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Lisapo ya Kama

"Le Nègre ignore que ses ancêtres, qui se sont adaptés aux conditions matérielles de la vallée du Nil, sont
les plus anciens guides de l'humanité dans la voie de la civilisation" Cheikh Anta Diop

Les Mino, la redoutable armée de femmes du Danhomé

Au 19e siècle, les Français décident d’envahir Danhomé et croisent sur leurs routes des femmes
impitoyables qui se battent comme des lions…

Au 61e siècle de l’ère africaine, le roi Ghezo du Danhomé luttant contre les Yoruba qui tenaient son
pays, mobilisa toutes les forces de la nation pour les vaincre. Il créa ainsi des compagnies
féminines de cavalerie pour participer à l’effort de guerre. Appelées Mino – c’est-à-dire nos mères
en Fon – ces femmes ont montré leur exceptionnelle bravoure lors de la guerre qui a opposé le roi
Behanzin à la France.
Vétérantes Mino, encore appelées Amazones du Dahomey

Quelques décennies après la guerre contre les Yoruba, se tient la conférence de Berlin lors de
laquelle les nations européennes définissent les règles de leur occupation de l’Afrique. En 1892, la
France invoque comme prétexte le cannibalisme, les sacrifices humains, la polygamie, bref sa
prétendue mission civilisatrice pour attaquer Danhomé. Sa cible, le  roi Béhanzin  et la capitale
Abomey. Les troupes françaises avancent vers la capitale royale lorsque leur barre la route, armées
jusqu’aux dents, une troupe de Mino. Elles n’ont pas peur de la mort et elles tuent sans pitié.

Après une sélection rigoureuse à l’adolescence, les Minos subissent un entrainement pénible. Elles
apprennent à manier les armes et sont conditionnées psychologiquement et religieusement à
l’obéissance et à la vénération du Roi dont elles sont les épouses symboliques. Elles sont vierges et
doivent éliminer toute possibilité de fonder une famille. Elles comprennent les Gulonento (fusillères)
qui portent une cartouchière à compartiment. Les Gohento (archères) qui sont essentiellement
porteuses pendant les combats. Les Nyokplohento (faucheuses) armées d’une lame de 45 cm au
bout d’un manche de 60 !! Les artilleuses et l’élite chargée de défendre le roi.

A cette époque Danhomé a un parlement bicaméral, composé d’une chambre de femmes et d’une
chambre d’hommes. Devant la menace de l’attaque française, les femmes se réunissent de nuit
pour décider la mobilisation générale, après que les hommes eurent pris la décision contraire. Le
parlement des hommes se laisse convaincre et ratifie la décision des femmes. Danhomé continue
ainsi la résistance contre l’envahisseur.

Lors du combat contre les français, les Minos s’infiltrent en dessous des armes pour chercher
l’affrontement au corps-à-corps qui leur est souvent profitable. En première ligne des combats, elles
sèment la terreur dans les rangs ennemis, impressionnent par leurs carrures imposantes et leur
force physique. Elles n’hésitent pas à brandir les têtes décapitées de leurs ennemis pour
déstabiliser les français.

A la fin de 2 années de guerre qui a vu passer leurs nombres de 1200 à une cinquantaine lors de la
prise d’Abomey, les Minos assistent finalement à la défaite de leur royaume. Certaines se coupent le
sein en signe de protestation.

Le roi Béhanzin est déporté à la Martinique puis à Alger où il mourra en 1906. Le Bénin devient une
colonie française, le corps des Minos est dissous.

Ces femmes exceptionnelles et impitoyables auront livré un combat sans concession contre la
colonisation. La dernière Mino est morte en 1979. 

Par : Lisapo ya Kama © 

Notes : 

– Matricien.org
– L’Unité culturelle de l’Afrique noire, Cheikh Anta Diop
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