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Le rapport au lecteur (3)

S’agit-il pour autant de manipuler le destinataire ? En partie sans doute, mais ce n’est pas l’essentiel. Il
y a différentes manières de construction du rapport que l’on souhaite établir avec son lecteur.

Voici des procédés qui conditionnent cette relation.

3-La quête de connivence

Conduire l’argumentation comme un dialogue supposé n’est qu’une des façons de construire la relation
au lecteur, l’objectif étant d’établir progressivement une connivence avec lui. Les deux procédés que nous allons
présenter maintenant supposent l’existence d’une telle relation : faute de quoi, la communication ne passe pas.

3-1-L’implicite

Un message peut souvent en dissimuler un autre, sous-entendu ou implicite. De fait, la plupart des
énoncés laissent beaucoup plus à penser qu’ils n’expriment de manière explicite. On parle parfois de la nécessité
de « lire entre les lignes » : c’est d’implicite qu’il s’agit.

Exemple :

« Il alla à la porte de l’archevêque : le prélat était enfermé avec la belle madame de Lesdiguières pour
affaires de l’église. » (Voltaire, L’Ingénu)

Le texte suggère que c’est pour des affaires privées (« belle ») que le prélat est en tête-à-tête avec
madame de Lesdiguières ; dans ce cas, la formule « pour affaires d’église » relève de l’ironie.

L’art des sous-entendus, en ce qu’il repose sur l’établissement d’une relation de connivence entre le
scripteur et son lecteur, est d’un intérêt capital en matière d’argumentation. En effet, l’implicite ne peut être
perçu –et décodé- que lorsque destinataire et émetteur du message ont en commun les mêmes références
(culturelles, par exemple).

Les présupposés constituent une forme d’implicite à laquelle l’argumentation a fréquemment, et


utilement, recours. Il s’agit souvent d’un présupposé d’ordre logique, mais peut aussi s’agir d’un présupposé
fondé sur l’opinion implicite liée à des jugements de valeur.

Exemple :

« De nos jours, la question de l’euthanasie est enfin abordée dans faux-semblants. »

Une telle phrase présuppose que, dans le passé, la situation était déplorable, en raison de l’hypocrisie
avec laquelle on abordait le sujet.

Note (s) :

●L’usage de l’implicite doit demeurer ponctuel. Il doit toujours y avoir suffisamment d’idées explicites
auxquelles le lecteur puisse se rattacher pour construire le sens.

3-2-L’ironie

L’ironie est une forme grinçante d’humour qui s’appuie principalement sur la figure de l’antiphrase. En
affirmant le contraire de ce qu’il pense, le scripteur peut, grâce à l’ironie, critiquer un point de vue opposé ou un
adversaire, et ce avec la connivence du lecteur. Pour que le message ironique atteigne son objectif, il est
indispensable que le lecteur ait bien compris qu’il s’agit d’antiphrase.

Exemple :

« A-t-on jamais vu de plus impertinent ? Un père venir faire des remontrances à son fils ! » (Molière,
Dom Juan)

L’emploi de l’ironie contribue à condamner l’attitude de Don Juan.

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