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L’aviculture algérienne en milieu rural, quel devenir après la

libéralisation des échanges ? Cas des régions d’Aflou et de Freha

Smail Amghrous and Hamida Kheffache


kheffach@yahoo.fr

Paper prepared for presentation at the I Mediterranean Conference of Agro-Food


Social Scientists. 103rd EAAE Seminar ‘Adding Value to the Agro-Food Supply Chain
in the Future Euromediterranean Space’. Barcelona, Spain, April 23rd - 25th, 2007

Copyright 2007 by [Smail Amghrous and Hamida Kheffache]. All rights reserved. Readers may make verbatim copies
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L’aviculture algérienne en milieu rural, quel devenir après la libéralisation des
échanges ?

Cas des régions d’Aflou et de Freha

AMGHROUS Smail 1
KHEFFACHE Hamida 2

Introduction et problématique

Le développement de l’aviculture constitue un meilleur recours pour répondre à un besoin


galopant de la population en protéines animales dans les plus courts délais.

L’engagement de l’Algérie pour une libéralisation économique impliquant ainsi, son


intégration à la zone de libre échange Euro - méditerranéen et à l’OMC, incite à relever un
défi qui réside dans l’amélioration de la productivité et la recherche de la compétitivité de son
économie.

Les difficultés financières induites par la libération du marché, apparition des nouvelles
conditions d’approvisionnement des facteurs de production ainsi que l’augmentation des prix
ont poussé les petits éleveurs à restreindre leurs investissements en quête de profits
immédiats.

Les enquêtes menées ces dernières années montrent que la majorité des élevages sont loin
d’être industriels dans leur conduite et dans les performances enregistrées. Les conditions de
l’habitat, de l’alimentation, d’hygiène et de prophylaxie ne répondent pas aux normes
zootechniques préconisées, ceci entraîne l’abandon de l’activité jugée peu rentable et par
conséquent, l’augmentation des prix des produits de la volaille sur le marché.

Le présent papier a pour objet d’évaluer les performances de l’aviculture algérienne et


d’estimer le degré de sa compétitivité et son niveau de protection après l’ouverture du marché.

Nous avons choisi deux régions rurales, une région montagneuse, qui est la subdivision de
Freha dans la Wilaya de Tizi Ouzou, une autre steppique, qui est la subdivision d’Aflou dans
la wilaya de Laghouat.

1
Chercheur au CREAD (Centre de Recherche en Economie Appliquée pour le Développement, Alger, Algérie)
2
Chercheur au CREAD (Centre de Recherche en Economie Appliquée pour le Développement, Alger, Algérie)
Méthodologie

Le plan méthodologique adopté s’articule sur trois principaux volets :


• Le premier volet consiste en une caractérisation des élevages des deux régions à
travers des enquêtes effectuées auprès des différents maillons constituant le circuit
de production et commercialisation du poulet de chair.
• Le deuxième volet consiste à évaluer les coefficients de protection nominaux des
produits avicoles des deux régions. Cette étape a pour objectif de voir la position de
la filière avicole en Algérie face à la mondialisation.
Le volet analyse du projet : cette étape consiste à présenter un modèle de projet qui
tient compte des résultats des analyses précédentes. L’analyse du projet est effectuée à
l’aide du logiciel EVALPRO.

1- Caractérisation des élevages des subdivisions de Freha et d’Aflou

1-1 Statut juridique :

La production des exploitations privées représente 92%de la capacité de production


nationale
1
, soit 230 000 tonnes de poulet par an2 . Notre enquête est de type exhaustif pour la région
d’Aflou, cependant, un échantillon est tiré au hasard pour la région de Freha. Notre
échantillon global comprend une EAC (Exploitation Agricole Collective) et 19 unités privées
(tableau n°01)

Tableau n°01 : Statut juridique des élevages enquêtés

Région/Statut Privé EAC Total


FREHA 13 01 14
AFLOU 06 00 06
Total 19 01 20
Source : élaboré à partir de notre enquête

1-2 Taille des élevages enquêtés

85% des élevages enquêtés sont de taille inférieure à la moyenne nationale qui est de 3000
sujets, cela trouve son explication dans le manque d’investissement des éleveurs en raison de
ce que peut engendrer l’activité comme risque (difficulté d’approvisionnement en aliment et
poussins, manque d’intégration de la filière…).

L’élevage du poulet de chair dans notre région d’étude est une activité secondaire. Malgré
le manque de moyens financiers, aucun crédit n’est sollicité par les éleveurs enquêtés.

1
OFAL (2001) : Filières et marchés des produits avicoles en Algérie, rapport annuel, ITELV.
2
Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural
Tableau n°02 : Taille des ateliers d’élevages

Catégorie Nombre Nombre total Pourcentage


d’élevage d’élevage
(Freha) (Aflou)
De 1000-2000 09 02 11 55%
De 2001 à 3000 04 02 06 30%
De 3001 et plus 01 02 03 15%
Total 14 06 20 100%
Source : élaboré à partir de notre enquête

1-3 Performances zootechniques

Les performances réalisées dans notre région d’étude sont médiocres. L’age avancé à
l’abattage (62 et 55,5 jours) entraînent des pertes économiques considérables, ajouté à cela le
taux de mortalité élevé, notamment pour la région de Freha. La non disponibilité d’aliment de
qualité fabriqué par l’ONAB pousse les éleveurs à s’approvisionner auprès de petites unités
de fabrication d’aliments, mais de moindre qualité (formule de fabrication ne répondant pas
aux besoins des animaux). La mauvaise qualité de l’aliment associée aux mauvaises
conditions d’élevages fait que le GMQ est faible et l’indice de consommation très élevée.

Les ateliers d’élevage dans notre région d’étude sont caractérisés par :
• des mauvaises conditions d’ambiance
• Hétérogénéité du matériel biologique
• Stress des animaux notamment lors du transport

Tableau n°03 : Approche comparative des performances zootechniques.

Performances FREHA AFLOU Moyenne FRANCE BRESIL USA


3
zootechniques ALGERIE
Age à l’abattage (j) 62,00 55,50 62,00 40,00 46,00 46,00
Taux de mortalité 11,00 5,31 11,48 5,70 4,60 5,00
Poids vif (kg) 2,53 2,52 2,434 1,90 2,30 2,20
GMQ (g/j) 41 42 39,00 48,00 49,50 47,80
Indice de 3 2,14 3,17 1,87 1,92 1,96
consommation
Nombre de bandes 3 2,3 4.8 6,6 6 6
/an
Indice de - 118,59 111 231 - -
performance
Nombre de - 39,82 ND 247 - -
kg/M2/an
Source : Tableau élaboré à partir de notre enquête, et sources diverses

3
OFAL 2000 : Filières et marchés des produits avicoles en Algérie, rapport annuel, ITELV
1-4 Performances économiques
L’aliment, le matériel biologique et les produits vétérinaires représentent plus de 80% du
coût de production du poulet de chair (tableau 04). Ces trois facteurs de production échappent
au contrôle des opérateurs locaux, puisqu’ils sont importés, ce qui accentue la fragilité de la
filière.

Tableau n°04 : structure du coût de production du poulet de chair dans la région d’étude
charges FREHA AFLOU Moyenne nationale
DA/kg % DA/Kg % DA/Kg %
Amortissement 5,96 5,22 0,09 0,10 2,07 2,00
Autres charges 0 0,00 0,97 1,12 0,39 0,38
fixes
Frais financiers 0 0,00 0,00 0,00 0,78 0,75
Total charges fixes 5,96 5,22 1,06 1,22 3,23 3,13
Aliment 68,31 59,84 53,40 61,74 68,29 66,08
Matériel biologique 22,84 20,01 19,64 22,71 18,76 18,15
Main d’œuvre 4,99 4,37 3,20 3,70 2,61 2,53
Frais vétérinaires 7,43 6,51 4,10 4,74 5,04 4,88
Electricité, eau 2,75 2,41 1,69 1,95 2,46 2,38
chauffage
Frais divers 1,87 1,64 3,41 3,94 2,95 2,86
Total des charges 108,19 94,78 85,43 98,78 100,12 96,87
variables
Total du coût de 114,15 100 86,49 100 103,35 100
production
Source : Tableau élaboré à partir de notre enquête

1-5 Approche comparative du coût de production du poulet de chair

Une approche comparative des coûts de production du poulet en Algérie montre qu’ils sont
très élevés. Ils sont 3 fois supérieurs à ceux du Brésil, 2 fois à ceux des USA et 1,77 à ceux de
la France. Cela trouve son explication dans :
• Prix élevé des intrants dû principalement à la dévaluation du dinar algérien.
• Faibles performances zootechniques.

Tableau n°05 : Approche comparative des performance économiques


Pays/coût Coûts Coût région Coût région 2 Coût national/
(US$/Kg) 4 2001 1/coût étranger /coût étranger coût étranger
Brésil 0,51 2,80 2,12 2,84
USA 0,70 2,04 1,54 2,07
France 0,82 1,74 1,32 1,77
Région d’étude 01 1,43 - 0,76 1,01
(Freha)
Région d’étude 02 1,08 1,32 - 1,34
(Aflou)
Coût moyen national 1,45 0,98 0,74 -
Source : Tableau élaboré à partir de notre enquête et sources diverses

4
Taux de change en 2003 : 1$=79,68 DA
2- Calcul des Coefficients de Protection Nominaux (CPN)

Les accords d’association de l’Algérie avec l’UE ratifiés en 2002, stipulent que les droits
de douane actuels (30 %), connaîtront une réduction de 50 % dans un délai de cinq ans à
compter de l’entrée en vigueur de l’accord et ceci dans la limite d’un contingent tarifaire
annuel de 2500 tonnes par an5 .
Pour pouvoir mesurer la compétitivité-prix des produits locaux, on essayera d’estimer les prix
des produits provenant de l’UE qui, éventuellement, peuvent atterrir sur le sol algérien au
niveau de l’un des principaux ports d’Algérie.
Il s’agit donc de comparer le prix moyen affiché sur le marché principal du pays fournisseur
augmenté des frais du transport et de manutention avec le prix de gros moyen du produit
local.
Le coefficient de protection nominal (CPN) est le rapport entre le prix du produit local et celui
provenant de l’étranger. Il nous indiquera le degré de protection et de compétitivité des
produits locaux. Trois cas pourraient se présenter:
1) CPN <1: ce qui veut dire que le producteur local reçoit un prix inférieur à celui qu’il doit
recevoir dans une situation de libre échange. On dit qu’il y’a une protection négative du
produit local.
2) CPN >1: ce qui veut dire que le producteur reçoit un prix plus élevé que dans une situation
de libre échange. On dit qu’il y a une protection positive du produit local.
3) CPN =1: cala signifie qu’il y a une neutralité de la protection, le producteur reçoit un prix
égal à celui du marché.
Pour évaluer le degré de compétitivité des produits avicoles algériens, on a envisagé 03
scénarios avec des taux de change stables.

Scénario 01 :

Ce scénario est envisagé en émettant deux hypothèses:


1) Prix des produits locaux seront stables
2) Frais de transport seront stables.
Le tableau ci-dessous montre que même avec une stabilité des prix des produits locaux et une
augmentation des prix des produits étrangers, le CPN1 est supérieur de 1. Ceci veut dire que
le produit local ne sera pas compétitif au produit provenant de l’étranger.
Le différentiel prix sera en moyenne de 0,38 euro/kg, soit 33 DA/kg.
Avec des droits de douane de 30%, une progression des prix des produits étrangers et une
stabilité des prix des produits locaux, le CPN2 est inférieur à 1. Le produit local aurait alors
un avantage comparatif face au produit étranger.
A l’horizon 2010 (a5), les droits de douane connaîtront une réduction de 50%, les prix des
produits locaux seront légèrement supérieurs à ceux des produits étrangers. ( CPN = 1,07)
Le différentiel prix sera alors de 0,12 euro/kg soit 10,56 DA/kg.

5
Rapport de l’accord d’association de l’Algérie avec l’UE/Pays méditerranéens
Tableau n°05: Comparaison entre le prix moyen de viande de poulet entier en provenance de
L’UE et le prix moyen du poulet local au niveau de l’un des ports d’Algérie. U : (euro/kg).

Avant Après l'accord (2006/2010)


l'accord a1 a2 a3 a4 a5
6
prix communautaire 1.42 1.47 1.48 1.49 1.5 1.51

transport et manutention7 0.08 0.08 0.08 0.08 0.08 0.08

prix CAF hors droits de douane 1.5 1.55 1.56 1.57 1.58 1.59

Prix moyen en Algérie 1.95 1.95 1.95 1.95 1.95 1.95

Ecart 0.45 0.4 0.39 0.38 0.37 0.36

CPN1 8 1.30 1.26 1.25 1.24 1.23 1.23

prix CAF + droits de douane 1.95 2.02 2.03 2.04 2.05 1.83

Ecart 0.00 -0.07 -0.08 -0.09 -0.10 0.12

CPN2 9 1.00 0.97 0.96 0.96 0.95 1.07


Source : Fait par nous même.

Scénario 02 :

Ce scénario est envisagé en émettant deux hypothèses:


1) Frais de transport maritime évoluent au même rythme que l’évolution des prix des
produits avicoles européens.
2) Taux d’inflation en Algérie se maintient à 2%.
Dans ce cas de figure, le tableau suivant montre que sans droits de douane le CPN est
supérieur de 1. Le différentiel prix est en moyenne de 0,58 euro/kg soit 51DA/kg.
Avec des droits de douane de 30%, un taux d’inflation de 2% et une évolution des prix de
transport maritime, le CPN sera supérieur à 1. Le produit local ne sera pas compétitif.
A l’horizon 2010, le différentiel prix serait de l’ordre de 0,41 euro/kg soit 36 DA/kg.
Il faudrait instaurer un droit de douane d’au moins 22 % pour que le produit étranger
revienne au même prix que le produit local.

6
Projections de l’USDA
7
Calculé sur la base des frais de transport maritime de l’agneau d’Alger à Marseille (tous frais compris jusqu’au
débarquement), soit 1200 $/14 tonnes
8
Coefficient de protection nominal hors droits de douane
9
Coefficient de protection nominal avec des droits de douane
Tableau n°06: Comparaison entre le prix moyen de viande de poulet entier en provenance de
L’UE et le prix moyen du poulet local au niveau de l’un des ports d’Algérie. U : ( euro/kg ).

Avant après l'accord (2006/2010)


l'accord a1 a2 a3 a4 a5
prix communautaire 1.42 1.47 1.48 1.49 1.5 1.51
transport et manutention 0.08 0.0824 0.0829 0.0834 0.0839 0.0844
prix CAF 1.5 1.5524 1.5629 1.5734 1.5839 1.5944
Prix moyen en Algérie 1.95 2.07 2.11 2.15 2.20 2.24
Ecart 0.45 0.52 0.55 0.58 0.61 0.65
CPN1 1.30 1.33 1.35 1.37 1.39 1.41
prix CAF 1.95 2.02 2.03 2.05 2.06 1.83
Ecart 0.00 0.05 0.08 0.11 0.14 0.41
CPN2 1.00 1.03 1.04 1.05 1.07 1.22
Source : Fait par nous même.
Scénario 03 :

Ce scénario est envisagé en émettant trois hypothèses :


1) Les frais de transport maritime évoluent au même rythme que l’évolution des prix des
produits avicoles européens.
2) Taux d’inflation en Algérie se maintient à 2%.
3) On considère que les éleveurs algériens arrivent à réduire les pertes d’aliment d’un
kilogramme par sujet au bout de 05 ans, soit 200 g par an. Ceci entraînerait un gain de 9.6
DA/kg pour un sujet de 2.5kg et un prix des aliments de 2400 DA/Ql. Cette situation aurait
pour conséquence une diminution du prix d’un kilogramme de viande du poulet de 14 %, soit
2,8 % par an en moyenne. (Le coût du poste « aliment » représente 60 % du coût d’un
kilogramme du poulet).

Tableau n°7: Comparaison entre le prix moyen de viande de poulet entier en provenance de
L’UE et le prix moyen du poulet local au niveau de l’un des ports d’Algérie. U : ( euro/kg ).

Avant Après l'accord


l'accord a 1 A2 a3 a4 a5
quantité d'aliment consommé
6.7 6.5 6.3 6.1 5.9 5.7
par sujet
Prix moyen en Algérie 1.95 1.96 1.91 1.86 1.80 1.75
prix communautaire 1.42 1.47 1.48 1.49 1.5 1.51
transport et manutention 0.08 0.08 0.0829 0.0834 0.0839 0.0844
prix CAF 1.5 1.55 1.5629 1.5734 1.5839 1.5944
Ecart 0.53 0.49 0.43 0.37 0.30 0.24
CPN1 1.30 1.26 1.22 1.18 1.14 1.10
prix CAF 1.95 2.02 2.03 2.05 2.06 1.83
Ecart 0.00 -0.05 -0.12 -0.19 -0.26 -0.08
CPN2 1.00 0.97 0.94 0.91 0.88 0.96
Source : Fait par nous même.
Dans ce cas de figure, le tableau n°7 montre que sans droits de douane le produit local ne
serait pas compétitif par rapport au produit étranger. Le différentiel prix serait de l’ordre de
0,37 euro /kg en moyenne soit 33 DA/kg.
Avec des droits de douane de 30 %, un taux d’inflation de 2 %, une évolution des frais de
transport au même rythme que l’évolution des prix des produits avicoles européens et une
amélioration de la productivité des élevages algériens, le CPN descend à 0,92 en moyenne.
Le produit algérien serait alors compétitif face au produit européen.
A l’horizon 2010, la réduction des droits de douane de 50% n’affecterait pas la compétitivité
du produit local (CPN2=0,96).

On doit noter que la consommation d’aliments dans les stations expérimentales en


Algérie est de 5 kg/sujet en moyenne. Dans notre région d’étude, la consommation constatée
était en moyenne de l’ordre de 6.8 kg/sujet. Cela signifie que la réduction des pertes
d’aliments d’au moins 1 kg /sujet est possible.

Globalement, on peut dire que sans droits de douane, les produits locaux ne seraient pas
compétitifs et que la manière la plus efficace pour améliorer la compétitivité des produits
locaux est d’améliorer la productivité des élevages algériens. Cependant, l’instauration de
contingents tarifaires (2500 tonnes par an, soit 1.70 % de la production nationale) protégerait
à moyen terme la production locale de la concurrence étrangère.

Concernant l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation Mondiale de Commerce, les


négociations sont encore en cours, ce qui ne nous permet pas d’anticiper l’évolution de la
situation .Toutefois, une comparaison des prix du poulet provenant du Brésil, montre que le
différentiel prix peut atteindre 1.01 euro /kg, soit 88,88 DA/kg sans tenir compte des droits de
douane.

En conclusion, le CPN est supérieur à 1 avec et sans droits de douane, cela signifie que le
produit local n’est pas compétitif au produit brésilien. Par conséquent, la protection du
marché local de la concurrence étrangère (Brésil) nécessiterait l’instauration d’un droit de
douane d’au moins 60 %, ce qui inacceptable. En Algérie, le droit de douane consolidé est de
30 %.

Tableau n°08 : Comparaison entre le prix moyen de viande de poulet entier en Provenance
de Brésil et le prix moyen du poulet local au niveau de l’un des ports d’Algérie
Frais (euro/kg)
10
Prix de gros au Brésil en 2003 0.78
11
Transport et manutention 0.16
Prix CAF 0.94
Prix de gros en Algérie en 2003 1.95
Ecart 1.01
CPN1 2.07
Prix CAF 1.22
Ecart 0.73
CPN2 1.60
Source : Fait par nous même.

10
Une étude réalisée par l’INRA de France, montre que le différentiel prix sortie abattoir entre l’UE et le Brésil est estimé à
45 % au début 2003
11
Sur la base des frais de transport de viande de poulet du Brésil à Djeddah (0,24 euro/kg), on a estimé que les frais de
transport (Brésil–Algérie) reviendrait à 0,16 euro/kg.( La distance entre Brésil et l’Algérie fait approximativement 2/3 la
distance entre Brésil et Djeddah)
Pour répondre à la problématique du coût de production du poulet de chair, nous avons
proposé un projet pilote qui s’inscrit dans une logique d’économie d’échelle. Le projet
consiste en un élevage de 12000 sujets/bande, et 5 bandes par an d’une durée de 57 jours
chacune. Le type de bâtiment et la conduite d’élevage, nous permettent de réaliser des
performances meilleures, taux de mortalité de 5%, indice de consommation de 2.5..

Notre projet vise une part de marché régionale de 20%, ce qui représente 114 121 kg de
poulet par an12 (tableau n°9)

Tableau n° 9: les activités

Activités Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5

marché 0,20 570 606,6 582 018,7 593 659,11 605 532,29 617 642,93
Vol. ventes 114 121,3 116 403,7 118 731,8 121 106,5 123 528,6
Var. vol. stock 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Vol. production 114 121,3 116 403,7 118 731,8 121 106,5 123 528,6
Vol. investissement 1,0 0,0 0,0 0,0 0,0
vol. immobilisation
1,00 1,00 1,00 1,00 1,00
sup
vol, structure 1,0 1,0 1,00 1,00 1,00
Source : notre analyse à partir du logiciel evalpro

Le tableau ci-dessous nous montre les résultats prévisionnels de l’activité sur 5 ans. Le
nombre de bande par an et le nombre de sujets installés sont les principaux éléments retenus
dans ce projet, on vise à augmenter la productivité des ateliers et réduire les coûts de
production.

Scénario 04 :

Ce scénario est envisagé en émettant deux hypothèses:


3) Prix des produits locaux après lancement du projet seront stables
4) Frais de transport seront stables.

L’examen des deux tableau fait ressortir un coût de production de : 79.15 ; 76.36 ; 74.62 ;
73.38 et 72,79 DA respectivement de la première à la cinquième année du lancement du projet. La
marge que détient les différents intermédiaires est en moyenne de 60% du coût de production 13 . Il
ressort du tableau n°11 que le prix de vente du poulet de chair produit après lancement du projet est
compétitif à celui du poulet provenant de l’UE à partir de la première année du projet si on ne tient pas
compte des droits de douane, et à partir de la première année en intégrant dans nos calculs les droits de
douane.

12
Nos calculs tiennent compte du taux de mortalité (5%) et du rendement en carcasse de 73%.
13
Diverses enquêtes
Tableau n°10 : Les résultats analytiques

Produits Activité Prix Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5

Production vendue Vol. ventes 100 11 412 132 11 640 375 11 873 182 12 110 646 12 352 859
Ventes de marchandises Vol. ventes
Production stockée Var. vol. stock

Total des produits d’exploitation 11 412 132 11 640 375 11 873 182 12 110 646 12 352 859

Charges Activité Prix Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5

Consom. De Mat. Stockées Vol. production 51 5 820 187 5 936 591 6 055 323 6 176 429 6 299 958
Main d’oeuvre productive Vol. production
Personnel d’encadrement Vol. structure 600 000 600 000 600 000 600 000 600 000 600 000
Frais divers Vol. structure 500 000 500 000 500 000 500 000 500 000 500 000
Taxes et impôts Vol. production 9 1 027 092 1 047 634 1 068 586 1 089 958 1 111 757

Dotation aux amortissements 1 085 075 803 806 635 605 520 454 479 840

Coût de production /kg après impôt 79,15 76,36 74,62 73,38 72,79
Source : notre analyse à partir du logiciel evalpro
Tableau n°11 : Comparaison entre le prix moyen de viande de poulet entier en provenance de
L’UE et le prix moyen du poulet algérien après la réalisation du projet. U : (euro/kg).

Avant Après l’accord (2006/2010)


l’accord a1 a2 a3 a4 a5
Prix communautaire 1.42 1.47 1.48 1.49 1.5 1.51
Transport et manutention 0.08 0.08 0.08 0.08 0.08 0.08
Prix CAF hors droits de
1.5 1,55 1,56 1,57 1,58 1,59
douane
Prix moyen en Algérie (cas
1.95 1,59 1,53 1,50 1,47 1,46
de notre projet)
Ecart 0.45 - 0,04 0,03 0,07 0,11 0,13
CPN1 1.30 1,03 0,98 0,95 0,93 0,92
Prix CAF + droits de
1.95 2,02 2,03 2,04 2,05 1,83
douane
Ecart 0 - 0,43 - 0,50 - 0,54 - 0,58 - 0,37
CPN2 1.00 0,79 0,76 0,73 0,72 0,80
Source : Fait par nous même.

Conclusion :

Malgré l’expérience importante dont bénéficie l’aviculture intensive algérienne, beaucoup


d’éleveurs ne maîtrisent pas la technique d’élevage : mauvaise utilisation des moyens de
production, négligence des règles d’hygiène … ceci se traduit par des performances
médiocres : un prix de revient élevé, mauvais indice de consommation. Ne pouvant pas
concurrencer les produits avicoles des grands aviculteurs pratiquant un élevage rationnel,
notamment après l’adhésion de l’Algérie à la zone de libre échange euro-méditerannéenne et à
l’OMC, ces éleveurs sont appelés à disparaître, pour laisser terrain aux professionnels.
Toutefois, l’aviculture algérienne doit s’inscrire dans une logique d’économie d’échelle et
améliorer la productivité des ateliers de production pour pouvoir affronter la concurrence
étrangère.
Références bibliographiques

Agricutural Economics Research Institute (2001) : Marchés mondiaux : la difficile


compétitivité de l’Europe. Pays Bas.

AMGHROUS.S (2005) : l’impact de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC et à la zone de libre


échange UE/Pays méditerranéens sur la filière avicole « segment poulet de chair », thèse de
Magister, option Développement Rural, INA Alger.

KHEFFACHE H (2006) : Etude de la rentabilité de l’investissement dans l’aviculture chair,


cas de la daïra d’Aflou, thèse de Magister, option Développement Rural, INA Alger.

Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, D.A.S.I, Recensement général de


l’Agriculture. Rapport général sur les résultats définitifs. Alger. Juin 2003.

OFAL 2000 : Filières et marchés des produits avicoles en Algérie, rapport annuel, ITELV.
Algérie

OFAL 2001 : Filières et marchés des produits avicoles en Algérie, rapport annuel, ITELV.
Algérie

Rapport de l’accord d’association de l’Algérie avec l’UE/Pays méditerranéens, 2001

USDA : www.USDA.gov

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