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2- Poisson
Le muscle de poisson est également constitué d’un tissu musculaire et d’un tissu
conjonctif, mais leur organisation est différente de celle du muscle de viande. En effet
l’interpénétration de ces deux tissus est moins forte. Par ailleurs, les muscles de poisson ont
une structure métamérique. La chaire de poisson est formée de muscles longs divisés en
feuillets de forme coniques, dont le sommet est dirigé vers la tête (tissu musculaire). D’une
longueur inférieur ou égale à 3cm, les feuillets également appelés myotomes, sont emboités les
uns dans les autres mais restent séparés par des cloisons de tissus conjonctifs, les myocomes
(fig***). Lorsque le tissu conjonctif se sépare des myotomes, ceux-ci s’individualisent, c’est
le clivage ou gaping.
La matière grasse du poisson est localisée différemment dans un poisson maigre ou gras.
Chez les poissons gras, les lipides servent surtout de réserve énergétique et se trouve dans les
tissus sous-cutanés, dans les viscères et dans le tissu conjonctif. Chez les poissons maigres, une
faible proportion des lipides entrent dans la constitution des membranes cellulaires et donc
dans le tissu musculaire, le reste se trouvant dans les viscères. Les lipides du tissu musculaire
sont des phospholipides. Ils ne constituent pas une réserve énergétique mais peuvent être
utilisés en tant que tel par les poissons à chair blanche pendant les périodes de diète prolongée.
Si les teneurs en protéines, en sucre et en minéraux varient peu selon les stades
physiologiques ou l’état alimentaire des animaux (périodes de migration, de frai), la teneur en
lipide est en revanche très fluctuante : dans le cas d’un poisson gras, d’un maquereau par
exemple, la teneur en lipides peut varier de 4% au printemps à près de 28% en automne. La
composition lipidique des viandes varie également en fonction de l’alimentation et de l’âge de
l’animal mais cette variation concerne surtout le tissu adipeux et peu le tissu musculaire
squelettique.
Ces variations de teneurs lipidiques impliquent une attention toute particulière lors de la
mise en œuvre des technologies de transformation des produits. Si dans le cas de la viande, la
maitrise de la composition est plus aisée car les industriels de la transformation peuvent exiger
de leurs fournisseurs une qualité homogène et bien définie de leurs matières premières carnées.
Dans le cas de la transformation des produits halieutiques, les industriels doivent s’adapter à
cette matière première de « cueillette » dont la composition est très fluctuante.
Les muscles de poisson sont dits maigres quant leur composition moyenne en lipide ne
dépasse pas 1%, gras lorsqu’elle est supérieur à 5%, et intermédiaires lorsqu’elle est comprise
entre 1 et 5%.
Globalement, la teneur moyenne en lipides dans le muscle de poisson est plus faible que
celle du muscle squelettique de la viande. Inversement, la teneur en eau du poisson est un peu
plus élevée, ce qui le rend plus vulnérable aux altérations microbiologiques.
Cette striation est le résultat de l’alternance de zones danses, sombre, ou disque (Bande)
A (anisotrope) d’une longueur de 1,0µm, et de zones moins denses, claires ou disque (Bande)
I (isotrope) d’une longueur de 1,6µm. les disque I dont séparés en deux par une « cloison
transversale » : la ligne Z ou strie Z. La trie Z se prolonge d’une myofibrille à l’autre pour
finalement se raccorder au sarcolemme. Elles constituent un véritable squelette interne de la
cellule et ont un rôle de soutient important. Elles permettent également de rendre synergique
le travail des différents unités contractiles. Au centre du disque A il existe une zone moins
dense, plus clair : la Bande H ou zone H. Elle est séparée en deux par une ligne transversale
plus sombre : la ligne H.
Le sarcomère, localisé entre deux stries Z, est l’unité contractile de base. Dans le muscle
au repos, sa longueur est de 3 à 5µm.
I.2.1.2- Myofilaments
Chaque myofibrille est composée de nombreux myofilaments, parallèles, de deux types :
myofilaments fins et myofilaments épais. Dans les disques I (zones claires), seuls les filaments
fins sont présents (Ø= 6nm). Les zones denses des disques A contiennent :
- les filaments fins trouvés dans les disques I ;
- les filaments épais (Ø= 15 - 17nm) qui donnent au disque A leur biréfringence
caractéristique.
Les filaments minces et épais adoptent une disposition hexagonale visible sur une coupe
transversale de muscle. Un filament épais est entouré par six filaments minces.
A l’intérieur des zones denses des disques A, il existe des ponts entre les filaments fins
et épais adjacents. Il se forme à partir des filaments épais. Ce sont les seules connexions
existantes entre ces différents filaments.
Ces différents éléments typiques de la cellule musculaire sont maintenus en place dans
le sarcoplasme par les éléments longitudinaux et verticaux appartenant au réticulum
sarcoplasmique et au cytosquelette. Ce dernier est constitué essentiellement de deux protéines
insolubles : la connectine et la desmine.
OXYDATION
+O2
Myoglobine réduit Oxymyoglobine
Fe++ Fe++
Rouge pourpre Rouge vif
OXYDATION REDUCTION
OXYDATION
REDUCTION
Metmyoglobine
Fe+++
Couleur brune
Figure 7 : Evolution de la myoglobine et variation de la couleur de la viande
Myosine
La myosine constitue les filaments épais. Son poids moléculaire est de 540 kDa et son
pHi voisin de 5,4. a la force ionique du sarcoplasme, elle est totalement insoluble.
La molécule de myosine est formée de deux parties (figure 8) :
- une queue, constituée de deux chaînes polypeptidiques (2hélices-α enroulées autour
d’un axe pour former un super double hélice) ;
- une tête globulaire constituée par les deux chaînes précédentes enroulées au hasard
(chaînes lourdes) auxquelles sont associées deux chaînes polypeptidiques plus
courtes (chaînes légères).
La molécule de myosine possède deux propriétés importantes :
- les molécules constitutives s’assemblent spontanément en filaments dans des
conditions physiologiques ;
Figure 8 : Structure de la myosine
Actine
L’actine existe sous deux formes : l’actine G (actine monomère globulaire) et l’actine F
(actine polymérisée fibreuse). A faible force ionique, l’actine se trouve sous forme de
monomère (actine G). la chaîne polypeptidique a un poids moléculaire de 422 kDa et elle est
riche en N-méthyllysine, en proline et en cystéine (7 cystéines par molécules). L’actine G est
un puissant chélatant des ions Ca2+ et elle est capable de fixer l’ATP et l’ADP. Dans les
conditions physiologiques de force ionique ou en présence des sels (KCl, MgCl2), elle peut se
polymériser selon la réaction ci-dessous :
L’actine F est formée par l’association de deux brins de monomères d’actine G enroulés
en hélice. Elle constitue les filaments fins (figure 9).
Un filament fin d’actine peut fixer de nombreuses molécules de myosine ; la fixation sur
la molécule d’actine s’effectue au niveau de la tête de la molécule de myosine. Les
caractéristiques du complexe actomyosine dépendent du pH, de la concentration en protéines,
en KCL et en MgCl2. l’activité ATPasique de l’actomyosine est 20 fois plus forte que celle de
la myosine seule. Elle est activée par les ions Ca2+ et les ions Mg2+. Le complexe actomyosine
peut être dissocié par l’ATP et les ions K+ et Mg2+ dans la cellule musculaire au repos. Les
deux protéines sont à l’état dissocié.
Protéines régulatrices : tropomyosine, tropine et actine
La tropine a un poids moléculaire de 70 kDa. Elle est constituée de deux chaînes
polypeptidiques en hélices α organisées en super double hélice. Elle est riche en acides aminés
soufrés dont de nombreuses cystéines non appariées. Elle est localisée dans les filaments fins
des disques I, dans l’interstice des deux brins de la double hélice d’actine F. dans les cellules
musculaires au repos, elle occupe le site d’intersection entre l’actine et la myosine empêchant
ainsi toute réaction entre les deux protéines. Par l’intermédiaire de la troponine I, le calcium
contrôle son positionnement et régule ainsi la contraction musculaire.
Le complexe troponine se retrouve au niveau des filaments fins, le long de la chaine
tropomyosine et est constitué de trois sous-unités :
- la troponine C qui fixe les ions Ca2+ (complexe réversible) ;
- la troponine I qui inhibe le complexe actomyosine. Cette action est annulée dès que
la troponine C a fixé le calcium ;
- la troponine T qui assure la liaison du complexe troponine avec la tropomyosine.
Les actines α et β se rencontrent dans la trie Z. leur rôle principal est d’accélérer la
polymérisation de l’actine globulaire en actine fibreuse.
Cytosquelette
Le cytosquelette est constitué de nombreuses protéines comme la filamine, la desmine,
la vimentine, la synémine que l’on trouve dans la trie Z. d’autres protéines comme la titine, la
nébuline, la connectine constituent un réseau flexible autour des filaments (gap filament) en
reliant les filaments fins de sarcomère voisins et en traversant la trie Z.
I.3.2.1- Collagène
C’est la protéine la plus abondante chez les mammifères (15 à 35% des protéines) alors
que sa teneur est beaucoup plus faible chez le poisson (3% chez les téléostéens et 10% chez les
sélaciens). Sa composition en acides aminés est caractéristique et unique parmi les protéines.
Les compositions du collagène de mammifère et de poisson diffèrent, notamment les teneurs
en proline et hydroxyproline qui sont plus faible dans le collagène de poisson, ce qui est à
l’origine de propriétés fonctionnelles différentes pour la gélatine. Par exemple, la gélatine de
poisson se dénature et se solubilise dès 30-40°C contre 60-65°C pour le collagène de
mammifères. Globalement, le collagène est constitué de :
- - 33% de glycine avec une répartition très régulière de cet acide aminé tout le long de
la chaine polypeptidique, soit, une glycine tous les trois acides aminés (Gly-X-X-
Gly-X-X-Gly-X-X-Gly) ;
- 11% d’alanine ;
- 12% de proline (10,5% dans le collagène de poisson) ;
- 9% d’hydroxyproline (7% dans le collagène de poisson) et un peu d’hydroxylysine.
Ces résidus peuvent être liés à un diholoside de glucose et galactose (liaison o-
glycosidique) ;
- pas d’acide aminé soufrés ni de tryptophane.
La présence d’hydroxyproline est spécifique du collagène dans les protéines animales.
Elle permet un dosage quantitatif de la protéine en mélange ainsi que la détection de fraudes
éventuelles.
Suivant la composition en acides aminés, jusqu’à 16 types différents de collagène
peuvent être distingués mais les types I à V sont les plus répandus. Par exemple le collagène
de type I se retrouve dans la peau, les tendons, les os, la cornée alors que le collagène de type
II est présent dans les cartilages, les disques intervertébraux, le corps vitré, etc.
Le collagène est une des protéines très difficilement hydrolysable par les enzymes
digestive et possède donc une très faible valeur nutritionnelle. C’est une protéine difficile à
valoriser, excepté pour la fabrication de la gélatine.