Vous êtes sur la page 1sur 8

Est-ce que le capitalisme implique la destruction de

l’environnement?
6 décembre 2010 par Minarchiste
L’une des critiques les plus fréquentes du capitalisme est qu’il occasionne la destruction de
l’environnement. Ces critiques émanent souvent du mythe selon lequel la qualité de notre
environnement est en constante dégradation. Si vraiment la pollution était devenue un si grave
problème, nous observerions que l’état de santé des populations des pays industriels ne cesse de se
dégrader. Or, c’est plutôt le contraire qui se produit : l’espérance de vie moyenne a fortement
progressé depuis le début du siècle et a continué de s’allonger au cours des deux dernières
décennies. Cela va de pair avec le fait que la qualité de l’air et de l’eau s’est nettement améliorée au
cours de ces deux décennies.
Si on utilise l’indice de liberté économique de l’Institut Frazer comme mesure du niveau de
capitalisme d’un pays et qu’on le compare à l’indice de performance environnementale développé
par les universités de Yale et Columbia, on constate que plus un pays est capitaliste (i.e. libre
économiquement), plus sa performance environnementale est élevée.

Si les régimes capitalistes étaient néfastes pour l’environnement, nous nous attendrions à observer
une performance environnementale supérieure dans les pays socialistes, ce qui n’est absolument pas
le cas. En fait, les endroits les plus pollués de la terre sont situés dans des anciens ou présents pays
socialistes tels que l’ancienne Union Soviétique, la Chine, la Pologne, la Tchéquoslovaquie et
l’Allemagne de l’Est.[1]
Ces observations ne sont pas surprenantes. L’une des pierres angulaires du capitalisme est la
protection des droits de propriété. Or, par définition, les pays socialistes ne reconnaissent pas la
propriété privée. Quand personne n’est propriétaire d’un terrain, personne n’y fait attention. Les
économistes ont nommé ce phénomène « la tragédie des biens communs ».[2] L’exemple typique
illustrant ce phénomène est celui d’un champ commun à tout un village, dans lequel chaque éleveur
vient faire paître son propre troupeau. Pour chaque éleveur, le bénéfice à ajouter une nouvelle bête
dans son troupeau est très grand alors que le coûts, soit l’herbe consommée par la bête dans le
champs, est réparti à l’ensemble des éleveurs puisque le champs appartient à tout le monde. Chaque
éleveur a donc un incitatif à avoir le plus de bêtes possible dans son troupeau puisqu’il récolte les
bénéfices et partage les coûts. Rapidement, chaque éleveur emmène autant d’animaux que possible
paître dans le champ commun et le champ devient vite une mare de boue où plus rien ne pousse. Si
chaque éleveur avait un droit de propriété concernant une portion du champs, chaque éleveur aurait
un incitatif à adapter la taille de son troupeau de façon à ce que l’herbe continue de pousser,
assurant ainsi la pérennité de la ressource.
La pollution est ce qu’on appelle une externalité négative de la production de biens et services.
Nous pourrions éliminer toute la pollution humaine en ne produisant plus rien, mais comme cela
occasionnerait une immense baisse de notre niveau de vie, il y a un niveau de pollution que nous
sommes prêts à tolérer pour nous assurer un niveau de vie décent. Comment déterminer ce niveau?
C’est là que les droits de propriété entrent en jeu. Si vous polluez votre propre propriété, cela ne
regarde que vous. Si la pollution que vous générez endommage la propriété de votre voisin, vous
devrez dédommager ce dernier.
C’est cette dynamique qui ne fonctionne pas au niveau de l’exploitation des gaz de schiste au
Québec. Le gouvernement s’est approprié la propriété du sous-sol, si bien que les propriétaires de la
surface des terrains n’ont pas leur mot à dire. Cette expropriation implicite fait en sorte que la
protection des droits de propriété des résidents est déficiente. Ceux-ci font donc face à un risque qui
leur est imposé et le gouvernement,  friand d’obtenir les redevances gazières pour financer ses
dépenses et soucieux de ne pas déplaire aux entreprises impliquées, s’avère fort négligent à l’égard
de la protection de la propriété des citoyens face à ce risque. Si les propriétaires des terrains
bénéficiaient aussi des droits de propriété du sous-sol, ceux-ci pourraient conclure des ententes gré-
à-gré avec les entreprises gazières. Les propriétaires pourraient exiger par ces ententes que
les exploitants rétablissent le terrain dans une condition acceptable une fois les opérations terminées
et que toute contamination des nappes phréatique soit accompagnée d’une lourde pénalité. Dans les
circonstances, il y aurait fort à parier que les entreprises de forage prendraient de biens plus grandes
précautions pour ne pas endommager l’environnement. De cette façon, la propriété totale du
terrain permettrait au propriétaire de faire en sorte d’éviter que son terrain ne soit pollué de façon à
en préserver la valeur, de s’exposer à un niveau de risque qu’il juge convenable et d’obtenir un
dédommagement si sa propriété est endommagée.
En fait, la plupart des problèmes environnementaux sont causés par une mauvaise définition et
protection des droits de propriété. Les nappes d’eau polluées, les poissons en surpêche et les coupes
à blanc de forêts vierges sont tous des problèmes découlant de l’absence de droits de propriété
privée.
Par exemple, si des pêcheurs pouvaient acquérir des portions de l’océan pour la pêche, ils auraient
un incitatif à ne pas sur-pêcher sur leur territoire de façon à ce que les populations de poissons lui
permettent de soutenir ses revenus à long terme et préservent la valeur de sa propriété. C’est en
quelque sorte ce que les gouvernements tentent de répliquer en vendant des quotas aux pêcheurs.
Par ailleurs, même sans droits de propriété marins, le marché impose une certaine discipline aux
pêcheurs. Tout d’abord, lorsqu’une espèce de poisson est sur-pêchée et devient plus rare, son prix
augmente ce qui rationne la consommation de cette espèce. De plus, dans le but d’assurer la
pérennité de leur modèle d’affaires et la stabilité de leur approvisionnement, les transformateurs
alimentaires tels que High Liner et Clearwater exigent de leurs fournisseurs une certification quant à
la soutenabilité de leurs pratiques. Il y a d’ailleurs une certaine demande pour des produits ainsi
certifiés de la part des consommateurs.
Un autre bon exemple de problème environnemental résultant d’une mauvaise définition des droits
de propriété est la déforestation de la forêt amazonienne. Une bonne partie de cette forêt n’est la
propriété de personne, ce qui n’incite pas la population à en prendre soin. L’absence de droits de
propriété facilite grandement la tâche aux grileiros, qui brûlent ces forêts pour les convertir en
terres agricoles. Il y a plusieurs façons par lesquelles des droits de propriété pourraient régler ce
problème. Tout d’abord, le gouvernement devrait reconnaître les droits de propriétés des sociétés
indigènes qui ont établit domicile dans ces forêts depuis longtemps. En Amazonie, leur population
est en constant déclin alors qu’ils se font exproprier leurs terres. Ni l’État, ni les corporations, ni les
grileiros n’ont la légitimité de s’approprier ces territoires par la force puisqu’ils sont la propriété de
ces tribus. Deuxièmement, les agriculteurs et éleveurs opérant en Amazonie sont reconnus pour leur
très faible productivité en raison du manque d’investissement résultant du simple fait que n’étant
pas propriétaires de leur terre, ils opèrent illégalement.[3] Pour cette raison, ils doivent sans cesse se
déplacer et agrandir leur territoire ce qui implique une déforestation plus importante. Avec des
droits de propriété bien définis, ceux-ci seraient en meilleure position pour investir dans leur
propriété afin d’améliorer leurs rendements et pourraient obtenir du financement pour le faire.
Troisièmement, avec des droits de propriété bien établis, d’autres utilisateurs de la forêt pourraient
en acquérir certaines portions. Par exemple, il est bien connu que la déforestation nuit aux
précipitations, ce qui est mauvais pour la production hydroélectrique. Les producteurs
d’hydroélectricité pourraient donc acquérir des parcelles de terre à cet effet et les maintenir boisées.
C’est similaire à ce qui a été fait au Costa Rica, où les producteurs hydroélectriques paient les
propriétaires forestiers pour ne pas couper les arbres. Ce genre de mesure a contribué à réduire le
taux de déforestation.[4] Il serait aussi dans l’intérêt des entreprises d’écotourisme d’acquérir des
territoires pour préserver leurs opérations. Les compagnies pharmaceutiques pourraient aussi
acquérir des terrains, car ces forêts bio-diversifiées pourraient mener à des découvertes médicales
très lucratives. Ce fut notamment le cas pour l’Aspirin et le Taxol.
Même problème avec la forêt Québécoise, dénoncé par Richard Desjardins dans son film
«  L’Erreur Boréale » de 1999. Au Canada, l’exploitation forestière se fait majoritairement sur les
terres de la Couronne (90% au Canada, 80% au Québec, contre 37% sur les terres publiques aux
États-Unis), en échange de droits de coupe payés aux gouvernements par l’industrie forestière.[7]
Le niveau des royautés exigées par le gouvernement est si bas que les américains ont longtemps
prétendu que le Canada pratiquait du « dumping » en vendant son bois à un prix inférieur au marché
et imposant un tarif douanier de 29% en 2002 pour compenser leurs producteurs locaux. Les bas
prix stimulent la demande et la demande stimule la production. Comme les entreprises forestières
ne sont pas propriétaires des territoires sur lesquels elles opèrent, elles n’ont aucun incitatif à bien
gérer la coupe de façon à préserver la ressource. Elles étaient plutôt incitées à procéder à des
« coupes à blanc », et c’est ce qu’elles ont fait. Devant cette situation, le gouvernement a réduit les
niveaux de récolte en 2005, mais les coupes à blanc se poursuivent quand même, transformant
l’Abitibi en désert. Le problème est que l’État veut les redevances pour financer ses dépenses, mais
n’a aucun intérêt à préserver la forêt à long terme. De plus, le gouvernement est complètement
déconnecté du marché et fixe arbitrairement les royautés et les droits de coupe. En attribuant ou
vendant des droits de propriété aux entreprises forestières, celles-ci auraient eu un intérêt à la
préserver et à replanter après la coupe. Ces forêts seraient en quelque sorte devenues des terres
agricoles, comme c’est le cas pour les forêts privées aux États-Unis et ailleurs.
Autre exemple : la désertification qui a frappé le Sahel africain. Les spécialistes reconnaissent que
la désertification est généralement liée à une surexploitation du sol par des pratiques d’élevage
inappropriées ou des habitudes de déforestation excessive qui ruinent l’équilibre écologique du
milieu naturel. Mais pourquoi de telles pratiques ? Il s’agit le plus souvent de régions d’économie
tribale à populations non sédentaires où la terre et ses ressources sont traitées comme un bien
collectif. Dans un tel système ceux qui vont chercher le bois n’ont aucune raison de faire attention à
ne pas couper plus de branchages qu’il ne leur en faudrait réellement pour couvrir leurs besoins
immédiats. On coupe carrément le buisson et on l’emporte, car sinon, on n’a aucune garantie que
quelqu’un d’autre ne le fera pas. Autrement dit, on ne voit pas pourquoi quelqu’un se préoccuperait
de planter de nouveaux arbustes, d’entretenir ceux qui existent, ou encore de développer l’irrigation,
puisque investir dans ce type d’activité aboutit tout simplement à rendre disponible une ressource
que d’autres peuvent ensuite gaspiller. Il y a quelques années, les experts de la N.A.S.A. furent
intrigués par une photographie prise par un de leurs satellites. Au milieu de l’énorme tache brune du
désert, ils distinguaient une tache verte surprenante. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Une
visite sur le terrain leur donna la réponse : tout autour de la tache verte il y avait un simple fil de fer
barbelé délimitant une propriété privée! Même au milieu du désert, une simple barrière suffisait à
faire renaître la vie.
D’autre part, les droits de propriété ont fait des miracles concernant la protection de la vie sauvage
au Zimbabwe. Dans ce pays, les fermiers et autres propriétaires terriens, n’avaient pas le droit de
bénéficier économiquement de la chasse de certaines espèces animales. Certains de ces animaux
causaient beaucoup de dommages à leurs troupeaux et à leurs récoltes. Le comportement qui
résultait de cette dynamique consistait simplement à ce que ces propriétaires tuent ces animaux et
laissent pourrir les carcasses sur place. Réalisant l’ampleur de la catastrophe et son incapacité à
remédier à la situation, le gouvernement a attribué des droits de propriété sur la vie sauvage en
1975. C’est alors que la vie sauvage, qui était en déclin depuis des décennies, s’est mise à proliférer
sur les territoires privés du pays. Les propriétaires terriens ont alors formé des zones protégées
dédiées, entre autres, à l’industrie du safari touristique. Plusieurs espèces menacées d’extinction ont
été sauvées et ont alors vu leur population augmenter significativement (par exemple : le rhinocéros
noir). Cependant, suite aux problèmes politiques survenus au Zimbabwe depuis le début des années
2000s, créant chaos et anarchie au pays, ces propriétés privées ont été violées et saccagées. La
population affamée s’est mise à chasser tout ce qui bouge pour subsister. Des superficies énormes
de forêt ont été rasées. En fait, la propriété privée n’est plus protégée au Zimbabwe, au grand
détriment de la vie sauvage du Sud de l’Afrique.[6]
Par ailleurs, l’autre raison pour laquelle les pays plus capitalistes ont une meilleure performance
environnementale est qu’ils sont généralement plus riches et plus innovateurs. Les produits plus
respectueux de l’environnement, tels que l’électricité éolienne, les aliments « bio », les véhicules
hybrides et les systèmes géothermiques, coûtent plus cher et ne sont pas abordables pour les pays
pauvres. Ce sont aussi des technologies plus avancées que les produits conventionnels plus
polluants. Donc, en favorisant la création de richesse et l’innovation, les nations plus capitalistes
favorisent l’adoption de solutions plus écologiques.
Qu’en est-il de la pollution de l’air? Si une personne peut démontrer que sa propriété (incluant son
corps) a été endommagée par la pollution de l’air, le pollueur devrait être requis de dédommager
cette personne à condition que le lien de causalité entre le dommage et le pollueur puisse être
démontré. À cet égard, les gaz à effet de serre (GES) constituent un cas particulier puisque tant les
dommages que les sources de pollution sont très diffus. Les GES sont émis par des milliards
d’individus et se propagent dans l’atmosphère du monde entier. D’autre part, les dommages sont
très difficiles à quantifier et la causalité entre les émissions humaines de GES et les changements
climatiques n’a pas été démontrée hors de tout doute étant donné les faiblesses majeures du rapport
du GIEC. Les scientifiques sont plutôt partagés sur la question, le climat étant une chose
excessivement complexe à modéliser et prévoir. Les autorités se préoccupent essentiellement du
dioxyde de carbone généré par l’activité humaine alors que celui-ci représente moins de 5% des
GES. En revanche, les coûts et l’impact sur le niveau de vie des humains de réduire
significativement les émissions de dioxyde de carbone sont très élevés. Est-ce que le jeu en vaut la
chandelle ou ne serait-il pas plus envisageable de tenter de s’adapter aux changements climatiques
au lieu de tenter de les empêcher? D’autre part, est-ce que les changements climatiques représentent
le problème le plus important à régler présentement pour l’humanité? Ces milliards qui seront
dépensés par les gouvernements pour réduire les émissions de GES et qui finiront dans les poches
des entreprises qui militent auprès des politiciens pour qu’une législation régulant les émissions de
GES soit adoptée (incluant des entreprises fondées par Al Gore lui-même) ne pourraient-ils pas être
utilisés pour éradiquer la faim dans le monde ou bâtir des infrastructures dans les pays pauvres?
Le fiasco de l’éthanol américain est un bon exemple des mauvaises interventions gouvernementales
dans le but de protéger l’environnement. En 2008 seulement, les subventions américaines pour
l’éthanol ont totalisé $4 milliards soit $82 par baril et $1.95 par gallon. [5] L’Energy Policy Act de
2005 exige la production de 7.5 milliards de gallons par année dès 2012 alors que l’Energy
Independence Act de 2007 requérait la production de 9 milliards de gallon en 2008 et 36 milliards
de gallons en 2022. En 2009, la production était d’environ 10 milliards de gallons, exclusivement à
partir du maïs. Des études ont démontré qu’en incluant toutes les étapes de sa production, l’éthanol
de maïs est légèrement plus polluant que l’essence. Sa production requière beaucoup d’énergie, de
fertilisants, de pesticides et d’eau. La monoculture du maïs a des conséquences néfastes sur les
écosystèmes environnant, causant notamment l’érosion du sol, l’appauvrissement de la terre et la
contamination de l’eau. De plus, les subventions et exigences gouvernementales ont fait en sorte
que beaucoup de fermes se sont dédiées à la production de maïs pour l’éthanol, ce qui a fait monter
les prix des denrées alimentaires et généré une crise en 2008. Les exigences américaines en matière
d’éthanol ont aussi stimulé la production ailleurs, notamment au Brésil, où les coûts sont 30%
moins élevés et le processus de production plus écologique grâce à l’utilisation de la canne à sucre
plutôt que du maïs. Cependant, les fermiers brésiliens détruisent la forêt amazonienne pour
augmenter leur production. Néanmoins, les importations sont limitées car les tarifs douaniers
américains sur les importations d’éthanol sont de $0.54 par gallon plus 2.5% de la valeur, ce qui est
passablement élevé. Malgré la connaissance de ces faits accablants, le gouvernement maintient le
cap. La raison est fort simple : le lobby des agriculteurs est très puissant et un contributeur
significatif à la caisse électorale des politiciens du Midwest. Les producteurs de maïs ont fait des
affaires d’or grâce à l’éthanol et aux subventions qui y sont associées.
Et que dire du désastre de l’industrie de l’énergie solaire en Espagne? Au début des années 2000s, le
gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero déclara vouloir faire de l’énergie verte une des clés
de son modèle productif et promit d’utiliser les fonds publics pour propulser les entreprises du
secteur. Entre 2004 et 2007, le gouvernement subventionna ce secteur à hauteur de $0.44 par kW/h
pour les 25 prochaines années, plus de dix fois le prix moyen payé pour les autres énergies.
Évidemment, un grand nombre d’agriculteurs se ruèrent sur l’aubaine et couvrirent leurs champs de
panneaux, détruisant parfois leurs plantations au passage. Pour l’année 2009 seulement, le coût pour
le contribuable espagnol s’éleva à près de 6 milliards d’euros. Cette ruée vers l’or générée par le
gouvernement espagnol fut si soudaine que les investisseurs espagnols durent importer la majeure
partie des panneaux solaires parce que les producteurs locaux ne pouvaient satisfaire la demande et
ce au plus grand bénéfice des producteurs allemands et chinois.
Malheureusement, ce mirage ne dura que peu de temps. Trois ans après l’adoption de la loi, le
gouvernement dût se rétracter. Face à l’évidence du désastre économique, il se rendit compte du
scandaleux gaspillage que représentaient ces subventions qui renchérissaient spectaculairement
l’électricité sans assurance aucune que le secteur de l’énergie verte devienne un jour rentable et
qu’une telle industrie se développe éventuellement en Espagne. En 2010, face à l’énorme déficit
public qui obligeait le gouvernement à réduire salaires et pensions, celui-ci comprit qu’il devenait
intenable de payer 6 milliards d’euros par an pour de l’électricité si chère à produire. Le ministre
Miguel Sebastián décréta une réduction drastique de 40% des subventions, rendant insoutenables la
plupart des installations actuelles. La majeure partie de la capacité des installations solaires
espagnoles dispose d’une puissance inférieure à 100kW. Il ne s’agit donc pas de grandes entreprises
qui font faillite ou doivent renvoyer du personnel, mais bien d’innombrables familles qui se fièrent
aux promesses du gouvernement et se lancèrent dans des projets financièrement insoutenables,
lesquelles se trouvent aujourd’hui ruinées. Au final, à peine 2.7% de l’électricité consommée en
Espagne est produite par l’énergie solaire.
En 2010, nous avons eu un autre exemple démontrant que l’intervention gouvernementale crée
souvent d’importants problèmes environnementaux. L’accident relié à la plateforme Deepwater
Horizon de la compagnie BP a causé le déversement de 4.9 millions de barils de pétrole dans le
Golfe du Mexique. Premièrement, l’agence du gouvernement fédéral responsable de la
réglementation de cette industrie avait approuvé toutes les étapes du forage. Le forage de BP se
trouvait sur un territoire appartenant au gouvernement, celui-ci perçoit donc des royautés sur la
production. C’est en quelque sorte un conflit d’intérêt puisque d’un côté le gouvernement veut
maximiser ses revenus de royautés alors que de l’autre il doit règlementer l’industrie. Le
gouvernement a donc un incitatif à minimiser la friction règlementaire, d’autant plus que les
compagnies pétrolières ont d’importants lobbys et sont d’importantes contributrices aux caisses
électorales des politiciens. Deuxièmement, bien que BP soit responsable des coûts de nettoyage de
la fuite, une loi limite sa responsabilité concernant les dommages économiques, tels que la perte de
revenus des pêcheurs, à $75 million, comparativement à une estimation de ces pertes à $15
milliards. Pourquoi un tel privilège? Probablement parce que le gouvernement américain est infesté
de politiciens ayant des intérêts financiers dans le pétrole ou recevant d’importantes contributions
électorales de ces entreprises. Si BP avait eu à assumer la pleine responsabilité de ces coûts, elle
aurait peut-être adopté un comportement plus prudent et l’accident n’aurait peut-être pas eu lieu.
Troisièmement, la réglementation interdit aux compagnies pétrolières de pratiquer des forages en
eaux peu profondes. C’est pour cette raison que BP forait à 1.5 kilomètres de profondeur sous l’eau
malgré les risques plus élevés d’accident et la plus grande difficulté à colmater une fuite lors d’un
éventuel accident. La réglementation gouvernementale fait donc en sorte d’augmenter le risque
d’accident en repoussant le forage pétrolier en eau plus profonde.
L’autre crainte face au capitalisme concerne l’extinction des ressources naturelles. Cette crainte ne
date pas d’aujourd’hui, elle date des travaux de l’économiste britannique Thomas Malthus vers la
fin du 18e siècle. Malthus croyait que la terre n’avait pas suffisamment de ressources naturelles pour
supporter plus de 1 milliard d’individus. Suite à ses travaux, plusieurs politiciens ont milité en
faveur de politiques malthusiennes prescrivant des restrictions sur la croissance démographique.
L’erreur de Malthus a été de grandement sous-estimer le développement technologique et la
capacité d’adaptation d’une économie libre. Malgré l’absurdité des théories malthusiennes, on
entend encore aujourd’hui le même genre d’argument justifiant des réductions de la population.
Dans une économie libre, plus une ressource se fait rare, plus son prix augmente. Cette
augmentation du prix décourage la consommation de cette ressource et favorise la recherche de
technologies plus efficientes (i.e. nécessitant une moindre quantité de la ressource en question) ou
de substitut à cette ressource. Le prix agit donc tel un gardien des ressources de la terre et fait en
sorte que l’utilisation de ces ressources soit la plus efficiente que possible.
Imaginez qu’une mine de cuivre soit mise aux enchères. Les acheteurs potentiels auront différentes
anticipations relativement aux prix futurs du cuivre. Certains pourraient croire que le prix du cuivre
est élevé et qu’il va chuter par la suite; ceux-ci auront tendance à miser un plus bas prix et à
chercher une exploitation rapide de la mine. En revanche, ceux qui croiraient que le prix du cuivre
serait plutôt enclin à augmenter miseraient un prix plus élevé et à ne pas exploiter la mine
immédiatement, puisqu’ils espéreront retirer plus tard un profit beaucoup plus élevé suite à
l’augmentation du prix du cuivre. Selon la loi des enchères c’est le plus offrant qui l’emporte, ce
qui, en l’occurrence, signifie que parmi tous les acheteurs potentiels, celui qui aura misé le prix le
plus élevé sera aussi celui qui aura tendance à conserver la ressource à long terme. On constate donc
que le libre-marché permet à ceux qui valorise le plus les ressources dans une optique à long terme
de les acquérir et de réguler leur consommation en maximisant la valeur de la ressource.
La terre est un véritable amas de molécules chimiques d’un volume de plus d’un billion de
kilomètres-cubes de matière. Évidemment, ce n’est qu’une infime fraction de cet amas de matière
qui a une utilité économique pour l’humain. Contrairement à ce que la plupart des gens s’imaginent,
cette quantité de matière économique utile ne diminue pas. En fait, elle augmente! Au fur et à
mesure que le savoir-faire technologique de l’humanité s’améliore, nous devenons de plus en plus
efficaces à extraire cette matière à un coût raisonnable et à l’utiliser de manière aussi efficiente que
possible. Par exemple, à l’âge de pierre, la quantité d’acier économique utile était de zéro. Par la
suite, lorsque l’humain a inventé la pelle, la brouette et la forgerie, cette quantité a augmenté
substantiellement. Avec l’avènement des bulldozers, pelles mécaniques et camions lourds, cette
quantité est devenue encore plus grande, augmentant encore plus la quantité d’acier accessible à
l’humain à coût raisonnable. Par ailleurs, ces matériaux n’ont aucune valeur enfouis sous la terre.
C’est entre nos mains que ceux-ci acquièrent toute leur utilité. D’ailleurs, l’humain ne détruit pas la
plupart de ces matériaux. Il ne fait que les déplacer et les transformer. Ces déplacements et
transformations contribuent à améliorer le niveau de vie de l’humain.
À cet égard, le pétrole est certainement de nos jours la ressource pour laquelle les inquiétudes sont
les plus grandes (voir mon dossier complet en quatre parties sur le pic pétrolier ici, ici, ici et
ici).   On peut s’attendre que le prix du pétrole continue d’augmenter au cours des prochaines
années. Il a d’ailleurs plus que quintuplé durant la dernière décennie. Cette augmentation de prix
joue plusieurs rôles importants dans l’économie :
• Elle favorise le rationnement de la consommation (moins gros véhicules, moins grandes
distances de déplacements, plus grande utilisation du transport en commun, etc).
• Elle favorise le développement de véhicules moins énergivores.
• Elle favorise le développement et l’utilisation de carburant alternatifs.
• Elle favorise l’innovation technologique dans l’industrie pétrolière ce qui permettra
d’exploiter certains gisements qui sont présentement considérés inexploitables.
Grâce à ce signal de prix, les économies libres s’adapteront à cette réalité et continueront d’évoluer
vers un meilleur niveau de vie.

[1] «  Why Socialism Causes Pollution », Thomas J. Di Lorenzo, The Freeman volume 42 – #3,
mars 1992.
[2] «  The Tragedy of the Commons », Garrett Hardin, Science, volume 162, #3859, décembre 1968.
[3] «  A Special Report on Forests  », The Economist, 25 septembre 2010.
[4] Ibid.
[5] “Fundamentals of a Sustainable US Biofuels Policy », Baker Institute Policy Report, #43,
janvier 2010. http://www.ascension-publishing.com/BIZ/Baker12.pdf
[6] “Private Conservation of Wildlife in Africa”, Brian Seasholes, New York State Conference on
Private Property Rights, novembre 2002.
http://prfamerica.org/speeches/6th/PrivateConservationOfWildlifeInAfrica.html
[7] «  Bois d’oeuvre : il faut en finir avec le système protectionniste canadien », Norman Roy,
Québécois Libre, numéro 104, 11 mai 2002.

Vous aimerez peut-être aussi