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éd.)/Grammaire
< Dictionnaire wallon-français (Remacle, 1e éd.)
ABRÉGÉ
DE LA
GRAMMAIRE WALLONNE
ET
FRANÇAISE.
INTRODUCTION.
L grammaires élémentaires enseignent à procéder orthographiquement à la formation des mots : les mots sont
ES
Dans l’idiome wallon, le son k et la consonne t se prononcent généralement d’une manière âpre et même dure ;
mais la lettre r donne presque toujours un son agréable : le sillon de cette palatale est formé sur des cordes
touchantes, dont les vibrations harmonieuses charment l’oreille la plus inerte.
En général le wallon rend les diphtongues trop sensibles : il prononce joyau, joyeux, etc. comme s’il était écrit
joi-yau, joi-yeux, etc. Chez eux chaque voyelle est affectée d’un accent prosodique par l’organe ; si leur dialecte
était physiquement accentué, il offrirait une gamme variée par des sons mâles et sonores. La voix aigue est très-
fermée ; le son ouvert fort prolongé. Ne pouvant m’arrêter à ces distinctions, je suivrai la division reçue dans
l’accentuation française.
Accent aigu (´) ; il se place sur les é fermés : Fé et disfé, n’ess nen todi ovré ? faire et défaire, n’est-ce pas
toujours travailler ?
[1]
Accent grave (`) ; il se met sur les è ouverts : I la fè, disfè, et r’fè : il l’a fait, défait, et refait. Le son ait se
combine par è un peu soutenu.
Accent circonflexe (^) ; il se place régulièrement sur les voyelles longues : Mâva et mâhaîtî : mauvais et mal-sain.
Dans beaucoup d’endroits la voix â se change en aû ; et le son fort ouvert se conserve : Maûva : mauvais.
[2]
L’apostrophe (’) est, dans la langue française, un signe euphonique qui annonce l’élision d’une voyelle :
l’amante pour la amante. L’usage, éternel tyran de la raison, a rendu son emploi vicieux dans certains cas ; et
nous écrivons grand’mère, grand’tante, etc. en violant l’orthographe, pour obtenir la correction grammaticale. Le
tiret (-), quelque fois utile, la cédille (ç), si significative, offrent des irrégularités aussi choquantes. N’en doutons
point, la société savante, qui fait la gloire de l’Europe, assignera des règles à ces figures ; et nous ne demanderons
plus, pourquoi ces distinctions sans motifs ? Le trait de séparation (-) créé par la nécessité, étant essentiellement
intellectif, son emploi légal est consacré.
L’idiome wallon admet également l’ï tréma ou l’y grec : Faïe, fayé : difficile à vivre, malingre.
On peut, comme dans la langue française, employer les guillemets («), l’astérisque (*), et la parenthèse ().
Je distingue trois parties principales du discours : le mot régissant, le mot régit, la particule, soit monosyllabique
soit polysyllabique. Les grammairiens subdivisent ces trois parties, par l’article, le nom, le pronom, le verbe, le
participe, l’adverbe, la préposition, la conjonction, et l’interjection.
De l’article.
Le nom régit l’article ; mais l’article complète la signification du nom : Li ou Lu : Li fré el-soûr : LE frère et LA
[3]
sœur. — De pan, de boûr, et del-châr : DU pain, DU beurre, et DE LA viande. — Des bâstai, de-zâmônn : DES
paniers, DES framboises. — Soula faî de ben â koir : cela fait du bien au corps. — O kizin, inn kizenn : UN cousin,
UNE cousine. — Fé de charité au pôv : faire du bien ou des charités AUX pauvres.
L’article est défini, indéfini, ou partitif. Défini, signifie littéralement une chose circonscrite dans un domaine
connu : indéfini, une chose sans limites connues : partitif, une chose ou divisée ou divisible.
Du nom substantif.
Le nom substantif exprime l’idée d’un objet physique : ouhai, soûmî : oiseau, poutre. Il exprime aussi une chose
qu’on peut concevoir : Graûss, bèté : grâce, beauté. Il se reconnaît quand il peut être précédé de un, une, ou les :
O mâvi, inn champènn, lè crabau : un merle, une grive, les corbeaux.
Le nom propre fait spécialement connaître la personne ou la chose : sa lettre initiale, est une majuscule.
Le nom commun se dit de plusieurs choses semblables : sa lettre initiale est une minuscule, quand la ponctuation
ou l’alinéa n’en décide pas autrement.
Le substantif collectif offre à l’esprit un assemblage considéré comme un tout : nation, forêt, armée.
Le substantif abstrait exprime une chose qui ne se voit qu’avec les yeux de l’âme : le vice conduit à l’infamie, la
vertu au bonheur.
[4]
L’addition de s forme le pluriel des noms : Dieu voit nos action-s, et lit dans nos cœur-s.
Les noms terminés par s, x, z, ne varient jamais : sons, voix, nez.
La plupart des noms qui se terminent par au, eu, ieu, ou, prennent un x à la pluralité, drapeau-x, feu-x, lieu-x,
bijou-x.
Le très-grand nombre des mots qui ont leurs terminaisons en ail et al, ont leurs pluriels en aux : bail, baux ; mal,
maux.
On écrit avec s à la pluralité : attirail-s, bal-s, bercail-s, cal-s, camail-s, carnaval-s, détail-s, épouvantail-s,
éventail-s, gouvernail-s, pal-s, poitrail-s, portail-s, régal-s, serail-s, travail-s pour ferrer les chevaux. —
Bambou-s, cou-s, coucou-s, écrou-s, filou-s, grigou-s, licou-s, matou-s, mou-s, sapajou-s, sou-s, toutou-s, trou-s,
verrou-s.
Dans les polysyllabes qui se terminent en nt, on remplace la consonne finale par s à la pluralité : un enfant
charmant ; des enfans charmans. — Dans les monosyllabes on ajoute s ; une dent, des dents.
Les noms qui suivent n’ont point de pluriel : absinthe, encens, estime, la faim, la soif, le boire, le manger, le
sommeil, le dormir, le rire, le lever, le faire, le coucher.
Les substantifs féminins terminés par le son é soutenu prennent deux e : fusée, rosée, etc.
Les substantifs féminins terminés en té n’ont qu’un e final : chasteté, beauté, etc. Il faut en excepter ceux qui
représentent une chose matérielle : charrettée, bottée, etc. Il faut encore faire exception de ces substantifs
verbaux : dictée, jetée, montée, pâtée, portée. Les substantifs en ié : amitié, inimitié, etc. n’ont qu’un é final.
Du nom adjectif.
Le nom adjectif se joint au nom substantif pour le qualifier : mâhaitî gonn-homm : jeune homme mal-sain.
On reconnaît qu’un mot est adjectif quand il peut être précédé de ces mots : plus ou moins DOUCRESS, VIGNIESS :
doucereux, vineux. On peut dire plus ou moins doucereux, plus ou moins vineux.
Son état naturel est positif : mi chapè èt vî : mon chapeau est vieux.
L’état d’augmentation, de diminution, et d’égalité, donnent le degré comparatif ; qui se divisent de cette manière :
Comparatif de supériorité : il est précédé du mot plus : Gâk èt pu bai k’Lorain : Jacques est plus beau que
Laurent.
Comparatif d’infériorité : il a pour signe les mots moins, si et aussi, ou pas si suivi de que : Bietmé èt mon vî ki
Doné : Barthelemi est moins âgé que Dieudonné. Ghènn nè nen si friss ki Ketlènn : Jeanne n’est pas si fraîche, ou
aussi fraîche, que Catherine.
Comparatif d’égalité : il a pour marque le mot aussi suivi de que : Me-zouie son ossi neur ki le voss : mes yeux
sont aussi noirs que les vôtres.
Le superlatif : il exprime la qualité suprême ; il est absolu ou relatif ; et a pour signe très forts ; plus : L’veie di
Vervî èt trè rig : et foir comerçantt : la ville de Verviers est très-riche ; et fort commerçante. — Sens relatif : Voss
soûr èt l’feume, li pu sûteie de pay : votre sœur est la femme, la plus spirituelle du pays.
Il ne faut pas oublier que les adjectifs bon, petit, mauvais, sont au comparatif, meilleur, moindre, pire ; au lieu de
plus petit, ou de moins bon : le meilleur, le moindre, le pire.
[5]
Tous les adjectifs, qui prennent l’inflexion du genre ont un e final pour distinguer le féminin : jolie et posée.
Placés devant un substantif, vu, attendu, excepté, passé, supposé, restent invariables : ces mots sont alors des
véritables prépositions.
Les adjectifs cutané, igné, instantané, momentané, simultané, spontané, s’écrivent encore, par quelques-uns, avec
deux e au masculin : corps ignée. On commence à faire justice de cette disparate étymologique, qui blesse les
vues de l’esprit.
L’adjectif s’accorde en genre et en nombre avec son substantif : un homme aimable, des amans fidèles : une
femme constante, des femmes coquettes.
Si l’adjectif se rapporte à deux substantifs de différens genres, on le met au pluriel et au masculin : Votre père et
votre mère sont caressans. Mais si le pronom ou l’adjectif suit immédiatement deux substantifs de choses, il
s’accorde en genre et en nombre avec le dernier : Cet homme s’exprime avec un goût et une finesse exquise.
[6]
Des adjectifs possessifs.
Singulier masculin.
[7]
Mi ou mu Mi c’hvó MON cheval.
Ti ou tu Ti bohtai TON étui
Si ou su Si maneg SON menage
Les adjectifs possessifs wallons ci-dessus sont aussi les équivalens des adjectifs féminins singuliers : ma, ta, sa.
Noss, voss, se modifient devant une voyelle : noss-tefan, voss tefan : notre enfant, votre enfant.
Les adjectifs démonstratifs s’emploient pour montrer une personne ou une chose : Ils se placent devant les noms.
— Singulier masculin, devant une consonne : Ci noret là : CE mouchoir là. — Devant une voyelle : Ciss-tehiodé
là, m’ewér : CET éffaré m’effraie. — Féminin devant une consonne : Ciss peur là èt pleinn di gu : CETTE poire est
fort juteuse. — Devant une voyelle : Ciss tônn là et tro hatt : CETTE aune-là est un peu petite. — Pluriel des deux
genres : Cet mârtico là son lai : CES singes là sont laids.
Dans la langue française on emploie ce devant un substantif masculin, commençant par une consonne ou h
aspiré : ce cavalier, ce husard. On ajoute un t euphonique devant un nom masculin commençant par une voyelle
ou h nul : cet été, cet hiver. À la pluralité : ces chansons, ces airs, ces harpies, ces hommes.
Noms de nombre.
Le noms de nombre servent à compter. On les distingue en nombres cardinaux, et en nombres ordinaux.
O, ok ou onk un.
Deu deux.
Treu trois.
Kouatt quatre.
Sink cinq.
Sîh six.
Sett sept.
Utt huit.
Noûf neuf.
Dîh dix.
Onss onze.
Doss douze.
Trass treize.
Katuass quatorze.
Kuéss quinze.
Sass seize.
Dî sett dix-sept.
Dîhûtt dix-huit.
Dîh noûf dix-neuf.
Ventt ou vétt vingt.
Trentt ou traîtt trente.
Karantt ou kuerâtt quarante.
cinquante.
Sékantt ou sékuatt
Soissantt soixante.
Septantt soixante-dix.
Utantt ou utâtt quatre-vingt.
Nonantt ou nonâtt quatre-vingt-dix.
[8]
Centt ou çaîtt cent.
[9]
Meie mille.
Prumi premier.
Deuzèmm deuxième.
Treuzèmme troisième.
Du pronom.
Le pronom tient lieu du nom, et s’accorde en genre et en nombre avec ce nom. On en distingue de sept sortes : 1º.
pronoms personnels ; 2º. conjonctifs ; 3º. possessifs ; 4º. démonstratifs ; 5º. relatifs ; 6º. interrogatifs ; 7º.
indéterminés.
Gi ou gu : JE. — Mi ou mu : MOI des deux genres pour la première personne, celle qui parle.
Ti ou tu : TU ou TOI, des deux genres, pour la deuxième personne, celle à qui l’on parle.
I : IL du masculin. Ill : ELLE du féminin, pour la troisième personne, celle de qui l’on parle.
Remarques.
On, pronom personnel indéfini, régit toujours le verbe à la troisième personne du singulier : on écrit.
Si le pronom on se rapporte à un substantif féminin, il veut l’adjectif au même genre : inn mér di : On-zet todi
sûteie mi feie, kan on hoûtt ben. Une mère dit : ON est toujours spirituelle fille, quand ON est obéissante.
Il faut employer par euphonie que l’on pour qu’on, si le son se redouble. Exemple : la cause qu’on plaide ; l’objet
qu’on considère ; celle qu’on condamne ; le concours qu’on fera ; le cacao qu’on prend ; Voilà des assonnances
qui blessent l’oreille la plus inerte ; et qui se reproduissent chaque jour. Écrivains, vous ne savez point que vous
avez écrit kaus-kon, kon-kon, kon-kour-kon, ka-ka o-kon. Je vous fais grâce de sons bien plus barbares.
Les pronoms personnels conjonctifs sont : Mi ou mu, ME : Ti ou tu, TE : Si ou su, SE : No, NOUS : Vo, VOUS : Li ou
lu, LUI, LE, LA : Let, LES : Zet, EUX : Zell, ELLES : Leu, LEUR : Lu, SOI. On nomme ces mots pronoms, quand ils sont le
régime du verbe auquel ils sont joints : on t’veu, etc. on TE voit, etc.
Remarques.
Le pronom lu ou li s’emploie pour lui et pour soi. La langue française établit une distinction ; SOI se dit dans un
sens général : aujourd’hui chacun pour SOI. Quand on particularise, on se sert de LUI ou d’ELLE : votre père ne voit
que LUI ; votre mère ne vit que pour ELLE.
Le pronom LE est invariable quand il remplace un adjectif ou un verbe : autrefois j’étais la plus aimable des
femmes ; j’ai cessé de LE paraître. LE est employé pour l’adjectif aimable.
Nous devons combattre la calomnie, chaque fois que nous trouvons l’occasion de LE faire. LE tient lieu du verbe
combattre.
Le pronom LE se modifie quand il remplace un substantif : êtes vous les accusés que je dois défendre ? — Nous
LES sommes.
LE prend l’inflexion du genre et du nombre devant un nom employé substantivement : vous êtes ma rivale ? — Je
LA suis.
Un nom est employé substantivement chaque fois qu’il est précédé d’un des articles le, la, les, ou d’un des
adjectifs possessifs mon, ma, mes, son, sa, ses, leur, ou leurs.
Le nom qui n’est pas précédé d’un article ou d’un adjectif possessif est pris adjectivement : êtes-vous frères,
messieurs ? — Nous LE sommes.
Pronoms possessifs.
Masculin. Féminin.
Li menn ou l’ménn. Le mien. La mienne.
Li tenn ou l’ténn. Le tien. La tienne.
Li senn ou l’sénn. Le sien. La sienne.
Li noss. Le nôtre. La nôtre.
Li voss. Le vôtre. La vôtre.
Leu. Le leur. La leur.
Pluriel.
Let menn ou let ménn. Les miens. Les miennes.
Let tenn ou let ténn. Les tiens. Les tiennes.
Let senn ou let sénn. Les siens. Les siennes.
Let noss, let voss : les nôtres, les vôtres, pour les deux genres.
Notre et votre suivis d’un non ne prennent point l’accent circonflexe ; mais on doit l’employer quand ces
pronoms sont procédés d’un article : NOTRE ami et le VÔTRE.
Leur prend la marque plurielle quand il est adjectif possessif, à la pluralité : LEURS terres sont à vendre.
Quand leur est pronom personnel conjonctif il est invariable : alors il peut se tourner par EUX à ELLES : vos cousins
et vos cousines ont réclamé vos bienfaits, les LEUR avez vous accordés ? Avez-vous accordé vos bienfaits à eux à
elles.
La règle ci-dessus est commune à leur pronom personnel ; je leur ai accordé tous les services qu’ils m’ont
demandés.
Pronoms démonstratifs.
1º. Çi : CELUI. Çi ki hoûtt : CELUI qui écoute.
2º. Çiss : CELLE. Ciss ki m’louk : CELLE qui me regarde.
3º. Çet : CEUX. Cet k’iovres : CEUX qui travaillent.
4º. Çéss ou cell : CELLES. Ciss ki heur : CELLES qui écurent.
Nota. J’ai écrit les pronoms wallons sur la prononciation de plusieurs localités. Les Liégeois disent çouçial,
çeçial dans une acception fort étendue. D’autres wallons disent çe-voçi, çe-vola, çou-voçi, çou-vola, etc.
Remarques.
On ajoute ci et la, par distinction exclusive : parmi ces jolis enfans, je remarque surtout celui-CI, et celui-LA ;
dans ce beau troupeau, je distingue les béliers, et plus particulièrement celui-CI. Prenez ceux-CI, laissez ceux-LA.
Ce est pronom démonstratif devant que ou qui. CE QUI est constamment le sujet du verbe ; CE QUE en est toujours
l’objet : CE QUI ravit, CE QUE l’on désire.
Les pronoms relatifs sont toujours en connexion avec le nom ou le pronom qui les précède : qui, que, quel,
quelle, quelles, lequel, laquelle, lesquels, lesquelles, dont, de qui, quoi, y, en. Voyez du subjonctif.
Qui, que, quoi, quel, quelle, sont interrogatifs quand on peut les tourner par quelle personne ou quelle chose : QUI
parle ? quelle personne parle ?
Les pronoms indéterminés expriment les choses d’une manière générale : on, quelqu’un, quelqu’une, chacun,
chacune, chaque, quelconque, quiconque, personne, nul, nulle, certain, certaine, aucun, aucune, tel, telle,
plusieurs, tout, toute, quelque.
On distingue quatre sortes de que. 1º. Le que relatif : il peut se tourner par lequel, laquelle, lesquels, lesquelles :
la servante que j’ai congédiée ; laquelle j’ai congédiée. 2º. Le que conjonctif : il est toujours précédé d’une
préposition ; et ne peut se tourner par lequel, etc. : je sais que vous aimez. 3º. Le que interrogatif : que dites-
vous ? 4º. Le que exclamatif : que l’homme est inconcevable !
Du verbe.
Le verbe est une partie du discours qui sert à exprimer notre manière d’être :
Paul est riche et malheureux : j’exprime dans cette phrase la, manière d’être de Paul.
Cet arbre est renversé ; la rivière est haute : j’exprime l’état des choses arbre et rivière.
Jacques écrit en mangeant : je désigne ce que fait Jacques, c’est-â-dire l’action d’écrire et de manger à la fois.
Pierre souffre cruellement : Pierre éprouve des douleurs cruelles. L’action est actuelle ; elle est faite, ou à faire :
de-là les divers modes et tems des verbes.
En résumé la propriété du verbe est de signifier : être, faire, éprouver.
Un mot est verbe quand on peut le faire précéder d’un de ces pronoms : je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles.
On appelle sujet ou nominatif du verbe actif, la personne ou la chose qui fait l’action exprimée par le verbe ; il
répond à la question qui est-ce qui ? Le régime est la personne ou la chose qui en modifie l’action ; il répond à
[11]
l’interrogation qu’est-ce que ? Ex : J’adore Dieu. Qui est-ce qui adore Dieu ? JE ; car ce mot me nome, me
représente : donc il est le sujet du verbe adorer. Mais qu’est-ce que j’adore ? DIEU ; donc DIEU est le régime du
verbe.
Le régime simple, est sans préposition, il répond à ces mots : qu’est-ce que ? J’aime la vertu. Qu’est-ce que
j’aime ? La vertu.
Le régime composé est toujours précédé d’une préposition. J’ai écrit À mon ami qui m’a répondu PAR le courrier.
On distingue les conjugaisons françaises par l’infinitif : 1ere, en er, Prier : 2me, en ir, Finir : 3me, en oir, Devoir :
4me, en re, Vendre.
Il y a cinq modes ; 1º. l’indicatif : 2º. le conditionnel : 3º. l’impératif : 4º. le subjonctif : 5º. l’infinitif.
1º. L’INDICATIF renferme huit tems : un présent, un imparfait, un passé défini, un passé indéfini, un passé
antérieur, un plusque-parfait, un futur simple, un futur composé.
Le présent marque qu’une chose est ou se fait au moment où l’on parle : il èt do-zeûr, li sop èt sol tâf ; magnan :
il est midi, la soupe est servie ; mangeons ; Ti geâz, et n’houtan : tu parles et nous écoutons.
L’imparfait marque qu’une chose se fesait en même tems qu’une autre, sans qu’aucune des deux fût achevée :
Voss fré pârtéf comm vo-zentrî : votre frère sortait comme vous arriviez.
Le passé défini marque une chose passée dans un tems entièrement écoulé, et dont on assigne l’époque : ti fou
d’van-zîr to puf, tomm veyan : tu fus avant-hier tout interdit, en me voyant.
Le passé indéfini marque une chose passée dans un tems qu’on désigne, ou qu’on ne désigne pas. G’veya voss
[12]
chestai dimengne. — Ga stu al porminade : j’ai vu votre château dimanche. — J’ai été à la promenade.
Le passé antérieur marque qu’une chose a été faite avant une autre dans un tems qui est passé : si vitt ki gô sopé,
gala et lé : aussi-tôt que j’eus soupé, j’allai me coucher.
Le plusque-parfait marque qu’une chose avait eu lieu quand une autre s’est faite : g’aveû maké m’bena foû, kan
v-zavé moussi d’vain : j’avais vidé mon verre, quand vous êtes entré.
Le futur simple marque qu’une chose sera ou se fera, dans un tems qui n’est pas encore arrivé : Vèrdi gi magret
del cabiaw : vendredi je mangerai du cabillaud.
Le futur composé marque qu’une chose sera faite, quand une autre se fera : kân g’aret faî m’kuitt, g’iret al sîss :
quand j’aurai rempli ma tâche, j’irai à la veille.
2º LE CONDITIONNEL a deux tems ; un présent qui marque qu’une chose serait ou se ferait moyennant une
condition : Gi beûreu. Si g’aveu po beûr : je boirais si j’avais de quoi boire. — Passé de ce tems ; il marque
qu’une chose aurait été faite si certaines conditions avaient eu lieu : G’âreu ou g’oh situ vi vey, si v’mavi scri kiv-
zestî rivnou : j’aurais ou j’eusse été vous voir, si vous m’aviez mandé votre retour.
3º. L’IMPÉRATIF, quand on ordonne ou qu’on prie : klenche ti kûâde : penche ta cruche. Ouveur gi te preie :
travaille, je t’en prie. Point de première personne.
Le présent du subjonctif exprime quelquefois un présent et quelquefois un futur : Gi sohaitt kî vo r’suveh vo-
zaidan : je souhaite que vous receviez votre argent. G’aimm ki vomm diness inn penaie : je désire que vous me
donniez une prise. Voss fré sohaitt kî v’lalez veie al samaine : votre frère souhaite que vous alliez le voir la
semaine prochaine.
L’imparfait du subjonctif marque une chose passée, quand le premier verbe exprime un passé : il faléf, au p’ti
pikêt de gou, kîv-zovrahi : il fallait, au crépuscule du matin, que vous travaillassiez.
Le passé du subjonctif marque aussi un passé : Yaret falou k’îaie ben holé, po raveur si pless : il aura fallu qu’il
ait bien supplié, pour rentrer en place.
Le plusque-parfait du subjonctif marque également une chose pas sée : il âreu falou kiv-zarî v’nou îr : il aurait
fallu que vous fussiez venu hier.
5º. L’INFINITIF a un présent, un passé, un participe actif un participe passé, un futur. Ce mode marque l’état d’une
chose d’une manière générale : po beûr et magni y fâ-tovré : pour manger et boire il faut travailler.
Les tems simples des verbes se conjuguent sans Être ni Avoir : j’écris.
Les tems composés se forment d’un participe passé, et d’un des tems des verbes être ou avoir : J’AI BU, VOS AMIS
SONT ARRIVÉS.
Plusque-parfait. Plusque-parfait.
Ki g’ôh rissû : que j’eusse reçu.
Ki t’ôh rissû : que tu eusses reçu.
K’iôh rissû : qu’il eût reçu.
Ki-n-zôhi r’sû : que nous eussions reçu.
Ki-v-zôhî r’sû : que vous eussiez reçu.
Ki-l-ôhi r’sû : qu’ils eussent reçu.
Infinitif présent. Infinitif présent.
Rissûr : recevoir.
Passé. Passé.
Aveur rissû : avoir reçu.
Participe actif. Participe actif.
Rissûvan : recevant.
Participe passé. Participe passé.
Rissu, ayan ou avan r’sû : reçu, reçue ; ayant reçu.
Futur. Futur.
Divan r’sûr : devant recevoir.
Impératif. Impératif.
Duspaûtt : répands.
Ki duspaûtt : qu’il répande.
Duspaûrdan : répandons.
Duspaûrdé : répandez.
Ki duspaûrdeh : qu’ils répandent.
Subjonctif présent ou futur. Subjonctif présent ou futur.
Ku-g-duspaûtt : que je répande.
Ku tu duspaûtt : que tu répandes.
Ki duspaûtt : qu’il répande.
Ku-n-duspaûrdanh : que nous répandions.
Ku-v-duspaûrdeh : que vous répandiez.
Ki duspaûrdeh : qu’ils répandent.
Imparfait. Imparfait.
Ku-g-duspaûrdah : que je répandisse.
Ku tu duspaûrdah : que tu répandisses.
Ki duspaûrdah : qu’il répandît.
Ki-n-duspaûrdahen : que nous répandissions.
Ki-v-duspaûrdahî : que vous répandissiez.
Ki duspaûrdahen : qu’ils répandissent.
Passé. Passé.
Ku g’auie duspaûrdou : que j’aie répandu.
Ku t’auie duspaûrdou : que tu aies répandu.
K’iauie duspaûrdou : qu’il ait répandu.
Ku-n-zaûyauh duspaûrdou : que nous ayons répandu.
Ku-v-zaûyh duspaûrdou : que vous ayez répandu.
K’iauyeh duspaûrdou : qu’ils aient répandu.
Plusque-parfait. Plusque-parfait.
Ku g’ôh duspaûrdou : que j’eusse répandu.
Ku t’ôh duspaûrdou : que tu eusses répandu.
K’iôh duspaûrdou : qu’il eût répandu.
Ku-n-zôhen duspaûrdou : que nous eussions répandu.
Ku-v-ôhî duspaûrdou : que vous eussiez répandu.
K’iôhen duspaûrdou : qu’ils eussent répandu.
Infinitif présent. Infinitif présent.
Duspaûtt : répandre.
Passé. Passé.
Aveur duspaûrdou : avoir répandu.
Participe présent. Participe présent.
Duspaûrdan : répandant.
Participe passé. Participe passé.
Duspaûrdou, duspaûrdaw ; auyant ou avan,
répandu, répandue ; ayant répandu.
duspaûrdou :
Futur. Futur.
Duvan duspaûtt : devant répandre.
Du verbe passif.
Le verbe passif exprime une action reçue par le sujet ou le nominatif de la phrase : il n’est autre chose qu’un
participe passé précédé d’un des tems du verbe Être : je suis vengé. Toute conjugaison serait inutile.
Du verbe réfléchi.
Imparfait. Imparfait.
Ki gimm maugriass : que je me dépitasse.
Ki no no maugryahen : que nous nous dépitassions.
Passé. Passé.
Ki-g-m’aie ou k-gimm seuie maûgrii : que je me sois dépité.
Ki-no-no-zaûyanss ou k-no no seuyanss maûgrii : que nous nous soyons dépités.
Plusque-parfait. Plusque-parfait.
Ki-g-m’ôh, ou k-gimm fouh, maûgrii : que je me fusse dépité.
Ki no-n-zôhen, ou k-no no fouhen, maûgrii : que nous nous fussions dépités.
Infinitif présent. Infinitif présent.
Si maûgrii : se dépiter.
Passé. Passé.
S’aveur maûgrii : s’être dépité ou dépitée.
Participe actif. Participe actif.
Si maugryan : se dépitant.
Participe passé. Participe passé.
Maugrii : dépité ou dépitée.
Futur. Futur.
Divan s’maugrii : devant se dépiter.
Du verbe impersonnel.
Le verbe impersonnel ne se conjugue qu’avec IL : ce mot est pronom représentatif, quand on DIT il pleut, IL
bruine : il est elliptique dans ces sortes de phrases : Il fallait que je lui parlasse ; Il importe que je m’explique,
etc.
Il pleut. — Il pleuvait — Il plut. — Il a plu. — Il eut plu. — Il avait plu. Il pleuvra. — Qu’il pleuve. — Il aura
plu — Il aurait plu. — Qu’il eût plu. Pleuvoir. — Avoir plu. — Pleuvant. — Devant pleuvoir.
Les tems défectifs sont : le présent de l’indicatif, le passé défini, le futur simple, l’impératif.
Quand le conditionnel n’est pas spécialement exprimé, il se reconnait par l’addition de s après le futur : je boirai-
s.
Conjugaison en ER.
ALLER. Participe actif : Allant. Partic. passé : allé ou allée. Indi. prés. je vais, ou moins bien, je vas, tu vas, il va ;
nous allons. Imparf. J’allais, tu allais, il allait ; nous allions, vous alliez, ils allaient. Passé défini. J’allai, tu allas ;
il alla ; jamais tu fus, il fut dans le sens d’aller. Passé indéfini. Je suis allé, tu es allé, il est allé ; nous sommes
allés. Futur. J’irai, tu iras, il ira, nous irons. Cond. J’irais, tu irais, il irait, nous irions, vous iriez. Impératif. Va,
qu’il aille ; allons. Subj. Que j’aille, que tu ailles, qu’il aille, que nous allions, que vous alliez, qu’ils aillent.
[17]
Impar. Que j’allasse, que tu allasses, qu’il allât, que nous allassions.
ENVOYER. Envoyant, envoyé. Indi. prés. J’envoie, nous envoyons. Imparfait. J’envoyais, tu envoyais, il envoyait,
nous envoyions. Passé défini. J’envoyai. Passé indéfini. J’ai envoyé. Futur. J’enverrai. Impératif. Envoie. Subj.
Que J’envoie.
PUER. Puant. À l’ind. prés. Je pue, tu pues, il pue. Autrefois : je pus, etc.
Conjugaison en IR.
ACQUERIR. Partic. actif. Acquérant. Parti. passé. Acquis, acquise, Indi. prés. J’acquiers, tu acquiers, il acquiert ;
nous acquérons, vous acquérez, ils acquièrent. Impar. J’acquérais, il acquérait ; nous acquérions. Passé défini.
J’acquis, tu acquis, il acquit ; nous acquîmes, vous acquîtes, ils acquirent. Futur. J’acquerrai, nous acquerrons.
Cond. J’acquerrais, nous acquerrions. Impératif. Acquiers, qu’il acquière ; acquérons. Subj. Que j’acquière, que
nous acquérions, qu’ils acquièrent. Impar. Que j’acquisse.
N. B. Les tems des verbes ne seront plus désignés, mais ils seront divisés par le trait de séparation. Je conjuguerai
par paradigme.
ASSAILLIR. Assaillant, assailli. — J’assaille. — J’assaillais — J’assaillis, nous assaillîmes. — J’ai assailli. —
J’assaillirai, ou j’assaillerai. — Assaillons, assaillez. — Que j’assaille. — Que j’assaillisse.
BOUILLIR. Bouillant, bouilli, bouillie. — Je bous, nous bouillons. — Je bouillais. — Je bouillis, nous bouillîmes.
— je bouillirai-s. — Bous, qu’il bouille. — Que je bouille. Conj. de même : Rebouillir.
COURIR. Courant, couru. — Je cours, tu cours ; nous courons. — J’ai couru. — Je courrai-s. — Cours, qu’il coure.
— Que je coure. — Que je courusse.
CUEILLIR. Cueillant, cueilli, cueillie. — Je cueille. — Je cueillais, nous cueillions. — Je cueillis, nous cueillîmes.
— j’ai cueilli. — Je cueillerai-s. — Cueille, qu’il cueille. — Que je cueille. — Que je cueillisse.
DÉPARTIR, se départir. Je n’emploîrai ces verbes qu’à l’infinitif, ils ont pour équivalens : Donner, distribuer,
partager, se désister.
DORMIR. Dormant, dormi. — Je dors, il dort. — Je dormais. — Je dormis, nous dormîmes. — J’ai dormi. — Je
dormirai-s. — Dors, qu’il dorme. — Que je dorme, etc.
FAILLIR. Faillant, failli. — Je faux, tu faux, il faut, inusité : nous faillons, ils faillent. — Je faillis, nous faillîmes
(correct). J’ai failli. — Je faillirai-s.
FLEURIR. Au propre à l’imparf. de l’indi. : Fleurissait : au partic. actif : Fleurissant. Au figuré : FLOrissait,
FLOrissant.
FUIR. Fuyant, fui, fuie. — Je fuis. — Je fuyais. — Je fuis. _ j’ai fui. — Je fuirai. — Fuis, qu’il fuie. — Que je
fuie. — Que je fuisse.
HAÏR. Haïssant, haï, haïe. — Je hais, tu hais, il hait ; nous haïssons. Je haïssais, nous haïssions. — Je haïs, tu haïs,
il haït, nous haïmes, vous haïtes, ils haïrent. — J’ai haï. — Je haïrai-s. — Hais, qu’il haïsse. — Que je haïsse.
MENTIR. Mentant, menti. — Je mens, il ment ; nous mentons. — Je mentais. — Je mentis. — J’ai menti. — Je
mentirai. — Mens, qu’il mente. — Que je mente.
Conj. de même : démentir.
MOURIR. Mourant, mort, morte. — Je meurs, tu meurs, il meurt ; nous mourons. — Je mourais, nous mourions. —
Je mourus, nous mourûmes. — Je suis mort. Je mourrai. — Meurs, qu’il meure. — Que je meure.
OUVRIR. Ouvrant, ouvert, ouverte. — J’ouvre. — J’ouvrais. — J’ouvris. — J’ai ouvert. — J’ouvrirai-s. — Ouvre.
— Que j’ouvre.
PARTIR. Partant, parti, partie. — Je pars, il part. — Je partais, nous partions. — Je partis, tu partis, il partit ; nous
partîmes, vous partîtes, ils partirent. — Je suis parti. — Je partirai. Pars, qu’il parte. — Que je parte.
REPARTIR distribuer, partager. Repartissant, reparti. — Je repartis, il repartit ; nous repartissons. — Je repartissais.
— Je repartis. — J’ai reparti. — Je repartirai. — Repartis ; qu’il repartisse. — Que je repartisse,
SAILLIR, s’avencer en dehors, s’élever en l’air. Conjug. il saille ; ils saillent. — Il saillait ; ils saillaient. — Il
saillera. Il saillerait. Saillir, en parlant des animaux, qui couvrent leurs femelles, est un verbe régulier. Saillant,
saillante, sont adjectifs. Il me semble qu’on peut employer avec élégance saillir ; pour obtenir rapidement,
s’élever comme par ascension : cette figure ne me paraît pas trop hardie.
SENTIR. Sentant, senti, sentie. — Je sens, il sent ; nous sentons. — Je sentais, nous sentions. — Je sentis, nous
sentîmes. — J’ai senti. — Je sentirais. — Sens, qu’il sente.
TENIR. Tenant, tenu, tenue, — Je tiens, il tient ; nous tenons, ils tiennent. — Je tenais. Je tins, tu tins, il tint ; nous
tînmes, vous tîntes, ils tinrent. — J’ai tenu. — Je tiendrai, nous tiendrons. — Tiens, qu’il tienne. — Que je tienne.
VENIR. Venant, venu, venue. — Je viens, tu viens, il vient, nous venons. — Je venais, nous venions. — Je vins,
nous vînmes. — Je suis venu — Je viendrai, nous viendrons. Viens, qu’il vienne. — Que je vienne.
VÊTIR. Vêtant, vêtu, vêtue. — Je vêts, il vêt, nous vêtons. — Je vêtais. — Je vêtis. — J’ai vêtu. — Je vêtirai. —
Vêts, qu’il vête. — Que je vête. — Que je vêtisse. Ce verbe est surané ; je ne l’emploîrai qu’à l’infinitif, et au
participe passé. On peut cependant l’employer au futur simple, et à l’imparfait du subjonctif.
Conj. de même : se dévêtir, et se revêtir en employant le verbe être dans les tems composés.
Conjugaison en OIR.
S’ASSEOIR. S’asseyant, assis, assise. — Je m’assieds, tu t’assieds, il s’assied ; nous nous asseyons, vous vous
asseyez, ils s’asseyent. — Je m’asseyais, nous nous asseyIons, ils s’asseyent. — Je m’assis, nous nous assîmes.
— Je me suis assis ou assise. Je m’assiérai ou M’ASSEYERAI. Je m’assiérais ou m’asseyerais. — Assieds-toi, qu’il
s’asseye. — Que je m’asseye. — Que je m’assisse, que nous nous assissions.
On ajoute i après y, pour distinguer la deuxième personne plurielle de l’imparfait de l’indicatif ; et la même
personne du présent du subjonctif. Si cette distinction n’est pas exclusivement étymologique, elle est donc
essentiellement prosodique ; elle est prosodique : car les grammairiens nous disent : excepté dans quelques noms
l’y grec a deux voix. Pourquoi donc cette troisième que l’organe doit noter : nous nous asse-i-i-ions ? Cette
addition me paraît une véritable cacophonie.
Je m’assiérai-s, ou je m’asseyrai-s : quelle raison amène la nécessité de l’option ? si je m’assiérai-s est français,
pourquoi m’asse-ï-erai-s.
Les étrangers, et même les français, se trompent souvent dans les modifications du verbe s’asseoir : assoayez-
vous, se répète jusqu’à satiété.
CHOIR. Inusité.
DÉCHOIR. Déchu, déchue. — Je déchois, nous déchoyons. — Je déchus, nous déchûmes. — Je suis déchu ou
déchue. — Je décherrai-s. — Déchois, qu’il déchoie. — Que je déchoie. — Que je déchusse.
MOUVOIR. Mouvant, mu, mue. — Je meus, il meut ; nous mouvons. — Je mouvais. — Je mus, nous mûmes. —
J’ai mu. — Je mouvrai. — Meus, qu’il meuve. — Que je meuve.
POUVOIR. Pouvant, pu. — Je puis ou je peux. — Je pouvais. — Je pus, nous pûmes. — J’ai pu. — Je pourrai-s. —
Que je puisse.
POURVOIR. Pourvoyant, pourvu, pourvue. — Je pourvois, nous pourvoyons. — Je pourvoyais. — Je pourvus, nous
pourvûmes. — J’ai pourvu. — Je pourvoirai-s. — Pourvois, qu’il pourvoie. — Que je pourvoie. — Que je
pourvusse.
SAVOIR. Sachant, su. — Je sais, il sait, nous savons, ils savent — Je savais, nous savions. — Je sus, tu sus ; nous
sûmes, vous sûtes. — J’ai su. — Je saurai. — Sais, qu’il sache ; sachons. — Que je sache.
SURSEOIR. — Je sursois, il sursoit ; nous sursoyons, ils sursoient. — Je sursoyais. — Je sursis, tu sursis, il sursit ;
nous sursîmes, vous sursîtes, ils sursirent. — Je sursoîrai-s. — Que je surseoie, qu’il surseoie. — Que je sursisse.
VALOIR. Valant, valu. — Je vaux, tu vaux, il vaut ; nous valons. — Je valais, nous valions. — Je valus, nous
valûmes. — J’ai valu. — Je vaudrai, nous vaudrons. — Je vaudrais, nous vaudrions. — Que je vaille. — Que je
valusse.
VOIR. Voyant, vu, vue. — Je vois. — Je voyais, nous voyions. — Je vis, il vit ; nous vîmes, ils virent. — Je
verrai-s. — Vois, qu’il voie. — Que je voie. — Que je visse.
VOULOIR. Voulant, voulu. — Je veux, tu veux, il veut ; nous voulons. — Je voulais. — Je voulus, — Je voudrai-s.
— Veuille ; veuillez. — Que je veuille. — Que je voulusse.
Conjugaison enRE.
ABSOUDRE. Absolvant, absous. — J’absous, il absout ; nous absolvons, ils absolvent. — J’absolvais, nous
absolvions. — J’absoudrai ; nous absoudrons. — J’absoudrais, nous absoudrions. — Absous, qu’il absolve. —
Que j’absolve. Point de passé défini, ni par conséquent d’imparfait du subjonctif.
ASTREINDRE, assujétir. Astreignant, astreint. — J’astreins, nous astreignons. — J’astreignais, nous astreignions. —
J’astreignis, nous astreignîmes. — j’ai astreint. — J’astreindrai-s. — Astreins, qu’il astreigne. — Que j’astreigne.
— Que j’astreignisse.
BATTRE. Battant, battu. — Je bats, il bat ; nous battons. — Je battais. — Je battis. — J’ai battu. — Je battrai, —
Bats, qu’il batte. — Que je batte.
BOIRE. Buvant, bu. Je bois. — Je buvais. — Je bus, nous bûmes. — J’ai bu — Je boirai-s — Bois, qu’il boive. —
Que je boive. — Que je busse.
CONCLURE. Concluant, conclu, conclue. — Je conclus, nous concluons. — Je concluais, nous concluions. — Je
conclus, nous conclûmes. J’ai conclu. — Je conclurai, nous conclurons. — Je conclurais, nous conclurions. —
Conclus, qu’il conclue. — Que je conclue. — Que je conclusse.
CONFIRE. Confit. — Je confis, nous confisons. — Je confisais, nous confisions. — Je confis. — J’ai confit — Je
confirai-s. — Confis, qu’il confise. — Que je confise.
CONNAÎTRE. Connaissant, connu, connue. — Je connais, nous connaissons. — Je connaissais. — Je connus, nous
connûmes. — J’ai connu. — Je connaîtrai-s. — Connais, qu’il connaisse. — Que je connaisse. — Que je
connusse.
CROIRE. Croyant, cru, crue. — Je crois, nous croyons. — Je croyais. — Je crus, nous crûmes. J’ai cru. — Je
croirai, nous croirons. — Je croirais, nous croirions. — Crois, qu’il croie. — Que je croie. — Que je crusse.
CROÎTRE, devenir plus grand. Croissant, crû. — Je croîs, tu croîs, il croît ; nous croissons. — Je croissais. — Je
crûs, nous crûmes. — J’ai crû. — Je croîtrai, tu croîtras, il croîtra ; nous croîtrons. — Je croîtrais, nous croîtrions.
— Croîs, qu’il croisse. — Que je croisse, que tu croisses.
COUDRE. Cousant, cousu, cousue. — Je couds, tu couds, il coud ; nous cousons. — Je cousais, nous cousions. —
Je cousis, tu cousis, il cousit ; nous cousîmes, vous cousîtes, ils cousirent. — J’ai cousu. — Je coudrai, tu
coudras, il coudra ; nous coudrons. — Couds, qu’il couse ; que nous cousions. — Que je couse. — Que je
cousisse.
CRAINDRE. Craignant, craint, crainte. — Je crains, il craint ; nous craignons. — Je craignais, nous craignions. —
Je craignis, nous craignîmes. J’ai craint. — Je craindrai. — Crains, qu’il craigne. Que je craigne. — Que je
craignisse.
On conjugue de même les verbes suivans : Adjoindre, aveindre, ceindre, contraindre, dépeindre, déteindre,
enceindre, enfreindre, enjoindre, éteindre, feindre, joindre, peindre, plaindre, rejoindre, restreindre, teindre.
Observations.
Dans tous les verbes ci-dessus, d se change en s, à la première et à la deuxième personne du présent de
l’indicatif ; je plains, tu plains. À la deuxième personne du singulier de l’impératif ; s remplace encore d : Plains.
DIRE. Disant, dit, dite. — Je dis, il dit, nous disons, vous dites. — Je disais. — Je dis, nous dîmes. — Je dirais
nous dirions. — Dis, qu’il dise. — Que je dise.
Conjuguez de même : Médire, contredire, dédire, prédire, etc. Mais à la deuxième personne plurielle du présent
de l’indicatif, il faut conjuguer vous contredisez, vous dédisez, vous médisez, vous prédisez, etc.
ÉCRIRE. Écrivant, écrit, écrite. — J’écris, il écrit ; nous écrivons. — J’écrivais, nous écrivions. — J’écrivis, nous
écrivîmes. — J’ai écrit. — J’écrirai-s. — Écris, qu’il écrive. — Que j’écrive. — Que j’écrivisse.
EXCLURE. Excluant, exclu, exclus ou exclue, excluse. — J’exclus, tu exclus, il exclut ; nous excluons, vous
excluez, ils excluent. — J’excluais, nous excluions. — J’exclus, nous exclûmes. — J’ai exclu, ou exclus. — Je
suis exclus, je suis exclue, je suis excluse, elle a été excluse. — J’exclurai, nous exclurons. — J’exclurais, nous
exclurions. — Exclus, qu’il exclue. — Que j’exclusse.
FAIRE. Fesant, fait, faite. — Je fais, nous fesons ; vous faites, ils font. — Je fesais, nous fesions. — Je fis, tu fis ;
nous fîmes, vous fîtes. — J’ai fait. — Je ferai, nous ferons. — Je ferais, nous ferions. — Fais, qu’il fasse. — Que
je fasse. — Que je fisse.
FRIRE. Je fris. — Je frirai-s. — Fris. Ailleurs : Je fesais frire. — J’ai fait frire.
JOINDRE. Joignant, joint, jointe. — Je joins. — Je joignais. — Je joignis. — J’ai joint — Je JOINDRAI S. — Joins,
qu’il joigne. — Que je joigne. — Que je joignisse. Conj. de même : Adjoindre, rejoindre.
LIRE. Lisant, lu, lue. — Je lis, il lit ; nous lisons. — Je lisais. — Je lus, nous lûmes. — Je lirai-s. — Lis, qu’il lise.
— Que je lise.
LUIRE. Luisant, lui. — Je luis. — Je luisais. — J’ai lui. — Je luirai-s. — Luis, qu’il luise. — Que je luise.
MAUDIRE. Maudissant, maudit, maudite. — Je maudis, nous maudissons. — Je maudissais. — Je maudis. — J’ai
maudit. — Je maudirai, nous maudirons. — Maudis, qu’il maudisse. — Que je maudisse.
METTRE. Mettant, mis, mise. — Je mets, tu mets, il met ; nous mettons. — Je mettais. — Je mis, tu mis ; nous
mîmes, vous mîtes. — J’ai mis. — Je mettrai, nous mettrons. — Je mettrais, nous mettrions. — Mets, qu’il mette.
— Que je mette.
MORDRE. Mordant, mordu, mordue. — Je mords, tu mords, il mord ; nous mordons. — Je mordais. — J’ai mordu.
— Je mordrai. — Mords, qu’il morde. — Que je morde.
MOUDRE. Moulant, moulu, moulue. — Je mouds, tu mouds, il moud ; nous moulons. — Je moulais, nous
moulions. — Je moulus — J’ai moulu. — Je moudrai-s. — Mouds, qu’il moule. Que je moule. — Que je
moulusse.
Conj. de même : Émoudre.
NAÎTRE. Naissant, né, née. — Je nais, il nait ; nous naissons. — Je naissais. — Je naquis, tu naquis, il naquit ;
nous naquîmes, vous naquîtes, ils naquirent. — Je suis né ou née. — Je naîtrai, il naîtra, nous naîtrons. — Je
naîtrais, nous naîtrions. — Que je naisse. — Que je naquisse.
NUIRE. Nuisant, nui. — Je nuis. — Je nuisais. — Je nuisis, nous nuisîmes. — Je nuirai-s. — Nuis, qu’il nuise. —
Que Je nuise. — Que je nuisisse.
PAÎTRE. Paissant. — Je pais, il paît ; nous paissons. — Je paissais. — Je paîtrai-s. — Que je paisse.
PARAÎTRE. Paraissant, paru. — Je parais, nous paraissons. — Je paraissais. — Je parus, tu parus ; nous parûmes,
vous parûtes. — Je paraîtrai, nous paraîtrons. — Je paraîtrais, nous paraîtrions. — Parais, qu’il paraisse. — Que
je paraisse.
PLAIRE. Plaisant, plu. — Je plais, il plait, nous plaisons. — Je plaisais. — Je plus, nous plûmes. — J’ai plu. — Je
plairai-s. — Que je plaise. — Que je plusse.
PRENDRE. Prenant, pris, prise. — Je prends, tu prends, il prend ; nous prenons, vous prenez. — Je prenais. — Je
pris, il prit ; nous prîmes. — J’ai pris. — Je prendrai. — Je prendrais, nous prendrions. — Prends, qu’il prenne.
— Que je prenne.
Conj. de même : les verbes Apprendre, comprendre, entreprendre, dépendre, désapprendre, méprendre, répandre,
surprendre.
RÉPONDRE. Répondant, répondu, répondue. — Je réponds, il répond ; nous répondons. — Je répondais, nous
répondions. — Je répondis. — J’ai répondu. — Je répondrai-s. — Réponds, qu’il réponde. — Que je réponde. —
Que je répondisse.
RÉSOUDRE. Résolvant, résolu, résolue. — Je résous, tu résous, il résoud ; nous résolvons. — Je résolvais, nous
résolvions. — Je résolus, nous résolûmes. — Je résoudrai, nous résoudrons. — Je résoudrais, nous résoudrions.
— Résous, qu’il résolve. — Que je résolusse.
Quand le verbe résoudre signifie décider, déterminer, il a résolu pour participe passé : mais quand il est employé
dans l’acception de changer de forme, convertir en d’autres choses, il faut résous pour participe ; sans féminin :
Le sel s’est résous en eau.
RIRE. Riant, ris. — Je ris, il rit ; nous rions. — Je riais, nous riions, vous riiez, ils riiaient. — Je ris ; ils rirent. —
J’ai ri. — Je rirai, nous rirons. — Je rirais, nous ririons. — Ris, qu’il rie. — Que je rie.
ROMPRE. Rompant, rompu, rompue. — Je romps, tu romps, il rompt ; nous rompons. — Je rompais, nous
rompions. — Je rompis. — J’ai rompu. — Je romprai, nous romprons. — Je romprais, nous romprions. —
Romps, qu’il rompe. — Que je rompe. — Que je rompisse.
SUIVRE, suivant, suivi. — Je suis, il suit ; nous suivons. — Je suivais. — Je suivis ; ils suivirent. — J’ai suivi. —
Je suivrai. — Je suivrais ; nous suivrions. — Suis, qu’il suive. — Que je suive. — Que je suivisse.
TAIRE. Taisant, tu. — Je tais, nous taisons. — Je taisais, nous taisions. — Je tus, nous tûmes. — J’ai tu. — Je
tairai-s. — Tais, qu’il taise. — Que je taise.
Conj. de même se taire, en le composant avec être : je me suis tu, etc.
TONDRE. Tondant, tondu. — Je tonds, tu tonds, il tond ; nous tondons. — Je tondais. — Je tondis, nous tondîmes.
— Je tondrai, nous tondrons. — Je tondrais, nous tondrions. — Tonds, qu’il tonde. — Que je tonde.
TORDRE. Tordant, tordu. — Je tords, tu tords, il tord ; nous tordons. — Je tordais. — Je tordis. — J’ai tordu. — Je
tordrai-s. — Tords, qu’il torde. — Que je torde.
TRAIRE. Trayant, trait. — Je trais, il trait ; nous trayons, ils traient. — Je trayais. — J’ai trait. — Je trairai-s. —
Trais, qu’il traie. — Que je traie.
VAINCRE. Vainquant, vaincu, vaincue. — Je vaincs, tu vaincs, il vainc ; nous vainquons, vous vainquez, ils
vainquent.— Je vainquais, nous vainquions. — Je vainquis, nous vainquîmes. — J’ai vaincu. — Je vaincrai, nous
vaincrons. — Je vaincrais, nous vaincrions. — Que je vainque. — Que je vainquisse.
VIVRE. Vivant, vécu. — Je vis, il vit ; nous vivons, ils vivent. — Je vivais, nous vivions. — Je vécus, il vécut ;
nous vécûmes, ils vécurent. — Je vivrai. — Je vivrais, nous vivrions. — Vis, qu’il vive. — Que je vécusse.
Quand la deuxième personne de l’impératif du verbe Aller est suivie de Y grec, ou du pronom, en, elle prend un s
euphonique.
On observe la règle ci-dessus à l’égard des verbes dont la deuxième personne de l’impératif est terminée par e
muet devant en : Parles EN à ton père.
Mais si en peut se tourner par dans, il est alors préposition ; et reste sans puissance :
Les tems des verbes terminés en a et en ra, ajoutent un t euphonique devant elle, il, on, pronoms personnels :
Parla-t-elle, ira-t-il, partira-t-on.
Accord du verbe.
Le verbe s’accorde en nombre, et en personne avec son sujet : j’écris, ils écrivent ; je ils, nominatifs ou sujets.
Quand un verbe se rapporte à deux substantifs du singulier, on le met au pluriel : votre frère et votre sœur
chantent.
L’énumération, de plusieurs substantifs au singulier, liés comme sujet d’un verbe, gouverne le pluriel : son esprit,
sa loyauté, sa franchise, lui ont valu le bonheur.
Dans l’énumération les mots tout ou rien, peuvent régir le verbe ; et déterminer son emploi au singulier : soins
munitieux, complaisances serviles, louanges exagérées, dévoûment aveugle, tout est prodigué par la bassesse :
l’œil de l’observateur, le mépris d’une âme noble, rien ne saurait éveiller le sentiment de l’homme qui a perdu sa
dignité.
Par suite de la règle précédente, on met le verbe au singulier après la gradation qui fortifie l’idée première : une
larme, une plainte, un seul soupir, émeut la sensibilité.
Si l’énumération est liée par la conjonction et, il faut mettre le verbe à la pluralité : une larme, une plainte, et
souvent un seul soupir, ont fait tourner bien des têtes.
[18]
Quand le verbe se rapporte à plusieurs sujets de différentes personnes, il s’accorde avec la plus noble : c’est
ton frère et moi, qui avons souscrit pour cet ouvrage : vous et lui avez raison.
Si, à la troisième personne du singulier, les substantifs ou les pronoms sont joints par la conjonction alternative
ou, il faut mettre le verbe qui suit à la même personne ; car un seul Etre fait l’action : ton frère ou ta sœur
souscrira ; ton ami ou ton frère partira.
Quand les substantifs ou les pronoms joints par la conjonction ou sont de différentes personnes, on fait accorder
le verbe avec le premier substantif ou pronom ; et on le sons-entend pour le second : Ou vous souscrirez, OU
moi ; OU vous partirez, OU moi. Sous-entendu souscrirais, partirais.
Si les substantifs on les pronoms joints par ou sont de la troisième personne du pluriel, il faut mettre le verbe à la
même personne : c’est sont vos frères ou vos sœurs qui vous dirigent.
Les adverbes de quantité peuvent gouverner le verbe au pluriel : Beaucoup de soldats furent noyés. Par ellispe :
Beaucoup furent noyés. Peu d’habitans ont survécu à la contagion. Peu ont survécu. Trop de méchans sont
tolérés.
Par suite de la règle précédente, les noms collectifs suivis d’un pluriel gouvernent le verbe à la pluralité : La
plupart des ennemis périrent ; Une multitude d’officiers prirent la fuite.
De l’emploi du "subjonctif.
Plusieurs conjonctions régissent le subjonctif. À condition qu’il travaille… Afin que vous le fassiez… Encore que
cet auteur soit fort habile, il est néanmoins modeste. Voy. de la conjonction.
Après tous les verbes qui expriment le doute, l’incertitude, la crainte, le scrupule, le désir, le besoin d’ordonner,
de prescrire, de supposer ; enfin, quelque passion ou affection ; QUE gouverne le subjonctif : Je doute qu’il soit
bon père. — Je crains qu’il n’obéisse jamais. — Il faut qu’il meure, qu’il périsse de ma main. — Je veux que tu
partes. — Supposons qu’ils soient partis.
Après les verbes qui n’expriment aucun mouvement de l’âme, et surtout ceux qui annoncent la certitude, la
conviction, que gou verne le futur et le conditionnel : Je suis certain qu’il changera, qu’il se convertira, etc.
Si les verbes qui expriment la passion, l’affection, etc. ont l’acception interrogative ou négative, il faut mettre un
second verbe au subjonctif : Êtes-vous sûr qu’il réussisse ? — Je ne suis pas certain que vous obteniez l’emploi
que vous convoitez.
La règle précédente est susceptible de quelques exceptions locales, amenées par le besoin de fixer la pensée ; si
l’interrogation est faite dans l’esprit du doute, que gouverne le subjonctif : si elle est exprimée avec l’intention de
la certitude, il cesse de le gouverner : croiriez-vous que Pierre est condamné ! Intention sous-entendue : Je sais
parfaitement que Pierre EST condamné. Mais dans l’incertitude il faut dire, par interrogation : Croiriez-vous que
Pierre SOIT condamné ? Il faut remarquer que, même dans sa première acception, la phrase paraît avoir tous les
élémens qui commandent l’emploi du subjonctif.
Après avoir réfléchi sur la règle ci-dessus, on se fera cette ques tion : Dans quel sens faut-il dire :
Plus de doute, nos maux SONT finis : je doute que nos maux SOIENT finis.
Les pronoms relatifs que, qui, où, dont, etc. servant à lier un adjectif de supériorité avec un verbe, régissent le
subjonctif : Ce savant, le plus AIMABLE QUE JE CONNAISSE, a la femme la PLUS MAUSSADE QUI AIT jamais existé. —
C’est un des cas le plus fâcheux OU jamais homme se SOIT trouvé, et DONT il AIT jamais été parlé.
Par connexion avec la règle précédente on dit, en parlant exclusivement : c’est l’unique mal QUE JE PUISSE
redouter ; et c’est le seul, homme QUI SOIT mon ennemi, qui en sera l’auteur.
Que employé après si, dans une acception conditionnelle, régit le subjonctif : SI vous jeûnez, et QUE vous JEUNIEZ
longtems, je ne réponds pas de votre santé.
Après le présent de l’indicatif, que gouverne le présent du subjonctif : Je souhaite que vous supplantiez votre
rival.
Précédé de l’imparfait ou du conditionnel présent, que régit l’imparfait du subjonctif : Je désirais que vous
vinssiez : je désirerais que vous m’apprissiez la syntaxe.
On met un second verbe au passé du subjonctif, pour exprimer une chose passée par connexion au premier
verbe : Je désire que vous ayez réussi hier.
Si on veut exprimer une chose passée par rapport au premier verbe, il faut mettre le second au plusque-parfait du
subjonctif : Je doutais ce matin que vous fussiez revenu hier.
Quand le premier verbe est au plusque-parfait, ou au conditionnel passé de l’indicatif, on met un second verbe au
plusque-parfait du subjonctif : J’avais formé le vœu que vos amis vous eussent averti de vos défauts. — J’aurais
désiré que vous m’eussiez mandé votre retour.
Les grammairiens nous disent : Le participe tient de la nature du verbe et de l’adjectif : donc il peut varier.
Pour être généralement compris, j’emploie presque partout, les dénominations les plus usitées.
Ce mot, que nous appelons participe actif ou présent, reste au masculin singulier : Un homme lisant, une femme
lisant. — Il a un régime exprimé ou sous-entendu ; et ne peut être précédé d’un des tems du verbe être.
Cette jeune personne obligeant, aimant, caressant, tout le monde, pratiquant toutes les vertus, n’a pu échapper à
la calomnie. — Ces participes sont pris adjectivement, quand ils expriment le caractère d’une personne ; une
habitude ou un état : alors ils peuvent être précédés d’un des tems du verbe être :
Cette jeune personne est obligeante, aimante, et caressante : sa figure est parlante. Des tableaux parlans.
Ayant, étant, été, sont invariables. — Et lorsque le participe est précédé de la préposition en :
Votre père en voyageant, votre mère en jouant, ont dissipé votre fortune. En parlant, en argumentant sans cesse,
on finit par ne plus s’entendre.
Plusieurs adjectifs verbaux, la plupart des termes de coutume, ont la figure des participes : mais ils peuvent être
précédés d’un des tems du verbe être :
Des biens appartenans à des propriétaires fortunés ; des têtes ressemblantes ; des terres dépendantes d’un fief ;
vos frères sont jouissans, et usans de leurs droits.
Le participe passé est tantôt déclinable, et tantôt indéclinable : on reconnaît ces modifications par des lettres
amenées ou supprimées dans les vues de l’esprit.
Toute la science du participe se borne dans la connaissance de l’accusatif : marche-t-il avant le participe ? accord.
Après ? point d’accord.
S’il est difficile de trouver le régime, il est presque impossible de bien saisir des règles abstraites ; souvent en
opposition les unes avec les autres.
Sans recourir aux abstractions métaphysiques, je vais parcourir succintement un chemin, déjà frayé pat le génie ;
et que l’aveugle obstination rejette.
Le participe passé prend le genre et le nombre chaque fois qu’il est précédé d’un substantif, ou d’un des tems du
verbe être :
Les PERSONNES INSTRUITES, SONT toujours RECHERCHÉES. Personnes régit le participe instruites : sont le participe
recherchées, ou plutôt le mot personnes régit la phrase entière.
Règle première.
Que des victoires notre Jardon a remportées ! Que de belles actions il a faites !
Le verbe être est souvent sous-entendu : CHÉRIE de ses enfans, votre mère est heureuse. Rétablissez l’ellipse, et
dites sans inversion : Votre mère étant chérie de ses enfans, est heureuse. Mère marche avant le participe : accord.
Il faut se pénétrer de cette règle.
Les enfans que j’ai élevés. — Les femmes que j’ai trompées. — Les armées que j’ai commandées. ENFANS,
FEMMES, ARMÉES, marchent avant leurs participes : accord.
Il les a rencontrées, ces dames. — Il les a battus, ces turbulens. Inversion : Rétablissez : Ces dames, il les a
rencontrées. — Ces turbulens, il les a battus. DAMES, TURBULENS, marchent avant leurs participes : accord.
La raison grammaticale justifie la concordance : parce que chaque fois que le verbe Avoir, suivi d’un participe,
peut se tourner par le passif, le vœu de l’intelligence est rempli : je le prouve par les exemples suivans, qui sont
puisés dans ceux que je viens de donner.
Que des victoires ONT ÉTÉ remportées par Jardon ! — Que de belles actions ONT ÉTÉ faites par Jardon. — Les
enfans qui ONT ÉTÉ élevés par moi. — Les femmes qui ONT ÉTÉ trompées par moi. — Les armées qui ONT ÉTÉ
commandées par moi. — Les dames ONT ÉTÉ rencontrées. — Les turbulens ONT ÉTÉ battus : Analysez encore : Les
dames qui ONT ÉTÉ rencontrées par lui. — Les turbulens qui ONT ÉTÉ battus par lui.
En résultat le participe passé est déclinable, lorsque sans altérer la phrase on peut changer le verbe avoir en avoir
été… Ont été… par… A été… par…
Suivi d’un verbe à l’infinitif, un élève pourrait se trouver embarrassé dans l’analyse ; il faut toujours procéder de
la même manière ; mais en tournant l’infinitif par le participe actif : Cette demoiselle a la voix très-agréable, je
l’ai ENTENDUE chanter. — Ces demoiselles, je les ai VUES danser : analysez :
Cette demoiselle A ÉTÉ ENTENDUE par moi chantant. — Ces demoiselles, ONT ÉTÉ VUES par moi dansant : c’est-à-
dire exerçant l’action de chanter, de danser.
Le peu de livres que J’AI LUS. — Le peu de personnes que J’AI CONSULTÉES : Analysez : Le peu de livres qui ONT ÉTÉ
lus par moi. — Le peu de personnes qui ONT ÉTÉ consultées par moi. Les mots régissans sont livres, personnes ;
ils marchent avant leurs participes : accord.
Je les ai EUS à nourrir, ces orphelins. — Je les ai EUS à vêtir, ces malheureux. — Je les ai EUES à noircir, ces bottes.
Analysez sans inversion : Ces orphelins, je les ai eus à nourrir. Ces malheureux, je les ai eus à vêtir. — Ces
bottes, je les ai eues à noircir. ORPHELINS, MALHEUREUX, BOTTES, marchent avant leurs participes : accord. On peut
aussi dire : Ces orphelins ON ÉTÉ nourris par moi ou par mes soins, etc.
Les dangers que ce marin a COURUS, les tempêtes qu’il a ESSUYÉES, l’ont souvent mis à deux doigts de sa perte :
Analysez. Les dangers qui ONT ÉTÉ courus par ce marin, les tempêtes qui ONT ÉTÉ essuyées par ce marin. Qu’est-
ce que le marin a couru, essuyé ? Des dangers, des tempêtes : accord.
Le participe passé s’accorde souvent avec les pronoms personnels me, te, se, nous, vous, eux, elle, elles ; ils
représentent alors l’objet qui régit le participe :
Ma sœur, ne t’es-tu pas AMUSÉE au bal ? C’est-à-dire n’as-tu pas amusé toi.
NOUS nous SOMMES vus dans l’abondance. C’est-à-dire nous avons vu nous dans l’abondance.
La règle analytique est d’une application constante ; il est absolument inutile de m’étendre davantage.
Deuxième règle.
Le participe passé ou passif reste au masculin singulier, quand il est précédé d’un des tems du verbe Avoir ; sans
être précédé d’un que relatif ou d’un pronom personnel ; ou enfin quand il est suivi de son régime : Henri a
ÉTUDIÉ toute la soirée, Françoise a ÉTUDIÉ toute la soirée, Henri et Françoise ont ÉTUDIÉ toute la soirée.
Votre mère a ÉCRIT une lettre. Qu’est-ce que votre mère a écrit ? — Une lettre. Le substantif féminin lettre marche
après le participe écrit : point d’accord.
Votre père a REÇU des humiliations. Qu’est-ce que votre père a reçu ? — Des humiliations. Le substantif marche
après le participe : point d’accord.
Les participes précédés de l’un des pronoms personnels me, te, se, nous, vous, elles, restent invariables quand ils
sont régimes indirects. On reconnaît qu’un pronom est régime indirect quand, par l’analyse, il se trouve précédé
de la préposition à : Je me suis DONNÉ une voiture. J’ai donné À moi une voiture. Qu’est-ce que j’ai donné à moi ?
— Une voiture. Le substantif féminin voiture marche après le participe donné : point d’accord.
Mon épouse S’est BRODÉ une robe. C’est-à-dire mon épouse a BRODÉ à elle une robe. Le substantif féminin
robe marche après le participe brodé : point d’accord.
NOUS nous sommes FAIT des complimems. C’est-à-dire nous avons fait des complimens à nous. Qu’est-ce que nous
avons fait ? — Des complimens. Le substantif pluriel complimens marche après le participe fait : point d’accord.
Quand la phrase ne peut se tourner par le passif, le participe passé leste au masculin singulier :
Les chaleurs qu’il a FAIT cet Été. On ne peut dire, les chaleurs qui ont été faites cet Été.
Les dix années que j’ai VECU. On ne peut dire, les dix années qui ont été vécues.
Je lui ai rendu tous les services que j’ai PU, que j’ai DU. On ne saurait dire, les services qui ont été pu, qui ont été
dû.
L’argent que ce procès ma COUTÉ : On ne saurait dire qui m’a été coûté.
Les maisons que j’ai VU bâtir. — Les objets que j’ai VU vendre. On ne saurait dire, qui ont été vues bâtir, qui ont
été vus vendre ; c’est moi qui ai vu bâtir, et non pas les maisons.
Votre fille a plus de talent que je ne l’avais supposé, et non pas supposée. Analysez : votre fille a plus de talent
que moi ne l’ai supposé. On ne saurait admettre moi ai supposée.
Après les pronoms en et dont le participe passé est invariable s’il n’est pas précédé d’un que relatif : voici de
beaux fruits, EN avez vous goûté ? Avez-vous goûté de ceci, cela : Point d’accord.
La personne DONT je vous ai parlé. La personne dont moi ai parlé à vous : point d’accord :
Résumé.
Chaque fois qu’il est précédé d’un substantif, ou d’un des tems du verbe Être ;
Quand il est précédé de son régime direct, sans être suivi d’un verbe à l’infinitif ;
Et suivi d’un verbe à l’infinitif, quand le pronom personnel ou le que relatif qui précède le participe passé, est le
régime de ce dernier et non celui du verbe à l’infinitif.
Le participe passé eu suivi d’un verbe à l’infinitif, est variable. Il est encore variable quand il est précédé du mot
peu, si ce mot est suivi d’un substantif pluriel.
Quand il est précédé d’un des tems du verbe Avoir, sans l’être d’un que relatif, d’un pronom personnel, ou quand
il est suivi de son régime.
Précédé des pronoms personnels me, te, se, nous, vous, eux, soi, le participe passé est invariable, si ces pronoms
sont régimes indirects.
Quand, précédé du mot peu, ce dernier mot est suivi d’un substantif singulier ;
Et quand il est précédé du pronom relatif en ou dont sans l’être d’un que relatif.
Le participe passé précédé d’un pronom personnel et suivi d’un verbe à l’infinitif, est invariable quand ce pronom
est le régime du verbe à l’infinitif, et non celui du participe passé.
Coûté et valu sont invariables quoique précédés de leurs régimes.
Tout participe passé placé entre deux que, ne varie jamais. Plu et déplu sont invariables.
De l’adverbe.
L’adverbe est invariable ; il se joint ordinairement au verbe pour indiquer la manière dont se font les choses :
Travailler courageusement. — Il se forme de l’adjectif en ajoutant ment, quand ce dernier est terminé au
masculin par une voyelle. Joli fait joliment ; etc.
Et quand l’adjectif est terminé par une consonne au masculin, l’adverbe se forme au féminin en ajoutant ment :
Bon, bonne, bonnement.
Les adjectifs terminés en ant et en ent forment l’adverbe en changeant ant en amment ; et ent en emment : savant
fait savAMMENT, diligent, diligEMMENT.
On distingue six sortes d’adverbes : 1º. de manière : agréablement, etc. — 2º. D’ordre : d’abord, premièrement,
etc. — 3º. De lieu : ici, partout, etc. — 4º. De tems : hier, toujours, etc : — 5º. De quantité : beaucoup, etc. — 6º.
De comparaison : autant, plus, etc. — Je conviens que cette division me paraît assez inutile.
De la préposition.
La préposition régit le nom, ou elle a un nom pour régime : elle lie par connexion, les rapports que les personnes
et les choses ont entre elles :
Vo-zesté d’van mi, meté-v-padrî : vous êtes devant moi, placez-vous derrière. — Fé-v-pless, vo-zesté to ôk so
l’ôtt, et to ôk avau l’ôtt : faites vous-place, ou rangez-vous ; vous êtes les uns parmi les autres ; et les uns sur les
autres. — I’ré-v-el veie ? irez vous en ville ? — Selon ki l’tain siervret. SELON, SUIVANT que le tems le permettra.
— Gi pâtret sain vo ; et mâgré vo : je partirai sans vous et malgré vous.
De la conjonction.
De même que l’adverbe, et la préposition, la conjonction est indéclinable : elle sert à lier les différens membres
d’une phrase : ainsi qne les parties du discours.
Sol-tain ki doimm gi studeie, à-sel-fin di divni savan : ka g’ vou l’ess : pendant qu’il, ou tandis qu’il dort,
j’étudie, afin de devenir savant : car je veux l’être. — M’iefun n’beu ni n’magne, di sou k’il et foir malâde : mon
enfant ne boit ni ne mange, à cause qu’il, ou parce qu’il est fort malade.
Quoique la plupart des conjonctions régissent l’indicatif, les suivantes gouvernent le subjonctif :
À condition que. — À Dieu ne plaise que. — À moins que. — Avant que. — Au cas que — Encore que —
Jusqu’à ce que. — Lorsque. — Moyennant que. — Non pas que — Plaise à Dieu que. — Pourvu que. —
Quoique. — Sans que. — Si ce n’est que. — Soit que. — Supposé que. — Supposé qu’il s’enrichisse, etc.
À condition que gouverne le futur ou le conditionnel, dans l’acception de la certitude : à condition qu’il obéira.
De l’interjection.
L’interjection est un mot invariable, qui sert à exprimer les mouvemens spontanés de l’âme.
Pour l’étonnement, la surprise : éie… ! ess ben vo ki gi r’veu ? ah ! est-ce bien vous que je revois ?
Pour la douleur : O’-k-gi sofeur : waie ! vomm fré flâwi. Hélas ! que je souffre ; ah ! vous serez cause que je vais
me trouver mal.
Pour imposer silence : ch… pzs… chutt ! taihiv : chut ! paix ! silence !
N. B. En terminant cet abrégé de grammaire, je dois faire observer que les verbes wallons sont conjugués d’après
les diverses nuances de cet idiôme : il offre des variations locales qui se divisent à l’infini.
1. Dans tous les mots wallons terminés par un t, cette consonne n’a que la propriété de donner le son
sémi-ouvert à la voyelle pénultième.
2. En calquant l’orthographe du dialecte wallon sur l’orthographe française, je devrais répéter jusqu’à
satiété le signe de l’élision : chaque fois que le Wallon trouve un appui pour soutenir sa voix, il
supprime, comme on le verra, une ou plusieurs voyelles : il emploie même jusqu’à la contraction,
pour précipiter l’émission des syllabes et des mots. Placé dans l’alternative ou de n’offrir à l’œil
qu’une tachygraphie confuse, ou d’écrire exclusivement pour l’oreille, j’ai préféré le dernier parti. Je
ne viole pas le système orthographique, puisque nous n’en avons point : il n’existe qu’une sorte de
routine, dans nos petits ouvrages écrits en wallon : leurs Auteurs, voulant composer avec
l’orthographe française, ne marchent qu’en tâtonnant ; et par cette méthode injudicieuse, ils
rendent plus pénible une lecture qui, dans toutes les hypothèses possibles, sera toujours difficile.
Sans rejeter l’apostrophe, je ne l’emploirai que dès-lors que mon oreille en réclamera la nécessité :
le tiret remplacera souvent ce signe ; et pour noter plus nettement, ce langage auriculaire, je
transporterai une consonne finale au mot subséquent ; chaque fois que l’organe sera l’interprète du
génie ou des caprices de ce dialecte.
3. Pour que chaque lettre ait un son, les mots wallons ne seront point affectés de la marque plurielle.
4. Je lis dans les grammaires : « On écrit sans s au pluriel, les mots qui viennent du latin et d’autres
langues ; tels que duo, trio, errata, alinéa, zéro, quiproquo, etc. Cependant on écrit avec un s au
pluriel, des opéras, des DUOS, des numéros, etc. »
Quelle rectitude de principes ! mettez un s au pluriel, car le mécanisme de notre langue l’ordonne :
ne mettez pas d’s, car il faut orthographier sur je ne sais quelle langue, qui était vivante il y a
quelque vingt-cinq siècles. Voilà la judicieuse conséquence des étymologistes. Notre esprit
familiarisé avec le signe pluriel, avec une distinction consacrée par le code grammatical, ne peut
admettre des exceptions repoussées par l’intelligence. Du moment qu’un mot est employé, dans
une langue, il est soumis à sa législation : et malgré les clameurs des routiniers, j’écrirai des
erratas, des quiproquos, etc.
5. Cette règle est commune à ses six adjectifs, quoiqu’ils soient terminés au masculin par deux e :
agréé-e, créé-e, dégréé-e, recréé-e, suppléé-e.
6. La plupart des grammairiens les nomment pronoms.
7. Par un raffinement de politesse, beaucoup de wallons disent mu mon pèr, mu mon frér, mu ma
seûr, etc. : mon mon père, mon mon frère, ma ma sœur. Si beau est synonime d’absurde,
l’expression est sublime. Condamnant ce pléonasme vicieux devant un homme de mérite, il me dit
c’est l’usage. N’en déplaise à l’homme d’esprit, l’usage ne peut légitimer l’extravagance. Chaque
département, en France, a des usages désavoués par le goût et les loix du langage : je pourrai en
citer mille ; cette seule anecdote suffira pour étayer une vérité généralement reconnue :
Dans plusieurs provinces les français disent j’ai é u, pour j’ai eu (u). Quelqu’un disait un jour, à Mr.
de Bouflers : « Vous avez é u ma sœur dans votre société. Pourquoi pas, répondit le Poëte :
Jupiter a é u i o dans la sienne.
8. Cent et quatre-vingt prennent la marque plurielle devant un substantif, h nul, ou une voyelle :
quatre cents chevaux, cinq cents hommes, quatre-vingts écus.
9. Mille nombre cardinal est invariable : douze mille hommes. Il se modifie comme mesure itinéraire :
douze milles d’Angleterre. Dans les dates on écrit mil : l’an mil deux cent.
10. Le wallon dit : ill son : elles sont : mais si la phrase est interrogative, il dit : li fon-till ? le font-elles ?
Il dit encore leie : elle.
11. Je regarde les pronoms personnels comme des substantifs propres.
12. Je n’emploîrai pas toujours des phrases exclusivement liégeoises.
13. Ou elle ne sera plus répété.
14. Beaucoup de wallons disent no-zôren. Pour tout dire je ne puis tout embrouiller.
15. Ce verbe est conjugué en wallon de Verviers, de Herve, Limbourg, etc.
16. Cette conjugaison n’est pas exclusivement liégeoise.
17. On conjugue de même le verbe s’en aller ; mais la préposition en doit se séparer du participe
passé ; par le verbe Être : Je m’EN SUIS EN allé.
18. La première est plus noble que la deuxième, et la deuxième est plus noble que la troisième.
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