www.elsevier.com/locate/emch
MOTS CLÉS Résumé La leucémie myéloïde chronique (LMC) est un syndrome myéloprolifératif rare
Leucémie myéloïde représentant 2 à 5 % des leucémies de l’enfant et 15 % des leucémies de l’adulte. Elle
chronique ; constitue un des modèles d’étude privilégiés de la leucémogenèse car les cellules
Leucémie ; tumorales sont caractérisées par un échange de matériel chromosomique : la transloca-
Chromosome tion t(9;22), qui entraîne la formation d’un chromosome 22 anormal, dénommé chromo-
Philadelphie ;
some Philadelphie (Ph). La translocation conduit à la formation du gène de fusion
Inhibiteur de tyrosine
kinase ;
BCR-ABL. Des expériences in vitro et in vivo ont démontré que la protéine Bcr-Abl, par son
Transcrit de fusion activité tyrosine kinase dérégulée, était responsable de la maladie. En l’absence de
bcr-abl traitement, la LMC évolue en 3 à 5 ans vers une leucémie aiguë rapidement mortelle. Les
traitements tels que l’hydroxyurée ou le busulfan ne modifient que très peu la survie des
patients. L’allogreffe de moelle osseuse permet de guérir les malades mais ne peut être
proposée qu’à un nombre limité de patients. L’interféron alpha (INF-a) a amélioré la
survie des patients répondeurs mais ces derniers sont peu nombreux et les effets
secondaires ont rendu son utilisation limitée. Aujourd’hui, l’imatinib mésylate, premier
inhibiteur de tyrosine kinase spécifique de la protéine Bcr-Abl, est devenu le traitement
de première intention de cette hémopathie, faisant de la LMC un exemple d’hémopathie
à thérapeutique ciblée. Des résultats à long terme de ce nouveau médicament découlera
l’attitude du clinicien vis-à-vis de la greffe allogénique de moelle osseuse qui est, jusqu’à
aujourd’hui, considérée comme le seul traitement curatif.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
1638-6213/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi: 10.1016/j.emch.2005.07.001
188 T. Leguay, F.-X. Mahon
Introduction
Figure 2 Chromosomes 9 et 22, gènes BCR, ABL et BCR-ABL avec les différents sous-types d’acide ribonucléique (ARN) transcrits en
fonction des points de cassure. Description schématique des différents points de cassure dans les exons des gènes BCR-ABL, expliquant
les différents sous-types d’ARN messagers transcrits.
Figure 3 Représentation schématique de la protéine Abl. La forme 1b possède un groupement myristoyl (Myr), qui joue un rôle
important dans l’auto-inhibition de la protéine. NLS est un domaine de localisation nucléaire, DB (DNA binding) est un domaine de
fixation de l’acide désoxyribonucléique (ADN) et AB (actin binding) de fixation de l’actine.
La structure de la protéine cellulaire Abl est dans le cytoplasme, la protéine Abl joue un rôle
hautement conservée. Comme la plupart des pro- important dans la croissance et la prolifération
téines induisant un signal intracellulaire, la pro- cellulaire, participant à la transduction du signal
téine Abl possède des domaines d’homologie SH initiée par certains récepteurs aux facteurs de
(Src homology) semblables à ceux de la protéine croissance.
Src. Le domaine SH3 est un régulateur négatif du
domaine SH2, qui est pour sa part un régulateur Gène BCR et sa protéine
positif du domaine SH1, support de l’activité tyro-
sine kinase de la protéine Abl (Fig. 3). Dans la partie Le gène BCR, positionné sur le bras long du chromo-
C-terminale de la protéine, il existe une séquence some 22, a été découvert en clonant la région
de localisation nucléaire (NLS pour nuclear locali- appelée major-breakpoint cluster region (M-BCR)
zation signal) ainsi que des domaines lui permet- où ont lieu la majorité des points de cassure dans la
tant de se fixer aux filaments d’actine et à l’acide LMC. Il s’étend sur 135 kb, comprend 23 exons et
désoxyribonucléique (ADN). permet la transcription de deux types d’ARN mes-
On peut remarquer que la protéine Abl est dotée sagers dont les poids moléculaires sont respective-
d’une dualité structurale et fonctionnelle, avec des ment de 4,5 et 6,7 kb et qui codent une protéine de
domaines de régulation qui lui permettent de jouer 160 kDa, d’expression ubiquitaire. Cette protéine,
un rôle à la fois dans le noyau et dans le cytoplasme de localisation cytoplasmique lorsque la cellule
de la cellule et de transiter entre les deux compar- n’est pas en cycle, est exprimée de manière péri-
timents. Son action dépend de sa localisation nu- chromosomique lors de la mitose, ce qui suggère
cléaire ou cytoplasmique.16 Dans le compartiment qu’elle joue un rôle dans le cycle cellulaire.17
nucléaire, Abl joue un rôle de régulateur négatif du La protéine Bcr est constituée de plusieurs do-
cycle cellulaire. Lors de la phase G0, Abl se lie à maines (Fig. 4). Dans la partie N-terminale, le
l’ADN et forme un complexe avec des protéines domaine 1B constitue une région importante
inhibitrices du cycle telles que pRb (protéine du puisqu’il permet la dimérisation de la protéine
rétinoblastome). Lors de la transition G1/S, la pro- Bcr-Abl conduisant à l’ouverture de l’activité ki-
téine pRb est phosphorylée et se dissocie d’Abl, ce nase, et le domaine 2B comprend deux sites de
qui permet son activation. Quand elle est localisée liaison aux domaines SH2 comme ceux portés par la
Figure 4 Représentation schématique de la protéine Bcr. La région 1B correspond aux 63 premiers acides aminés de Bcr et elle est
nécessaire à la dimérisation de la protéine.
Leucémie myéloïde chronique 191
protéine Abl et la protéine Grb2. La région centrale m-BCR (minor BCR), c’est-à-dire entre les exons
présente un domaine d’homologie avec les protéi- 1 et 2 de BCR. Elle produit une protéine chimérique
nes Dbl (facteur d’échange guanosine triphosphate de 190 kDa dont l’activité tyrosine kinase serait
[GTP]/guanosine diphosphate [GDP]). La partie plus intense que celle de la protéine de 210 kDa. Ce
C-terminale de Bcr, absente dans la protéine de variant moléculaire est majoritairement retrouvé
fusion Bcr-Abl, a une fonction GAP (GTPase- dans la leucémie aiguë lymphoblastique à chromo-
activating protein) pour les protéines G de type some Philadelphie. Un autre variant, qui comporte
Rac. Cette deuxième partie, qui n’intéresse pas la un gène BCR interrompu dans la l-BCR (micro-BCR),
protéine chimérique Bcr-Abl, joue en réalité un entre les exons 19 et 20, permet la synthèse d’une
rôle dans la bactéricidie des polynucléaires. Les protéine chimérique de 230 kDa. Cette dernière
fonctions réelles de la protéine Bcr sont, néan- forme moléculaire correspondrait à des hémopa-
moins, peu connues. thies d’évolution lente, marquées par une hy-
perleucocytose modérée à polynucléaires neutro-
Gène BCR-ABL et protéine de fusion philes, associées ou non à une thrombocytose19
(Fig. 5).
Les réarrangements les plus fréquemment retrou- La protéine Bcr-Abl de 210 kDa comprend les
vés au cours de la LMC sont les produits de fusion du trois domaines SH1, SH2, SH3 et tous les autres
gène ABL rompu entre les exons 1 et 2 et du gène domaines d’Abl. Du côté Bcr, le motif de dimérisa-
BCR rompu dans une région où les points de cassure tion est la partie la plus importante. Cette partie de
sont variables, appelée M-BCR (Major BCR). Cette Bcr conduit à la dimérisation de la protéine Bcr-Abl
région, qui correspond aux exons 12 à 16 du gène et à son autoactivation par transphosphorylation.
BCR, est subdivisée en cinq bandes, de b1 à b5, qui De plus, la perte de la partie N-terminale d’Abl
correspondent aux cinq exons impliqués (exons supprime son auto-inhibition. Ces deux modifica-
12 = b1, exon 13 = b2..., exon 16 = b5). La cou- tions protéiques expliquent l’activation perma-
pure au sein de cette région se produit préféren- nente de la tyrosine kinase de Bcr-Abl.
tiellement18 entre les exons b2 et b3 ou b3 et b4 La protéine tyrosine kinase Abl physiologique est
(Fig. 2). Ainsi se forment, respectivement, les pro- autorégulée de manière physique, c’est-à-dire par
duits de fusion b2a2 et b3a2. Les ARN messagers modification conformationnelle. Sa fusion à Bcr
ainsi produits codent tous deux une protéine chimé- modifie cette auto-inhibition et active en perma-
rique de 210 kDa. Cependant, la protéine codée par nence la kinase.
le variant b3a2 est plus fréquente et comprend
25 acides aminés de plus que celle du variant b2a2 ; Voies de signalisation intracellulaire
aucune étude n’a permis de démontrer une diffé- conduisant à la leucémogenèse
rence d’évolution clinique ou biologique entre ces
deux variantes. La phosphorylation d’un nombre très important de
Il existe d’autres variants de la translocation substrats est responsable des propriétés de la cel-
t(9;22), responsables, dans la majorité des cas, de lule leucémique, ce qui la distingue d’une cellule
phénotypes leucémiques différents. Il faut men- normale. En effet, l’autoactivation et la perte de la
tionner la fusion e1a2, issue d’une cassure dans la régulation de l’activité tyrosine kinase entraînent
Figure 5 Variants protéiques Bcr-Abl en fonction des points de cassure. Les différents points de cassure dans le gène BCR conduisent
à la synthèse de trois variants protéiques différents.
192 T. Leguay, F.-X. Mahon
Figure 6 Voies de signalisation cellulaire. La protéine Bcr-Abl active différentes voies de signalisation. Pour simplifier sont
représentées ici les principales. Cependant, de très nombreux substrats protéiques ont été identifiés comme étant directement ou
indirectement phosphorylés par l’activité kinase de Bcr-Abl.
l’activation, directe ou indirecte, et le recrute- phorylation des Jak kinases.25 De même, la voie des
ment de voies de signalisation impliquées dans les PI3 kinases peut, aussi, être activée26 via Grb2,
processus de prolifération, d’apoptose, de diffé- induisant un signal prolifératif et antiapoptotique
renciation et d’adhésion cellulaire. via Akt27 (Fig. 6).
Elle peut être mise en évidence par les expériences Récemment, une équipe, en étudiant les voies
suivantes : la méthode des microsatellites et intracellulaires responsables de l’autorenouvelle-
l’étude de la perte d’hétérozygotie. Les microsa- ment cellulaire, a montré que les progéniteurs de
tellites sont des séquences d’ADN contenant un patients en phase blastique pouvaient s’autorenou-
nombre variable de répétitions de bases nucléiques veler, propriété qui normalement concerne exclu-
en tandem (VNTR)15. Ces séquences étant non co- sivement la cellule souche.40
dantes, elles subissent de manière définitive les
mutations induites par une instabilité génétique ;
elles en sont donc un miroir direct.31 La perte Présentation clinique
d’hétérozygotie reflète tout autant cette instabi-
lité. En effet, tout gène muté sur un seul de ses L’histoire naturelle de la LMC comprend trois pha-
allèles peut être désactivé, afin qu’il ne soit plus ses évolutives : une première phase dite « chroni-
transcrit. Dans ce cas, toute transcription et donc que », paucisymptomatique, suivie d’une deuxième
toute traduction protéique ne provient plus que phase, caractérisée par une accélération de la ma-
d’un seul allèle, ce qui définit la perte d’hétéro- ladie, et enfin une troisième phase, appelée
zygotie.32,33 Dans le cas de la LMC, on détecte cette « transformation aiguë », prenant l’aspect d’une
instabilité génétique qui se manifeste de manière leucémie aiguë secondaire, résistante ou réfrac-
accrue lors du passage de la phase chronique vers taire au traitement, conduisant au décès du pa-
les phases avancées (accélérée et blastique) de la tient. Il existe donc un passage progressif d’une
maladie.34 hyperproduction chronique d’éléments matures va-
La responsabilité directe de Bcr-Abl n’est pas riés à une prolifération rapide de cellules immatu-
entièrement démontrée. Cependant, une activité res (arrêt de la différenciation et emballement
mutationnelle plus intense a été récemment dé- d’un ou plusieurs sous-clones). Cette évolution est
montrée lors d’apparition de résistances à l’imati- partiellement expliquée par la physiopathologie de
nib mésylate dues à des mutations dans le domaine la maladie précédemment décrite. La phase chro-
tyrosine kinase. Enfin, de nombreuses protéines nique peut parfois passer inaperçue et les malades
oncogéniques peuvent coopérer avec Bcr-Abl et se présentent directement en phase accélérée ou
participer à la progression de la maladie, par exem- blastique.
ple les Src kinases, qui semblent jouer un rôle
important dans les transformations lymphoblasti- Phase chronique
ques.35 Autre exemple, le gène Evi-1 a été retrouvé
dans des crises blastiques, avec une dysmégacaryo- Cette première phase est d’installation progres-
poïèse. De même, de rares mutations du gène Ras sive ; elle dure en moyenne 4 à 5 ans. Les signes
ont été rapportées, corrélées avec les transforma- cliniques sont souvent insidieux et de nombreux
tions blastiques et l’apparition d’atteintes extra- patients sont asymptomatiques au moment du dia-
médullaires.36,37 L’amplification du gène c-myc ou gnostic, suspecté devant un hémogramme réalisé à
du gène BCR-ABL lui-même, est aussi, parfois, re- titre systématique (40 % des cas). Cependant, trois
trouvée dans les phases avancées de la maladie.38 grands syndromes peuvent se rencontrer :
Des gènes suppresseurs de tumeurs, tels p16 et • une altération de l’état général, liée à l’hyper-
Rb (gène du rétinoblastome), sont parfois inactivés métabolisme, associant asthénie, amaigrisse-
respectivement dans des crises lymphoblastiques ment et plus rarement une fébricule et des
ou mégacaryocytaires. Des anomalies du gène sueurs ;
p53 ont été détectées au cours des phases avancées • un syndrome tumoral, largement caractérisé par
de la maladie.39 une splénomégalie (50 %), parfois responsable
La translocation t(9;22) entraîne la synthèse d’une symptomatologie digestive ;
d’une protéine à activité tyrosine kinase accrue, • des signes de leucostase, avec en particulier un
induit une augmentation de la survie cellulaire par priapisme, sont aujourd’hui assez exception-
inhibition de l’apoptose et une prolifération cellu- nels.
laire avec maintien de la différenciation. Cepen-
dant, l’instabilité génomique observée, probable- Phase accélérée
ment responsable de l’apparition d’anomalies
cytogénétiques surajoutées et de l’activation de Elle correspond à la transition entre la phase chro-
divers gènes dont la coopération avec Bcr-Abl est nique et la phase blastique. Sa durée est de 12 à
indispensable, explique le passage de la maladie 18 mois en moyenne. Elle peut cependant être
vers une phase plus avancée (accélération ou crise quasi inexistante, la phase blastique étant alors
blastique). « explosive » (environ 20 % des cas). L’International
194 T. Leguay, F.-X. Mahon
Tableau 1 Critères clinicobiologiques d’accélération selon le registre international des greffes de moelle osseuse (IBMTR).
• Leucocytose difficile à contrôler avec un traitement conventionnel : hydroxyurée ou busulfan
• Doublement rapide du taux de leucocytes (5 j)
• Présence de plus de 10 % de blastes sanguins ou médullaires
• Présence de plus de 20 % de blastes + promyélocytes sanguins ou médullaires
• Présence de plus de 20 % de polynucléaires basophiles ou éosinophiles sanguins
• Anémie ou thrombopénie non due au traitement
• Thrombocytose persistante
• Anomalies cytogénétiques surajoutées
• Majoration brutale de la splénomégalie
• Développement d’une myélofibrose ou d’un chlorome
• Patient en phase chronique mais ayant présenté une crise blastique
Tableau 4 Score de Gratwohl et résultats obtenus à long terme après allogreffe selon ce score.
Score 0 1 2
Stade 1e phase chronique Phase accélérée Transformation aiguë
Âge < 20 ans Entre 20 et 40 ans > 40 ans
Sexe donneur/receveur Identique ou homme/femme Femme/homme
Donneur Géno-identique Non apparenté
Diagnostic-greffe < 1an > 1an
Score Nombre de patients Survie sans Survie globale Mortalité liée Rechute
maladie à la greffe
0-1 634 60 % 72 % 20 % 23 %
2 881 47 % 62 % 31 % 32 %
3 867 37 % 48 % 46 % 31 %
4 485 35 % 40 % 51 % 28 %
5-7 275 18 % 20 % 72 % 35 %
Leucémie myéloïde chronique 199
Les grandes règles d’utilisation pratique de Certains auteurs ont défini des facteurs prédic-
l’INF-a sont les suivantes : tifs précoces de réponse (permettant d’adapter le
• début du traitement en monothérapie par INF-a traitement le cas échéant). Ainsi, il a été montré
(sauf dans les cas de leucostase où l’hydroxyu- que l’obtention d’une RCH à 3 mois était un facteur
rée peut être initialement associée pour réduire prédictif d’une bonne réponse à l’INF-a.55,56
plus rapidement le volume tumoral) ;
• instauration du traitement à dose progressive Intensification thérapeutique et autogreffe
jusqu’à une dose moyenne de 5 MU/m2/j, le but
étant d’obtenir une RCH avec des leucocytes Comme nous l’avons vu précédemment, seuls 20 %
entre 2 000 et 5 000/mm3 et des plaquettes des malades peuvent bénéficier d’une allogreffe de
entre 50 000 et 100 000/mm3 ; cellules souches hématopoïétiques. L’intensifica-
• prévention et diagnostic précoces des effets tion thérapeutique avec autogreffe de moelle ou de
secondaires : prévention du syndrome pseudo- cellules souches périphériques a pu dès lors repré-
grippal par l’administration de l’INF-a au cou- senter une voie alternative.
cher, précédée d’une prise de paracétamol, Si un effet bénéfique a pu être montré chez des
prévention des nausées par antiémétiques, trai- patients non répondeurs à l’interféron et ayant de
tement des syndromes dépressifs par antidé- mauvais facteurs pronostiques, par exemple un
presseurs, diminution de la dose de 25 % si score de Sokal élevé, aucun effet sur la survie n’a
toxicité de grade II persistante (GB < 2 000/ pu être démontré et les nouveaux traitements tels
mm3 ou plaquettes < 50 000/mm3) ; que les inhibiteurs de tyrosine kinase ont conduit à
• arrêt du traitement si toxicité de grade III ou IV abandonner pour le moment cette thérapeutique.57
(reprise parfois possible à 50 % de la dose, sous
surveillance).
De nombreuses études ont prouvé l’efficacité de Imatinib mésylate
l’INF-a en soulignant sa capacité d’induire des ré-
ponses cytogénétiques. Leurs résultats sont assez Mécanismes d’action
variables, les chiffres moyens étant les suivants : 60
à 80 % de RCH ; 40 à 60 % de réponses cytogénéti- L’imatinib appartient à une nouvelle classe de mé-
ques ; 20 à 40 % de RCM ; environ 10 % de RCC dicaments : les inhibiteurs de tyrosine kinase.10,11
durables et une survie médiane de 60 à 65 mois. Les groupements chimiques phénylaminopyrimidi-
Cinq grandes études, de 1993 à 1995, ont montré le nes ont servi de base à la synthèse de très nom-
bénéfice de l’interféron par rapport à la chimiothé- breux dérivés capables d’inhiber les protéines-
rapie.46–48,51,52 kinases. Parmi les différents dérivés, le CGP57148 B
Le groupe français d’étude de la LMC a montré (cyba geigy product) a démontré une capacité d’in-
que l’adjonction de la cytarabine, à la dose de hibition importante sur l’activité tyrosine kinase
20 mg/m2/j,10 jours par mois, à l’INF-a d’Abl et sur celle des récepteurs au platelet-
(5 MU/m2/j) allonge la survie des patients et amé- derived growth factor (PDGF) et au stem cell factor
liore la réponse cytogénétique par rapport à ceux (SCF).58 En 1996, Druker et al. ont montré que cette
traités par l’INF-a seul (taux de survie à 3 ans : 85 % molécule était capable d’inhiber spécifiquement la
contre 79 % ; taux de RCC à 12 mois : 41 % contre prolifération de lignées cellulaires murines et hu-
24 %).53 Ces résultats n’ont pas été confirmés par maines transformées par BCR-ABL.59 Le
l’étude randomisée autrichienne, menée selon un CGP57148 B, renommé par la suite STI571 (signal
schéma très similaire.54 transduction inhibitor 571), agit par inhibition
La variabilité des résultats entre les différentes compétitive de l’adénosine triphosphate (ATP) au
études peut s’expliquer par des différences dans la niveau du site catalytique de la protéine kinase.
distribution des groupes de risque, la dose d’INF-a L’analyse structurale a permis d’expliquer sa spé-
délivrée, la motivation des patients et des méde- cificité.60 L’étude en cristallographie du complexe
cins, les critères de réponse et d’adaptation du ABL-inhibiteur a en effet montré qu’il existait, au
traitement, la fréquence des études cytogénéti- sein du domaine catalytique d’ABL, une poche
ques. Quoi qu’il en soit, malgré ces différences, on constituée d’acides aminés dont certains, relative-
a pu mettre en évidence des facteurs favorisant la ment conservés, sont impliqués dans les interac-
réponse au traitement : le début précoce du traite- tions avec l’ATP, et d’autres, non conservés (mais
ment après le diagnostic, un score pronostique variant peu au sein d’un même sous-groupe de
faible ou intermédiaire, une dose d’INF-a suffisante kinases), se lient à l’inhibiteur. La formation du
(5MU/m2/j), le maintien des globules blancs à complexe kinase-inhibiteur n’est possible que dans
moins de 3 000/mm3 et des plaquettes à moins de une conformation inactive de la protéine
100 000/mm3. (Fig. 7).61–63
200 T. Leguay, F.-X. Mahon
Les patients doivent être suivis régulièrement en gène BCR-ABL lui-même ou encore du gène MDR
consultation (après 1, 3, 6 et 12 mois pour la (gène de résistance multiple aux drogues) ont été
première année en l’absence d’événements indési- mis en évidence.77,78 Ces mécanismes de résistance
rables). La surveillance biologique initiale doit à l’imatinib sont différents selon qu’il s’agit de
comporter une NFS, des tests hépatiques (aspartate lignées cellulaires ou de cellules provenant de pa-
aminotransférases [ASAT], alanine aminotransféra- tients. En effet, en analysant des cellules prove-
ses [ALAT]), un dosage de la créatininémie et de nant de patients, il a été montré que des résistan-
l’uricémie. Le bilan est hebdomadaire le premier ces à l’imatinib acquises pouvaient être aussi dues
mois puis répété une fois par mois. Cette sur- à une mutation ponctuelle de l’acide aminé 315 si-
veillance a pour objectif de dépister la survenue de tué dans le domaine tyrosine kinase d’ABL.79 Il a
cytopénies (neutropénie et/ou thrombocytopénie), également été observé, chez un patient devenu
d’une éventuelle toxicité hépatique et de pertur- résistant, une mutation ponctuelle A/G en position
bations hydroélectrolytiques possiblement induites 255 du domaine tyrosine kinase d’ABL (située dans
par le traitement. Le suivi de l’efficacité du traite- le domaine de liaison à l’ATP) conduisant à la
ment repose sur l’examen clinique (disparition de substitution d’un acide glutamique par une ly-
la splénomégalie et des symptômes en rapport avec sine.80 Depuis, de nombreuses équipes ont rapporté
la maladie), la normalisation de la NFS et la dispa- différentes mutations dans le domaine tyrosine ki-
rition du chromosome Philadelphie sur le caryotype nase pouvant potentiellement expliquer la résis-
médullaire. Ce dernier examen sera effectué à 6 et tance à l’imatinib mésylate.
12 mois puis tous les 6 mois jusqu’à obtention de la Les mutations peuvent être classées en quatre
RCC. Les résultats récents de l’étude Iris69,72 indi- types : celles modifiant les sites de liaison de
quent que la surveillance de la maladie résiduelle, l’imatinib, celles modifiant la structure même de la
en biologie moléculaire par RT-PCR quantitative, protéine tyrosine kinase, celles qui touchent la
constitue un élément majeur d’évaluation de la boucle P (phosphate de transfert de l’ATP) et celles
réponse au traitement pour les patients traités en de la boucle d’activation (boucle A) (Fig. 8).
première intention par l’imatinib mésylate. La ré- Une étude publiée par Branford et al. a montré
ponse moléculaire majeure, c’est-à-dire une dimi- que les mutations d’acides aminés composant la
nution de 3 log de la charge « Bcr-Abl », obtenue « boucle P » sont associées à un pronostic plus
dans les 12 premiers mois de traitement, est asso- sombre.81 La mutation 315 individualisée a aussi un
ciée à une survie sans événement de 100 % à pronostic défavorable, comme cela a été démontré
2 ans.72 En conséquence, il est indispensable de récemment par une étude française multicentri-
disposer d’une mesure quantitative du transcrit que.82 Les patients présentant une mutation d’un
BCR-ABL au diagnostic puis au minimum à 1 an de de ces cinq acides aminés ont une survie médiane
traitement. Une quantification trimestrielle au diminuée.
cours de la première année de traitement est sou- Les critères de résistance à l’imatinib sont défi-
haitable pour observer la cinétique de décrois- nis par l’absence de réponse hématologique à
sance. Une fois la RCC obtenue et si possible confir- 3 mois, l’absence de réponse cytogénétique à
mée, la surveillance du caryotype doit rester 12 mois ou la rechute moléculaire, c’est-à-dire
annuelle afin de dépister la survenue d’anomalies l’augmentation du taux de transcrit Bcr-Abl en bio-
caryotypiques surajoutées. La recherche de muta- logie moléculaire de plus de 2 logs sur deux exa-
tions du domaine tyrosine kinase de BCR-ABL n’est mens consécutifs effectués à 1 mois d’intervalle,
disponible que dans un nombre limité de laboratoi- ou un taux persistant supérieur à 10–2.
res en France. Il est cependant possible de disposer
de cette recherche dans des situations particuliè-
res. Les données actuellement disponibles sur les
arrêts de traitement (principalement liés à des
effets secondaires) ne sont pas suffisantes pour
recommander l’arrêt du traitement, y compris chez
les patients répondeurs.
Résistances à l’imatinib
D’autres mécanismes de résistance indépen- 2. Nowell PC. A minute chromosome in human chronic granu-
dants de BCR-ABL sont possibles. Certains d’entre locytic leukemia. Science 1960;132:1497.
eux ont été identifiés, par exemple l’implication de 3. Rowley JD. Letter: A new consistent chromosomal abnor-
mality in chronic myelogenous leukaemia identified by
Src kinases telles que Fyn.83
quinacrine fluorescence and Giemsa staining. Nature 1973;
243:290–3.
4. Yunis JJ. The chromosomal basis of human neoplasia.
Conclusion Science 1983;221:227–36.
5. de Klein A, van Kessel AG, Grosveld G, Bartram CR, Hage-
La LMC est une hémopathie maligne rare mais dont la meijer A, Bootsma D, et al. A cellular oncogene is translo-
leucémogenèse a été particulièrement bien étudiée, cated to the Philadelphia chromosome in chronic myelocy-
permettant des avancées thérapeutiques majeures. tic leukaemia. Nature 1982;300:765–7.
En près de 40 ans, ces diverses améliorations ont 6. Heisterkamp N, Stephenson JR, Groffen J, Hansen PF, de
permis d’obtenir des rémissions cliniques, puis bio- Klein A, Bartram CR, et al. Localization of the c-ab1 onco-
gene adjacent to a translocation break point in chronic
logiques, puis cytogénétiques et maintenant molécu- myelocytic leukaemia. Nature 1983;306:239–42.
laires. L’imatinib mésylate a transformé la prise en
7. Bartram CR, de Klein A, Hagemeijer A, van Agthoven T,
charge des patients par son efficacité et par sa Geurts van Kessel A, Bootsma D, et al. Translocation of
facilité d’utilisation. Sa place vis-à-vis de l’allo- c-ab1 oncogene correlates with the presence of a Philadel-
greffe est à la base de nombreuses discussions entre phia chromosome in chronic myelocytic leukaemia. Nature
experts. Cependant, bien que sa prescription et sa 1983;306:277–80.
délivrance soient faciles, que son efficacité soit im- 8. Groffen J, Stephenson JR, Heisterkamp N, de Klein A,
Bartram CR, Grosveld G. Philadelphia chromosomal break-
portante et que ses effets secondaires soient limités,
points are clustered within a limited region, bcr, on chro-
le suivi nécessite une prise en charge hématologique mosome 22. Cell 1984;36:93–9.
dans un service spécialisé, car il importe d’obtenir le 9. Shtivelman E, Lifshitz B, Gale RP, Canaani E. Fused trans-
plus rapidement possible une réponse moléculaire, cript of abl and bcr genes in chronic myelogenous leukae-
en adaptant les doses si nécessaire, ou de détecter mia. Nature 1985;315:550–4.
au plus vite les cas de résistance. Cette surveillance 10. Lugo TG, Pendergast AM, Muller AJ, Witte ON. Tyrosine
est la condition d’une prise en charge optimale afin kinase activity and transformation potency of bcr-abl
d’améliorer la survie à long terme. Une récente oncogene products. Science 1990;247:1079–82.
réunion d’experts a édité des recommandations pour 11. Daley GQ, Van Etten RA, Baltimore D. Induction of chronic
myelogenous leukemia in mice by the P210bcr/abl gene of
le suivi des patients, aussi bien au niveau cytogéné-
the Philadelphia chromosome. Science 1990;247:824–30.
tique que moléculaire. Nous nous en sommes, dans
12. Biernaux C, Loos M, Sels A, Huez G, Stryckmans P. Detec-
ce qui précède, largement inspirés.84 Enfin, tion of major bcr-abl gene expression at a very low level in
d’autres inhibiteurs de tyrosines kinases plus puis- blood cells of some healthy individuals. Blood 1995;86:
sants, ciblant aussi Bcr-Abl, ont été développés et 3118–22.
sont en cours d’évaluation. Il semble que la molé- 13. Bose S, Deininger M, Gora-Tybor J, Goldman JM, Melo JV.
cule ayant le plus d’avance soit celle qui porte le The presence of typical and atypical BCR-ABL fusion genes
nom de code BMS354825, car les essais de phase I in leukocytes of normal individuals: biologic significance
and implications for the assessment of minimal residual
ont montré une efficacité non négligeable chez des
disease. Blood 1998;92:3362–7.
patients résistants à l’imatinib. L’avenir du traite-
14. Deininger MW, Bose S, Gora-Tybor J, Yan XH, Goldman JM,
ment de la LMC comportera probablement des asso- Melo JV. Selective induction of leukemia-associated fusion
ciations, comme c’est la règle dans d’autres domai- genes by high-dose ionizing radiation. Cancer Res 1998;58:
nes tels que la virologie. De nombreuses questions 421–5.
demeurent sans réponse, en particulier celle qui 15. Thijsen S, Schuurhuis G, van Oostveen J, Ossenkoppele G.
concerne la durée du traitement. En d’autres ter- Chronic myeloid leukemia from basics to bedside. Leuke-
mes, on ne sait pas actuellement si ces inhibiteurs mia 1999;13:1646–74.
peuvent éliminer complètement les cellules sou- 16. Hantschel O, Superti-Furga G. Regulation of the c-Abl and
Bcr-Abl tyrosine kinases. Nat Rev Mol Cell Biol 2004;5:33–
ches leucémiques, ce qui nous renvoie à la question
44.
relative au déclenchement de la maladie, c’est-à-
17. Goldman JM, Melo JV. Chronic myeloid leukemia-advances
dire aux événements survenant avant l’apparition in biology and new approaches to treatment. N Engl J Med
du réarrangement BCR-ABL. 2003;349:1451–64.
18. Melo JV. The diversity of BCR-ABL fusion proteins and their
relationship to leukemia phenotype. Blood 1996;88:2375–
Références 84.
19. Pane F, Frigeri F, Sindona M, Luciano L, Ferrara F,
1. Bennett J. Case of hypertrophy of the spleen and liver in Cimino R, et al. Neutrophilic-chronic myeloid leukemia: a
which death took place from suppuration of the blood. distinct disease with a specific molecular marker (BCR/ABL
Edinburg Med Surg J 1845;64:413. with C3/A2 junction). Blood 1996;88:2410–4.
Leucémie myéloïde chronique 203
20. Gordon MY, Dowding CR, Riley GP, Goldman JM, Grea- 36. LeMaistre A, Lee MS, Talpaz M, Kantarjian HM, Frei-
ves MF. Altered adhesive interactions with marrow stroma reich EJ, Deisseroth AB, et al. Ras oncogene mutations are
of haematopoietic progenitor cells in chronic myeloid leu- rare late stage events in chronic myelogenous leukemia.
kaemia. Nature 1987;328:342–4. Blood 1989;73:889–91.
21. Deininger MW, Goldman JM, Melo JV. The molecular bio- 37. Tanaka K, Takauchi K, Takechi M, Kyo T, Dohy H,
logy of chronic myeloid leukemia. Blood 2000;96:3343–56. Kamada N. High-frequency of RAS oncogene mutation in
chronic myeloid leukemia patients with myeloblastoma.
22. Pendergast AM, Muller AJ, Havlik MH, Maru Y, Witte ON. Leuk Lymphoma 1994;13:317–22.
BCR sequences essential for transformation by the BCR-ABL
oncogene bind to the ABL SH2 regulatory domain in a 38. Ohyashiki K, Ohyashiki JH, Iwama H, Hayashi S, Shay JW,
non-phosphotyrosine-dependent manner. Cell 1991;66: Toyama K. Telomerase activity and cytogenetic changes in
161–71. chronic myeloid leukemia with disease progression. Leuke-
mia 1997;11:190–4.
23. Oda T, Heaney C, Hagopian JR, Okuda K, Griffin JD,
39. Ahuja H, Bar-Eli M, Advani SH, Benchimol S, Cline MJ.
Druker BJ. Crkl is the major tyrosine-phosphorylated pro-
Alterations in the p53 gene and the clonal evolution of the
tein in neutrophils from patients with chronic myelogenous
blast crisis of chronic myelocytic leukemia. Proc Natl Acad
leukemia. J Biol Chem 1994;269:22925–8.
Sci USA 1989;86:6783–7.
24. Pelicci G, Lanfrancone L, Salcini AE, Romano A, Mele S, 40. Jamieson CH, Ailles LE, Dylla SJ, Muijtjens M, Jones C,
Grazia Borrello M, et al. Constitutive phosphorylation of Zehnder JL, et al. Granulocyte-macrophage progenitors as
Shc proteins in human tumors. Oncogene 1995;11:899–907. candidate leukemic stem cells in blast-crisis CML. N Engl J
25. de Groot RP, Raaijmakers JA, Lammers JW, Jove R, Koen- Med 2004;351:657–67.
derman L. STAT5 activation by BCR-Abl contributes to 41. Speck B, Bortin MM, Champlin R, Goldman JM, Herzig RH,
transformation of K562 leukemia cells. Blood 1999;94: McGlave PB, et al. Allogeneic bone-marrow transplanta-
1108–12. tion for chronic myelogenous leukaemia. Lancet 1984;1:
26. Skorski T, Bellacosa A, Nieborowska-Skorska M, 665–8.
Majewski M, Martinez R, Choi JK, et al. Transformation of 42. Huntly BJ, Bench A, Green AR. Double jeopardy from a
hematopoietic cells by BCR/ABL requires activation of a single translocation: deletions of the derivative chromo-
PI-3k/Akt-dependent pathway. EMBO J 1997;16:6151–61. some 9 in chronic myeloid leukemia. Blood 2003;102:
1160–8.
27. del Peso L, Gonzalez-Garcia M, Page C, Herrera R,
Nunez G. Interleukin-3-induced phosphorylation of BAD 43. Sokal JE, Cox EB, Baccarani M, Tura S, Gomez GA, Robert-
through the protein kinase Akt. Science 1997;278:687–9. son JE, et al. Prognostic discrimination in ″good-risk″ chro-
nic granulocytic leukemia. Blood 1984;63:789–99.
28. Dubrez L, Eymin B, Sordet O, Droin N, Turhan AG, Solary E.
BCR-ABL delays apoptosis upstream of procaspase-3 acti- 44. Sokal JE, Baccarani M, Tura S, Fiacchini M, Cervantes F,
vation. Blood 1998;91:2415–22. Rozman C, et al. Prognostic discrimination among younger
patients with chronic granulocytic leukemia: relevance to
29. Amarante-Mendes GP, Naekyung Kim C, Liu L, Huang Y, bone marrow transplantation. Blood 1985;66:1352–7.
Perkins CL, Green DR, et al. Bcr-Abl exerts its antiapopto-
45. Hasford J, Pfirrmann M, Hehlmann R, Allan NC, Bacca-
tic effect against diverse apoptotic stimuli through bloc-
rani M, Kluin-Nelemans JC, et al. A new prognostic score
kage of mitochondrial release of cytochrome C and activa-
for survival of patients with chronic myeloid leukemia
tion of caspase-3. Blood 1998;91:1700–5.
treated with interferon alfa. Writing Committee for the
30. Dai Z, Quackenbush RC, Courtney KD, Grove M, Cortez D, Collaborative CML Prognostic Factors Project Group. J Natl
Reuther GW, et al. Oncogenic Abl and Src tyrosine kinases Cancer Inst 1998;90:850–8.
elicit the ubiquitin-dependent degradation of target pro-
46. Ohnishi K, Ohno R, Tomonaga M, Kamada N, Onozawa K,
teins through a Ras-independent pathway. Genes Dev Kuramoto A, et al. A randomized trial comparing
1998;12:1415–24. interferon-alpha with busulfan for newly diagnosed chro-
31. Robledo M, Martinez B, Arranz E, Trujillo MJ, Gonzalez nic myelogenous leukemia in chronic phase. Blood 1995;
Ageitos A, Rivas C, et al. Genetic instability of microsatel- 86:906–16.
lites in hematological neoplasms. Leukemia 1995;9:960–4. 47. Hehlmann R, Heimpel H, Hasford J, Kolb HJ, Pralle H,
32. Mori N, Morosetti R, Lee S, Spira S, Ben-Yehuda D, Hossfeld DK, et al. Randomized comparison of interferon-
Schiller G, et al. Allelotype analysis in the evolution of alpha with busulfan and hydroxyurea in chronic myeloge-
chronic myelocytic leukemia. Blood 1997;90:2010–4. nous leukemia. The German CML Study Group. Blood 1994;
84:4064–77.
33. Silly H, Chase A, Mills KI, Apfelbeck U, Sormann S, Gold-
man JM, et al. No evidence for microsatellite instability or 48. Silver RT, Woolf SH, Hehlmann R, Appelbaum FR, Ander-
son J, Bennett C, et al. An evidence-based analysis of the
consistent loss of heterozygosity at selected loci in chronic
effect of busulfan, hydroxyurea, interferon, and alloge-
myeloid leukaemia blast crisis. Leukemia 1994;8:1923–8.
neic bone marrow transplantation in treating the chronic
34. Wada C, Shionoya S, Fujino Y, Tokuhiro H, Akahoshi T, phase of chronic myeloid leukemia: developed for the
Uchida T, et al. Genomic instability of microsatellite American Society of Hematology. Blood 1999;94:1517–36.
repeats and its association with the evolution of chronic
49. Gratwohl A, Hermans J, Goldman JM, Arcese W, Carre-
myelogenous leukemia. Blood 1994;83:3449–56.
ras E, Devergie A, et al. Risk assessment for patients with
35. Hu Y, Liu Y, Pelletier S, Buchdunger E, Warmuth M, Fab- chronic myeloid leukaemia before allogeneic blood or mar-
bro D, et al. Requirement of Src kinases Lyn, Hck and Fgr row transplantation. Chronic Leukemia Working Party of
for BCR-ABL1-induced B-lymphoblastic leukemia but not the European Group for Blood and Marrow Transplantation.
chronic myeloid leukemia. Nat Genet 2004;36:453–61. Lancet 1998;352:1087–92.
204 T. Leguay, F.-X. Mahon
50. Talpaz M, McCredie KB, Mavligit GM, Gutterman JU. Leuko- 66. Kantarjian H, Sawyers C, Hochhaus A, Guilhot F, Schiffer C,
cyte interferon-induced myeloid cytoreduction in chronic Gambacorti-Passerini C, et al. Hematologic and cytogene-
myelogenous leukemia. Blood 1983;62:689–92. tic responses to imatinib mesylate in chronic myelogenous
51. Interferon alfa-2a as compared with conventional chemo- leukemia. N Engl J Med 2002;346:645–52.
therapy for the treatment of chronic myeloid leukemia. 67. Talpaz M, Silver RT, Druker BJ, Goldman JM, Gambacorti-
The Italian Cooperative Study Group on Chronic Myeloid Passerini C, Guilhot F, et al. Imatinib induces durable
Leukemia. N Engl J Med 1994;330:820–5. hematologic and cytogenetic responses in patients with
52. Talpaz M, Kantarjian HM, McCredie K, Trujillo JM, Kea- accelerated phase chronic myeloid leukemia: results of a
ting MJ, Gutterman JU. Hematologic remission and cytoge- phase 2 study. Blood 2002;99:1928–37.
netic improvement induced by recombinant human inter- 68. Sawyers CL, Hochhaus A, Feldman E, Goldman JM,
feron alpha A in chronic myelogenous leukemia. N Engl J Miller CB, Ottmann OG, et al. Imatinib induces hematolo-
Med 1986;314:1065–9. gic and cytogenetic responses in patients with chronic
53. Guilhot F, Chastang C, Michallet M, Guerci A, Harous- myelogenous leukemia in myeloid blast crisis: results of a
seau JL, Maloisel F, et al. Interferon alfa-2b combined with phase II study. Blood 2002;99:3530–9.
cytarabine versus interferon alone in chronic myelogenous 69. O’Brien SG, Guilhot F, Larson RA, Gathmann I, Bacca-
leukemia. French Chronic Myeloid Leukemia Study Group. rani M, Cervantes F, et al. Imatinib compared with inter-
N Engl J Med 1997;337:223–9. feron and low-dose cytarabine for newly diagnosed
54. Kuhr T, Burgstaller S, Apfelbeck U, Linkesch W, chronic-phase chronic myeloid leukemia. N Engl J Med
Seewann H, Fridrik M, et al. A randomized study comparing 2003;348:994–1004.
interferon (IFN alpha) plus low-dose cytarabine and inter-
70. Druker B, Gathmann I, Bolton AE, Larson RA. Probability
feron plus hydroxyurea (HU) in early chronic-phase chronic
and impact of obtaining a cytogenetic response to imatinib
myeloid leukemia (CML). Leuk Res 2003;27:405–11.
as initial therapy for chronic myeloid leukemia (CML) in
55. Montastruc M, Mahon FX, Faberes C, Marit G, Bilhou- chronic phase. Blood 2003;102(11) [abstract].
Nabera C, Cony-Makhoul P, et al. Response to recombinant
71. Hahn EA, Glendenning GA, Sorensen MV, Hudgens SA,
interferon alpha in patients with chronic myelogenous
Druker BJ, Guilhot F, et al. Quality of life in patients with
leukemia in a single center: results and analysis of predic-
newly diagnosed chronic phase chronic myeloid leukemia
tive factors. Leukemia 1995;9:1997–2002.
on imatinib versus interferon alfa plus low-dose
56. Mahon FX, Faberes C, Pueyo S, Cony-Makhoul P, Salmi R, cytarabine: results from the IRIS Study. J Clin Oncol 2003;
Boiron JM, et al. Response at three months is a good 21:2138–46.
predictive factor for newly diagnosed chronic myeloid
leukemia patients treated by recombinant interferon- 72. Hughes TP, Kaeda J, Branford S, Rudzki Z, Hochhaus A,
alpha. Blood 1998;92:4059–65. Hensley ML, et al. Frequency of major molecular responses
to imatinib or interferon alfa plus cytarabine in newly
57. McGlave PB, De Fabritiis P, Deisseroth A, Goldman J,
diagnosed chronic myeloid leukemia. N Engl J Med 2003;
Barnett M, Reiffers J, et al. Autologous transplants for
349:1423–32.
chronic myelogenous leukaemia: results from eight trans-
plant groups. Lancet 1994;343:1486–8. 73. Kantarjian H, Schiffer C, Sawyers C, Hochhaus A, Guilhot F,
Niederwieser D, et al. Imatinib (Gleevec®) maintains
58. Buchdunger E, Zimmermann J, Mett H, Meyer T, Muller M,
favourable long-term outcomes in chronic-phase chronic
Druker BJ, et al. Inhibition of the Abl protein-tyrosine
myeloid leukemia (CML) for patients failing interferon-
kinase in vitro and in vivo by a 2-phenylaminopyrimidine
alpha (IFN)- Follow-up of a phase II study. Blood 2003;
derivative. Cancer Res 1996;56:100–4.
102(11) [abstract].
59. Druker BJ, Tamura S, Buchdunger E, Ohno S, Segal GM,
Fanning S, et al. Effects of a selective inhibitor of the Abl 74. van Hoomissen IC, Hensley ML, Krahnke T, Capdeville R,
tyrosine kinase on the growth of Bcr-Abl positive cells. Nat Ben-Am M, Gathmann I. Imatinib expanded access program
Med 1996;2:561–6. (AEP): results of treatment in >7000 patients with chronic
myeloid leukemia (CML). Blood 2003;102(11) [abstract].
60. Schindler T, Bornmann W, Pellicena P, Miller WT, Clark-
son B, Kuriyan J. Structural mechanism for STI-571 inhibi- 75. Etienne G, Cony-Makhoul P, Mahon FX. Imatinib mesylate
tion of abelson tyrosine kinase. Science 2000;289:1938–42. and gray hair. N Engl J Med 2002;347:446.
61. Pluk H, Dorey K, Superti-Furga G. Autoinhibition of c-Abl. 76. Mahon FX, Deininger MW, Schultheis B, Chabrol J, Reif-
Cell 2002;108:247–59. fers J, Goldman JM, et al. Selection and characterization
62. Nagar B, Hantschel O, Young MA, Scheffzek K, Veach D, of BCR-ABL positive cell lines with differential sensitivity
Bornmann W, et al. Structural basis for the autoinhibition to the tyrosine kinase inhibitor STI571: diverse mechanisms
of c-Abl tyrosine kinase. Cell 2003;112:859–71. of resistance. Blood 2000;96:1070–9.
63. Smith KM, Yacobi R, Van Etten RA. Autoinhibition of Bcr- 77. Le Coutre P, Tassi E, Varella-Garcia M, Barni R, Mologni L,
Abl through its SH3 domain. Mol Cell 2003;12:27–37. Cabrita G, et al. Induction of resistance to the Abelson
inhibitor STI571 in human leukemic cells through gene
64. Druker BJ, Talpaz M, Resta DJ, Peng B, Buchdunger E,
amplification. Blood 2000;95:1758–66.
Ford JM, et al. Efficacy and safety of a specific inhibitor of
the BCR-ABL tyrosine kinase in chronic myeloid leukemia. 78. Mahon FX, Belloc F, Lagarde V, Chollet C, Moreau-Gau-
N Engl J Med 2001;344:1031–7. dry F, Reiffers J, et al. MDR1 gene overexpression confers
65. Druker BJ, Sawyers CL, Kantarjian H, Resta DJ, Reese SF, resistance to imatinib mesylate in leukemia cell line
Ford JM, et al. Activity of a specific inhibitor of the models. Blood 2003;101:2368–73.
BCR-ABL tyrosine kinase in the blast crisis of chronic mye- 79. Gorre ME, Mohammed M, Ellwood K, Hsu N, Paquette R,
loid leukemia and acute lymphoblastic leukemia with the Rao PN, et al. Clinical resistance to STI-571 cancer therapy
Philadelphia chromosome. N Engl J Med 2001;344:1038– caused by BCR-ABL gene mutation or amplification.
42. Science 2001;293:876–80.
Leucémie myéloïde chronique 205
80. Barthe C, Cony-Makhoul P, Melo JV, Mahon JR. Roots of 83. Donato NJ, Wu JY, Stapley J, Lin H, Arlinghaus R,
clinical resistance to STI-571 cancer therapy. Science Aggarwal BB, et al. Imatinib mesylate resistance through
2001;293:2163. BCR-ABL independence in chronic myelogenous leukemia.
Cancer Res 2004;64:672–7.
81. Branford S, Rudzki Z, Walsh S, Parkinson I, Grigg A, Szer J, 84. Bories D, Devergie A, Gardembas-Pain M, Kuentz M,
et al. Detection of BCR-ABL mutations in patients with CML Legros L, Mahon FX, et al. Stratégies thérapeutiques et
treated with imatinib is virtually always accompanied by recommandations pour la prise en charge des patients
clinical resistance, and mutations in the ATP phosphate- atteints de leucémie myéloïde chronique. Hématologie
binding loop (P-loop) are associated with a poor prognosis. 2003;9:497–512.
Blood 2003;102:276–83.
82. Corm S, Nicolini F, Bories D, Sorel N, Leguay T, Hayette S, Pour en savoir plus
et al. Mutation status of Imatinib Mesylate-Resistant CML
patients and Clinical Outcomes: A French Multicenter http://www.cmlsupport.com/. Ce site donne accès au texte
Retrospective Study for the fiLMCGroup. Blood 2004;:104 intégral de divers articles sur la leucémie myéloïde chronique
[abstract]. et son traitement.