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Pour répondre à cette question, il faut se référer au texte de Sureman "Au fil de la faja"
qui explique la pratique de l'emmaillotement des bébés en Bolivie. Cette pratique typique
des cultures andines remplit diverses fonctions telles que celle d'assurer le bien-être dans
la croissance de l'enfant (donner une bonne forme a son corps, « bien droite »), de le
protéger des maladies et des maux extérieurs, ainsi que de transmettre les rôles sociaux
et de genre à l'intérieur des familles.
La pratique de l'emmaillotement est une pratique féminine qui est transférée de manière
intergénérationnelle principalement des grands-mères (maternelles ou paternelles) aux
nouvelles mères, mais aussi aux jeunes femmes dans la famille. Par la manière correcte de
réaliser l'emmaillotement du bébé, une série d'idéaux associés à la « mère accomplie »et
à la « épouse dévouée » sont transférés, ce qui constituent des piliers importants pour les
femmes qui font partie de cette culture.
En Bolivie, les rôles de genre sont bien marqués, où l'homme doit être chargé de procurer
de l'argent à sa famille tandis que la femme a la responsabilité de soigner et de l’entretien
de sa famille.
Dans ce cadre, l'idéal de la « mère accomplie » est de donner de bons soins aux membres
de votre famille, ce qui implique la bonne réalisation de l'emmaillotement de son bébé.
Pour sa part, l'idéal de la « épouse dévouée » consiste à que les femmes fassent tout leur
possible pour ne pas se marginaliser de la société et pour défendre le statut de leur
partenaire et de leur famille. Par conséquent, malgré le fait que le bébé ne soit pas encore
conscient de lui-même, il est le porteur de ces imaginaires sociaux, c'est-à-dire qu'à
travers son élevage et ses soins, il reproduit l'ordre social établi, et les rôles de genre qui
le composent. De cette façon, on peut dire que le bébé emmailloté est un acteur de sa
propre socialisation et qu’il reflète une série de règles sociales caractéristiques de la
culture andine.
ACEVEDO, Francisca
M1 Sciences de l’éducation, CIEF
N°étudiant : 21911685
Mail : francisca.acevedo@etu.parisdescartes.fr
D'un autre point de vue, on peut faire un parallèle de ce phénomène avec ce qui est posé
dans l'article de Chicharro « De la gymnastique à l’art graphique. Apprentissage et
enseignement dans les écoles élémentaires chinoises ». Dans ce texte, elle parle de
l'importance du corps dans l'éducation des enfants chinois et du fait que cette culture suit
traditionnellement un paradigme éducatif basé sur la répétition. Bien qu'il s'agisse de
pratiques et de cultures très différentes, la façon dont le corps des enfants et leur
socialisation contiennent un certain nombre de significations propres à leur culture peut
avoir des traits communs. Dans le cas des enfants chinois, le fait d'impliquer le corps dans
des tâches répétitives et rigoureuses telles que la gymnastique et l'écriture implique que
l'enfant soit formé de manière non autonome, ce qui reflète les anciens idéaux de la
culture chinoise qui avaient pour fonction d'élever des personnes et fonctionnelles fidèles
à l'empire, ou à l'ordre du parti communiste. Par conséquent, les objectifs de ce pays de
se positionner en tant que puissance économique mondiale et de "s'occidentaliser", sont
en jeu avec les traditions culturelles et éducatives de cette société, qui sont encore très
fortement présentes dans l'éducation de ses enfants.
Dans les deux cas, les enfants reproduisent leur environnement social et ont pour rôle de
porter dans leur corps certaines caractéristiques particulières de leur culture.