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© Dunod, 2018
11 rue Paul Bert, 92240 Malakoff
www.dunod.com
ISBN : 978-2-10-078726-5
Sommaire
Introduction
1. Monnaie et cryptographie
Qu’est ce que la monnaie ?
Qu’est ce qui donne de la valeur à la monnaie ?
Les évolutions récentes de la monnaie
La crise latente du système des monnaies fiduciaires
Qu’est-ce que la cryptographie ?
2. L’écosystème des cryptomonnaies
Qu’est-ce qu’une cryptomonnaie ?
Le bitcoin
Ethereum
Les stablecoins
La valeur des cryptomonnaies
Pourquoi y a-t-il autant de cryptomonnaies ?
Les familles de coins2
La blockchain
Les algorithmes Proof of
Les forks
Les contrats intelligents
3. Consensus et transactions
Le minage
Déroulement d’une transaction sous PoW
Gas et gas price
4. Le marché des cryptomonnaies
L’année 2017
Une bulle ?
Les exchanges
Les nouvelles pyramides de Ponzi
5. Investir dans les cryptomonnaies
Wallets
Public address/Private key
Trading bots
L’arbitrage
Nouvelles monnaies, nouveaux revenus
Les ICO
Devenez mineur !
S’informer
Les menaces qui pèsent sur les cryptomonnaies
6. Propositions de stratégies d’investissement
Le trading de cryptomonnaies
Stratégies d’investissement risquées
7. Les paiements de demain
Envoyer, recevoir et utiliser ses cryptomonnaies
L’avenir du bitcoin
Les nouveaux rôles de la monnaie
Quel impact sur les paiements ?
Constater et prédire
8. La nouvelle gestion de la valeur
Qu’est-ce que la valeur ?
La blockchain comme nouvel outil de gestion de la propriété
L’ubérisation bientôt dépassée
Le Web 3
Les nouveaux métiers
Passer à la blockchain
Schémas récapitulatifs
Conclusion
Annexes
Lexique
Tableaux de classification de 131 coins
Introduction
Il n’est pas facile d’écrire un livre sur les cryptomonnaies : cet univers, tel un
magma, change chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde.
Mais c’est un sujet passionnant, pour trois raisons.
La première est que les cryptomonnaies sont encore assez méconnues, voire
mal vues du grand public. Il y a donc beaucoup à expliquer et le but de ce
livre est que vous, lecteur, compreniez ce nouvel écosystème pour pouvoir
y participer, en profiter ou briller en société.
La deuxième est que j’aimerais vous montrer que les cryptomonnaies ne se
limitent pas au bitcoin, à des transactions douteuses (qui n’ont pas attendu les
cryptomonnaies pour se produire…) et à des variations de cours erratiques :
derrière elles se cachent de vraies équipes avec de vrais projets et de
nouveaux modèles, comme vous le verrez dans les pages qui suivent.
La troisième est que nous sommes à l’aube d’une révolution qui va plus
loin que la redéfinition de la monnaie et l’avènement de la décentralisation et
qui se déroule sous nos yeux. L’écriture de ce livre est donc née d’une part de
ma passion et de mon implication dans cet univers relativement nouveau,
mouvementé et révolutionnaire, et d’autre part de mon désir d’expliquer, de
partager, de faire découvrir et de structurer, ce qui, je l’espère, fera de ce livre
un ouvrage utile et pratique.
Énée Bussac, Munich, 24 juillet 2018.
1
Monnaie et cryptographie
Qu’est ce que la monnaie ?
La monnaie est un instrument créé par l’homme ayant trois fonctions :
– une réserve de valeur : quand je possède une pièce ou un billet, je possède
de la valeur, je peux la vendre ou l’échanger ;
– une unité de compte permettant le calcul économique ou la comptabilité :
cet objet vaut deux euros, ce service mille yens ;
– un intermédiaire : la monnaie permet d’échanger des biens et services et de
payer des dettes et obligations (elle a un « pouvoir libératoire »).
La monnaie fiduciaire (euro, dollar, etc.) est une institution
constitutionnelle rattachée à un territoire marchand appelé « marché
national ». La monnaie est l’instrument de paiement en vigueur dans ce
territoire à une époque donnée, du fait de la loi et des usages.
La cryptographie asymétrique
C’est pour répondre à cette problématique que la cryptographie asymétrique
a vu le jour à la fin du XXe siècle. En cryptographie asymétrique, chacun a sa
clé, ce qui évite de devoir envoyer de manière confidentielle la clé de
déchiffrement à son correspondant. Cette cryptographie asymétrique est
utilisée par toutes les cryptomonnaies. Aller dans un sens est facile et dans
l’autre quasiment impossible.
Ces fonctions à sens unique sont des fonctions mathématiques.
La cryptographie asymétrique est basée sur la distinction données
publiques/privées et sur deux clés : la clé publique, qui permet de chiffrer
(rendre le message inintelligible) et qui peut être mise à disposition de tous, et
la clé privée, qui permet de déchiffrer et qui doit rester absolument secrète.
C’est exactement ce système de public key/private key qui est utilisé dans les
cryptomonnaies. Ce système a deux avantages majeurs. La confidentialité du
message est assurée par l’utilisation de la clé publique pour chiffrer et de la
clé privée pour déchiffrer celui-ci. Autre avantage : celui de l’authenticité de
l’expéditeur, qui utilise la clé publique du destinataire pour coder un message
que seul le destinataire pourra décoder, car lui seul possède la clé privée
correspondant à sa clé publique. La cryptographie asymétrique est déjà
utilisée depuis longtemps par les banques et Internet pour coder des données
et des messages, par exemple des mots de passe.
Source : Wikipedia
2
L’écosystème des cryptomonnaies
Qu’est-ce qu’une cryptomonnaie ?
Une cryptomonnaie, ou monnaie cryptographique, monnaie numérique ou
encore monnaie virtuelle (dénomination a priori péjorative), est une monnaie
dont le fonctionnement et la sécurité sont fondés sur la cryptographie.
Elle remplit les trois fonctions essentielles de la monnaie :
– une réserve de valeur : quand je possède un bitcoin, je possède de la valeur
car je peux la vendre ou l’échanger ;
– une unité de compte permettant le calcul économique ou la comptabilité :
on peut déjà acheter certains produits ou services avec des cryptomonnaies,
des bitcoins notamment ;
– un intermédiaire : les cryptomonnaies sont faites pour être échangées, pour
le moment essentiellement à des fins de spéculation, et sur des places de
marché particulières.
Le fonctionnement et la sécurité d’une cryptomonnaie s’appuient sur la
cryptographie asymétrique.
Les cryptomonnaies sont régies par un protocole qui définit des fonctions
cryptographiques permettant l’échange de la monnaie dans un réseau mondial
sécurisé et sans contrôle. Contrairement aux monnaies fiduciaires (euro,
dollar, won, etc.), une monnaie cryptographique n’est pas nécessairement
créée par une banque centrale à l’initiative d’un État ou d’un groupe d’États,
mais peut l’être par un ou des individus, une organisation ou une entreprise,
avec presque toujours la décentralisation comme principe de fonctionnement.
Une cryptomonnaie n’existe que sous forme électronique et n’est pas
rattachée à un territoire.
La plus connue des cryptomonnaies est le bitcoin, qui a lancé le mouvement
en 2009 en introduisant la technologie de la blockchain. Toutes les
cryptomonnaies se distinguent les unes des autres essentiellement par leur
valeur (déterminée par la loi de l’offre et de la demande et relativement
volatile), leur rythme de création (de nouvelles unités monétaires sont créées
à une fréquence prédéfinie), le fonctionnement de leur blockchain et leur
projet.
Chaque cryptomonnaie est utilisable sur un réseau informatique et est
caractérisée par un symbole (ticker) généralement de trois lettres majuscules
(BTC pour bitcoin). La cryptomonnaie est couplée à un système de paiement
qui permet de régler des transactions de pair à pair. Elle a un fonctionnement
décentralisé (sauf rares exceptions) et est régie par un protocole initial qui
stipule le rythme et les règles de création et d’attribution de nouveaux coins.
À noter que vous verrez apparaître de plus en plus le terme « cryptoactif »
(cryptoasset en anglais). Ce terme donne une dimension plus grande aux
cryptomonnaies. La plupart n’ont pas pour but d’être simplement une
monnaie. Elles constituent à la fois un actif financier reflétant la valeur de la
société émettrice et un outil permettant d’utiliser un service, comme un
réseau d’ordinateurs pour faire tourner des contrats intelligents. Je continuerai
à utiliser le terme « cryptomonnaie » par souci de simplification.
Résumé
Le bitcoin
Origines
Nous l’avons vu, les cryptomonnaies sont à la fois des monnaies et des
systèmes de paiement. Cependant, les deux n’ont pas forcément le même
nom. Avec le bitcoin, la différence est assez subtile : le bitcoin est une
cryptomonnaie et le Bitcoin un système de paiement. C’est la première
cryptomonnaie à avoir été créée (fin 2008) et la plus emblématique. C’est elle
qui a introduit le principe du paiement de pair à pair sans organe de contrôle
ni système centralisé (autrement dit sans banque ni compte en banque), mais
aussi la technologie de la blockchain et l’algorithme de consensus « Proof of
Work », repris par de nombreuses cryptomonnaies. Elle représente à elle
seule plus de 40 % de la capitalisation boursière des cryptomonnaies (en
avril 2018). Initialement, le bitcoin se voulait être LA monnaie numérique
(digital cash) et le Bitcoin un système de paiement rapide, peu onéreux,
efficace, anonyme, décentralisé et modulable, mais d’autres monnaies
remplissent ces fonctions mieux qu’elle, si bien qu’elle s’est trouvée une
autre vocation.
Le bitcoin a été créée par une personne, un groupe de personnes ou une
entité dénommée « Satoshi Nakamoto » fin 2008. Même s’il y a de
nombreuses rumeurs qui circulent sur la véritable identité de ce Satoshi
Nakamoto, personne (ou presque !) ne sait qui est ce mystérieux personnage,
qui pourrait être décédé ou être en fait un groupe de personnes. Le fait que
son nom soit typiquement japonais explique peut-être le succès du bitcoin et
des cryptomonnaies dans ce pays. Ce qu’on sait en revanche, c’est que ce
Satoshi Nakamoto a miné les premiers bitcoins pendant presque deux ans et
qu’il en détiendrait environ un million, ce qui fait de lui, au cours actuel, un
homme très riche. L’activité du wallet bitcoin de Satoshi Nakamoto est suivie
de près par plusieurs personnes ; il continuerait à être alimenté en bitcoins
mais aucune n’en sort…
Apports du bitcoin
Le succès du bitcoin tient au fait que c’est la première cryptomonnaie à avoir
vu le jour : elle a apporté la technologie de la blockchain et le concept même
de cryptomonnaie. Aujourd’hui, le bitcoin est la monnaie des
cryptomonnaies : toutes les autres cryptomonnaies sont cotées en bitcoin, et
vous finirez par avoir du bitcoin entre les mains à un moment ou un autre si
vous voulez acheter d’autres cryptomonnaies. Le bitcoin est la porte d’entrée
vers le trading de cryptomonnaies. Du fait de sa célébrité et de son poids
financier (plus de 40 % de la capitalisation boursière des cryptomonnaies
à elle seule en mai 2018), c’est la monnaie que regardent tous les
investisseurs, notamment professionnels, et c’est donc elle qui donne la
tendance du marché. Le « Quand le bâtiment va, tout va » de l’économie
traditionnelle devient, dans le monde des cryptomonnaies : « Quand le
bitcoin va, tout va ». Et inversement. Enfin, le bitcoin est la cryptomonnaie
aujourd’hui la plus acceptée par les commerces en ligne et hors ligne. C’est
celle qui compte le plus de distributeurs physiques (avec des billets de
banque ou carte bancaire), notamment en Asie et en Amérique du Nord.
Le système de paiement Bitcoin a apporté la blockchain et l’algorithme
« Proof of Work ». Le Proof of Work, qui permet de parvenir à un consensus
sur la blockchain du bitcoin (sur les transactions qui ont bien eu lieu),
nécessite des investissements en informatique et des consommations
d’électricité phénoménales, ce qui fait l’objet de critiques. En 2018,
l’équivalent de la consommation électrique de la Serbie (plus de sept millions
d’habitants) est nécessaire pour « miner » le bitcoin et cette consommation
a tendance à croître rapidement car, plus vous investissez en matériel
informatique et consommez d’électricité, plus vous avez de chances de
recevoir des bitcoins pour votre contribution au système.
Limites du bitcoin
Le bitcoin n’est cependant pas, et encore loin d’être, une monnaie utilisée
dans la vie de tous les jours pour plusieurs raisons :
– il n’a de cadre légal pour être utilisé comme moyen de paiement dans
aucun pays pour le moment ;
– son utilisation pose des problèmes de sécurité ;
– les transactions peuvent durer plusieurs minutes (plusieurs dizaines de
minutes fin 2017) ;
– son prix est hautement volatile ;
– ses frais de transaction sont relativement élevés ;
– les systèmes centralisés (banques, cartes de crédit, Paypal…) sont
aujourd’hui la norme. Ils proposent des systèmes de protection et de recours
relativement efficaces, ont des interfaces pratiques et agréables, des moyens
d’innover et de garder une longueur d’avance sur les systèmes décentralisés
tels Bitcoin ;
– les entreprises et les commerçants ont besoin de temps pour comprendre et
adopter le système.
En outre, comparé à ceux des autres cryptomonnaies, le système Bitcoin
est :
– relativement cher, ce qui empêche son utilisation pour des produits ou
services de la vie de tous les jours ;
– relativement lent, car le nombre de transactions est limité à environ 200 par
minute, insuffisant pour faire du Bitcoin un système de paiement mondial ;
– de moins en moins décentralisé, puisque les cinq plus grands pools de
miners représentent les trois quarts de la création de blocs ;
– peu modulable : le nombre de transactions et la taille des blocs sont
limités, et la communauté du bitcoin préfère laisser les mécontents faire des
hard forks plutôt que changer ces règles ;
– pas forcément anonyme, surtout si vous laissez vos bitcoins sur des
exchanges.
Les limitations du système Bitcoin sont en revanche une aubaine pour les
créateurs des autres monnaies, qui, chacune à sa manière, apportent des
solutions aux défauts de ce système. Litecoin ou Zcash, par exemple,
permettent de réaliser des transactions rapidement pour des coûts
raisonnables dans le but de détrôner le bitcoin comme monnaie numérique de
référence. Monero garantit un plus grand anonymat. Nous le verrons plus
tard, la plupart des autres monnaies cryptographiques ne cherchent pas
à remplacer le bitcoin. Plusieurs d’entre elles innovent dans leur projet, le
fonctionnement de leur blockchain et le degré de décentralisation.
Le Lightning network
Le Lightning network est un protocole de paiement « deuxième couche » qui
fonctionne parallèlement à une blockchain (notamment celle de Bitcoin).
Il permet des transactions instantanées entre les participants, une solution au
problème de scalabilité de Bitcoin. Il propose un système peer-to-peer pour
effectuer des micropaiements en cryptomonnaie à travers un réseau de canaux
bilatéraux parallèle à la blockchain, tout en maintenant la confiance dans le
système afin que deux participants qui ne se connaissent pas puissent
s’échanger des fonds en toute sécurité. Il permet d’augmenter la capacité de
transactions d’une blockchain tout en maintenant la sécurité de celles-ci. Le
Lightning network est actuellement testé sur la blockchain de Bitcoin et
semble tenir ses promesses. Il y aurait un millier de participants et une
quinzaine de bitcoins sur ce réseau parallèle mi-mai 2018.
Résumé
Résumé
Les stablecoins
Un stablecoin est un coin qui réplique la valeur d’un actif financier. C’est une
valeur refuge pour des investisseurs qui veulent se protéger contre la
volatilité du marché des cryptomonnaies sans en sortir. Le Tether (USDT),
token émis par Theter ltd qui réplique la valeur du dollar US, est très proche
de Bitfinex, un exchange basé à Hong Kong, le premier en date et en
capitalisation des stablecoins. Il figure systématiquement dans le top 20 des
capitalisations en cryptomonnaies. D’autres monnaies arrimées sur le dollar
US sont sorties en 2018 (TUSD, USDC, etc.), et des monnaies vont
également voir le jour, comme celle que Mitsubishi veut lancer, laquelle sera
arrimée au yen japonais.
Comment le cours de ces monnaies peut-il rester stable dans un marché si
volatil ? Pour maintenir leur cours proche d’une fois la monnaie dont elles
répliquent la valeur, les émetteurs rachètent leur coin. Voici le cours du
Tether depuis son lancement début 2015 (voir la ligne au centre).
Source : Coin market cap
Les stablecoins sont des actifs majeurs du marché des cryptomonnaies. Si
vous regardez les monnaies avec lesquelles sont achetées les cryptomonnaies
les plus importantes, vous verrez que le Tether (USDT) arrive toujours en très
bonne place1.
Résumé
• Un stablecoin est un coin qui réplique la valeur d’un actif financier (par
exemple une monnaie fiduciaire).
• Un stablecoin est une valeur refuge dans un marché connaissant de
fortes variations, que les investisseurs vendent quand le marché monte et
achètent quand il baisse.
• Le stablecoin le plus important est le Tether (USDT), qui réplique la
valeur du dollar US. C’est un outil utilisé par les investisseurs pour se
protéger contre les variations du marché.
• Les stablecoins sont amenés à se multiplier lorsqu’États et entreprises se
mettront à créer leurs propres monnaies, car ils ne voudront pas que leur
cours subissent de trop fortes fluctuations.
Résumé
Résumé
Résumé
• Début 2018, on peut classer les coins suivant leur projet dans cinq
grandes catégories : les coins purs, les financiers, les technologiques, les
communautaires et les « monde réel ».
• Chaque coin sérieux a un projet, une application dans le monde réel et
des concurrents.
• La plupart des coins ont seulement quelques mois ou années.
• Le type de projets et donc de familles et sous-familles de coins va évoluer
rapidement.
La blockchain
Définition et principe de fonctionnement
La blockchain est une technologie de stockage et transmission d’informations
sans organe de contrôle. Comme son nom l’indique, la blockchain est une
suite informatique de blocs liés cryptographiquement les uns aux autres (d’où
le mot chaîne). Ils contiennent des informations et ont une structure ainsi
qu’un rythme de création définis par un protocole initial. Ces informations
sont vérifiées et groupées par des entités appelées mineurs à une fréquence et
avec des règles prédéfinies selon un algorithme de détermination du
consensus appelé « Proof of ». Les mineurs sont rétribués en coins de la
cryptomonnaie en question.
Une blockchain évolue sur un réseau informatique peer-to-peer (pair à pair)
décentralisé et mondial, composé de nœuds, d’utilisateurs et de mineurs : les
utilisateurs envoient des informations, les nœuds les transmettent et les
mineurs les regroupent en blocs, pérennisant ainsi le système. La blockchain
constitue donc un registre informatique d’informations accessible à tous et
constamment mis à jour par des mineurs selon des règles très précises.
Une blockchain est toujours unique et inaltérable : il ne peut y avoir
durablement deux blockchains pour le même système (une même
cryptomonnaie par exemple). On ne peut modifier les informations incluses
dans une blockchain, à moins qu’une majorité d’utilisateurs ne soit d’accord,
car tous les blocs sont liés cryptographiquement entre eux selon des règles
très précises et immuables. Il se peut qu’il y ait pendant un court laps de
temps deux blockchains pour diverses raisons : c’est toujours la blockchain la
plus longue (qui contient le plus de blocs) qui prévaudra ; l’autre sera
abandonnée.
On peut comparer une blockchain à une tour de Lego où chaque bloc a une
empreinte inférieure et une empreinte supérieure, ce qui fait que si je veux
poser un nouveau bloc, je dois tenir compte de l’empreinte supérieure du
précédent et la mienne aura un impact sur l’empreinte inférieure du bloc
suivant. Le système devient donc plus sûr à chaque bloc. En effet, pour
pirater une blockchain, il faudrait modifier les informations de chaque bloc,
puisqu’ils sont interdépendants, ce qui est impossible au vu de la puissance
de calcul phénoménale que cela demanderait (il faudrait modifier la
blockchain dans chaque ordinateur où elle se trouve, puisqu’elle est
disponible publiquement).
Il faut bien avoir conscience que quand nous parlons ici de bloc,
d’empreinte, de blockchain, de transaction, etc., il s’agit de suites
généralement assez longues et bien évidemment incompréhensibles de
caractères (chiffres et lettres) dont la constitution est régie par des règles
cryptographiques et effectuée par un logiciel de chiffrement propre à chaque
cryptomonnaie. Les programmes qui traitent ou effectuent des transactions de
cryptomonnaies manipulent et échangent des séries de chiffres et de lettres
qu’ils interprètent et rendent intelligibles pour nous selon des règles très
précises, tout comme votre navigateur Internet (Firefox, Safari, Opera…)
« traduit » le code d’une page Internet en langage HTML, CSS, Java, etc.,
pour l’afficher sur votre écran d’une manière esthétique et compréhensible
suivant des règles tout aussi précises (celles de chaque langage informatique).
Chacun peut consulter la blockchain de n’importe quelle monnaie, la
télécharger sur son ordinateur et même investir dans du matériel pour miner
et engranger quelques coins soi-même. Si vous téléchargez par exemple le
ledger (ensemble des transactions) du bitcoin, vous saurez quelles
transactions ont lieu dans le système Bitcoin depuis qu’il existe. Chouette,
non ? C’est public, chacun peut le faire. Personne ne contrôle cette création
de monnaie et chacun a intérêt à y participer car les mineurs, c’est-à-dire ceux
qui œuvrent assidûment à la pérennisation du système, sont rétribués pour
valider des blocs de transactions et résoudre des algorithmes mathématiques
complexes garants de la bonne continuation du système dans le cas du Proof
of Work.
La seule manière d’empêcher la création d’une blockchain et donc celle de
cryptomonnaies serait de supprimer Internet, car si on empêche tels mineurs
ou tel pays d’avoir accès au système, d’autres le feront à leur place. Le
système est fait de telle manière qu’une tentative de triche (par exemple
s’attribuer des coins ou essayer de dépenser deux fois le même coin) est
repérée et punie très rapidement, généralement par l’exclusion ad vitam
eternam de la communauté qui participe à la blockchain. On a bien plus vite
fait de s’enrichir en contribuant au consensus (c’est-à-dire au minage) qu’en
essayant de pirater le système.
Une blockchain permet in fine de déterminer la réalité d’un système donné
en offrant la capacité de répondre à tout moment de manière très précise et
fiable à deux questions fondamentales :
– directement : que s’est-il passé ?
– indirectement, dans le cas de blockchains qui répertorient des transactions :
qui possède quoi à un moment donné ? (Le « qui » se référant à des public
addresses et le « quoi » à des montants).
La blockchain appliquée aux cryptomonnaies
Dans le cas des cryptomonnaies, les utilisateurs sont des entités effectuant
des transactions. Chaque transaction valide est intégrée à un bloc qui contient
des centaines ou des milliers d’autres transactions et est ajouté à la
blockchain. Chaque cryptomonnaie dispose soit de sa propre blockchain, soit
utilise celle d’une autre cryptomonnaie, généralement ether.
Les mineurs sont ceux qui forment et valident des « blocs » de transactions
(généralement 1 000 à 2 000 et jusqu’à 4 200 dans le système Bitcoin) qu’ils
rendent compatibles avec les précédents en respectant certaines règles et
ajoutent à la blockchain. Chaque bloc reprend des informations des blocs
précédents et est enregistré dans la blockchain, qui est disponible
publiquement (blockchain.info pour le bitcoin).
Résumé
Proof of…
L’algorithme « Proof of » est le procédé utilisé par la blockchain pour
parvenir au consensus. Chaque système de cryptomonnaies est basé sur un
programme (écrit en C++, Python, Solidity, etc.), qui détermine la fréquence
et les modalités de création de nouveaux coins et leur attribution. Pour
prétendre à l’attribution de coins, il faut apporter quelque chose au réseau et
le prouver (proof veut dire preuve en anglais) par divers moyens qui varient
suivant le « Proof of » et la monnaie. Vous pouvez obtenir des coins générés
automatiquement si vous contribuez à la bonne tenue du réseau en respectant
le protocole initial, qui est consultable par tous. Les algorithmes « Proof of »
sont donc au cœur du fonctionnement des cryptomonnaies et apportent deux
éléments fondamentaux : ils assurent la continuité et la bonne tenue du
système, et ils permettent de motiver et rémunérer le plus justement possible
les « bonnes » personnes, c’est-à-dire celles qui se chargent de créer des
blocs le plus rapidement et efficacement dans le respect du protocole.
Remplir les conditions du « Proof of » de chaque monnaie permet de
recevoir des coins, autrement dit de l’argent, ce qui est bien évidemment
motivant. Dans le cas du bitcoin, ce sont l’équivalent de plusieurs millions de
dollars qui sont distribués chaque jour aux mineurs sous forme de bitcoins,
sachant que, fin 2017, cinq pools de mineurs, essentiellement chinois,
représentaient les trois quarts du minage de bitcoins. Les blockchains de
toutes les cryptomonnaies sont de ce fait impeccables, car les participants au
système ont tout intérêt à respecter le protocole à la lettre et de le faire
rapidement pour toucher les primes. Le système de « Proof of » choisi par
chaque monnaie est un élément différenciateur fondamental, car il faut
effectuer des tâches assez différentes de l’une à l’autre pour prétendre aux
primes, si bien que chaque réseau de cryptomonnaies va avantager tel ou tel
comportement et tel ou tel type d’utilisateur en fonction du système de
« Proof of » en vigueur. Chaque système essaie d’être le plus juste et efficace
possible, et chacun a ses avantages et ses inconvénients.
Résumé
Les forks
Un fork (bifurcation en français) est un événement qui se produit au sein
d’une cryptomonnaie lorsque le consensus de la communauté qui participe
à la blockchain associée (les mineurs notamment) est rompu car une partie de
cette communauté voudrait mettre en place des changements du protocole, et
que l’autre partie le refuse. Un fork est nécessaire dès lors qu’une partie non
négligeable de la communauté souhaite changer le code de la blockchain, par
exemple pour renforcer la sécurité, augmenter la taille des blocs ou changer
le nombre de coins émis par bloc ou au total.
ETH et ETC
Ce sont surtout les hard forks des monnaies connues qui attirent l’attention.
Par exemple celui de la blockchain de l’Ethereum qui s’est produit en
juillet 2016 et suite à laquelle l’ether (ETH) tel que nous le connaissons
aujourd’hui est né. Le hard fork a eu lieu suite à une attaque d’un hacker qui
a réussi à dérober autour de 60 millions de dollars en ether grâce à un smart
contract. Une partie de la communauté derrière Ethereum a voulu que cette
attaque soit « effacée » de la blockchain, comme si elle n’avait jamais eu lieu.
Ceci impliquait de la réécrire et contrevenait à son aspect inaltérable. Comme
le fondateur d’Ethereum Vitalik Buterin était en faveur de cette solution, le
nom (ether) et le ticker (ETH) qui prévalaient avant cette hard fork sont
revenus à cette blockchain « modifiée ». La blockchain initiale, non modifiée,
a donc pris le nom d’Ethereum classic et le symbole ETC. ETC vaut,
à l’heure où j’écris3, environ vingt fois moins qu’ETH mais reste dans le top
20 des cryptomonnaies.
Free money
Les hard forks sont parfois labellisés « free money » par les investisseurs car
vous recevez le même nombre de coins de la nouvelle monnaie que ceux que
vous déteniez de l’ancienne juste avant le hard fork. Pourquoi ? Parce que
quand un hard fork a lieu, on ne vous demande pas à vous, cher investisseur,
de choisir votre camp. On vous donne le même nombre de coins de chaque
monnaie au moment du fork. Techniquement parlant, l’ancienne blockchain
et donc les coins qu’elle renferme sont « copiés » au moment du hard fork
pour créer la nouvelle blockchain, ce qui fait que les coins que vous détenez
dans votre wallet au moment du hard fork sont elles aussi copiées. À partir du
moment où le hard fork a lieu, la blockchain se scinde en deux et vous
pouvez investir dans l’une et/ou l’autre, de même que les miners peuvent
miner l’une et/ou l’autre, qui sont à présent deux blockchains et deux
monnaies indépendantes. Théoriquement, si le coin que vous aviez avant le
hard fork valait 100, le coin historique après le hard fork vaudra 90 ou 95 et
le nouveau 10 ou 5, ce qui fait qu’il n’y a pas vraiment de « free money ».
Dans la pratique, vos coins se dédoublent bien et quand le hard fork réussit,
comme ce fut le cas pour Ethereum mi-2016, bitcoin cash le 1er août 2017 ou
bitcoin gold le 5 décembre 2017, les deux coins prennent de la valeur et
comme vous possédez les deux, vous êtes a priori content d’avoir pris part au
hard fork.
Résumé
• Un fork est une évolution de la blockchain qui donne lieu à une simple
mise à jour ou une scission, suivant que la communauté s’entend ou pas
sur les modalités de cette évolution.
• Un soft fork est une simple mise à jour de la blockchain et n’entraîne pas
de scission.
• Un hard fork est la mise en place de changements importants dans la
blockchain, non voulus par la totalité de la communauté, et donne lieu à la
scission de la blockchain en deux blockchains et donc deux monnaies
distinctes
• Lors d’un hard fork, les détenteurs de la monnaie à ce moment reçoivent
en plus la même quantité de la nouvelle monnaie.
Résumé
Le minage
Le minage (mining, ou fait de miner) est une activité qui permet de créer un
consensus dans un système décentralisé, mais qui ne consiste pas à créer des
bitcoins avec son ordinateur… Dans les blockchains Proof of Work des
cryptomonnaies, le minage est le fait de contribuer à la continuité du système
en créant et ajoutant à la blockchain des blocs de transactions selon des
conditions spécifiées dans le protocole de la cryptomonnaie (qui détermine
notamment de quoi doit être constitué un bloc, à quelle fréquence les blocs
doivent être créés, quel algorithme de consensus est utilisé et quelle
récompense est accordée au mineur qui détermine le consensus) et
l’algorithme de consensus (qui détermine qui « a raison », c’est-à-dire selon
quels critères un mineur est choisi pour ajouter son bloc à la chaîne et ainsi
déterminer le consensus).
On compte trois types de participants dans le réseau d’une blockchain
PoW :
– Les utilisateurs (users, aussi qualifiés de light nodes), qui forment la
grande majorité des participants. Ils veulent recevoir et envoyer des
paiements ou des données sans devoir s’occuper de la structure du système.
Ils ne détiennent généralement pas l’intégralité de la blockchain (autrement
dit, ils ne l’ont pas téléchargée), même s’ils le pourraient, puisqu’elle est
disponible pour tous. Quand ils veulent procéder à une transaction, ils
envoient l’information nécessaire de leur wallet à des nœuds, et les mineurs
du système la font suivre afin de la présenter pour vérification à d’autres
nœuds et mineurs afin d’aboutir à un consensus.
– Les nœuds, nodes ou full nodes, reçoivent des informations d’utilisateurs
et d’autres nœuds, les vérifient et les transmettent encore à d’autres. Ils
sauvegardent la blockchain entière afin de garantir la décentralité du
système : plus il y a de personnes qui partagent cette information, plus le
système est difficile à perturber ou éliminer, car il peut facilement renaître
de ses cendres en cas d’attaque ; c’est un des grands atouts apportés par la
décentralisation.
– Les mineurs contrôlent et vérifient les transactions que les utilisateurs
souhaitent effectuer en se pliant au protocole de la monnaie et
à l’algorithme de consensus. Ils perçoivent des frais sur chaque transaction
pour rémunérer leur travail, en plus de la récompense fixe attribuée
à chaque validation de bloc.
Dans le réseau d’une blockchain PoS, on compte aussi trois types de
participants :
– les utilisateurs ;
– les nœuds ;
– les masternodes (nœuds majeurs) qui possèdent et activent le wallet de la
cryptomonnaie sur leur ordinateur avec suffisamment de coins dessus pour
pouvoir jouer le rôle de mineur et toucher ainsi des primes.
Théoriquement, un participant peut jouer ces trois rôles : vérifier les
transactions (rôle du mineur/masternode), transmettre les informations au
réseau (rôle du nœud) et utiliser le système pour recevoir ou envoyer des
paiements (rôle de l’utilisateur). Dans la pratique, les participants au système
sont la plupart du temps spécialisés sur un voire deux des trois rôles.
Beaucoup de nœuds se contentent de contrôler et transmettre l’information
sans procéder eux-mêmes à des vérifications ou des paiements. Ils participent
bénévolement à la bonne tenue du réseau en mettant la puissance de calcul de
leur ordinateur à sa disposition, car ils croient dans le projet de la
cryptomonnaie, mais ne veulent ou ne peuvent pas investir suffisamment
pour devenir mineurs. La plupart des utilisateurs adoptent le système pour
échanger de la monnaie ou des données et ne cherchent pas à savoir ce qui se
passe en coulisses ou y contribuer : ce sont des consommateurs qui acceptent
de payer des frais pour le service rendu. Ils laissent le soin aux mineurs de
vérifier la véracité des transactions et de créer des blocs pour garantir la
perpétuation et l’unicité de la blockchain, assurée essentiellement par le
travail des mineurs qui sont rémunérés pour ce faire par les frais des
transactions du bloc miné et une récompense prédéterminée (par exemple
12,5 bitcoins par bloc).
Résumé
Constitution de la blockchain
Le bloc sera ajouté à la blockchain et servira de référence au bloc suivant, qui
commencera immédiatement à être miné. Le mineur encaissera la
récompense en coins et des frais des transactions qu’il a incluses dans son
bloc, ce qui couvrira a priori ses frais de main-d’œuvre, son matériel
informatique, sa consommation électrique, son loyer, etc. Il y a donc une
grande part de hasard dans l’attribution de nouveaux blocs et une dépense
formidable d’énergie pour arriver à trouver une empreinte qui satisfasse le
niveau de difficulté du moment, car tout ce que les mineurs se contentent de
faire, c’est de rassembler des transactions, les transformer en blocs, qui ne
sont au final qu’une longue série de caractères, et passer cette série dans la
fonction de hachage en lui ajoutant des milliards de nonces jusqu’à trouver le
bon. Une fois le bloc validé, le consensus est établi, il est « vérité » et ne peut
plus être modifié. Il est lié irrémédiablement aux blocs précédents et fait
partie de la blockchain, qui est bien une chaîne de blocs. Les transactions qui
le composent sont confirmées. Dans le cas du bitcoin, elles le seront
définitivement quand en moyenne quatre blocs plus tard seront ajoutés, car
chaque bloc renforce les blocs précédents.
Blocs orphelins
Un orphan block (bloc orphelin) est un bloc qui est certes valide, mais n’est
pas accepté par la communauté car un autre mineur a trouvé à peu près en
même temps un autre bloc et que la majorité de la communauté a validé cet
autre. Deux blocs trouvés en même temps seront très probablement
différents, car les mineurs ne mettent pas les mêmes transactions dans les
blocs qu’ils forment. Ils peuvent néanmoins très bien être valides tous les
deux. Comment déterminer lequel est « le bon » ? Au moment où ces blocs
sont trouvés, il existe en quelque sorte deux blockchains de longueurs (c’est-
à-dire de nombre de blocs) égales, qui sont toutes les deux valides, ce qui
contrevient au principe d’unicité. Le système résout ce problème de la
manière suivante : les deux chaînes coexistent jusqu’à ce qu’un nouveau bloc
soit trouvé. La chaîne que vient compléter ce nouveau bloc sera, au moment
où le bloc est trouvé, la plus longue et, comme c’est la plus longue qui est
privilégiée, l’autre sera abandonnée. Le bloc abandonné devient un orphan
block, et les transactions qu’il contenait et qui n’ont pas été prises en compte
dans l’autre blockchain doivent être à nouveau confirmées. Les transactions
finissent toujours par être confirmées lorsqu’elles sont valides, même
lorsqu’elles sont petites.
Source : Myetherwallet
Rétention de blocs
Le système Proof of Work encourage les mineurs à travailler le plus
efficacement et rapidement possible pour toucher les primes : c’est une
course contre la montre. Pourtant, il peut être tentant pour un mineur de ne
pas dévoiler immédiatement à la communauté un bloc valide. Une grande
part de hasard intervient dans le minage. Dans le système Bitcoin, un bloc
doit être trouvé toutes les 10 minutes, mais il peut se passer aussi bien
3 minutes que 17 entre deux blocs en raison de la nature même du minage. Si
un mineur a de la chance et trouve le bon nonce disons en 3 minutes, il peut
proposer son bloc à la communauté et empocher la récompense. Il peut aussi
prendre le risque de ne pas le faire tout de suite et commencer
immédiatement à chercher le bloc qui suit le sien pendant que le reste de la
communauté est encore à la recherche du bloc précédent. Imaginons que le
reste de la communauté a eu besoin de 10 minutes pour trouver le bloc qui
correspond à celui que notre mineur a trouvé 7 minutes plus tôt et qu’un
mineur de cette communauté le présente : ce bloc est validé. Cependant, notre
mineur rebelle est toujours à la recherche du bloc qui suit celui qu’il avait
trouvé au bout de 3 minutes. Admettons que la communauté a besoin
à nouveau de 10 minutes pour trouver le bloc suivant, soit 20 minutes après le
début de notre histoire, et que notre mineur a eu besoin de 11 minutes pour
trouver le bloc qui suit le sien, soit 14 minutes après le début de notre
histoire. Dans ce cas, le mineur rebelle présenterait les deux blocs, qui sont
valides et constitueraient ainsi la chaîne la plus longue (un bloc de plus que
l’autre chaîne). Le bloc trouvé au bout de 10 minutes par un autre mineur
serait immédiatement abandonné car les mineurs travaillent toujours sur la
chaîne la plus longue, et notre mineur rebelle toucherait les primes des deux
blocs qu’il présente à la communauté. Malin, non ?
Exemple de résumé de transaction Bitcoin :
Source : blockchain.info
Résumé
• Dans une blockchain PoW, une transaction commence par l’envoi d’une
requête par un utilisateur au réseau (svp envoyez × coins de ma public
address à l’adresse xyz).
• Les mineurs prennent connaissance et vérifient la validité de cette
transaction, qui se répand sur tout le réseau en quelques millisecondes.
• Une fois validée, ils la transforment en Tx-ID, une série de caractères, lui
adjoignent des milliers d’autres Tx-ID, ainsi que quelques données
obligatoires, obtenant une nouvelle série de caractères très longue.
• Ils ajoutent des milliards de fois un nombre aléatoire, un nonce, à cette
série de caractères jusqu’à trouver une empreinte (hash) qui satisfasse le
niveau de difficulté du moment, et ainsi former un bloc valide qui sera
ajouté aux autres, pour perpétuer la blockchain et toucher une prime en
coins.
Pour l’ether par exemple, on parle de gas, gas limit et gas price. Les frais de
transaction que vous indiquez et êtes prêt à payer sont égaux à gas limit (ou
gas) × gas price :
– Gas limit est le nombre maximum d’unités de travail que vous êtes prêt
à payer aux mineurs pour qu’ils traitent votre transaction.
– Gas price est le prix d’une unité de ce gas, exprimé en Gwei (milliardièmes
d’ether).
Vous indiquez donc le prix maximal que vous êtes prêt à payer, sachant que
les mineurs privilégient les transactions ayant le gas price le plus élevé. En
temps normal, vous payerez autour de 21 000 × 20 Gwei, soit 0,00042 ETH,
mais cela varie (à la hausse), notamment en cas d’émission de token.
Si vous voulez passer devant tout le monde, vous pouvez offrir plus, mais
ne vous emballez pas, car seules très peu de personnes les mettent à un haut
niveau (50 Gwei ou plus) et qu’un bloc est miné de toute façon toutes les
quinze secondes. Si votre transaction est traitée, le mineur vous rendra une
partie des frais que vous étiez prêt à payer, mais vous perdrez l’intégralité de
ces frais si elle échoue.
Je m’explique : si votre transaction est réalisée avec succès, le mineur vous
facturera un certain montant de gas qui dépend du travail qu’il (ou plutôt son
ordinateur) a fourni, multiplié par le gas price que vous avez fixé. Si votre
transaction échoue, le mineur aura essayé de la faire passer jusqu’à épuiser la
gas limit que vous lui avez accordée et vous la facturera donc intégralement
en la multipliant par le gas price que vous avez fixé.
Dans l’exemple ci-après, je suis prêt à payer 259 197 × 10-9 = 0,000259197
ETH, soit autour de 0,22 $ pour envoyer mes trois ethers, ce qui est trop
faible d’ailleurs : il faut au moins mettre 2 Gwei comme gas price, la norme
étant à 20 et bien plus en cas d’ICO (voir chapitre 5).
En cas de création de tokens (ICO), les frais de transaction s’envolent, car
beaucoup de personnes veulent transférer en même temps leurs coins vers
l’émetteur des tokens. On atteint facilement des gas prices de 50 Gwei et des
gas limits de 300 000.
• Quand vous envoyez des coins à partir d’un wallet, vous payez toujours
des frais de transaction, déterminés par l’exchange dans le cas d’un
exchange wallet, et par vous dans les autres cas.
• Dans le cas d’ether, ces frais sont obtenus en multipliant le gas limit (le
nombre d’unités de travail maximum que vous demandez aux mineurs de
fournir pour traiter votre transaction) par le gas price (le prix par unité de
travail que vous êtes prêt à payer, en Gwei) déterminés par vous.
• Si votre transaction est effectuée avec succès, le mineur vous facturera le
nombre d’unités de travail dont il a effectivement eu besoin pour intégrer
votre transaction à un bloc, et qui est nécessairement inférieur au
maximum que vous avez fixé fois le gas price que vous avez fixé.
• Si votre transaction échoue, le mineur vous facturera toutes les unités de
travail (gas limit) fois le gas price que vous avez fixé, car il aura épuisé
toutes les unités de travail que vous lui avez accordées pour tenter de
faire passer votre transaction, en vain.
4
Le marché des cryptomonnaies
L’année 2017
L’essor fulgurant des cryptomonnaies a vraiment été pour beaucoup
l’événement financier majeur de l’année 2017. À de très rares exceptions
près, le cours des cryptomonnaies a explosé (à partir de mai), ce qui
a nettement enrichi des investisseurs avertis. Le tableau suivant, basé sur 131
cryptomonnaies (coins et tokens), montre le coefficient multiplicateur du
cours des coins par famille entre le 1er janvier et le 31 décembre 2017,
sachant que la progression du cours des monnaies qui sont apparues en 2017
a été extrapolée pour avoir une base de comparaison identique pour chaque
monnaie (d’où le mot « pondéré »). Je profite de ce tableau pour faire un peu
de prospective et envisager l’évolution possible de la place de chaque sous-
famille dans les années 2020.
Coefficient
Rang capitalisation Rang Évolution
132 cryptomonnaises (2017) multiplicateur
boursière progression possible
pondéré
Le cash numérique 1 90 14 Les universelles
Les anonymes 9 1026 1 Les criminelles
Les sécuritaires 7 370 4 Les officielles
Les rapides 6 65 17 Les retail
Les people coins 21 659 2 Le développement
Les discount 8 13 24 durable
Les welfare
Les places de marché 12 68 16 Les ecommerce
Les bancaires 5 296 5 Les Paypal
Les gestionnaires d'actifs 17 52 18 Les coffres forts
numériques 19 22 23 Les cartes de
Les solutions de paiement 24 45 20 crédit
Les solutions de prêt Les systèmes de
dettes
Les blockchains 2 132 10 Les systèmes
Les plateformes 3 91 13 d’organisation
d’applications 4 124 11 Les smartphones
Les smarts contracts 15 72 15 Les systèmes
Les storage cloud 10 149 7 d’automatisation
Les IOT Les data centers
Les machine
coins
Les blockchains
Technologie révolutionnaire et au cœur des cryptomonnaies, la blockchain
permet de gérer bien plus que des monnaies, et nombreuses sont les
entreprises qui l’ont compris. La plupart ont des équipes qui étudient la
possibilité d’utiliser cette technologie à leur profit, sachant qu’elle est
accessible à tous (Satoshi Nakamoto ne demande pas de droits d’utilisation).
Appliquer la blockchain aux processus des entreprises requiert cependant des
adaptations et une certaine expertise qu’apportent les entreprises émettrices
de cryptomonnaies qui ont pour projet d’apporter cette technologie au monde
réel. Quelques exemples de sociétés de cette sous-famille : Ethereum,
Komodo, Waves, Factom, NEM.
Résumé
Une bulle ?
Qu’est ce qu’une bulle ?
Le terme de bulle est souvent utilisé pour décrire le marché des
cryptomonnaies. Il est vrai que, pour qui suit de près ou de loin les marchés
financiers en général, et celui des cryptomonnaies depuis 2017 en particulier,
il est difficile de croire qu’on n’a pas affaire à une bulle.
Qu’est ce qu’une bulle dans le domaine financier au juste ? Une bulle est un
brusque mouvement de hausse d’un marché donné où le prix des actifs
échangés est largement ou totalement décorrélé d’un phénomène ou de
données du monde réel, et ne repose pratiquement que sur l’espérance de
chaque investisseur de pouvoir revendre ces actifs encore plus cher à un autre
investisseur. C’est une fuite en avant dans le domaine financier. Parmi les
bulles connues, il y a la bulle immobilière de la fin des années 1980 et du
début des années 1990 au Japon et aux États-Unis, et celle des entreprises de
l’Internet une décennie plus tard.
Si la bulle de l’immobilier a éclaté aux États-Unis et au Japon, c’est que les
prix étaient devenus trop élevés pour que suffisamment de personnes puissent
acheter ou même louer un logement et qu’il n’y avait plus suffisamment de
personnes qui pensaient que ces prix stratosphériques allaient encore
continuer à monter. C’est peut-être ce qui se passe aussi en ce moment même
dans beaucoup de grandes villes, notamment à l’ouest des États-Unis. Si la
bulle « dot com » a éclaté au début des années 2000, c’est que beaucoup des
entreprises sur ce marché n’avaient pas de vrais projets, équipes, clients et
notoriété, ou de qualité trop faible, ou bien que ce qu’elles proposaient était
techniquement trop ambitieux ou venait trop tôt.
Une bulle éclate quand un nombre significatif d’investisseurs se retire du
marché ou propose des prix bien inférieurs à ceux demandés par les vendeurs,
car ils considèrent que les actifs sont notoirement surévalués ou encore car ils
ne pensent pas pouvoir les revendre encore plus cher.
La nouvelle bulle
Qu’en est-il des cryptomonnaies ? Au sens financier du terme, le marché des
cryptomonnaies a tout eu d’une bulle au second semestre 2017 :
– Le cours de pratiquement toutes les cryptomonnaies a explosé ; le cours de
certaines a même été multiplié par plus de 1 000 (!).
– Presque personne n’achetait de cryptomonnaies en pensant à leur usage
dans le monde réel. C’était essentiellement un marché de spéculation.
– Peu d’investisseurs s’intéressaient vraiment au projet, à l’équipe, aux
éventuels clients et usages potentiels des monnaies qu’ils achetaient.
– Les barrières à l’entrée sur ce marché étaient relativement faibles.
– Les cryptomonnaies n’étaient soumises à aucune régulation et n’avaient de
cours légal dans aucun pays.
La bulle a continué à grandir tant que la demande suivait l’offre, c’est-à-
dire tant qu’il y avait suffisamment de personnes prêtes à acheter les actifs en
vente sur le marché. Les investisseurs étaient prêts à acheter car ils avaient
l’intime conviction qu’ils pourraient revendre avec une plus-value et ne se
préoccupaient généralement pas de savoir si le prix était réaliste par rapport
au « service » rendu par la monnaie qu’ils achetaient.
Une des propriétés du marché des cryptomonnaies étant son extrême
liquidité, tout va très vite, à la hausse comme à la baisse. Il y a environ un
rapport de 1 à 5 entre les marchés financiers classiques et ceux des
cryptomonnaies : quand un rebond est autour de +2 % chez les premiers,
c’est +10 % chez les cryptomonnaies. Pour une forte hausse, c’est +5 et
+25 %. Et une envolée +10 et +50 %. C’est pour cela qu’il est à la fois très
attirant (pour un certain type d’investisseurs) et très risqué d’investir sur ce
marché.
Si l’on s’accorde à dire que le marché des cryptomonnaies était une bulle
à la fin de 2017, alors on peut aussi considérer que cette bulle a éclaté en
partie et sans grand fracas. En trois mois, de début janvier à début avril 2018,
la capitalisation boursière du marché a été divisée par trois, revenant à ses
niveaux d’octobre 2017. Les prix de toutes les monnaies ont fortement chuté,
les PIHR ont quasiment disparu, le nombre d’investisseurs institutionnels
comme particuliers a très probablement baissé. L’intérêt, l’enthousiasme,
l’optimisme des intervenants ont été touchés, mais pas anéantis. Bitcoin,
ether, Dash et autres Neo sont toujours là et continuent à développer leurs
projets. Beaucoup croient en la fameuse reprise du printemps et guettent le
moindre signe allant dans ce sens, d’autant plus que la régulation tarde
à arriver… Cette forte baisse du marché du début de l’année 2018 est en fait
plutôt saine car le marché s’est vraiment emballé fin 2017 et que les arbres ne
montent pas au ciel. Mais elle n’a pas vraiment permis d’assainir le marché,
qui n’est toujours pas régulé et qui compte toujours autant de monnaies,
d’exchanges et d’ICO.
Le magma
Le monde des cryptomonnaies est un marché pur : c’est encore un magma où
se forme la valeur, donc le cours de chacune. La technologie de la
blockchain, d’autres méthodes de vérification des transactions comme le
tangle de IOTA, la décentralisation, la recherche du consensus, la possibilité
offerte à chacun de contribuer à l’essor de ces monnaies par le minage, etc.,
apportent de vrais avantages en termes de « démocratie » et d’économies de
coûts et de temps, mais nous ne sommes pas encore capables de fixer une
valeur à ces avantages et c’est précisément ce qui est en train de se passer sur
les marchés, avec beaucoup de mouvements et d’exagération. Est-ce que
EOS, le token d’un cryptoactif qui n’a même pas vu le jour (en mai 2018) et
se veut être un concurrent d’Ethereum, vaut plus que SpaceX, la société
d’Elon Musk de lancement de fusées et satellites ? Est-ce que le Ripple
apporte une solution qui vaut plus de cent milliards de dollars (son cours
fin 2017), sachant que les tokens qu’ils ont créés en 2012 et qu’ils vendent
depuis ne leur ont rien coûté et qu’aucun particulier ne les utilise pour autre
chose que la spéculation ? Nous ne le saurons qu’une fois que les solutions
proposées par Ripple seront utilisées dans le monde réel, si tant est que cela
arrive (Ripple a noué beaucoup d’alliances avec des banques, donc c’est bien
parti). Alors seules les meilleures survivront, c’est-à-dire celles qui ont un
vrai projet, une vraie équipe, des clients, des applications dans le monde réel,
etc.
Il y a beaucoup de vrais projets avec de la vraie valeur ajoutée derrière
plusieurs de ces monnaies comme Ethereum, Salt ou TenX par exemple. Pas
forcément les plus grandes ou les plus connues ; c’est pour cela que
l’investisseur avisé qui a une optique de long terme se doit de bien regarder
ce qu’il y a derrière chaque monnaie dans laquelle il souhaite investir, car une
fois la bulle passée, s’il a fait les bons choix, il sera hautement récompensé.
Dans le marché des cryptomonnaies comme ailleurs, c’est le job de
l’investisseur de procéder à une analyse fondamentale s’il souhaite investir
à moyen ou long terme.
Résumé
• Dans les marchés financiers, une bulle est un marché très haussier dont
la valeur des actifs est décorrélée de la réalité et où le comportement des
investisseurs est uniquement dicté par l’espérance de gains à court terme.
• Le marché des cryptomonnaies est une bulle qui s’est dégonflée durant
les premiers mois de 2018 mais n’a pas éclaté.
• L’éclatement de la bulle des cryptomonnaies est inévitable et nécessaire,
car il permettra de distinguer les monnaies qui apportent un vrai plus
à l’économie et d’assainir le marché.
• Il y a de vrais projets et de vraies valeurs ajoutées derrière certaines
monnaies, que l’investisseur se doit de mettre au jour en faisant sa propre
recherche (analyse fondamentale).
Les exchanges
Les exchanges sont des plateformes dédiées au trading de cryptomonnaies
proposant des fonctions de vente, achat et wallet (stockage, envoi et réception
de cryptomonnaies). Coin market cap en répertorie plus de 10 000 début
mai 2018. Absolument fondamentaux dans le monde des cryptomonnaies,
très rentables et autrefois surchargés, les exchanges sont les grands gagnants
et les pivots du marché des cryptomonnaies : qu’il pleuve ou qu’il vente, ils
encaissent des (petites) commissions sur les transactions, dont les volumes
ont augmenté exponentiellement en 2017. Le marché a atteint les
200 milliards de dollars tout début novembre, 300 fin novembre et 800 fin
décembre 2017 pour retomber en dessous des 300 début avril 2018. Le fait
que les plus grands exchanges étaient débordés et refusaient même les
nouveaux inscrits durant le rush de la fin 2017 a laissé la place à de nouveaux
types de plateformes plus « light » sur les procédures d’inscription type Yobit
ou Cryptopia qui ont beaucoup de succès.
Les 25 premières paires de cotation du bitcoin au 11 avril 2018 :
Bitcoin Markets
▲# Source Pair Volume (24h) Price Volume (%)
1 Bitfinex BTC/USD $197.130.000 $6.895,30 4,48%
2 OKEx BTC/USDT $173.493.000 $6.889,59 3,94%
3 Binance BTC/USDT $159.983.000 $6.893,79 3,63%
4 Huobi BTC/USDT $86.823.100 $6.886,79 1,97%
5 Upbit BTC/KRW $82.387.200 $6.914,77 1,87%
6 BTCBOX BTC/JPY $81.508.900 $6.892,96 1,85%
7 Binance Binance ONT/BTC $79.446.200 $6.963,31 1,80%
8 Binance XVG/BTC $79.098.500 $6.889,13 1,80%
9 Binance EOS/BTC $78.981.100 $6.880,90 1,79%
10 OKEx TRX/BTC $62.885.600 $6.914,98 1,43%
11 Binance ETH/BTC $61.264.900 $6.904,57 1,39%
12 Binance SNGLS/BTC $55.454.600 $6.873,13 1,26%
13 Bithumb BTC/KRW $55.196.200 $6.909,15 1,25%
14 GDAX BTC/USD $55.170.500 $6.898,99 1,25%
15 bitFlyer BTC/JPY $51.354.300 $6.889,75 1,17%
16 HitBTC BTC/USDT $49.867.600 $7.090,48 1,13%
17 BTCC BTC/USD $48.024.800 $6.929,99 1,09%
18 OKEx ETH/BTC $43.819.100 $6.919,51 1,00%
19 OKEx EOS/BTC $41.445.000 $6.885,82 0,94%
20 Bitstamp BTC/USD $39.199.900 $6.907,03 0,89%
21 Simex BTC/USD $39.010.500 $6.243,72 0,89%
22 Binance ICX/BTC $37.150.000 $6.753,42 0,84%
23 Huobi HT/BTC $37.055.700 $6.894,48 0,84%
24 Lbank VEN/BTC $36.842.400 $6.764,79 0,84%
25 Lbank QTUM/BTC $36.662.000 $6.870,88 0,83%
26 OKEx MITH/BTC $35.684.800 $6.884,35 0,81%
27 Binance TRX/BTC $35.074.300 $6.889,58 0,80%
28 HitBTC BCH/BTC $34.919.400 $6.919,65 0,79%
Source : Coin market cap
Devenir investisseur
Si vous souhaitez devenir investisseur en cryptomonnaies, vous allez devoir :
– Progressivement arrêter de raisonner en euros ou dollars, mais en bitcoin,
sauf bien sûr si vous investissez dans le bitcoin, car toutes les monnaies
sont cotées en bitcoin et pas forcément en euros ou même en dollars (mais
Coin market cap vous donne toujours un cours en dollars).
– Avoir le cœur bien accroché, car une variation de 10 % en quelques
dizaines de minutes n’a rien d’exceptionnel pour les cryptomonnaies.
– Être patient pour avoir un compte avec des limites suffisantes chez
plusieurs exchanges. Le processus d’enregistrement chez les exchanges
s’appelle « KYC » (know your customer, ou connaître votre client) et peut
être long et fastidieux.
– Trouver un « entry point », c’est-à-dire un exchange qui prenne les
monnaies fiduciaires pour pouvoir acheter avec de la BTC ou de l’ETH et
investir ensuite dans les autres monnaies.
Résumé
Le piège se referme
Une fonction permettait de thésauriser ses gains automatiquement. Beaucoup
l’utilisèrent, ce qui fait qu’ils ne sortaient pas d’argent du site mais
réinvestissaient tout ce qu’ils gagnaient, alors même que la stratégie à suivre
quand on se hasarde à investir sur ce genre de sites est de récupérer d’abord
son investissement avec ses bénéfices et de prendre ensuite des risques si le
site est encore là. La plateforme a marché extrêmement bien jusqu’au
3 décembre. On pouvait récupérer son investissement à tout moment,
moyennant 7 % de frais. Et elle prenait juste quelques euros de frais quand on
retirait ses bénéfices. Beaucoup de gens avaient choisi l’investissement swing
(hebdomadaire) car c’était le plus rentable, du coup l’excitation et la tension
montaient le lundi à l’approche de l’heure du paiement du bot (19 h 11 heure
française).
Début décembre, la communauté avait clairement grandi. Au lieu des 100
personnes qui conversaient habituellement dans le chat, on était passé à 400.
Hexabot était devenu très populaire. Tout le monde était euphorique. Puis le
4 décembre est arrivé. Swing a bien livré ses profits à 19 h 11. Mais personne
n’a pu les retirer. Le chat était encore là ; Peter disait aux investisseurs de ne
pas s’affoler et donnait des explications à la panne. Il expliquait que le
Bitcoin core, et plus spécifiquement le fichier wallet.dat, avait été sursollicité
et ne pouvait plus répondre aux demandes. Peter expliqua sur le chat qu’il
allait redémarrer le Bitcoin core et demandait aux investisseurs de ne pas
essayer de retirer de coins pendant quelques minutes. Mais personne ne l’a
écouté. Une vraie vague de panique s’est emparée de la communauté
probablement consciente du risque d’investir dans un tel site et des autres
arnaques qui avaient déjà éclaté récemment.
Résumé
Wallets
Définition
Un wallet est, comme son nom l’indique, un portefeuille où vous pouvez
stocker vos coins. Enfin, pas tout à fait. Les coins sont, comme vous le savez,
virtuels. Quand vous achetez un coin ou une partie de coin, vous acquérez en
fait le droit de l’utiliser et pour ce faire, il est attribué à une de vos public
addresses qui est communiquée au vendeur et à la blockchain. Une fois que
vous avez acheté votre coin, votre private key est ce qui vous donne le
contrôle de la public address à laquelle est rattaché ce coin et donc du coin.
C’est aussi ce que stocke un wallet : votre private key qui vous donne le
contrôle de vos public addresses. Si vous perdez votre private key, vous
perdez le contrôle de vos coins. Il n’y a aucun moyen de les retrouver car il
n’y a pas de système ou autorité centrale régulatrice : les coins sont perdus
pour toujours. Il est très fort probable que des millions de coins, y compris
des bitcoins, ne soient jamais utilisés car leurs propriétaires ont perdu l’accès
à celles-ci.
Chaque wallet peut générer des adresses (public addresses) qui ne
permettent que de recevoir des cryptomonnaies. Une adresse ne peut recevoir
qu’un certain type de cryptomonnaie, donc il vous faudra générer autant
d’adresses que de cryptomonnaies que vous voulez recevoir. Lorsque vous
utilisez un wallet, vous ne voyez la plupart du temps pas votre private key,
qui est une longue suite de caractères et qui est gérée par le wallet.
Résumé
• Un wallet est une méthode et un « lieu » pour stocker vos private keys
aussi indispensable qu’un compte en banque si vous voulez investir dans
les cryptomonnaies.
• Vous ne stockez pas des coins sur un wallet, mais des private keys qui
vous donnent le contrôle des public addresses auxquelles sont rattachées
des coins que vous avez achetés ou reçus.
• Si vous perdez vos private keys, rien ni personne ne pourra vous
redonner le contrôle sur les public addresses correspondantes et donc les
coins qui y sont rattachés, qui seront perdus pour tout le monde.
• Il existe le paper wallet, le desktop wallet, l’exchange wallet et le
hardware wallet qui ont chacun des avantages et des inconvénients en
termes de praticité, coût et sécurité et que vous combinerez
probablement, à moins que vous ne laissiez vos coins sur des exchange
wallets.
Résumé
• Dans le monde des cryptomonnaies, une public address est une adresse
de compte en banque, comme un IBAN, et une private key ce qui donne
accès à ce compte en banque, comme un mot de passe.
• Il est très facile de créer une public address à partir d’une private key et
pratiquement impossible de faire l’inverse : vous pouvez donc
communiquer vos public addresses à toute la planète pour recevoir des
fonds mais devez garder votre private key absolument secrète.
• La force du système réside dans le nombre de private keys possibles
(environ 1080).
• Les premières applications pratiques de ce système sont l’envoi de fonds
entre personnes se trouvant ou pas dans deux pays différents (par
exemple des personnes qui travaillent en Europe et envoient de l’argent
en Afrique) et les dons, qui sont grandement facilités.
Trading bots
Un trading bot est un programme qui fait du trading à votre place en utilisant
vos fonds, vos accès aux exchanges et la stratégie que vous lui avez
communiquée. Vous gardez donc le contrôle de vos fonds car vous pouvez
désactiver le bot à tout moment. La plupart des trading bots sont proposés
sous la forme d’un abonnement mensuel : ils sont donc payants. Vous avez
pour certains bots la possibilité d’acheter en une fois un abonnement à vie qui
est généralement relativement cher. Une fois que vous avez souscrit au
service, vous donnez vos codes d’accès (API keys) des exchanges qui vous
intéressent et vous devez définir une stratégie, avec l’aide du bot.
Définir votre stratégie est à l’évidence très important : de celle-ci dépendra
en grande partie votre succès ou votre échec. Le bot ne fait que l’appliquer.
Voici les critères que vous devez définir :
– le montant que vous souhaitez « trader » ;
– les monnaies que vous souhaitez « trader » (ce qui dépend des exchanges
sur lesquels vous appliquez votre trading bot) ;
– le nombre de positions que prendra votre trading bot ;
– le montant (en valeur ou pourcentage) que vous êtes prêt à perdre pour
chaque position et celui à partir duquel vous êtes prêt à prendre vos
bénéfices, autrement dit à partir duquel vous souhaitez vendre ;
– le cours à partir duquel vous êtes prêt à acheter ou vendre une monnaie.
L’interface du trading bot vous propose également de passer vous-même
des ordres, de désactiver la vente et/ou l’achat, de consulter des signaux, des
statistiques, des forums, etc., et vous donne un tableau récapitulatif de votre
investissement constamment mis à jour. Un « panic button » vous permettant
de vendre d’un coup toutes vos monnaies est aussi généralement inclus. C’est
en somme une plateforme de trading automatisée et personnalisée que vous
pouvez reconfigurer voire stopper à tout moment. Le trading bot ne fait bien
sûr pas disparaître tous les risques mais permet de réagir beaucoup plus vite
au marché et vous permet a priori de gérer plus efficacement votre
investissement… pourvu que vous ayez défini une bonne stratégie et suiviez
tout de même régulièrement ce qui se passe sur les marchés.
Quelques exemples de services de trading bot : Gunbot, Profit trailer,
Cryptohopper, trade.io.
Résumé
L’arbitrage
Dans les marchés financiers, l’arbitrage est le fait d’acheter un actif sur une
place de marché et de vendre ce même actif immédiatement sur une autre
place de marché où son prix est plus élevé. Par exemple, supposons que l’or
vale 350 $ l’once à Johannesbourg et 375 $ à Londres. Vous achetez l’or
à Johannesbourg et le revendez immédiatement à Londres, empochant
facilement 25 $ de plus-value pour une mise de 350 $ hors frais de
transaction. Cet arbitrage requiert plusieurs conditions : des places de marché
très liquides, des actifs strictement identiques sur chaque place de marché,
des différences de cours entre places de marché, peu ou pas de frais de
transaction et de transfert d’actifs, une grande rapidité d’exécution et des
informations sur les cours facilement disponibles.
L’arbitrage permet aux places de marché d’accorder automatiquement leurs
violons. Reprenons l’exemple de l’or : si beaucoup de personnes
s’aperçoivent que l’or est moins cher à Johannesbourg qu’à Londres, elles
vont en acheter à Johannesbourg et essayer de le revendre à Londres. Le prix
va donc augmenter à Johannesbourg, car beaucoup de personnes vont vouloir
en acheter, et baisser à Londres puisque beaucoup de personnes vont vouloir
en vendre. Ce faisant, les prix vont se rapprocher et théoriquement finir par
être les mêmes à Londres et Johannesbourg.
Revenons aux cryptomonnaies. Il y a des milliers d’exchanges, comme
vous le savez à présent. Les plus grandes monnaies sont cotées sur au moins
une dizaine de plateformes. Les frais de transfert de cryptomonnaies sont
faibles, la rapidité d’exécution est grande, l’information largement
disponible, le marché hyper liquide et il y a de grandes différences de cours
entre plateformes, donc toutes les conditions sont réunies pour pouvoir faire
de l’arbitrage.
Résumé
• Dans le domaine financier, l’arbitrage est le fait d’acheter un actif sur une
place de marché et de le vendre plus cher sur une autre.
• Il requiert notamment une grande liquidité des marchés, des frais et
délais de transaction et transfert très faibles, des différences de cours
entre exchanges, des actifs strictement identiques et des informations en
temps réel.
• Ces conditions étant réunies dans le monde des cryptomonnaies, vous
pourriez envisager l’arbitrage comme stratégie d’investissement, sachant
qu’il comporte peu de risques.
• L’arbitrage requiert cependant beaucoup de temps car on ne peut pas
vraiment l’automatiser.
Résumé
Les ICO
Définition
Une ICO (initial coin offering) est le mécanisme qui permet aux nouvelles
cryptomonnaies de voir le jour (hormis les cryptomonnaies bidons qui sont
créées sur certains exchanges). C’est une introduction en Bourse version
cryptomonnaies. Au lieu d’émettre des actions sur le marché primaire d’un
pays donné (en Bourse) et de satisfaire les lourds coûts et exigences
réglementaires d’une IPO (initial public offering), une entreprise émet une
nouvelle cryptomonnaie généralement basée sur ETH (mais cela peut aussi
être NEO, NEM ou XCP…), qu’elle vend elle-même, avec le but d’être cotée
sur des exchanges indépendants dans un futur proche, si tant est que l’ICO ne
soit pas une arnaque. L’idée est d’amasser des cryptomonnaies qui ont de la
valeur, le bitcoin et l’ether notamment, pour financer la start-up derrière
l’ICO en échange de la nouvelle monnaie qu’elle émet et propose dans ce
cadre.
1 February WePower
3 February Republic Protocol
3 February ArcBlock
5 February Metronome
7 February FintruX
7 February GBX
8 February Refereum
13 February REMME
14 February Insights Network
15 February RightMesh
16 February Coinvest
Source : https://remme.io/
Source : https://remme.io/
Une vraie équipe et un vrai projet se cachent derrière Remme.
Source : https://tokensale.remme.io/
Informations générales sur le processus de vente des tokens
Voici ce que nous apprend ce récapitulatif (source :
https://tokensale.remme.io/) ligne par ligne :
– REM est un token qui permet d’utiliser les applications Remme de gestion
des mots de passe. Comme pour beaucoup de cryptomonnaies, REM n’a
donc pas comme vocation d’être simplement une monnaie ; c’est un moyen
qui permet d’utiliser un certain nombre de services proposés par l’émetteur.
– Le ticker (symbole en anglais) du token est REM.
– Un milliard de tokens est émis au total.
– La prévente (pre-sale), qui a eu lieu en décembre, doit permettre de lever
au moins 480 000 dollars. Ce n’est pas écrit ici, mais un bonus de 20 %
sous forme de tokens est accordé aux investisseurs qui participent à la
prévente : si un investisseur achète 1 000 tokens lors de cette prévente au
prix officiel communiqué plus bas, il en reçoit 1 200.
– Le hard cap de la prévente, c’est-à-dire le montant maximum qu’il est
prévu de récolter lors de cette prévente et qui ne sera vraisemblablement
pas atteint est de 3 millions de dollars. Soft cap et hard cap sont des
données publiques communiquées par l’organisateur de l’ICO, donc la
société émettrice de la monnaie, qui permettent d’avoir une idée de
l’ampleur de l’opération et des espérances de montant d’argent récolté.
– La public sale (vente publique) est une seconde session de vente ouverte
à un plus large public et proposant un plus grand volume de tokens avec un
bonus moins important que celui de la prévente (5 à 10 % en l’occurrence
ici). Elle précède de peu de jours la mise sur le marché officielle de la
nouvelle monnaie. Il est prévu de récolter lors de cette vente publique
jusqu’à 17 millions de dollars, soit 20 millions si on y ajoute les 3 millions
espérés de la prévente. Là encore, c’est un montant qui ne sera
probablement pas atteint, mais qui donne une idée de l’ampleur de
l’opération.
– Le prix officiel d’un token REM est 4 cents d’USD.
– REM est un token basé sur ETH (ERC-20 token).
– ETH et BTC sont acceptées pour participer à l’ICO.
– La prévente a commencé le 4 décembre 2017. Elle s’est terminée à une
date non communiquée ici ; l’émetteur n’attend pas que le hard cap soit
atteint pour clôturer la vente.
– La vente publique a commencé le 13 février 2018. Idem : elle s’est
terminée à une date non communiquée ici ; l’émetteur n’attend pas que le
hard cap soit atteint pour clôturer la vente.
On peut voir notamment que seule la moitié des tokens sont vendus, l’autre
moitié est distribuée aux membres de l’équipe et à des partenaires et
conseillers, et 10 % des tokens sont mis dans un fonds de réserve. Le bonus
accordé aux participants à l’ICO baisse avec le temps, et on peut voir que
l’équipe prévoit d’affecter 35 % de l’argent amassé lors de l’ICO à la R&D,
25 % au développement commercial, 20 % à la partie opérationnelle, 15 % au
marketing et 5 % au juridique.
Voici quelques informations supplémentaires sur l’ICO publiées sur le site
dédié à celle-ci.
Source : https://tokensale.remme.io/
On ne peut pas investir dans une ICO à partir d’un exchange wallet pour
une raison simple : un émetteur de monnaie ne peut pas envoyer sur un
exchange wallet un token qui n’est pas pris en charge par l’exchange en
question. Or aucun token fraîchement émis dans le cas d’une ICO n’est pris
en charge par un exchange. Il vous faut donc un desktop ou hardware wallet
qui prend en charge la coin dont le token se sert pour voir le jour, ether dans
le cas de Remme. L’émetteur du token vous le précisera et vous
recommandera des wallets.
Le 13 février 2018
Le 13 février, la vente a bien eu lieu avec succès. La communauté Telegram
était en pleine ébullition, les personnes qui s’étaient enregistrées sur la
whitelist ont pu acheter les tokens et bénéficier des 10 % de bonus. L’équipe
de Remme donna les instructions sur Telegram pour acheter les tokens ; on
pouvait aussi les trouver sur le site dédié à l’ICO tokensale.remme.io. Elle
publia également juste avant l’heure H une vidéo sur YouTube montrant la
public address où envoyer ses ETH pour montrer leur bonne foi et éviter
qu’on se retrouve sur une page créée par des escrocs souhaitant profiter de
l’engouement pour cette ICO.
Voici donc la marche qu’il fallait suivre pour participer à l’ICO à partir du
13 février 21 h, avec comme préalable l’inscription sur la whitelist et
l’enregistrement de la public address de son desktop ou hardware wallet.
Du 14 février 21 h 01 au 15 février 21 h :
– seule monnaie acceptée : ETH ;
– minimum : 0,1 ETH ;
– pas de maximum ;
– bonus : 10 % ;
– pas d’instructions sur le gas.
1 ETH = 850 $ = 21 250 REM sans le bonus, 23 375 REM avec le bonus.
Ensuite quelques instructions ont été transmises par Remme pour vérifier
que l’ICO n’est pas une arnaque et pour créer un compte REM dans son
desktop wallet.
Source : Telegram
Les instructions étaient aussi données sur le site tokensale.remme.io :
Source : tokensale.remme.io
En deux heures, la hard cap fut pratiquement atteinte (plus de 15 000 ETH
récoltées !)
Source : tokensale.remme.io
En suivant les instructions, j’ai bien pu transférer via mon desktop wallet et
la public address communiquée par l’équipe de Remme mes ETH, et j’ai reçu
en échange des tokens REM qui ne valaient encore rien. J’ai pu consulter
mon compte toujours en suivant les instructions de Remme.
Source : etherscan.io
Remme a donc pu lever plus de 16 millions de dollars en quelques heures
pour financer le lancement de son application permettant de gérer les mots de
passe et codes d’accès via la blockchain. C’est ça une ICO !
Le 25 février 2018
Le 25 février, le token REM a été coté sur deux premiers exchanges : Idex et
Tidex. Idex et Tidex sont spécialisés sur les nouveaux coins créés par ICO.
L’équipe de Remme nous a transmis l’information quelques jours plus tôt via
Telegram (et probablement d’autres canaux de communication), sans nous
dire encore de quels exchanges il allait s’agir.
Source : Telegram
Les premiers échanges se sont faits à 50 % au dessus du cours officiel de
vente des tokens lors de l’ICO (0,04 $), et le prix est rapidement retombé au
niveau de celui de l’ICO.
Au final, l’ICO s’est très bien passée, l’équipe semble dérouler le projet
comme prévu et est toujours très présente dans le groupe Telegram, mais je
n’avais pas vraiment besoin d’y participer car les tokens ont été vendus au
prix de l’ICO et même un peu moins le premier jour de vente sur les
exchanges !
Résumé
• Une ICO (initial coin offering) est une introduction en Bourse dans le
monde des cryptomonnaies.
• Non encore régulées et quasi quotidiennes, les ICO permettent de lever
des millions de dollars assez facilement et peuvent de ce fait financer
aussi bien de vraies start-up que des escrocs.
• Pour participer à une ICO, vous devez suivre un calendrier et un
protocole très stricts dictés par l’émetteur du coin et avoir impérativement
un desktop ou hardware wallet (pas d’exchange wallet !) du coin exigé par
l’émetteur pour participer à l’ICO.
• Vous devez impérativement faire votre travail d’analyse avant d’investir
dans une ICO, qui peut se révéler être une arnaque ou une mine d’or.
Devenez mineur !
S’il y a bien un métier qui a de l’avenir, c’est celui de mineur. Il y a deux
manières de devenir mineur : soit investir dans du cloud mining soit dans du
matériel informatique pour miner chez soi. Je ne vais pas m’attarder sur le
cloud mining.
Le CPU mining
C’est le processeur central (CPU, central processing unit) de votre ordinateur
(fixe ou portable) qui est mis à contribution pour assembler les blocs et
surtout trouver le nonce qui vous fera remporter la mise. Le CPU de votre
ordinateur pourra vous faire atteindre des hash rates de 1 à 3 millions par
seconde suivant son nombre de MHz, soit le nombre de tentatives de nonce
par seconde dont il est capable. Cela paraît beaucoup ; c’est très peu en fait,
donc le CPU mining ne peut être envisagé tout au plus que pour de nouvelles
monnaies encore petites. Chez le bitcoin ou d’autres grandes monnaies, on
compte en milliards ou milliers de milliards de hashes par seconde…
Le GPU mining
Votre carte graphique peut faire du minage, car elle est équipée d’un
processeur (GPU, ou graphics processing unit) qui d’une part est relativement
puissant, d’autre part ne s’éparpille pas dans des dizaines ou centaines de
tâches comme le processeur central de votre ordinateur. On peut assez
facilement atteindre des hash rates de 30 à 60 millions par seconde, soit
nettement plus que dans le cas du CPU mining.
Le ASIC mining
Ce type de minage est dédié au bitcoin et, depuis début 2018, à l’ether. Il
repose sur des processeurs spécifiquement développés pour (alors que le CPU
est fait pour faire fonctionner l’ordinateur et le GPU la carte graphique).
ASIC veut dire application specific integrated unit. Les ordinateurs équipés
de ce processeur ne font et ne savent rien faire d’autre qu’assembler des blocs
de transactions et essayer des milliards de fois un nonce pour aboutir à un
résultat satisfaisant le niveau de difficulté du moment. Des entreprises
spécialisées développent et font produire de tels processeurs ou ordinateurs.
Même Samsung s’y est mis début 2018 (à la production de ces ordinateurs et
processeurs, pas au minage que je sache). Si le bitcoin s’écroule, elles
subiront le même sort. En attendant, elles profitent à plein du marché car les
mineurs font constamment la course à la performance. Le minage de bitcoins
se fait essentiellement avec de tels ordinateurs, qui sont très onéreux,
empêchant les particuliers de se lancer dans l’aventure. Mais il y a beaucoup
de monnaies à miner. Si vous voulez savoir quelles monnaies sont minables,
allez sur Coin market cap (https://coinmarketcap.com/) et regardez celles qui
n’ont pas d’astérisque dans la colonne « Circulating supply ».
Quelques chiffres
Pour vous donner une idée de ce que représente le minage du bitcoin, voici la
répartition des principaux pools de mineurs au 12 avril 2018.
source : blockchain.info
Vous voyez que les cinq premiers groupes de mineurs représentent
pratiquement 75 % des bitcoins minés (1 800 par jour). Pour rappel, vous
n’avez aucune chance de miner le bitcoin, à moins d’investir des millions
d’euros en matériel informatique et électricité. Le minage est, vous l’aurez
compris, une course au hash rate entre un nombre plus ou moins grand
(suivant la monnaie) de mineurs, qui ont intérêt à avoir le plus possible
d’ordinateurs équipés d’un matériel le plus performant possible et de les
laisser tourner 24 h/24. Voici maintenant la puissance des douze premiers
pools (groupes) de mineurs par PH/s sachant qu’un PH/s représente un
million de milliards de hashes par seconde, soit un million de milliards de
tentatives de trouver le bon nonce par seconde au 4 février 2018 :
source : btc.com
Et au 12 avril 2018.
source : btc.com
Vous voyez à quelle vitesse évolue le hash rate : +29,26 % en 2 mois et 8
jours dans un marché fortement baissier. Les douze premiers mining pools
(groupes de mineurs) du bitcoin sont capables d’effectuer, à l’heure où
j’écris, plus de 24 milliards de milliards d’essais d’empreinte par seconde
(exahashes/seconde), ce qui consomme une énergie phénoménale. Le réseau
de mineurs du bitcoin et du bitcoin cash (tous deux sous protocole SHA-256
Proof of Work) représente tout simplement l’un des réseaux d’ordinateurs
ayant la puissance de calcul la plus élevée au monde. Vous voyez maintenant
pourquoi vous n’avez aucune chance de miner des bitcoins (ou le BCH). La
course à la puissance est tellement forte, que le « crypto-jacking », le vol de
puissance informatique par des pirates ou des employés pour miner des
cryptomonnaies, est en train de devenir une des pirateries les plus en vogue.
Elle touche des particuliers et des entreprises comme Tesla, des ordinateurs et
tout ce qui a un processeur et est connecté, comme votre smartphone ou une
télévision connectée. Vous minez peut-être déjà des cryptomonnaies sans le
savoir pour le compte d’individus mal intentionnés. Des employés et
fonctionnaires sont régulièrement pris la main dans le sac aux quatre coins du
monde à détourner la puissance informatique de leur entreprise pour miner
discrètement du Monero, du Zcash ou du Dash.
S’informer
Si vous décidez d’investir dans les cryptomonnaies, il est impératif que vous
vous informiez sur ce qui se passe sur ce marché, car il est très volatile et
particulier. Ce ne sont pas les possibilités qui manquent. Vous pouvez vous
informer via divers sites sur les cours et sur l’actualité, qui est riche, et vous
pouvez joindre des groupes de discussions, ou encore des clubs
d’investisseurs qui ont développé un trading bot ou investissent ensemble sur
plusieurs exchanges. Quand les grands médias en parlent, dans ce marché
plus que tout autre, il est trop tard pour investir (ou vendre). Quoi que vous
fassiez, téléchargez Telegram.
Pour vous informer sur les cours, vous pouvez simplement aller sur votre
exchange, ou sur l’incontournable Coin market cap
(https://coinmarketcap.com/) ou sur un site « classique » qui permet de
consulter le cours d’actions, ETF, devises, etc., comme Teletrader
(www.teletrader.com).
Pour vous informer sur les actualités et bruits de couloir, vous avez
plusieurs possibilités :
– Rejoindre un groupe de discussion sur Telegram, Whatsapp, Reddit,
Discord ou Facebook. Il y a aussi des groupes d’envois de signaux (d’achat
ou de vente) sur Telegram, ce qui est très pratique. Pour rejoindre un
groupe d’investisseurs, c’est a priori sur Telegram que ça se passe, mais il
faut montrer patte blanche et être invité.
– Vous abonner à une chaîne YouTube, par exemple en français
« Hasheur »1 ou « Le journal du coin »2. En anglais : « Crypto investor »3
ou « The right trader »4. En allemand : Dr. Julian Hosp5. Il réalise
également des vidéos en anglais.
– Consulter blogs et sites consacrés au sujet.
Source : Telegram
L’application Telegram est rapidement devenue un acteur majeur de la
scène des cryptomonnaies, car elle permet de participer à des groupes de
discussions gratuitement et anonymement. Elle offre par ailleurs de
nombreuses autres fonctions qui permettent même de faire du trading sans
quitter l’application. Il paraît qu’elle pense à lancer sa propre
cryptomonnaie…
À noter que vous verrez souvent Leonardo di Caprio sous toutes ses
coutures dans les groupes de discussion Telegram et Whatsapp pour son rôle
de golden boy sans scrupule, rebelle et subversif dans Le Loup de Wall street.
Il devient peu à peu malgré lui une icône, un symbole de réussite dans le
monde des cryptomonnaies.
Résumé
La mauvaise réputation
Les cryptomonnaies, surtout tant qu’elles ne seront pas régulées, font peser
une menace de taille sur les investisseurs particuliers, car la majorité des
PIHR et beaucoup d’ICO sont des arnaques. Cela contribue à la réputation de
monnaie des vendeurs d’armes et de drogue qui leur colle à la peau, comme
ce fut le cas pour Internet dans la première moitié des années 1990.
Il est en outre tellement facile de créer une cryptomonnaie qu’on en arrive
à des cas de figure que l’on peut trouver au mieux cocasses, sinon absurdes,
et qui contribuent à décrédibiliser les cryptomonnaies. Voici trois exemples :
– Fin 2013, un jeune Australien, Jackson Parker, décide qu’il veut lui aussi
participer à ce nouveau marché des cryptomonnaies et décide de créer la
sienne pour rire. Il utilise le logo d’un chien qu’il a trouvé sur Internet et
nomme son coin (logiquement) Dogecoin. Mais tout le monde l’a pris au
sérieux, et le cours de son coin, dont le projet est d’être la monnaie des
achats sur Internet, a explosé en décembre 2017, dépassant le milliard de
dollars de capitalisation boursière et se plaçant parmi les 50 premiers coins
du marché.
– Il y a aussi le Fuck Token, qui annonce la couleur par son nom même.
– Fin novembre 2017, le dimoncoin apparaît. Le projet du dimoncoin est
« FUD Decentralized » : le dimoncoin est lui-même FUD, donc il n’a rien
à craindre de FUD (fear, uncertainty and doubt), qui est une des causes
majeures de décrochage des cours.
Voici sa page d’accueil et sa « team » ; c’est assez parlant (et même drôle,
non ?).
L’achat à crédit
Cette menace concerne surtout les personnes habitant en Amérique du Nord
et en Asie. Il est relativement facile dans ces pays d’avoir un découvert
immense (plusieurs dizaines de milliers de dollars) via les cartes de crédit
sans que votre banque ne vous regarde de travers, et pas mal de particuliers se
sont servis de cette possibilité pour investir dans les cryptomonnaies des
sommes qu’ils ne pourraient pas rembourser s’ils venaient à les perdre.
Quand le marché montait en flèche comme fin 2017, tout allait bien, mais
2018 commence bien différemment, et il est à craindre que des particuliers
aient de sérieux problèmes financiers qui pourraient conduire à des
problèmes de logement par exemple, car ils auront perdu beaucoup d’argent.
La complexité
Il faut bien avouer que ce n’est pas simple d’investir dans des
cryptomonnaies, surtout via une ICO. Que vous vouliez transférer 10 ou
10 millions d’euros, la procédure est la même, et il faut avoir le cœur bien
accroché (du moins dans le deuxième cas) car tout est très virtuel et sans filet
de sécurité. Je n’ai jamais eu de problème lors de mon expérience car j’ai pris
beaucoup de précautions à chaque transfert de cryptomonnaies. Mais le
commun des mortels acceptera-t-il cette complexité et ce manque de
sécurité ? J’en doute. Les cryptomonnaies doivent être plus « user friendly »
si elles veulent avoir une chance de s’imposer comme moyen de paiement
auprès du grand public et des régulateurs.
Le Tether
Le Tether est toujours dans les vingt premières capitalisations des
cryptomonnaies comme nous l’avons vu en début d’ouvrage dans la partie sur
les stablecoins : c’est donc un poids lourd du marché. Il constitue la valeur
refuge, le havre de stabilité, le token que les investisseurs achètent quand le
marché baisse car sa valeur ne bouge pas. Pour que cela soit possible,
Bitfinex émet et vend des tokens lorsque beaucoup en achètent pour ne pas
que le cours explose, et en rachète lorsque beaucoup en vendent pour que son
cours soit toujours le plus proche possible de 1 USD.
La société est censée détenir 1 USD pour chaque Tether qu’elle a émis, ce
qu’elle n’a pas prouvé et dont certains aujourd’hui doutent, à tel point que
début 2018, au lieu de se replier sur le Tether en période de baisse, beaucoup
d’investisseurs sont retournés dans le monde des monnaies fiduciaires, faisant
chuter brusquement le marché. Le Tether a un rôle très important pour le
marché des cryptomonnaies, car il permet aux investisseurs d’y rester même
quand il baisse et qu’il est sa seule valeur théoriquement stable. Mais si des
doutes persistent autour de sa société émettrice, alors le marché n’a plus de
filet de sécurité et on ne sait pas jusqu’où il pourrait baisser en cas de
mauvaises nouvelles.
Le Tether est largement utilisé pour acheter des cryptomonnaies,
notamment bitcoin et ether. Autour de 30 % des ETH sont en effet achetés en
USDT (normal : dans Tether il y a ether). Si le Tether venait à s’effondrer car
on s’apercevrait que Bitfinex ne détient pas les milliards de dollars
correspondant au nombre de Tethers en circulation, il emporterait tout le
marché avec lui en l’espace de quelques heures. D’autres stablecoins sont
cependant en train de voir le jour et Tether ne sera bientôt plus la seule valeur
refuge du marché des cryptomonnaies.
La volatilité
La volatilité est un désavantage majeur des cryptomonnaies et représentera
une menace tant que le marché n’aura pas déterminé la « juste » valeur des
cryptomonnaies une par une. Que vaut un bitcoin ? Que vaut un ether ? Que
vaut un dash ? Le marché n’a toujours pas la réponse à ces questions, et cela
empêche les cryptomonnaies d’être de bonnes unités de compte et réserves de
valeur et de pouvoir de ce fait remplacer les monnaies fiduciaires, quand bien
même elles auraient l’aval des États. La valeur des cryptomonnaies est
d’autant plus difficile à déterminer que ce sont elles-mêmes des monnaies qui
pourraient remplacer celles dans lesquelles elles sont cotées (USD, EUR,
JPY, etc.) et qu’il y en a énormément.
Les stablecoins sont-ils la solution à ce problème ? Peut-être. Ils pourraient
permettre aux États d’émettre eux-mêmes des cryptomonnaies pour les
distribuer sous forme de revenu de base ou revenu universel, et de revoir
complètement leur fiscalité pour généraliser le prélèvement à la source et
tenir compte des nouveaux usages de la monnaie. Et les entreprises
pourraient utiliser leurs monnaies comme nouveaux moyens de fidélisation
de leurs clients et salariés et d’acquisition de nouveaux clients. Mais on n’en
est pas encore là.
Les arnaques
Entre les PIHR, certaines ICO et l’absence de vrai projet derrière certaines
cryptomonnaies, le moins que l’on puisse dire est que vous faites prendre un
sacré risque à votre argent lorsque vous l’investissez dans ce marché. Pour
certains, les cryptomonnaies sont même l’arnaque du siècle, et la volatilité du
cours même des monnaies les plus établies est assez spectaculaire.
Le fait qu’il soit si facile de créer une nouvelle monnaie et de lancer
une ICO ou une « plateforme d’investissement » pour récolter quelques
milliers d’ETH pose en effet problème. L’investissement en temps et énergie
et le risque pris sont suffisamment faibles pour que cela vaille la peine, même
si quelques milliers de néophytes ou de rêveurs tombent dans le panneau pour
amasser pas mal d’argent, comme on l’a vu dans le chapitre sur les PIHR.
Tout cela n’aide pas à faire des cryptomonnaies une classe d’actif fiable et
mature. Le bénéfice de quelques voyous nuit au marché dans son ensemble,
et vu que celui-ci n’a pas d’organe représentatif et que la régulation globale
tarde à venir, cette situation pourrait perdurer encore quelque temps.
Le trading de cryptomonnaies
Voici la marche à suivre si vous souhaitez investir dans les cryptomonnaies
en faisant du trading vous-même, c’est-à-dire en achetant et vendant des
cryptomonnaies sur des exchanges à plus ou moins long terme.
– Définissez votre stratégie : le terme, le wallet, le montant, le type de
monnaies et les limites de gain et de perte.
– Entrez sur le marché : inscrivez-vous sur les plateformes sur lesquelles
sont cotées les monnaies que vous avez choisies, idéalement 4 à 8
plateformes. Cela prend plus de temps qu’on ne le pense, car elles vous
soumettent à un processus de vérification (appelé parfois KYC, know your
customer) qui peut être long et fastidieux, mais une fois que vous êtes
dedans, vous y restez et pouvez augmenter progressivement vos plafonds de
retrait et de trading.
– Alimentez votre compte primaire : envoyez des euros (ou une autre
monnaie fiduciaire) vers une plateforme et changez ces euros en ethers et
dans les monnaies qui vous intéressent.
– Investissez dans des cryptomonnaies à partir de votre compte
primaire : envoyez des ethers de la plateforme où vous les avez achetées
vers les autres plateformes où vous vous êtes inscrit et achetez avec ces
ethers les autres monnaies qui vous intéressent.
– Revoyez régulièrement vos positions en fonction de la stratégie que vous
avez déterminée.
Terme
Je vous recommande un mélange de long et moyen terme, c’est-à-dire une
épargne en cryptomonnaies évolutive. Vous achetez régulièrement des
cryptomonnaies, ne les vendez jamais contre de la monnaie fiduciaire (sauf si
vous avez besoin d’argent !), mais contre des bitcoins ou autres
cryptomonnaies, et faites évoluer votre portefeuille régulièrement en fonction
du marché. Vous restez à l’affût de ce qui se passe sur le marché, ne cherchez
pas à l’anticiper et ne changez pas vos positions plus d’une fois par semaine.
Je vous déconseille le day trading, qui est très chronophage et réservé aux
professionnels.
Wallet
Là aussi, utilisez plusieurs méthodes. Utilisez un hardware wallet pour les
monnaies que vous souhaitez garder à long terme et notez éventuellement
votre private key sur du papier que vous mettrez en lieu sûr ou confierez
à une personne très sûre. N’hésitez pas à utiliser les desktop wallets des coins
PoS pour gagner un peu d’argent, et laissez toujours quelques coins sur les
exchanges pour pouvoir réagir vite.
Montant
N’investissez que de l’argent que vous pouvez vous permettre de perdre et
n’allez pas au-delà de 20 % de votre épargne, car le marché peut se retourner
brutalement, et les premiers lésés sont généralement les investisseurs
particuliers qui ne sont pas informés et ne peuvent pas réagir aussi vite et
bien que les professionnels.
Type de monnaies
Diversifiez vos placements. Déterminez selon votre budget 2 à 20 coins dans
lesquelles investir en mélangeant les grands coins et les satcoins. Faites votre
recherche, prenez des décisions et allez-y. Une fois que vous avez décidé
dans quels coins investir et que vous vous êtes inscrit sur les plateformes
correspondantes, le reste est facile.
Source : kraken.com
Nota bene
Voici pour conclure quelques remarques sur ce chapitre dédié aux stratégies
possibles d’investissement dans les cryptomonnaies :
– Les informations contenues dans ce chapitre sont le fruit de mes propres
réflexions et expériences et n’engagent donc que moi.
– Le mining (minage) n’est peut-être pas un investissement très attrayant,
mais il a de l’avenir je pense, comme nous le verrons dans les deux
chapitres suivants.
– Je pense que le trading court terme doit être réservé aux professionnels,
c’est pour cela que je ne le recommande pas.
Résumé
• Pour commencer votre incursion dans le monde des cryptomonnaies
hors ICO, il vous faudra définir une stratégie en fonction de plusieurs
critères : le terme, le wallet, le montant investi, le type de monnaies et les
limites de gain et de perte.
• Vous devrez ensuite trouver un point d’entrée, c’est-à-dire un exchange
qui voudra bien de vos euros ou CAD et où vous pourrez les convertir en
bitcoin, ethers et autres grands coins de votre choix.
• Une fois que vous vous êtes inscrit sur d’autres exchanges n’acceptant
que des coins et en proposant un large choix comme Binance, Bittrex ou
Poloniex, et que vous aurez généré des public addresses, vous pourrez
y envoyer des BTC ou ETH à partir de votre compte primaire et les
convertir en coins sur ces plateformes 100 % cryptographiques.
• Vous pouvez prendre des risques plus élevés en investissant dans des
satcoins, des coins qui viennent de perdre beaucoup de valeur ou
des ICO.
1. https://coinmarketcap.com/new/
2. https://coinmarketcap.com/gainers-losers/
7
Les paiements de demain
Maintenant que vous vous êtes familiarisé avec le monde des cryptomonnaies
et avez les moyens d’y pénétrer, nous allons traiter de l’influence que
pourraient avoir les cryptomonnaies et la technologie de la blockchain sur les
paiements dans le monde réel.
Source : Yobit.net
L’adresse qui apparaît (0xb0e1d25c7878e6f910262116f3ff359c7f3f1742)
est une public address du coin que vous souhaitez recevoir, ici HKN, et
correspond à votre wallet.
Source : dash.org
Une fois que les monnaies auront atteint une valeur à peu près stable, que la
régulation leur aura donné un cadre légal et que les entités derrière elles
auront noué plus d’alliances avec le monde réel, les cryptomonnaies se feront
vraiment une place dans nos économies.
Résumé
L’avenir du bitcoin
Quand on parle de cryptomonnaies, beaucoup de gens pensent « bitcoin » et
certains pensent même que c’est la seule et unique d’entre elles. Nous l’avons
vu, c’est effectivement celle qui a de loin la plus grande capitalisation
boursière et qui est la plus utilisée dans le trading, puisque toutes les
cryptomonnaies peuvent être échangées contre des bitcoins. Le bitcoin est
celle par laquelle tout a commencé : la blockchain, le Proof of Work, le
minage, la création décentralisée de monnaie de pair à pair non adossée à un
État ou un groupe d’États… Le bitcoin est le baromètre et la monnaie des
cryptomonnaies. Son cours est observé de près par tous les investisseurs
professionnels. Les autres cryptomonnaies lui doivent beaucoup.
Le projet initial du bitcoin était de devenir le « cash numérique » (digital
cash), à savoir remplacer toutes les devises et pouvoir être échangée
électroniquement dans le monde réel et sur Internet sans intermédiaire et sans
autorité régalienne pour superviser ces échanges. Avec le bitcoin, pas besoin
de banque ou de banque centrale pour assurer le transfert de monnaie, et les
frontières n’ont plus aucune importance. Elle devait pouvoir remplir cette
fonction rapidement, de manière très sûre et efficace et pour des coûts très
faibles. On pouvait en douter dès fin 2017, alors que les délais et les coûts de
transaction ont fortement augmenté en même temps que les cours de la BTC
et de la BCH, son éternelle rivale. Devenu lent et cher, le bitcoin était en train
de s’éloigner de son projet initial, malgré les améliorations que la baisse de
son cours a entraînées début 2018. Le Bitcoin parvient à gérer, quand il est
vraiment au top de sa forme, sept transactions par seconde. Pas sept mille,
sept. Chez Visa ou Mastercard, on parle en milliers par seconde. Les
personnes qui gèrent le Bitcoin ne veulent pas augmenter la taille des blocs,
qui sont limités à 1 méga octet, ce qui est une des raisons principales pour
lesquelles la BCH a été créée mi-2017. Il y a des raisons très pertinentes
derrière, mais cela a pour conséquence que le bitcoin ne réalisera pas son
projet initial, à moins que le Lightning network tienne toutes ses promesses.
Une autre conséquence est que le bitcoin laisse place à des dizaines d’autres
monnaies qui cherchent à être le cash numérique de demain, à commencer
par les clones du bitcoin qui portent son nom, comme le bitcoin cash. Les
monnaies classées dans la famille « coins purs » se sont engouffrées dans
cette brèche. Remplacer toutes les monnaies par une seule serait de toute
manière impensable, c’est pourquoi il est intéressant de regarder ce que
proposent Dash, Monero, Zcash, Litecoin et toutes ces nouvelles monnaies
qui ne cherchent pas à être autre chose qu’une monnaie et un système de
paiement. Il est non moins intéressant de voir ce que vont devenir les
monnaies fiduciaires, qui ont enfin trouvé un concurrent.
Résumé
Le défi de la décentralisation
Les nouveaux systèmes apportés par les cryptomonnaies, en l’occurrence la
technologie de la blockchain qui se cache derrière, posent le défi de trouver
un juste milieu entre la centralisation de la gestion monétaire, qui était de
rigueur dans le monde pré-blockchain, et la décentralisation prônée par
quasiment toutes les cryptomonnaies, pour continuer à assurer sécurité et
fluidité aux marchés. Comme les États ne vont a priori pas disparaître, il
y aura toujours une certaine centralisation des pouvoirs. Mais ces pouvoirs
seront constamment mis à l’épreuve par les mécanismes décentralisés basés
sur la blockchain.
Les banques et États vont devoir accepter cette nouvelle exigence de
décentralisation. Comme avec Internet il y a vingt ans, les entreprises qui
intégreront ce mouvement de décentralisation seront les grandes gagnantes de
cette nouvelle ère qui s’annonce. Toutes les entreprises et administrations
publiques s’intéressent aujourd’hui de près ou de loin à la blockchain et ont
mis en place des groupes internes de travail et de réflexion et collaborent
avec des sociétés spécialisées comme Consensys, pour explorer les moyens
de tirer parti de cette technologie dans leur activité, sans toujours savoir
quelle forme cela pourra prendre.
Centralisation et décentralisation ont chacune leurs avantages et leurs
inconvénients : la centralisation permet d’être efficace mais pose la question
de l’ouverture et de la démocratie, la décentralisation permet à tout un chacun
de participer et de savoir ce qui se passe mais entraîne une certaine inertie
dans la prise de décision et un manque de moyens. Ce que beaucoup
d’entreprises derrière les cryptomonnaies essaient de trouver, c’est le juste
milieu entre centralisation et décentralisation. Il n’y a qu’à comparer les
modèles d’Ethereum et Neo pour voir qu’on peut essayer d’atteindre le même
but (constituer un « super ordinateur » mondial) en suivant des voies
radicalement différentes concernant le degré de centralisation (Ethereum est
très décentralisé et Neo très centralisé).
Le contrôle de la monnaie
La monnaie est un instrument économique fondamental. Les États, si un jour
n’en émettent plus telle que nous la connaissons, ou s’ils laissent des
entreprises en émettre, comme c’est le cas de facto avec les cryptomonnaies,
devront ou essayeront de contrôler son émission. Créer une monnaie va être
soumis à une stricte réglementation. Les États encadreront cette activité par
des organismes de surveillance, mais ne seront plus les seuls à assurer ce
service, économisant ainsi des sommes non négligeables et engrangeant
même des revenus fiscaux perçus sur les licences de création de monnaie et la
création de monnaie elle-même. Les « corporate coins », plus encore que les
actions, refléteront instantanément et directement la performance de
l’entreprise émettrice. Celles-ci devront aussi nouer des alliances avec les
émetteurs d’autres monnaies, les exchanges et les sociétés de solutions de
paiement pour que leur monnaie se répande dans l’économie.
Une cryptomonnaie est relativement facile à créer. Tout individu pourrait
émettre demain une monnaie et essayer de la « vendre ». Il aurait cependant
bien du mal, car ce qui donne de la valeur à une monnaie, c’est encore et
toujours la confiance en l’entité émettrice. Cette facilité potentielle de
création de la monnaie pose le problème du contrôle des ICO, et de celui de
l’émission de monnaie de demain. Les ICO devraient être le premier pan du
monde des cryptomonnaies à être régulé. Quant au contrôle de l’émission de
monnaie de demain, il peut être assuré de deux façons : sur les émetteurs et
sur les receveurs de la monnaie.
Si demain les États n’assurent plus la création de la monnaie comme nous
la connaissons aujourd’hui, des sociétés privées s’en chargeront pour elles-
mêmes ou pour d’autres sociétés. De grands groupes pourront émettre une ou
plusieurs monnaies avec chacune des usages et un public bien précis, internes
ou externes, et des sociétés pourront par exemple émettre une monnaie pour
les restaurateurs ou les vignerons bordelais. Les entreprises qui souhaitent
émettre de la monnaie acquerront pour ce faire une licence et devront payer
des taxes auprès d’une administration publique s’ils respectent certains
critères de solvabilité et de qualité, et qu’ils fournissent régulièrement des
comptes sur leur activité à l’instance régulatrice. Les États se doteront de
telles instances afin de ne pas laisser n’importe qui émettre de la monnaie sur
leur territoire, et collaboreront pour éviter les fraudes. On pourrait imaginer
par exemple un système de licences d’émission de monnaie à l’échelle
européenne dans le cas de l’UE. Mais des paradis fiscaux pour créateurs de
cryptomonnaies pourraient bien voir le jour.
On pourra cependant, par définition, acheter des monnaies émises hors de
nos frontières ; c’est pour cette raison que le contrôle des receveurs de la
monnaie est aussi indispensable que celui des émetteurs. Toute entreprise,
tout commerce devra déclarer à l’instance régulatrice les monnaies qu’elle
accepte de ses clients et ne pourra pas accepter d’autres monnaies que celles-
ci. Cette liste de monnaies acceptées sera intéressante pour les sociétés de
solutions de paiement de cryptomonnaies, car le client final ne saura la
plupart du temps pas dans quelle monnaie il paie vraiment. Un État pourra
ainsi bannir des monnaies au fonctionnement trop opaque ou émises par
exemple par des États ou organisations considérés comme terroristes ou
ennemis. Les États contrôleront aléatoirement les flux de monnaies reçus par
les commerçants et entreprises, et les sanctionneront s’ils acceptent une
monnaie qu’ils n’ont pas déclarée. La cryptomonnaie « TVA » pourra être
créée et incluse à chaque paiement, si bien que l’État pourrait recevoir
immédiatement la part qui lui revient, comme nous allons le voir dans
l’exemple du paquet de cigarettes.
Résumé
Source : Kraken
Vous le voyez dans l’image ci-dessus, l’interface du wallet de Kraken me
donne plusieurs informations sur mon compte en Dash et me permet de
générer de nouvelles public addresses de Dash (bouton en bas à gauche). Si
quelqu’un envoie des Dash à l’adresse que vous voyez sur l’image, c’est mon
compte Kraken en Dash qui sera alimenté. Je pourrais ensuite convertir ces
Dash en d’autres cryptomonnaies ou en euros et virer ceux-ci vers mon
compte en banque.
Les public addresses permettent donc d’identifier expéditeurs et
destinataires de coins, pour peu que ceux-ci se soient fait connaître (c’est-à-
dire que l’utilisateur XYZ informe les personnes et sites pertinents que sa
public address est xyzxyz). L’accès à une blockchain, c’est-à-dire la
possibilité d’envoyer des fonds, des requêtes ou des informations sur son
réseau est a priori ouvert à tous. Cependant, si je veux restreindre l’accès
à une blockchain à certaines personnes ou machines, je peux demander
à celles-ci de s’identifier en me donnant leur public address, et je peux ne
donner de public addresses actives (c’est-à-dire qu’il se passe quelque chose
si vous envoyez de l’argent dessus) qu’à des personnes ou machines bien
précises (cf. « Les intrants de la blockchain » dans le chapitre suivant).
Quels sont les avantages de ce nouveau système pour chacun des acteurs ?
– L’État est payé lors de la vente d’un paquet, dans autant de monnaies qu’il
perçoit de taxes et dans les bonnes proportions, ce qui améliore
considérablement la gestion de ses recettes fiscales et lui permet d’être
réglé immédiatement.
– Le fabricant avance certes la marchandise dans le modèle que je propose,
mais étant payé en temps réel lorsque les paquets se vendent, il obtient des
informations quantitatives précises et précieuses sur les ventes de son
produit.
– Le client utilise comme aujourd’hui une seule monnaie pour payer son
paquet de cigarettes et ne se préoccupe pas de la conversion et la répartition
de la somme qu’il débourse à plusieurs destinataires en différentes
monnaies.
– Le buraliste obtient immédiatement la part qui lui revient et n’a plus à tenir
de comptabilité. L’État et le fabricant sont automatiquement payés ; il n’a
rien à faire.
– La solution de paiement prend une petite commission sur la conversion de
la monnaie du client dans celles payées au fabricant, au buraliste et à l’État.
Vous voyez là encore le rôle central joué par les solutions de paiement :
elles vont gérer des flux incessants de monnaies et permettre au système
d’être fluide, efficace et économique, sans que cela ne devienne complexe
pour les parties prenantes. En prenant de très faibles commissions sur
d’immenses volumes de transaction, elles deviendront non seulement
incontournables, mais aussi très rentables. L’explosion du nombre de
monnaies rend donc les paiements et plus généralement les économies
beaucoup plus fluides et efficaces qu’aujourd’hui.
Résumé
Constater et prédire
Le rôle de l’oracle
Nous l’avons vu, le consensus est un élément clé du fonctionnement des
blockchains, et consiste en la détermination de la réalité pour une blockchain
donnée. Aujourd’hui, les algorithmes Proof of permettent d’aboutir à ce
consensus, mais d’autres systèmes ont dû voir le jour, car une (ou plusieurs)
machine ne peut pas constater tout événement de manière incontestable,
surtout si cet événement a lieu dans le monde réel. C’est la fonction de
l’oracle.
Prenons un exemple. Imaginons un contrat intelligent qui code un pari entre
plusieurs personnes sur la date de naissance d’un bébé. Imaginons que pour
participer au jeu, vous devez payer un ether au contrat intelligent et que les
gagnants, c’est-à-dire ceux qui ont prédit la bonne date, se partagent
équitablement les mises, moins les frais de fonctionnement du contrat (les
sommes reversées aux oracles et au créateur du contrat). Qui va constater que
le bébé est bien né (disons) le 15 mai ? Sûrement pas une machine. Pas
encore en tout cas. C’est le rôle de l’oracle. Ou plutôt des oracles.
Le contrat intelligent est ouvert à la candidature d’oracles qui seront
rémunérés par une partie des sommes misées. Une fois la période de mise
passée, le contrat intelligent sélectionne aléatoirement un certain nombre
d’oracles dont la tâche sera de renseigner les données de l’événement sur
lequel porte le contrat intelligent, ici la date de naissance du bébé. Le mot
important ici est « aléatoirement ». Il est primordial que ces personnes soient
sélectionnées aléatoirement, ne se connaissent pas et ne puissent se contacter,
pour que les données qu’elles entrent soient les plus fiables possible.
Le contrat intelligent choisira comme réalité la donnée entrée par la
majorité des oracles, et seuls les oracles ayant entré une donnée qui
correspond à la majorité seront rémunérés. Pourquoi ? Pour éviter que des
oracles ne s’entendent entre eux pour déformer la réalité et pour les inciter
à faire bien leur travail. Un oracle n’aura ainsi pas intérêt à entrer une donnée
fausse ou fantaisiste, car elle ne correspondrait pas à la donnée entrée par la
majorité et qu’il ne recevrait ainsi aucune rémunération.
Gnosis
Société basée à Gibraltar avec un pôle de développement à Berlin, Gnosis
(token : GNO) explore plus avant ce concept en mettant en place des marchés
prédictifs, dont les tokens sont basés sur Ethereum.
Le concept est le suivant :
– vous choisissez un événement qui pourrait se produire dans le futur et
posez une question (quel parti va gagner les élections législatives danoises
du 16 juin ? Quel cours maximal atteindra l’action AXA cotée à Paris
en 2018 ?) ;
– vous déterminez un nombre raisonnable (2-10) de réponses possibles
à cette question. Par exemple oui/non, des noms de personnalités politiques,
des (fourchettes de) dates, des (fourchettes de) prix, des (fourchettes de)
chiffres, etc. ;
– vous définissez la monnaie du contrat, qui doit être une devise ou une
cryptomonnaie de référence : ETH, BTC, USD, etc. ;
– vous définissez une méthode d’oracle : Gnosis est ouvert à toutes les
méthodes en vigueur, donc c’est à vous de choisir la vôtre ;
– vous déterminez la période de validité du contrat, c’est-à-dire la période
pendant laquelle on peut y participer en achetant des tokens ;
– vous créez le contrat et entrez ces données dans la plateforme de marchés
prédictifs de Gnosis, qui se charge du reste.
L’interface des marchés prédictifs de Gnosis va alors créer un contrat
intelligent (Event contract) qui court sur la période et porte sur l’événement
que vous avez défini, et stipule les éléments suivants :
– les outcome tokens : Gnosis va créer les tokens que vous avez définis
correspondant aux issues possibles à votre événement en cas d’événement
catégorique (ayant des issues simples, maximum 5 plus l’option « autre » :
le 16 janvier, Emmanuel Macron ou oui/non) ou deux tokens seulement en
cas d’événement scalaire (ayant des réponses sous forme de fourchette de
chiffres, par exemple 120-200 €) ;
– les collateral tokens : ce sont les tokens de la monnaie dans laquelle on
peut participer au contrat (ETH, BTC, USD, etc.) et qui seront convertis en
outcome tokens quand on souhaite participer au marché ;
– l’oracle, qui renseignera l’issue de l’événement le moment venu.
Source : https://blog.gnosis.pm/
Si quelqu’un souhaite participer à un marché prédictif, il doit miser une
certaine somme du collateral token, par exemple 10 ETH, et recevra en retour
autant de chaque outcome token. Prenons comme événement catégorique le
classement Forbes des personnes les plus riches de la planète à paraître
début 2019 et imaginons que la question est : qui sera le premier de ce
classement ? Disons que le créateur du contrat a enregistré les réponses
possibles suivantes : Bill Gates, Jeff Bezos, Mark Zuckerberg, Bernard
Arnault ou « autre », soit cinq réponses possibles qui incluent toutes les
possibilités (si on inclut l’option « autre »). Il est très important pour un
créateur de marché prédictif de prévoir toutes les issues possibles. Si 1 ETH
donne droit à un outcome token de chaque issue possible, et si je mise 10
ETH dans ce marché, j’aurai 10 outcome tokens de chaque option, donc 50
outcome tokens en tout.
Source : https://blog.gnosis.pm/
Ces outcome tokens sont cotés dès la création du contrat et leur cours
reflète la prédiction des participants au marché. Disons que le marché pense
que Bill Gates a 40 % d’être le premier, Jeff Bezos 35, Mark Zuckerberg 10,
Bernard Arnault 10 et « autre » 5, et que je pense que c’est Mark Zuckerberg
qui sera premier. De même que la somme des probabilités des issues
possibles doit être égale à 100 %, la somme de la valeur des tokens doit être
égale à 1. Je vais alors vendre les outcome tokens correspondant aux quatre
autres personnalités. Celui de Bill Gates vaut 40 % de 1 ETH, soit 0,4 ETH,
celui de Jeff Bezos 35 %, soit 0,35 ETH, etc. Si je vends ces 40 outcome
tokens, je récupère donc 10 × (40 + 35 + 10 + 5)/100 = 9 ETH, et il me reste
les 10 outcome tokens « Mark Zuckerberg va gagner ». Si ce n’est pas Mark
Zuckerberg qui figure en haut du classement, alors ces outcome tokens ne
vaudront rien le jour de la résolution du contrat et j’aurais perdu 1 ETH
puisque j’en aurais misé 10 et récupéré 9. Si c’est en revanche bien lui
l’homme le plus riche de 2019 d’après Forbes, alors son outcome token
vaudra 1 ETH et tous les autres 0. Comme j’en ai encore 10, je gagnerai 10
ETH, qui s’ajoutent aux 9 que j’avais récupérés en vendant les outcome
tokens des autres options. Mon gain est donc de 9 ETH.
Prenons maintenant un exemple d’événement scalaire : que vaudra l’action
AXA à la Bourse de Paris au fixing du 30 novembre 2018 ? Le créateur du
marché fixe une fourchette, par exemple 20 – 45 €. Le prix actuel est 25 € (le
créateur du marché est optimiste). Seuls 2 outcome tokens sont créés : long
(pour ceux qui pensent que le prix ira vers la fourchette haute) et short (pour
ceux qui pensent que le prix ira vers la fourchette basse). J’investis à nouveau
10 ETH et reçois 10 outcome tokens « long » et 10 outcome tokens « short ».
Disons que vous pensez que le prix sera plus proche de la fourchette haute
que de la fourchette basse et que le marché pense à un instant t, que le prix
sera proche des 35 €. Vous vendez alors vos outcome tokens « short » au prix
suivant : (fourchette haute – prédiction du marché)/(fourchette haute –
fourchette basse), soit (45 – 35)/(45 – 20) = 10/25 = 0,4 ETH. Vous récupérez
donc 4 ETH puisque vous aviez 10 outcome tokens.
Au 30 novembre 2018, si le prix de l’action AXA est à 20 € ou moins, les
outcome tokens « short » valent 1 ETH, les « long » 0. Et inversement si ce
prix est au-dessus des 45 €. Si ce prix est à 42 €, le prix des outcome tokens
est le suivant :
– long : (prix final – fourchette basse)/(fourchette haute – fourchette basse)
= (42 – 20)/(45 – 20) = 22/25 = 0,88 ETH
– short : (fourchette haute – prix final)/(fourchette haute – fourchette basse)
= (45 – 42)/(45 – 20) = 3/25 = 0,12 ETH
Vous voyez que la somme des prix de tous les outcome tokens est égale à 1.
Si j’ai gardé mes 10 outcome tokens « long » et que je les revends,
j’empocherai 8,8 ETH. Comme j’ai précédemment revendu mes outcome
tokens « short » pour 4 ETH, je récupère en tout 12,8 ETH, soit un gain de
28 %.
Ce système, qu’il ne faut pas du tout voir comme un système de pari en
ligne et encore moins comme un loto ou un jeu d’argent, incite donc bien les
personnes détentrices d’informations pertinentes à les livrer, car elles sont
fortement incités financièrement à le faire. En effet, si « je sais », j’achète le
« bon » token, c’est-à-dire celui dont la valeur va monter au fur et à mesure
que l’on se rapproche du jour J, et je revends les autres, empochant ce faisant
une plus-value plus ou moins conséquente. Les marchés prédictifs peuvent
porter sur le prix d’une action à la Bourse ou d’une sculpture lors d’une vente
aux enchères, ou encore sur la date d’achèvement d’un chantier ou de sortie
du nouveau SUV Ford. Ils peuvent également porter sur des événements
artistiques, économiques, industriels, géologiques, politiques, etc., publics
pour que le plus de monde possible puisse participer aux marchés. Ils peuvent
servir à des commanditaires de travaux, des industriels, des gouvernements,
des compagnies d’assurances, etc. Ils constituent une application concrète
d’une cryptomonnaie. Augur est une entreprise concurrente de Gnosis (voir
chapitre 2 « Les prédictives »).
Résumé
• Les contrats intelligents ont parfois besoin d’oracles pour fonctionner, car
ils ne peuvent pas toujours obtenir toutes les informations nécessaires en
ligne.
• La mission de l’oracle est de constater un événement très précis dans le
monde réel et d’entrer celui-ci dans l’interface du contrat intelligent à un
moment donné.
• Des modèles prédictifs utilisant oracles et cryptomonnaies comme ceux
de Gnosis ou Augur ont vu le jour et sont appelés à devenir des
pourvoyeurs d’informations très précieux.
8
La nouvelle gestion
de la valeur
Nous avons beaucoup évoqué des cours, des monnaies et des volumes dans
cet ouvrage. Toutes ces notions tournent autour d’un concept fondamental
à la création et la gestion duquel les cryptomonnaies et la blockchain donnent
un nouveau souffle : la valeur.
Résumé
L’exemple du cadastre
Prenons l’exemple du cadastre. Qu’est ce qu’un cadastre ? C’est un registre,
à présent informatique, tenu par une administration publique qui est censé
répertorier la propriété foncière d’un territoire donné parcelle par parcelle,
maison par maison. Ce registre doit donc être maintenu constamment à jour
et doit pouvoir dire à celui qui le consulte à chaque instant qui détient quoi
dans le domaine foncier. Un registre, constamment mis à jour, qui répertorie
des biens de valeur… À quoi pense-t-on ? À la blockchain bien sûr.
Imaginons qu’on utilise une blockchain pour gérer le cadastre, disons de la
France. L’administration en charge du cadastre (disons pour simplifier le
ministère de l’Économie et des finances) pourrait créer une blockchain
« CadastreFR » (si c’était l’administration japonaise, ce serait « CadastreJP »,
sachant que le mot « cadastre » est utilisé tel quel en anglais) et une monnaie
« CAFR ».
Pour mettre en place ce « crypto-cadastre », il faut commencer par
alimenter la blockchain avec les informations du cadastre actuel, attribuer
à chaque détenteur de propriété foncière en France une private key et
alimenter le solde de son compte avec ce qu’il possède, ce qui représenterait
déjà un travail assez conséquent (appelé « tokenisation »). Une fois ce travail
réalisé, il faudrait diffuser l’information que cette blockchain existe et que
des mineurs peuvent la mettre à jour. Qui est à la source des informations
venant enrichir le cadastre ? Les notaires. Les notaires enverraient les
informations sur les transactions foncières au réseau « CadastreFR » et des
mineurs se chargeraient de les vérifier, de les inclure dans des blocs en
respectant l’algorithme Po de la blockchain. Ils toucheraient, pour chaque
bloc miné, de faibles frais de transaction payés par les notaires et un montant
plus substantiel en CAFR automatiquement attribué qu’ils pourraient faire
valoir, comme toute monnaie émise par une administration française, auprès
de l’État français contre des euros (ou une autre monnaie officielle) ou une
déduction fiscale, ou qu’ils pourraient simplement vendre sur un exchange.
Voici ce à quoi pourrait ressembler l’écosystème de « CadastreFR » :
On pourrait appliquer la même formule à tous les registres tenus par les
entreprises, lieux d’enseignement, administrations, banques, etc. : les cartes
grises, les véhicules (cf. Carvertical), les diplômes, les pièces d’identité, les
actifs financiers, les comptes en banque, etc.
Résumé
L’histoire se répète-t-elle ?
Vous l’avez peut être lu ou entendu : on fait souvent le rapprochement entre
le stade de développement d’Internet du milieu des années 1990 et celui de la
blockchain aujourd’hui. Ce sont effectivement deux technologies a priori
décentralisées (ni Internet ni la blockchain n’appartiennent à une entité et
chacun peut y créer sans demander d’autorisation ou payer de royalties),
ayant des débuts un peu difficiles.
Nous l’avons vu, la blockchain est une technologie disruptive. Autant je
pense que l’histoire se répète 25 ans plus tard d’Internet à la blockchain,
autant je ne pense pas que nous soyons à l’aube d’une adoption de masse de
la première application viable de la blockchain, à savoir les cryptomonnaies,
et ce pour trois raisons essentielles : leur cours est trop volatil (problème que
les stablecoins ou le temps pourraient régler), la consommation d’énergie trop
élevée que leur minage entraîne (ce que la disparition ou du moins
l’évolution de l’algorithme PoW pourrait régler) et leur utilisation trop peu
conviviale et sûre pour les particuliers (ce que de nouvelles interfaces
pourraient changer).
On chante d’autre part régulièrement les louanges de la décentralisation, qui
est l’aspect clé des cryptomonnaies et de la blockchain, du moins jusqu’à
présent : elle permet de protéger plus efficacement les données personnelles
de chacun, elle engendre des coûts moins élevés, elle permet une plus grande
démocratie, elle apporte dans certains cas une plus grande sécurité par rapport
aux systèmes centralisés. La décentralisation a cependant aussi des
désavantages notoires, qui sont déjà perceptibles dans les cryptomonnaies :
– une plus grande difficulté à prendre des décisions et à investir pour faire
évoluer les modèles et les règles, comme on le voit notamment chez
Bitcoin ;
– un certain désordre qui entraîne une performance et une rapidité moindres,
car il faut plus de temps pour coordonner les participants et aller dans une
même direction ;
– une absence de garantie, de sécurité, de contrôle liée à l’absence d’organe
central, qui fait que ce que vous gagnez au niveau de la sécurité du système
dans son ensemble est largement minoré par ce que vous perdez dans
l’utilisation de celui-ci (concrètement, si vous envoyez des fonds à une
mauvaise adresse ou perdez votre private key, vous ne pourrez jamais
récupérer votre argent) ;
– un manque de convivialité dû encore une fois au fait qu’il n’y a pas
d’autorité centrale qui décide et investisse pour améliorer les processus et
interfaces.
Ces inconvénients de la décentralisation sont plus visibles que ses
avantages : le grand public n’est très probablement pas prêt à abandonner la
sécurité et la praticité de ses comptes en banque et comptes titres pour se
mettre à payer et investir en cryptomonnaies, quand bien même elles seraient
acceptées par plus de commerçants, et que cela lui permet de gagner en
protection des données personnelles et de faire des économies en termes de
frais de transactions.
Cela ne plaira pas aux tenants de la décentralisation, mais c’est l’arrivée
d’acteurs centralisés (Google et les navigateurs notamment) qui a permis
à Internet de se développer de manière fulgurante à partir de la deuxième
moitié des années 1990. Dans un système centralisé, vous pouvez vous
adresser à un organe unique (par exemple une administration publique ou une
entreprise) pour connaître les « règles du jeu » ou demander un
dédommagement en cas de dysfonctionnement du système ; cet organe
central peut prendre des décisions et investir parfois massivement (comme le
font les GAFA par exemple) pour améliorer le système. Un système
décentralisé doit impérativement être très bien paramétré dès le départ pour
qu’il puisse fonctionner le plus possible de manière autonome et n’a pas les
mêmes capacités d’investissement et de coordination.
Résumé
Le Web 3
Un des sujets sur lesquels planchent actuellement plusieurs équipes qui
s’intéressent à la blockchain est la connexion de celles-ci. Les exchanges et
les solutions de paiement s’y intéressent naturellement afin de pouvoir
faciliter l’échange de monnaies (cf. le Comit de TenX). Mais la connexion de
blockchains entre elles est ce qui pourrait faire naître le Web 3 dans les
années à venir. Dans le Web 3, le contenu du Web que des milliards de
personnes consultent chaque jour ne sera plus stocké sur des serveurs gérés
par des acteurs centralisés comme Microsoft, Google ou Amazon, mais
disséminé sur des ordinateurs qui recevront de petites sommes de
cryptomonnaies pour héberger ce contenu. Chaque blockchain a ses
avantages et désavantages, et propose telle ou telle fonction. Un Internet de
blockchains, le Web 3, permettrait aux utilisateurs de transférer de la valeur
entre blockchains pour profiter des caractéristiques et applications proposées
par chacune d’entre elles. Avec le Web 3, c’est véritablement l’ossature et la
manière de fonctionner d’Internet qui sont remises en question et orientées
vers la décentralisation.
Résumé
• Internet tel que nous le connaissons fonctionne selon un modèle qui s’est
beaucoup centralisé, que ce soit sur la gestion du trafic ou des contenus,
ou la captation des profits.
• Après le Web 1.0 qui a donné à tous la possibilité de se renseigner et
d’acheter en ligne, et le Web 2.0 qui a permis à chacun de créer, de
communiquer et d’avoir ainsi sa place sur le Web, un nouvel Internet se
fait jour.
• Ce nouvel Internet, le Web 3, fonctionne selon un modèle décentralisé de
stockage des données sur des ordinateurs membres de différentes
blockchains, remplissant chacune un rôle et que le terminal de l’utilisateur
va combiner pour répondre à ses requêtes.
• De nombreuses équipes mettent actuellement en place des systèmes
d’indexation et d’incitation financière comme IPFS ou Swarm afin de
construire ce nouveau Web décentralisé.
Mineur
Déjà évoqué plusieurs fois dans cet ouvrage, et essentiel au fonctionnement
de la blockchain, le métier de mineur est appelé à changer rapidement avec
l’évolution des algorithmes Po et il demande un investissement assez
conséquent en argent (pour acquérir le matériel nécessaire) et en temps (pour
se former et paramétrer et surveiller ses programmes).
Avec l’évolution des capacités de calcul des processeurs, et la
généralisation des blockchains, nous deviendrons demain tous mineurs avec
notre smartphone, sans même nous en rendre compte, et les blockchains que
nous minons diront un peu qui nous sommes ou du moins ce que nous
consommons.
Émetteur de cryptomonnaie
Quand toutes les entreprises, artisans, administrations, associations, petites ou
grandes, allemandes ou colombiennes, voudront avoir leur propre monnaie
parce que c’est intéressant pour elles ou parce que leur État cessera d’émettre
une monnaie nationale comme nous les connaissons aujourd’hui, elles auront
besoin de compétences pour créer et gérer cette monnaie.
Les plus petites auront peut-être recours à des sociétés spécialisées dans
l’émission de cryptomonnaies par secteur et/ou zone géographique.
Par exemple, un restaurant bordelais qui utilisera une monnaie destinée à la
restauration et aux lieux de sortie en Gironde. Les plus grandes émettront
elles mêmes une voire plusieurs monnaies : une pour leurs clients, une pour
leurs employés, etc.
Programmeur de blockchain
Techniquement, une blockchain est un algorithme informatique programmé
en C, C++, Javascript, Python, Haskell, Solidity, etc. Étant un code open
source, vous pouvez créer votre blockchain en copiant et adaptant une
blockchain déjà existante ou en créant la vôtre, ce qui est plus compliqué.
Les programmeurs de blockchains ont de beaux jours devant eux, car leurs
compétences vont être très prisées. Il est essentiel de programmer la
blockchain de manière impeccable, car une fois qu’elle est lancée, elle est
difficile à modifier ou stopper. L’architecture de la blockchain et son
fonctionnement, dictés notamment par l’algorithme de consensus Po, sont des
points essentiels qu’il faut mûrement réfléchir et correctement programmer
avant de lancer la machine. Protéger la blockchain contre les pirates est
également une tâche importante des programmeurs.
Oracle
Les contrats intelligents ont besoin de données qu’ils comparent aux clauses
du contrat pour fonctionner. L’idée est qu’ils soient le plus autonomes
possible, c’est-à-dire qu’ils puisent le plus possible ces données dans un
réseau type Internet ou blockchain en fonction du comportement des parties
du contrat et du temps. Mais ce n’est pas toujours possible.
C’est pourquoi un nouveau métier d’oracle, ou pourvoyeur d’informations
dans le monde réel, proche de celui d’huissier, est nécessaire au bon
fonctionnement de certains contrats intelligents. Un oracle ira constater ou
évaluer des événements du monde réel et fournira des informations au réseau
sur lequel fonctionne le contrat intelligent pour que celles-ci soient traitées
par les mineurs et que certaines actions soient enclenchées ou non,
conformément aux clauses du contrat.
Gestionnaire de blockchain(s)
La blockchain est un système autonome et décentralisé de stockage et
transmission d’informations ; il nécessite cependant d’être surveillé, alimenté
et mis à jour périodiquement, une fois qu’un programmeur l’a créé.
Le gestionnaire de blockchain doit veiller à ce que le système fonctionne
bien : vérifier que chaque acteur ait sa place et joue son rôle, laisser les
bonnes personnes, machines, entreprises, intervenir sur le réseau, créer le
nombre nécessaire de public addresses, les distribuer aux bonnes personnes et
tenir un registre, contrôler le cours de la monnaie, etc.
Spécialiste de la traçabilité des transactions sur
blockchain
Si les cryptomonnaies se généralisent et deviennent un moyen de paiement
répandu, et si les utilisateurs s’identifient systématiquement auprès des
exchanges et des pourvoyeurs de public addresses, alors il sera possible de
tracer très efficacement les transactions effectuées avec les monnaies non
anonymes, ce qui peut être utile pour l’administration fiscale ou juridique, les
banques, la police, les assurances, etc.
Savoir reconnaitre les public addresses en fonction de leurs premiers
caractères, savoir naviguer entre les blockchains, savoir retracer l’activité
d’une ou de plusieurs public addresses, savoir qui contacter pour obtenir les
informations manquantes seront des compétences précieuses pour ces entités.
À noter que la traçabilité ne s’applique pas qu’aux transactions mais que la
blockchain peut aussi être utilisée pour tracer des produits alimentaires ou
médicaux, comme le fait par exemple l’entreprise Clear Karma.
Résumé
Passer à la blockchain
Voici la marche organisationnelle à suivre si vous souhaitez passer
concrètement à un système de gestion de la valeur fondé sur la blockchain.
La « tokenisation »
Avant de passer à un système de gestion de valeur fondé sur la blockchain,
vous devez répondre à ces quatre questions :
– Quels sont les actifs à gérer ? (Quoi ?)
– Qui les produit ou les détient ? (Qui ?)
– Combien y en a-t-il ? (Quelle quantité ?)
– Combien valent-ils ? (Quelle clé d’attribution ?)
Reprenons nos trois exemples et répondons à ces questions pour chacun :
Blockchain/Projet CadastreFR RoomParisS Telkel
Quels sont les Propriété Chambres destinées Droits musicaux
actifs à gérer ? foncière en à la location courte durée à de la musique
France, en Paris en nombre de personnes de Telkel
m2 pouvant être hébergées sur un
an
Qui détient Propriétaires Propriétaires de chambres à Telkel
ces actifs ? fonciers Paris destinées à la location
en France courte durée
Combien 1 milliard 150 000 000 nuitées par an 5 000 000
y en a-t-il ? de m2 droits musicaux
uniques
à vendre
Combien valent- 1 m2 = 1 nuitée/personne = 1 RPS Droit pour
ils ? 1 CAFR 1 chanson pour
1 personne =
1 TLKL
Nombre de 1 000 000 000 150 000 000 5 000 000
tokens à créer
La réponse à la première question est en principe facile à trouver : il s’agit
des actifs que votre blockchain va permettre de gérer et éventuellement
vendre. Plus les actifs sont homogènes, mieux c’est. Il faut déterminer une
unité de compte de ces actifs (mètre carré par exemple).
Comme le système que vous souhaitez mettre en place remplace un autre
système pré-blockchain, vous avez en principe déjà un registre répertoriant
les actifs que vous souhaitez gérer via la blockchain et les détenteurs de ces
actifs, comme le cadastre actuel ou la liste des chambres destinées à la
location de courte durée que détient (peut-être) la Ville de Paris. Mais ce
changement de système de gestion peut justement être l’occasion de remettre
ces registres à jour, auquel cas il vous faudra contacter les personnes/entités
qui détiennent l’actif à gérer et leur demander de déclarer la « quantité » de
cet actif qui est en leur possession dans une unité et à un instant T bien
spécifiés par l’organisateur de la blockchain, exactement comme les cours
des monnaies qui ont été converties en euro ont tous été déterminés à la
même seconde. Les détenteurs d’actifs vont jouer le jeu, car ils vont recevoir
le nouveau token gratuitement et voudront faire partie du nouveau système.
Cela vous permet au passage de répondre à la troisième question.
La constitution du système de gestion de la valeur fondé sur la blockchain est
plus simple si une seule personne ou entité produit ou détient de la valeur
dans le système, comme dans le cas de Telkel, et si les actifs à gérer sont
homogènes.
Déterminer une clé d’attribution est plus complexe. Ceci doit être décidé
par les organisateurs de la blockchain et une partie au moins des détenteurs
d’actifs. Celle proposée pour CadastreFR est irréaliste, mais elle a été choisie
par souci pédagogique. Dans la vraie vie, on choisirait probablement 1 € = 1
CAFR. Une fois ce travail effectué, vous pouvez déterminer le nombre de
tokens qui doivent être créés à la naissance de votre blockchain et les
attribuer dans la bonne proportion aux bonnes personnes ou entités. Les
détenteurs d’actifs se voient donc attribuer de la monnaie qui sort de nulle
part, mais cela les motive pour participer à ce nouveau système et compense
leur contribution à la mise en place du système.
La tokenisation est donc le fait, dans la constitution d’un système de gestion
de la valeur fondé sur la blockchain, d’attribuer aux détenteurs de l’actif géré
un certain montant de la monnaie de la blockchain (des tokens) suivant la
quantité d’actifs qu’ils possèdent, dans une unité bien précise, en fonction
d’une clé de répartition décidée par les organisateurs du système, et identique
pour tous. La tokenisation a lieu en principe une seule fois, lors de la création
de la blockchain, mais peut se reproduire selon des conditions à bien définir
au préalable si des détenteurs de l’actif qui utilisaient un autre système de
gestion souhaitent rejoindre la blockchain.
Casting
Votre blockchain, si elle accepte tout type d’intervenant, doit proposer un
mécanisme de vérification de la conformité et de la véracité des informations
qui lui sont transmises, comme la signature numérique des cryptomonnaies.
Si votre blockchain ne doit être accessible qu’à un certain type de personnes
et/ou de machines, il faut communiquer à celles-ci des public addresses
actives et leur demander de s’identifier ou recruter une autorité pour contrôler
les informations envoyées au réseau.
Schémas récapitulatifs
Je vous propose, pour conclure cette partie, des schémas récapitulatifs des
nouveaux écosystèmes que la blockchain rend possibles.
Pour rappel, les acteurs participant à une blockchain sont :
– les clients : ils envoient des requêtes au réseau de la blockchain et paient
dans la monnaie de la blockchain pour obtenir un bien, un service, un
dédommagement, etc. ;
– les fournisseurs : ils proposent un bien ou un service sur le réseau de la
blockchain ;
– la place de marché : elle propose des actifs mis à disposition par les
fournisseurs aux prix qu’ils ont fixés dans la monnaie de la blockchain ;
– la monnaie : à chaque blockchain est associée une monnaie, qui peut porter
le même nom ou pas ;
– les mineurs : ils vérifient les requêtes émises par les clients et oracles sur le
réseau de la blockchain, les regroupent en blocs, les ajoutent aux blocs déjà
présents et perpétuent ainsi la chaîne de blocs ;
– les oracles : ils fournissent de manière neutre et structurée des informations
au réseau de la blockchain qui vont être captées par les mineurs ;
– les autorités : elles servent de filtre entre clients et réseau de la blockchain
pour contrôler au niveau juridique ou administratif la véracité des
informations transmises par des clients au réseau dans certains types de
blockchains. L’autorité peut être le détenteur de la blockchain lui-même, ou
une entité payée par celui-ci, un officier public par exemple ;
– les instances de contrôle : connexes à la blockchain, elles contrôlent les
biens et services que les fournisseurs mettent à disposition sur la place de
marché. Comme l’autorité, l’instance de contrôle peut être le détenteur de la
blockchain lui-même ;
– les exchanges : connexes à la blockchain, ils permettent d’acheter, de
stocker, d’envoyer, de recevoir et de revendre des monnaies.
La blockchain elle-même stocke et transmet les informations enregistrées
par les mineurs qui déclenchent des réactions dans le monde réel et sont
consultables par les acteurs de celle-ci.
Schémas généraux
Blockchain 1.0 : gestion de transactions
Blockchain de location
de voiture à la fin de la location
La blockchain testamentaire est paramétrée par la personne rédigeant le
testament et le notaire dans le respect de la loi en vigueur du pays où ils se
trouvent. Elle ne peut se mettre en œuvre que s’il n’y a pas de litige lors du
décès de la personne.
Blockchain testamentaire
Satcoin
Les satcoins sont des coins qui valent quelques satoshis (moins de cent), ce qui est le cas de
beaucoup de nouveaux coins. C’est l’équivalent des penny stocks sur les marchés
financiers classiques. Certains sites tels Cryptopia ou Yobit se sont spécialisés dans ces
coins.
Satoshi
Le satoshi est l’unité de compte de bitcoin la plus petite, à savoir un cent millionième de
bitcoin, ou 0,00000001 BTC. Les fractions des autres monnaies portent également des
noms qui leur sont propres, comme le wei de l’ether, ou pas, comme la mRDD ou la
µRDD.
Segwit
Segwit est un update (soft fork) appliqué en août 2017 à la blockchain du bitcoin, et ensuite
à celles d’autres monnaies telles que Litecoin, Digibyte ou Vertcoin qui signifie
« segregated witness », « témoin ségrégué » en traduction littérale. Le but de Segwit est
d’augmenter la vitesse des transactions en diminuant la taille des transactions id (Tx-ID) et
en abandonnant une petite part de sécurité. Ce système contourne le fait que la taille des
blocs ne peut pas être augmentée en changeant la manière de comptabiliser l’espace
d’octets à unités, ce tour de passe-passe passe faisant gonfler la taille maximum d’un bloc
de 1 à 1,8 Mo.
Les données de chaque transaction sont séparées en deux parties : les informations sur le
donneur, le receveur et la transaction d’une part (public addresses et nombre de coins
transmis), qui ne sont pas modifiées par Segwit, et la nouvelle structure « witness »
(témoin) qui contient les scripts et signatures de validation, et prend quatre fois moins de
place que dans le système pré-Segwit. Les signatures sont séparées de leur transaction et
mises bout à bout ensemble à la fin des séries de chiffres et de lettres constituées par les
mineurs pour former des blocs. En sortant la signature de la Tx-ID, Segwit rend par ailleurs
cette dernière impossible à modifier.
Stablecoin
Un stablecoin est un coin qui réplique la valeur d’un actif financier, comme une monnaie
fiat, en faisant une valeur refuge pour les investisseurs qui veulent se protéger contre la
forte volatilité du marché des cryptomonnaies sans en sortir. Le Tether (USDT), qui
réplique la valeur du dollar US, est la premier en date et le plus important stablecoin ;
d’autres monnaies arrimées sur le dollar US sont sorties en 2018 (TUSD, USDC, etc.), et
des monnaies arrimées sur d’autres monnaies fiduciaires vont également voir le jour,
comme celle que Mitsubishi veut lancer et qui sera arrimée au yen japonais.
Les stablecoins sont des actifs majeurs du marché des cryptomonnaies amenés à se
multiplier.
Token
Vous verrez souvent les termes « coins » et « tokens » sur les sites traitant des
cryptomonnaies. Il y a une légère différence entre les termes, qui sont cependant assez
souvent intervertis et pour cause : il n’y a pas encore de consensus sur leur définition,
comme vous allez le voir. Un token est en quelque sorte un bon d’achat numérique, dont
l’unicité est prouvable mathématiquement et qui peut être échangé contre des biens ou des
services. Prenons l’exemple d’ether. Ether est aussi bien un coin qu’un token : c’est un coin
dans son rôle de monnaie comme unité de compte, réserve de valeur ou intermédiaire des
échanges. Ether est un coin quand j’envoie un ether à une personne pour lui verser de
l’argent ou lorsque je l’investis sur un marché. C’est aussi un token dans sa capacité à me
donner accès à un service. Ether est ainsi un token quand je m’en sers pour payer du gas et
ainsi avoir accès aux fonctionnalités de l’EVM. Du coup les coins purs (bitcoin, Monero,
Dash, Litecoin, etc.) ne peuvent être que des coins. Mais REM, DFT, LSK, EOS, GNT,
STRAT et bien d’autres peuvent être aussi bien coins que tokens.
Vaporware
Vaporware, néologisme anglais signifiant littéralement « marchandise faite de vapeur
(d’eau) », désigne des cryptomonnaies qui n’ont pas de vrai projet et devraient donc ne rien
valoir. Shitcoin et arnaque (scam en anglais) sont des termes équivalents. Exemples :
Veritaseum, Paccoin, Fucktoken, Dimoincoin…
Wallet
Wallet veut dire « portefeuille » en anglais. Un wallet est une application ou un
périphérique qui gère vos private keys et donc vos cryptomonnaies. Ils offrent plusieurs
fonctions : afficher le solde de vos coins, créer des public keys et private keys, envoyer et
recevoir des coins… On distingue quatre types de wallets :
• paper wallet : vous notez votre private key sur papier, à l’ancienne ;
• hardware wallet : un périphérique qui peut ressembler à une clé USB et qui gère votre
private key ;
• desktop wallet : une application sur votre PC, laptop, tablette, smartphone, etc., qui gère
votre private key ;
• exchange wallet : un wallet géré par un exchange, qui s’occupe de tout.
Whale
Un whale (baleine en anglais) est une personne ayant investi beaucoup d’argent (en
principe au-delà d’un bitcoin) dans un site type PIHR (lending, minage ou trading) ou une
ICO.
Whitelist
Une whitelist, « liste blanche » en anglais, est une liste de personnes habilitées à participer
à une ICO. Les organisateurs de l’ICO vous demandent de satisfaire certains critères assez
faciles à atteindre (avoir une adresse e-mail valide, prouver que vous avez un wallet ETH
hors exchange…), pour vous intégrer à leur whitelist, pour donner un côté exclusif
à leur ICO.
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