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es ouvrages routIers
aua e ~~~~~~Documentde travail7SSA TP no.29F
VOLUME I
Public Disclosure Authorized
RAPPORT
Public Disclosure Authorized
Volume I
Rapport
Glossaire et Abreviations
Le présent rapporta été rédigé par Messieurs Jean-Luc Fréjacques et Jean Perrin, du BCEOM, Sociétéfrançaised'ingénierie, et
mis en forme par Jean-Marie Lantran, spécialiste principalde l'Industriede la construction, responsablede l'étude par la Division
des Infrastructures, Département au Sahel, Région Afrique de l'Ouest. La mission des experts et la préparationdu rapportont été
financés par le Fonds norvegien dans le cadre de la Revue des operations sahéliennes. La mission a largement bénéficié de
l'assistance de nombreux interlocuteursau Burkina Faso, Togo, Mali et Niger.
Ce document est publié informellement par la Banque mondiale. Il est distribué pour encouragerla discussion et les commentaires.
Les conclusions, interprétations,et recommandations exprimées dans ce rapport sont celles des auteurs et ne doivent pas être
attribuées à la Banque mondiale, à ses organisationsaffiliées, aux membres de son conseil d'administrationni aux pays qu'ils
représentent.
juillet 1997
Contents
ANNEXES ..... 63
i
ii
i
1
SOMMAI RE L es pays en développement à courte saison des pluies
gaspillent souvent une ressource précieuse (l'eau de pluie)
parce que les ouvrages routiers ou de drainage sont mal conçus.
Ceci est particulièrement visible dans les pays du Sahel. Sur les routes
principales, l'eau est considérée seulement comme un ennemi, et non
une richesse à conserver et à utiliser. Sur les routes et pistes
secondaires, le souci de se protéger contre l'eau conduit à construire
des ouvrages excessifs et coûteux, en s'inspirant de normes importées
de pays à climats différents.
Contenu du Rapport
Conclusions
vii
viiii
Sommaire
Au Togo, l'unique ouvrage visité est le barrage-route Les autorités en charge de la gestion de l'eau et des
de Kabou. routes doivent être impliquées dès le début dans le
processus de conception. L'utilisation des ouvrages
doit être à la portée des populations et des
Recommandations techniques. organisations qui les assistant sur le terrain.
L'entretien et l'utilisation doivent être une
Il faut prendre en compte de nombreux facteurs dans préoccupation majeure pour le concepteur, car seuls
la conception des ouvrages: trafic routier, topographie, les ouvrages bien entretenus ont des chances de
pluviométrie et hydrologie, bassin versant, durer. Ceci conduira à construire des ouvrages
évaporation, infiltration, qualité de l'eau, besoins en robustes et à utiliser des méthodes manuelles, au
eau pour la population, le bétail, ou la culture. moins sur les routes rurales et les pistes.
Les directions des routes devront aussi préparer et
Une recommandation majeure du rapport est de diffuser des manuels d'utilisation et d'entretien, ou
conserver des normes techniques homogènes sur des brochures d'instruction pour former les
les routes où le trafic dépasse 30 vélicules/jour. Si le usagers, et pour réduire les coûts au cours de la vie
trafic est plus faible, on peut réduire les des ouvrages.
caractéristiques sur de courtes sections. Autres
recommandations: des digues construites comme
de simples remblais peuvent servir à stocker l'eau si
la nature du terrain et la hauteur de retenue le
permet; les talus doivent toujours être protégés; un
bassin de dissipation de l'énergie doit toujours être
installé même pour des différences légères entre
l'amont et l'aval de l'ouvrage: il faut dessiner très
soigneusement le chenal de fuite.
L'OBJET, LES LIMITES ET
LA PRESENTATION DU RAPPORT
i
2
Chapitre1
Le présent Rapport est consacré aux ouvrages routiers. Les ouvrages hydrauliques
pour retenir ou évacuer l'eau jouent un rôle secondaire. En d'autres termes la route
est le produit principal du projet et la retenue d'eau est un sous-produit, qui ne
mérite donc qu'une faible partie des ressources totales affectées au projet. Le cas des
ouvrages à vocation principals de retenue d'eau, avec un aspect secondaire de piste
ou de route est différent et n'est pas considéré dans le présent Rapport.
La zone d'étude, la zone sahélienne, est limitée au sens hydrologique du terme par
les isohyètes de 200 et 850 mm/an; on y a englobé les régions plus au sud à
pluviométrie plus forte mais qui souffrent également de graves problèmes saisonniers
de sécheresse chaque fois que la zone ne possède pas de nappe phréatique parce que
le socle affleure la surface du
sol; ces régions ont été
incluses dans la zone d'étude - _
qui se trouve ainsi limitée
grossièrement par les _ __ _. Le
Les termes de référence prévoyaient que pour cette étude une mission composée
d'un ingénieur routier et d'un spécialiste de barrages parcourerait plusieurs pays du
Sahel, discuterait du problème posé avec les autorités locales responsables des routes,
de l'agriculture et de l'hydraulique villageoise et visiterait les installations existantes
pour en tirer les enseignements utiles.
C'est ce qui a été fait en juin et juillet 1992; à la suite d'informations recueillies avant
le départ, la mission a visité en accord avec la Banque, les pays ci-dessous:
Le BURKINA FASO du 22 au 30juin
Le Nord TOGO le ler juillet
Le NIGER du 02 au 07 juillet,
Le MALI du 08 au 14 juillet,
La MAURITANEE du 15 au 18 juillet.
Gestion de l'eau dans les ouvrages routiers au sahel: Rapport
3
LA PRESENTATION DE L'ETUDE
l1
ii
1
2. LES TYPES ET LES OBJECTIFS DES
DIVERSES AMENAGEMENTS
5
61
Chapitre2
LE CONTEXTE. On peut creuser une mare partout, quel que soit le trafic
de la route, a condition que la nappe phréatique ne soit pas trop
profonde (au moins au moment de l'année où elle est au plus haut
niveau), ou que le terrain soit
imperméable. Si le terrain est
perméable, si le niveau de la nappe la marc (vuc en plan ct coupc longitudinaic)
phréatique est profond et si l'on veut
conserver l'eau, il faut étancher le
fond à l'aide d'une couche
imperméable (argileuse) compactée
de 50 cm d'épaisseur.
JA
COUPE A. A Feuillures
pour batardeau
Gestion de l'eau dans les ouvrages routiers au sahel
LES CONTRE-INDICATIONS/PRECAUrIONS.
Comme dans le cas précédent, ce type
d'ouvrage nécessite des matériaux de
remblai imperméables et une
surveillance sanitaire
adéquate de la réserve
d'eau. En outre, en cas
de vannes mobiles, ces
vannes exigent une
surveillance permanents
pendant la période des crues.
(h) Le barrage en amont
de la route
LA DESCRIPTION. Dans ce type d'ouvrage, la
route est séparée du barrage qui la protège et qui écrête les crues de la
rivière. La route n'est concernée que par les crues que la retenue
n'absorbe pas totalement. Elle peut, selon l'intensité du trafic, être
mise hors d'eau ou comporter un radier submersible (voir Photo 17).
LE COÛT. Le coût est très variable selon la forme de le barge «e amont de la route
la vallée. Dans le cas (a) il est en général plus (coupes superposcés de la route et du d6vetroir)
élevé que celui d'un pont et il n'est rentable que si
la valeur de l'eau retenue le justifie. Dans le
cas (b) au contraire, il permet de franchir
une vallée même large, au prix de
construction d'une route ordinaire.
LES AVANTAGES. La construction du
barrage peut être parfois mais rarement
moins coûteuse que celle d'une longue
digue routière et d'un pont. La digue
routière, en effet, dans le cas des routes
principales, exige une largeur de plate-
forme de 8 à 10 mètres, alors qu'un barrage peut ne présenter qu'une
largeur de plate-forme de 3 à 4 mètres. Par ailleurs, la largeur de
l'ouvrage de franchissement sur le coursier, peut être moindre que
celle du pont. En outre, il peut être plus économique de séparer la
route du barrage parce que les matériaux du corps du barrage (argile)
peuvent etre inadéquats pour la constitution de la chaussée. La
separation des deux ouvrages permet de réaliser chacun d'eux à
moindre frais. Le barrage permet d'accumuler l'eau pour des usages
humains et/ou agricoles.
LES CONTRE-INDICATIONS, PRECAUTIONS.Il faut disposer de matériaux
imperméables pour pouvoir construire la digue; cette dernière doit
être protégée contre le batillage; enfin la retenue d'eau, qui est dans
ce type d'aménagement assez vaste, doit être surveillée du point de
vue sanitaire.
Il faut noter cependant que la mission a visité surtout des ouvrages sur
principales; elle n'a pas eu le temps de visiter de très nombreux ouvragesroutes
par les ONG sur les pistes rurales. Il est possible que la consideration initiés
ouvrages modifierait un peu les conclusions précédentes. de tels
LE TRAFIC ROUTIER
17
18
Chapitre3
LA PLUVIOMETRIE/L'HYDROLOGIE
12.1 % en 1961
6.60 % en 1962
0.96 % en 1963.
Si on combine ces coefficients d'écoulement avec les pluviométries,
également sujettes à de grandes variations, on trouve des apports tout
à fait fluctuants d'une année à l'autre: ainsi, dans le Nord de la COTE
D'IVOIRE, les apports du BOU à SIRASSO (500 km 2 de bassin ver-
sant) peuvent varier de 1 à 300 millions de M3 selon les années. Il y a
donc un risque d'erreur important dans l'estimation des apports
moyens annuels dans une retenue.
(c) Les debits de crue/crue de projet
L'étude des crues est indispensable pour dimensionner coffectement les
ouvrages dalots, ponts ou évacuateurs de crue. (Les méthodes utilisables
pour determiner les débits de crue sont discutées dans le Manuel.)
La mission a souvent
constaté dans les ouvrages l). xics N.UCS
anciens cet envasement du
fond de la retenue au contact Figure 3.1 - Mécanisme de dépôt des apports solides
du barrage.
L'EVAPORATION
L'évaporation a une influence directe sur le bilan hydraulique d'une
retenue d'eau. Elle s'exprime en général en nombres de millimètres
d'eau évaporée en un temps donné. L'évaporation dépend de la tem-
perature de l'eau ou du sol, de la temperature et de l'humidité de l'air,
du vent, de la transpiration végétale, etc.
Diverses méthodes de mesure de l'évaporation existent. Elles sont
données dans le Manuel mais sont généralement difficiles à corréler
entre elles et à corréler avec l'évaporation réelle sur la vaste surface
liquide que constitue la retenue. C'est évidemment cette dernière
évaporation qui intéresse le plus l'hydrologue du projet.
Au Sahel dans les cas les plus courants l'évaporation réelle est très
généralement supérieure à 1000 mm/an et peut souvent atteindre ou
dépasser le double.
Des essais de lutte contre l'évaporation ont été tentés, en particulier au
barrage no. 3 de OUAGA, par protection avec un film liquide. Ces
Gestion de l'eau dans les ouvrages routiers au sahel
| 23
L'INFILTRATION
LA QUALITE DE L'EAU
La qualité de l'eau de surface est variable. La composition chimique ne
pose généralement pas de problème. Le véritable problème est
davantage d'ordre sanitaire. En l'absence même d'animaux, les eaux
chaudes sont sujettes à fermentations et deviennent rapidement
croupissantes dès lors qu'elles stagnent. Cette dégradation s'accroît
d'autant plus que le volume de la mare se réduit sous les effets con-
joints de l'évaporation et de l'infiltration. Peuvent s'ajouter à cela les
souillures causées par les animaux venant s'abreuver. La retenue peut
ainsi se transformer rapidement en véritable "bouillon de culture".
Tout aménagement hydraulique doit donc, dès le stade de sa concep-
tion, faire l'objet d'une définition claire et précise de ses usages et de
gestion, de sorte que certaines dispositions constructives puissent êtresa
prévues à l'avance et mises en oeuvre pour garantir le bon usage de la
ressource, notamment: (a) Le débroussaillage et le déforestage de la
surface inondée; ils sont rarement opérés (voir Photos 8 et 15); (b)
L'aménagement à bords francs des rives de la retenue.
24
Chapitre3
crue est très faible toute l'eau reste dans la retenue et l'écrêtage
égal à 100 %. Cependant, le calcul de l'écrêtage s'effectue en se est
plaçant dans les conditions les plus défavorables; c'est-à-dire avec
retenue déjà remplie à son niveau normal lors de l'arrivée de la cruela
de projet.
Le débit d'entrée étant connu sous la forme d'un hydrogramme de
crue, le calcul du bilan hydraulique, heure par heure, permet de
déterminer la durée et le débit maximum de la crue à l'aval de
l'ouvrage. Le Manuel donne un exemple de calcul d'écrêtage pour
montrer la méthode. en
par exemple), intervenant auprès des LES APTITUDES CULTURALES, LES APTITUDES A
responsables du chantier de la route pour L'IRRIGATION ET LES BESOINS EN EAU
demander tel ou tel aménagement.
(a) Les aptitudes culturales
Les besoins en eau, hors besoins agricoles, sont L'aptitude culturale d'un sol est liée à la nature
estimés en fonction de la population de proximité, même de ce sol caractérisée par de nombreux
et des effectifs des troupeaux. Pour la population, éléments tels que profondeur, texture, structure,
deux éléments de base sont à considérer: PH et richesse chimique. En fonction de ces
différents éléments caractéristiques, un sol
L'effectif de population qui n'a pas accès à donné sera favorable à une culture plus qu'à une
une ressource suffisante d'eau par toute autre. La caractérisation et l'interprétation de
autre dispositif d'alimentation (source, ces éléments est l'affaire de spécialistes, les
puits, forages, etc.); agropédologues, auxquels on peut s'adresser
pour reconnaître et étudier le terrain.
* La distance de la ressource (existante ou
potentielle): sauf cas exceptionnels, on Cependant, on n'oubliera pas que l'observation
considérera que la distance limite d'accès à des zones de culture, au voisinage du site étudié et
la ressource ne doit pas excéder 5 km. Il faut celle des cultures pratiquées traditionnellement,
donc estimer la population résidant à un fournissent souvent d'utiles indications.
maximum de 5 km de la retenue envisagée;
puis évaluer les ressources actuelles. Le Les cultures maraîchères sont souvent appréciées,
besoin minimal par habitant est de 10 1/jour, surtout à proximité des villages. Grandes
la consommation effective pourra varier de utilisatrices de main d'oeuvre, elles permettent de
10 à 40 l/hab/jour, suivant la facilité d'accès à satisfaire le plus grand nombre d'attributaires pour
la ressource (40 1 pouvant correspondre à un leurs besoins familiaux ou la commercialisation.
puits à faible profondeur) éventuellement avec
- situé au centre d'un village). Pour le calcul (b) Les aptitudes à l'irrigation
prévisionnel envisagé ici, il est recommandé La définition des aptitudes des sols pour
de prendre une moyenne de 20 V/hab/jour. 11 l'irrigation reprend les critères de classification
faut aussi penser que du seul fait du croît des aptitudes culturales, en les hiérarchisant et
démographique, les besoins vont croître les complétant en fonction des éléments qui
régulièrement. Il faut donc prendre une marge influent sur la circulation de l'eau, et sa mise à
de sécurité de l'ordre de 25 % par rapport aux disposition de la plante (perméabilité, porosité,
besoins actuels estimés, visant un horizon réserve d'eau utile, etc.). Elle doit aussi rajouter
d'une dizaine d'années. d'autres critères; la pente est sans doute le plus
important: une pente faible (moins de 1 %) est
Pour les troupeaux le besoins unitaires optimale pour assurer une bonne distribution de
journaliers sont les suivants: l'eau. Mais inversement, il faut aussi penser
qu'irrigation et drainage étant toujours liés, il
* Bovin: 30 à 40 1/jour (50 1/jour par adulte faut une pente minimale pour évacuer les
dans les conditions sahéliennes, au moment quantités d'eau en excès (ne serait-ce que celles
des plus fortes chaleurs); provenant des averses exceptionnelles).
* Petit ruminant (ovin, caprin): 3 à 4 1/jour.
Gestion de l'eau dans les ouvrages routiers au sahel
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29
30
Chapitre4
Trafic en véhicule/jour 1 5 15
(TMJA) 30
160
E 120 -- -
_ _ 1_
E __ __
o 60 -O._ - R=3
640 ------ -- b---------
20 ------- . Hauteur de
* retenue R en m
1 2 3 4
Hauteur de remblai routier sans
retenue Ren m
Figure 4.2
La route
Pour des raisons de sécurité de circulation et d'homogénéité de
l'itinéraire, les dispositions et normes à adopter sur l'ouvrage doivent
être les mêmes qu'en dehors de l'ouvrage. Les profils en travers de la
chaussée et des accotements seront en général maintenus sur toute
longueur des digues. Le franchissement du déversoir, si celui-ci est la
réalisé par un pont ou un dalot, doit présenter les mêmes
caractéristiques de profil en travers que sur les autres ouvrages, sans
retenue d'eau de la route.
TABLEAU 4.3 -INFLUENCE DES PARAMETRES
TRAFIC
T >50 vêv&rJour O + _ + ++ ++
10 < T <50véh./jour O + + + + ++ ++ ++
T < 10 véhfjour O + ++4 ++ ++ ++ ++ ++
SITE
Talweg peu marqué O O ++ ++ +
Talweg marqué O O + ++ ++
PLUVIO-HYDRO O
Débit miponant > 10j/an O _ - 0 0
APPORTS SOLIDES
imponants - __ O _ __
CORPS FLOTTANTS O
EVAPORATION 0 0 0
ECRETAGE
Faible ou nul ++ _0_ O O O + +
Fort ++ + 0 0 + ++ ++ ++
LEGENDE: ++très favorable; +favorable; 0 sans effet; - défavorable; ___ très défavorable
Gestion de l'eau dans les ouvrages routiers au sahel
| 37
Au-delà des seuils minces, les trois organes chenal, coursier et bassin de dissipa-
tion se trouvent en pratique confondus et constituent un organe unique plutôt
assimilable à un bassin de dissipation d'énergie.
Le bassin de dissipation d'énergie. Le bassin de dissipation est un dispositif bien
connu des barragistes, mais d'après ce que nous avons pu constater, beaucoup
moins bien connu des ingénieurs routiers; ces derniers placent seulement à l'aval
de l'évacuateur quelques enrochements de protection, trop souvent insuffisants, et
c'est souvent par là que pêchent les ouvrages routiers à retenue hydraulique.
Le bassin de dissipation permet la transition entre l'écoulement rapide de l'eau Radier submersible et
dans le coursier (ou juste après sa sortie du seuil déversant) et un écoulement affouillement aval
tranquille dans la rivière à l'aval.
Presque tous les évacuateurs centraux
d'ouvrage à grande hauteur d'eau (3 m ou
plus au dessus du fond de la vallée au droit .
41
42
Chapitre5
Par contre, il est certain que les débordements sur la chaussée (cas
d'un ouvrage à retenue d'eau légèrement sous-dimensionné)
affaiblissent les couches de chaussée et provoquent une détérioration
plus rapide de celle-ci. Mais on doit dans un calcul économique
admettre que le projet est bon, et nous recommandons de ne pas faire
de différence entre les coûts d'entretien de chaussée bitumée dans la
solution classique et dans la solution à retenue d'eau.
Dans le cas des routes en terre, sur les digues non déversantes, la
mission n'a pas non plus constaté de différence de comportement de
la chaussée.
(a) Introduction
Le grand intérêt des aménagements routiers à retenue d'eau est qu'il
ne fait supporter à l'utilisateur de l'eau (la communauté villageoise
pour l'irrigation, la mise en valeur agricole des bas fonds, et
éventuellement l'alimentation en eau), qu'un coût d'aménagement
marginal: le surcoût de l'aménagement routier pour l'adapter à sa
44 I
Chapitre5
L'irrigation à l'aval
Les coûts à considérer concerneront ceux de la retenue à l'amont
(ceux précédemment indiqués, sauf bien entendu le seuil avec partie
mobile qui n'existe plus), et les parties additionnelles suivantes:
* La prise d'eau vannée avec conduite d'adduction à travers la digue,
jusqu'en tête du (ou des) canal(ux) de distribution de l'irrigation;
* L'infrastructure de distribution de l'eau sur le périmètre;
* La valeur ajoutée des cultures qui préexistaient à l'aménagement.
Les avantages sont identiques à ceux décrits dans le paragraphs
«Culture de décrue dans la retenue».
C'est le maraîchage qui fournit les plus forts revenus, utilise la plus
grande quantité de main d'oeuvre et peut valoriser au mieux les
aménagements réalisés. La consommation de légumes croît
actuellement de façon très nette dans l'ensemble de la zone
sahélienne et constitue donc une speculation intéressante.
(c) L'utilisation de l'eau par les populations et le cheptel
LES COÛTS.On ne pourra jamais interdire l'accès des animaux à la
retenue (sauf s'il y a des cultures dans celle-ci), moyennant quoi on
peut considérer qu'il n'y a pas de dispositif particulier à prévoir pour
leur alimentation.
Par contre, du point de vue sanitaire, il n'est pas admissible qu'on
laisse les populations prélever l'eau dans la retenue, d'autant plus
que les animaux peuvent y avoir librement accès. Il est donc
nécessaire de prévoir, et de chiffrer le coût de dispositifs de puisage.
Du plus simple au plus compliqué, cela pourra aller du simple
puisard creusé au voisinage de la retenue, assurant un minimum de
filtration de l'eau, à un puits plus sophistiqué avec: cuvelage,
margelle et aménagement des abords pour permettre l'accès, et éviter
tout risque de pollution (nous ne parlerons pas ici de dispositifs plus
sophistiqués, qui pourraient comporter un puits fermé avec pompage
et adduction). Le système avec margelle permet de combiner
facilement alimentation en eau des populations et des animaux, des
abreuvoirs pouvant au besoin être rajoutés à proximité.
LES AVANTAGES.Les avantages dus à l'alimentation des populations et
du cheptel sont difficiles à valoriser; on doit les décrire en donnant
au moins:
• Le nombre d'habitants desservis par l'aménagement, et la quantité
d'eau qui leur est réservée;
* Le nombre d'animaux dont l'abreuvement est prévu, et de même
la quantité d'eau correspondante.
46
Chapitre5
L'INITIALISATION
Certains des ouvrages à retenue d'eau ont été construits sans aucune
préoccupation socio-économique et seulement parce qu'un tel ouvrage
semblait plus sûr pour assurer le franchissement d'un oued ou d'une
zone large inondable. Cette motivation est-elle toujours valable?
Entre 1910 et 1930, il semble bien que certains ouvrages à radier submers-
ible et retenue d'eau ont été construits parce qu'on était incapable à
l'époque de déterminer des débits de crue réalistes. Dans les vallées
larges ce type d'ouvrage donnait une marge de sécurité pour écouler de
forts débits, très supérieure à celle de tout autre type d'ouvrage.
Cette époque est aujourd'hui révolue. On sait calculer les débits de crues
avec une relativement bonne précision mais y-a-t-il encore des cas où un
ouvrage à retenue et seuil déversant est recommandable pour des
raisons purement routières.
47
48
Chapitre6
Un autre cas fréquent est celui d'une retenue ayant arrivé un peu trop tard. Les services agricoles
pour objectif, dans une région à saison sèche très ou hydrauliques sont cependant en général
marquée, de procurer au chantier routier les mieux à même que les villages de connaitre à
quantités d'eau nécessaires aux travaux (arrosage l'avance les projets routiers et d'étudier ou
des matériaux de remblais et de chaussée en faire étudier la variante en temps opportun.
particulier, confection du béton, nettoyage des
engins, etc.) et au personnel (voir Photo 13). Il peut * Sur les routes tertiaires ou rurales, l'initiative est
être judicieux de coupler la construction de ce souvent prise par le génie rural ou les services
barrage (souvent provisoire) de chantier, avec celle hydrauliques parfois même par une ONG; le
de la route pour réaliser un ouvrage définitif projet d'hydraulique agricole ou villageoise est
utilisable par les populations voisines. couplé avec un franchissement routier.
Dans le calcul économique du projet, lorsqu'un tel * Enfin la solution la plus recommandable est
cas se présente, l'avantage lié pour le chantier à la celle où les services routiers eux-mêmes
réserve d'eau se trouve implicitement pris en demandent au projeteur, lors de l'étude d'une
compte par une réduction des prix des terrassements route neuve ou d'une reconstruction,
et des frais généraux de chantier comparativement d'envisager la possibilité pour certains
aux prix pratiqués sans cette réserve. ouvrages de franchissement, d'un
aménagement de retenue d'eau. Elle est encore
Pour les ouvrages à vocation socio-agrononique, rarement pratiquée. On espère que la diffusion
l'initiative de la construction d'ouvrages à retenue du présent rapport contribuera à la répandre.
d'eau découle d'une des quatre démarches suivantes:
L'étude des ouvrages à retenue hydraulique devrait Dans tous les cas, le projet d'exécution doit être
être faite dès l'étude de factibilité. Cela exige que confié au même projeteur que le reste de la route
le service des routes incorpore dans les termes de afin d'harmoniser les travaux de l'ouvrage à
référence de l'étude routière les clauses retenue hydraulique et les autres travaux
nécessaires. Mais il ne suffit pas de demander à purement routiers du marché.
l'ingénieur conseil d'étudier cette possibilité pour
les divers ouvrages de la route. En effet, avec les Un dernier point important doit être noté: dans
méthodes d'attribution actuelles des contrats, où aucun des ouvrages rencontrés les services
le prix de l'étude a un poids très important dans le routiers n'ont procédé ou fait procéder aux travaux
choix du soumissionnaire gagnant, il y a grand d'accompagnement de l'ouvrage: déboisement de
risque d'obtenir une mauvaise étude des ouvrages à la retenue (voir Photo 15), réseau d'irrigation à
retenue hydraulique. Cette étude est assez délicate et l'aval. Ils ont laissé ce soin et cette charge aux
requiert l'intervention de plusieurs spécialistes. services agricoles ou à l'initiative privée).
Nous préconisons donc de faire l'étude en deux (b) Les routes rurales
temps: Certains réseaux importants de routes rurales sont
construits à l'entreprise selon les mêmes proce-
(i) Identification des sites possibles dures que les routes principales; les
(ii) Etude de factibilité des sites retenus. caractéristiques de la route sont seulement d'un
niveau plus modeste. Pour de tels réseaux on peut
On trouvera, à l'annexe 2, les clauses que nous faire les mêmes commentaires et les mêmes
proposons aux administrations d'insérer dans les recommandations que pour le réseau principal, à
termes de référence des études de factibilité ceci près que si le réseau est construit par un
routières, lorsqu'elles désirent faire prendre en service de développement rural, les travaux
consideration ce type d'aménagement. d'accompagnement, notamment le réseau
d'irrigation, sont réalisés en même temps que
Lorsque l'ouvrage est initié en cours de travaux, l'ouvrage.
sur demande expresse des villages ou d'un service
hydraulique, on a de bonnes raisons de penser que Mais il arrive aussi que certains aménagements à
l'ouvrage présente de l'intérêt. La phase retenue d'eau sont construits avec des moyens
d'identification peut être omise, mais il convient beaucoup plus réduits et pris en charge pour leurs
avant de passer à l'étape du projet d'exécution, de financements par des organismes cherchant à
procéder à une étude de factibilité qui fixe les développer les travaux BIMO ou par des ONG
grandes lignes de l'aménagement: importance de la avec une forte participation villageoise à la con-
retenue, niveau du seuil et de la digue, conception de struction. Ce genre de réalisation tend à se
l'évacuateur de crue, travaux d'accompagnement développer et ne doit pas étre négligé même s'il
éventuels (réseau d'irrigation etc.). présente quelques aléas de bonne fin.
Dans les deux cas évoqués plus haut, celui d'un
Cette étude de factibilité peut être faite par le service réseau construit avec des méthodes de construc-
routier ou son ingénieur conseil. Elle peut aussi être tion modernes et rapides et celui d'aménagement
confiée au service du pays chargé des barrages impliquant, dès le départ une forte participation
collinaires, car ce service a souvent une meilleure villageoise, un frein institutionnel apparait
appreciation des problèmes et contraintes des parfois: la définition claire du ministère ou du
aménagements de ce type que les services routiers et service administratif de qui relève, au plus haut
peut produire rapidement une bonne étude. niveau, l'ouvrage désiré.
50
Chapitre6
L'ambiguïté qui règne à ce sujet dans certaines Il faut donc définir clairement la maîtrise d'oeuvre
pays peut conduire à des rivalités administratives de ces amenagements sur routes principales: Où
néfastes, ou lasser certaines bonnes volontés. Mais s'arrete celle de l'organisme gestionnaire quand il
ce problème dépasse largement celui des ouvrages y en a un? Et qui en définitive doit prévoir dans
routiers à retenue hydraulique et concerne l'en- son budget d'entretien les crédits correspondents?
semble des problèmes de développement rural. Il On verra au chapitre suivant, sur la gestion des
est heureusement en voie de solution dans ouvrages, quelle solution nous préconisons.
beaucoup de pays.
Dans le deuxième cas, celui de construction avec Pour ce type d'aménagement, les villages se
une forte participation villageoise, il faut résoudre sentent directement concernés et le petit entretien,
correctement le problème de direction du chantier celui que ne dépasse pas les possibilités tech-
de construction. La solution adoptée par diverses niques ni les moyens financiers du village est
ONG au MALI, qui consiste à faire diriger les généralement assuré. C'est le cas notamment des
travaux de construction de l'aménagement par une petits ouvrages à batardeau où chaque année la
équipe de technicians appartenant à une société gestion de l'eau et des cultures rappelle aux
d'ingénieurs conseils locale, nous parait tout à fait habitants l'existence et l'intérêt de l'ouvrage.
recommandable, d'une part, en raison de son faible
coût et, d'autre part, du fait que les villageois ou le Les problèmes d'entretien insolubles sont ceux qui
maître d'ouvrage de l'aménagement pourront exigent de gros moyens. Il importe que le village
facilement retrouver les technicians en question. La où l'organisme gestionnaire sache alors
direction de chantier par un technician étranger exactement à qui il doit s'adresser pour obtenir les
d'une ONG ou d'un bailleur de fonds international fonds ou faire faire les travaux nécessaires.
n'offre pas cet avantage.
De tout ce que nous avons vu, il nous paraît indispensable que pour tout
aménagement routier à retenue hydraulique, une discussion, s'engage
avant les travaux entre: Le service constructeur; L'administration maître
de l'ouvrage; et La communauté bénéficiaire de l'ouvrage (usagers).
Il faudrait que, pendant les discussions, soient clairement exposés les
avantages, comme les inconvénients de l'ouvrage et qu'un contrat soit
discuté avec les futurs usagers, où ils s'engageraient à assurer des tâches
précises en échange du cadeau souvent important qui leur est fait. Un
refus de participer de la part de la population conduirait logiquement à
l'abandon de l'alternative proposée. Le contrat préciserait la participa-
tion au projet: nettoyage et abattage d'arbres de la future retenue,
organisation en comité de gestion, collecte de fonds pour assurer l'achat
de petit matériel et matériaux nécessaires à l'entretien (robinets,
batardeaux). Le contrat devra définir sans équivoque: le propriétaire de
l'ouvrage, l'administration en charge des grosses reparations, le conseil-
technique pour l'entretien, les charges incombant aux usagers.
Pour assurer à la gestion sa pleine efficacité, un suivi doit être assuré par
le ou les maîtres d'ouvrage. Ce suivi pourrait prendre la forme de ce qui
est réalisé actuellement au BURKINA FASO, en l'intensifiant: tournées
sur les projets, discussions avec les responsables nommés sur place,
réunions de village.
7. RESUME ET CONCLUSIONS
L e
présent Rapport constitue une étude de cas financée par le
Fonds norvégien (Norwegian Trust Fund) et commandée et
pilotée par la Banque mondiale dans le cadre de la Revue des
opérations sahéliennes (Sahelian Operations Review). Elle a pour
objet de donner des exemples et quelques conseils sur la conception
des ouvrages routiers hydrauliques au Sahel, en particulier:
*Pour retenir l'eau (temporairement ou en permanence) dans les
régions où cette eau constitue une ressource précieuse;
* Pour ne pas surdimensionner les ouvrages sur les routes ou pistes
très peu circulées.
Le présent Rapport est accompagné de un Manuel d'exécution plus
spécialement destiné aux projeteurs. Il est consacré aux ouvrages
routiers; les ouvrages du type barrage pur (dont la vocation principals
est la retenue d'eau) ne sont pas pris en consideration dans ce Rap-
port ni dans le Manuel.
La zone d'étude est la zone sahélienne proprement dite
communément définie comme celle des isohyètes 200 à 850 mm/an,
et une zone située plus au sud pouvant aller jusqu'aux isohyètes 1 200
mm/an lorsque comme c'est souvent le cas, elle présente aussi des
problèmes saisonniers de sécheresse (roche affleurant la surface des
sols et absence de nappes phréatiques). Une mission d'étude a
parcouru cinq pays sahéliens en juin et juillet 1992; le présent Rap-
port fait la synthèse des renseignements recueillis et de leur analyses.
53
Chapitre7
(a) La mare (bassin d'orage), et leur premier objectif est routier (création de
(b) Le puits perdu, réserves d'eau pour la construction de la route).
(c) Le radier au fil de l'eau, Les services routiers reconnaissent les avantages
(d) Le radier surélevé avec ou sans buses ou socio-économiques des retenues, mais n'ont
dalots, sans vannes, guère promu cette solution.
(e) Le radier surélevé avec dalots et vannes,
(fl La route digue avec dalots surélevés, Au MALI, les services routiers, tout en
(g) Le pont équipé de seuil fixe ou mobile, comprenant l'intérêt des ouvrages à retenue
(h) Le barrage en amont de la route. hydraulique leur reprochent à la fois leur coût
de construction élevé et un risque accru de
Il existe d'autres types d'ouvrages associant destruction et de coupure de la route. Ce sont
deux ou plusieurs types des aménagements les services hydrauliques qui sont à l'origine de
précédemment définis. Il existe également des la plupart des ouvrages routiers à retenue d'eau
ouvrages d'équilibre où l'eau peut circuler dans qui ont été construits ou sont projetés. Les
l'un et l'autre sens et qui permettent le long ouvrages ont très généralement pour but une
d'une longue route en digue dans une zone amélioration de la production agricole et com-
inondée d'équilibrer le niveau d'eau de part et ponent des seuils amovibles.
d'autre de la route quelle que soit la zone
intéressée par un orage. En MAURITANIE l'objectif visé par les ouvrages
de retenue est essentiellement de rendre possible
La mission d'étude a été frappée des différences l'agriculture. L'alimentation en eau des popula-
observées entre les divers pays visités sur la tions se fait par puits à partir de la nappe
densité et les objectifs des ouvrages routiers phréatique ou profonde. Là où il n'en existe pas, il
permettant une bonne gestion de l'eau. Cela n'y a pas de population, et la perméabilité du sol
résulte évidemment d'abord des conditions et l'évaporation ne permettent pas de créer des
naturelles qui changent selon les régions, mais il réserves permanentes utilisables pour
semble aussi que des traditions administratives l'alimentation en eau à partir de retenues
expliquent certaines différences. routières. Par contre en MAURITANIE la culture
n'est possible que dans les bas fonds où l'eau
Le pays qui de beaucoup possède le plus grand s'accumule quelques mois et disparaît par
nombre d'ouvrages routiers à retenue hydraulique évaporation, ou filtration; les retenues d'eau
est le BURKINA FASO. Il s'agit surtout d'ouvrages contrôlées à vanne mobile permettent de créer
à seuil fixe avec une hauteur de retenue artificiellement de telles zones humides où la
supérieure à 1,5 m. Ces caractéristiques résultent culture d'arriére saison devient possible. C'est
de conditions naturelles favorables, mais pourquoi les ouvrages existant en MAURITANIE
probablement aussi du fait que les services sont à seuil mobile, et à objectif agricole; aucune
routiers de ce pays ont une conscience aiguë de retenue n'est pérenne. Il existe aussi en
l'intérêt de tels ouvrages. Ils demandent MAURITANOE des ouvrages situés dans le lit majeur
systématiquement aux projeteurs depuis 1982 de du fleuve SENEGAL qui permettent soit de contrôler
les prendre en considération. les lacs intérieurs, soit de retarder la durée de sub-
mersion des zones hautes du lit majeur.
Les retenues sont souvent pérennes et servent
surtout à l'alimentation en eau des populations Au TOGO la mission n'a visité qu'un barrage
et à l'abreuvement des troupeaux. La pêche y est routier à KABOU, dont l'utilisation essentielle
souvent pratiquée. est l'alimentation en eau des villages et
l'abreuvement. Il est probablement représentatif
Au NIGER, les problèmes de débit solide et de d'ouvrages qui existent ou pourraient être
méandrage sont fondamentaux; l'importance des construits dans les zones sèches et sans nappe
débits solides a freiné la construction de phréatique situées entre les isohyètes 800 et 1
beaucoup d'ouvrages routiers à retenue 200 mm: Nord BENIN, Nord COTE D'IVOIRE,
hydraulique. Ceux qui existent sont à seuil fixe Nord NIGERIA.
Gestion de l'eau dans les ouvrages routiers au sahel
| 55
Pour les troupeaux, les besoins sont: LES CHOIX TECHNIQUES ET ECONOMIQUES
DES SOLUTIONS
-Bovin: 30 à 40 1/jour (50 1/jour par adulte dans
les conditions sahéliennes,au moment des (a) L'introduction
plus fortes chaleurs); Le choix des bonnes solutions dépend des
-Petit ruminant (ovin, caprin): 3 à 4 1/ jour. paramètres que nous avons passé en revue et
des prix unitaires des diverses natures de
(1)Les aptitudes culturales travaux: le meilleur projet est évidemment celui
et les besoins en eau qui conduit au meilleur rapport: avantages/coût.
L'aptitude culturale d'un sol est un problème
complexe et requiert des agropédologues Du point de vue technique, il importe en outre
connaissant bien la région. La recherche d'adopter de bonnes dispositions constructives,
agronomique définit pour chaque culture la c'est-à-dire des dispositions qui ne conduisent
quantité d'eau qui est nécessaire pour assurer une pas une lente ruine de l'ouvrage ou à des coûts
végétation normale de la plante pendant son cycle d'entretien qui anéantissent l'économie qu'on
végétatif ainsi que la répartition de ces besoins aura cru pouvoir faire sur l'investissement.
dans le temps. Si la pluie n'a pas une bonne
probabilité de fournir mois par mois la quantité (b) Les choix techniques de base
d'eau souhaitable, il faut songer à l'irrigation. Les principaux problèmes rencontrés sont les
suivants: (a) ouvrage permanent ou ouvrage
Les besoins en eau des cultures sont calculés en temporaire de type radier, (b) ouvrage à retenue
ajoutant aux besoins de la plante (dits besoins d'eau ou pont classique; et dans le cas de
d'évapotranspiration), un certain pourcentage tenant retenue d'eau: (a) ouvrage à seuil fixe ou mobile,
compte de l'efficience de l'irrigation (pertes dans (b) route sur la digue ou en aval de la digue.
l'amenée et la distribution, inégalité de la répartition
sur la parcelle, percolation en profondeur). Sur le premier problème, on a résumé dans la
partie (a) Le trafic routier (Chapitre 7) les
A titre indicatif, on mentionnera quelques résultats de l'expérience de nombreux projets.
ordres de grandeur de besoins en eau, dans les
conditions sahéliennes. Les besoins sont à Sur le deuxième problème, on rappellera
majorer de 30 % pour un coefficient d'efficience: d'abord que le paramètre essential est
l'existence de besoin en eau donc la présence de
- Maïs ou sorgho 5 000 a 6 000 m3/ha populations; mais de nombreux autres facteurs
- Sole maraîchère 4 000 m3/ha sont à considérer tels que la perméabilité du sol,
- Riz: au moins 10 000 m3/ha, pour des la disponibilité de matériaux pour la construc-
cycles de saison sèche; cette demière cul- tion de la digue et la protection des talus, la
ture, très gourmands en eau, sera donc en topographic des lieux, etc.
général peu adaptée au type de périmètre à
l'aval de la retenue. Pour les deux derniers problèmes, les facteurs
favorables ou défavorables sont listés dans le
Les cultures maraîchères sont souvent Tableau 4.3.
appréciées, surtout à proximité des villages.
Grandes utilisatrices de main d'oeuvre, elles (c) Les bonnes dispositions constructives
permettent de satisfaire le plus grand nombre Les caractéristiques de la route sur l'ouvrage
d'attributaires pour leurs besoins familiaux ou doivent être les mêmes qu'en dehors de l'ouvrage.
la commercialisation. On ne réduit la longueur du profil en travers de la
route (passage de 2 voies à une voie de circula-
tion) que sur les ouvrages très longs et un calcul
économique est toujours nécessaire pour justifier
cette derogation aux normes routières.
Gestion de l'eau dans les ouvrages routiers au sahel | 59
Lorsque la retenue d'eau maximum est de faible Les panneaux de batardeau que nous avons
hauteur (inférieure à 1,5 m) et que les terrains rencontrés sont des éléments longs et de faible
ne sont pas trop perméable, la digue peut étre hauteur, en bois ou en panneaux métalliques
réalisée comme un simple remblai routier sans creux (téles métalliques soudées manufacturées
dispositif particulier autre que la protection du localement) manoeuvrables manuellement.
talus amont.
permet la transition
LE BASSIN DE DISSIPATION, Il
Si au contraire la hauteur est importante et si les entre l'écoulement rapide de l'eau dans le
terrains sont affouillables et perméables, la coursier (ou juste après sa sortie du seuil
digue doit étre conçue comme un véritable déversant) et un écoulement tranquille dans la
barrage avec noyau d'étanchéité et rivière à l'aval. C'est un dispositif important,
éventuellement d'ancrage. souvent mal connu des ingénieurs routiers. Il
permet de dissiper l'énergie de l'eau dans un
Les talus ont des inclinaisons variables, bassin. Les bassins de dissipation ont avantage à
l'inclinaison 1/2 étant la plus courante. être prévus lors de la construction. Le Manuel
Les talus sont soumis à des érosions provenant indique comment les calculer de façon précise.
du batillage des courants de crue et des eaux L'absence de bassin de dissipation entraîne des
pluviales; des protections sont nécessaires. phénomènes d'érosion régressive, puis la de-
struction de l'ensemble de l'ouvrage.
Les protections sont constitutées de voile en
béton, perrés maçonnés, perrés en pierres (d) Le choix et la justification économique
sèches rangées à la main ou enrochements. Il La justification économique d'un aménagement
apparaît que les protections en béton et les routier de retenue ou passage d'eau est fondée
perrés maçonnés bien exécutés (avec en sur les mêmes principes que la justification de
particulier des barbacanes et une fondation de n'importe quel projet. Mais le projet
pied correcte) sont les plus sûrs. Dans les d'aménagement de retenue d'eau est limité à une
ouvrages à retenue hydraulique, l'organe le plus section de route AB relativement courte, celle d
délicat et souvent le plus onéreux est l'intérieur de laquelle, la solution avec retenue
l'évacuateur de crues. et la solution sans retenue diffèrent, mais en-
deça et au-delà de laquelle le projet routier reste
ll comprend un seuil déversant (fixe ou mobile) inchangé. Le calcul économique est fondé sur
et divers organes permettant le passage de l'eau les évaluations suivantes:
du seuil jusqu'au lit ancien à l'aval de
l'aménagement. -Coût d'opération des véhicules sur le
tronçon AB,
LE SEUIL DÉVERSANT FIXE. Il est tantôt profilé tantôt -Coût de construction,
mince tantôt épais. Les seuils profilés sont -Coût d'entretien ultérieur des ouvrages,
réalisés en béton ou en maçonnerie. Les seuils -Production agricole,
minces sont réalisés en palplanches métalliques -Alimentation en eau de la population,
ou en béton armé. Les seuils épais sont -Abreuvement du bétail,
constitués en général par un massif terrassé -Autres conséquences de l'aménagement
simplement protégé par un voile de béton ou (sanitaires notamment).
béton armé; les cas les plus courants sont les
radiers surélevés et les dalots surélevés. La durée de vie de l'ouvrage pose pour les
ouvrages à retenue d'eau un problème à ne pas
LE SEUIL MOBILE. Ilest formé de rails fixes éluder, celui des apports solides. Si la retenue
verticaux incorporés à l'ouvrage et dans lesquels est comblée avant 25 ans (durée de vie prise en
on place les panneaux de batardeau. Parfois de compte généralement pour les projets routiers)
simples feuillures sont ménagées dans le béton et même si elle l'est seulement au-delà, il
au lieu des rails fixes. importe d'apprécier aussi objectivement et
60
Chapitre 7
honnêtement que possible quelle sera larges ce type d'ouvrage donnait une marge de
l'évolution probable de la retenue, et la baisse sécurité pour écouler de forts débits, très
des avantages hydrauliques qu'elle apportait supérieure à celle de tout autre type d'ouvrage.
immédiatement après la construction. Aujourd'hui, la route n'est plus guère à l'origine
d'un ouvrage à retenue hydraulique que pour
Le coût de construction des ouvrages est à procurer au chantier routier les quantités d'eau
étudier cas par cas. On a rassemblé seulement nécessaires aux travaux (arrosage des matériaux
ici dans le Tableau 4.1 les coûts unitaires de remblais et de chaussée en particulier,
moyens observés dans divers pays sahéliens en confection du béton, nettoyage des engins, etc)
1992, avant la devaluation du E CFA. Au prix de et au personnel. Il peut être judicieux de coupler
construction on n'oubliera pas d'ajouter celui du la construction de ce barrage provisoire, avec
contrôle des travaux, soit environ 7%. celle de la route pour réaliser un ouvrage
définitif utilisable par les populations voisines.
Le prix d'entretien peut varier assez sensiblement
selon que l'ouvrage a été très largement conçu ou Mais aujourd'hui la plupart des ouvrages
au contraire très économiquement. Selon les cas, routiers à retenue hydraulique sont construits
le coût annuel d'entretien peut s'élever de 2 % à 8 dans l'objectif d'avantages socio-économiques.
% du coût de construction. L'initiation est prise dans certains pays par les
services routiers eux-mêmes qui demandent au
La valorisation en termes monétaires des projeteur lors de l'étude d'une route neuve ou
avantages socio-économiques n'est pas aisée. d'une reconstruction d'envisager la possibilité
Pour les cultures on tient compte de la valeur pour certains ouvrages de franchissement, d'un
marchande des productions, sur le lieu de aménagement à retenue d'eau. Elle est encore
production, mais on n'oublie pas de retrancher à rarement pratiquée. On espère que la diffusion
ce prix celui des intrants (engrais, insecticides, du présent Rapport contribuera à la répandre, et
etc.) de l'énergie (pompage) et celui de la pro- l'Annexe 2 propose les termes de référence à
duction agricole éventuelle qui était pratiquée inclure dans une étude routière, pour obtenir ce
avant la retenue d'eau. résultat. Dans d'autres cas, ce sont les services
hydrauliques ou le génie rural, qui avec le
L'utilisation par l'homme et les animaux des concours des services routiers, ou avec celui
ressources hydrauliques est encore plus difficile à d'ONG initient de tels aménagements.
valoriser. Les chiffres parfois utilisés de 50 à 200
ECFA par m3 d'eau utilisée ne sont que de (b) La concertation et l'organisation
grossières évaluations. L'établissement d'un projet des études et de la construction
de barrage dans la région et de sa production Il est essential d'associer, dès le début, les
annuelle utilisable peut permettre de mieux cerner acteurs en charge de la route et de l'eau, qui
le problème; mais de tels projets n'existent sont habituellement différents. La Direction des
généralement pas. Les ressources de la pêche ne routes et ses consultants n'ont pas l'habitude de
seront pas omises si elles sont prévisibles. se préoccuper de la gestion de l'eau au-delà de
l'emprise de la route. Le Rapport les aidera à le
LA GESTION DES OUVRAGES faire. D'autre part, le service du génie rural, les
A RETENUE HYDRAULIQUE populations et les ONG qui les assistant, sont
directement intéressés par les retenues d'eaux,
Le mot gestion est pris ici dans un sens large. Il mais elles n'interviennent habituellement pas
va du lancement du projet à son étude et à la dans le processus d'élaboration du projet
gestion proprement dite des ouvrages et des routier. Il faut donc adopter une démarche
ressources en eau. d'ouverture à la discussion et prévoir les
mécanismes qui conduiront au consensus entre
(a) L'initialisation du projet les parties.
Certains radiers surélevés ont été construits
autrefois en raison du manque de données Sur les routes principales, le service en charge
hydrologiques et parce que dans les vallées des études routières doit donc consulter les
Gestion de l'eau dans les ouvrages routiers au sahel 61
i
i
i
li
i
Annex 1: Bibliographie
ECONOMIE ROUTIERE
1 L. ODIER
1963
Les avantages économiques des travaux routiers - Eyrolles, Paris
2 . BCEOM - CEBTP
Juin 1991
Manuel des routes dans les zones tropicales et désertiques
Tome 1 politique et économique routière - Ministère de la Coopération
3 B. COUKIS
1983
Utilisation des méthodes manuelles dans les programmes de construction guide
pratique pour organiser et conduire les travaux - BIRD Washington
HYDRAULIQUE
4 M. CARLIIER
1972
Hydraulique générale et appliquée - Eyrolles, Paris
5 N. VAN TUU
1981
Hydraulique routière - BCEOM - Ministère de la Coopération et du
Développement
PETITS BARRA4GES
63
64 Annex i
HYDROLOGIE
15 SOGETHA
1968
Techniques rurales en Afrique; les petits barrages en terre - Ministère de la
Coopération;CIEH
16 SOGETHA
1971
Utilisation agricole des eaux de crue en Afrique - Tome 1: Les épandages de
crue - CIEH, Ouagadougou
Gestion de lPeau dans les ouvrages routiers au sahel
65
17 BCEOM, IEMVT
1977
Hydraulique pastorale - Techniques Rurales en Afrique - Secrétariat d'Etat aux
Affaires Etrangèreschargé de la Coopération, Paris
18 INSTITUT PANAFRICAIN DE DEVELOPPEMENT
1977
Découvrir une agriculture vivrière - Ed Maisonneuve et Larose, Paris
19 ROOSE E.
1992
Introduction à la Gestion Conservatoire des Eaux et de la Fertilité des Sols
(G.C.E.S.) - ORSTOM/FAO, Paris
20 C.T.F.T.
1979
Conservation des sols au sud du Sahara - Collection Techniques Rurales en
Afrique - Ministère de la Coopération, Paris
21 FAO
1977
Aménagement des bassins versants - CahiersFAO, Rome
EAU ETSANTE
MONOGRAPHIES
24 DIPAMA
1992
Sédimentation dans les barrages - Mémoire de maîtrise - Université
de
Ouagadougou
25 A. JOIGNEREZ - N. GUIGEN
1992
Evaluation des ressources en eau non pérennes du Mali - ORSTOM
66 Annex 1
67
68 Annex
3 - Composition de l'équipe
Pour l'étude des Phases 1 et 2 de l'étude définie plus haut, l'Ingénieur Conseil fera
intervenir:
- un hydrologue et un géologue (qui peuvent être ceux déjà chargés du reste du
projet routier);
- un agronome et/ou un spécialiste d'alimentation en eau;
- un barragiste;
- un économiste agricole.
Ils devront tous avoir 10 ans d'expérience dans la profession: l'hydrologue, l'agronome, le
spécialiste d'alimentation en eau et l'économiste agricole, devront en outre avoir une
bonne connaissance de l'Afrique sub-saharienne et préférablement sahélienne.
4 - Rémunération de l'Ingénieur Conseil
En fonction du mode de rémunération prévu pour la partie purement routière de
l'évaluation économique (rémunération au temps passé ou forfaitaire), il est proposé
d'adopter une des deux formules suivantes:
a) En cas de rémunération au temps passé
L'Ingénieur Conseil sera rémunéré en fonction du temps de travail des ingénieurs et
spécialistes concernés , les travaux topographiques, géotechniques,
Gestion de l'eau dans les ouvrages routiers au sahel
69
NOTA
Les textes ci-dessus ont été rédigés dans l'hypothèse de l'étude d'une route de grande
longueur dont le commanditaire voudrait connaître les possibilités et l'intérêtd'ouvrages
à retenue d'eau. Mais bien entendu, pour l'étude spécifique d'un seul ouvrage à retenue
d'eau ou pour d'autresprojets, ces textes peuvent être utiles, notamment dans la
définition de l'étude de factibilité de Phase I.
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Annex 3
Cahier de photographies
71
72
Annex 3
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