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PARTIE 2: AUDIT DES

IMF1 NON MUTUALISTES

48
E
L_

I Les institutions de microfinance de niveau 1 non mutualistes sont celles dont


les risques sont élevés et nécessitent que la démarche adoptée par l'auditeur puisse

t- le conduire à éviter le risque d'émission d'opinion inappropriée. Cette partie sera


axée sur :

L-
' L'évaluation des risques majeurs de ces institutions qui peuvent avoir
des impacts directs ou indirects sur les comptes ;

l-- r Les propositions de programmes et procédés pour réaliser I'audit dans


les domaines jugés spécifiques ; et
t-
t

I
r Les recommandations générales tant pour les IMFs ayant permis de
réaliser cette étude que pour les auditeurs.

t-
L_
I

t-
r-
I

t.-

l,-
I
h-
49

r-
L-
l-
L CHAPITRE 1 : EVALUATION DES RISQUES RELATIFS AUX IMFS

L DE NIVEAU 1 NON MUTUALISTES

L Lors de l'audit des IMF1 non mutualistes dont celles ayant permis d'effectuer cette
étude, les problèmes rencontrés concernent notamment la maîtrise des risques inhérents et des

l. risques liés au contrôle inteme par les auditeurs.

En effet, les risques et analyses présentés dans les manuels de CGAP et de Craig

L CHURCHILL et Dan COSTER ont été réalisés au niveau international. De ce fait, ils
tiennent pas compte des spécihcités des IMFs suivant le contexte et la législation Malgache.
ne

t_ Etant donné que notre thème est axé sur l'audit des institutions de microfinance de niveau I
non mutualistes, ce chapitre analysera les risques issus des facteurs externes ayant trait aux

l_ risques réglementaires, institutionnels, opérationneis, iiés à la gestion financière ainsi que

I ceux d'origine interne liés aux faiblesses du système de contrôle inteme de l'entité.

Les méthodologies poursuivies pour l'analys.e des risques consistent à obtenir des

L informations probantes et pertinentes lors de la phase de prise de connaissance de l'entité en


procédant à :

L ' des entretiens avec les différents responsables et employés de l'entité ;

' des revues des documents de référence au niveau de l'entité (Manuels


L
de
procédures, contrats de subvention, contrat de financement, politique de crédit,

manuel des opérations,...)

l- '
;

des études des textes législatifs et réglementaires régissant les IMFI non

L
mutualistes ;

. des examens analytiques des données financières ;

' des études des contextes économiques et environnements de concurrence de


l_ l'entité.

L
t
SECTION 1 : ANATYSE DES RISQUES LIES AUX TEXTES REGLEMENTAIRES
ET AUX RISQUES INSTITUTIONNELS

t Les risques inhérents pour les IMFs de niveau 1 non mutualistes à Madagascar sont liés
directement ou indirectement à la règlementation, aux modalités de coopération avec les

L institutions partenaires notamment les bailleurs de fonds.

50

t_
t-
1.1. Risques liés aux textes règlementaires

La loi 2005-016 relative à l'activité et au contrôle des IMFs a été promulguée en

septembre 2005. Cette loi est commune à ces institutions et règlemente le secteur. Toutefois,
elle est source de risque pour les IMFs de niveau 1 non mutualistes tant sur la forme juridique,
la structure du capital que sur les normes prudentielles et la fonction du commissaire aux
comptes.

1.1.1. Forme juridique

Les IMFs offrent des services financiers pour les personnes exclues du circuit bancaire
classique en touchant le plus grand nombre. C'est cette mission sociale qui prime pour les
IMF1 non mutualistes. En effet, les dirigeants de ces institutions orientent les actions de ces

entités vers la réalisation de cette mission.

Cette mission sociale est favorisée par les textes règlementaires dans la mesure où
l'article 4 du décret 2007-0I2 fixant les formes juridiques des IMFs stipule que les IMFs non
mutualistes de niveau I qui ne prévoient pas de se transformer en IMF 2 ou 3 sont
constituées en Association prévue par l'Ordonnance n"60-133 du 03 octobre 1960 ou sous la
forme d'Organisation Non Gouvernementale « OlttG » prévue par la Loi n"96-030 du 14
aoîtt 1997.

Les formes juridiques d'association ou ONG sont dédiées aux organismes sans but
lucratif (OSBL) dont la mission est tournée plus sur la réalisation de la mission sociale que la
recherche de bénéfice. L'aide financière, à travers des programmes d'octroi des crédits aux
populations vulnérables, devient la priorité des IMFi non mutualistes. Pour les bénéficiaires à
faible revenu, l'accroissement de taux d'intérêt du crédit découragera les demandes de prêt, et
l'institution n'arrivera pas à remplir sa mission sociale. L'accumulation de déficit de gestion
fait que I'IMFI remet en cause sa viabilité financière par l'érosion graduelle de ses fonds de
crédit et la réduction de ses capitaux propres. A terme, cette situation présente de risque sur la
continuité de l'exploitation de I'entité.

Face à ce risque, l'auditeur doit scrupuleusement vérifier la variation des capitaux


propres, des fonds disponibles, le taux des crédits en souffrance et l'évolution des fonds de

subvention. La revue analytique des données doit permettre à l'auditeur de conclure sur
l'éventualité de risque de cessation de I'activité de l'entité par manque de fonds. Le cas

51
î

I échéant. le rapport de l'auditeur doit en informer et attirer l'attention des dirigeants sur ce

1 risque pesant sur la continuité de 1'exploitation de l'institution.

I 1.1.2. Structure du capital

Suivant 1'article 36 de la loi 2005-016, aucun minimum de capital social n'est exigé
I pour les IMF1 non mutualistes sauf pour celies qui se sont constituées en société. Cette
dtsposition deloi est précisée par le décret d'application n" 2007-013 portant fixation du
)
I
capital minimurn des établissements de crédit et de la valeur nominale des titres de
participation. en son article 3. Le décret stipule que s4r.r préjudice du respect des exigences
I

/ .lu droit commun pour les Sociétés, aucun capilal minimum libéré n'est exigé pour les
.7 ittstittrtions de microfinance de niveau l, mutualistes et non mutualistes.
)
Cette situation est source de risque pcur une IMF1 non mutualiste. L'absence Ce

:hation de capital social fragiiise la structure cie son capital. Les <iroits ci'acihésion des
ntetnbres ne suffisent pas à démarrer l'exploitation d'une IMF1. Les membres, notons-le sont

;eux ayant constitué l'entité et non les bénéficiaires. Le recours à une subvention des bailleurs
Je lbnds devient incontournable. A défaut d'injection de fonds par les dirigeants etlou des
bailleurs de fonds, les IMF1 ne peuvent garantir ni le remboursement des épargnes
obligatoires ni la continuation des activités.

En somme, aucune garantie n'est apparente pour délimiter la responsabilité des


dirigeants, du conseil d'administration et des organes exécutifs pour les IMFl non mutualistes
sur la continuité d'exploitation. L'auditeur est invité à vérifier la structure et l'évolution de
capital social pour détecter à temps les risques sur l'éventuelle cessation d'activités.

1.1.3. Norme prudentielle

La loi sur les IMFs définit les normes prudentielles comme les règles visant à assurer la
protection des déposants et à préserver la solidité de la situation hnancière de f institution de
microfinance. Cette norme permet d'apprécier pour un établissement de crédit la qualité des
ratios de liquidité, de solvabilité, les risques de crédits, et d'imposer l'existence de minimuni

de sécurité financière. Toutefois. les IMF1 non mutualistes ne sont pas soumises à cette
nonne prudentielle.

En effet, la loi 2005-016 en son article 8 précise que la surveillance des IMF1 non
nrutualistes ne comporte pas la vérification du respect des normes prudentielles. Par ailleurs,
F
t: à la difference des articles 15 et 16 de la loi 2005-016 sur les IMF 2
concernant l'IMFl n'énonce pas que ces derniers soient tenus
et 3, l,article 14
de respecter les normes
l-_ prudentielles. D'une part, les cadres dirigeants se sont dépourvus
d'outils permettant de suivre
la bonne gestion financière. D'autre pafi, les bénéficiaires ne
seront pas à l,abri des risques de
L- difficulté de I'IMF de niveau I non mutualiste à rembourser les dépôts
obligatoires.

t_ A titre d'illustration, l'annexe XII nous présente le calcul des ratios de liquidité
solvabilité de cEFoR et HARDI FINANCE. par ailleurs, le tableau
et de
ci-après nous montre la

l_ situation des encours d'épargne obligatoire par rapport à la trésorerie


et les crédits :

Tableau 3 : Situation des dépôts par rapport au prêts de la clientèle


et Ia trésorerie
1_ Année
Rubriques CEFOR HARDIFINANCE
2011 2012 2013 Moyenne 2011 2012 Moyenne
Encours épargne / encours de crédit sain 67% 62% 69%
L- Encours épargne / eneours ele c,éciit saln o
66% 301% 163% 155%

Trésorerie 32% 36% 2,Ao/^


35% 31% 44% 25%

t- Encours épargne / Trésorerie 62% 85o/o 84% 77% 35% 610/, 32%

source : anaryse à partir des états financiers de cEFoR et HARDI


FINAI{cE
L- Ainsi, on constate que les encours d'épargne tant pour CEFOR que
HARDI FINANCE
l-
I
représente plus de la moitié des trésoreries disponibles. or,
uniquement au remboursement des dépôts de garantie mais
la trésorerie ne sert pas
également pour l,octroi de
nouveau crédit, le règlement des dépenses courantes de fonctionnement
comme le paiement
: des prestataires, des charges salariales, sociales et fiscales.

Il
est ainsi difficile pour les IMF1 non mutualistes de garantir leur
liquidité, leur
é solvabilité et l'équilibre de leur structure financière dans le cas où
la règlementation, elle-
même' autorise le non suivi de ces nornes prudentielles. Cela pourrait
nuire à la bonne
gestion financière de ces institutions, et partant, menace
la continuité d,exploitation par
manque de liquidité ou détérioration des ratios financiers,
et la faible division des risques.

Malgré l'application optionnelle des normes prudentielles aux IMF1


non mutualistes,
les auditeurs sont recommandés de les calculer et les vérifier
afin drapprécier l,existence des
risques de non-respect de ces norunes.

53

-
1.1.4. Fonction du commissaire aux comptes

- Les commissaires aux comptes sont obligatoires pour les établissements de crédit. Elle
résulte de l'article 84 de la loi 2005-016 et de l'article 24 de la loi 95-030 qui stipule que /es

opérations des établissements de crédit sont contrôlées par au moins deux commissaires aux
comptes..., Ceux-ci procèdent à la certification des comptes annuels, s'assurent et attestent de
l'exactitude et de la sincérité des informations destinées aux autorilés et au public. Cette
article est précisé, pour les IMFs par l'instruction N' 007/2007-CSBF du 7 décembre 2007 en
son article 7,les IMFs sont lenues de se doter de la structure minimale de contrôle constituée

de : une fonction audit interne, un olt deux commissaires aux comptes.

Cette obligation de certification des comptes permet aux tiers comme l'Etat, les
bailleurs de fonds d'avoir une assurance raisonnable sur la sincérité et la fiabilité des états
t__ financiers ainsi que le respeet des textes réglementaires et législatif.s sur l'activité de" IMF.!
non mutualistes.
I

Toutefois, la forme juridique de ces institutions ne permet pas aux commissaires aux
comptes la réalisation de sa mission telle que défini par la loi 2003-036 sur les sociétés
t_
commerciales. En effet, la mission d'audit légal dans les IMFl est obligatoire mais les textes

règlementaires qui les imposent n'en définissent pas la mission du commissaire aux comptes.
t_
t-
t
Par conséquent, le risque pour l'IMF1 est que l'auditeur n'est pas obligé d'effectuer les
vérifications spécifiques, communément applicables pour les sociétés commerciales. Sauf
disposition contraire de la lettre de mission, le commissaire aux comptes n'est pas tenu de
t

rédiger un rapport spécial pour informer les dirigeants sur les faits de nature à compromettre
J
la continuité d' exploitation (procédure d' alerte).
I

J
1.2. Risques institutionnels
t

Les principales institutions partenaires des IMFl non mutualistes sont constituées par :

I
I

I le gouvernement malgache, les bailleurs des fonds ;

t, les associations prolessionnelles :

L-
I

les foumisseurs de services de microfinances ;

t" ainsi que l'organe de contrôle, en I'occurrence, la CSBF.

L_
t-
t

54

L-
t-.

l1
l-
I

L
t-- Les risques encourus par les IMF1 non mutualistes dans ses relations avec ses
environnements institutionnels sont marqués par les dépendances accrues envers les bailleurs

t- de fonds. En tenant compte de l'absence de fixation de capital social minimum pour ce niveau

d'IMF, la principale source de fonds correspond aux subventions octroyées par les bailleurs

L de fonds. Ces derniers déterminent les conditions d'octroi des prêts, la nature des activités
éligibles ainsi que les caractéristiques des bénéficiaires cibles. Les IMFi non mutualistes sont

L astreintes à respecter les clauses consignées dans les accords de subvention ou les contrats de

financement même si elles sont, parfois contraires à la recherche de profit dans la logique de

L- gestion des IMFs. L'appréciation des capacités de remboursement, la rentabilité des activités

t objet de demande de prêt, l'exigence des garanties, les critères d'adhésion, les critères de
fixation de montant de crédit ne sont pas de rigueur au regard des considérations sociales ou
domaines d'intervention privilégiés par les bailleurs de fonds.

L Par ailleurs, les IMF1 non mutualistes accordent une importance particulière pour la

t_ réalisation de la mission sociale. Elles octroient des crédits à taux d'intérêt fixe pendant la
durée du crédit comme le cas de CEFOR qui est à.3o et HARDI FINANCE gyo. Cette
à
t_ mission sociale est plus facilement atteinte avec l'appui des dirigeants qui sont eux aussi
formés pour aider les plus dérnunis. Toutefois, la mission commerciale pour la pérennité et

l_ 1'autosuffisance est remis en cause.

En effet, pour pouvoir offrir les services financiers et non financiers continuellement,
t_ ces entités nécessitent à la fois une meilleure gestion et un financement permanent d,où le

t recours aux bailleurs de fonds. Cette dépendance financière constitue un risque pour la
continuité d'exploitation dans le cas de cessation de financement. Le cas de CEFOR est le
plus marquant dans la mesure où ses résultats nets de 207I,2012 et2013 (cf. annexe V),
l_ négatifs avant les subventions d'exploitations.
sont

t_ D'autre part, les financements des bailleurs de fonds sont sujets à des conditions que
I'IMFI non mutualiste doit respecter. Outre les conditions générales des conventions, les
t_ bailleurs exigent la destination et 1'utilisation des fonds c'est-à-dire la clientèle cible et le taux
d'intérêt à appliquer. Comme le cas de CEFOR, les crédits octroyés avec les fonds en
t- provenance du Consulat de France sont accompagné d'un taux d'intérêt à zéro pour
cent. On
peut considérer que ce taux permet d'octroyer des crédits au plus démunis, mais aucun intérêt
l* n'est exigé pour la contrepartie du risque engagé. Quant à HARDI FINANCE, elle n,est pas

55
I

L
L directement touchée par cette situation puisque l'activité est orientée vers l'autosuffisance.
Toutefois, son financement est en majorité effectué indirectement par I'ONG HARDL

l-- En outre, la fréquence de vérihcation de la CSBF envers les IMF1 non mutualistes est

L très espacée. Le contrôle des états financiers s'effectue en fin d'année à l'occasion de la
validation des rapports du commissaire aux comptes. Les effeurs de gestion §ormes de

L gestion) ainsi que le non-respect des textes législatifs et réglementaires tardent à être
découverts et les actions comectives se révèlent inefficaces. Ces risques de non-respect des

l- textes réglementaires sont à inclure dans la liste de vérification des auditeurs afin d'éviter la
non validation du rapport d'audit par la CSBF. Dans la pratique, il est obligatoire de

L soumettre le rapport d'audit à la CSBF pour validation et autorisation de la tenue


1'assemblée générale à organiser après la clôture des comptes de l'exercice.
de

L Far ailleurs, la dépcri.dari,,e acuruü des iiviFi rion ilri.-ri"uaiistes envers strs iraiiicurs de

L fonds est à apprécier par l'auditeur dans la perspective de remise en cause de la continuité de
l'exploitation de l'entité, et surtout, le risque de cessation de paiement en cas de désistement

L des principaux bailleurs de fonds. L'analyse de l'impact de ce risque permet en partie de


répondre à l'article 1 de l'instruction No 005120A7-CSBF du 11 mai 2007 relxive aux

L opérations des institutions de microfinance stipulant que /es institutions de microJînance


doivent déJinir et mettre en æuvre un dispositd permettant de favoriser I'accès des

L populations les plus démunies aux services de microfinqnce et de s'assurer de leur rentubilité
et de leur viabilité par une bonne gestion et une bonne répartition du portefeuille de crédits.

L SECTION 2 : RISQUES OPERATIONNELS ET RISQUES LIES A LA GESTION


L FINANCIERE

L Les risques opérationnels et les risques liés à la gestion financière des IMF1 non
mutualistes sont des risques inhérents qui sont difficilement atténué par le contrôle inteme

L existant.

L 2.1. Risques opérationnels

Pour les IMF1 non mutualistes, les risques opérationnels fréquemment rencontrés

L
se

situent à plusieurs niveaux, à savoir :

.
L Les fraudes à la suite de I'octroi de crédit aux

L
56
I

L
l_ L'accroissement de taux de crédit en souffrance
;

Le détournement des fonds de caisse

t-
;

2.1.1. Fraudes

I
à la suite de l'octroi de crédit aux bénéficiaires fictifs

Ce risque de fraude est le plus redouté pour les IMF1 non mutualistes.
Il est qualifié
comme un risque inhérent dans la mesure où ies caractéristiques intrinsèques
L institutions ainsi que les modalités de gestion des opérations de crédit favorisent
crédits fictifs.
<ie ces
les risques de

l_ Le risque d'octroi de crédit fictif se présente par l'existence de faux dossiers


de

l_ demande de prêt en faveur d'une personne dont l'existence est hypothétique


invention montée par les agents de crédit. Le décaissement de crédit a
ou de pure
eu lieu en faveur du
fraudeur ou son complice. C'est une pure forme de vol par l'utilisation de fausses
L-
informations d'identité de bénéfl ciaires.

L- L'étude menée auprès de CEFOR et de HARDI FINANCE permet de constater


que la
réalisation de ce risque de fraude tient à plusieurs raisons.
t_-
2.1.1.1. Laxismes dans l'application des procédures d,octroi de

t_ crédit

Les risques au niveau des procédures de crédit concement notamment l,établissement


non systématique de procès-verbaux d'octroi de crédit, l'absence de rigueur
dans la
constitution des dossiers individuels des emprunteurs, l'étude non rationnelle
des demandes
de crédit, la vérification non systématique de la présence des certificats
de résidence, le défaut
de comparaison des signatures dans les dossiers de demande de crédit
et celle de la réception
des fonds et la faiblesse de suivi sur terrain des emprunteurs par
le service d,audit interne. Ce
sont autant de facteurs les plus fréquemment rencontrés. L'auditeur
doit focaliser ses
vérifications de conformité de procédures afin de s'assurer sur l'efficacité
de la procédure
d'octroi pour prévenir les fraudes ainsi que son application correcte et systématique
pour
toutes les nouvelles opérations d,octroi de crédit.

2.1.1.2. collusion entre les acteurs principaux de l,octroi de crédit

Les ententes frauduleuses entre le chef d'agence, agent ou animateur de


crédit et les
responsables de la validation de l'octroi de crédit sont source de
risque. La faiblesse des
contrôles qu'une tierce personne aurait dû exercer à l'égard des agents
d,une agence est

57
r

L
l_ déplorable et présente de risques ceftains de fraude sur les fonds de crédit. Dans ce cas,
l'auditeur doit s'appuyer sur ses expériences professionnelles et la meilleure connaissance de

l- l'entité afin d'apprécier l'existence des connivences frauduleuses d'octroi de crédit fictif.
L'existence des indices révélateurs de fraudes tels l'accroissement de taux de crédit en

!_- souffrances, la politique laxiste de constatation de perte de valeur, la comparaison des


informations individuelles (Divergences de signatures) et la confirmations directes des soldes

L peuvent orienter l'auditeur à détecter des collusions frauduleuses.

l_ 2.1.1.3. Octroi de crédit par vague et la reconduction de crédit

t Ces cas intéressent particulièrement HARDI FINANCE . La période d'octroi de crédit se

fait par vague. Chaque vague de décaissement de crédit doit faire l'objet de l'établissement
d'un procès-verbal de validation d'octroi de crédit. C'est une liste nominative qui valide le
l* montant dc eréelit à allouer à eha-que hénéficiaire l-,'impératif d'a"tJeinte d'ohjectif de volum"

I de crédit par vague peut occulter les crédits fictifs. Les dirigeants ainsi que les bailleurs
s'intéressent davantage à l'atteinte du montant global de crédit décaissé qu'à la rationalité de
l'évaluation des demandes et encore moins à 1'existeiice réelle des bénéficiaires. En outre, la
t_- reconduction de crédit consiste dans la faculté de renouveler les prêts pour les bénéficiaires
dont l'échéance du prêt initial est honorée. Les conditions d'octroi et l'évaluation de la
t_ demande de reconduction sont moins restrictives qu'avant. Les prêts faisant l'obiet de la
reconduction sont parfois octroyés en faveur d'autre personne que l'emprunteur initial dès
l_ lors que les vériflcations de l'identité du bénéficiaire deviennent moins rigoureuses. Ces cas
de fraudes doivent emmener l'auditeur à privilégier la vérification des dossiers de
l_ reconduction de crédit, et d'en comparer avec les informations du prêt initial.

L 2.1.1.4. Détournement de crédit

Le détournement de crédit peut se définir par l'utilisation du fonds alloués à des fins
t_ autres que ceux fixés préalablement. Le détournement de fonds de crédit s'est manifesté par
manque de contrôle et de visite sur terrain de l'utilisation du capital emprunté. Le
t_ détoumement de fonds de crédit est assimilable à des crédits fictifs en raison du risque de

L perte de fonds de crédit consécutifs à l'utilisation frauduleuse ou non autorisées du capital


octroyé. La vérification des dossiers de visite au lieu de vente, les visites à domicile, ainsi que
les constats à l'issue des visites de suivi des fonds effectués par les agents de crédit permettra
L- à l'auditeur de déceler les risques de détournement de crédit.

L-
58

L
L
L 2.1.2. Accroissement du taux de crédit en souffrance

l- L'accroissement du taux de crédit en souffrance ou en retard de paiement est un risque


caractérisant la déficience de la gestion de portefeuille de crédit au sein des IMF1 non
mutualistes. L'apparition de ce risque résulte de plusieurs facteurs.
t_
?.1.2.1. DéfÏcience dans l'étude des dossiers de demande de erédit

L- Pour les cas des IMF1, l'évaluation des dossiers de demande de crédit est plus ou moins

L formalisée. La définition des critères d'évaluation est à maintes fois ajustée car ils ne
coincident guère à la réalité économique des activités des bénéficiaires potentiels de crédit. les
personnes vulnérables. L'appréciation des critères d'octroi de crédit varie en fonction de la
L capacité professionnelle des agents de crédit. L'évaluation des éléments de revenus et des

L dépenses ainsi que celle des éléments de garantie diffèrent d'un agent à l'autre. En outre,
l'appréciation «ie ia capacité de remboursement et I evaluation des garanties matèneiles

L apportées par l'emprunteur posent des problèmes de valorisation (revenu actuel, revenu futur,

t
revenu engendré, valeur sur facture, valeur sur le marché des éléments de garanties). Ces
difficultés méthodologiques entrainent des risques d'incapacité de remboursement non
détectés pour les IMF1 non mutualistes. L'auditeur doit être en mesure de mettre en

L corrélation directe la qualité des portefeuilles de crédits, la procédure d'octroi correspondante


ainsi que la rationalité des méthodes d'évaluation des dossiers de demandes de crédit.

L- 2.1.2.2. classes économiques des bénéficiaires cibles et la pression


sur le taux d'intérêt
t_
r
En 1'occurrence, les populations les plus vulnérables rendent les IMFI plus exposées au
risque de non-respect des échéances de remboursement voire f incapacité de remboursement.
Par ailleurs, la pression des taux d'intérêts et les situations économiques défavorables sont

t parfois évoquées comme source de non remboursement des crédits par les emprunteurs. Les
populations vulnérables sont plutôt sensibles à l'accroissement des taux d'intérêt et leurs
activités, dans la majorité, les petits commerces, sont tributaires des contextes économiques
L- globaux.

L- 2.1.2.3. Provisionnement des crédits

La classe économique des bénéficiaires, expose l'IMF1 non mutualiste au risque de non
t_-'
remboursement des crédits octroyés. L'effet d'expérience peut atténuer ce risque et la capacité

L-
59

t_
t'
L
r
r
de I'IMF à les détecter à temps lors des visites à domicile
avant l'octroi peut augmenter le
nombre de remboursement.

Toutefois, l'article 4.2 de l'instruction n" 00212006-CSBF prévoit la constatation en


perte de valeur dans son intégralité c'est-à-dire
L_ à cent pour cent, les crédits en retard de plus
de 90 jours' Cela pourrait inciter les agents de crédit
à octroyer des crédits fictifs vu que les

t_ crédits non remboursé seront obligatoirement constatés en perte


après 3 mois.

Le tableau ci-après présente la situation des pertes de valeur


t_ valeur brute pour CEFOR et HARDI FINANCE à la clôture
du crédit par rapport à reur
des comptes :

l_ Tableau 4 : Situation des pertes de valeu


pertede valeur sur
brut
créditl Crédit
vâ rs pâr rapport au crédit brut
CEFOR HARDIFINANCE
2011 19,03%
l_ 2012
2013
10,59%
75,78%
26,7A%

I
11,o1%
Moyenne 13,54% 51,24%
Analyse à partir des états fina,ciers de CffOnit A,qn»t ptVrlUCn
on constate que les crédits octroyés par
l-
l
cEFoR sont provisionnés à 13% en moyenne
pour non remboursement des prêts après trois mois
tandis que le taux est de 51% pour
HARDI FINANCE. Pour cette dernière, la détection de détoumement
de crédit a conduit à ce
taux assez élevé pendant et après son détachement à l,oNG
HARDI.

2.1.3. Détournement des fonds de caisse

Le détournement des fonds de caisse se définit comme des


vols caractérisés dont
l'auteur se profite des défaillances des procédures internes
ayant trait aux opérations
d'encaissement des épargnes obligatoires, de décaissement
des nouveaux crédits, de collectes
des remboursements des crédits. Au niveau des IMF1
non mutualistes, la manipulation
fréquente des espèces entre l'emprunteur, l'animatrice
ou agent de crédit ainsi que le caissier
: démultiplie les risques de détournement des fonds de
caisse. ce risque est accentué par le fait
que les mouvements de fonds concement des petites
sommes d'argent sur un grand nombre de
bénéficiaire.

: 2.2.Risque Iié à la gestion {inancière

Les risques liés à la gestion hnancière sont les risques de


taux, d,inefficience et
d'intégrité du système d'information. L'étude menée auprès
de CEFOR et HARDI FINANCE
ont permis de constater les principaux risques qui concernent
notamment :

i a
60
l_-
l_ L'insufftsance des procédures mis en place pour une meilleure gestion financière
;
La difficulté de ressortir des états de synthèse pour les besoins en informations sur

l- les données anciennes et actuelles au niveau du système d'information


;

La non f,rabilité des informations foumies dont notamment la divergence entre les

t_ états émanent du logiciel de gestion et suivi des crédits et ceux du logiciel


comptable.

L_
2.2.1. Insuffisance de procédure

l_ L'octroi de service financier est la raison d'existence des IMFs, c'est cette activité qui
prime au détriment des autres procédures permettant de maitriser les risques. Les constats
L- suivant ont été relevés dans les dispositifs mis en place pour la gestion des risques des IMF1
non mutualistes :

L_ seuls les aspects relatifs au système de crédit sont traités ; les autres cycles
importants dans la réalisation des activités ne sont pas abordés tels le système et
t_ l'organisation comptables, le contrôle et la surveillance des activités, la gestion de
la trésorerie, la gestion des ressources humàines, etc.
t_ ;

le manuel de procédure définit d'une manière générale les étapes importantes du


processus de gestion de crédit. La définition des tâches et des responsabilités de
t_ chaque partie prenante dans le processus, les documents de référence à adopter

l ainsi que le diagramme de circulation des documents ne sont pas précisés


;
Les procédures mis en place ne sont pas formalisées d'où l'émission de plusieurs
notes de service modifiant les dispositions du manuel de procédures applicables.
L-
Par ailleurs, des pratiques ont été adoptées alors que celles-ci ne font pas l'objet de
procédures formalisées. Ces notes/pratiques ont trait notamment à l'abandon de
créances ou des crédits douteux et litigieux, l'allocation de nouveaux types de
-
crédit (crédit agricole, prêt consulat,....), la fréquence des réunions techniques et
administratives ;
Les manuels de procédures ne fait pas réference à la sauvegarde des données des
logiciels comptable et de gestion de crédit. I-a sauvegarde ou back-up systématique
des données informatiques et leur conservation dans un endroit sûr et externe à
l'entité n'est pratique courante.

61
L-
l_ 2.2.2. La difficulté de ressortir
informations
des états de synthèse pour les besoins en

t- Les états de synthèses permettent aux dirigeants de prendre des décisions sur les actions
à ntener, les corrections à effectuer. Or, il est difficile de présenter des états de synthèses au

l_ niveau des IMF1 non mutualistes. En effet, les logiciels utilisés sont mal exploité ou

L insuffrsamment paramétré pour que les informations soient obtenues dans ie délai imparti
avec les spécificités demandées.

t_ Sur le système comptable et le logiciel comptable, les entités tel que CEFOR et

f,rnance utilise des logiciels comptable standard comme SAGE ou CIEL COMPTA.
HARDI
Ces

L logiciels sont en général paramétrés de façon à faire ressortir des états proches du PCG 2005.
En ce sens, l'établissement des états financiers préconisés par le PCEC doivent passer par des

L retraitements sur un autre logiciel comme le tableur Excel.

L D'autre part, Ia pratique des IMFs ont montré que l'utilisation du logiciel Loan
Performer (LPF) ont permis de mieux répondre aux besoins en information et au suivi du
portefeuille de crédit et épargne. Le point fort pour CËFOR est qu'elle utilise ce logiciel.
t_
Les risques issus du logiciel de crédit intéressent particulièrement HARDI FINANCE.

l-- En effet, elle utilise un logiciel spécialement développé pour ses besoins. On a constaté que :

I les données relatives aux exercices successifs sont stockées dans de bases de
l_ données distinctes. Cette situation ne permet pas de contrôler la continuité des
informations de crédit et des épargnes sur plusieurs exercices
l-- .
;

Le logiciel ne permet pas d'avoir la situation des encours de crédit et des dépôts

L r
obligatoires arrêtés à une date antérieure à celle de la date de dernière mise
Le calcul des intérêts courus ou à recevoir est inopérant dans la programmation
à jour.

actuelle du logiciel de gestion des crédits. Seule la situation des intérêts payés par
L- les bénéficiaires est disponible.

l- 2.2.3. Non fiabilité des informations fournies par le système

L Les IMF1 disposent en générale de deux logiciels différents non intégré pour
comptabilité etla gestion des crédits. Etant de petite entité enphase de développement ou se
la

t_ situant dans une phase de croissance rapide, ce système peut être précaire ou mal exploité ne
permettant pas d'obtenir des informations fiables. A défaut de procédure adéquat sur la sortie

li- 62

t_
t-
t__ des états de synthèse, l'institution court sur le risque de divergence entre les états émanant du

logiciel de gestion et suivi des crédits et ceux du logiciel comptable.

L_ En effet, ['une des diffrcultés majeures lors de l'audit de CEFOR et HARDI FINANCE
/
est que les données d'encours de crédit sorti du logiciel de gestion de portefeuille diffèrent de

ceux inscrits dans la comptabilité. Cette situation est dû au fait que les procédures de clôture
2
des comptes sont insuffisamment renseignées de façon à rendre les informations plus fiable
I

notamment sur la date d'arrêté des comptes du logiciel de gestion de portefeuille de crédit et
épargne. Par ailleurs, des erreurs de manipulation, de traitements, de paramétrages conduits
L: d'avantage à des écarts entre les soldes théoriques présentés sur les logiciels de gestion de
crédit et les soldes présentés sur les carnets des bénéficiaires.
L-

L:
Les risques des IMFs de niveau 1 non mutualistes sont nombreux et élevés. Ils ont,

t_ directement ou indirectement, des impacts sur les comptes audités. Le dispositif de contrôle
interne devrait permettre de limiter les impacts directs ou indirects des risques inhérents au

L: niveau des comptes. Ainsi, le système devrait prévoir, détecter et corriger ces risques. Or,
l'analyse et l'évaluation du système de contrôle interne avec les risques inhérents à i'entité

L- menée auprès de CEFOR et HARDI FINANCE accentuent les travaux d'audit à la fois sur le

contrôle de conception, d'application des procédures mises en place et le contrôle des

L: comptes pour réduire le risque d'émission d'opinion inappropriée d'où les propositions dans
le chapitre qui suit.

t_
L-
L-
L-
L-
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63

l_.

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