ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA DEMANDE MENAGERE DE

COMBUSTIBLES DOMESTIQUES DANS L’AGGLOMERATION D’ABIDJAN

DIAKALIA Diarrassouba
Socio économiste – Environnementaliste,
Laboratoire Ecologie et Société
Centre de Recherche en Ecologie / Université Abobo Adjamé
Dr Martine TAHOUX TOUAO
Ecologue -Géographe Aménagiste,
Centre de Recherche en Ecologie (CRE)

RÉSUMÉ
Cet article analyse les déterminants de la demande
de charbon de bois dans les ménages urbains et met en
évidence la place du charbon de bois comme combustible
domestique. L’étude s’est fondée sur une enquête menée
en 2003 auprès de 524 ménages des communes de
Yopougon, Adjamé, Abobo, Treichville et Port-Bouët du
District d’Abidjan.
Les résultats obtenus mettent en lumière l’importance
du charbon de bois comme combustible domestique. De
la panoplie de combustibles offerts, le charbon se dégage
comme le combustible principal au niveau des usages mé-
nagers juste avant le gaz. Les résultats indiquent également
que le charbon de bois occupe une place de choix dans les
dépenses du ménage. En moyenne, environ 15% du budget
du ménage sont consacrés à l’achat du charbon de bois.
L’analyse économétrique a permis d’évaluer les coeffi-
cients de corrélation afin de mesurer l’impact de la taille et
du revenu du ménage sur le choix des combustibles domes-
tiques. Les résultats obtenus ont montré dans l’ensemble
que le revenu et la taille des ménages ont une influence sur
le choix des combustibles domestiques. En effet, le signe
négatif des coefficients de corrélation indique la relation
inverse entre le revenu des ménages et la demande de
charbon de bois. Le charbon de bois se présente ainsi
comme un bien inférieur.
Lorsque le revenu du ménage augmente, celui-ci a
tendance à abandonner le charbon de bois au profit du
gaz. Contrairement au revenu, lorsque la taille du ménage
est importante, l’on enregistre l’abandon du gaz au profit
du charbon de bois ou de tout autre combustible à base
de bois. Autrement dit, les ménages à taille importante ont
tendance à plus utiliser les combustibles à base de bois
SUMMARY
This study analyzes the determinants of the demand for
charcoal in the urban households and highlights the place
of the charcoal like domestic fuel. The study was based
on a survey carried out in 2003 near 524 households of
the communes of Yopougon, Adjamé, Abobo, Treichville
and Port-Bouët of the District of Abidjan.
The results obtained clarify the importance of the
charcoal like domestic fuel. In fuel panoply offered, coal is
released like principal fuel on the level from the domestic
uses right before gas. The results also state that the char-
coal occupies a place of choice in the household expenses.
On average, approximately 15 % of the household budget
are devoted to the purchase of the charcoal.
The econometric analysis made it possible to evalu-
ate the coefficients of correlation in order to measure the
impact of the size and the income of households on the
choice of domestic fuels. The results obtained showed as
a whole that the income and the size of the households
have an influence on the choice of domestic fuels. Indeed,
the negative sign of the coefficients of correlation indicates
the opposite relation between the income of households
and the demand for charcoal. The coal of wood presents
itself thus like a very lower.
When the income of households increases, this one
tends to give up the charcoal to the profit of gas. Contrary
to the income, when the size of the household is important,
one records the abandonment of gas to the profit of the
any other fuel or charcoal containing wood. In other words,
the households with important size have tendency to using
fuels containing wood more
KEY WORDS : DOMESTIC FUEL - CHARCOAL - HOUSEHOLDS - ECONOMY -
ENVIRONMENT (CÔTE D’IVOIRE)

MOTS-CLÉS : COMBUSTIBLE DOMESTIQUE - CHARBON DE BOIS - EN-

VIRONNEMENT - MÉNAGES - ECONOMIE (CÔTE D’IVOIRE)

Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n° 1, 2008

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INTRODUCTION
La croissance de la consommation des énergies
traditionnelles a rapidement posé le problème de
l’appauvrissement des ressources énergétiques
primaires dans les régions où le rythme de dégradation
des réserves est encore effréné. La plupart des
activités humaines (ménagère, industrielle, transport,
agricole, etc.) utilisent de l’énergie. Cependant,
avec l’accroissement démographique actuel, de
nombreuses sources énergétiques (parfois non
renouvelables) s’épuisent et entraînent de nombreux
dommages environnementaux souvent irréversibles.
Dans les pays en développement, les grandes
villes constituent de grosses consommatrices de
charbon de bois. On estime à plus d’un milliard de
personnes dans le monde qui cuisinent toujours
avec des combustibles traditionnels (bois, charbon
de bois, etc.) [PNUD, 1997]. En Côte d’Ivoire et parti-
culièrement à Abidjan, la biomasse-énergie (charbon
de bois, bois de chauffe, résidus agricoles) occupe
une place de choix dans le bilan énergétique des
ménages. En effet, en 1986-87, les ménages ont
consommé 27% de l’offre nette d’électricité, 72%
pour la biomasse et 11% d’hydrocarbures.
La demande nationale de charbon de bois [pour
la ville d’Abidjan] en 2000 était estimée à 610 000
tonnes dont environ 430 000 [tonnes] [DCGTX,
1988]. Abidjan consomme à elle seule 85% de la
production de charbon de bois et 4% de bois de feu
[Tahoux et al, 1995]. Ce taux est amené à croître du
fait d’une urbanisation effrénée et d’une démographie
galopante (3,7% par an). En effet, les prévisions
donnaient pour l’année 2005, une consommation de
charbon estimée à environ 595 000 tonnes pour la
seule ville d’Abidjan.
Toutes ces données démontrent conséquemment
la place prépondérante de la biomasse-énergie et
singulièrement du charbon de bois dans la satisfac-
tion des besoins énergétiques des populations de la
ville d’Abidjan. La consommation de charbon de bois
étant le fait de toutes les couches sociales (riches
comme pauvres), comment expliquer alors les fac-
teurs socioculturels, économiques et environnemen-
taux qui justifient la demande croissante de charbon
de bois dans la ville d’Abidjan malgré les nombreuses
initiatives de promotion et de vulgarisation du gaz
butane entamées par les autorités ivoiriennes ?
DIAKALIA Diarrassouba et Martine TAHOUX TOUAO : Analyse des déterminants de la demande ménagère ...
L’objectif de cet article est d’analyser les détermi-
nants de la demande ménagère de charbon de bois
dans l’agglomération d’Abidjan.
METHODOLOGIE DE L’ETUDE
LA ZONE D’ÉTUDE
Située au Sud de la Côte d’Ivoire, la ville d’Abid-
jan, malgré la perte de son statut politique au profit
de Yamoussoukro, demeure le principal centre admi-
nistratif du pays. Avec une population estimée à plus
de quatre millions d’habitants [INS, 1998], elle est
la plus importante cité économique et le plus grand
centre urbain ivoirien. Plusieurs raisons justifient le
choix de cette ville. En effet :
- Plus de 70% de la production nationale de char-
bon de bois sont consommés dans cette ville ;
- elle regroupe également toutes les composantes
des différentes couches socioéconomiques de la
société ivoirienne ;
- la ville étant une zone déficitaire en ressources
ligneuses, l’étude en est plus pertinente.
LES UNITÉS D’OBSERVATION
L’unité d’observation retenue est le ménage qui
par définition est un ensemble d’individus résidant
habituellement ensemble, mettant leurs ressources
en commun et effectuant en commun une partie
importante de leur consommation [Diakité, 1983].
Sont considérés comme des ménages, une personne
vivant seul, les institutions formant un ensemble de
personnes vivant en collectivité et dont l’activité prin-
cipale est la consommation de biens et services.
Une fois admis le principe de la stratification
selon le type d’habitat à l’intérieur de la commune, il
apparaît nécessaire de spécifier les composantes de
celle-ci. L’analyse des plans directeurs d’urbanisme
laisse apparaître cinq types d’habitat en Côte d’Ivoire
et particulièrement à Abidjan. Il s’agit de :
! l’habitat résidentiel : Composé de villas et
d’immeubles de ‘’standing’’, couramment localisés
dans les quartiers dits ‘’résidentiels’’.
! l’habitat évolutif : Composé de constructions
regroupées autour d’une cour où se fait la cuisine
et qui sert de lieu de réunion aux habitants. Il se
4
caractérise également par la permanence des De façon pratique, l’enquête de terrain a permis
travaux d’amélioration et d’extension des locaux. de recenser les différentes sources d’énergie utili-
sées au sein des ménages et d’estimer par la suite les
! l’habitat traditionnel : Dérive directement de
dépenses moyennes ménagères pour chaque source
l’habitat villageois construit en matériaux rudimen-
d’énergie. Ainsi, pour le charbon de bois, après la
taires (bois, banco, paille, etc.). Ce type d’habitat se
détermination du coût moyen d’achat, des pesées à
rencontre dans les villages nouvellement intégrés
l’aide d’une balance ont été effectuées auprès des
aux villes ou dans les villages noyaux qui se sont
détaillants en activité dans la zone de résidence du
conservés tels quels et autour desquels se sont
ménage afin d’évaluer la quantité de charbon de bois
formés certaines villes.
correspondante. Ces pesées ont eu lieu à différents
! l’habitat collectif ou économique : concerne points de commercialisation du charbon de bois et
l’habitat réalisé en opérations groupées par des pro- dans toutes les cinq communes identifiées pour la
moteurs le plus souvent des sociétés publiques. Les conduite de l’étude.
constructions sont soit, des immeubles, soit des unités
Le traitement des données s’est fait à partir de
d’habitat en continuité [Antoine et al., 1982]. Il se carac-
l’analyse des variances (ANOVA) et du test de com-
térise par un minimum d’infrastructures convenables et
paraison de moyenne sur le logiciel STATISTICA.
une surface suffisante pour le ménage. Il se distingue
L’analyse de la corrélation ‘’ ’consommation de char-
de l’habitat évolutif par son mode de réalisation.
bon de bois –taille des ménages’’ et ‘’consommation
! l’habitat spontané : ce sont des logements de charbon de bois - revenu du chef de ménage’’ est
localisés hors des lotissements officiels non effectuée par l’étude des régressions pour retenir
contrôlés par l’administration. Il se caractérise ainsi celle qui présente le meilleur coefficient de corrélation
par l’absence d’une officialisation de l’occupation sur STATISTICA.
du terrain [Yapi, 1994]. Ce qui les condamne à une
L’analyse s’est également intéressée à l’estima-
démolition. Ces constructions se présentent soit,
tion et/ou à la prévision de la moyenne de la variable
sous forme d’habitat bidonville, soit sous forme
dépendante sur la base des valeurs connues ou fixes
d’un habitat relativement organisé sur un modèle
des variables explicatives. Nous avons eu recours à
analogue à celui des lotissements reconnus et
la statistique descriptive pour décrire les données à
susceptibles d’être restructurés et officialisés.
l’aide de tableaux et de graphiques. Cette méthode
LA COLLECTE DES DONNÉES DE TERRAIN a pour intérêt de dégager les grandes tendances des
données en termes d’effectifs, de pourcentages, de
Pour la conduite de l’enquête de terrain, les commu- moyennes, etc.
nes de Yopougon, Abobo, Adjamé, Treichville, et Port-
Bouët ont été retenues. Ce sont des localités aux quar- RESULTATS ET DISCUSSION
tiers hétérogènes du point de vue de leur âge, structure
et situation géographique. L’enquête s’est déroulée du Comme le soulignait ROSNAY [1997], toute ville a
une histoire mais également une vie quotidienne. La
05 juin au 23 septembre 2003 dans différents ménages
ville se nourrit d’aliments, de combustibles et d’eau
à l’aide d’un questionnaire à passage unique.
afin de maintenir les activités de ses habitants. Tout
Un échantillon aléatoire de 524 ménages a été comme les autres villes, Abidjan a son histoire, a
interviewé repartis selon le type de logement à l’histoire de sa population et de son peuplement.
raison de 165 ménages à Abobo, 179 ménages à
Pour expliquer le choix des énergies domestiques
Yopougon, 73 ménages à Adjamé, 68 ménages à
des ménages en fonction de leurs besoins, de leurs
Port-Bouët et 38 ménages à Treichville ; chaque
habitudes et de leurs moyens, nous avons choisi
échantillon représentant un modèle–réduit dans la
la classification puis la différenciation qualitative et
strate qui est la sienne. Le questionnaire utilisé est
quantitative des hommes par rapport à leur locali-
subdivisé en quatre modules à savoir le type de
sation. Cette méthode a l’avantage de déterminer
logement, les caractéristiques du chef de ménage,
les espaces susceptibles de forte consommation de
les combustibles utilisés par le ménage, le coût et le
charbon de bois.
mode d’approvisionnement.

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 La ville étant le lieu de rassemblement d’un grand
nombre d’individus d’origine et de motivations dif-
férentes, on comprend dès lors que les conditions
générales du site, de l’état de l’habitation, du type
d’habitat, les conditions d’environnement social, eth-
nique, culturel peuvent aussi être à la base du choix
des combustibles utilisés par le ménage.
La consommation d’un bien étant le reflet d’un
mode culturel, consommer un produit, c’est con-
sommer ipso facto une culture. L’utilisation du char-
bon de bois comme combustible pour les besoins
domestiques traduit un mode de consommation
alimentaire, un mode de vie lié à une certaine valeur
traditionnelle.
LA RATIONALITE ECONOMIQUE ET LE CHOIX
DES MENAGES
Il est généralement admis que les consomma-
teurs ont un comportement rationnel. Ce qui signifie
qu’ils sont capables de ranger tous les biens par
ordre de préférence, d’utilité, de nécessité, et que
leur classement obéit à une logique.
LES HABITUDES CULINAIRES
Face à la difficulté de classifier les plats con-
sommés par les ménages, nous avons retenu les
fréquences de consommation des plats. Un repas
traditionnel est composé d’un élément consistant à
base de féculent ou de céréales et, qui se mange
avec une sauce au poisson et/ou à la viande.
Le riz est à première vue, le plat le plus consommé
à Abidjan. Il est par ordre de préférence, le plat le plus
prisé par la population. Plus de 65% de population
en consomment chaque jour et de façon régulière.
Que se soient les Ivoiriens ou les étrangers vivant en
Abidjan, le riz se présente comme le principal aliment
consommé par les ménages. Il est consommé tant
au déjeuner qu’au dîner (Tableau I).

Tableau I : Plats fréquemment mangés dans les différentes communes

Adjamé Abobo Treichville Port-Bouët Yopougon

Communes
PD DJ DN PD DJ DN PD DJ DN PD DJ DN PD DJ DN
Riz - 1 1 - 1 1 - 1 1 - 1 1 - 1 1
Foutou banane - 2 2 - 3 2 - 2 2 - 2 2 - 2 2
Placali 4 4 4 4 5 4 3 3 3 4 4 3 3 4 3
Attiéké 2 3 5 1 2 5 2 4 4 2 3 5 2 3 4
Toh de maïs - 5 3 - 4 3 - 5 5 - 5 4 - 5 5
Café 3 - 7 3 - 6 1 - 7 1 - 7 1 - 7
Bouillie 1 6 6 2 5 7 4 6 6 3 6 6 4 6 6
Avec : PD : Petit déjeuner ; DJ : Déjeuner ; DN : Dîner Source : Enquête personnelle 2003

Les chiffres sus-mentionnés indiquent l’ordre de Notons au passage que les préférences varient
préférence de la consommation des aliments. selon les nationalités et les groupes ethniques domi-
nants. En effet, le foutou banane est plus consom-
La consommation du riz a dépassé les clivages
mée par la population du groupe Akan. Egalement,
régionaux ou ethniques pour se retrouver au niveau
le placali fait à partir du gluten de manioc, semble
de tous les grands groupes ethniques de la Côte
plus apprécié des Akan. Il est essentiellement con-
d’Ivoire. Ainsi, le riz qui était considéré à tort ou à
sommé par les ivoiriens et les populations d’origine
raison comme une denrée fort appréciée des Krou
ghanéenne qui ont des liens ancestraux avec les
est de nos jours, mangé tant par les Malinké, les Akan
Akan du Sud.
que par les autres groupes ethniques.
La forte consommation du Placali par les Krou et
Outre le riz, bien d’autres plats sont consommés
les Akan, auxquels s’ajoutent les Ghanéens est due au
par les ménages. Il s’agit du foutou banane, du foutou
fait que le manioc représente la culture de base de leur
igname, de l’attiéké, du placali et du tôh à base de
zone de provenance. Ces groupements de population
maïs. Dans l’ensemble, le foutou banane et l’attiéké
sont d’importants consommateurs de foutou banane
occupent une place importante dans l’alimentation
et de l’Attiéké qui est aussi fait à base de manioc.
des populations Abidjanaises.

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6
 Le Tôh est surtout consommé par la population
Mandé du Nord notamment les Malinké et Sénoufo et
les étrangers Malien, Burkinabé et Guinéens. Le maïs
est une céréale dont la zone de production couvre
les aires de civilisation Malinké et Sénoufo (Mandé
et voltaïque). Au regard de la zone de production du
maïs, on comprend que le tôh soit si fortement con-
sommé par les populations Soudano-sahéliennes.
Chacun de ces plats est mangé avec une sauce
mijotée garnie de viande et/ou de poissons. Parmi
les nombreuses sauces consommées par les ména-
ges, on citera la sauce graine, la sauce arachide, la
sauce gombo, la sauce aubergine, qui sont toutes
aussi déterminantes dans le choix des combustibles
domestiques.
Au niveau des communautés présentes à Abid-
jan, on note une modification, une imbrication, une
interpénétration des habitudes alimentaires du fait
de l’éducation, de l’urbanisation, des mouvements
migratoires et surtout de la modernisation [Pofagi,
1989]. Cependant, ces changements socio-écono-
miques ont très peu affecté la dimension culturelle
de la cuisine.
La préservation d’une cuisine originale
La cuisson d’un aliment requiert une technique et
de l’énergie. Les céréales sont des aliments dont la
cuisson demande une quantité d’énergie importante
et le charbon de bois est le combustible qui s’y prête
le mieux eu égard au nombre relativement élevé de
ménages qui l’ont adopté.
Les populations installées à Abidjan, tout en pré-
servant l’originalité de leur cuisine, prennent l’habitu-
de de se remodeler perpétuellement, de se recycler,
pour user des pratiques en vogue. Le charbon de
bois, considéré comme un trait de culture du milieu
urbain, est de manière factice, facilement accepté
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puisqu’il peut se substituer sans dommage au bois
de feu dans la cuisine. Il en est de même des genres
alimentaires qui s’adaptent à toutes les formes de
cuisson. Ces mutations de faits et l’évolution sociale
nécessitent la compréhension des transformations
profondes de l’espace et des rapports humains.
LE PROBLÈME DE L’HABITAT
A Abidjan, on constate une diversité d’habitat
allant du type moderne au spontané. La population,
pour assurer sa subsistance, tire parti du milieu. Quel
que soit le type d’habitat, elle y transpose une partie
de son milieu traditionnel. L’observation du tableau II
ci-après, situe davantage sur la question.
Pour les habitats résidentiels, les cuisines sont
situées à l’intérieur du bâtiment principal et le gaz est
utilisé comme le combustible principal pour les be-
soins de cuisson des aliments. Le charbon de bois est
quant à lui, utilisé comme combustible secondaire
pour la confection de quelques grillades (poissons
braisés, etc.) et de quelques mets.
Pour les habitats de type collectif, plus de 90%
des cuisines sont couvertes et sont situées soit, à
l’intérieur soit, à l’extérieur du bâtiment principal.
Pour ce type d’habitat, le gaz et le charbon de bois
arrivent en tête des combustibles utilisés pour les
besoins es ménages. Ces combustibles sont utilisés
de façon concomitante.
Par contre, pour les habitats spontanés, la quasi-
totalité des cuisines sont situées à l’extérieur du bâti-
ment principal et sont généralement non couvertes.
Un espace aménagé à l’intérieur de la cour sert de
cuisine. Cet état de fait rend l’usage du gaz fastidieux
voire impossible et expose les ménagères aux aléas
climatiques. Pour cette frange, le combustible utilisé
est à base de bois (charbon de bois, bois de feu ou
sciure de bois).
7
 ABOBO YOPOUGON ADJAME TREICHVILLE PORT-BOUËT

Type d’habitat Rés Coll Evol Spon Rés Coll Evol Spon Rési Coll Evol Spon Rési Coll Evol Spon Rési Coll Evol Spon
TOTAL

Cuisine Effectif 5 65 5 38 2 7 17 4 10 4 15 4 176

couverte %
Externe 15,2 53,3 5,9 54,3 11,1 28,0 41,5 27,0 52,6 25,0 51,7 17,4 34,2

ménagères, le meilleur abri pour la préparation des

est cependant du point de vue de la plupart des
Une cuisine intérieure ou une ‘’case cuisine’’
Cuisine Effectif 30 6 22 16 1 19 6 1 8 3 8 19 129
non
couverte % 24,6 100 31,4 88,9 4,0 46,3 100 100 42,1 100 27,6 82,6 25,1

Effectif 4 28 27 6 80 10 1 17 5 1 10 1 1 12 6 209
Cuisine

Source : Enquête personnelle 2003

interne % 100 84,8 22,1 100 94,1 14,3 100 68,0 12,2 100 66,0 5,3 100 75,0 20,7 40,7

Effectif 4 33 122 6 6 85 70 18 1 25 41 6 1 15 19 3 1 16 29 23 524

Total
Tableau II : Localisation de la cuisine au sein de l’habitat

% 0,8 06,3 23,3 01,2 01,2 16,2 13,4 03,4 0,2 04,8 07,8 01,2 0,2 02,9 03,6 0,6 0.2 03,1 05,5 04,4 100

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8
inutilement le feu, le soleil, la pluie, la poussière et
éventuellement les animaux et les visiteurs insolites.
repas familiaux. Elle protège contre le vent qui active
Mais elle présente l’inconvénient de nécessiter trop
d’entretien et un espace adéquat.
Comme on peut le constater, le choix du type
d’habitat ou de l’emplacement de la cuisine diffè-
rent d’un ménage à un autre. Les motivations qui
en découlent peuvent être assez fortes pour les
détourner, soit de la solution la moins onéreuse, soit
de la solution la plus rassurante. Toujours est-il que
les filtres par lesquels est perçu l’espace cuisine ou
l’espace habitat, peuvent être aussi bien physiques
qu’affectifs ou culturels.
Somme toute, la technique de cuisson des ali-
ments, les habitudes alimentaires, le choix du type
de foyer et de son emplacement dans la maison,
semblent être en rapport avec la source d’énergie,
elle-même étant fonction de la taille du ménage.
LA TAILLE DES MENAGES ET LA
CONSOMMATION D’ENERGIE
La société est régie par un certain nombre de
règles, de valeurs qui conditionnent la perception
que les individus ont du monde physique et humain.
Chaque ménage est doté d’une personnalité, avec
des comportements particuliers et des décisions qu’il
projette dans l’espace. La taille d’un ménage traduit
un équilibre entre les ressources et le niveau de vie
ressenti comme nécessaire par ses membres.
LA TAILLE DU MÉNAGE
L’accent a été mis sur le nombre de personnes au
foyer pour l’évaluation de la taille des ménages, car
il ressort des travaux antérieurs [Odunfa, 1987] que
bon nombre de personnes ayant une activité hors du
foyer ne mange pas à domicile, notamment le matin
et à midi. Ce qui ampute le ménage de quelques têtes
à chacun de ces repas. Sont concernés par cette
amputation, les élèves et ceux qui ont une activité
dont le siège est loin de leur lieu de résidence.
Pour l’ensemble des cinq communes, la taille
moyenne des ménages est estimée à 7,4 personnes
(Tableau III) comparativement aux résultats du der-
nier recensement de la population et de l’habitat [INS,
1998] qui révèle un effectif moyen de 6,1 personnes
pour l’ensemble de la ville d’Abidjan. Cette variation
relativement importante trouverait sa justification
dans le déplacement d’un grand nombre de person-
nes du fait de la crise qui secoue le pays.

Tableau III : Taille des ménages selon les communes

Commune
Yopougon Abobo Treichville Adjamé Port-Bouët Ensemble des
---------------
(%) (%) (%) (%) (%) communes
Taille du ménage
0–5 29 10,9 15,8 09,6 21,7 18,7
5 – 10 52,5 56,4 57,9 61,6 56,6 55,9
10 – 15 17,3 29,7 26,3 27,4 21,7 23,9
15 – 20 01,2 03 0 01,4 0 01,5
Total 100 100 100 100 100 100
Source : INS 1998

Les analyses économétriques effectuées sur
l’ensemble de l’échantillon laissent toutes apparaître
une corrélation positive entre la taille des ménages
et la consommation de charbon de bois. En effet,
l’augmentation de la taille du ménage entraîne cite-
rus paribus, une augmentation de la part du revenu
consacrée à l’achat du charbon de bois (Tableau IV).
Cette situation s’observe pratiquement dans toutes
les communes enquêtées mais dans des proportions
relativement différentes.

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 Tableau IV : Corrélation entre la taille des ménages et la consommation de charbon de bois

Coefficients
Yopougon Abobo Adjamé Treichville Port-Bouët Global
Taille Ménage 0.326 0.396 0.326 0.462 0.231 0.337
Constante 0.325 0.22 0.52 0.73 0.35 0.34
R² 0.134 0.14 0.32 0.36 0.12 0.15
F de Fisher 11.27 9.28 9.77 4.79 3.32 34.36
Durban-Watson 1.89 2.11 1.66 1.69 2.00 1.91
Source : Résultats enquête personnelle 2003

A priori, le choix du charbon de bois comme com- LA CONSOMMATION ÉNERGÉTIQUE

bustible par les ménages serait due à l’importance
de la taille de ces derniers. En effet, la préparation
du repas pour une famille importante nécessite une
consommation d’énergie relativement plus grande et le
combustible à même de satisfaire ces besoins, restent
de l’avis de plusieurs ménages, le charbon de bois qui
est facilement disponible et offre des facilités du fait
de son fractionnement à l’achat au détail. En tout état
de cause, la taille du ménage ne saurait être ignorée
dans le choix des combustibles domestiques.
MÉNAGÈRE
Quatre principales sources d’énergie sont utilisées
par les ménages pour leurs besoins domestiques.
L’importance accordée à chaque source d’énergie dé-
pend du ménage considéré. Mais de façon générale, le
charbon de bois se positionne comme le combustible
le plus utilisé par les ménages (tableau V).

Tableau V : Classement par ordre d’importance des ménages par usage de combustibles

ADJAME
Combustible principal Combustible secondaire Combustible d’appoint
Gaz 26,44 30,56 2,25
Charbon de bois 70,86 53 12
Bois de feu 2,45 16,44 85
Sciure de bois 0,25 0 0,75
ABOBO
Combustible principal Combustible secondaire Combustible d’appoint
Gaz 17,58 39,45 05,12
Charbon de bois 78,18 36,72 11,74
Bois de feu 3,63 21,80 67,25
Sciure de bois 0,61 02,03 15,89
YOPOUGON
Combustible principal Combustible secondaire Combustible d’appoint
Gaz 46,93 35,25 01,52
Charbon de bois 48,60 43,57 02,14
Bois de feu 01,68 08,15 74,19
Sciure de bois 02,79 13,03 22,15
TREICHVILLE
Combustible principal Combustible secondaire Combustible d’appoint
Gaz 31,58 47,23 0,24
Charbon de bois 59,07 38,45 07,53
Bois de feu 09,35 14,32 86,41
Sciure de bois 0 0 05,82

DIAKALIA Diarrassouba et Martine TAHOUX TOUAO : Analyse des déterminants de la demande ménagère ...
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 Tableau V (suite)

PORT-BOUËT
Combustible principal Combustible secondaire Combustible d’appoint
Gaz 28,79 38,75 0,59
Charbon de bois 55,41 36,83 17,56
Bois de feu 12,30 17,52 53,25
Sciure de bois 03,50 06,90 28,60
ENSEMBLE DES COMMUNES
Combustible principal Combustible secondaire Combustible d’appoint
Gaz 30,26 38,25 01,94
Charbon de bois 62,43 41,71 10,20
Bois de feu 05,88 15,65 73,22
Sciure de bois 01,43 04,39 14,64
Source : Résultats enquête personnelle 2003
Dans 62,43% des ménages, le charbon de bois combustible principal dans seulement 5,88% des
est utilisé comme combustible principal et le gaz dans ménages contre 1,43% pour les sciures de bois.
seulement 30,26% des cas. Ces deux combustibles Cependant, ils sont quelques fois associés à d’autres
sont utilisés généralement de façon concomitante. combustibles comme le charbon de bois et le gaz
La cuisson des aliments constitue la source la plus pour la cuisson de certains aliments et/ou la prépa-
importante de consommation de charbon de bois. En ration de certaines décoctions.
effet, selon les résultats de l’enquête sur la consom-
L’acquisition des combustibles domestiques
mation et la commercialisation du charbon de bois
constitue des dépenses relativement importantes
[DCGTX, 1989], la cuisson des aliments constitue
pour les ménages urbains. En effet, les résultats
environ 89% des usages ménagers de charbon de
indiquent des dépenses mensuelles énergéti-
bois contre 9 et 2% respectivement pour le chauffage
ques oscillant entre 5000 et 20 000 FCFA pour
de l’eau et le repassage (blanchissage).
plus de 70% des ménages interviewés. Certains
Le bois de feu et les sciures sont très peu utilisés (15%) ont des dépenses excédant 20.000 FCFA
par les ménages du fait des difficultés qui entou- par mois et d’autres (environ 10%) inférieures à
rent leur usage. En effet, le bois est utilisé comme 5.000 FCFA (figure1).

Figure 1 : Dépenses énergétiques mensuelles des ménages par communes

Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n° 1, 2008

© EDUCI, 2008
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 Les dépenses journalières des ménages en Dans l’ensemble, les dépenses affectées à l’achat
charbon de bois sont estimées en moyenne à 325,7 du charbon de bois constituent la plus importante
FCFA; ce qui représente un budget annuel de 118 source de dépenses énergétiques des ménages, suivi
760 FCFA pour une consommation d’environ une du gaz et du bois. Le fractionnement qu’offre l’achat
tonne et demi de charbon de bois. Ramené par ha- du charbon de bois est une des raisons essentielles
bitant, la dépense énergétique journalière s’élève à qui motivent les ménages à adopter ce combustible
43,97 FCFA, soit environ 16 049 FCFA par an pour même si à terme, il revient pratiquement plus cher
une consommation totale de 190 kilogrammes de que le gaz. L’investissement pour l’acquisition des
charbon de bois (tableaux VIa et VIb). équipements du gaz n’est pas toujours à la portée
des ménages économiquement faibles.
Tableau VIa : Consommation moyenne de
Toujours est il que le ménage engage des dépenses
charbon de bois par les ménages
relativement importantes pour la satisfaction de
Résultats par ménage concerné (prix de détail : leurs besoins énergétiques. Quelle peut donc être
85,25 FCFA / Kg) la proportion des dépenses énergétiques dans le
revenu des ménages ? Autrement dit, quelle est la
Jour Mois Année place des dépenses énergétiques dans le revenu
En FCFA 325,37 9 761 118 760 des ménages urbains ?
En Kg 3,82 114,6 1 394,3
LA PLACE DU CHARBON DE BOIS DANS LE
Tableau VIb : Consommation moyenne de char bon REVENU DES MENAGES
de bois par habitant
Il est en général difficile de cerner le niveau de
Résultats par habitant (7,4 habitants / ménage) revenu des ménages à cause des réticences que les
individus manifestent à cet égard. Toutefois, quelques
Jour Mois Année
chefs de familles ont pu fournir des indications sur le
En FCFA 43,97 1 319 16 049 revenu de leur ménage (Tableau VII).
En Kg 0,52 15,49 190

Tableau VII : Répartition du revenu mensuel moyen des ménages selon les communes en FCFA
Revenu moyen Revenu minimum Revenu Maximum Ecart-Type Effectif
Abobo 132 832 45 000 315 000 57 480 119
Adjamé 145 767 60 000 325 000 56 722 45
Port-Bouët 143 020 35 000 300 000 69 159 51
Treichville 140 600 55 000 350 000 72 626 20
Yopougon 160 409 30 000 550 000 98 682 149
Total 146 554 30 000 550 000 78 492 384
Source : Résultats enquête personnelle 2003

Les revenus mensuels moyens paraissent rela-
tivement plus élevés à Yopougon (160.409 FCFA).
Abobo confirme une fois de plus, son statut de com-
mune pauvre. En effet, le revenu moyen le plus bas
est rencontré à Abobo avec 132.832 FCFA. Cette
relative disparité dans la distribution du revenu a
des implications à différents degrés, sur le choix des
combustibles au sein des ménages.
Dans 78% des ménages interrogés, au moins un
homme a un emploi et dans 17%, deux (2) au moins.
Dans plus de 50% des ménages, on rencontre entre
5 à 10 personnes sans emploi rémunérateur. Ils sont
constitués généralement d’enfants, d’élèves pour la
plupart auxquels s’ajoutent des collatéraux oisifs. La
plupart des ménages groupent en dehors de la famille
atomique, les descendants d’un ancêtre commun.

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 Influence du revenu sur le choix des ménages. Ces dépenses occupent entre 05 à 25% des
combustibles dépenses effectuées au sein des ménages (figure 2).

Les dépenses énergétiques occupent une place

non des moindres dans les dépenses quotidiennes des

Dépenses énergétiques quotidiennes

800

700

600

500

400

300

200

100

0
113
129
145
161
177
193
209
225
241
257
273
289
305
321
337
353
369
385
401
417
433
449
465
481
497
513
17
33
49
65
81
97
1

Figure 2 : Variation des dépenses quotidiennes d’énergie des ménages (juillet 2003)

Plus de 78% des ménages interviewés ont un bud- (alimentaire) des ménages se situe entre 2.000 et
get quotidien d’alimentation inférieur à 3.000 FCFA. 3.000 FCFA et en moyenne par jour entre 200 et 500
Seulement environ 12% ont un budget quotidien FCFA sont destinés à l’achat de charbon de bois pour
supérieur à 3.000 FCFA. Le budget quotidien moyen les besoins de cuisson des aliments (Tableau VIII).

Tableau VIII : Part des dépenses énergétiques dans le budget alimentaire des ménages
Dépenses quotidiennes pour l’achat du charbon de bois en FCFA
Budget alimentaire >
< 250 250 - 500 Total
500
< 1000 7 63,64% 4 36,36 0 0% 11 2,73%
1000 – 2000 37 27,41% 67 49,63% 31 22,96% 135 33,5%
2000 - 3000 69 40,35 72 42,10% 30 17,54% 171 42,43%
3000 – 4000 17 25% 34 50% 17 25% 68 16,87%
4000 – 5000 3 37,5% 3 37,5% 2 30% 8 02%
5000 – 6000 3 33% 4 45% 2 22% 9 02,23%
6000 - 7000 0 0% 0 0 1 100% 1 0,25%
Total 136 - 184 - 83 - 403 100%
Source : Résultats enquête personnelle 2003

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 En règle générale, ceux qui gagnent peu n’arrivent
souvent pas à subsister avec leurs gains ; tout est
dépensé dans le meilleur des cas, pour les besoins
alimentaires dans les lesquels, il faut inclure l’énergie
pour la cuisson des aliments. Même si le pouvoir
d’achat venait à augmenter, la dépense alimentaire
ne croît que très peu. On observe plutôt un glissement
progressif vers des produits plus nobles.
Chez les plus aisés, plus le pouvoir d’achat aug-
mente, mieux on mange. On dépense davantage
pour consommer des calories plus chères, des proti-
des en particulier : légumes, fruits, viandes, laitages.
En effet, les ménages riches dépensent relativement
moins pour l’acquisition des combustibles notamment
le charbon de bois. Pour ces ménages dont le budget
alimentaire est compris entre 4.000 et 5.000 FCFA, la
part allouée à l’achat du charbon de bois représente
moins de 10% de leur dépense alimentaire.
Tableau IX : Corrélation entre le revenu du ménage et la consommation de charbon de bois
Coefficients Yopougon Abobo Adjamé Treichville Port-Bouët Global
Revenu - 0.32 - 0.22
Constante 0.325 0.22
R² 0.134 0.14
F de Fisher 11.27 9.28
Durban-Watson 1.89 2.11
Source : Résultats Enquête personnelle 2003
Tout en préservant l’originalité de la cuisine, les
citadins d’Abidjan ont adopté le charbon de bois
comme combustible. L’utilisation du charbon de bois
leur est dictée tant par l’architecture de leur habitat
que par la taille du ménage. Si cette dernière variable
intervient très peu dans les ménages atomiques à
revenu avoisinant la moyenne, elle est fortement
présente chez les plus démunis à qui elle dicte le type
de combustibles et d’habitudes alimentaires.
CONCLUSION
Pour mieux présenter et expliquer les structures
qui dynamisent la consommation énergétique dans le
système urbain d’Abidjan, il nous est apparu nécessaire
d’en exposer les caractéristiques et la dynamique de
chacun des éléments qui entrent dans leur composition.
Ceci nous a permis de présenter un bilan analytique
préalable de la population comme facteurs explicatifs
de la consommation des différents types d’énergie
DIAKALIA Diarrassouba et Martine TAHOUX TOUAO : Analyse des déterminants de la demande ménagère ...
Par contre, pour les ménages dont le budget
alimentaire quotidien est inférieur à 3.000 FCFA, ils
en dépensent plus de 15% pour l’achat du charbon
de bois. L’alimentation des familles modestes
étant composée essentiellement de féculents et de
produits frais, la consommation énergétique est très
élevée, comparativement à celle des familles aisées.
Ces dernières consomment des aliments transformés
et conditionnés, des aliments en conserve, pour
lesquels il faut beaucoup moins de combustible pour
les préparer que pour cuire des plats traditionnels.
En somme, lorsque le revenu des ménages
augmente, ces derniers ont tendance à réduire la
proportion de leur revenu consacrée à l’achat du
charbon de bois au profit d’autres sources d’énergie
plus nobles notamment, le gaz (GPL). Cet état de fait
est mis en exergue par le signe négatif de la relation qui
lie la demande de charbon et le revenu (Tableau IX).
- 0.48 - 0.64 - 0.31 - 0.32
0.52 0.73 0.35 0.34
0.32 0.36 0.12 0.15
9.77 4.79 3.32 34.36
1.66 1.69 2.00 1.91
domestique. Il ressort de cette analyse que l’évolution
des conditions de vie de la population n’a pas modifié
de façon radicale son genre de vie. L’accommodation
au charbon de bois, puis son adaptation à l’habitat
moderne, témoignent de la volonté des populations de
conserver leurs traditions. Ceci, en dépit du fait que, le
gaz naturel reste une source d’énergie particulièrement
souple et bon marché.
L’usage du charbon de bois croît en passant des
habitats dits résidentiels aux habitats spontanés. Au
niveau des ménages riches, l’usage du charbon de
bois est justifié par la préparation de quelques mets
particuliers (sauce graine, grillades, etc.) dont la
cuisson l’exige. Ici, le gaz est le combustible principal,
suivi du charbon de bois. L’usage du bois de feu est
pratiquement inexistant. Dans ce type de concession,
toutes les cuisines sont couvertes et situées à
l’intérieur du bâtiment principal, ce qui explique l’usage
quasi permanent du gaz.
14
 L’usage du charbon de bois et du bois de feu dans
les habitats précaires sont des faits quotidiens. Le
charbon de bois se présente comme le combustible
principal. L’utilisation du gaz est un phénomène rare
du fait des incommodités dues à l’inexistence de
véritables cuisines. Les repas sont préparés à l’air
libre; ce qui empêche un bon usage du gaz.
Le charbon de bois restera encore longtemps le
combustible le plus demandé au sein des ménages
du fait de sa disponibilité et de la possibilité qu’offre
son fractionnement lors de l’achat au détail même si
à terme il revient plus cher. De plus, l’ignorance et
la peur des populations du danger que représente
le gaz, sont autant de facteurs qui vont contribuer
à maintenir le charbon de bois comme le principal
combustible utilisé par les ménages urbains.
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passages répétés, dans l’agglomération d’Abidjan’’, Orstom
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de l’agglomération d’Abidjan’’ – Thèse de Doctorat, Tome 1,
Université de Paris 8 Saint – Denis, 1994.
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