Présentation
Judith SORIA
PRÉSENTATION 267
Mais on aurait tort d’en déduire l’étroitesse de vue du savant. Si les deux
volumes reproduits ici, qui présentent les résultats archéologiques
récents, ne suffisaient à montrer la largeur de son champ d’intérêt, il fau-
drait citer son ouvrage sur Botticelli3, ou ses prises de position sur la lit-
térature contemporaine, à l’aune du byzantinisme fin de siècle il est
vrai4.
Les Excursions archéologiques en Grèce furent publiées en 1890. Rédigées
alors que Diehl était maître de conférences à l’université de Nancy, l’ou-
vrage est évidemment né de ces leçons d’archéologie, autant que de son
séjour en Grèce et de ses propres explorations. Cet enseignement, il
revendique d’ailleurs l’appuyer sur les Promenades archéologiques de Gas-
ton Boissier, qui fut son professeur de littérature latine à l’École nor-
male et le directeur de sa thèse en latin5. La leçon inaugurale de ses
conférences, donnée en 1885, est reprise en grande partie dans la pré-
face et l’introduction des Excursions archéologiques6. D’emblée il place son
ouvrage dans la continuité de Gaston Boissier, écrivain « aussi savant
qu’aimable » dont l’œuvre présente à ses yeux la grande qualité de ren-
dre évident l’intérêt de la science archéologique en en partageant avec le
plus grand nombre les progrès et résultats. Et comme Boissier, la forme
littéraire qu’il choisit cherche à rendre la vie aux vestiges de la vie
antique : « Dans cette science, qui semble morte, il y a à trouver une
vivante image du passé, une communion intime avec les événements et
les personnages de l’histoire, qui nous fait mieux pénétrer dans les replis
de l’âme de l’antiquité », écrit-il dans son introduction.
L’ouvrage est composé de dix chapitres consacrés chacun à un site
archéologique, aux fouilles et aux découvertes récentes qui y ont été
faites. Les Excursions, dans lesquelles Diehl voulait mettre « la force de la
vérité » associée au « charme de l’enseignement », ont connu treize édi-
tions jusqu’en 1939 et furent traduites en anglais en 1893, puis en grec en
1896. Dans les deux premiers chapitres, sur Mycènes et Tirynthe, il
commence par présenter Schliemann qui en est le découvreur, et consi-
dère avec une plaisante ironie sa mégalomanie : « Dans cette maison [la
maison de Schliemann à Athènes], Homère est dieu, et M. Schliemann
est son prophète : mais je croirais volontiers que le prophète y est plus
adoré que le dieu ». Le ton est donné ! Tout au long de ses chapitres, il
fait preuve d’une verve narrative à la hauteur du personnage et du spec-
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4. Voir par exemple « Byzance dans la littérature », La Vie des peuples, t. III, no 12, 25 avril
1921, p. 676-687. Réimprimé dans Choses et Gens de Byzance, p. 231-248.
5. Ch. Diehl, Quo tempore, qua mente scriptus sit Xenophontis libellus qui hopoi inscribitur,
Lutetiae Parisiorum, 1888.
6. Ch. Diehl, Cours d’archéologie : Leçon d’ouverture, Nancy, 1888.
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8. Revue Générale des Sciences, janvier 1897, p. 565-566.
9. Revue Générale des Sciences, décembre 1897, p. 929-930.
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