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■ Oncologie (2012) 14: 561–568 561

© Springer-Verlag France 2012


DOI 10.1007/s10269-012-2211-4

Le diagnostic de la leucémie myéloïde chronique (LMC)


en 2012

Mise au point
Chronic myeloid leukemia (CML) diagnosis in 2012
J.-M. Cayuela1, F. Huguet2

Update
1
Laboratoire central d’hématologie, hôpital Saint-Louis, 1, avenue Claude-Vellefaux, F-75475 Paris cedex 10, France
2
Service d’hématologie, CHU Purpan, 1, place du Docteur-Baylac, F-31000 Toulouse, France
Reçu le 26 juillet 2012 ; accepté le 3 octobre 2012

Abstract: Diagnosis of Chronic translocation (9;22) et/ou le gène Le diagnostic de la maladie est
myeloid leukemia (CML), a myelo- de fusion BCR-ABL1 codant pour la donc celui d’une entité bioclinique.
proliferative neoplasia, as well as protéine tyrosine-kinase à l’origine Dans sa forme la plus fréquente,
the assessment of evolutive phase de la maladie ; 5) un polymerase BCR-ABL1 positive, la LMC est clas-
and prognostic score demands: 1) chain reaction (PCR) caractérisant sée parmi les néoplasies myélopro-
a clinical examination with spleen qualitativement et quantitativement lifératives de la classification 2008
measurement; 2) blood counts le transcrit de fusion BCR-ABL1. de l’Organisation mondiale de la
showing hyperleucocytosis with santé (OMS) ou World Health
basophilia and immature granulo- Mots clés : Chromosome de Phila- Organization (WHO), dans le volet
cytic cells at various stages of dif- delphie – Transcrit BCR-ABL1 – des néoplasies myéloïdes. La
ferentiation; 3) a bone marrow as- Tyrosine-kinase – Caryotype – PCR forme atypique BCR-ABL1 négative
pirate exhibiting excess of cells est aujourd’hui un diagnostic
belonging to the granulocytic li- exceptionnel, d’élimination, classée
neage; 4) a karyotype and/or FISH parmi les néoplasies myélopro-
identifying the Philadelphia chro- Introduction lifératives/myélodysplasiques [23]
mosome, a (9;22) translocation, (Tableau 1). La LMC évolue sponta-
and/or the fusion gene BCR- La leucémie myéloïde chronique nément en trois phases : chronique,
ABL1, which codes for the tyro- (LMC) est une hémopathie maligne accélérée et blastique. Nous décri-
sine-kinase protein responsible résultant de l’expansion clonale rons essentiellement la phase
for the disease; and 5) a polyme- de progéniteurs hématopoïé- chronique.
rase chain reaction (PCR) charac- tiques transformés. Cette expansion
terizing the BCR-ABL1 fusion tran- implique de façon prépondérante la
script both on qualitative and lignée granuleuse, touchant égale-
ment les lignées monocytaire, Circonstances de diagnostic
quantitative basis.
érythroïde, mégacaryocytaire, lym- et tableau clinique
Keywords: Philadelphia chromo- phoïde B et occasionnellement
La LMC présente une légère pré-
some – BCR-ABL1 transcript – lymphoïde T. La maladie évolue
pondérance masculine. Elle peut
Tyrosine-kinase – Karyotype – PCR classiquement en trois phases suc-
cessives au cours desquelles le toucher des patients de tous âges.
clone malin perd progressivement La médiane d’âge est cependant
Résumé : Le diagnostic de la néo-
sa capacité de différenciation. La élevée, autour de 55–65 ans [6], et
plasie myéloproliférative que repré-
LMC est associée à une anomalie la maladie est exceptionnelle dans
sente la LMC, ainsi que la détermi-
génétique clonale récurrente, mise l’enfance [16]. Alors que son inci-
nation de sa phase évolutive et de
en évidence dès 1960 sous la dence a tendance à diminuer [3]
son score pronostique nécessitent :
forme d’un chromosome anormal (exprimée en nouveaux cas/an par
1) un examen clinique mesurant
appelé le chromosome Philadel- million d’habitants, elle est de 90
l’éventuelle splénomégalie ; 2) un
phie, par translocation réciproque environ chez l’adulte, 1 chez l’en-
hémogramme retrouvant une hy-
fant), sa prévalence s’accroît du
perleucocytose avec basophilie et entre les chromosomes 9 et 22. Le
fait de l’augmentation de l’espé-
myélémie harmonieuse ; 3) un myé- gène de fusion ainsi produit est tran-
rance de vie des patients.
logramme montrant une hyperpla- scrit en ARN messager (ARNm) et
sie granulocytaire ; 4) un caryotype code pour une protéine BCR-ABL1, Le diagnostic est souvent
médullaire et/ou FISH identifiant le dont l’activité tyrosine-kinase est à évoqué devant un hémogramme
chromosome de Philadelphie par l’origine du phénotype leucémique. systématique, et on ne compte
plus les histoires cliniques où
Correspondance : jean-michel.cayuela@sls.aphp.fr l’annonce se fait dans le contexte
562
Diagnostic biologique
Tableau 1. Classification OMS des néoplasies myéloïdes et leucémies aiguës
?

Néoplasies myéloprolifératives (NPM) Il s’appuie sur les connaissances


Leucémie myéloïde chronique BCR-ABL1 positive physiopathologiques
Leucémie neutrophile chronique de la maladie
Polyglobulie primitive
Myélofibrose primitive Le chromosome Philadelphie est un
Thematic file

Thrombocytémie essentielle chromosome 22 raccourci, résul-


Leucémie chronique à éosinophiles non classée tant d’une translocation réciproque,
Mastocytose la t(9;22)(q34;q11), entre les bras
Dossier

NPM inclassable longs de chromosomes 9 et 22


Néoplasies myéloprolifératives/myélodysplasiques (MDS/NPM)
[17,20]. Ce chromosome est carac-
Leucémie myéloïde chronique BCR-ABL1 négative
téristique de la LMC, même si on
Leucémie myélomonocytaire chronique
Leucémie myélomonocytaire juvénile l’observe aussi dans 5 % des leucé-
MDS/NPM inclassable mies aiguës lymphoblastiques
Entité provisoire : anémie réfractaire avec sidéroblastes en anneau (LAL) de l’enfant et 15 à 30 % des
et thrombocytose LAL de l’adulte, et plus rarement
Néoplasies myéloïdes et lymphoïdes associées à une hyperéosinophilie (< 1 %) dans les leucémies aiguës
et des anomalies de PDGFRA, PDGFRB, or FGFR1a myéloblastiques de novo. La trans-
Syndromes myélodysplasiques (MDS)a location t(9;22)(q34;q11) transpose
Leucémies aiguës myéloïdes et néoplasies reliéesa
un segment 3’ du gène ABL1 du
Leucémies aiguës de lignée ambiguëa
chromosome 9q34 en amont d’un
Leucémies/lymphomes lymphoblastiques Ba
Leucémies/lymphomes lymphoblastiques Ta segment 5’ du gène BCR sur le chro-
?

mosome 22q11, créant ainsi un


a
Détail de la classification non fourni. D’après Swerdlow et al. [23]. gène hybride BCR-ABL1 qui est
transcrit en un ARNm chimérique
[14,21]. Le gène ABL1 code pour
une protéine à activité tyrosine-
très particulier d’un don du sang, que fièvre et hypersudation. De kinase cytoplasmique d’un poids
d’un bilan prénuptial, de médecine même, les complications infectieu- moléculaire de 145 kd. Il est consti-
professionnelle, pour assurance ou ses inaugurales sont rares [29]. tué de 11 exons et s’étend sur une
emprunt. région de 230 kb. Le point de cas-
Les crises de goutte et surtout
La maladie peut également se les thromboses constituent les prin- sure interrompant le gène ABL1
révéler par son symptôme cardinal, cipales complications aiguës, prin- survient généralement en 5’ de
quoiqu’inconstant, la splénoméga- cipalement dans les formes avec l’exon 2 dans une région relative-
lie. Celle-ci peut être responsable grande hyperleucocytose. Les acci- ment grande excédant les 100 kb.
d’augmentation de volume de l’ab- dents vasculaires justifient une Les exons 2 à 11 (a2 à a11) sont
domen, de pesanteur de l’hypo- prise en charge en milieu hospita- ainsi transposés au niveau du
chondre gauche, de troubles diges- lier, alors que la maladie est dans gène BCR, dans une région de
tifs, voire de rupture splénique. La la majorité des cas redevable 5,8 kb appelée major-breakpoint
rate, parfois très volumineuse, doit d’une gestion exclusivement ambu- cluster region ou M-bcr et conte-
être mesurée en centimètres de latoire. Le plus évocateur est le pria- nant les exons 12 à 16 de BCR (e12
débord sous-costal, paramètre pisme, nécessitant une intervention à e16 mais aussi appelés b1 à b5).
indispensable au calcul des scores urgente conjointe, urologique et Plus précisément, les points de cas-
pronostiques. L’échographie est hématologique [19]. Des atteintes sure surviennent soit entre les
exons b2 et b3, soit entre les
donc généralement inutile. La splé- sensorielles, notamment une réti-
exons b3 et b4. Le gène de fusion
nomégalie est le plus souvent iso- nopathie leucémique [5], une
BCR-ABL1 ainsi créé juxtapose
lée, parfois associée à une hépato- hypertension artérielle pulmonaire
donc les exons b2 ou b3 de BCR à
mégalie. D’autres déterminations, [9] sont également décrites.
l’exon a2 d’ABL1. La transcription
ganglionnaires ou viscérales, ne se
L’interrogatoire devra recher- de ce gène de fusion produit des
voient guère que dans les phases
cher un des rares facteurs étiologi- ARNm de 8,5 kb appelés b2a2
dites avancées, accélérée ou
ques identifiés : exposition à des (ou e13a2) ou b3a2 (ou e14a2), tra-
blastique.
toxiques professionnels dont les duits en une protéine chimérique
L’altération de l’état général est hydrocarbures [27], à la chimiothé- de 210 kd p210BCR-ABL1. Plus rare-
souvent absente, au grand étonne- rapie cytotoxique, aux rayonne- ment (< 5 % des cas), les points de
ment des patients qui n’en ressen- ments ionisants accidentels ou thé- cassure interrompant les gènes
tent que plus brutalement le diag- rapeutiques. Une demande de BCR et ABL1 peuvent survenir
nostic. Toutefois, elle est parfois reconnaissance de pathologie pro- dans des régions alternatives, don-
révélatrice : asthénie et amaigrisse- fessionnelle est ainsi légitime dans nant naissance à des gènes et à des
ment sont signalés plus volontiers certains cas. transcrits de fusion atypiques. Il
563
s’agit principalement des fusions Chromosome 22 Chromosome 9
e1a2, e6a2, e8a2, e19a2, b2a3 (ou
1b
e13a3), b3a3 (e14a3), même si des e1
transcrits de formule encore plus
inhabituelle sont occasionnelle- e1´
e2´
ment retrouvés (Fig. 1). m-bcr 5´ 1a
BCR

Mise au point
b1
La conséquence moléculaire de 3´
cette anomalie génétique récur- M-bcr a2
rente est donc la production d’une a3
b5
protéine de fusion BCR-ABL1, qui

Update

ABL 1
est un variant oncogénique de la

protéine ABL1 doué d’une activité
e19
tyrosine-kinase constitutive. La µ-bcr a11
structure de la protéine BCR-ABL1,
ses différents domaines fonction-
nels, ainsi que les voies biochimi-
ques auxquelles elle est fonction-
nellement liée ont été e1a2 p190BCR-ABL1
extensivement étudiés. Ainsi,
même si d’autres régions sont, b2a2
elles aussi, cruciales, le domaine p210BCR-ABL1
b3a2
tyrosine-kinase ou SH1 est-il le
domaine fonctionnel fondamental
e19a2 p230BCR-ABL1
de l’activité oncogénique de la pro-
téine de fusion BCR-ABL1. Des
Fig. 1.
études in vitro ou in vivo dans diffé- La translocation t(9;22)(q34;q11) dans la LMC. Le chromosome Philadelphie est
rents modèles animaux ont définiti- un chromosome 22 raccourci produit par la translocation d’un segment télomérique du bras
vement établi que la protéine BCR- long du chromosome 9 (contenant la région 3’ d’ABL1) à la place d’un segment télomérique
ABL1 était suffisante pour induire la du bras long du chromosome 22 (contenant la région 3’ de BCR). Les points de cassure
LMC et que l’activité tyrosine-kinase (têtes de flèches) interrompant le gène ABL1 sont le plus souvent situés en 5’ de l’exon 2.
Les points de cassure interrompant le gène BCR, dans le contexte de la LMC sont le plus
était indispensable à son activité
souvent situés dans la major-breakpoint cluster region (M-bcr), entre les exons b2 et b3
oncogénique [7,13,15]. Cette parti- ou b3 et b4. Plus rarement, les gènes BCR et ABL1 sont interrompus dans des régions
cularité physiopathologique est alternatives. Deux de ces régions, la minor-breakpoint cluster region (m-bcr) ou la micro-
fondamentalement liée à l’efficacité breakpoint cluster region (µ-bcr), concernant le gène BCR, sont indiquées. En fonction
thérapeutique exceptionnelle des de la localisation des points de cassure dans ces trois régions, des segments de tailles
inhibiteurs de tyrosine-kinase (ITK) différentes du gène BCR sont fusionnés avec la partie 3’ d’ABL1, produisant des gènes
[8]. Alors qu’ABL1 est une protéine de fusion codant pour des ARNm de tailles différentes (e1a2, b2a2, b3a2, e19a2) qui sont
traduits en protéines chimériques (p190, p210, p230) de poids moléculaires variables et qui
cytoplasmique et nucléaire, jouant
diffèrent par leur structure primaire et probablement leurs fonctions
un rôle important dans la gestion
des stress génotoxiques, BCR-
ques. Le diagnostic est donc habi- rouges et conditionnés en culots
ABL1 est essentiellement localisée
tuellement basé sur la détection du secs qui seront conservés soit tels
dans le cytoplasme où son activité
chromosome Philadelphie et la quels en azote liquide, soit en sus-
tyrosine-kinase non contrôlée inter-
mise en évidence de la fusion des pension dans du réactif d’extraction
agit avec diverses protéines effectri-
gènes BCR et ABL1 [26]. des ARN à –80 °C. Dans le contexte
ces pour aboutir in fine à promou-
d’une LMC, la congélation de cellu-
voir la prolifération, à diminuer les
les vivantes dans une solution de
capacités d’adhésion au stroma
Prélèvements cryopréservation nécessite de pré-
médullaire et à inhiber la réponse
parer les leucocytes par centrifuga-
apoptotique aux stress mutagène Les prélèvements destinés aux ana- tion sur un gradient de ficoll. Pour
ou oncogénique (Fig. 2) [10]. lyses cytologiques doivent être réa- les examens de cytogénétique, l’hé-
lisés sur EDTA et transmis au labo- parine est recommandée, et l’EDTA
ratoire sans délai. Des frottis doit être proscrite.
Le diagnostic biologique repose
minces sont réalisés à partir du
sur les examens suivants
sang et de la moelle. Une partie de
Diagnostic cytologique (Tableaux 2, 3)
Dans la classification WHO, la ces prélèvements doit être réservée
détection du gène de fusion BCR- à la congélation des cellules en vue Habituellement, l’hémogramme
ABL1 est un des critères diagnos- de la réalisation des examens de montre une hyperleucocytose, clas-
tiques majeurs permettant de biologie moléculaire. Pratiquement, siquement supérieure à 25 G/l,
reconnaître la LMC parmi les néo- les leucocytes totaux sont purifiés associée dans 30 à 50 % des cas à
plasies myéloprolifératives chroni- par lyse hypotonique des globules une thrombocytose. On observe sur
564
inférieure à 10 % de l’ensemble
ATP p145 ABL1 des cellules pour définir la phase
chronique de la maladie. La biopsie
1b de moelle n’est plus indispensable
SH3

SH2
SH1 ABL1 au diagnostic, de même que les
1a
dosages de lacticodéshydrogéna-
Controlled ses (LDH) et de vitaminémie B12,
Thematic file

activity classiquement élevés, et d’activité


phosphatase alcaline leucocytaire,
diminuée.
Dossier

Proliferation Adherence Apoptosis

Diagnostic génétique et moléculaire


Uncontrolled Le diagnostic de LMC doit être
signal
transduction p210BCR-ABL1 confirmé par la mise en évidence
de la translocation t(9;22)(q34;q11),
et la caractérisation moléculaire de
BCR SH1 ABL1
la fusion BCR-ABL1 soit par hybri-
dation in situ fluorescente (FISH),
ATP soit par amplification par polyme-
rase chain reaction (PCR).

Fig. 2.
Régulation physiologique par la protéine ABL1 normale et dérégulation pathologique Le caryotype se réalise sur la moelle
par la protéine BCR-ABL1 des processus cellulaires fondamentaux comme la prolifération,
l’apoptose et l’adhésion. L’activité enzymatique (tyrosine-kinase) de la protéine ABL1 normale Les métaphases sont obtenues
(p145ABL1), médiée par le domaine SH1 (SRC-homology 1), est extrêmement contrôlée après 48 heures de culture avec syn-
par des systèmes de régulation complexes impliquant probablement des mécanismes chronisation. Les chromosomes
allostériques, d’interaction avec d’autres protéines et de localisation cellulaire. Au contraire,
sont colorés au Giemsa après déna-
l’activité enzymatique de la protéine de fusion BCR-ABL1 (p210BCR-ABL1) est activée de façon
constitutive, du fait de la perte des régions codées par les exons 1b ou 1a d’ABL1 et du gain
turation thermique (technique des
d’un domaine dimérisation codé par le premier exon de BCR bandes R). Le caryotype permet de
mettre en évidence le chromosome
Philadelphie qui, en situation diag-
nostique, est présent dans la totalité
des métaphases analysées (Fig. 3).
Tableau 2. Caractéristiques initiales des patients présentant une LMC en phase
chronique Le chromosome Philadelphie est
?

identifiable dans 90 % des cas de


Cliniquesa LMC « cytologiques », soit associé
Fatigue, anorexie, perte de poids à la t(9;22)(q34;q11) [85 %], soit
Splénomégalie associé à une translocation plus
Hépatomégalie
complexe (t(V;9;22)) [5 %]. Dans les
Hémogramme
10 % de cas restants, on ne retrouve
Augmentation du nombre de leucocytes (habituellement > 25 G/l)
Augmentation du nombre de plaquettes dans 30 à 50 % des cas pas le chromosome Philadelphie. Le
Basophilie caryotype doit alors être complété
Présence sur le frottis de tous les stades de la différenciation granulocytaire par une étude moléculaire par FISH
Myélogramme visant à mettre en évidence la fusion
Hypercellularité des gènes BCR et ABL1.
Augmentation du rapport érythroblastes sur granuleux
Augmentation du nombre de mégacaryocytes
Hybridation in situ fluorescente
Blastes + promyélocytes < 10 % de l’ensemble des cellules
?

a
Environ 40 % des patients sont asymptomatiques. La FISH se réalise sur des prépara-
tions cytologiques (frottis) ou cyto-
génétiques (étalements), par hybri-
dation de sondes génomiques
le frottis tous les stades de la diffé- nombre de mégacaryocytes. On fluorescentes complémentaires
renciation granulocytaire (myélé- note la conservation de l’équilibre des gènes BCR et ABL1. La détec-
mie harmonieuse). La mise en évi- pyramidal de chaque lignée avec tion des sites hybridés se fait par
dence d’une basophilie supérieure une hyperplasie de la lignée granu- examen des préparations au micro-
à 0,1 G/l est très évocatrice. Au myé- locytaire dépassant 80 % des élé- scope à fluorescence. La colocalisa-
logramme, on observe une moelle ments (Fig. 3). La proportion de tion des sondes BCR et ABL1 dans
riche avec une augmentation du blastes + promyélocytes doit être un nombre suffisant de noyaux ou
565
de métaphases permet de conclure
Tableau 3. Deux exemples d’hémogramme de LMC. Une forme peu hyperleucocy-
à la fusion des deux gènes (Fig. 4).
taire mais thrombocytaire, une forme très hyperleucocytaire, avec la basocytose et
la myélémie caractéristiques En l’absence de fusion BCR-ABL1,
?

le diagnostic de LMC, BCR-ABL


Leucocytes 11 G/l 332 G/l positive doit être revu pour celui
Polynucléaires neutrophiles 65 % 53 % de LMC atypique, BCR-ABL1
Polynucléaires éosinophiles 3% 2%

Mise au point
négative.
Polynucléaires basophiles 3% 7%
Lymphocytes 23 % 10 %
Monocytes 5% 8%
Amplification des transcrits BCR-ABL1

Update
Métamyélocytes neutrophiles 1% 8%
Myélocytes neutrophiles 0% 6%
Promyélocytes 0% 4% Sur le plan moléculaire, la fusion des
Myéloblastes 0% 2% gènes BCR et ABL1 est objectivée
Métamyélocytes éosinophiles 0% 2% sur un extrait d’ARN totaux, par
Myélocytes éosinophiles 0% 1% amplification par PCR après tran-
Hémoglobine 145 g/l 101 g/l scription inverse (RT-PCR). De nom-
Plaquettes 755 G/l 146 G/l breux systèmes d’amorces ont été
proposés, qui ciblent tous la région
jonctionnelle au niveau de laquelle
les exons de BCR sont fusionnés à
ceux d’ABL1 [25]. La difficulté de ce
diagnostic moléculaire est avant
tout liée à l’expression, par certains
patients, de transcrits variants. En
conséquence, le recours à des stra-
tégies d’amplification multiplexes
capables d’amplifier la plupart de
ces transcrits est fortement recom-
mandé (Fig. 5) [4]. Cependant,
devant une absence de détection
des transcrits BCR-ABL1 chez un
patient présentant une LMC « cytolo-
gique », il est indispensable de
confirmer l’absence de fusion par
FISH.
Il est également possible de
mettre en évidence la protéine
BCR-ABL1 par détection immunolo-
gique à partir d’un lysat cellulaire.
Ce test diagnostique utilise des anti-
corps anti-BCR couplés à des billes
et des anticorps anti-ABL1 conju-
gués à un fluorophore. La fluores-
cence des billes est finalement ana-
lysée par cytométrie en flux. En
l’absence de protéine de fusion
BCR-ABL1, aucune fluorescence
n’est détectée sur les billes [28].

Bilan complémentaire

Le diagnostic biologique de la LMC


doit enfin être complété d’analyses
biochimiques permettant la recher-
che de complications (uricémie,
créatininémie) et apportant des élé-
ments nécessaires aux options thé-
Fig. 3. rapeutiques (bilan hépatique et
Caryotype médullaire d’un patient présentant une LMC métabolique).
566

A Diagnostic différentiel
Centromere 9q34 region Telomere
Breakpoint En pratique courante, deux situa-
region tions méritent d’être soulignées.
1b 1a 2 4 5 6 11
5' 3' La première est celle où la cons-
tatation d’une hyperleucocytose
parfois majeure entraîne l’évoca-
Thematic file

~300 kb
tion prématurée du diagnostic de
LSI ABL1
leucémie aiguë. Ne pas méconnaî-
Dossier

tre l’hypothèse d’une LMC — devant


Centromere 22q11.2 region Telomere
un état clinique conservé, une for-
Exon 1

Exon 2

Exon 3
m-bcr m-bcr region
region 1 2 3 4 5 mule leucocytaire typique de myé-
5' 3' lémie harmonieuse, l’absence
d’anémie et thrombopénie — per-
met de rationaliser les modalités
~300 kb
de prise en charge, et surtout
LSI BCR d’épargner au patient les inquiétu-
des liées à une annonce inadaptée.
La seconde situation clinique, à
B l’opposé, est celle d’une hyperleu-
cocytose modérée, avec myélémie
discrète, voire absente, sans syn-
drome infectieux ni inflammatoire.
La question qui peut se poser est
celle d’une hyperleucocytose liée
au tabagisme, difficile à éliminer
d’emblée dans la mesure où l’arrêt
de l’intoxication n’est suivi que tar-
divement de la normalisation de
l’hémogramme [18]. Il est légitime
de demander dans ces cas douteux
une recherche de transcrit BCR-ABL
dans le sang. L’examen n’est pas
Fig. 4. invasif et peut permettre le diagnos-
Analyse en FISH. A. Localisation des sondes 3’ ABL1 et 5’ BCR. B. Image de FISH sur noyaux tic précoce d’une LMC avec les
interphasiques d’un patient présentant une LMC (sonde Dual Color BCR-ABL1, Vysis France) implications thérapeutiques et

A Alternative
A Alternative
BCR 1
exons
2 34 5 678 9 10 11-15 16 17 18 19 20 21 22 23 BCR 1
exons
2 34 5 678 9 10 11-15 16 17 18 19 20 21 22 23
b2b3 c3 c4 e1

cen M-bcr µ-bcr tel cen m-bcr tel


-2.9 kb ~56 kb

ABL1 1b 1a 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 ABL1 1b 1a 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
a2 a3 a2 a3

cen tel cen tel


breakpoint region breakpoint region
~200 kb ~200 kb

B
type frequency
B
type frequency
b3-a2 11 12 13 14 2 3 4 ~55 % e1-a2 1 2 3 4 >95 %

3015 3091 3195 3270 228 401 697 1767 228 401 697
b2-a2 11 12 13 2 3 4 ~40 % e1-a3 1 3 4 rare

100 bp
b3-a3 11 12 13 14 3 4 rare BCR-e1-A ABL1-a3-B
1479 458

11 12 13 3 4 rare BCR-e1-C ABL1-a3-D


b2-a3
1602 442

100 bp ABL1-a3-E3
BCR-b1-A ABL1-a3-B
505
3086 458

BCR-b2-C ABL1-a3-D
3126 442

ABL1-a3-E3’
505

Fig. 5.
Détection des transcrits BCR-ABL1 par RT-PCR
567
pronostiques favorables qu’il repré- est porté à ce stade de phase blas- chimiothérapie conventionnelle.
sente aujourd’hui. tique lymphoïde, même si l’onco- Malgré les évolutions thérapeu-
protéine BCR-ABL est plus volon- tiques, il reste très largement uti-
D’autres néoplasies myéloproli-
tiers de type p210 dans la LMC, et lisé, notamment dans les essais cli-
fératives ou myéloprolifératives/
p190 dans la LAL. Au demeurant, niques où il permet la comparaison
myélodysplasiques chroniques peu-
LAL B Ph+ et LMC en phase blas- de groupes de risque bien distincts.
vent être évoquées à la phase initiale

Mise au point
tique lymphoïde relèvent de la Le score de Hasford ou Euroscore a
du diagnostic. Un algorithme diag-
nostique permet de les distinguer même approche thérapeutique. Le été proposé sur une cohorte de
[24]. La myélofibrose primitive peut plus souvent, toutefois, la transfor- patients traités par interféron
mation aiguë va se faire sur le mode alpha. Ces deux scores se calculent

Update
associer splénomégalie et hyperleu-
cocytose, mais l’hémogramme se myéloïde et sera alors volontiers par une formule mathématique
distingue de celui de la LMC par précédée d’une phase intermé- complexe, accessible sur le site de
l’absence de basocytose, la moindre diaire dite accélérée (médiane de l’European LeukemiaNet [30].
myélémie, la fréquence de l’anémie durée : 12–18 mois). La distinction Enfin, le récent score EUTOS a été
ou du moins des signes de dysmor- entre ces trois phases est une étape établi sur une population d’adultes
phie érythrocytaire. Dans son excep- déterminante du diagnostic de uniquement, à l’ère des thérapies
tionnelle présentation à prédomi- LMC, conditionnant des prises en ciblées par ITK. Il a l’avantage de
nance thrombocytaire, la LMC peut charge thérapeutiques très différen- sa simplicité, n’intégrant que deux
imiter le tableau de la thrombocyté- tes (Tableaux 4, 5), [1]. paramètres, taille de la rate et pour-
mie essentielle [2], justifiant la Si, comme cela est le plus sou- centage de basophiles. Il distingue
recherche de BCR-ABL dans tous vent le cas, le diagnostic est porté à un groupe de haut risque très
les cas de thrombocytose isolée la phase chronique de LMC, il minoritaire. En pratique clinique, il
non réactionnelle. C’est surtout la convient d’établir les scores pronos- n’existe pas de recommandation
leucémie myélomonocytaire chro- tiques de la maladie (Tableau 6). Le adaptée au risque, en particulier
nique (LMMC) qui constitue un score de Sokal a été proposé sur pour orienter le choix de telle ou
diagnostic différentiel difficile au une cohorte de patients traités par telle molécule parmi les ITK
stade de l’hémogramme, une
hypermonocytose absolue pouvant
accompagner aussi l’hyperleucocy- Tableau 4. Critères de définition de la phase accélérée de LMC
?

tose de la LMC. Toutefois, l’anémie Critères OMS Critères de l’European LeukemiaNet


et la thrombopénie sont fréquentes
dans la LMMC, à l’inverse de la LMC. Blastes sanguins ou médullaires Blastes sanguins ou médullaires
Dans tous les cas, les données du entre 10 et 19 % entre 15 et 29 % ; blastes +
myélogramme et surtout des exa- promyélocytes sanguins ou médullaires
> 30 % avec blastes < 30 %
mens cytogénétiques et moléculai-
Basophiles sanguins ≥ 20 % Basophiles sanguins ≥ 20 %
res permettront la classification Thrombopénie < 100 G/l non liée Thrombopénie < 100 G/l non liée
exacte de la maladie selon l’OMS. au traitement au traitement
Thrombocytose ≥ 1 000 G/l persistant –
malgré le traitement
Détermination de la phase Majoration de la splénomégalie –
évolutive et stratification et de la leucocytose ne répondant pas
pronostique au traitement
Évolution clonale (apparition d’anomalies –
En l’absence de traitement, l’his- génétiques clonales non présentes
au diagnostic)a
toire naturelle de la maladie se ?

a
déroule de manière inéluctable, en Les anomalies clonales les plus souvent retrouvées sont des anomalies de nombre
deux ou trois phases. La phase comme la trisomie 8 ou la trisomie 19, des anomalies de structure comme la t(3;21)
chronique que nous avons décrite (q26;q22), les isochromosomes 17q, les isoPh ou des anomalies composites comme
est volontiers indolente. Après un les duplications du chromosome Philadelphie. D’après Baccarani et al. [1].
délai très variable (médiane : trois
à cinq ans), survient une transfor-
mation aiguë ou phase blastique Tableau 5. Critères de définition de la phase blastique de LMC
qui sera fatale en trois à neuf mois. ?

Celle-ci peut se produire sur le Critères OMS Critères de l’European LeukemiaNet


mode lymphoïde et s’installe alors Blastes sanguins ou médullaires ≥ 20 % Blastes sanguins ou médullaires ≥ 30 %
de manière brutale. Seule est affec- Prolifération blastique extramédullaire Prolifération blastique extramédullaire
tée la lignée B. Le diagnostic diffé- Foyers étendus de blastes à la biopsie de –
rentiel avec une LAL B à chromo- moelle
some de Philadelphie de novo est
?

D’après Baccarani et al. [1].


impossible si le diagnostic de LMC
568
17. Nowell P, Hungerford D (1960) A minute
Tableau 6. Index pronostiques de la LMC en phase chronique chromosome in human chronic granulo-
?

cytic leukemia. Science 132: 1497


Sokal Hasford (Euroscore) EUTOS
18. Petitti DB, Kipp H (1986) The leukocyte
Âge + + – count: associations with intensity of smo-
Débord splénique + + + (en cm, ×4) king and persistence of effect after quit-
Numération plaquettaire + + – ting. Am J Epidemiol 123(1): 89–95
Myéloblastes sanguins + + – 19. Rodgers R, Latif Z, Copland M (2012) How I
Thematic file

Basophiles sanguins – + – (en %, ×7) manage priapism in chronic myeloid leukae-


Éosinophiles sanguins – + – mia patients. Br J Haematol 158(2): 155–64
Risque relatif 20. Rowley J (1973) A new consistent chro-
Dossier

Faible < 0,8 ≤ 780 < 87 mosomal abnormality in chronic myelo-


Intermédiaire 0,8–1,2 781–1 480 – genous leukaemia identified by quina-
Élevé > 1,2 ≥ 1 481 ≥ 87 crine fluorescence and Giemsa staining.
?

Nature 243: 290–3


D’après Sokal et al. [22] et Hasford et al. [11,12]. 21. Shtivelman E, Lifshitz B, Gale R, Canaani
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