutes men-
tionner ici, le séminal Porphyrios und Augustin, Halle, 1933 de Willy Theiler (repris dans ses
Forschungen zum Neuplatonismus, Berlin, 1966, p. 161-251) ; la thèse de Gérard Verbeke sur
L’évolution de la doctrine du pneuma du stoïcisme à s. Augustin, Paris et Louvain, 1945 ;
l’étude de J.H. Taylor sur « The meaning of spiritus in St. Augustine, De Genesi, XII », dans
The modern schoolman, 26 (1948), p. 211-218, qui relève ce que l’analyse augustinienne doit à
Porphyre ; les pages de Pierre Courcelle dans Les lettres grecques en Occident de Macrobe à
Cassiodore (Paris, 19482, p. 158-194), qui restent fondamentales, et qui corrigent au passage
quelques excès des thèses de Theiler sur l’influence néoplatonicienne exclusive de Porphyre ;
les très précises notes complémentaires d’Aimé Solignac, dans AUGUSTIN, La Genèse au sens
littéral, VIII-XII (Bibliothèque augustinienne, 49), [s.l.], 1972, p. 559-585 ; les études fouillées
de Jean Pépin, dont certaines, qui touchent au thème ici abordé, sont reprises dans le recueil
Ex Platonicorum persona, Amsterdam, 1977 ; certaines études de Gerard O’Daly (outre les
pages qu’il consacre à ces sujets dans son Augustine’s philosophy of mind, cité au paragraphe
précédent), reprises notamment dans Platonism pagan and Christian : studies in Plotinus
and Augustine, Aldershot, 2001, et qui montrent la reprise, non servile, d’idées plotiniennes
et porphyriennes chez Augustin. Pour un état de la question, voir Goulven MADEC, « Augustin
et Porphyre : ébauche d’un bilan des recherches et des conjectures », dans Sophiês maiêtores :
chercheurs de sagesse. Hommage à Jean Pépin, édité par M.-O. Goulet-Cazé et alii, Paris, 1992,
p. 367-382 ; et pour une bibliographie raisonnée, quasi complète pour la période qu’elle cou-
vre, voir le précieux Porfirio negli ultimi cinquant’anni, Milano, 1994, de Giuseppe GIRGENTI,
où l’on peut s’orienter aisément grâce aux nombreux index, en particulier celui des thèmes et
celui des auteurs anciens ; cette bibliographie complète celle qu’a donnée Andrew Smith, sous
le titre « Porphyrian studies since 1913 », dans Aufstieg und Niedergang der römischen Welt,
hrsg. von W. Haase, tome II.36.2, Berlin, 1987, p. 717-773, où la dernière partie est consacrée
à l’influence des idées de Porphyre sur différents auteurs, dont Augustin.
Influences néoplatoniciennes et visio augustinienne 247
Résumé : Dans cette étude, nous examinons l'influence de quelques éléments caractéristiques
des doctrines psychologique et eschatologique de Porphyre, dont certains correspondent à
des idées de Plotin, sur l'analyse qu'Augustin propose des différentes sortes de visiones
dans le De Trinitate et le De Genesi ad litteram.
Mots-clés : Néoplatonisme. Imagination. Pneuma. Facultés de l'âme.
Abstract : This study focuses on the influence of Porphyry's psychology and eschatology
(partly fitting with Plotinus's ideas) on Augustine's account of the different kinds of
visiones, as it is set out in the treatises De Trinitate and De Genesi ad litteram.
Key words : Neoplatonism. Imagination. Pneuma. Powers of the soul.
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