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Hellénisme (religion)

L’hellénisme (aussi appelé parfois


dodécathéisme ou plus souvent néopaganisme
hellénique) est la résurgence contemporaine de la
religion grecque antique interdite par l'empereur
Théodose en 392 et 393. Il s'intègre dans la
mouvance du néopaganisme. Il se nomme aussi
« Hellenismos » (nom choisi par l'empereur Julien
e
au IV siècle pour désigner le paganisme gréco-
romain face au christianisme), « Religion
grecque » ou « paganisme hellénique », parfois
« Culte des Douze Dieux » (de l'Olympe) - en
grec « Dodekatheismos ».

Dans l'Antiquité, ce culte n'avait pas besoin d'un


nom spécifique. Et par Hellenismos, Julien
entendait autant une culture et un mode de vie Cérémonie du culte hellénique en 2010.
(une civilisation), un humanisme qu'une
« religion » au sens que nous donnons à ce mot au
e
XXI siècle.

Sommaire
Histoire
Mouvements hellénistes
Une communauté aux multiples visages, éparpillée et divisée
Croyances et pratiques
Éthique
Voir aussi
Notes et références
Bibliographie

Histoire
Les philosophes néoplatoniciens, héritiers de l'École d'Athènes, disparaissent aux Ve et VIe siècles ; certains passent au christianisme
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(on les retrouvera à Mistra, également en Laconie), d'autres, réfugiés à Harran, irriguent le soufisme et le chiisme .

Il faut attendre la Renaissance pour voir une première résurgence du paganisme helléniste. Stimulés par l'arrivée en Italie
d'intellectuels byzantins fuyant les Ottomans (Gemiste Pléthon, Bessarion...), les néoplatoniciens connaissent alors une renaissance à
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Florence et à Rome. Un cercle secret se constitue en Italie et pratique son culte jusqu'à ce que la répression papale le disperse
.
À l'époque classique et néoclassique, le culte de l'Antiquité se continue dans les
beaux-arts (peinture, culture) et la littérature. L'Antiquité païenne et ses mythes
fournissent de nombreux sujets. Il s'agit avant tout d'un intérêt esthétique. Mais ces
œuvres véhiculent aussi (même inconsciemment) une vision du monde, une morale
et une spiritualité. Le culte du beau était au centre de l'hellénisme ancien comme
culte du vrai.

Les révolutionnaires américains et français prennent leurs modèles à Sparte, à


Athènes, à Rome. Les cultes révolutionnaires en France s'inspirent de modèles
antiques pour leurs mises en scène. Le culte de la Raison fait penser à celui des
entités et abstraction personnifiées, des hypostases divines, bien connu dans la Grèce
ancienne et à Rome (Tyché, Péitho, etc.) Assemblée des Dieux.
Illustration du codex Vergilius
La culture classique en maintenant dans les collèges et lycées l'étude des langues et romanus, folio 234, Ve ou VIe siècle,
civilisations anciennes, dont leurs mythes, favorise, chez les personnes qui Bibliothèque apostolique vaticane
s'intéressent à la culture, une familiarité avec le paganisme gréco-romain.

Puis avec le romantisme, plusieurs poètes anglais sont proches d'une sensibilité, voire d'une spiritualité néohellénique (Lord Byron,
Mary Shelley). En France, on peut citer Louis Ménard dont les poésies exaltent le paganisme antique. Parmi les spécialistes de la
Grèce ancienne, Walter F. Otto se situait dans le même courant spirituel. Parmi les philosophes contemporains, le nom de Heidegger
doit occuper la première place dans cette perspective. Mais, sauf pour les néoplatoniciens de la Renaissance, il ne s'est jamais agi
d'une restauration des cultes et des pratiques, qui n'apparaît que dans les années 1970, d'abord dans les universités américaines, puis
en Grèce et dans le reste de l'Europe avec la quête d'identité qui se répand depuis la chute du « rideau de fer » (renaissance du
paganisme balte, essor desodinistes en Islande et en Scandinavie...)

Mouvements hellénistes
Une organisation officielle, YSEE (« conseil suprême des Hellènes Gentils »), a été créée en juin 1997 à Athènes dans le but de faire
reconnaître celle-ci à l'échelon international ainsi que de défendre les croyants de cette religion contre les persécutions, à l'époque de
l'interdiction de la religion hellène. Une communauté a été créée en 1999 en Australie. La YSEE est membre de la WCER (congrès
mondial des religions ethniques) dont le but est de rassembler les religions polythéistes d'Europe et du reste du monde sur une base
sérieuse et refusant les dérives sectaires.

Ellinaïs fondée en 2005 est une organisation religieuse basée à Athènes pour regrouper les polythéistes olympiens de Grèce. Ellinaïs
revendique que ses rituels puissent se dérouler sur les sites des anciens sanctuaires olympiens.
3
La Societas hellenica antiquarioriumanime le site Dodecatheon qui soutient la thèse d'une existence continue mais secrète de petits
groupes attachés à la pratique de l'ancienne religion en Grèce, depuis les persécutions chrétiennes, et qui refont surface aujourd'hui.
La philosophie de ce groupe est plutôtorphique.
4
La Church of Hellenes est un couple de personnes qui se définit ainsi comme « un organe de guerre spirituelle » (an organ of
spiritual warfare) dont l'objectif est l'« extermination en bloc des croyances opposées à l'hellénisme » (exterminates wholesale the
anti-Hellenic beliefs) et plus particulièrement « libérer la Grèce de la dictature de la secte desnazaréens » (To liberate Hellas from the
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dictatorship of the sect of nazarenes) . Ce site définit ainsi le christianisme comme une « fraude » qui a « amené la haine, les
massacres et le mal » (brought hatred, slaughter and evil).

Aux États-Unis, de nombreux groupes on-line ou off-line existent qui en réunissent les sympathisants et les pratiquants. Ils sont en
général sans liens avec YSEE, plutôt centrés sur les personnes d'origine grecque et parfois même méfiants vis-à-vis des non-Grecs de
souche.
6
Le groupe Neos Alexandria pratique un syncrétisme gréco-égyptien.
La plupart des néohellénistes (en dehors de la Grèce) sont jeunes et cultivés. Ils sont le plus souvent des libéraux au sens américain
du terme voire des libertaires. Cela les différencie profondément de leurs coreligionnaires grecs, plutôt proches soit du socialisme,
soit du nationalisme, soit des deux (en lutte contre la confusion idéologique de l'Église orthodoxe et contre la « dilution » de l'identité
grecque dans la mondialisation).

Une communauté aux multiples visages, éparpillée et divisée


Malgré son faible nombre, la communauté est éparse et divisée. Religion non dogmatique, ce sont moins les croyances qui unissent,
que de communes références diversement interprétées. Pour une grande part, il s'agit d'une communauté virtuelle dont les groupes de
discussion sur le net sont régulièrement empoisonnés par des querelles byzantines ou des affrontements personnels, ou bien entrent
plus ou moins vite en léthargie. Les occasions de rencontres helléniques dans le monde réel sont rares, et il n'y a pas d'études
régulières ni de continuité de transmission.
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Le fondateur et leader du groupe « hellenismos.us » a entrepris une campagne de critique contre les autres groupes et les autres
personnalités du mouvement, cherchant à imposer sa perspective personnelle du reconstructionnisme, ce qui entre clairement dans la
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définion d'une « dérive sectaire » .

La communauté est divisée entre :

Reconstructionistes, eux-mêmes de plusieurs types mais attachés à la recréation des rites et pratiques antiques.
Souvent, faute de mieux, parce que chaquepolis avait son propre cycle de célébrations, ils suivent lecalendrier
9
athénien ancien, le mieux connu, pour leurs rituels et festivals. Neos-Alexandria suit pour sa part le calendrier
macédonien.
Ces milieux, souvent composés d'universitaires ou de personnes diplômées en littérature, langues et civilisations anciennes, sciences
des religions ou histoire, sont très intellectuels et férus de développer leurs connaissances des pratiques authentiques de l'Antiquité. À
ce titre, ils s'apparentent aux pratiques de l'archéologie expérimentale.

Wiccans helléniques : ce sont de wiccans qui travaillent avec les divinités grecques et qui suivent quelques
usages helléniques transposés dans un contexte wiccan.

« Modernistes », parfois éclectiques et syncrétistes, néopaïens hellénistes portés sur les adaptations, les
emprunts, les innovations. Ils adorent lesdieux grecs selon leur inspiration davantage que selon la tradition. Ils
peuvent emprunter à l'occasion rites et pratiques à d'autres traditions en les adaptant. Ils accordent ainsi une
grande place aux U.P.G. (Unverified Personal Gnosis).
Par exemple, une question âprement débattue est celle de savoir si l'on peut créer de nouveaux festivals. Les reconstructionistes
stricts répondent non.

D'autre part, du point de vue de la spiritualité, on peut distinguer :

ceux qui se basent sur Homère et Hésiode ;


les orphiques et mystiques (auxquels on peut adjoindre les dévots deDionysos souvent adeptes de pratiques
chamaniques) ;
les néoplatoniciens.
Il faut encore distinguer entre Hard polytheists et Soft polytheists, mais cette distinction traverse aussi les khémétistes et les adeptes
de la Religio Romana. Les premiers croient en l'individualité de chaque dieu. Les seconds pensent que tous les dieux sont des
émanations ou des formes d'un seul ou de quelques-uns.

Croyances et pratiques
Les dieux les plus vénérés sont Apollon, Dionysos, Athéna, Aphrodite, Artémis, Hécate, Hestia, Hermès, Déméter et Perséphone.
Rares par contre sont les cultes réguliers à Poséidon, Arès, Héphaistos... Même Zeus est finalement peu vénéré, compris comme un
dieu lointain. Des héros antiques, Héraklès et Achille sont les plus prisés.

La question d'avoir un dieu-patron (ou une déesse-patronne) est disputée. Certains y voient une contamination de la Wicca. Par
contre, il existe des thiases (thiasoi) qui regroupent les fidèles et dévots d'une même divinité.
Par la force des choses, les rites domestiques et solitaires prédominent. La question d'un éventuel retour à des pratiques sacrificielles
est source de divisions. Par contre, offrandes végétales ou carnées et libations sont courantes, Prières, chants, musique, encens,
bougies accompagnent le culte. Certains célèbrent autant qu'ils le peuvent en grec ancien (attique). Dans ce cas, ce sont des textes
(péans, hymnes homériques ou orphiques) qui sont lus dans cette langue. D'autres, les plus nombreux, prient et célèbrent dans leurs
langues maternelles.

La divination est souvent partie intégrante de cette religion, pratiquée selon divers modes, anciens ou modernes (tarots).

Quelques individus ou groupes s'essaient à reconstruire les cultes à mystères (Mystères d'Éleusis...) qui fascinent les esprits. Mais la
faiblesse de la documentation fiable rend l'entreprise hasardeuse et souvent on emprunte plus au culte Rose-Croix, à la franc-
maçonnerie et à la Golden Dawn ou à l'Ordo Templi Orientis, qu'à la Grèce proprement dite.

Éthique
De l’éthique héroïque homérique aux diverses éthiques philosophiques de l’Antiquité, le spectre des références est ge.
lar

Néanmoins quelques principes reviennent constamment:

eusébia ou piété et respect des Dieux


sophrosyne : tempérance, modération
réciprocité
xenia ou hospitalité
Les maximes delphiques («Connais-toi toi-même », « rien de trop », etc.) sont également souvent citées.

L'exigence de la réciprocité fait que les hellénistes, à la différence des chrétiens ("aime ton ennemi...") et des wiccans ("n'offense
personne et fais ce qu'il te plaît"), ne refusent pas le conflit. Ne pas défendre son ami, c'est pour eux se déshonorer, et ils ne tendent
pas la joue gauche quand on les frappe sur la droite. La recherche de la gloire et de la richesse peut même être encouragée, mais
contrebalancée par la pratique de l'hospitalité et de l'éver
gétisme.

L'Hellénisme ignore la notion de péché et encore plus celle de « péché originel » : les païens helléniques ne recherchent ni
rédemption ni salut. Les préoccupations sur l'après-mort occupent peu de place en général. Par contre, il connaît la notion de miasma,
souillure matérielle et morale dont il faut se purifier (le sang, le sperme, la mort sont des
miasmes).

L'hybris est le principal vice. Il consiste en une audace irraisonnée qui fait oublier à l'homme ses limites, sa condition, outrageant les
Dieux par manque de respect. L'homme se heurte ici au destin dont certains estiment que Zeus est le maître, mais que d'autres, à la
suite d'Homère, placent au-dessus de la volonté même du Père des Dieux et des hommes.

C'est pourquoi une conduite raisonnable et rationnelle est valorisée. Raison et religion ne s'opposent pas parce que la philosophie, ou
amour de la sagesse, est fille du culte delphique, le premier centre de sagesse en Grèce ancienne. De même, sciences et foi ne
sauraient être opposées, ou les premières entrer en conflit avec la seconde (ce qui fut quand même parfois le cas dans l'Antiquité).

Le culte du beau, fondamental dans cette religion, car manifestation de l'harmonie du monde dont les Dieux sont le foyer et leur culte
le garant, conduit à la valorisation du corps et de la vie sexuelle, libérée des tabous chrétiens (qui n'est pas licence ni culte de la
pornographie).

Voir aussi
Paganisme
YSEE
Ellinais

Notes et références
1. (en) Néoplatonisme dans la philosophie de l'islam(http://www.muslimphilosophy.com/ip/rep/H003.htm)
2. Parmi eux le philosopheGiulio Pomponio Leto, arrêté sur ordre du papePaul II
3. Dodecatheon (http://homepage.mac.com/dodecatheon/)
4. Voir : (el) [1] (http://www.ysee.gr/index.php?type=d&f=deltia&did=137)
5. (en) Church of Hellenes – Who we are(http://www.hellenicreligion.gr/doc_en/who-en.htm)
6. Neos Alexandria - Greco-Egyptian Syncreticism(http://www.neosalexandria.org/)
7. [2] (http://www.hellenismos.us/)
8. Jusque et y compris en attaquant surAmazon, les livres de ses adversaireshttps://www.amazon.com/Beginners-
Guide-Hellenismos-Timothy-Alexander/dp/1430324562/ref=pd_bxgy_b_text_b
9. Site (http://www.numachi.com/~ccount/hmepa/)

Bibliographie
(en) D. Campbell, Old Stones, New Temples, Xlibris Corporation, 2000 (D. Campbell, un transsexuel, docteur en
philosophie, fut le fondateur de plusieurs groupes néopaiens helléniques et l'un des dirigeants d'Hellénion. Son
livre fut une référence jusqu'à sa conversion à l'anglicanisme qui provoqua un tollé contre lui.)
(en) Timothy Jay Alexander, Beginners Guide to Hellenismos, 2008
(en) S. K. Winter, Kharis, 2008 (2e édition).
(fr) Chr. Bouchet, B.A. BA du Néopaganisme, Pardès, 2001 (Par un spécialiste de la question en France. Mais
le paganisme hellénique est peu traité.)
(fr)Dimitri Michalopoulos, "Le crypto-paganisme byzantin et la question de Filioque",
Apeiron (Minho), no. 9
(1/2017), p. 178-209.
Liens externes

(fr) Définition de la croyance helléniste par la YSEE


(en) Un site en anglais par un des leaders informels du mouvement aux États-Unis

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