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TITRE DE L’ARTICLE:

COUT FISCAL DE L’ENTREPRENEURIAT : UNE FISCALITE


REBUTANTE OU PLUTÔT ATTRACTIVE AU PROFIT DE
L’ENTREPRENEURIAT AU MAROC ?

Auteurs :
Mme M’barka EL GHAZALI
Professeure Habilitée à L’École Nationale de Commerce et de Gestion de Casablanca
Et

Auteur : M. Hamza BENKENDIL


Doctorant au Laboratoire en Recherches Prospectives en Finances et Gestion (LRPFG)
Université Hassan 2 – L’École Nationale de Commerce et de Gestion de Casablanca

Gsm : 06.74.41.44.47
Adresse électronique :h.benkendil@gmail.com

Résumé :

1
L’économie entrepreneuriale est le ferment de la croissance future de la productivité
intensive et surtout le principal facteur d’explication des écarts de taux de croissance entre
pays. Le Maroc a besoin de relancer sa croissance et de créer trois millions d’emplois
marchands pour faire face à ses charges futures et réduire le chômage. En effet,
l’Entrepreneuriat peut être considéré comme une sorte de force motrice contribuant à la
régénération et au développement d’un pays.

L’entrepreneur a une importance capitale dans la réussite de son projet, néanmoins, il est
amené dans son parcours àaffronter certains écueils pouvant constituer de sérieuses barrières à
la fois lors du lancement et de l’épanouissement de son affaire. En effet, l’un des principaux
obstacles de l’entrepreneuriat est le coût financier, et dans notre communication on va se
référer plus particulièrement au coût fiscal.

Pour pouvoir favoriser et encourager l’entrepreneuriat au Maroc, la fiscalité est appelée à


intégrer une optique visant à influer positivement sur les décisions des entrepreneurs en
matière de création d’entreprise, création d’emploi, innovation, et de développement de
l’esprit d’entreprendre dans les entreprises et les organisations afin de libérer et valoriser le
potentiel des jeunes ou encore d’atténuer les inégalités spatiales.

Dans la présente communication, on va démontrer à travers une réflexion théorique,


comment le système fiscal marocain contribue-t-il à un meilleur encouragement de la création
de valeur en se référant aux impôts et taxes du régime fiscal marocain des entreprises à savoir
la Taxe sur la Valeur Ajoutée, l’Impôt sur les Sociétés, l’Impôt sur le Revenu (en mettant le
point sur la nouvelle formule de l’auto-entrepreneur) ainsi que la Taxe Professionnelle.

Mots clés :

Entrepreneuriat, Fiscalité, Compétitivité, Investissements, Financement, Coût fiscal, Création


de valeur, Promotion.

2
I. INTRODUCTION :

Il existe trois piliers capitaux que toute économie dans le monde entier veille à réaliser à
savoir : Améliorer la compétitivité, favoriser la croissance économique et accroitre les
possibilités d’emploi. Pour ce faire, il faut que chaque Etat prête une attention bien
particulière à un instrument phare qui est l’entrepreneuriat. Tous les chercheurs et preneurs de
décisions s’accordent pour conclure qu’une économie entrepreneuriale est une économie
dynamique et innovatrice, c’est-à-dire que de nouvelles idées et nouveaux produits/processus
sont expérimentés pour enfin se renouveler.

Autrement dit, l’entrepreneuriat est une dynamique de création et d’exploitation d’une


opportunité d’affaires par un ou plusieurs individus via la création de valeur ce qui lui permet
d’être un levier capital contribuant à apporter des solutions alternatives aux problèmes de
chômage ainsi qu’une source de production de richesse économiques et sociales.

Les entrepreneurs sont perçus aujourd’hui comme les piliers de l’économie du marché dans la
mesure où leurs activités sont considérées comme créatrices de valeur, d’emploi ainsi que
d’avantages multiples pour la population consommatrice. En effet, l’action d’entreprendre ou
d’encourager à entrepreprendre dans un pays permet de considérer l’entrepreneuriat comme
un moteur du développement économique et social dans le monde entier.

Comme tout processus de développement, l’entrepreneuriat est tout simplement l’histoire


collective de l’homme sur un territoire, avec ses forces et ses faiblesses, ses pulsions et ses
désirs, ses apprentissages et ses réseaux proches lointains, pour faire reconnaitre son œuvre
dans un système de production et d’échange1. Ainsi, toute l’histoire individuelle appartient
aussi à tous ceux qui l’appuient et l’endossent : la famille, les amis, les employés, les
financiers, les autres partenaires d’affaires, et surtout les clients, qui lui donnent sa valeur et
lui fournissent différentes ressources au cours du temps, comme la reconnaissance, au-delà de
toute valeur monétaire, pour finalement changer le cours des choses.

Toute personne ayant l’intention d’entreprendre, a comme soucis principaux, les difficultés
financières. Et l’un des éléments les plus importants constituant ces difficultés est la fiscalité.
Il est primordial pour tout entrepreneur de prendre conscience de la réglementation fiscale
ainsi que tous les changements l’accompagnant. De ce fait, maîtriser et intégrer toute
l’information fiscale permettra à la fois de bien gérer la situation comptable et d’anticiper
d’éventuels risques de redressements fiscaux pouvant impacter négativement la performance
financière de l’entrepreneur.

Partant de ce constat, il est évident que l’entrepreneur marocain posera plusieurs questions
lors de la création de sa propre affaire dont la question fiscale selon le contexte marocain.
C’est la raison pour laquelle on va traiter dans cette présente communication le coût fiscal de
l’entrepreneuriat et son degré d’influence sur la continuité et la pérennité du projet
entrepreneurial.

1
Selon Franc Janssen (2014)

3
II. GENERALITES SUR L’ENTREPRENEURIAT :
1. L’ENTREPRENEURIAT : ELÉMENTS DE DÉFINITION

S’étendre à définir ce que c’est une entreprise d’une manière universelle n’est pas une chose
aisée du fait que tout dirigeant ou chef d’entreprise est capable de définir ce qu’en est une
entreprise. Une formulation excellente a été réalisée par un professeur de la prestigieuse
havard school qui a dit : « L’entrepreneuriat est la poursuite d’opportunités sans égard pour
les ressources existantes ».

Ce qui explique la perception de l’opportunité en dépit du manque de ressource est la


présence de 2 acteurs avec des logiques différentes, c’est-à-dire, la manière dont les
fondateurs gèrent leur entreprise, par opposition aux administrateurs ; ils tendent à mettre
l’accent sur l’équipe plutôt que sur la hiérarchie ;préfèrent les décisions rapides au gaspillage
de temps dans l’élaboration des délibérations avec leur collaborateurs ; ils proposent de leur
faire voir plus de choses pour qu’ils comprennentquelles sont leur perspectives à long terme
plutôt que s’attacher aux ressources maigres du présent. L’opportunité est leur seule
ressource.

Bon nombre de chercheurs limitent l’idée de l’entrepreneuriat à la création (Gartner, 1989-


1990)2. D’autres, s’arrêtent à évoquer divers aspects liées à la création d’entreprises mais
aussi à leur évolution. On peut remonter loin dans le temps pour retrouver différentes notions
associées à ce concept tout au début du XVII siècle, Olivier de Serre proposait sa discussion
sur les règles de bonne gestion d’une ferme. Cantillon, au XVIII (1769), était l’un des
premiers à parler directement de l’entrepreneur. Selon la définition moderne, les notions
abordées touchent par exemple : la mobilisation, l’organisation des ressources, la prise du
risque ou la capacité de faire face à l’incertitude, la production de biens et services,
l’innovation et le changement, la recherche d’opportunités d’affaires et finalement, la création
de valeur nouvelle ou d’innovation.

Afin de conclure avec les définitions, il importe de trouver une définition plus spécifique et
intégrante, c’est notamment celle présentée par l’OCDE en 2007 stipulant que
l’entrepreneuriat est le résultat de « toute action humaine pour entreprendre en vue de générer
de la valeur via la création et le développement d’une activité économique identifiant et
exploitant de nouveaux procédés ou de nouveaux marchés.

Tableau 1 Les fondements du concept de l’entrepreneuriat

Origines Concepts Sources contemporaines


Serre (1600) Capacité de mobiliser et de gérer des ressources Mahé de boislandelle (1988)
humaines et matérielles pour créer, développer et Landstrom (1999)
implanter une entreprise.
Cantillon (1734) Capacité de prendre le risque de créer son propre Gartner (1989; 1990) Friis
emploi Capacité d’un individu de se prendre en main et coll. (2002) Roberts et

2
Selon pierre André julien et louis gadieu dans leur rapport d’études « la mesure de l’entrepreneuriat » 2010.

4
et de prendre des risques dans un environnement Woods (2005) Lash et Yami
incertain. (2008)
Turgot (1769) Combinaison de la prise de risque, de la créativité Crozier et Friedberg (1977)
et/ou de l’innovation et d’une saine gestion, dans une CE (2003) Filion (2007
organisation nouvelle ou existante.
Smith (1776) Capacité pour un individu de se prendre en main et Cossette (1994) Landström
de prendre des risques, assurant ainsi la mise en (1999) Bruyat et Julien
œuvre des projets : inclut la capacité de produire des (2000) Ahl (2006)
biens et de créer de la valeur, qui en retour influence
l’entrepreneur
Say (1803) Capacité de créer une organisation et de la gérer de Churchill et Lewis (1983)
façon à générer des profits ou à la faire croître : donc D’Amboise (1997) Carree et
une dimension de profits et de croissance. Thurik (2005)
Knight (1921) Capacité de gérer l’incertitude et le risque. Pour cet Audretsch (2002) Friis et
auteur, les risques peuvent être « calculés », tandis coll. (2002
que l’incertitude ne peut pas l’être.
Schumpeter Capacité à introduire des innovations Nooteboom (2006)
(1934) (produits/méthodes/etc.) et de provoquer ou de
profiter d’un déséquilibre dans le marché. Inclut la
création de valeur dans un processus dialogique entre
l’entrepreneur et le marché
Kirzner (1973) Inclut la capacité à détecter et à exploiter des Dutta et Crossan (2005)
occasions, ce qui équivaut à détecter les Companys et McMillen
imperfections du système pour rétablir l’équilibre (2007) Julien et Vaghely
(2008)

2. LES FORMES DE L’ENTREPRENEURIAT :

Plusieurs initiatives de création d’entreprises ne sont que la conséquence de la croissance


démographique d’une région ou d’un pays, alors que d’autres créations sont plus
indépendantes et autonomes de cette évolution et donc le fruit de la capacité particulière des
entrepreneurs et du milieu à trouver et à concrétiser des opportunités d’affaires pour pouvoir
accélérer le changement technologique et économique. Eventuellement, En premier cas, dans
toute économie, une croissance importante de la population implique la création de garages de
réparation mécanique, de boulangeries, de snacks, de salons de coiffure… subséquemment
leur nombre n’évolue qu’en fonction de la croissance démographique. Et en deuxième cas,
d’autres cas d’entrepreneurs sont plus affranchis de ce phénomène, disposent de dispositifs
bien particuliers les incitant à aller de l’avant. Cela peut revenir grâce à leur création dans des
marchés plus dynamiques en évolution rapide et sont souvent la base de l’industrialisation des
régions ou de transformation de leur tissu industriel.

Suivant une source adaptée de Davidson (2001), Une typologie de l’entrepreneuriat individuel
comprenant 4 types se référant à 2 paramètres à savoir le marché et la firme.

5
Typologie de l’entrepreneuriat individuel

Marché
Ancien Nouveau
Firme Nouvelle Nouvelle entreprise Nouvelle entreprise très
reproduisant ou innovatrice
imitant ce qui se
fait ailleurs
Ancienne Entreprise reprise Entreprise élargissant son
avec des marché, soit dans la même
changements région ou pays, soit sur le
mineurs ou majeurs plan international.
(Davidson, 2001)

Dans le quadrant nord-Ouest, on trouve une entreprise qui crée peu de valeur réellement
nouvelle sur le marché et incitant peu l’organisation et l’entrepreneur à multiplier les
opportunités d’affaires et à innover. Ces entreprises se contentent d’imiter ou à reproduire ce
qui a déjà été fait dans le marché. Par exemple après avoir travaillé pendant 15 ans en tant que
Conseiller Fiscal, ce nouvel entrepreneur peut vouloir voler de ses propres ailes en créant sa
propre petite boite de conseil. Ce type d’entrepreneuriat passe par trois phases essentielles à
savoir le pré-démarrage, ensuite le démarrage et enfin la consolidation, ces périodes qui
suivent des trajectoires diverses selon le cas, mais visent toutes la constitution plus au moins
rapide d’une entreprise et sa pérennité. Cette nouvelle entreprise nécessite un minimum
d’innovation, même si elle imite pour une bonne part ce qui se fait ailleurs.

Ce qui est représenté dans le quadrant nord-est du graphique relève de l’entrepreneur


d’aventure3. Ce type de création offre un nouveau produit ou institue une nouvelle façon de
faire, sa croissance est généralement spectaculaire. Ce type d’entreprises novatrices qui
démarrent avec une innovation radicale mais le plus souvent risquée.

Par ailleurs, comme on le voit dans le quadrant Sud-ouest que le fait de reprendre une
entreprise en ne changeant que sa structure juridique n’est pas faire preuve de
l’entrepreneuriat mais plutôt considéré comme un investissement c’est le cas notamment de
la reprise d’une franchise contrôlée par une grande chaine. En effet, l’entrepreneuriat peut
prendre la forme d’une entreprise existante mais à condition d’opter pour des changements
touchant ses activités ou pratiques, c’est-à-dire transformer son organisation, changer ses
orientations, concevoir de nouveaux produits/projets ou de nouvelles activités ou développer
des activités actuelles. On peut l’appeler aussi d’Intrapreneuriat d’après Carrier (2008).

Enfin, dans le quadrant sud-est de la figure 2, on trouve la catégorie « Entreprise existante »


qui élargit son marché, soit en proposant un nouveau produit ou une nouvelle gamme de
produit sur le marché régional ou national, soit en proposant le même produit à un marché
plus large, notamment l’exportation.

3
Bruyat et julien, 2000.

6
3. L’ÉVOLUTION DE L’ENTREPRENEURIAT

Le cycle d’une petite entreprise fraichement créée peut être assimilé à celui d’une plante. Par
exemple quand une graine est plantée (lancement), elle commence de plus en plus à germer
(Croissance), par la suite, les feuilles apparaissent et la plante s’enracine plus en devenant
adulte (Maturité). Et après une période plus ou moins longue selon les conditions, elle
commence à faner et finit par mourir. C’est ainsi qu’on peut poser la question suivante : peut-
on calquer le cycle de vie de cette plante à une entreprise ou projet qui vient tout juste de voir
le jour ?

Juste après sa création et son développement, les sorts diffèrent d’une entreprise à l’autre.
Certaines disparaissent peu de temps après leur création, d’autres vivent leur croissance
lentement et de manière réactive. D’autres encore atteignent rapidement une taille
considérable et parfois même une extension vers l’international. Quelques-unes sont
transmises aux héritiers, tandis que d’autres sont reprises par des preneurs hors cercle familial.

Si on continue sur le même angle d’idée concernant le sort, les aspects de l’évolution de
l’activité entrepreneuriale diffèrent selon les cas.Commençons en premier lieu d’identifier un
type d’affaires créant une valeur plus que les autres organisations car il constitue des
exceptions en matière d’innovation et de développement et donc une forte croissance. Ce type
intéresse les pouvoirs publics ainsi que les bailleurs de fonds. En deuxième lieu, il existe des
entrepreneurs qui optent pour l’internationalisation qui signifie une entrée sur des marchés où
les règles, les attentes et les institutions peuvent varier substantiellement. Cette option peut
être due à l’existence de belles opportunités que représentent les marchés étrangers, à
l’évaluation des risques qui peuvent accompagner ce développement ainsi qu’à des avantages
concurrentiels. Le troisième cas concerne la transmission d’entreprises. En effet, les chances
de survie des entreprises transmises seraient plus importantes que celles des créations pures
que ce soit pour les employés ou l’économie. Donc en recherchant à dénicher un preneur
fiable, ceci permettra d’injecter de nouveaux fonds propres contribuant à développer les
stratégies ainsi qu’instaurer une culture plus ouverte.

III. L’ENTREPRENEURIAT AU MAROC


1. BREF APERÇU SUR L’ENTREPRENEURIAT AU MAROC

Au Maroc, On peut constater que malgré les efforts déployés par un grand nombre d’acteurs
publics, associatifs et privés autour de l’entrepreneuriat, on n’assiste pas encore à des « sucess
stories » récentes marocaines qui ont été à réalisées en dehors des grands groupes Benjelloun,
Chaabi et SNI.

Malgré l'importance des entrepreneurs et de l'esprit d'entreprise, peu de stratégies de


développement du secteur privé offrent les moyens de découvrir et développer les
entrepreneurs potentiels ou de stimuler de nouvelles sources d'entreprises, ces entrepreneurs
se trouvent en plus confrontés à des obstacles qui entravent toute promotion de
l'entreprenariat. Trois principales barrières4 à la conduite des affaires dans le royaume sont la

4
D’après une récente étude réalisée par la banque mondiale, la Berd et la BEI,

7
concurrence déloyale exercée par le secteur informel, la corruption et le manque de ressources
humaines.

Un secteur informel handicapant : 47,3% des chefs d’entreprises marocains interrogés


estiment qu’ils doivent rivaliser avec le marché informel qui représente une part très
importante de la croissance au Maroc. Ce secteur concerne plus particulièrement les jeunes et
les femmes en zones rurales où il constitue la seule alternative pour trouver un emploi. Le
rapport indique également que les petites entreprises se tournent plus facilement vers le
secteur informel afin d’éviter des procédures bureaucratiques contraignantes et le paiement de
taxes.

Un taux de corruption 2,6 fois plus important que la moyenne de la région :La corruption est
le deuxième obstacle majeur auquel doivent faire face les entreprises au Maroc. 18,2% des
chefs d’entreprises affirment que l’obtention d’une licence d’importation nécessite le
versement informel d’argent ou de cadeaux. C’est une caractéristique profondément ancrée
dans la société marocaine, plus que dans n’importe quel autre pays de la région étudiée,
précise l’enquête. Toutefois le coût de la corruption (0,2% du chiffre d’affaires) est
relativement faible comparé aux autres pays.

Un manque de ressources humaines : Le troisième obstacle au développement des entreprises


marocaines est le manque de qualification de la main d’œuvre. L’enseignement supérieur ne
permet pas aux étudiants d’acquérir les compétences nécessaires pour travailler dans le
secteur privé, souligne le rapport.

Enfin, selon l’étude, les petites entreprises ne souffrent pas des mêmes maux que les grandes
compagnies. En dehors de la corruption, barrière commune aux grandes et petites entreprises,
les petites compagnies sont davantage touchées par des problèmes liés à l’accès au foncier et à
l’électricité alors que les grandes doivent faire face à des contraintes de financement. Les
grandes compagnies manifestent un besoin de financement important et la demande d’un
crédit financier auprès des banques marocaines exige d’importantes garanties de la part des
entreprises.

2. LE MAROC EST-IL VRAIMENT ENTREPRENEURIAL ?

Le taux de l’activité entrepreneuriale au Maroc est de 4,44%5 (14,6% ayant une économie
similaire) chose qui confirme que le Maroc a un grand retard à rattraper en matière de création
d’entreprise. Cette situation reluisante s’explique par le fait qu’avec un potentiel important
d’entreprendre qui est 30% de la population active, il y a un très faible nombre
d’entrepreneurs actifs et cela revient à une raison d’ordre culturel et comportemental vis-à-vis
l’entrepreneuriat.

La même étude, ressort que les chefs d’entreprises marocaines sont très peu nombreux à
inscrire leurs sociétés dans une stratégie d’innovation orientée produit et/ou marché. D’autant

5
D’après une enquête portant sur un échantillon représentatif de 2.061 personnes et 50 experts, réalisée par le
cabinet d’expert Global Entrepreneurship Monitor (GEM)

8
plus qu’ils se démarquent par une faible propension à s’ouvrir sur le marché international et à
créer des emplois.

Comme le goût du risque et l’esprit d’entreprendre sont indissociables, l’appréhension de


l’échec ne laisse pas de marge de manœuvre à l’expérimentation, à l’initiative, aux essais et
aux erreurs de parcours, ainsi, l’étude montre que 41% des marocains ont peur de s’engager
dans une aventure entrepreneuriale.

3. LE FINANCEMENT DE L’ENTREPRENEURIAT :
i. Le grand point vulnérable : le Financement

Le problème de financement constitue la principale source de vulnérabilité, la contrainte


essentielle de développement et un élément important de blocage de l’entrepreneuriat au
Maroc. Selon Bousetta 2005, le rôle du système bancaire est très faible au Maroc et donc par
conséquent, il y a de plus en plus recours aux fonds propres et au secteur financier informel.

Cette réticence des bailleurs de fonds revient à deux contraintes essentielles : la première est
externe c’est-à-dire que les établissements de crédit évitent de prendre des risques excessifs en
matière de distribution de fonds c’est-à-dire que ces bailleurs de fonds adoptent les mêmes
conditions que les PME et les Grandes entreprises surtout en termes de garantie. Pour la
deuxième contrainte qui est d’ordre interne, elle est relative à la structure financière de ces
très petites entreprises nouvellement créées et à leur organisation interne (Manque de
transparence, un faible encadrement, une structure financière déséquilibrée…).

ii. Y a-t-il un bon Soutien d’ordre public à l’entrepreneuriat ?

Un fonds6 de soutien aux jeunes diplômés désirant s’installer pour leur propre compte a
été créée, 65% de ce fonds est assuré par l’Etat, 25% par les banques et 10% représente
l’apport personnel du promoteur qui doit être âgé de 21 à 40 ans et disposant soit d’un
diplôme de l’enseignement supérieur, soit d’un diplôme de la formation professionnelle, soit
d’une qualification ou d’une expérience. Et comme à peine 4452 dossiers ont été agrées et
18 530 emplois ont été créés, cette modicité s’explique par plusieurs facteurs : lenteur et
complexité des crédits, les réticences manifestées par les banques, les difficultés de faire d’un
diplômé un créateur d’entreprise. Et avec la mise en œuvre d’un autre fonds spécial d’un
Miliards de Dhsdans la période 1994-1999 dans la loi 13/94 à qui a résulté le financement de
2018 projets de création d’Entreprise nouvelles ayant généré 13.321 emplois, ces résultats
demeurent extrêmement modestes et largement en deçàdes objectifs escomptés qui étaient la
création de 2000 Entreprises par an et 250.000 emplois.

Tenant compte de l’échec de cette expérience, l’Etat a mis en place depuis 2006 une nouvelle
stratégie de promotion et d’accompagnement des entrepreneurs. Il s’agit du programme
Moukawalati visant à lutter contre le chômage des diplômés à travers l’auto emploi et la
création de milliers d’Entreprises7.

6
Initié par la loi N°36/87 1988-1993.
7
Selon Siham Kharbouche (2014) dans son article publié en Juin 2014 : Stratégie publique de promotion,
d’accompagnement et de Financement de l’Entrepreneuriat des jeunes au Maroc.

9
Moukawalati est un programme national d’appui au Micro et petit entrepreneuriat dont
l’objectif est d’accompagner la création de 30.000 TPE à l’horizon 2008. Ce qui pourrait
générer jusqu’à 90.000 emploi. L’accompagnement du projet est focalisé sur trois phases :
Une phase d’accompagnement, qui est focalisée sur la faisabilité, les besoins en formation
ainsi que la réalisation d’un business plan ; la deuxième phase d’accompagnement porte sur
deux éléments essentiels à savoir l’éventuelle rectification du business plan et une assistance
au démarrage de la micro et petite entreprise ; la troisième phase d’accompagnement est
centrée à la fois sur la réalisation de diagnostics globaux, la mise à disposition des jeunes
entrepreneurs d’informations riches et fiables offertes par l’environnement.

Entre 2007 et 2011, Le programme Moukawalati a permis la création de quelques 2050


entreprises (dont 918 ayant bénéficié d’un financement bancaire) soit 410 entreprises par an
ce qui représente un taux de réalisation de 6,8%. Siham Kharbouche (2014) a souligné que
cinq ans après, force est de constater que les résultats obtenus sont très faibles et largement en
deçà des objectifs fixés au départ. L’échec du programme est tout à fait consommé dès les
premières années de sa mise en œuvre. En effet, l’approche qui a été adoptée et qui consiste à
susciter voire à « vouloir créer artificlliement » un esprit d’entreprise chez les jeunes qui sont
souvent en chômage ainsi que la volonté du pouvoir public de s’appuyer sur un système
bancaire oligopolistique très concentré et fortement mercantile et complément dépassé et tout
à fait inefficace.

Pour finir, trois principales contraintes ayant causé la faiblesse des résultats de ce programme
à savoir la lourdeur des procédures et des démarches, le très faible financement ainsi que le
manque d’expérience des porteurs de projet.

IV. LE SYSTEME FISCAL MAROCAIN :

Le système fiscal marocain Comprends 2 types d’impôts au niveau national et régional. Au


niveau national ce sont les « impôts d’Etat » à savoir L’impôt sur les sociétés, impôt sur le
revenu, Taxe sur la valeur ajoutée et droits d’enregistrement et de timbre. Alors qu’au niveau
local ce sont les impôts immobiliers gérés pour le compte des collectivités locales (Taxe
professionnelle, taxe des services communaux et la taxe d’habitation…).

Du point de vue des entreprises, les impôts et taxes les plus pertinents qu’on va traiter dans le
cadre de cette communication sont l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur le Revenu
Professionnel, la Taxe sur la Valeur ajoutée et la Taxe Professionnelle.

1. QU’EST-CE QU’UN COUT FISCAL ?

Toute personne ayant un objectif d’entreprendre est tenue d’affronter certaines barrières, et
l’une des principales barrières mises à sa tête est la charge fiscale. Quand on parle d’un coût
fiscal c’est le montant versé à l’Etat aussi bien suite aux opérations effectuées par l’entreprise
qu’à sa nature d’activité

Comme déjà mentionné et détaillé dans la partie de la typologie de l’entrepreneuriat,


l’entrepreneur ne se limite pas seulement à créer une nouvelle entreprise, mais aussi étendre
une entreprise que ce soit dans d’autres régions, pays ou même à l’export. Et comme

10
s’acquitter à l’impôt est une contribution avant que ça ne soit une obligation, on va découvrir
à travers cette partie, la structure de la fiscalité marocaine, ses grandes composantes, ses
avantages ainsi que ses limites afin de conclure si l’entrepreneur marocain est en face d’une
fiscalité attractive l’aidant à surmonter les difficultés financières et aller de l’avant, ou plutôt
une fiscalité rebutante influençant négativement sa trésorerie.

2. LES IMPOTS ET TAXES LIES AU FONCTIONNEMENT DE L’ENTREPRISE :


i. Impôts sur les sociétés :

L’impôt sur les sociétés s’applique obligatoirement aux revenus et profits des sociétés de
capitaux, des établissements publics et autres personnes morales qui réalisent des opérations
lucratives, et sur option irrévocable aux sociétés de personnes.

Pour un jeune entrepreneur, il a le choix d’opter pour une société de capitaux (SA, SCA) ou
une société Hybride (SARL), Généralement les jeunes entrepreneurs optent pour la SARL du
fait qu’elle n’exige aucun capital minimum (contrairement à la Société Anonyme qui exige
300.000dhs).

Base imposable :

Le résultat fiscal imposable est égal à l’excédent des produits d’exploitation, profits et gains
sur les charges d’exploitation. Et les sociétés sont tenues de verser l’impôt dû au bureau du
receveur de l’Administration Fiscale et ainsi par télépaiement si c’est supérieur au seuil exigé
en 2016 (Généralisation en 2017).

Taux :

Dans l’Impôt sur les Sociétés, il existe plusieurs taux selon la taille et la nature du
contribuable, Comme on s’intéresse seuls aux entrepreneurs, il a été instauré dans la loi des
finances de 2016 un taux progressif détaillé comme suit :

Barème du taux progressif de l’Impôt sur le Revenu

MONTANT DU BÉNÉFICE NET EN DIRHAMS TAUX

Inférieur ou égal à 300 000 DH 10%

De 300 001 à 1 000 000 DH 20%

De 1 000 001 à 5 000 000 DH 30%

Au-delà de 5 000 000 DH 31%


Source : Code Général des Impôts.

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Avantages et exonérations :

- Pour un jeune entrepreneur, en cas de déficit, il est tenu de payer une cotisation
minimale de 0,5% du CA (0,25% pour les produits de premières nécessités) ou 6%
(pour les prestations de services), Or, il est exonéré de cette cotisation minimale
pendant les 36 premiers mois suivant la date du début de leur exploitation. Toutefois,
cette exonération cesse d’être appliquée à l’expiration d’une période de 60 mois qui
suit la date de constitution des sociétés concernées.
- Dans la partie typologie de l’entrepreneuriat, on a évoqué une Entreprise de
valorisation c’est-à-dire désirante de s’étendre à l’étranger pour exporter, en effet, le
législateur a accordé à tout exportateur une exonération de 5 ans et une application du
taux réduit de 17,5% au-delà de cette période. Et cela, ne concerne que la partie du
chiffre d’affaires à l’export réalisé en devises.
- En 20118 le taux de l’IS a été réduit pour les petites entreprises dont le chiffre
d’affaires ne dépasse pas 3 millions MAD, cette mesure visant à encourager les petites
entreprises et les accompagner vers le secteur formel a permis de pousser plus de
13.000 sociétés à déclarer un résultat fiscal bénéficiaire, bien plus, dans la loi de
finances 2016, il a été instauré un barème progressif (en haut) permettant d’amoindrir
la charge fiscale pour les jeunes entrepreneurs.

ii. Taxe sur la Valeur ajoutée

Base imposable

La TVA, entrée en vigueur au Maroc en 1986, est une taxe assise sur le chiffre d’affaires. Elle
est le premier nouvel impôt mis en place par la réforme fiscale de 1984.

La TVA repose sur le principe que chaque entreprise a le droit, tout au long de son processus,
de déduire de la TVA collectée en aval sur ses ventes, la TVA supportée en amont sur ses
achats de biens et services. Seul le solde sera versé au Trésor si la TVA collectée en aval est
supérieure à la TVA payée au fournisseur en amont. Dans le cas contraire, il constituera un
crédit vis-à-vis du Trésor, pouvant être remboursé dans certains cas. La TVA obéit donc au
principe de paiement fractionné en ce sens que chaque contribuable n’est sensé verser que la
TVA relative à sa propre valeur ajoutée et ne constitue nullement une taxe cumulative.

Taux :

En ce qui concerne les taux de la TVA, il existe 4 taux de TVA qui se différencient d’après la
nature de la prestation de service ou la marchandise livrée. Ces taux sont : 7% ; 10%, 14% et
20%

Avantages et exonérations :

8
La loi de finances 2011

12
- Pour un jeune entrepreneur visant la création d’une nouvelle entreprise innovatrice ou
de reproduction, en tant que commerçant détaillant, il est exonéré de la TVA dans
limite de 2 millions de dirhams de CA annuelet 500.000 Dhs s’il réalise des ventes et
prestations réalisées par les fabricants ou prestataires.
- La loi de finances pour l’année 20169 a élargi le champ d’application du
remboursement de la TVA pour couvrir les biens d’investissement à l’exception du
matériel, mobilier de bureau et des véhicules de transport de personnes autres que
ceux utilisés pour les besoins de transport public ou de transport collectif du
personnel. Ainsi, à compter du 1er janvier 2016, la taxe grevant les biens
d’équipement, matériel et outillages acquis, à l’intérieur et à l’importation, par les
contribuables ouvre droit au remboursement conformément aux dispositions de
l’article 103 bis du CGI, à l’exclusion de ceux acquis par les établissements et
entreprises publiques.
-
iii. IR Professionnel

Comme tout entrepreneur qui choisit la SARL ou SA comme forme juridique, il aura aussi le
choix d’opter pour une société de personnes (Société en Nom Collectif, Société en
Commandite simple, profession libérale..) par laquelle il paiera l’Impôt sur le Revenu
professionnel.

Sont considérés comme revenus professionnels10 : Les bénéfices réalisés par les personnes
physiques et les sociétés de personnes provenant de l’exercice :

a- D’une profession commerciale, industrielle ou artisanale ;


b- D’une profession de promoteur immobilier, de lotisseur de terrains ou de marchands
de biens ;
c- D’une profession libérale ou de toute profession autre que celles énumérées au (a) et
(b).

Le revenus professionnels sont déterminés d’après 4 régimes à savoir le Régime net réel, le
régime net simplifié, le régime forfaire et celui de l’auto-entrepreneur.
Ce revenu professionnel se compose de 4 régimes :

Le Régime Net Réel (RNR):

Considéré comme de droit, il est obligatoire pour les contribuables réalisant un CA égal ou
supérieur à 3 Millions de dirhams.

En ce qui concerne sa base imposable, le RNR a le même mécanisme que l’impôt sur les
sociétés, c’est-à-dire que chaque exercice comptable est déterminé d’après l’excédent des
produits, sur les charges engagées ou supportées.

Le Régime Net Simplifié RNS :

9
Données extraites de la note circulaire 726,
10
Code Général des impôts

13
Le RNS est applicable sur Option. Le résultat net simplifié est déterminé de la même façon
que le RNR, à l’exclusion des provisions qui ne peuvent être constituées. Par ailleurs, le
résultat déficitaire d’un exercice ne peut être reporté sur les exercices qui suivent.

Dans le même d’ordre d’idée, l’option pour le régime du résultat net simplifié reste valable
tant que le chiffre d’affaires HT n’a pas dépassé pendant deux exercices consécutifs
2.000.000Dhs s’il s’agit d’une activité commerciale ou artisanale et 500.000 dhs s’il s’agit des
prestations de services (CGI Article 30).

Régime du bénéfice forfaitaire :

Le régime forfaitaire est applicable sur option. Il est déterminé par application au CA de
chaque année civile et d’un coefficient fixé pour chaque profession.

Le Chiffre d’affaires annuel HT des contribuables ayant opté pour le régime forfaitaire, ne
peut être supérieur à 1 million de dirhams s’il s’agit d’un commerçant par exemple (CGI
Article 39) et 250.000 Dhs s’il s’agit d’un prestataire de service (CGI Article 30). Cette
condition est respectée lorsque ce seuil de chiffre d’affaires ne doit pas être dépassé pendant
deux années consécutives.

Le régime de l’auto entrepreneur :

L’une des parties les plus importantes dans cette communication est le nouveau régime dédié
à l’auto-emploi à savoir le régime de l’auto-entrepreneur.

Selon le Code Général des Impôts, la loi ouvre le statut d’auto-entrepreneur à « toute
personne physique qui exerce, en son nom personnel, à titre individuel, une activité
indépendante, basée sur sa propre force de travail, ses compétences, ou son savoir-faire pour
générer un revenu et qui exerce une activité commerciale, industrielle, artisanale ou une
prestation de service ».

Avec le désengagement progressif des Etats de la sphère économique et les restrictions


apportées aux recrutements dans l’administration sous l’impératif de l’assainissement
budgétaire, d’une part, et les contraintes de productivité auxquelles font face les entreprises
privées, d’autre part, l’emploi, sous sa configuration ancienne, tend à devenir une denrée rare.
De ce point de vue, l’auto-emploi peut, sous certaines conditions, jouer un rôle important dans
la promotion de l’entrepreneuriat au Maroc.

Ce dispositif11 a déjà attiré quelque 6 000 personnes. A ce rythme, l’objectif est de faire
accéder à ce statut une population de 100 000 auto-entrepreneurs à l’horizon 2020, soit 20 000
par an.

Comment l’auto entrepreneur pourrait-il déclarer ?

11
Selon des statistiques à fin 2016 annoncées par le ministre délégué en charge des petites entreprises et de
l’intégration du secteur informel.

14
Selon le CGI, Le contribuable dont l’impôt est déterminé selon le régime de l’auto-
entrepreneur est tenu de déclarer son chiffre d'affaires encaissé, selon l’option formulée,
mensuellement ou trimestriellement sur ou d’après un imprimé modèle établi par l’organisme
désigné à cet effet conformément à la législation et à la réglementation en vigueur.

La déclaration et le versement mensuel ou trimestriel doivent être effectués auprès de


l’organisme concerné dans les délais suivants :

- Mensuellement : avant la fin du mois qui suit le mois au cours duquel le chiffre
d’affaires a été encaissé ;
- Trimestriellement : avant la fin du mois qui suit le trimestre au cours duquel le chiffre
d’affaires a été encaissé.

Avantages fiscaux :

Contrairement aux régimes de l’impôt sur les sociétés, le RNR, RNS et le forfaitaire, celui de
l’auto-entrepreneur offre divers avantages fiscaux touchant aussi bien l’impôt à payer sur le
montant encaissé qu’en TVA, de plus, les jeunes entrepreneurs optant pour ce régime, ne sont
pas soumis à établir une comptabilité fiscale justifiant en détail leurs revenus ou bien
l’inscription au registre de commerce.

Taux d’imposition allégé :

Le taux d’imposition est en effet de 1% pour les activités industrielles, commerciales et


artisanales, à condition que le chiffre d’affaires annuel soit inférieur à 500 000 DH, et de 2%
pour les prestations de services, dont le chiffre d’affaires doit être inférieur à 200 000 DH.
Au-delà de ces seuils, le statut d’auto-entrepreneur et les bénéfices qui vont avec sont perdus.

De plus, ce dispositif est inédit dans le Code Général des Impôts puisque la loi prévoit que
l’assiette fiscale portera sur le chiffre d’affaires encaissé, et non sur le CA facturé. Cette
mesure donnera plus de légèreté à l’auto-entrepreneur, lequel fait souvent face à des retards de
paiement de ses clients.

La mise en place d’un impôt à taux fixe est censée permettre à l’auto-entrepreneur de ne pas
se soucier de sa comptabilité fiscale.

Pas de TVA :

L’auto-entrepreneur est en franchise de TVA : il ne collecte pas la TVA pour l’Etat, et ne fait
donc pas la différence entre le Hors-taxe et le TTC sur les factures émises à ses clients.

Il paye la TVA à son fournisseur, et ne peut la récupérer auprès de l’Etat. Et lorsqu’il livre des
prestations ou des marchandises à des entreprises, celles-ci ne peuvent récupérer la TVA sur
ce qu’elles achètent.

Exonération quinquennale de la Taxe Professionnelle

15
L’entrepreneur optant pour ce régime bénéficiera des mêmes avantages dédiés à la taxe
professionnelle dans les régimes classiques. La taxe professionnelle est due mais ce n’est
qu’après la cinquième année suivant sa date de création. De plus, à l’Achat de toute
construction, matériel informatique ou bien technique en l’état neuf, il en bénéficiera de
même.

iv. La Taxe Professionnelle

La Taxe professionnelle12 s’applique à toute personne physique ou morale, de nationalité


marocaine ou étrangère qui exerce une activité professionnelle au Maroc. La TP est établie sur
la valeur locative des locaux professionnels et émise par voie de rôle c’est-à-dire que c’est à
l’administration fiscale d’émettre un rôle d’imposition et dont la date d’exigibilité est dans la
fin du mois de juin.

Base de Calcul et taux de la TP :

La TP est établie sur la valeur locative annuelle brute normale et actuelle des magasins,
usines, ateliers, remises, chantiers et lieux de dépôts et de locaux, emplacements et
aménagements servant à l’exercice d’activités professionnelles imposables. La VL ne peut
être inférieure à 3 % du prix de revient des terrains, constructions, agencements, matériel et
outillages.

Les taux de la TP sont énumérés selon l’importance de chaque activité, partant de la classe 3,
la plus basse qui est de 10%, pour la classe moyenne c’est à hauteur de 20%, et 30% pour la
classe la plus élevée. Et pour ce qui est du droit minimum, un droit commun est perçu au titre
de la TP variant de 100 Dhs à 1200Dhs, selon qu’il s’agisse d’activités exercées dans des
communes urbaines ou rurales.

Avantages fiscaux :

L’avantage le plus important qu’on peut retenir de la taxe professionnelle pour un


entrepreneur c’est qu’il en est exonéré pour cinq ans et ce n’est qu’à partir de la cinquième qui
commence à s’acquitter de ses obligations touchant cette taxe. De plus, en cas d’achats de
nouveaux matériaux neufs ou constructions, il aura l’avantage aussi de l’exonération
quinquennale.

V. SYNTHESE ET RECOMMANDATION :

Cette partie va nous permettre de synthétiser les efforts déployés par le gouvernement ainsi
que les recommandations concernant les différentes composantes des impôts selon chaque
type d’entrepreneur. Avant d’énumérer les différentes recommandations, on va détailler quel
type d’entrepreneur y est concerné.

Un entrepreneur imitateur, reproducteur et aventurier :

12
Selon la Loi 47-06 la fiscalité des collectivités locales

16
Pour l’entrepreneur imitateur, reproducteur ou aventurier, il a pour but la création d’une
nouvelle entreprise que ce soit en imitant une activité ou un produit déjà existant dans le
marché, ou bien reproduire un métier qu’il l’a déjà appris lors de ses fonctions en tant
qu’employé.Et c’est le même cas pour l’entrepreneur dit « Aventurier » désirant créer une
nouvelle entreprise mais en concevant un nouveau concept dans le marché

Un entrepreneur désirant élargir sa zone d’extension :

L’entrepreneuriat ne se limite pas seulement dans la création d’une nouvelle entreprise, mais
plutôt une entreprise « existante » qui élargit son marché, soit en proposant un nouveau
produit ou une nouvelle gamme de produits sur le marché régional ou national, soit en
proposant le même produit à un marché plus large, notamment à l’exportation… et c’est le cas
pour un entrepreneur désirant élargir sa zone d’extension.

Les recommandations sont comme suit :

- En ce qui concerne la Taxe Professionnelle, en accordant une exonération de 5ans est


une chose bien importante, néanmoins, il serait plus fiable qu’il y ait une réforme dans
la fiscalité dans la mesure où la base d’imposition est à simplifier ou bien même
introduire une contribution en matière d’IS ou d’IR professionnel pour le compte des
collectivités locales.
- C’est vrai qu’en matière de TVA il y a différents avantages fiscaux accordés aux
entreprises, comme l’exonération de la TVA en ayant un CA inférieur au seuil du CA
(2 Millions de Dhs pour le commerce et 500.000Dhs pour le service) ou bien
l’exonération totale pour l’auto entrepreneur par exemple, ainsi que l’institution du
remboursement de la TVA pour les bien d’investissements mais il importe de
souligner certains points qui sont énumérés comme suit :
 Il est pénalisant pour qu’un jeune entrepreneur supporte le crédit de TVA
c’est-à-dire que la TVA collectée est bien supérieure à celle récupérée. En
effet, il faut assurer la neutralité de la TVA pour l’entreprise c’est-à-dire
l’entreprise paye à l’Etat le solde quand il est à sa charge, l’Etat verse à
l’entreprise le solde quand il est bénéficiaire.
 Il faut transformer le Stock TVA dû à l’effet butoir en dette sur le trésor à
échéance de 10 ou 15 ans avec 0% d’intérêts.
 Passer à deux taux de TVA donnant droit à récupération, un taux normal de
20%, et un taux réduit de 10%, en plus du taux à 0% pour les produits
nécessitant une exonération.

- En ce qui concerne la Cotisation Minimale, il ne faut pas nier qu’elle n’est exigée
qu’après la 4ème année à partir du début d’activité ou bien 6ème année à partir de sa
création mais on peut ajouter une proposition faite par le Conseil Economique et
Social13 :

13
Dans son rapport concernant le système fiscal Marocain

17
 Prévoir une cotisation minimale dont le taux augmente progressivement en
fonction du nombre d’années où l’impôt payé correspond à la cotisation
minimale, tout en tenant compte du cas particulier des secteurs dont la
marge est règlementée. Les taux suivants peuvent être retenus : - 0,5%
pour les premières 5 années. - 1% à partir de la 6ème année jusqu’à 10
années. - 1,5% au-delà.

- Il a été institué dans la loi des finances 2016 un barème progressif permettant à un
jeune entrepreneur de payer un impôt réduit selon son résultat fiscal chose qui est très
bénéfique pour une TPE, mais pour pouvoir alléger davantage sa trésorerie il serait
bien compétitif d’accorder une compensation des sommes dues sur le remboursement
de TVA ou de l’IS ou IR professionnel à celles à payer par l’Etat.

- Mettre en place un mécanisme de crédit impôt recherche : L’économie marocaine


souffre d’une déficience d’innovation et d’initiatives en matière de recherche et
développement. Il est proposé, à l’instar de beaucoup de pays où les activités
innovantes sont encouragées à mettre en place une stratégie de soutien à l’innovation
et à la recherche et développement via des mécanismes de crédit impôt recherche qui
ont montré leur efficacité par ailleurs.

VI. CONCLUSION :

Comme on peut le remarquer d’après le résumé de la présente communication, l’objet de cette


dernière et avant tout, de définir ce que c’est qu’un entrepreneur, d’identifier ses types pour
ensuite expliquer les grandes composantes de la fiscalité marocaine en décelant ses avantages
notamment par les exonérations et aussi ses limites et les offres à fournir pour pouvoir aller de
l’avant de l’économie entrepreneuriale et améliorer le tissu productif au Maroc.

Donc d’après l’exposé de tous ces éléments, on est tenu de répondre à la question : le jeune
entrepreneur, est-il en face d’une fiscalité attractive et compétitive ? Ou plutôt une fiscalité
rebutante et à coût élevé ?

Introspectivement parlant, on peut conclure qu’il n’y a pas une grande pression fiscale pour
un entrepreneur dans la mesure où il y a une panoplie d’exonérations et réductions regardant
tout impôt ou taxe confondus. Néanmoins, cela ne veut pas dire qu’un jeune créateur a dans
ses mains une fiscalité compétitive bien à 100%, cela ouvre bien le champ au gouvernement
de déployer encore plus d’efforts touchant la fiscalité. Ces retouches ou efforts comme déjà
énumérés ci-dessus, vont permettre à cet entrepreneur de soulager sa trésorerie lui permettant
de s’approfondir dans les recherches et le développement, s’engager dans des investissements,
développer la création de la valeur et pourquoi pas faire de sa petite entreprise une PME ou
même une grande entreprise qui va contribuer avec le temps à améliorer les équilibres
macroéconomiques.

18
VII. BIBLIOGRAPHIE :

Livre - Franck janssen (2009). Entreprendre : une introduction à


l’introduction. Editeur : de boeck.
Articles de revues - Siham Kharbouche (2014), « Stratégie publique de
promotion, d’accompagnement et de Financement de
l’Entrepreneuriat des jeunes au Maroc. » Pages 3, 8, 12.
Documents - OCDE, 2007. Perspectives de l’OCDE sur les PME et
électroniques l’Entrepreneuriat,
- André et Louis gadieu, 2010. Rapport d’études « la mesure
de l’entrepreneuriat ».
- Etude réalisée par la banque mondiale, la Berd et la BEI en
2015
- GEM 2014. Etude d’enquête, le cabinet d’expert Global
Entrepreneurship Monitor.
- Rapport sur le système fiscal Marocain, Conseil Economique
et Environnemental.
- Statistiques à fin 2016, ministère délégué en charge des
petites entreprises et de l’intégration du secteur informel.

Textes de loi - La loi N°36/87 1988-1993.


- La loi de finances 2011et 2016
- La note circulaire 726
- Code Général des impôts 2016
- La Loi 47-06 la fiscalité des collectivités locales

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