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Ainsi, est-il désormais permis aux époux de modifier le fondement de leur demande en
divorce au moyen de passerelles instituées aux articles 247 et 247-1 du Code civil
Concrètement cela signifie que qu’il existe une passerelle entre le divorce par
consentement mutuel conventionnel et
La demande aux fins de passerelle peut intervenir tant qu’aucune décision sur le fond
n’a été rendue.
À cette fin, il leur appartient de demander au juge de constater leur accord pour voir
prononcer le divorce par consentement mutuel en lui présentant une convention
réglant les conséquences de celui-ci.
Chaque époux aura préalablement signé une déclaration d’acceptation qui sera
annexée aux conclusions de son avocat, conformément aux prescriptions de l’article
1123 alinéa 5 du Code de procédure civile, et rappellera qu’elle n’est pas susceptible
de rétractation.
==> Fondement
La demande reconventionnelle peut, à l’instar de la demande principale, être fondée
sur l’un quelconque des cas de divorce prévu par l’article 257-1 du code civil soit :
Le principe énoncé à l’article 1077 du nouveau code de procédure civile aux termes
duquel la demande ne peut être fondée que sur un cas de divorce et toute demande
formée à titre subsidiaire sur un autre cas étant irrecevable, est applicable à la
demande reconventionnelle.
I) L’introduction de l’instance
==> Délais
Le délai de trois mois
L’article 1113 du Code de procédure civile prévoit que pendant les trois
mois suivant le prononcé de l’ordonnance de non-conciliation, seul l’époux
qui a présenté la requête initiale peut assigner
À l’expiration de ce délai, cette faculté est ouverte à l’époux le plus
diligent.
En effet, l’autorisation d’introduire l’instance accordée par le juge dans
l’ordonnance de non-conciliation vise désormais les deux époux et non plus
seulement celui des deux qui a déposé la requête initiale
Il convient toutefois d’observer que le premier alinéa de l’article 1113 ne
vise que « l’assignation» en divorce formée par un époux et non
« l’introduction de l’instance ».
Ainsi, le privilège reconnu au requérant pour assigner dans les trois mois
de l’ordonnance de non-conciliation ne s’applique pas à la requête
conjointe, laquelle peut être présentée par les époux immédiatement après
l’ordonnance de non-conciliation.
Le délai de trente mois
L’article 1113, al. 2 du Code de procédure civile prévoit que, en cas de
réconciliation des époux, ou si l’instance n’a pas été introduite dans les
trente mois du prononcé de l’ordonnance, toutes ses dispositions sont
caduques, y compris l’autorisation d’introduire l’instance.
Ainsi, l’instance doit être introduite dans le délai maximum de trente
mois, à défaut de quoi l’ordonnance de non-conciliation devient caduque, y
compris l’autorisation d’assigner
Il appartiendra alors aux époux de déposer une nouvelle requête initiale
==> L’acte introductif d’instance
L’introduction de l’instance peut, conformément aux dispositions prévues en matière
contentieuse devant le tribunal de grande instance, s’effectuer :
par assignation
par requête conjointe
Cette dernière présente un intérêt particulier en matière de divorce accepté.
Le recours à la requête conjointe est même obligatoire lorsque les époux s’accordent
après l’ordonnance de non-conciliation sur le prononcé d’un divorce sans
considération des faits à l’origine de la rupture
Contenu de la proposition
La description du patrimoine doit comporter les éléments aussi bien
actifs que passifs qui le composent.
Elle doit viser les biens communs et indivis des époux mais également
les biens propres du demandeur.
S’agissant de la description du patrimoine propre du défendeur, cette
exigence doit s’apprécier en fonction des difficultés pratiques, voire des
obstacles, que le demandeur peut rencontrer.
Le caractère sommaire du descriptif ne doit pas dispenser le demandeur
d’une obligation de sincérité, en particulier pour les biens dont il a la
connaissance particulière à raison de l’usage qu’il en fait.
Cette obligation de sincérité résulte directement du principe de loyauté
procédurale.
Nature de la proposition
Afin que les « intentions » du demandeur ne puissent s’analyser comme
des demandes au sens processuel du terme, l’article 1115, al. 2 précise que
cette proposition ne constitue pas une prétention au sens de l’article 4 du
nouveau code de procédure civile.
Le juge n’a donc pas à statuer
ni sur les intentions du demandeur quant à la liquidation
ni sur les moyens que la partie adverse aurait pu exposer pour les
contredire
Sanction
Pour éviter toute manœuvre dilatoire, l’exception d’irrecevabilité doit
être invoquée avant toute défense au fond.
Dans la mesure où elle ne constitue pas une exception d’ordre public, elle
ne peut être soulevée d’office par le juge.
II) La demande reconventionnelle
==> Fondement
La demande reconventionnelle peut, à l’instar de la demande principale, être fondée
sur l’un quelconque des cas de divorce prévu par l’article 257-1 du code civil soit :
Le principe énoncé à l’article 1077 du nouveau code de procédure civile aux termes
duquel la demande ne peut être fondée que sur un cas de divorce et toute demande
formée à titre subsidiaire sur un autre cas étant irrecevable, est applicable à la
demande reconventionnelle.
==> Ordre d’examen des demandes
L’article 246 al. 1er du code civil contient une disposition essentielle s’agissant de
l’ordre d’examen, par le juge, des demandes en divorce respectivement formées par les
parties.
Aux termes de cette disposition, le juge n’examine plus systématiquement, en premier
lieu, la demande principale en divorce.
Ainsi, est-il désormais permis aux époux de modifier le fondement de leur demande en
divorce au moyen de passerelles instituées aux articles 247 et 247-1 du Code civil
Concrètement cela signifie que qu’il existe une passerelle entre le divorce par
consentement mutuel conventionnel et
La demande aux fins de passerelle peut intervenir tant qu’aucune décision sur le fond
n’a été rendue.
Chaque époux aura préalablement signé une déclaration d’acceptation qui sera
annexée aux conclusions de son avocat, conformément aux prescriptions de l’article
1123 alinéa 5 du Code de procédure civile, et rappellera qu’elle n’est pas susceptible
de rétractation.
Elles sont, malgré leur caractère provisoire, essentielles à plus d’un titre :
En outre, ces mesures provisoires présentent une particulière importance pour les
parties en ce qu’elles préfigurent souvent les solutions définitives qui seront retenues
lors du prononcé du divorce, par exemple en matière d’attribution du logement.
Enfin, elles ont un contenu très varié, la liste de mesures provisoires susceptibles
d’être prescrites par le juge qui figure à l’article 255 du code civil n’étant pas
limitative.
I) Objet des mesures provisoires
Conformément à l’article 254 du Code civil, les mesures provisoires sont celles «
nécessaires » pour assurer l’existence des époux et des enfants « jusqu’à la date à
laquelle le jugement passe en force de chose jugée ».
Si l’autorité compétente pour prescrire ces mesures provisoires demeure le juge aux
affaires familiales, il est précisé que ce sera « en considération des accords éventuels
des époux ».
Cette précision fait écho à l’article 1117 du Code de procédure civile qui prévoit que
« lorsqu’il ordonne des mesures provisoires, le juge peut prendre en considération les
arrangements que les époux ont déjà conclus entre eux ».
Prudente, la formulation retenue à l’article 254 laisse au juge toute faculté
d’appréciation sur les accords que lui soumettent les parties mais marque une nouvelle
fois la sollicitude de la loi à l’égard des solutions négociées entre époux.
Soit à proposer aux époux une mesure de médiation et, après avoir recueilli leur
accord, désigner un médiateur familial pour y procéder
Soit à enjoindre aux époux de rencontrer un médiateur familial qui les
informera sur l’objet et le déroulement de la médiation
Ces mesures sont susceptibles d’être prises par le Juge sont conformes à la logique de
la médiation qui, reposant sur le volontariat des parties, ne peut être imposée aux
parties, à l’exception d’une séance d’information à ce sujet.
Dans cette hypothèse, le Juge devra préciser si ce règlement est effectué au titre du
devoir de secours ou si celui-ci donnera lieu à récompense dans le cadre des opérations
de liquidation de la communauté ou à créance dans le cas d’un régime séparatiste.
==> Accorder à l’un des époux des provisions à valoir sur ses droits dans la
liquidation du régime matrimonial si la situation le rend nécessaire
==> Statuer sur l’attribution de la jouissance ou de la gestion de biens communs
ou indivis autres que ceux visés au 4°, sous réserve des droits de chacun des
époux dans la liquidation du régime matrimonial
La jouissance ou la gestion des biens autres que le domicile conjugal et le mobilier du
ménage peut être attribuée à l’un des époux.
Cependant, seuls peuvent faire l’objet de cette mesure les biens communs ou indivis et
non les biens propres.
La garde alternée
Si la possibilité d’envisager la résidence alternée est prévue dans la loi,
en cas de désaccord des parents, le Juge n’est en aucune façon obligé de la
prononcer.
Il demeure libre de fixer la résidence habituelle de l’enfant chez l’un des
parents
La garde exclusive
Lorsque la résidence de l’enfant est fixée au domicile de l’un des parents,
le juge aux affaires familiales statue sur les modalités du droit de visite de
l’autre parent.
Ce droit de visite, lorsque l’intérêt de l’enfant le commande, peut, par
décision spécialement motivée, être exercé dans un espace de rencontre
désigné par le juge.
Lorsque l’intérêt de l’enfant le commande ou lorsque la remise directe de
l’enfant à l’autre parent présent un danger pour l’un d’eux, le juge en
organise les modalités pour qu’elle présente toutes les garanties nécessaires.
Il peut prévoir qu’elle s’effectue dans un espace de rencontre qu’il
désigne, ou avec l’assistance d’un tiers de confiance ou du représentant
d’une personne morale qualifiée.
Lorsque le Juge se prononce sur les modalités d’exercice de l’autorité parentale,
l’article 373-2-11 du Code civil enjoint au juge de prendre en considération plusieurs
éléments :
La pratique que les parents avaient précédemment suivie ou les accords qu’ils
avaient pu antérieurement conclure
Les sentiments exprimés par l’enfant mineur dans les conditions prévues à
l’article 388-1
L’aptitude de chacun des parents à assumer ses devoirs et respecter les droits de
l’autre
Le résultat des expertises éventuellement effectuées, tenant compte notamment
de l’âge de l’enfant
Les renseignements qui ont été recueillis dans les éventuelles enquêtes et
contre-enquêtes sociales prévues à l’article 373-2-12
Les pressions ou violences, à caractère physique ou psychologique, exercées par
l’un des parents sur la personne de l’autre
==> Sur la pension alimentaire
L’article 372-2-2 du Code civil prévoit que, en cas de séparation entre les parents, ou
entre ceux-ci et l’enfant, la contribution à son entretien et à son éducation prend la
forme d’une pension alimentaire versée, selon le cas, par l’un des parents à l’autre, ou
à la personne à laquelle l’enfant a été confié.
Les modalités et les garanties de cette pension alimentaire sont fixées par la
convention homologuée visée à l’article 373-2-7 ou, à défaut, par le juge.
Cette pension peut en tout ou partie prendre la forme d’une prise en charge directe de
frais exposés au profit de l’enfant.
Elle peut être en tout ou partie servie sous forme d’un droit d’usage et d’habitation.
Ainsi, le délai de validité de des mesures provisoires est de trente mois afin de
permettre, le cas échéant, à l’époux demandeur, une fois l’ordonnance de non-
conciliation rendue, d’attendre l’expiration du délai prévu pour satisfaire aux
conditions du divorce pour altération définitive du lien conjugal (deux années de
séparation).
Passé le délai de trente mois, toutes les dispositions de l’ordonnance sont caduques, y
compris l’autorisation d’introduire l’instance.
Les mesures provisoires sont également caduques en cas de réconciliation des époux.
Or il ne fait désormais aucun doute que, du strict point de vue procédural, l’instance ne
commence qu’à l’assignation et non à la requête en divorce.
Le juge devra par conséquent être saisi en la forme des référés ou par requête.
En cas d’appel, cette compétence est dévolue, selon le cas, au Premier Président de la
Cour d’appel ou au conseiller de la mise en état.
Procédure de divorce: la phase de
conciliation
22 MAI 2018 / AURÉLIEN BAMDÉ / POSTER UN COMMENTAIRE
Aux termes de l’article 252 du Code civil « une tentative de conciliation est
obligatoire avant l’instance judiciaire. »
Ainsi, quel que soit le niveau de tension au sein du couple, les époux ont l’obligation
de passer par la phase de conciliation.
D’une part, le cas de divorce sur lequel se fondera l’assignation mais également
porter sur le fait même de divorcer
D’autre part, les conséquences du divorce afin de permettre de dégager des
solutions négociées et mieux adaptées à la situation de chacun et ce, le plus en
amont possible.
I) La convocation des époux
La convocation des époux à l’audience de conciliation répond à un formalisme très
précis décrit à l’article 1108 du Code de procédure civile :
Elle précise en outre que l’assistance d’un avocat est obligatoire pour accepter, lors de
l’audience de conciliation, le principe de la rupture du mariage.
Au-delà des mesures provisoires susceptibles d’être prises pour organiser la vie
séparée de la famille, cette audience doit être l’occasion d’un débat sur le principe
même de la rupture et peut s’avérer déterminante sur l’orientation de la procédure de
divorce.
Elle doit enfin favoriser la mise en place d’un accompagnement adapté des époux, les
incitant à la préparation responsable des conséquences de leur séparation, notamment
au travers de la médiation familiale ou des mesures relatives à la liquidation anticipée
de leur régime matrimonial.
Par ailleurs, il doit rappeler aux époux les dispositions de l’article 252-4 du code civil.
Cette disposition prévoit que « ce qui a été dit ou écrit à l’occasion d’une tentative de
conciliation, sous quelque forme qu’elle ait eu lieu, ne pourra pas être invoqué pour
ou contre un époux ou un tiers dans la suite de la procédure. »
Cette disposition prend un relief particulier dans le nouveau dispositif procédural
puisque, désormais, le choix du cas de divorce retenu ne se fera qu’à l’occasion de
l’assignation et il importe d’éviter que des faits relatés à l’occasion de la tentative de
conciliation ne soient ensuite utilisés pour fonder sa demande de divorce, par exemple
sur la faute.
L’article 252-1 du Code civil prévoit que lorsque le juge cherche à concilier les époux,
il doit s’entretenir personnellement avec chacun d’eux séparément avant de les réunir
en sa présence.
Dans le cas où l’époux qui n’a pas formé la demande ne se présente pas à l’audience
ou se trouve hors d’état de manifester sa volonté, le juge s’entretient avec l’autre
conjoint et l’invite à la réflexion.
En toute hypothèse, le juge doit entendre chacun des époux sur le principe de la
rupture
Si un plus long délai paraît utile, le juge peut décider de suspendre la procédure et de
recourir à une nouvelle tentative de conciliation dans les six mois au plus.
Il ordonne, s’il y a lieu, les mesures provisoires nécessaires.
III) L’ordonnance de non-conciliation
Sauf à ce que la conciliation ait abouti, ce qui relève du cas d’école, à l’issue de
l’audience de conciliation le JAF rend une ordonnance de « non-conciliation » qui
comporte un certain nombre de points :
Soit il renvoie les parties à une nouvelle tentative de conciliation dans les six
mois au plus
Soit il autorise immédiatement les époux à introduire l’instance en divorce
Dans les deux cas, il peut ordonner tout ou partie des mesures provisoires prévues
aux articles 254 à 257 du code civil.
Elles sont, malgré leur caractère provisoire, essentielles à plus d’un titre :
En outre, ces mesures provisoires présentent une particulière importance pour les
parties en ce qu’elles préfigurent souvent les solutions définitives qui seront retenues
lors du prononcé du divorce, par exemple en matière d’attribution du logement.
Enfin, elles ont un contenu très varié, la liste de mesures provisoires susceptibles
d’être prescrites par le juge qui figure à l’article 255 du code civil n’étant pas
limitative.
A) Objet des mesures provisoires
Conformément à l’article 254 du Code civil, les mesures provisoires sont celles «
nécessaires » pour assurer l’existence des époux et des enfants « jusqu’à la date à
laquelle le jugement passe en force de chose jugée ».
Si l’autorité compétente pour prescrire ces mesures provisoires demeure le juge aux
affaires familiales, il est précisé que ce sera « en considération des accords éventuels
des époux ».
Cette précision fait écho à l’article 1117 du Code de procédure civile qui prévoit que
« lorsqu’il ordonne des mesures provisoires, le juge peut prendre en considération les
arrangements que les époux ont déjà conclus entre eux ».
Prudente, la formulation retenue à l’article 254 laisse au juge toute faculté
d’appréciation sur les accords que lui soumettent les parties mais marque une nouvelle
fois la sollicitude de la loi à l’égard des solutions négociées entre époux.
Ainsi, le délai de validité de des mesures provisoires est de trente mois afin de
permettre, le cas échéant, à l’époux demandeur, une fois l’ordonnance de non-
conciliation rendue, d’attendre l’expiration du délai prévu pour satisfaire aux
conditions du divorce pour altération définitive du lien conjugal (deux années de
séparation).
Passé le délai de trente mois, toutes les dispositions de l’ordonnance sont caduques, y
compris l’autorisation d’introduire l’instance.
Les mesures provisoires sont également caduques en cas de réconciliation des époux.
Or il ne fait désormais aucun doute que, du strict point de vue procédural, l’instance ne
commence qu’à l’assignation et non à la requête en divorce.
Le juge devra par conséquent être saisi en la forme des référés ou par requête.
En cas d’appel, cette compétence est dévolue, selon le cas, au Premier Président de la
Cour d’appel ou au conseiller de la mise en état.
Pour le reste, les époux ne pourront pas faire appel de la décision du JAF.
Aux termes de l’article 251 du Code civil « l’époux qui forme une demande en divorce
présente, par avocat, une requête au juge, sans indiquer les motifs du divorce. »
Lorsqu’elle est contentieuse, la procédure de divorce est engagée au moyen d’un acte
unilatéral d’un époux : la requête initiale.
I) Présentation de la requête
La présentation de la requête initiale obéit à deux règles :
Elle doit cependant contenir les demandes formées au titre des mesures provisoires
ainsi qu’un exposé sommaire de leurs motifs.
Comme auparavant, il est toujours possible de solliciter dès le dépôt de la requête des
mesures urgentes.
Les juridictions considéraient qu’il n’était pas nécessaire que la requête initiale en
divorce pour faute énonce les faits invoqués comme cause de divorce.
Tel époux qui aurait accepté de plus ou moins bon gré l’idée d’un divorce, se sent
personnellement mis en cause et insulté par l’énoncé des griefs outrancièrement
grossis pour convaincre le tribunal de l’existence de véritables et graves fautes. Dès
lors, il va rendre coup pour coup et les espoirs d’apaisement deviendront illusoires.
Il a été objecté que l’interdiction d’énoncer les motifs du divorce dans la requête
initiale serait en pratique très désavantageuse pour le défendeur qui ignorerait tout des
dispositions de son conjoint.
À cet argument, il peut toutefois être répondu que jusqu’à l’assignation, le choix du
cas de divorce n’est pas fait, la tentative de conciliation devant être l’occasion
d’éclaircir ce point et, le cas échéant, de constater l’accord des époux sur le principe
du divorce, leur permettant ensuite de se diriger vers la procédure la moins
contentieuse.
Par conséquent, les mesures provisoires seront prises sans considération pour les
circonstances de la rupture.
On peut en déduire que si, au mépris de cette interdiction, une telle indication devait
encore figurer dans la requête initiale, elle n’aurait aucun effet, le requérant demeurant
totalement libre, lors de l’acte introductif d’instance, de choisir le cas de divorce sur
lequel il entend fonder son action.
B) Mention des demandes formées au titre des mesures provisoires et d’un exposé
sommaire de leurs motifs
L’article 1106 du Code de procédure civile prévoit que la requête contient les
demandes formées au titre des mesures provisoires et un exposé sommaire de leurs
motifs.
Il ne s’agit pas ici d’exposer les motifs du divorce, mais seulement de justifier les
mesures provisoires sollicitées en vue de l’audience de conciliation.
Aussi, cela permet à chacune des parties de connaître avant l’audience les demandes
de l’autre et de pouvoir par conséquent s’y préparer.
Compte tenu du principe d’oralité des débats, elle n’a cependant pas pour effet
d’interdire toute demande nouvelle lors de l’audience de conciliation, en cas de
comparution des deux époux.
L’article 1106 du Code de procédure civile exige, lorsqu’un époux sollicite des
mesures urgentes, qu’il se présente en personne devant le JAF.
La révision de la prestation
compensatoire
20 MAI 2018 / AURÉLIEN BAMDÉ / 2 COMMENTAIRES
La prestation allouée sous forme d’un capital échelonné sur une durée maximale de
huit annuités ne peut donc être révisée dans son quantum, en raison de sa nature
indemnitaire et forfaitaire.
Seules les modalités de paiement peuvent être révisées en cas de changement notable
de la situation du débiteur.
Ainsi, peut être décidé un rééchelonnement des versements dans la limite des huit
années prévues par la loi, ou, à titre exceptionnel au-delà de ce délai, par décision
spéciale et motivée.
S’agissant des pouvoirs du juge saisi d’une demande de révision des modalités de
paiement du capital, la question se pose de savoir s’il peut autoriser une suspension
temporaire des versements, éventuellement jusqu’au retour du débiteur à meilleure
fortune.
Une telle lecture ne semble pas pouvoir être retenue, au regard de la volonté du
législateur de permettre un règlement rapide des relations financières des ex-époux.
Les décisions intervenues dans ce domaine ne l’exigent pas. Dès lors, un tel
changement concernant un seul des ex-époux suffit à justifier la révision de la
prestation compensatoire.
Cependant, lorsque des changements importants affectent les deux parties, la révision,
tant dans son principe que dans son montant, est toujours appréciée par les juridictions
en comparant l’évolution respective de leur situation.
==> Modalités de la révision
L’article 276-3 du Code civil prévoit que la révision de la prestation compensatoire
peut prendre trois formes :
Elle peut être suspendue
Elle peut être supprimée
Elle peut être révisée
Dans cette dernière hypothèse, l’alinéa 2 de l’article 276-3 précise que « la révision ne
peut avoir pour effet de porter la rente à un montant supérieur à celui fixé initialement
par le juge. »
Cette disposition interdit ainsi que le montant initial de la rente soit, à l’occasion d’une
action en révision, dépassé.
Cette disposition limite en conséquence les droits du créancier, qui ne peut, après une
première révision à la baisse du montant de la rente, solliciter l’augmentation de celle-
ci que dans la limite du montant initial.
Prestation compensatoire:
attribution et fixation du montant
20 MAI 2018 / AURÉLIEN BAMDÉ / POSTER UN COMMENTAIRE
C’est concrètement, par rapport à la situation réelle du ménage, que la disparité devra
être appréciée et le choix du terme « conditions de vie respectives » marque bien un
souci de concret.
Autrement dit, la prestation compensatoire sera accordée par le juge à l’un des époux,
si un déséquilibre économique entre les conjoints est créé par la rupture du mariage.
L’effet principal du mariage, c’est l’instauration d’une communauté de vie.
Inversement, la rupture de la communauté de vie entre époux a pour effet de créer une
disparité s’ils ont des ressources financières inégales, à plus forte raison si l’un d’eux a
consacré sa vie à l’entretien du ménage.
Le juge octroiera une prestation compensatoire à un époux dès lors qu’il constatera
une disparité économique née de la rupture du mariage.
B) Domaine
En 2004, le législateur a entendu élargir le champ d’application de la prestation
compensatoire.
==> L’octroi d’une prestation compensatoire est possible quel que soit le cas de
divorce
C) Exception : l’équité
Le législateur a apporté un tempérament au principe posé à l’article 270, al. 2 du Code
civil, afin d’éviter que l’octroi d’une prestation compensatoire puisse être une source
d’injustice.
Le dernier alinéa de l’article 270 du code civil laisse en effet au juge la possibilité de
refuser l’octroi d’une prestation « si l’équité le commande » et dans deux hypothèses :
Soit en considération des critères prévus à l’article 271
Il s’agit d’une disposition nouvelle, dont l’effet est de prendre en
considération les critères de l’article 271, non seulement pour déterminer le
montant de la compensation, mais également pour statuer sur le droit lui-
même à une prestation compensatoire.
Ces éléments d’appréciation viennent donc s’ajouter à la condition posée
par l’article 270 relatif à la disparité dans les conditions de vie respectives
des époux.
Ainsi, par exemple, la durée du mariage, la situation professionnelle de
l’époux demandeur ou ses droits acquis dans la liquidation du régime
matrimonial doivent désormais être pris en compte pour apprécier
l’opportunité de la demande.
Soit lorsque le divorce est prononcé aux torts exclusifs de l’époux qui
demande le bénéfice de cette prestation, au regard des circonstances
particulières de la rupture
Cette formulation marque un double assouplissement par rapport au droit
antérieur
D’une part, il n’y a plus d’interdiction de principe au versement
d’une prestation compensatoire au profit de l’époux aux torts exclusifs
duquel serait prononcé le divorce, le juge disposant désormais d’une
faculté d’appréciation en la matière
D’autre part, seules les circonstances particulières de la rupture
peuvent justifier le refus de la prestation compensatoire à l’époux fautif.
Le juge peut donc refuser d’octroyer une prestation compensatoire à
l’époux contre qui le divorce a été prononcé aux torts exclusifs
Toutefois, pour refuser l’octroi d’une prestation compensatoire, le seul
prononcé du divorce aux torts exclusifs ne suffira pas
Il faut encore que la rupture du mariage procède de « circonstances
particulières»
Il ressort des débats parlementaires que le législateur a souhaité que cette
notion ne recouvre que les situations les plus graves, afin de ne pas
réintroduire le lien entre faute et prestation compensatoire, dont l’effet serait
d’amoindrir la portée de la réforme.
II) La fixation du montant de la prestation compensatoire
Les éléments permettant de fixer le montant de la prestation compensatoire figurent
à l’article 271 du Code civil.
« La prestation compensatoire est fixée selon les besoins de l’époux à qui elle est
versée et les ressources de l’autre en tenant compte de la situation au moment du
divorce et de l’évolution de celle-ci dans un avenir prévisible.
À cet effet, le juge prend en considération notamment :
la durée du mariage ;
l’âge et l’état de santé des époux ;
leur qualification et leur situation professionnelles ;
les conséquences des choix professionnels faits par l’un des époux pendant la
vie commune pour l’éducation des enfants et du temps qu’il faudra encore y
consacrer ou pour favoriser la carrière de son conjoint au détriment de la
sienne ;
le patrimoine estimé ou prévisible des époux, tant en capital qu’en revenu,
après la liquidation du régime matrimonial ;
leurs droits existants et prévisibles ;
leur situation respective en matière de pensions de retraite en ayant estimé,
autant qu’il est possible, la diminution des droits à retraite qui aura pu être
causée, pour l’époux créancier de la prestation compensatoire, par les
circonstances visées au sixième alinéa. »
L’article 271 établit une liste, non limitative, des critères que le juge est invité à
prendre en considération dans la détermination des besoins et des ressources des époux
Autrement dit, il revient au juge d’avoir une vue d’ensemble sur cette disparité afin de
se rapprocher le plus possible de la compensation optimale.
La forme de la prestation
compensatoire: capital ou rente
viagère?
20 MAI 2018 / AURÉLIEN BAMDÉ / POSTER UN COMMENTAIRE
L’article 270, al. 2 prévoit en ce sens que la prestation compensatoire « a un caractère
forfaitaire. Elle prend la forme d’un capital dont le montant est fixé par le juge »
Cependant, afin de mieux répondre à la diversité de situations des parties, le
législateur a diversifié les formes de paiement de la prestation en permettant
notamment les prestations « mixtes » et élargi la possibilité pour les époux de
soumettre à l’homologation du juge une convention portant sur la prestation
compensatoire à tous les cas de divorce.
A) Le paiement de la prestation compensatoire en une seule fois
Pour que le principe de versement d’une prestation compensatoire sous forme de
capital puisse être appliqué efficacement, le législateur a prévu d’encourager le
versement en numéraire tout en diversifiant les formes de paiement de ce capital,
notamment en autorisant l’abandon d’un bien en pleine propriété.
L’article 274 du Code civil prévoit en ce sens que : le juge décide des modalités selon
lesquelles s’exécutera la prestation compensatoire en capital parmi les formes
suivantes :
En effet, l’article 199 octodecies du code général des impôts ouvre droit à une
réduction d’impôt de 25 % du montant des versements effectués, dans la limite de 30
500 euros, à condition que la totalité de la prestation soit versée sur une période
maximale de douze mois à compter de la date à laquelle le jugement est devenu
définitif.
Par ailleurs, une nouvelle garantie de paiement, particulièrement intéressante pour une
prestation en capital, a été introduite à l’article 277 du code civil, permettant
dorénavant au juge d’imposer la souscription d’un contrat à cette fin.
Toutefois, l’accord de l’époux débiteur est exigé pour l’attribution en propriété d’un
bien propre reçu par succession ou donation.
Il doit résulter des conclusions versées au débat ou de la convention des parties. Cette
restriction n’est pas étendue à l’attribution d’un droit d’usage d’habitation ou
d’usufruit sur un tel bien.
Le juge peut ainsi fonder sa décision sur des informations objectives et déterminer
précisément la valeur des droits attribués au créancier de la prestation.
À défaut, il y a lieu de souligner que le juge peut ordonner la production d’un état
hypothécaire afin de connaître la situation réelle de l’immeuble dont l’attribution est
demandée, la présence de sûretés immobilières inscrites sur le bien pouvant en
diminuer substantiellement la valeur.
Ce terme, qui se substitue à celui de versements mensuels ou annuels, offre une plus
grande souplesse quant à la détermination des échéances, qui pourront être
trimestrielles, semestrielles… en fonction de la situation financière du débiteur.
L’article 275-1 du Code civil prévoit expressément que les différentes modalités de
paiement ne sont pas exclusives l’une de l’autre.
Le législateur a ainsi entendu autoriser le cumul entre une somme d’argent ou
l’attribution d’un bien et un capital échelonné, afin de mieux adapter le montant de la
prestation compensatoire à la réalité de la situation patrimoniale des époux.
Une rente, nécessairement viagère, peut être décidée, à titre exceptionnel et par
décision spécialement motivée, au vu de la seule situation du créancier, lorsque celui-
ci ne peut, en raison de son âge ou de son état de santé, subvenir à ses besoins.
Elle s’inscrit dans la continuité de l’arrêt rendu par la première chambre civile de la
Cour de cassation du 16 mars 2004, aux termes duquel les articles 274 et 276 du code
civil n’interdisent pas l’octroi d’une prestation compensatoire sous forme d’un capital
et d’une rente, à la double condition que cette allocation soit exceptionnelle et
spécialement motivée (Cass. 1ère civ. 16 mars 2004)
Sur le plan fiscal, en cas de cumul, seules sont prises en considération les sommes
versées au titre de la rente (art 199 octodecies II du code général des impôts), qui
peuvent être déduites du revenu imposable du débiteur.
Le montant de la rente, qui demeure indexée comme en matière de pension
alimentaire, peut être fixé de manière uniforme ou varier selon l’évolution probable
des ressources et des besoins, conformément aux dispositions inchangées de l’article
276-1 du Code civil.
Pour mémoire, l’article 229-1 du Code civil dispose que « lorsque les époux
s’entendent sur la rupture du mariage et ses effets, ils constatent, assistés chacun par
un avocat, leur accord dans une convention prenant la forme d’un acte sous signature
privée contresigné par leurs avocats et établi dans les conditions prévues à l’article
1374. »
Ainsi, la convention de divorce a-t-elle pour fonction de formaliser l’accord des époux
sur le principe et les effets du divorce.
A) Sur le fond
==> Application du droit des contrats
Principe
En ce que la convention de divorce s’analyse en un contrat, le sous-titre
Ier du titre III du Livre III du code civil relatif au contrat lui est, par
principe, applicable ( 1100 à 1231-7 C.civ.)
En conséquence, la convention doit satisfaire aux conditions de
formation du contrat
En particulier, l’article 1128 du Code civil lui est applicable.
Cette disposition prévoit que sont nécessaires à la validité du contrat :
Le consentement des parties
Leur capacité de contracter
Un consentement licite et certain.
La convention de divorce peut donc être attaquée en cas de vice du
consentement, de défaut de capacité ou encore de contrariété à l’ordre
public.
En cas d’inexécution de la convention, le droit des contrats devrait
également être applicable à la convention de divorce, à la condition que la
mesure sollicitée ne remette pas en cause le principe même du divorce
Exception
Si le caractère purement conventionnel du divorce par consentement
mutuel emprunte au droit des contrats, il s’en détache en raison de son
caractère familial.
En effet, les dispositions qui sont inconciliables par nature avec le
divorce sont inapplicables.
Ainsi, sous réserve de l’appréciation des juridictions, une clause
résolutoire portant sur le principe du divorce serait déclarée nulle car
contraire à l’ordre public.
La deuxième hypothèse d’une action en résolution fondée sur
l’inexécution suffisamment grave après une notification du créancier au
débiteur ne paraît pas non plus être valable dès lors qu’elle remettrait
également en cause le principe du divorce.
==> Contenu de la convention
Le contenu du contrat est régi aux articles 1162 à 1171 du Code civil. Ainsi, le
contenu de la convention de divorce ne doit pas porter atteinte à ces dispositions.
Qu’est-ce qu’un acte sous seing privé contresigné par un avocat, dit acte d’avocat ?
Cette forme d’acte a été instituée par la loi n° 2011-331 du 28 mars 2011 de
modernisation des professions judiciaires ou juridiques et certaines professions
réglementées.
Le législateur est parti du constat que de nombreux actes sous seing privé sont conclus
sans que les parties, et notamment celles qui souscrivent les obligations les plus
lourdes, n’aient reçu le conseil de professionnels du droit.
Premier risque
Il peut arriver que les conséquences de cet acte ne soient pas celles que
les parties attendaient :
soit parce que le but recherché en commun n’est pas atteint (le bail
n’est pas valable par exemple)
soit parce que la convention est illicite.
Second risque
L’une des parties peut être tentée de contester ultérieurement l’existence
du contrat ou l’un de ses éléments.
Les autres parties se heurtent alors à un problème de preuve.
L’assistance d’un avocat est insuffisante pour parer complètement à ces
risques : les parties pourront éprouver des difficultés à établir que l’acte est
le produit de ses conseils et aucune force probante particulière n’en
résultera.
Afin de remédier à ces deux difficultés, le législateur avait bien cherché par le passé à
y remédier. Elles étaient toutefois très insuffisantes.
Certes, les parties peuvent s’adresser à un notaire : l’acte authentique reçu par celui-ci
engage sa responsabilité et fait foi jusqu’à inscription de faux des faits qu’il y aura
énoncés comme les ayant accomplis lui-même ou comme s’étant passés en sa
présence.
Cette force exécutoire permet, dans certaines circonstances, d’en assurer la réalisation
sans avoir besoin au préalable de recourir à une décision de justice.
Mais, s’il est admis sans difficulté que la force exécutoire ne peut être attachée qu’à
l’acte authentique, il a été jugé souhaitable que l’implication d’un avocat dans la
réalisation d’un acte juridique emporte des effets plus significatifs que ceux qui lui
étaient reconnus jusqu’alors.
Il a donc été envisagé de permettre aux parties de renforcer la valeur de l’acte sous
seing privé qu’elles concluent en demandant à un avocat, pouvant ou non être commun
à plusieurs d’entre elles, de le contresigner.
Ce contreseing – qui existe déjà pour le mandat de protection future – entraîne deux
conséquences.
Première conséquence
L’avocat ayant contresigné l’acte est présumé de manière irréfragable
avoir examiné cet acte, s’il ne l’a rédigé lui-même, et avoir conseillé son
client
À ce titre, il assume pleinement la responsabilité qui en découle.
Seconde conséquence
L’avocat atteste, après vérification de l’identité et de la qualité à agir de
son client, que celui-ci a signé l’acte et en connaissance de cause, ce qui
empêche celui-ci de contester ultérieurement sa signature
L’acte contresigné par un avocat possède alors, entre ceux qui l’ont
souscrit et entre leurs héritiers et ayants cause, la même foi que l’acte
authentique.
Appliqué au divorce par consentement mutuel, l’acte sous seing privé contresigné par
avocat offre à la convention de divorce un cadre juridique adapté et sécurisé.
Il présente, en effet, deux avantages par rapport à un acte sous seing privé classique.
D’une part, il confère une force probante renforcée puisqu’il fait pleine foi de
l’écriture et de la signature des parties tant à leur égard qu’à celui de leurs
héritiers ou ayant cause.
Ensuite, en contresignant l’acte, l’avocat atteste de par la loi avoir éclairé
pleinement la ou les parties qu’il conseille sur les conséquences juridiques de
cet acte.
==> Les mentions
Mentions relatives à la civilité des parties
L’article 229-3 du Code civil prévoit que la convention comporte
expressément, à peine de nullité
Les nom, prénoms, profession, résidence, nationalité, date et lieu
de naissance de chacun des époux
La date et le lieu de mariage
Les mêmes indications, le cas échéant, pour chacun des enfants du
couple
Mentions relatives aux avocats
L’article 229-3 du Code civil prévoit que la convention comporte
expressément, à peine de nullité
Le nom, l’adresse professionnelle et la structure d’exercice
professionnel des avocats chargés d’assister les époux
Le barreau auquel ils sont inscrits
Mentions relatives au notaire instrumentaire
L’article 1144-1 du code de procédure civile ajoute que les époux
doivent mentionner le nom du notaire ou de la personne morale titulaire de
l’office notarial chargés du dépôt de la convention au rang de ses minutes.
Le cas échéant, rien ne s’oppose à ce que ce notaire soit le même que
celui qui aura dressé l’acte liquidatif de partage en la forme authentique.
Mentions relatives à l’accord des époux
L’article 229-3 du Code civil prévoit que la convention comporte
expressément, à peine de nullité
La mention de l’accord des époux sur la rupture du mariage et sur
ses effets dans les termes énoncés par la convention
Les modalités du règlement complet des effets du divorce
conformément au chapitre III du présent titre, notamment s’il y a lieu au
versement d’une prestation compensatoire
L’état liquidatif du régime matrimonial, le cas échéant en la forme
authentique devant notaire lorsque la liquidation porte sur des biens
soumis à publicité foncière, ou la déclaration qu’il n’y a pas lieu à
liquidation
Mentions relatives à la pension alimentaire et à la prestation compensatoire
Compte tenu de l’importance des conséquences de la prévision d’une
pension alimentaire ou d’une prestation compensatoire, l’article 1444-4 du
Code de procédure civile prévoit que la convention doit contenir les
informations des parties sur les modalités de recouvrement, les règles de
révision et les sanctions pénales encourues en cas de défaillance.
L’article 1144-3 précise que lorsque des biens ou droits, non soumis à la
publicité foncière, sont attribués à titre de prestation compensatoire, la
convention précise la valeur de ceux-ci.
En cas de biens soumis à publicité foncière, un acte authentique devra
être rédigé par un notaire.
Il peut, en outre, être prévu un paiement direct entre les mains, par
exemple, de l’employeur du débiteur de ladite pension ou prestation.
Dans ce cas, le débiteur doit indiquer dans la convention le tiers débiteur
saisi chargé du paiement
Mentions relative à l’information de l’enfant
L’article 229-3 du Code civil prévoit que la convention comporte
expressément, à peine de nullité
La mention que le mineur a été informé par ses parents de son
droit à être entendu par le juge dans les conditions prévues à l’article
388-1 et qu’il ne souhaite pas faire usage de cette faculté.
L’article 1144-2 du code de procédure civile précise que la convention
doit mentionner, le cas échéant, que le mineur n’a pas reçu l’information
relative à son droit d’être entendu par un juge en raison de son absence de
discernement, ce qui facilitera les vérifications formelles du notaire devant
procéder au dépôt.
En pratique, ces mentions peuvent apparaître dans un paragraphe distinct ou en annexe
afin que les informations délivrées soient suffisamment lisibles et identifiables par le
créancier (cf. annexe 2 de la présente circulaire).
Le mariage est dissous à la date de l’attestation de dépôt qui lui donne force
exécutoire.
Conformément aux dispositions de l’article 49 du code civil, l’officier d’état civil qui a
apposé la mention du divorce en marge de l’acte de mariage, transmet un avis à
l’officier de l’état civil dépositaire de l’acte de naissance de chacun des époux aux fins
de mise à jour de ces actes par la mention de divorce.
Tant que cette mesure de publicité n’est pas accomplie par les époux, le divorce leur
sera inopposable.
Ils seront donc toujours fondés à se prévaloir du principe de solidarité des dettes
ménagères par exemple.
Ainsi, sous réserve de l’appréciation des juridictions, une clause résolutoire portant sur
le principe du divorce devrait être déclarée nulle car contraire à l’ordre public.
De la même manière, l’époux qui engage une action en résolution judiciaire sur le
fondement de l’inexécution suffisamment grave après une notification au débiteur
devrait être débouté de sa demande.
Dans le cas contraire, une telle action pourrait conduire à remettre en cause le principe
du divorce.
Or une fois l’accord des époux scellé, cet accord est irrévocable.
Les époux peuvent donc solliciter l’exécution forcée de la convention dès lors que
celle-ci a été déposée au rang des minutes du notaire.
Dès son dépôt, la convention de divorce a des effets identiques à ceux d’un jugement
de divorce.
À cette fin, certaines dispositions ont été modifiées par la loi du 18 novembre 2016,
le décret du 28 décembre 2016 et l’article 115 de la loi de finances rectificative pour
2016.
Pension alimentaire
En application de l’article L. 213-1 du code des procédures civiles
d’exécution et de l’article 1er de la loi n° 75-618 du 11 juillet 1975 la
convention de divorce permet d’engager une procédure de recouvrement de
la pension alimentaire
En complément, Le code général des impôts a été modifié pour que les
pensions alimentaires et prestations compensatoires fixées par la convention
de divorce bénéficient du même régime fiscal que celles fixées par un
jugement de divorce
Prestations sociales
Pour les mêmes raisons, l’article L. 523-1 du code de la sécurité sociale a
fait l’objet d’une modification afin de permettre au créancier d’une pension
alimentaire fixée par une convention de divorce établie par acte d’avocats
ou par un acte authentique de bénéficier de l’allocation de soutien familial
ou de l’allocation de soutien familial différentielle.
L’article L.581-2 du même code a en conséquence été modifié afin de
permettre à la CAF qui a versé cette allocation, au lieu et place du parent
débiteur défaillant, de recouvrer les sommes versées.
Toutefois, la convention ne constitue pas un titre permettant d’obtenir l’expulsion de
l’époux qui se maintient illégitimement dans le logement dans la mesure où l’article L.
411-1 du code des procédures civiles d’exécution restreint cette possibilité à la
production d’une décision de justice ou d’un procès-verbal de conciliation, qui est
toujours signé par un juge compte tenu de l’atteinte aux libertés individuelles que
constitue cette mesure.
L’exception d’inexécution prévue à l’article 1209 du code civil ne pourra toutefois être
invoquée dès lors qu’elle est contraire à l’intérêt de l’enfant.
==> Principe
Lors de l’adoption de la loi du 18 novembre 2016, il ressort des travaux parlementaires
que ce nouveau cas de divorce a vocation à se substituer à la majorité des cas de
divorce par consentement mutuel.
Plus encore, l’article 229 du Code civil peut désormais être lu comme érigeant au rang
de principe le divorce par consentement mutuel conventionnel.
Il s’infère de sa rédaction que, ce n’est que par exception que le recours au Juge est
envisagé.
La voie du divorce par consentement mutuel judiciaire n’est possible que dans les
deux cas d’exclusions énoncés à l’article 229-2 du Code civil.
==> Exclusions
En application de l’article 229-2 du Code civil, le recours au divorce par consentement
mutuel conventionnel est expressément exclu dans deux cas :
Premier cas
Lorsque, l’enfant mineur, informé par ses parents de son droit à être
entendu par le juge, demande son audition par le juge
Second cas
Lorsque l’un des époux se trouve placé sous tutelle, curatelle ou
sauvegarde de justice.
De toute évidence, ces deux exclusions visent à protéger des personnes
irréfragablement présumées comme faibles, dont les intérêts ne doivent pas être lésés.
La garantie instituée par l’article 229-2 du Code civil est toutefois en retrait par
rapport à celle conférée par la procédure de divorce par consentement mutuel
judiciaire.
Cette dernière prévoit expressément un contrôle du juge sur le sort réservé à l’enfant
(et à l’autre conjoint).
L’article 232 du code civil dispose en ce sens que le juge « peut refuser
l’homologation et ne pas prononcer le divorce s’il constate que la convention
préserve insuffisamment les intérêts des enfants ou de l’un des époux ».
Ce contrôle ne joue, désormais, qu’à la condition que l’enfant ait lui-même demandé à
être entendu : d’une protection systématique on est passé à une protection
hypothétique, laissant à l’enfant seul le soin de veiller à ses intérêts, pour que le juge
soit ensuite en mesure d’en assurer le respect.
Il a été objecté, la faible portée, en pratique, du contrôle du juge, puisque rien n’oblige
ensuite les parents à se tenir à la convention homologuée sur le sort des enfants : cette
garantie serait donc illusoire.
En toute hypothèse, subordonner la saisine du juge à la demande préalable de l’enfant
d’être entendu fait porter sur ses épaules le poids du renoncement à la procédure non
judiciaire que souhaitaient ses parents.
==> Les passerelles
Du divorce conventionnel vers le divorce judiciaire
En vertu de l’article 1148-2 du code de procédure civile, si les époux ne
parviennent pas à trouver un accord sur l’ensemble des conséquences du
divorce ou si l’un d’eux ne souhaite plus divorcer, le fait d’avoir tenté de
régler leur différend par la voie amiable ne les empêche pas de saisir le juge
aux fins de divorce contentieux ou de séparation de corps.
Du divorce judiciaire vers le divorce conventionnel
L’article 247 du code civil prévoit que les époux qui seraient engagés
dans une procédure contentieuse peuvent toujours, à tout moment de la
procédure, divorcer par consentement mutuel.
Dans cette hypothèse, s’il n’y a pas de demande d’audition d’enfant, les
parties doivent recourir au divorce par consentement mutuel par acte sous
signature privée contresigné par avocats, déposé au rang des minutes d’un
notaire. Il appartient aux avocats dans cette hypothèse de solliciter un retrait
du rôle ou de se désister de l’instance en cours pour le divorce contentieux.
Dispositions transitoires
Seules les requêtes en divorce par consentement mutuel déposées avant
le 1er janvier 2017 ainsi que les requêtes en passerelle fondées sur l’article
247 ancien et enregistrées avant cette date avec une convention datée et
signée par chacun des époux et leur(s) avocat(s) portant règlement complet
des effets du divorce, conformément à l’article 1091 du code de procédure
civile, sont traitées selon les règles en vigueur avant le 1 er janvier 2017.
En dehors de ces deux hypothèses, c’est donc uniquement dans le cas
prévu à l’article 229-2 du code civil, c’est-à-dire en présence d’une
demande d’audition formulée par un enfant du couple, que les époux
demandent au juge de constater leur accord pour voir prononcer le divorce
par consentement mutuel en lui présentant une convention réglant les
conséquences de celui-ci.
Le divorce pour faute est l’archétype du divorce sanction : il vise à punir l’époux qui a
manqué à ses obligations conjugales.
Pendant longtemps, le divorce pour faute était le seul moyen pour les époux de sortir
des liens du mariage. Il demeurait néanmoins limité à des causes déterminées.
En 1804, le Code civil limitait ainsi le divorce pour faute à quatre cas :
Ce n’est qu’en 1975 que le divorce par consentement mutuel soit réhabilité.
Ainsi le divorce pour faute a-t-il été la seule et unique cause de divorce pendant près
d’un siècle.
La raison en est que, bien que la loi de 1975 ait introduit le divorce par consentement
mutuel, le divorce pour faute a fait l’objet de graves détournements de procédures,
engageant les couples dans de pénibles conflits préjudiciables non seulement aux
époux, mais aussi à l’entourage et aux enfants.
En 2001, le député François COLCOMBET avait déjà déposé une proposition de loi
visant à supprimer le divorce pour faute.
Plusieurs arguments ont été avancés par ce dernier :
Le divorce pour faute mobilise l’énergie des parties et du juge sur la recherche
des responsabilités passées, au détriment de l’organisation de l’avenir – en
particulier de celui des enfants. Cette recherche effrénée se termine le plus
souvent par un match nul par double KO : une demande reconventionnelle est le
plus souvent formée et le divorce prononcé aux torts partagés, mais sans faire
l’économie des ravages personnels induits par la procédure elle-même.
Mensonges, humiliations, rien n’est épargné aux parties. La production de
journaux intimes, de correspondances privées, de certificats médicaux, de
documents concernant la sexualité des époux ont des effets destructeurs. Il est
ensuite bien difficile de reprendre le dialogue indispensable pour exercer
correctement en commun l’autorité parentale.
Tout l’entourage est sollicité : famille, amis, employés, etc. Le divorce étend ses
ravages bien au-delà du couple. Malgré l’interdiction légale de faire témoigner
les enfants, ceux-ci sont mêlés au conflit.
Les justiciables ont l’illusion que le juge peut faire la lumière sur la réalité de
l’intimité du couple – ce qui entraîne un sentiment d’injustice profonde lorsque
le juge tranche au vu des éléments nécessairement partiels et partiaux dont il
dispose.
La loi attache aux torts dans le prononcé du divorce des effets juridiques
disproportionnés : dommages et intérêts, perte de prestation compensatoire ou
des donations – ce qui incite les époux à poursuivre le combat jusqu’au bout.
Comble de l’absurde : il arrive que des procédures de divorce pour faute,
mettant fin à des unions de courte durée, s’éternisent plus longtemps que la
durée de vie commune. Une procédure avec appel et pourvoi en cassation peut
durer de cinq à dix ans. N’oublions pas que les ressources de la procédure sont
infinies (avec un coût en conséquence…). Au demeurant, à la fin du procès, le
divorce n’est pas forcément prononcé alors que les deux conjoints sont au
moins d’accord sur l’échec du mariage.
François COLCOMBET en conclut que, en définitive – et c’est le plus grave -, le
divorce pour faute rend pratiquement impossible l’organisation sereine de l’avenir de
chacun des conjoints et surtout des enfants.
Bien que, audacieuse, cette proposition n’a pas été reprise par le législateur en 2004.
Ce choix se justifie, selon le rapporteur du projet de loi Patrick Delnatte par le fait
que, comme le faisait observer le doyen Carbonnier, « les fautes qui font le divorce
dessinent en creux les devoirs qui font le mariage ».
Pour ce député, il est indéniable que, ne serait-ce qu’à titre symbolique, ne plus faire
de la violation des devoirs et obligations du mariage un cas de divorce aurait des
répercussions sur le sens de l’engagement matrimonial.
En outre, si les causes de la rupture résident souvent dans une mésentente durable
entre les époux, il est aussi des divorces dans lesquels c’est bien la faute de l’un des
conjoints qui justifie la rupture de l’union.
Comme le notait Mme Irène Théry « si le droit doit veiller à ne pas attiser les conflits,
il ne doit pas non plus ériger des modèles de « bon divorce ». La négociation ne vaut
pas dans tous les cas, et il est aussi des conflits légitimes que la justice se doit de
traiter, et non de disqualifier de façon moralisante ».
Ainsi en est-il particulièrement des cas de violences conjugales : réalisée en 2000,
l’enquête nationale sur les violences envers les femmes a montré que, parmi les
diverses violences subies, les violences conjugales sont les plus fréquentes,
puisqu’elles concernent environ une femme sur dix.
La proposition de loi adoptée par l’Assemblée nationale en 2001 n’avait d’ailleurs pas
totalement écarté la prise en compte de la faute dans les procédures de divorce,
puisqu’elle permettait au juge de constater dans le jugement de divorce, à la demande
d’un conjoint, que des faits d’une particulière gravité, telles que des violences
physiques ou morales, commis durant le mariage, pouvaient être imputés à son
conjoint et qu’elle lui permettait par ailleurs de statuer sur l’action en dommages-
intérêts exercée sur le fondement de l’article 1382 du code civil par l’une des parties.
Enfin, alors que près de 38 % des divorces demeurent prononcés sur le fondement de
la faute et que près de 42 % d’entre eux le sont aux torts exclusifs de l’un des époux,
on peut se demander s’il n’est pas inutilement risqué de supprimer ce cas de divorce et
s’il n’est pas à craindre que les époux, privés la possibilité de plaider les griefs, ne
fassent de la liquidation de leurs intérêts patrimoniaux ou, plus grave, de l’organisation
de la garde des enfants, le nouvel exutoire à leur conflit conjugal.
Si, en 2004, le législateur a entendu maintenir le divorce pour faute, il s’est s’efforcé
toutefois, dans un souci de pacification des procédures, d’en réduire l’audience en
aménageant les autres cas de divorce, afin que les couples ne se reportent plus sur
celui-ci à défaut de pouvoir obtenir le divorce sur un autre fondement.
Le siège du divorce pour faute réside à l’article 242 du Code civil qui « le divorce peut
être demandé par l’un des époux lorsque des faits constitutifs d’une violation grave ou
renouvelée des devoirs et obligations du mariage sont imputables à son conjoint et
rendent intolérable le maintien de la vie commune. »
Il ressort de cette disposition que pour être prononcé sur le fondement de la faute, le
demandeur doit établir l’existence d’une faute, laquelle faute doit posséder un certain
nombre de caractère.
Par ailleurs, la faute ne doit pas être neutralisée, soit par une réconciliation, soit par
des torts partagés
L’article 242 prévoit que ce fait illicite doit consister en un manquement aux « devoirs
et obligations du mariage ».
Pour déterminer si la faute commise par un époux est susceptible de fonder une
demande en divorce pour faute, il convient d’identifier l’obligation ou le devoir qui a
été violé.
Au nombre des devoirs et obligations qui doivent être observés par les époux figurent
notamment :
L’imputabilité implique que l’époux contre qui la faute est invoquée soit doué de
discernement.
Autrement dit, il doit avoir conscience de ses actes, soit être capable de savoir s’il a
manqué aux devoirs et obligations nés du mariage.
Pour que la faute soit caractérisée, il n’est toutefois pas nécessaire d’établir l’intention
de nuire de l’époux.
Il est seulement nécessaire de démontrer que celui-ci n’était pas privé de sa faculté de
discernement lorsque la faute a été commise.
Dans un arrêt du 18 mai 2011, la Cour de cassation a rappelé que les caractères de
gravité et de répétition, sont, aux termes de l’article 242, alternatifs (Cass. 1ère civ., 18
mai 2011)
==> Une violation rendant intolérable le maintien de la vie commune
L’époux en demande doit démontrer que l’atteinte dont il est victime fait obstacle à la
poursuite de la vie commune.
La faute doit ainsi être tellement grave, qu’elle justifie la dissolution du mariage.
Toute la difficulté sera alors de déterminer, pour le juge, à partir de quand une faute
rend intolérable le maintien de la vie commune.
Il ressort d’un arrêt du 30 novembre 2000 que la Cour de cassation admet que les juges
du fond puissent déduire la satisfaction de cette exigence de la gravité de la faute dont
se prévaut le demandeur.
[table id=215 /]
==> Principe
La définition de la réconciliation se déduit d’une lecture a contrario de l’article 244,
al. 3 du Code civil :
Cette disposition prévoit que « le maintien ou la reprise temporaire de la vie
commune ne sont pas considérés comme une réconciliation s’ils ne résultent que de la
nécessité ou d’un effort de conciliation ou des besoins de l’éducation des enfants »
Aussi, la réconciliation suppose-t-elle la réunion de deux éléments cumulatifs :
Dans un arrêt du 11 février 2009, la Cour de cassation a affirmé en ce sens que « saisi
d’une demande en divorce formée en raison de faits survenus ou découverts depuis la
réconciliation des époux, le juge doit examiner l’ensemble des griefs allégués,
antérieurs et postérieurs à celle-ci » (Cass. 1ère civ. 11 févr. 2009).
B) Les torts partagés
==> Principe
Aux termes de l’article 245, al. 1er du Code civil « les fautes de l’époux qui a pris
l’initiative du divorce n’empêchent pas d’examiner sa demande ; elles peuvent,
cependant, enlever aux faits qu’il reproche à son conjoint le caractère de gravité qui
en aurait fait une cause de divorce ».
Il s’agit de la situation classique de l’époux qui s’oppose au divorce et contre-attaque
en faisant valoir les torts de son conjoint pour tenter d’atténuer ou de justifier les siens.
Quelle que soit la cause de divorce invoquée, la faute invoquée contre un époux au
soutien d’une demande en divorce peut se trouver fortement atténuée, voire
complètement excusée par l’existence de torts à la charge de l’époux demandeur.
Dès lors, aucune faute ne saurait être retenue contre l’époux qui certes a bien commis
une faute, mais qui oppose à son conjoint une autre faute.
Il ne s’agit pas d’une fin de non-recevoir comme c’est le cas de la réconciliation, mais
d’un argument de défense au fond.
Le divorce pourra, malgré tout, être prononcé, alors que s’agissant d’une fin de non-
recevoir, elle met un terme à l’instance.
Lorsqu’il existe une réciprocité des torts, cela conduira le juge à prononcer le divorce
aux torts partagé conformément à l’article 245, al. 2 du Code civil.
Dans un arrêt du 31 mai 2005, la Cour de cassation a validé la décision rendue par une
Cour d’appel, estimant « qu’en prononçant le divorce aux torts partagés, les juges du
fond ont nécessairement estimé que les faits retenus à la charge de l’un des conjoints
ne se trouvaient pas dépouillés de leur caractère fautif par le comportement de
l’autre » (Cass. 1ère civ., 31 mars 2005).
==> Procédure
Le prononcé du divorce aux torts partagés peut résulter de deux voies procédurales
distinctes :
Aux termes de l’article 238 du code civil tel qu’il résulte de l’article 4 du projet de loi,
ce divorce est prononcé dans deux hypothèses :
Tout d’abord, le juge pouvait refuser le divorce si l’autre époux établit que le divorce
aurait pour lui ou pour les enfants des conséquences matérielles ou morales d’une
exceptionnelle dureté.
Comme l’a indiqué le Conseil Constitutionnel dans un rapport publié en novembre
1998 (La jurisprudence constitutionnelle en matière de liberté confessionnelle et le
régime juridique des cultes et de la liberté confessionnelle en
France) : « théoriquement, le droit français de la famille ne prend pas en compte les
données religieuses. Toutefois, l’étude de diverses questions du droit de la famille
conduit à nuancer cette affirmation ».
Illustrant l’existence de telles « nuances », ce rapport cite notamment l’article 240 du
code civil, qui donc prévoyait, en cas de demande de divorce pour rupture de la vie
commune que « si l’autre époux établit que le divorce aurait, soit pour lui, compte
tenu notamment de son âge et de la durée du mariage, soit pour les enfants, des
conséquences matérielles ou morales d’une exceptionnelle dureté, le juge rejette la
demande ».
Peu appliquée en pratique, en dépit d’un contentieux assez abondant, cette clause dite
« d’exceptionnelle dureté » est supprimée par le présent projet de loi au titre de
« l’adaptation de notre droit aux évolutions sociologiques de la société française ».
Ensuite, outre le fait qu’il a les conséquences d’un divorce aux torts exclusifs, ce type
de divorce était très pénalisant pour le demandeur :
Le devoir de secours était maintenu, ce qui se traduisait par l’octroi du
défendeur d’une pension alimentaire révisable à la baisse, mais aussi à la
hausse.
il devait assumer toutes les charges du divorce
le juge pouvait concéder à l’autre époux le bail forcé du logement appartenant
au demandeur même en l’absence d’enfants mineurs
s’agissant d’un demandeur homme, il ne pouvait pas s’opposer à ce que sa
femme conserve l’usage de son nom
==> Le droit positif
Alors que la durée de séparation de fait de six ans a contribué à marginaliser le divorce
pour rupture de la vie commune, la durée de séparation est désormais ramenée à deux
ans, ce qui paraît un délai raisonnable, notamment si le conjoint qui souhaite divorcer
veut ensuite refaire sa vie.
L’idée était de permettre aux personnes qui souhaitent obtenir le divorce malgré le
désaccord de leur conjoint d’avoir à engager une procédure de divorce pour faute
artificielle.
L’article 238, al.1 du Code civil dispose désormais que « l’altération définitive du lien
conjugal résulte de la cessation de la communauté de vie entre les époux, lorsqu’ils
vivent séparés depuis deux ans lors de l’assignation en divorce. »
Il résulte de cette disposition que le divorce pour altération définitive du lien conjugal
peut être prononcé s’il est démontré
D’une part, l’existence d’une cessation de la communauté de vie entre les
époux
D’autre part, que les époux vivent séparés depuis deux ans lors de l’assignation
en divorce.
I) L’existence d’une cessation de la communauté de vie
Bien que l’article 238 indique que l’altération du lien conjugal résulte de la séparation
des époux, il ne dit pas ce que l’on doit entendre par « cessation de la vie commune ».
Ce qui est certain c’est que désormais l’office du juge est encadré : il n’a pas à
apprécier si la séparation des époux a entraîné ou non une altération définitive du lien
conjugal
La notion de cessation de la vie commune, bien que non définie par la loi, n’est pas
sans faire écho à la définition de la séparation de fait telle que dégagée par la
jurisprudence.
Dans un arrêt du 30 janvier 1980, la Cour de cassation avait ainsi considéré que la
séparation de fait était caractérisée lorsque « la communauté de vie, tant matérielle
qu’affective, a cessé entre les conjoints » (Cass. 2e civ. 30 janv. 1980).
Ainsi, pour être établie, la cessation de la vie commune supposerait la réunion de deux
éléments :
La séparation doit également être affective, en ce sens que les époux doivent être
animés de l’intention de ne plus partager une vie commune.
Dans un arrêt du 11 juillet 1979, la Cour de cassation a par exemple considéré que si
un époux postérieurement à son départ « conservé avec son épouse de bonnes
relations, celles-ci n’ont comporte ni cohabitation, ni intimité d’existence et n’ont pas
impliqué chez le mari l’intention de vivre autrement que séparé de sa femme ».
Elle en déduit que la séparation de fait était bien caractérisée en l’espèce (Cass. 2e civ.
11 juill. 1979)
II) La durée de la cessation de la communauté de vie
==> Principe
Aux termes de l’article 238 du Code civil « l’altération définitive du lien conjugal
résulte de la cessation de la communauté de vie entre les époux, lorsqu’ils vivent
séparés depuis deux ans lors de l’assignation en divorce. »
Pour être éligible à la procédure de divorce pour altération définitive du lien conjugal,
il est donc nécessaire que la séparation entre les époux ait duré au moins deux ans.
Faits
Une épouse a assigné son conjoint en divorce pour faute.
Ce dernier réplique en formant une demande reconventionnelle en
divorce pour altération définitive du lien conjugal.
Procédure
Le Tribunal de grande instance de Beauvais déboute l’épouse de sa
demande en divorce pour faute par un jugement du 21 décembre 2007.
Par un arrêt de la Cour d’appel d’Amiens du 1 er avril 2009, les juges du
fond accèdent à la demande reconventionnelle du mari en divorce pour
altération définitive du lien conjugal.
Au soutien de leur décision, les juges du fond se réfèrent à l’article 238
pris dans son alinéa 2 du Code civil, lequel prévoit que le divorce pour
altération définitive du lien conjugal peut être prononcé, sans qu’il soit
besoin que la cessation de la vie commune ait duré deux ans.
Solution
Par un arrêt du 5 janvier 2012, la Cour de cassation rejette le pourvoi
formé par l’épouse.
La première chambre civile considère « en cas de présentation d’une
demande principale en divorce pour faute et d’une demande
reconventionnelle en divorce pour altération définitive du lien conjugal, le
rejet de la première emporte le prononcé du divorce du chef de la seconde»
Ainsi, quand bien même il n’y avait pas eu, en l’espèce, de cessation de
vie commune pendant deux ans, dès lors que la demande en divorce pour
altération définitive du lien conjugal fait suite à une demande principale en
divorce pour faute et que celle-ci a été rejetée, il appartient au juge
d’accéder à la demande formée reconventionnellement et de prononcer le
divorce
[table id=214 /]
==> Ratio legis
Surtout, il a permis aux époux de sortir des liens du mariage, sans avoir à prouver la
faute de l’autre, ce qui a pu conduire à des situations de tensions extrêmes entre
conjoints.
Librement négociés, les accords entre époux permettent de dégager des solutions
mieux adaptées aux cas d’espèce ; mieux exécutés que des décisions judiciaires
imposées, ils sont ainsi souvent le gage d’un après-divorce apaisé, particulièrement
important lorsque sont impliqués des enfants.
C’est ainsi qu’en 2004, une procédure simplifiée a été instituée en remplacement de
l’ancien divorce sur requête conjointe instauré par la loi du 11 juillet 1975.
Il en résulte que l’ensemble des conséquences de la séparation doit être réglé en amont
de la saisine du juge, y compris la liquidation du régime matrimonial (article 1091 du
nouveau code de procédure civile).
L’actuelle procédure de divorce par consentement mutuel homologué par un juge n’a
pas été modifiée par la loi n° 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la
justice du XXIe siècle.
Ce texte n’a fait qu’ajouter une variante au divorce par consentement mutuel, en
offrant la possibilité aux époux de se passer du Juge.
Première différence
Il est fait obligation aux deux époux de prendre chacun un avocat.
Cette obligation est présentée comme une garantie pour les intéressés.
En effet, la partie la plus faible ne pourrait plus escompter que le juge
veille à ses intérêts et refuse, comme l’article 232 du code civil lui en fait
l’obligation, d’homologuer une convention qui préserve insuffisamment
lesdits intérêts ou ceux de ses enfants.
Deuxième différence
La convention de divorce n’a plus à être homologuée par un juge.
Il suffit qu’elle soit signée par les parties, puis contresignée par leurs
avocats, avant d’être ensuite déposée par ces derniers au rang des minutes
d’un notaire.
Ce dépôt confère une date certaine à la convention et force exécutoire, ce
qui évite alors à chacun des époux d’avoir à revenir devant le juge pour le
faire exécuter en cas d’inexécution de la part de l’autre.
Troisième différence
La convention de divorce est soumise au respect de plusieurs exigences
formelles :
des renseignements relatifs aux époux, à leurs enfants et à leurs
avocats
des mentions relatives à l’accord des époux pour le divorce, les
modalités de son règlement, pour tous ses effets, patrimoniaux et extra-
patrimoniaux, ainsi qu’à l’état liquidatif éventuel du régime
matrimonial.
==> Domaine d’application
Lors de l’adoption de la loi n° 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de
la justice du XXIe siècle, il ressort des travaux parlementaires que ce nouveau cas de
divorce a vocation à se substituer à la majorité des cas de divorce par consentement
mutuel.
Plus encore, l’article 229 du Code civil peut désormais être lu comme érigeant au rang
de principe le divorce par consentement mutuel conventionnel.
Il s’infère de sa rédaction que, ce n’est que par exception que le recours au Juge est
envisagé.
La voie du divorce par consentement mutuel judiciaire n’est possible que dans les
deux cas d’exclusions énoncés à l’article 229-2 du Code civil.
==> Exclusions
En application de l’article 229-2 du Code civil, le recours au divorce par consentement
mutuel conventionnel est expressément exclu dans deux cas :
Premier cas
Lorsque, l’enfant mineur, informé par ses parents de son droit à être
entendu par le juge, demande son audition par le juge
Second cas
Lorsque l’un des époux se trouve placé sous tutelle, curatelle ou
sauvegarde de justice.
De toute évidence, ces deux exclusions visent à protéger des personnes
irréfragablement présumées comme faibles, dont les intérêts ne doivent pas être lésés.
I) Le principe
Aux termes de l’article 230 du Code civil « dans le cas prévu au 1° de l’article 229-2,
le divorce peut être demandé conjointement par les époux lorsqu’ils s’entendent sur la
rupture du mariage et ses effets en soumettant à l’approbation du juge une convention
réglant les conséquences du divorce »
Si, au contraire, les époux parviennent à s’entendre, leur accord doit être matérialisé
par une convention réglant l’ensemble des conséquences du divorce.
Nouveauté introduite par la loi du 26 mai 2004, le divorce par consentement mutuel
peut être demandé dans les six premiers mois de l’union, la condition tenant à
l’existence d’une durée minimale du mariage ayant supprimé (abrogation
du 3e alinéa de l’article 230).
II) Conditions
==> La capacité
Aux termes de l’article 249-4 du Code civil « lorsque l’un des époux se trouve placé
sous l’un des régimes de protection prévus au chapitre II du titre XI du présent livre,
aucune demande en divorce par consentement mutuel ou pour acceptation du principe
de la rupture du mariage ne peut être présentée. »
Ainsi, pour être éligibles au divorce par consentement mutuel conventionnel il faut
jouir de sa pleine et entière capacité juridique.
Plus précisément, il ne faut pas que l’un des époux fasse l’objet d’une mesure de
protection.
L’article 425 du Code civil prévoit qu’une mesure de protection peut être instituée au
bénéfice de « toute personne dans l’impossibilité de pourvoir seule à ses intérêts en
raison d’une altération, médicalement constatée, soit de ses facultés mentales, soit de
ses facultés corporelles de nature à empêcher l’expression de sa volonté ».
Les mesures de protection sont au nombre de cinq :
La sauvegarde de justice
L’article 433 du Code civil prévoit que le juge peut placer sous
sauvegarde de justice une personne qui a besoin d’une protection juridique
temporaire ou d’être représentée pour l’accomplissement de certains actes
déterminés.
Il s’agit de la mesure de protection la moins légère dans la mesure où la
personne placée sous sauvegarde de justice conserve l’exercice de ses droits
La curatelle
Aux termes de l’article 440 du Code civil, la personne qui, sans être hors
d’état d’agir elle-même, a besoin d’être assistée ou contrôlée d’une manière
continue dans les actes importants de la vie civile peut être placée en
curatelle.
La curatelle n’est prononcée que s’il est établi que la sauvegarde de
justice ne peut assurer une protection suffisante.
Il s’agit d’une mesure de protection intermédiaire, en ce sens que la
personne placée sous curatelle perd la capacité d’exercer les actes de
disposition les plus graves
La tutelle
L’article 440 du Code civil dispose que la personne qui doit être
représentée d’une manière continue dans les actes de la vie civile, peut être
placée en tutelle.
La tutelle n’est prononcée que s’il est établi que ni la sauvegarde de
justice, ni la curatelle ne peuvent assurer une protection suffisante.
Il s’agit de la mesure de protection la plus lourde, car elle prive son
bénéficiaire de l’exercice de tous ses droits
Le mandat de protection future
L’article 477 du Code civil prévoit que toute personne majeure ou
mineure émancipée ne faisant pas l’objet d’une mesure de tutelle ou d’une
habilitation familiale peut charger une ou plusieurs personnes, par un même
mandat, de la représenter pour le cas où, pour l’une des causes prévues à
l’article 425, elle ne pourrait plus pourvoir seule à ses intérêts.
À la différence de la sauvegarde de justice, de la curatelle et de la tutelle
qui sont prononcées par le Juge, le mandat est conclu par acte notarié ou par
acte sous seing privé.
Il s’agit donc d’une mesure de protection conventionnelle et non
judiciaire
L’habilitation familiale
Aux termes de l’article 494-1 du Code civil lorsqu’une personne est hors
d’état de manifester sa volonté, le juge des tutelles peut habiliter une ou
plusieurs personnes choisies parmi ses ascendants ou descendants, frères et
sœurs ou, à moins que la communauté de vie ait cessé entre eux, le conjoint,
le partenaire auquel elle est liée par un pacte civil de solidarité ou le
concubin à la représenter ou à passer un ou des actes en son nom.
L’habilitation familiale ne peut être ordonnée par le juge qu’en cas de
nécessité et lorsqu’il ne peut être suffisamment pourvu aux intérêts de la
personne par l’application des règles du droit commun de la représentation,
de celles relatives aux droits et devoirs respectifs des époux et des règles des
régimes matrimoniaux, en particulier celles prévues aux articles
217,219,1426 et 1429, ou par les stipulations du mandat de protection future
conclu par l’intéressé.
Au bilan, dès lors que l’un des époux fait l’objet de l’une des mesures de protection
précitées, la voie du recours au divorce par consentement mutuel judiciaire est fermée.
==> Le consentement
L’article 232, al. 1er du Code civil dispose que « le juge homologue la convention et
prononce le divorce s’il a acquis la conviction que la volonté de chacun des époux est
réelle et que leur consentement est libre et éclairé. »
Il ressort de cette disposition que le consentement des époux est le pilier central du
divorce par consentement mutuel.
Le Juge ne pourra homologuer la convention que s’il constate que les époux
s’entendent sur la rupture du mariage et ses effets
Ainsi, revient-il au juge de s’assurer que la volonté des époux est réelle et que leur
consentement est éclairé.
Toutefois, dès lors qu’il estime respectées la réalité, la liberté et la persistance des
consentements, il ne peut mettre en cause l’accord de principe des époux quant au
divorce, dont par ailleurs il n’a pas à connaître les causes.
III) Procédure
A) La requête
==> Présentation de la requête
La demande est formée par une requête unique des époux (article 1089 CPC).
L’article 250 du Code civil prévoit que la demande peut être présentée :
==> Dépôt de la requête
L’article 1092 du Code de procédure civile prévoit que le juge aux affaires familiales
est saisi par la remise au greffe de la requête, qui vaut conclusions.
B) L’audition du mineur
La voie du divorce par consentement mutuel judiciaire n’est ouverte aux époux qu’en
cas de demande d’audition formée par un enfant mineur.
C) L’audience
==> Convocation des époux
L’article 1092 du Code de procédure civile prévoit que, après l’audition de l’enfant
mineur, le juge procède à deux formalités :
Il convoque chacun des époux par lettre simple expédiée quinze jours au moins
avant la date qu’il fixe pour leur audition
Il avise le ou les avocats.
==> L’examen de la demande des époux
Le jour fixé, il examine la demande avec chacun des époux, puis les réunit. Il appelle
ensuite le ou les avocats.
Après avoir vérifié la recevabilité de la requête (article 1099 CPC), il doit s’assurer
que la volonté des époux est réelle et que leur consentement est libre et éclairé (article
232 alinéa 1 C. civ.).
Au cours de l’audience, il peut faire supprimer ou modifier les clauses de la
convention qui lui paraissent contraires à l’intérêt des enfants ou de l’un des époux
(article 1099 alinéa 2 CPC).
Toutefois, il ne peut le faire qu’avec l’accord des parties, recueilli en présence de leur
avocat.
S’il s’agit d’un acte notarié, le prononcé du divorce ne peut intervenir qu’après la mise
en conformité de cet acte par le notaire, ce qui implique que le juge ne peut
homologuer la convention sans avoir laissé un délai aux parties pour le faire modifier.
Lorsque les conditions prévues à l’article 232 du code civil sont réunies, le juge
homologue la convention réglant les conséquences du divorce.
D) L’homologation de la convention
Trois hypothèses doivent être distinguées
D’une part, s’est assuré que la volonté des époux est réelle et que leur
consentement est éclairé
D’autre part, a vérifié que la convention préserve suffisamment les intérêts des
époux et des enfants
Après avoir accompli ces vérifications, le juge homologue la convention réglant les
conséquences du divorce.
==> Ordonnance d’ajournement
Si le juge refuse d’homologuer la convention, il rend sur-le-champ une ordonnance et
ajourne sa décision sur le prononcé du divorce jusqu’à présentation d’une nouvelle
convention (article 1100 CPC).
Il informe alors les époux à l’audience que celle-ci devra être présentée avant
l’expiration d’un délai de six mois.
Elle précise, en outre, les conditions ou les garanties auxquelles seront subordonnés
l’homologation de la nouvelle convention et, en conséquence, le prononcé du divorce.
==> Mesures provisoires
Principe
L’ordonnance d’ajournement comprend, le cas échéant, les mesures
provisoires homologuées par le juge (article 1100 CPC).
L’objectif est de permettre, dans ce cas particulier, l’organisation
judiciaire de la séparation des époux, en garantissant leurs droits respectifs
ainsi que la protection de l’intérêt des enfants.
L’article 250-2 du code civil précise les modalités d’une telle
homologation.
Les mesures envisageables
Peuvent être homologuées les mesures provisoires que le juge peut
prendre lors de l’audience de conciliation prévue pour les autres cas de
divorce.
Sont donc concernées, au sens de l’article 254 du même code, toutes les
mesures nécessaires pour organiser l’existence des époux et celle des
enfants jusqu’à la date à laquelle le jugement passe en force de chose jugée.
Exigence d’un accord des époux
Les pouvoirs du juge en matière de consentement mutuel ne peuvent être
identiques à ceux qui lui sont conférés dans les autres cas de divorce.
En conséquence, sont exclusivement concernées les mesures que les
parties s’accordent à prendre.
L’homologation des mesures
La forme de l’homologation étant libre, le juge peut faire mention des
mesures provisoires homologuées directement dans l’ordonnance
d’ajournement.
Il peut également homologuer les mesures prises par les parties dans un
document annexé à l’ordonnance.
À défaut d’accord entre les parties ou si le juge estime que les mesures
proposées ne sont pas conformes à l’intérêt du ou des enfants, la décision
d’ajournement sera cependant prise sans homologation de mesures
provisoires, celle-ci n’étant aucunement imposée par les textes.
Lorsque le juge refuse d’homologuer les mesures provisoires, il doit
motiver sa décision.
==> Procédure postérieure à la décision d’ajournement
Les époux disposent d’un délai de six mois à compter du prononcé de la décision
d’ajournement pour déposer une nouvelle convention (article 250-2 C. civ.).
Ce délai est suspendu en cas d’appel (article 1101 CPC).
Deux cas de figure doivent alors être distingués :
Cette exigence, limitée au divorce gracieux, pouvait avoir pour conséquence de priver
d’effet le prononcé du divorce sur le seul motif du défaut de paiement des droits
fiscaux.
Aussi, la loi du 26 mai 2004 a modifié les dispositions du Code Général des Impôts et
supprimé cette condition.
Le régime applicable en la matière est désormais unifié, quel que soit le cas de
divorce : la délivrance des copies exécutoires des jugements de divorce par
consentement mutuel est donc possible même si les formalités d’enregistrement n’ont
pas été exécutées.
Toutefois, leur convention peut en disposer autrement sous réserve de l’application des
dispositions de l’article 123-2 du décret n° 91-1266 du 19 décembre 1991 lorsque l’un
des époux bénéficie de l’aide juridictionnelle.
Il en résulte que, à l’instar d’un jugement, elle est pourvue de l’autorité de la chose
jugée ce qui lui confère son intangibilité. Autrement dit, elle ne peut plus être attaquée
par les époux.
Sur ce point, elle se distingue d’un contrat soumis au droit commun, en ce que les
parties peuvent toujours revenir dessus en cas de commun accord.
Tel n’est pas le cas de la convention de divorce qui, une fois homologuée par le juge,
ne peut plus être supprimée, ni révisée
Dans un arrêt du 6 mai 1987 la Cour de cassation a affirmé en ce sens que « le
prononcé du divorce et l’homologation de la convention définitive ont un caractère
indissociable et ne peuvent plus être remis en cause hors des cas limitativement
prévus par la loi »
[table id=207 /]
Faits
Prononcé d’un divorce sur requête conjointe par un arrêt de la Cour
d’appel de Lyon le 14 février 1985
Demande
Action en rescision pour lésion contre une convention d’homologation
introduite par une épouse.
Procédure
Par un arrêt du 14 février 1985 la Cour d’appel de Lyon déboute
l’appelante de sa demande.
Pour les juges du fond, l’action de l’épouse est irrecevable dans la
mesure où le prononcé du divorce et l’homologation de la convention sont
indissociables.
Or un jugement bénéficie de l’autorité de la chose jugée.
Solution
La Cour de cassation rejette le pourvoi formé par l’épouse
Pour la deuxième chambre civile la convention réglant les effets du
divorce devient, dès lors qu’elle a été homologuée par le juge, intangible.
Autrement dit, elle ne peut plus être attaquée
La Cour de cassation pose ici le principe d’intangibilité de la convention
réglant les effets du divorce
==> Applications
Le principe d’intangibilité de la convention de divorce conduit à écarter un certain
nombre d’actions :
Son intervention a pour seul but d’apporter un éclairage sur les termes de la
convention de divorce aux fins de permettre son exécution.
Dans la mesure où cette action ne heurte pas le principe d’intangibilité, elle est admise
par la jurisprudence (C. en ce sens Cass. 1ère civ., 5 févr. 2002)
[table id=209 /]
Une fois homologuée, la convention de divorce est, par principe, intangible, de sorte
que les époux ne peuvent plus solliciter sa révision.
Est-ce à dire que le bien ou la dette omis ne peut plus faire l’objet d’un partage ?
Position actuelle
Bien que la deuxième chambre civile ne se soit pas prononcée
récemment sur la question, la doctrine considère que c’est la position de la
première chambre civile qui l’a emporté.
Sa solution a d’ailleurs été réitérée à de nombreuses reprises
Dans un arrêt du 22 février 2005, elle a une nouvelle fois jugé, dans les
mêmes termes qu’en 2001, que « si la convention définitive homologuée,
ayant la même force exécutoire qu’une décision de justice, ne peut être
remise en cause, un époux divorcé demeure recevable à présenter une
demande ultérieure tendant au partage complémentaire de biens communs
omis dans l’état liquidatif homologué» ( 1ère civ., 22 févr. 2005)
Dans un arrêt du 30 septembre 2009, la première chambre civile a adopté
la même solution en reprenant le même attendu de principe : « si la
convention définitive homologuée, ayant la même force exécutoire qu’une
décision de justice, ne peut être remise en cause, un époux divorcé demeure
recevable à présenter une demande ultérieure tendant au partage
complémentaire de biens communs ou de dettes communes omis dans l’état
liquidatif homologué» ( 1ère civ. 30 sept. 2009)
[table id=212 /]
Il appartiendra alors au juge de statuer sur le sort des enfants selon les articles 373-2-6
et suivants du Code civil
Dans un arrêt du 13 mai 2015, la Cour de cassation a précisé que, pour être recevables
à former tierce opposition, il appartient aux tiers de démonter :
==> Ratio legis
Il s’agit du divorce par consentement mutuel par acte sous signature privée contresigné
par avocats et déposé au rang des minutes d’un notaire.
Le Conseil national des barreaux avait fait valoir, au soutien de cette réforme, que
dans son Livre blanc sur la justice du XXIème siècle, que « le rôle [du juge] est de
trancher des contentieux. Or nous parlons de divorce par consentement mutuel, pas
de contentieux ».
La création d’une procédure conventionnelle de divorce, placée sous la vigilance des
avocats était donc, selon lui, pour le moins opportune.
C’est opinion était, cependant, loin de faire l’unanimité. De nombreuses critiques ont
été émises à l’encontre de l’adoption de ce nouveau cas de divorce.
En particulier, des réserves ont été exprimées quant à son application aux couples avec
des enfants mineurs, le risque étant que leurs intérêts soient lésés, tout autant que
l’époux se trouvant en situation de faiblesse.
Première différence
Il est fait obligation aux deux époux de prendre chacun un avocat.
Cette obligation est présentée comme une garantie pour les intéressés.
En effet, la partie la plus faible ne pourrait plus escompter que le juge
veille à ses intérêts et refuse, comme l’article 232 du code civil lui en fait
l’obligation, d’homologuer une convention qui préserve insuffisamment
lesdits intérêts ou ceux de ses enfants.
Deuxième différence
La convention de divorce n’a plus à être homologuée par un juge.
Il suffit qu’elle soit signée par les parties, puis contresignée par leurs
avocats, avant d’être ensuite déposée par ces derniers au rang des minutes
d’un notaire.
Ce dépôt confère une date certaine à la convention et force exécutoire, ce
qui évite alors à chacun des époux d’avoir à revenir devant le juge pour le
faire exécuter en cas d’inexécution de la part de l’autre.
Troisième différence
La convention de divorce est soumise au respect de plusieurs exigences
formelles :
des renseignements relatifs aux époux, à leurs enfants et à leurs
avocats
des mentions relatives à l’accord des époux pour le divorce, les
modalités de son règlement, pour tous ses effets, patrimoniaux et extra-
patrimoniaux, ainsi qu’à l’état liquidatif éventuel du régime
matrimonial.
I) Le principe
Aux termes de l’article 229-1 du Code civil « lorsque les époux s’entendent sur la
rupture du mariage et ses effets, ils constatent, assistés chacun par un avocat, leur
accord dans une convention prenant la forme d’un acte sous signature privée
contresigné par leurs avocats et établi dans les conditions prévues à l’article 1374. »
À l’instar du divorce par consentement mutuel judiciaire, le divorce par consentement
mutuel contresigné par un avocat suppose que les époux soient d’accord sur tout.
II) Domaine d’application
==> Principe
Lors de l’adoption de la loi du 18 novembre 2016, il ressort des travaux parlementaires
que ce nouveau cas de divorce a vocation à se substituer à la majorité des cas de
divorce par consentement mutuel.
Plus encore, l’article 229 du Code civil peut désormais être lu comme érigeant au rang
de principe le divorce par consentement mutuel conventionnel.
Il s’infère de sa rédaction que, ce n’est que par exception que le recours au Juge est
envisagé.
La voie du divorce par consentement mutuel judiciaire n’est possible que dans les
deux cas d’exclusions énoncés à l’article 229-2 du Code civil.
==> Exclusions
En application de l’article 229-2 du Code civil, le recours au divorce par consentement
mutuel conventionnel est expressément exclu dans deux cas :
Premier cas
Lorsque, l’enfant mineur, informé par ses parents de son droit à être
entendu par le juge, demande son audition par le juge
Second cas
Lorsque l’un des époux se trouve placé sous tutelle, curatelle ou
sauvegarde de justice.
De toute évidence, ces deux exclusions visent à protéger des personnes
irréfragablement présumées comme faibles, dont les intérêts ne doivent pas être lésés.
La garantie instituée par l’article 229-2 du Code civil est toutefois en retrait par
rapport à celle conférée par la procédure de divorce par consentement mutuel
judiciaire.
Cette dernière prévoit expressément un contrôle du juge sur le sort réservé à l’enfant
(et à l’autre conjoint).
L’article 232 du code civil dispose en ce sens que le juge « peut refuser
l’homologation et ne pas prononcer le divorce s’il constate que la convention
préserve insuffisamment les intérêts des enfants ou de l’un des époux ».
Ce contrôle ne joue, désormais, qu’à la condition que l’enfant ait lui-même demandé à
être entendu : d’une protection systématique on est passé à une protection
hypothétique, laissant à l’enfant seul le soin de veiller à ses intérêts, pour que le juge
soit ensuite en mesure d’en assurer le respect.
Il a été objecté, la faible portée, en pratique, du contrôle du juge, puisque rien n’oblige
ensuite les parents à se tenir à la convention homologuée sur le sort des enfants : cette
garantie serait donc illusoire.
==> Les passerelles
Du divorce conventionnel vers le divorce judiciaire
En vertu de l’article 1148-2 du code de procédure civile, si les époux ne
parviennent pas à trouver un accord sur l’ensemble des conséquences du
divorce ou si l’un d’eux ne souhaite plus divorcer, le fait d’avoir tenté de
régler leur différend par la voie amiable ne les empêche pas de saisir le juge
aux fins de divorce contentieux ou de séparation de corps.
Du divorce judiciaire vers le divorce conventionnel
L’article 247 du code civil prévoit que les époux qui seraient engagés
dans une procédure contentieuse peuvent toujours, à tout moment de la
procédure, divorcer par consentement mutuel.
Dans cette hypothèse, s’il n’y a pas de demande d’audition d’enfant, les
parties doivent recourir au divorce par consentement mutuel par acte sous
signature privée contresigné par avocats, déposé au rang des minutes d’un
notaire. Il appartient aux avocats dans cette hypothèse de solliciter un retrait
du rôle ou de se désister de l’instance en cours pour le divorce contentieux.
Dispositions transitoires
Seules les requêtes en divorce par consentement mutuel déposées avant
le 1er janvier 2017 ainsi que les requêtes en passerelle fondées sur l’article
247 ancien et enregistrées avant cette date avec une convention datée et
signée par chacun des époux et leur(s) avocat(s) portant règlement complet
des effets du divorce, conformément à l’article 1091 du code de procédure
civile, sont traitées selon les règles en vigueur avant le 1 er janvier 2017.
En dehors de ces deux hypothèses, c’est donc uniquement dans le cas
prévu à l’article 229-2 du code civil, c’est-à-dire en présence d’une
demande d’audition formulée par un enfant du couple, que les époux
demandent au juge de constater leur accord pour voir prononcer le divorce
par consentement mutuel en lui présentant une convention réglant les
conséquences de celui-ci.
III) Les conditions
A) Les conditions relatives aux époux
==> La capacité
Aux termes de l’article 229-2 du Code civil « les époux ne peuvent consentir
mutuellement à leur divorce par acte sous signature privée contresigné par avocats
lorsque […] l’un des époux se trouve placé sous l’un des régimes de protection prévus
au chapitre II du titre XI du présent livre. »
Ainsi, pour être éligibles au divorce par consentement mutuel conventionnel il faut
jouir de sa pleine et entière capacité juridique.
Plus précisément, il ne faut pas que l’un des époux fasse l’objet d’une mesure de
protection.
L’article 425 du Code civil prévoit qu’une mesure de protection peut être instituée au
bénéfice de « toute personne dans l’impossibilité de pourvoir seule à ses intérêts en
raison d’une altération, médicalement constatée, soit de ses facultés mentales, soit de
ses facultés corporelles de nature à empêcher l’expression de sa volonté ».
Les mesures de protection sont au nombre de cinq :
La sauvegarde de justice
L’article 433 du Code civil prévoit que le juge peut placer sous
sauvegarde de justice une personne qui a besoin d’une protection juridique
temporaire ou d’être représentée pour l’accomplissement de certains actes
déterminés.
Il s’agit de la mesure de protection la moins légère dans la mesure où la
personne placée sous sauvegarde de justice conserve l’exercice de ses droits
La curatelle
Aux termes de l’article 440 du Code civil, la personne qui, sans être hors
d’état d’agir elle-même, a besoin d’être assistée ou contrôlée d’une manière
continue dans les actes importants de la vie civile peut être placée en
curatelle.
La curatelle n’est prononcée que s’il est établi que la sauvegarde de
justice ne peut assurer une protection suffisante.
Il s’agit d’une mesure de protection intermédiaire, en ce sens que la
personne placée sous curatelle perd la capacité d’exercer les actes de
disposition les plus graves
La tutelle
L’article 440 du Code civil dispose que la personne qui doit être
représentée d’une manière continue dans les actes de la vie civile, peut être
placée en tutelle.
La tutelle n’est prononcée que s’il est établi que ni la sauvegarde de
justice, ni la curatelle ne peuvent assurer une protection suffisante.
Il s’agit de la mesure de protection la plus lourde, car elle prive son
bénéficiaire de l’exercice de tous ses droits
Le mandat de protection future
L’article 477 du Code civil prévoit que toute personne majeure ou
mineure émancipée ne faisant pas l’objet d’une mesure de tutelle ou d’une
habilitation familiale peut charger une ou plusieurs personnes, par un même
mandat, de la représenter pour le cas où, pour l’une des causes prévues à
l’article 425, elle ne pourrait plus pourvoir seule à ses intérêts.
À la différence de la sauvegarde de justice, de la curatelle et de la tutelle
qui sont prononcées par le Juge, le mandat est conclu par acte notarié ou par
acte sous seing privé.
Il s’agit donc d’une mesure de protection conventionnelle et non
judiciaire
L’habilitation familiale
Aux termes de l’article 494-1 du Code civil lorsqu’une personne est hors
d’état de manifester sa volonté, le juge des tutelles peut habiliter une ou
plusieurs personnes choisies parmi ses ascendants ou descendants, frères et
sœurs ou, à moins que la communauté de vie ait cessé entre eux, le conjoint,
le partenaire auquel elle est liée par un pacte civil de solidarité ou le
concubin à la représenter ou à passer un ou des actes en son nom.
L’habilitation familiale ne peut être ordonnée par le juge qu’en cas de
nécessité et lorsqu’il ne peut être suffisamment pourvu aux intérêts de la
personne par l’application des règles du droit commun de la représentation,
de celles relatives aux droits et devoirs respectifs des époux et des règles des
régimes matrimoniaux, en particulier celles prévues aux articles
217,219,1426 et 1429, ou par les stipulations du mandat de protection future
conclu par l’intéressé.
Au bilan, dès lors que l’un des époux fait l’objet de l’une des mesures de protection
précitées, la voie du recours au divorce par consentement mutuel conventionnel est
fermée.
Le recours au juge est alors la seule alternative qui s’offre aux époux.
==> Le consentement
L’exigence d’un consentement exprès
L’article 229-3 du Code civil dispose que « le consentement au divorce
et à ses effets ne se présume pas »
Cela signifie qu’il ne peut valablement être exprimé qu’au moyen de la
conclusion d’une convention.
L’observation d’un délai de réflexion
L’article 229-4 prévoit que « l’avocat adresse à l’époux qu’il assiste, par
lettre recommandée avec demande d’avis de réception, un projet de
convention, qui ne peut être signé, à peine de nullité, avant l’expiration
d’un délai de réflexion d’une durée de quinze jours à compter de la
réception. »
Ainsi, est-il interdit aux époux de régulariser la convention de divorce
avant l’expiration du délai de réflexion instauré par le législateur
Les vices du consentement
En contresignant l’acte, l’avocat atteste de par la loi avoir éclairé
pleinement la ou les parties qu’il conseille sur les conséquences juridiques
de cet acte.
Est-ce à dire que les époux sont à l’abri de voir leur consentement vicié
lors de la signature de la convention ?
On peut en douter
En tout état de cause, la remise en cause de la convention de divorce peut
être remise en cause en cas de vice du consentement.
La circulaire du 26 janvier 2017 a précisé en ce sens que « l’article 1128
du code civil qui prévoit que « sont nécessaires à la validité du contrat : 1°
Le consentement des parties ; 2° Leur capacité de contracter ; 3° Un
consentement licite et certain.» est applicable au divorce par consentement
mutuel extrajudiciaire.
Elle en déduit que la convention de divorce peut donc être attaquée en
cas de vice du consentement, de défaut de capacité ou encore de contrariété
à l’ordre public.
Tel n’est pas le cas de la convention de divorce homologué par le juge
qui bénéficie de l’autorité de la chose jugée.
Ainsi, une action en nullité, sur le fondement des vices du consentement,
pourra être engagée à l’encontre de la convention de divorce contresignée
par un avocat.
En particulier, les époux pourront invoquer l’article 1143 du Code civil
qui, au nombre des cas de violence, vise l’hypothèse où « une partie,
abusant de l’état de dépendance dans lequel se trouve son cocontractant,
obtient de lui un engagement qu’il n’aurait pas souscrit en l’absence d’une
telle contrainte et en tire un avantage manifestement excessif. »
B) Les conditions relatives aux enfants
Aux termes de l’article 229-2 du Code civil « les époux ne peuvent consentir
mutuellement à leur divorce par acte sous signature privée contresigné par avocats
lorsque […] le mineur, informé par ses parents de son droit à être entendu par le juge
dans les conditions prévues à l’article 388-1, demande son audition par le juge ».
Il ressort de cette disposition que, pour être éligibles au divorce par consentement
mutuel conventionnel, les époux doivent, au préalable, avoir consulté leurs enfants
mineurs.
Le discernement devra donc faire l’objet d’une appréciation personnelle de la part des
parents, prenant en compte plusieurs critères, à savoir, l’âge, la maturité et le degré de
compréhension de leur enfant au regard de l’objectif d’information de ce formulaire.
Pour cette raison, le formulaire d’information doit être daté et signé par l’enfant.
L’article 1144-2 du code de procédure civile impose alors aux parents de mentionner
dans la convention que l’information prévue au 1° de l’article 229 du code civil n’a
pas été donnée en l’absence de discernement de l’enfant mineur concerné.
Les informations relatives à son identité peuvent être remplies par l’enfant lui-même
ou par ses parents.
soit il sait lire et le formulaire complète alors l’information dispensée par les
parents ;
soit il ne sait pas lire et il revient alors à ses parents de le lui lire et de lui
expliquer les mentions en termes compréhensibles, en fonction de sa maturité.
La signature du mineur, qui n’est pas prévue à peine de nullité et dont la valeur est
analogue à celle apposée sur les règlements scolaires par exemple, n’aura pas de force
probante quant à la capacité de discernement de ce dernier, de sorte que cet élément
reste, dans ce nouveau dispositif, soumis à l’appréciation du seul juge en cas de
demande d’audition.
Afin d’éviter toute pression sur l’enfant qui demande à être entendu, la procédure
prévue par l’article 229-1 du code civil n’est plus possible dès que cette demande est
faite dans les conditions de l’article 1148-2 du code de procédure civile, ce qui inclut
l’hypothèse où l’enfant reviendrait ensuite sur son souhait d’être entendu pour y
renoncer.
2. L’audition du mineur
La voie du divorce par consentement mutuel judiciaire n’est en effet possible qu’en
cas de demande d’audition formée par un enfant mineur.
1. Sur le fond
==> Application du droit des contrats
Principe
En ce que la convention de divorce s’analyse en un contrat, le sous-titre
Ier du titre III du Livre III du code civil relatif au contrat lui est, par
principe, applicable ( 1100 à 1231-7 C.civ.)
En conséquence, la convention doit satisfaire aux conditions de
formation du contrat
En particulier, l’article 1128 du Code civil lui est applicable.
Cette disposition prévoit que sont nécessaires à la validité du contrat :
Le consentement des parties
Leur capacité de contracter
Un consentement licite et certain.
La convention de divorce peut donc être attaquée en cas de vice du
consentement, de défaut de capacité ou encore de contrariété à l’ordre
public.
En cas d’inexécution de la convention, le droit des contrats devrait
également être applicable à la convention de divorce, à la condition que la
mesure sollicitée ne remette pas en cause le principe même du divorce
Exception
Si le caractère purement conventionnel du divorce par consentement
mutuel emprunte au droit des contrats, il s’en détache en raison de son
caractère familial.
En effet, les dispositions qui sont inconciliables par nature avec le
divorce sont inapplicables.
Ainsi, sous réserve de l’appréciation des juridictions, une clause
résolutoire portant sur le principe du divorce serait déclarée nulle car
contraire à l’ordre public.
La deuxième hypothèse d’une action en résolution fondée sur
l’inexécution suffisamment grave après une notification du créancier au
débiteur ne paraît pas non plus être valable dès lors qu’elle remettrait
également en cause le principe du divorce.
==> Contenu de la convention
Le contenu du contrat est régi aux articles 1162 à 1171 du Code civil. Ainsi, le
contenu de la convention de divorce ne doit pas porter atteinte à ces dispositions.
Le législateur est parti du constat que de nombreux actes sous seing privé sont conclus
sans que les parties, et notamment celles qui souscrivent les obligations les plus
lourdes, n’aient reçu le conseil de professionnels du droit.
Premier risque
Il peut arriver que les conséquences de cet acte ne soient pas celles que
les parties attendaient :
soit parce que le but recherché en commun n’est pas atteint (le bail
n’est pas valable par exemple)
soit parce que la convention est illicite.
Second risque
L’une des parties peut être tentée de contester ultérieurement l’existence
du contrat ou l’un de ses éléments.
Les autres parties se heurtent alors à un problème de preuve.
L’assistance d’un avocat est insuffisante pour parer complètement à ces
risques : les parties pourront éprouver des difficultés à établir que l’acte est
le produit de ses conseils et aucune force probante particulière n’en
résultera.
Afin de remédier à ces deux difficultés, le législateur avait bien cherché par le passé à
y remédier. Elles étaient toutefois très insuffisantes.
Certes, les parties peuvent s’adresser à un notaire : l’acte authentique reçu par celui-ci
engage sa responsabilité et fait foi jusqu’à inscription de faux des faits qu’il y aura
énoncés comme les ayant accomplis lui-même ou comme s’étant passés en sa
présence.
Mais, s’il est admis sans difficulté que la force exécutoire ne peut être attachée qu’à
l’acte authentique, il a été jugé souhaitable que l’implication d’un avocat dans la
réalisation d’un acte juridique emporte des effets plus significatifs que ceux qui lui
étaient reconnus jusqu’alors.
Il a donc été envisagé de permettre aux parties de renforcer la valeur de l’acte sous
seing privé qu’elles concluent en demandant à un avocat, pouvant ou non être commun
à plusieurs d’entre elles, de le contresigner.
Ce contreseing – qui existe déjà pour le mandat de protection future – entraîne deux
conséquences.
Première conséquence
L’avocat ayant contresigné l’acte est présumé de manière irréfragable
avoir examiné cet acte, s’il ne l’a rédigé lui-même, et avoir conseillé son
client
À ce titre, il assume pleinement la responsabilité qui en découle.
Seconde conséquence
L’avocat atteste, après vérification de l’identité et de la qualité à agir de
son client, que celui-ci a signé l’acte et en connaissance de cause, ce qui
empêche celui-ci de contester ultérieurement sa signature
L’acte contresigné par un avocat possède alors, entre ceux qui l’ont
souscrit et entre leurs héritiers et ayants cause, la même foi que l’acte
authentique.
Appliqué au divorce par consentement mutuel, l’acte sous seing privé contresigné par
avocat offre à la convention de divorce un cadre juridique adapté et sécurisé.
Il présente, en effet, deux avantages par rapport à un acte sous seing privé classique.
D’une part, il confère une force probante renforcée puisqu’il fait pleine foi de
l’écriture et de la signature des parties tant à leur égard qu’à celui de leurs
héritiers ou ayant cause.
Ensuite, en contresignant l’acte, l’avocat atteste de par la loi avoir éclairé
pleinement la ou les parties qu’il conseille sur les conséquences juridiques de
cet acte.
==> Les mentions
Mentions relatives à la civilité des parties
L’article 229-3 du Code civil prévoit que la convention comporte
expressément, à peine de nullité
Les nom, prénoms, profession, résidence, nationalité, date et lieu
de naissance de chacun des époux
La date et le lieu de mariage
Les mêmes indications, le cas échéant, pour chacun des enfants du
couple
Mentions relatives aux avocats
L’article 229-3 du Code civil prévoit que la convention comporte
expressément, à peine de nullité
Le nom, l’adresse professionnelle et la structure d’exercice
professionnel des avocats chargés d’assister les époux
Le barreau auquel ils sont inscrits
Mentions relatives au notaire instrumentaire
L’article 1144-1 du code de procédure civile ajoute que les époux
doivent mentionner le nom du notaire ou de la personne morale titulaire de
l’office notarial chargés du dépôt de la convention au rang de ses minutes.
Le cas échéant, rien ne s’oppose à ce que ce notaire soit le même que
celui qui aura dressé l’acte liquidatif de partage en la forme authentique.
Mentions relatives à l’accord des époux
L’article 229-3 du Code civil prévoit que la convention comporte
expressément, à peine de nullité
La mention de l’accord des époux sur la rupture du mariage et sur
ses effets dans les termes énoncés par la convention
Les modalités du règlement complet des effets du divorce
conformément au chapitre III du présent titre, notamment s’il y a lieu au
versement d’une prestation compensatoire
L’état liquidatif du régime matrimonial, le cas échéant en la forme
authentique devant notaire lorsque la liquidation porte sur des biens
soumis à publicité foncière, ou la déclaration qu’il n’y a pas lieu à
liquidation
Mentions relatives à la pension alimentaire et à la prestation compensatoire
Compte tenu de l’importance des conséquences de la prévision d’une
pension alimentaire ou d’une prestation compensatoire, l’article 1444-4 du
Code de procédure civile prévoit que la convention doit contenir les
informations des parties sur les modalités de recouvrement, les règles de
révision et les sanctions pénales encourues en cas de défaillance.
L’article 1144-3 précise que lorsque des biens ou droits, non soumis à la
publicité foncière, sont attribués à titre de prestation compensatoire, la
convention précise la valeur de ceux-ci.
En cas de biens soumis à publicité foncière, un acte authentique devra
être rédigé par un notaire.
Il peut, en outre, être prévu un paiement direct entre les mains, par
exemple, de l’employeur du débiteur de ladite pension ou prestation.
Dans ce cas, le débiteur doit indiquer dans la convention le tiers débiteur
saisi chargé du paiement
Mentions relative à l’information de l’enfant
L’article 229-3 du Code civil prévoit que la convention comporte
expressément, à peine de nullité
La mention que le mineur a été informé par ses parents de son
droit à être entendu par le juge dans les conditions prévues à l’article
388-1 et qu’il ne souhaite pas faire usage de cette faculté.
L’article 1144-2 du code de procédure civile précise que la convention
doit mentionner, le cas échéant, que le mineur n’a pas reçu l’information
relative à son droit d’être entendu par un juge en raison de son absence de
discernement, ce qui facilitera les vérifications formelles du notaire devant
procéder au dépôt.
En pratique, ces mentions peuvent apparaître dans un paragraphe distinct ou en annexe
afin que les informations délivrées soient suffisamment lisibles et identifiables par le
créancier (cf. annexe 2 de la présente circulaire).
Conformément aux dispositions de l’article 49 du code civil, l’officier d’état civil qui a
apposé la mention du divorce en marge de l’acte de mariage, transmet un avis à
l’officier de l’état civil dépositaire de l’acte de naissance de chacun des époux aux fins
de mise à jour de ces actes par la mention de divorce.
IV) Les effets
A) Opposabilité de la convention
==> À l’égard des parties
Principe
L’article 229-1, al. 3 du Code civil prévoit que le dépôt de la convention
au rang des minutes du notaire « donne ses effets à la convention en lui
conférant date certaine et force exécutoire»
Ainsi, ce n’est donc pas la signature de la convention qui la rend
opposable entre les parties, mais son dépôt
Exception
L’article 262-1, al. 1er du Code civil dispose que « la convention ou le
jugement de divorce prend effet dans les rapports entre les époux, en ce qui
concerne leurs biens lorsqu’il est constaté par consentement mutuel par
acte sous signature privée contresigné par avocats déposé au rang des
minutes d’un notaire, à la date à laquelle la convention réglant l’ensemble
des conséquences du divorce acquiert force exécutoire, à moins que cette
convention n’en stipule autrement»
Les parties peuvent ainsi décider de modifier la date des effets du
divorce, s’agissant de leurs rapports patrimoniaux.
Les effets du divorce pourront donc être reportés à une date antérieure au
jour du dépôt au rang des minutes du notaire.
Ils pourront ainsi faire coïncider la date du divorce avec la date de leur
séparation effective.
==> À l’égard des tiers
L’article 262 du Code civil prévoit que le divorce est opposable aux tiers à partir du
jour où les formalités de mention en marge des actes d’état civil ont été effectuées.
Tant que cette mesure de publicité n’est pas accomplie par les époux, le divorce leur
sera inopposable.
Ils seront donc toujours fondés à se prévaloir du principe de solidarité des dettes
ménagères par exemple.
Dès lors, il est des dispositions qui, par nature, sont inconciliables par nature avec le
divorce
Ainsi, sous réserve de l’appréciation des juridictions, une clause résolutoire portant sur
le principe du divorce devrait être déclarée nulle car contraire à l’ordre public.
De la même manière, l’époux qui engage une action en résolution judiciaire sur le
fondement de l’inexécution suffisamment grave après une notification au débiteur
devrait être débouté de sa demande.
Dans le cas contraire, une telle action pourrait conduire à remettre en cause le principe
du divorce.
Or une fois l’accord des époux scellé, cet accord est irrévocable.
Les époux peuvent donc solliciter l’exécution forcée de la convention dès lors que
celle-ci a été déposée au rang des minutes du notaire.
Dès son dépôt, la convention de divorce a des effets identiques à ceux d’un jugement
de divorce.
À cette fin, certaines dispositions ont été modifiées par la loi du 18 novembre 2016,
le décret du 28 décembre 2016 et l’article 115 de la loi de finances rectificative pour
2016.
Pension alimentaire
En application de l’article L. 213-1 du code des procédures civiles
d’exécution et de l’article 1er de la loi n° 75-618 du 11 juillet 1975 la
convention de divorce permet d’engager une procédure de recouvrement de
la pension alimentaire
En complément, Le code général des impôts a été modifié pour que les
pensions alimentaires et prestations compensatoires fixées par la convention
de divorce bénéficient du même régime fiscal que celles fixées par un
jugement de divorce
Prestations sociales
Pour les mêmes raisons, l’article L. 523-1 du code de la sécurité sociale a
fait l’objet d’une modification afin de permettre au créancier d’une pension
alimentaire fixée par une convention de divorce établie par acte d’avocats
ou par un acte authentique de bénéficier de l’allocation de soutien familial
ou de l’allocation de soutien familial différentielle.
L’article L.581-2 du même code a en conséquence été modifié afin de
permettre à la CAF qui a versé cette allocation, au lieu et place du parent
débiteur défaillant, de recouvrer les sommes versées.
Toutefois, la convention ne constitue pas un titre permettant d’obtenir l’expulsion de
l’époux qui se maintient illégitimement dans le logement dans la mesure où l’article L.
411-1 du code des procédures civiles d’exécution restreint cette possibilité à la
production d’une décision de justice ou d’un procès-verbal de conciliation, qui est
toujours signé par un juge compte tenu de l’atteinte aux libertés individuelles que
constitue cette mesure.
L’exception d’inexécution prévue à l’article 1209 du code civil ne pourra toutefois être
invoquée dès lors qu’elle est contraire à l’intérêt de l’enfant.