TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
Techniques L’expertise technique et scientifique de référence
de l'Ingénieur
p2645
am3511
Spectrométrie
Essais mécaniquesdedes
masse - Principe
plastiques -
et appareillageà long terme et ténacité
Caractéristiques
Michel SABLIER
Chargé de recherches au CNRS, École Polytechnique, DCMR, Palaiseau
Guy BOUCHOUX
Professeur à l’université Paris XI (Orsay), École Polytechnique, DCMR, Palaiseau
Michel SABLIER
Chargé de recherches au CNRS, École Polytechnique, DCMR, Palaiseau
Copyright
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2014 | Techniques
Techniques de
de l’Ingénieur
l'Ingénieur | tous droits réservés
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e deuxième article sur les Essais mécaniques des plastiques présente les
C
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modalités :
— des essais de comportement à long terme, tels que fatigue dynamique,
fluage, fissuration sous contrainte..., qui génèrent des données nécessaires aux
calculs de conception (ingénierie) et à la prévision des durées de vie, informa-
tions malheureusement encore trop rarement disponibles dans la littérature
technique ;
— des essais de mécanique de la rupture, pour la détermination de grandeurs
caractérisant la résistance des matériaux à l’amorçage et à la propagation de fis-
sures et pouvant également être prises en compte dans des calculs de structure.
Relativement nouveaux en terme de concepts et de méthodologies, ces essais
sont encore peu pratiqués sur polymères mais se développent à un rythme tel
que l’on peut espérer voir apparaître les caractéristiques correspondantes dans
les catalogues et banques de données des multiples nuances commerciales de
polymères industriels dans un proche avenir.
On attirera l’attention sur la particularité de ces essais qui, dans les deux cas,
permettent d’accéder à des données utilisables à des fins de conception, de
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1. Détermination σ
du comportement
σ0
mécanique à long terme
c vitesse de fluage
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Les machines actuelles ont souvent des systèmes de mise en ■ Systèmes optiques : le cathétomètre est un instrument constitué
charge soit mal adaptés, soit très lents. Dans ce dernier cas, les par une lunette horizontale se déplaçant sur une règle verticale gra-
temps de mise en charge peuvent atteindre 2 à 3 min, après duée, et permettant de mesurer la distance entre deux points. C’est
lesquelles le comportement de l’éprouvette est fortement perturbé. le système optique le plus économique et le plus utilisé, en parti-
On conseillera en conséquence plutôt l’utilisation de vérins hydrau- culier en traction. Un seul appareil permet en effet de faire des
liques ou pneumatiques ou de moteurs électriques à vitesses de mesures de déformation entre repères, sans contact, sur plusieurs
déplacement constantes qui permettent une mise en charge rapide, séries d’éprouvettes. Les repères de référence sont soit gravés sur
sans à-coups et sans surcharge initiale provisoire, et qui constituent des brides de fixation métalliques, soit appliqués au moyen d’une
en outre la solution la plus simple et la plus économique. Il existe peinture inerte et thermostable. Si le cathétomètre présente l’avan-
par ailleurs des solutions originales, qui permettent d’appliquer un tage d’être compatible avec des essais à long terme, et notamment
effort proportionnel au temps et font appel, soit à un bras de levier avec les essais de rupture en fluage, il pose cependant des problè-
croissant au cours du temps (mise en charge de type Chevenard), mes à la mise en charge. Une bonne définition du début du phéno-
soit à une pompe péristaltique (cf. § 1.3 et [1]). mène nécessite en effet, en complément, l’utilisation d’un capteur
Pour permettre un bon alignement de l’éprouvette avec le sys- électronique. En outre, les enceintes climatiques doivent être dotées
tème de mise en charge ou pour rattraper les jeux de l’équipement d’une fenêtre et le caractère discontinu de la mesure peut ne pas
d’essai, il peut être nécessaire de précharger légèrement l’éprou- mettre en évidence certaines transitions. D’autres systèmes opti-
vette avant l’accroissement final de l’effort jusqu’à la charge d’essai. ques peuvent également être utilisés (extensomètre à franges
Il faut, dans ce cas, s’assurer que la précharge n’influe pas sur le d’interférence de Moiré par exemple) mais restent coûteux et déli-
résultat des essais. cats à mettre en œuvre.
En outre, lors des essais de rupture en fluage, il convient de pren-
dre les dispositions nécessaires pour éviter de transmettre des 1.1.1.4 Expression des résultats
chocs ou des vibrations aux dispositifs de fluage adjacents au
moment où intervient la rupture d’une éprouvette. Les résultats des essais de fluage sont présentés (figure 3) sous
forme de courbes de fluage déformation–logarithme du temps,
pour différentes contraintes et différentes températures, mais égale-
1.1.1.3 Mesure des déformations ment sous forme de courbes transposées, selon le but poursuivi :
— courbes module de fluage–temps, pour différentes contraintes
La mesure de la déformation de la partie calibrée (longueur de et différentes températures ;
référence) de l’éprouvette doit être réalisée au moyen d’un dispositif — courbes isochrones contrainte–déformation, à temps et à tem-
avec ou sans contact, sans influencer le comportement de l’éprou- pératures spécifiés, pour la détermination des seuils de linéarité par
vette par le biais d’effets mécaniques (déformations indésirables exemple ;
additionnelles, entailles, etc.), physiques (échauffement de l’éprou- — courbes isométriques contrainte–temps, à déformation et à
vette, etc.) ou chimiques (réaction avec des fluides de marquage ou température spécifiées, pour la détermination des courbes de durée
des adhésifs, etc.). Le choix des dispositifs de mesure s’appuie sur de vie pour une déformation jugée critique ;
deux caractéristiques propres aux essais de fluage : — courbes contrainte–température, à temps et à déformation
— la faiblesse des déformations (inférieures à 10 %) ; spécifiés ;
— la longueur des essais (de plusieurs jours à plusieurs années). — représentation en trois dimensions, dans la mesure où les
On retiendra des instruments de mesure précis, stables et peu données initiales obtenues lors de l’essai de fluage sont liées par
onéreux. Différentes solutions sont possibles, sachant qu’une une relation de la forme ε = f (t, σ), qui peut être représentée comme
mesure directe de la déformation sur l’éprouvette est toujours pré- une surface dans un espace tridimensionnel.
férable à une mesure du déplacement des mors. La poursuite des essais de fluage jusqu’à un seuil fixé de dégrada-
tion du matériau permet d’obtenir des courbes de rupture en fluage,
■ Mesures entre mors : les mesures du déplacement relatif des sys- encore appelées courbes de durée de vie statique ou enveloppes de
tèmes de fixation des éprouvettes sont à déconseiller car elles peu- rupture en fluage, donnant la contrainte initiale appliquée en fonc-
vent entraîner des erreurs considérables (200 à 300 %). Si la tion du temps d’apparition de la dégradation, dans des conditions
méthode est néanmoins employée, il convient de déterminer des de température et d’environnement données.
facteurs de correction adéquats, fonction de la géométrie et du
comportement du matériau à l’étirage, de manière à calculer la Le critère de fin de vie dépend du comportement du matériau et
déformation de la partie calibrée de l’éprouvette. du problème à résoudre. On retiendra par exemple :
— la rupture pour les matériaux fragiles, c’est-à-dire présentant
■ Systèmes mécaniques : les extensomètres mécaniques de type
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σ3
Déformation au fluage ε
Contrainte σ
(valeurs croissantes)
Contrainte σ
(valeurs croissantes)
P'3 σ2
Température θ
P3
P'2 σ1
P2
θ1
P'1
P1 θ2
θ3
t1 t2 Logarithme du temps
Logarithme du temps
Déformation ε
Enveloppe de
rupture en fluage
Module de fluage E
(valeurs croissantes)
Contrainte σ
σ1
P1 P'1
P2 σ2
P'2
σ3 Contrainte σ
P3
P'3 (valeurs croissantes)
t1 t2 Temps t
Logarithme du temps
Section de Section de
temps constant déformation
t1
Temps t
t2
P3
σ3
P'3
P2
σ2 Section de contrainte
P'2 constante (courbe de fluage)
P1
σ1 Co
P'1 ntr Déformation ps
ain tem
te du
e
rithm
Déformation au fluage ε ga
Lo
c courbes isochrones contrainte-déformation f représentation en 3 dimensions
[d'après norme NF EN ISO 899] [d’après norme ASTM D 2990]
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1.1.2 Relaxation
t
En théorie, la relaxation est un phénomène qui se manifeste
dans un matériau par une diminution de la contrainte en fonction b contrainte résultante mesurée
du temps lorsqu’est appliquée instantanément une déformation
constante, dans une configuration de sollicitation donnée (figure 5). Figure 5 – Courbes de relaxation
Expérimentalement, il est impossible d’appliquer une déforma-
tion en un temps nul. On peut d’ailleurs reprendre dans leur généra-
lité les principes relatifs à la mise en charge en fluage, d’où la (NF T 46-009, ISO 2285, ISO 12244) ou en compression (NF T 46-
nécessité d’appliquer une déformation proportionnelle au temps 011, ISO 815), à températures ambiante, élevées ou basses. La
pendant un temps t 0 faible (5 s) et de lire l’effort après un temps déformation rémanente peut être exprimée soit en pourcentage de
égal à 10 t 0. En pratique, la mise en charge est complexe : pour la longueur de référence initiale, soit en pourcentage de l’allonge-
déformer effectivement à vitesse constante la partie calibrée de ment imposé.
l’éprouvette et non la longueur entre mors, il est nécessaire d’asser-
vir le déplacement du mors mobile à la déformation de la partie cali-
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limite pratique ou conventionnelle pour laquelle la rupture n’inter- Quant au mode de sollicitation, les essais peuvent être menés en
vient qu’après un certain nombre de cycles qui peut être imposé traction, flexion, compression ou torsion, voire sous des modes de
dans la durée de vie en utilisation ou, le plus souvent, par l’appa- sollicitation combinés ou multiaxiaux (pression interne dans le cas
reillage d’essai. de tubes et de réservoirs). Les essais de flexion sont les plus prati-
qués (et normalisés) en raison de leur simplicité de mise en œuvre.
Les fréquences d’essai habituellement choisies vont de 0 à 25 Hz
1.2.1 Principe général des essais et les efforts impliqués couvrent la gamme 10 à 500 N dans la plu-
part des cas.
Les méthodes d’essais diffèrent principalement suivant le type, la Les essais sont conduits jusqu’à des nombres de cycles de 106 à
nature et le mode de sollicitation imposée. 107 cycles, voire même 108 cycles (fatigue en régime gigacyclique),
La sollicitation peut être une grandeur de type périodique, le plus avec un nombre d’éprouvettes important pour réduire la dispersion
souvent sinusoïdale, variant entre deux valeurs extrêmes smin et due à l’usinage et au montage de l’éprouvette, à une variation des
smax, que l’on peut écrire en ne considérant que le signal fondamen- paramètres opératoires (température, fréquence, etc.), à une hétéro-
tal sous la forme : généité du matériau. Ces effets ont en général une influence plus
s = s m + s a sin ω t importante que dans d’autres essais.
avec ω pulsation,
t temps, 1.2.2 Dispositifs expérimentaux
sm signal moyen,
sa amplitude du signal. En ce qui concerne les matériels d’essai, beaucoup plus comple-
xes qu’en fatigue statique, en utilisant toutes les combinaisons pos-
Selon la position relative du signal par rapport à 0, c’est-à-dire sui- sibles de traction, compression, flexion ou torsion, indépendantes
vant les valeurs relatives de sm et sa, et celle du rapport R = smin/smax, ou non, statiques et dynamiques, on arrive aux quatre classes
on distingue différents types de sollicitation : d’équipements hydrauliques ou électromécaniques suivantes :
— alternée symétrique (sm = 0 et R = –1) ou dissymétrique — machines à efforts axiaux ;
( s m < s a et R < 0), — machines à flexions planes ou rotatives ;
— répétée (sa = sm et R = 0 ou R = + ∞ ), — machines à torsions ;
— ondulée ( s m > s a et R > 0). — machines à efforts combinés.
La figure 6 illustre ces différents types de signaux dans le cas Ils sont équipés de capteurs dynamométriques et extensométri-
d’une contrainte imposée. Par simple transposition de la figure, on ques, et le plus souvent d’une commande programmable avec
obtient les mêmes types de sollicitation à déformation imposée. microprocesseur, permettant précision et souplesse quant à la
forme des signaux d’entrée. Le type d’appareil dépend de la
En pratique, les sollicitations imposées sont de deux natures : soit
méthode d’essai pratiquée.
déformation, soit contrainte. Comme en fatigue statique, l’essai à
déformation imposée est moins sévère car le caractère viscoélasti- De même, la géométrie et les dimensions des éprouvettes de fati-
que du matériau entraîne, par relaxation, une diminution progres- gue dynamique sont étroitement dépendantes de la méthode
sive de l’amplitude statique et dynamique de la contrainte. Le d’essai choisie. Des éprouvettes haltères ou rectangulaires analo-
phénomène inverse est observé à contrainte imposée, la déforma- gues à celles utilisées pour les essais instantanés sont en général
tion croissant au cours du temps par fluage. recommandées (NF T 51-120). Plus rarement sont également utili-
sées des éprouvettes cylindriques (pour les essais de flexion rota-
tive) ou triangulaires (c’est-à-dire de type haltère à partie calibrée de
largeur variable) (ASTM D 671).
1<R<+` –`<R<0 Pour ce qui est du mode opératoire, peuvent être pratiqués des
Contrainte σ
0<R<1
essais de fatigue en :
— traction ;
0 > σmax > σmin σmax > 0 > σmin σmax > σmin > 0 — flexion trois ou quatre pannes ;
— flexion sur éprouvettes encastrées ;
σa — flexion à moment constant ;
σm — flexion par flambement ;
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0 — flexion rotative.
Temps t
■ Les essais de traction répétée ou ondulée sont souvent utilisés
pour les composites ou pour les thermoplastiques sur éprouvettes
entaillées (§ 2).
■ Les essais de flexion répétée ou ondulée trois ou quatre pannes
Contrainte ondulée
Contrainte alternée
Contrainte alternée
σmax = 0
Contrainte répétée
dissymétrique
σm = 0
Contrainte
purement alternée
dissymétrique
σmin = 0
Contrainte répétée
Contrainte ondulée
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,
Capteur de force Extrémité encastrée
θ
Éprouvette Mesure de la force
X' Éprouvette par capteurs
,
,, ,,
Appuis Appuis fixes
d’extrémités Course c
Extrémité libre
X'
,,, ,,
θ
,
θ Berceau
,,,
Principe X
de l'essai
,,,
Axe de translation Axe de rotation du berceau
alternative
(amplitude c, Axe de rotation du moteur
fréquence f2 = 2 f1) Réglage de l’amplitude de l’angle
X Axe de rotation
du moteur
(fréquence) Figure 9 – Schéma de principe d’une machine de fatigue à rotation
Axe de rotation
alternative d’encastrement en flexion alternée (d’après norme NF T 51-120-2)
d’amplitude 2 θ
et de fréquence f1
A 20,6
50,8 A 12,7 23,8
,,,,
Arbre moteur
Excentrique
Bielle-coulisseau 36,5 31,8
,,,,
78
,
A trous de fixation (ø = 4,8)
R rayons de courbure
Palier
Les cotes indiquées sont en millimètres
Éprouvette
laquelle une éprouvette haltère triangulaire (figure 10) est parfaite-
Plateau
ment encastrée à une extrémité et une force d’amplitude constante
appliquée à l’autre extrémité. La géométrie particulière de l’éprou-
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2a 1 Arbre moteur
11
c Excentrique
δa
12
Éprouvette 2b Galet
3
1 2a Support de galet
Capteur d’effort
2b 1
Palier
,,,,,
Axe de rotation
,,
,, ,,
Support
,,,,,
Support d’éprouvette
Position de l’éprouvette par 9 (libre en rotation) d’éprouvette
4
rapport à l’axe de rotation 5
,, ,,,,,
1 10 Palier
8 Éprouvette
,, ,,
6
7 Vis de f
serrage
Éprouvette Support
Axe de Éprouvette centrée sur l’axe d’éprouvette
Principe de l’essai en flexion rotation de rotation du support
à moment constant Palier
figure 12. Le support des éprouvettes doit être muni d’un dispositif Éprouvette
d’autoalignement et garantir, d’une part, une totale liberté en rota-
tion des extrémités, et d’autre part, une parfaite coïncidence des
extrémités de l’éprouvette et des axes de rotation des supports.
■ L’essai de flexion rotative, bien que nécessitant des éprouvettes
cylindriques peu compatibles avec la géométrie habituelle des
Charge
objets en plastique, est quelquefois utilisé. La répartition des
moments de flexion peut être constante ou non, suivant la position b couple variable
des charges appliquées par des roulements orientables (figure 13).
Dans ces configurations d’essai, un élément de volume est alterna-
tivement soumis à des contraintes de traction puis de compression Figure 13 – Principe de l’essai de fatigue en flexion rotative
sous l’effet de la rotation continue de l’éprouvette.
1.2.3 Expression des résultats respond au nombre de cycles appliqués à une éprouvette jusqu’à ce
que soit atteint le critère de fin de vie prévu. La limite d’endurance
est la valeur limite maximale vers laquelle tend la contrainte (ou la
La durée de vie est établie pour un type de sollicitation, un rapport déformation) lorsque le nombre de cycles de sollicitation tend vers
de contrainte (ou de déformation) et une fréquence donnés. Elle cor- l’infini. En pratique, on définit une limite conventionnelle d’endu-
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σ
100
s max = αt sin ωt
N
Pour chaque valeur de α, on note la valeur de sR à la rupture. Prot
Figure 14 – Types de comportement en fatigue dynamique
(d’après norme NF T 51-120-1) [5] a montré que sR est une fonction linéaire de α et que la limite
de sR lorsque α tend vers zéro est la limite d’endurance du matériau.
rance pour un critère de fin de vie et un couple nombre de cycles/fré- Pour plus de détails sur les différents modes de représentation et
quence déterminés. d’exploitation possibles des essais, le lecteur pourra utilement se
La fin de vie est une notion difficile à définir dans l’absolu car elle reporter à la référence [33] de la bibliographie. On peut aussi citer
introduit une notion d’endommagement limite qui est fonction du comme exemple de répertoire de données la référence [6] qui four-
mode de sollicitation, du comportement du matériau et de l’appli- nit des centaines de courbes de fatigue dynamique sur différentes
cation envisagée pour la pièce. Ainsi, dans le cas d’un essai à matières plastiques.
contrainte imposée constante, l’arrêt de l’essai est souvent condi- Il convient de noter que la dégradation ne se manifeste pas néces-
tionné par la machine qui ne peut indéfiniment augmenter son sairement par une rupture fragile. Suivant la nature des matériaux,
déplacement. Le critère de fin de vie sera défini comme le nombre des microfissures, un blanchiment, un étirage, un ramollissement
de cycles nécessaire pour que le déplacement atteigne une valeur ou des ruptures progressives peuvent aussi être observés :
conventionnelle limite. Dans le cas des essais conduits à déforma- — les résines non renforcées périssent ainsi suite à l’amorçage
tion imposée constante, la connaissance du comportement du puis à la propagation rapide d’une ou plusieurs fissures conduisant
matériau est un élément important dans l’application des critères de à une rupture fragile nette de l’éprouvette en deux parties ;
fin de vie. Schématiquement, il est possible de distinguer en effet
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Lorsqu’un polymère, renforcé ou non, est soumis dans l’air à une Environnement
1,6
contrainte ou une déformation en dessous de son seuil d’écoule-
ment, sa dégradation peut intervenir après une durée très longue,
1,2
comme on l’a vu au paragraphe 1.1. L’exposition simultanée à un Air
milieu chimique liquide, plus rarement gazeux ou solide, et dans
0,8
certains cas totalement neutre vis-à-vis du matériau considéré, avec
la même contrainte ou déformation très faible, peut conduire à une
0,4
réduction spectaculaire du temps de rupture. Ce phénomène corres-
pond à la fissuration sous contrainte dans un environnement
0
donné, encore appelé tensiofissuration [environmental stress-crac-
1 10 102 103 104 105 106 107
king (ESC)]. La contrainte ou déformation à long terme admissible
peut être considérablement réduite de ce fait et des ruptures préma- Temps (s)
turées peuvent se produire soudainement (figures 16). b fluage
Environ 15 % des défaillances en service de pièces plastiques sont
engendrés par ce phénomène, important pour de nombreuses
applications et dont les mécanismes restent encore actuellement Figure 16 – Courbes types d’un polymère dans l’air
mal expliqués. On notera qu’en pratique l’application d’un charge- et en contact avec un fluide (d’après [1])
ment mécanique externe n’est pas nécessaire à l’amorçage de ce
type de dégradation : des contraintes internes résultant du proces-
sus de moulage ont la même action. De même, une immersion dans — en fluage, la déformation critique totale en traction (déforma-
le fluide peut être remplacée avec les mêmes effets par un simple tions élastique et inélastique) pour laquelle les craquelures sont ini-
contact : c’est souvent le cas des adhésifs, laques, lubrifiants, déter- tiées est donnée par :
gents, encres... appliqués en surface des pièces.
ε crit = J ( 0 ) ⋅ σ + K = ε ( 0 ) + K
un environnement donné est délicate et s’appuie sur : — en relaxation, la contrainte critique à partir de laquelle le cra-
zing est observé est exprimée par :
— des critères fondés sur des grandeurs mécaniques et
viscoélastiques, conduisant à la détermination de déformations, de σ crit = σ ( 0 ) ⋅ ( 1 – K ⁄ ε )
contraintes ou d’énergies de déformation inélastique critiques ;
— des critères de solubilité et de tensions superficielles permet- avec σ (0) contrainte instantanée maximale générée sous
tant de juger de la susceptibilité d’un matériau à un liquide donné ; conditions de relaxation de contraintes,
— la mécanique de la rupture et la détermination de facteurs ε déformation constante appliquée.
d’intensité de contraintes en vue d’une prévision des vitesses de
propagation de fissures. K est de l’ordre de 0,1 % pour un polymère amorphe (PVC).
Le critère d’énergie de déformation inélastique, proposé par
Brüller [10], considère quant à lui que le crazing est initié lorsque la
1.3.1.1 Critères mécaniques et viscoélastiques
densité d’énergie de déformation inélastique (énergie d’incubation
Deux critères simples prennent en compte le caractère viscoélas- du crazing) en traction dépasse une valeur critique Wcrit telle que :
tique des polymères [8] : le critère de déformation inélastique K et le ε crit = J ( 0 ) ⋅ σ + W crit ⁄ σ = ε ( 0 ) + ( W crit ⁄ σ ) (en fluage)
critère d’énergie de déformation inélastique W.
Le critère de déformation inélastique, introduit par Wright [9], De par leur formulation même, ces critères ne permettent pas de
considère que le crazing est initié à partir d’un niveau critique prendre en compte la présence du fluide environnant ni celle de
constant K de déformation inélastique en traction, qui peut être défauts éventuels. Ils sont en conséquence mal adaptés à la prévi-
exprimé soit en fluage soit en relaxation : sion du phénomène de fissuration sous contrainte.
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1.3.1.2 Critères de solubilité et d’énergie de surface milieu environnant, il faut prendre en compte le paramètre de ten-
sion superficielle dans la prévision du phénomène de tensiofissura-
Ces critères sont fondés sur le fait que la fissuration sous
tion.
contrainte est en partie liée au degré de plastification du matériau.
En première approximation, cette tendance peut être décrite par la En somme, la différence entre les paramètres de solubilité du
différence des paramètres de solubilité du fluide et du polymère, la polymère et du fluide environnant permet de déterminer si la fissu-
variation de masse du polymère ou la comparaison des tensions ration sous contrainte dépend principalement du phénomène de dif-
superficielles du polymère et du fluide environnant [11]. fusion-gonflement ou du phénomène de mouillage. Lorsque ce
dernier prédomine, il convient alors de considérer les tensions
Le paramètre de solubilité permet de déterminer l’affinité d’un
superficielles. De la même manière, en terme de variations de
corps donné pour un autre corps. Il est en effet l’image d’une den-
masse du polymère, si la masse augmente, la fissuration sous
sité d’énergie de cohésion, intègre dans sa définition la capacité que
contrainte est générée par un mécanisme de diffusion ; si elle reste
possède un matériau ou un fluide à établir des interactions de type
constante, les tensions superficielles sont à considérer et, si elle
Van der Waals, liaisons hydrogène ou liaisons dipolaires, et fait par-
diminue, la tensiofissuration est alors déterminée par l’élimination
tie entre autres des paramètres définissant l’absorption d’un liquide
d’un composant du polymère.
par un polymère. Si δp et δ < sont les paramètres de solubilité du
polymère et du liquide, alors la différence entre ces deux grandeurs On peut citer comme exemple de répertoire de données la réfé-
permet de diviser les milieux environnants en deux groupes : rence [12], qui fournit des valeurs de paramètres de solubilité et
— si δ p – δ < » 0 , le milieu est dit sans influence ou d’influence seuils de crazing des principales familles de polymères et de fluides
modérée, essentiellement à la surface du polymère ou des surfaces d’immersion.
nouvellement constituées, et le processus de mouillage détermine On notera cependant que ces différents critères sont intéressants
alors la fissuration sous tension, le gonflement et la diffusion ayant, quand il s’agit d’expliquer, dans le cas où la fissuration sous con-
quant à eux, une influence négligeable. En effet, si δ p » δ < , le poly- trainte intervient, quel est le mécanisme gouvernant le phénomène.
mère constitue une barrière et n’autorise pas l’accès des molécules En revanche, ils trouvent leur limite lorsqu’il s’agit de prévoir le
de fluide, et si δ p « δ < , les molécules de fluide restent liées entre niveau de contrainte ou de déformation engendrant l’apparition de
elles et n’ont pas tendance à pénétrer le polymère ; la dégradation et le temps d’induction du phénomène.
— si δ p – δ < → 0 , le milieu est dit gonflant ou d’influence impor-
tante, et le gonflement et la diffusion ont alors une influence maxi-
male, les molécules de fluide ayant toute facilité à pénétrer le 1.3.1.3 Critères de mécanique de la rupture
polymère.
Les critères de mécanique de la rupture, enfin, cherchent à prévoir
Une autre grandeur permet de caractériser la susceptibilité à la le phénomène de fissuration sous tension en prenant en compte
fissuration sous contrainte : la variation de masse du polymère, ce l’existence initiale de défauts superficiels ou volumiques au sein de
dernier pouvant présenter selon les milieux environnants une aug- tout matériau.
mentation de masse importante, une faible ou pas d’augmentation
de masse, ou une diminution de masse. Ce facteur peut être relié au Menges [13] établit ainsi une relation entre la déformation critique
paramètre de solubilité : pour laquelle apparaît la première fissure εcrit, la tension superfi-
cielle du matériau γ, le module d’élasticité E et la longueur des plus
— les couples milieu-polymère dont δ p – δ < → 0 présentent
grands défauts rmax :
généralement une augmentation de masse importante due à
l’absorption de fluide ; γ 1⁄2
— les couples milieu-polymère dont δ p – δ < » 0 présentent peu ε crit = Cte ⋅ --------------------
E ⋅ r max
ou pas de variation de masse et il convient de s’intéresser alors à
leurs tensions superficielles dans la prévision du phénomène de Des approches plus récentes [14] à [16] appliquent directement
tensio-fissuration ; les concepts de la mécanique de la rupture (§ 2) en calculant des fac-
— une diminution de masse enfin peut se produire lorsque le teurs d’intensité de contrainte, en mode I, KI et des vitesses de pro-
fluide élimine des composants de bas poids moléculaire (mono- pagation de fissure V, en introduisant des notions de longueur de
mère, oligomères ou additifs par exemple), ce qui est également défaut initial ai et de longueur critique de défaut ac et en déduisant
générateur de tensiofissuration. des durées de vie avant rupture catastrophique tc. Par exemple en
En dernier lieu, peuvent être considérées les tensions superficiel- utilisant une intégration de la loi donnant la vitesse de fissuration en
les, qui permettent de définir la capacité de mouillage de deux fonction de la ténacité KI [15] :
corps. On a ainsi :
— pour un fluide : da
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V = ------- = C ( K I ) m = C ( σY a ) m
dt
γ< = k ⋅ V 1 ⁄ 3δc
<
ac K Ic
∫ ∫
avec γ < et δ < respectivement tension superficielle et para- da 2 K 2
soit t c = ------- = -------- -----I dK I = -------------------------------------
- [ K 2 – m – K Ic
2 – m] et
mètre de solubilité du fluide, V σY V σ 2Y 2C ( m – 2 ) Ii
ai K Ii
V volume molaire, en simplifiant pour des longueurs de défaut initiales faibles
k et c
constantes telles que k = 0,13 à 0,002 et c = 3,3 à ( K Ii « K Ic ) on a :
1,6 ;
— pour un polymère (formule empirique) :
2 a i[ 1 – ( m ⁄ 2 ) ]
t c = -------------------------------------
-
γ p = 0, 75 ⋅ δ p3 ⁄ 4 ( m – 2 )C σ 2 Y 2
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1.3.2 Principes généraux des essais temps (§ 1.2). En revanche à charge imposée, la contrainte reste
quasi constante.
Le phénomène étant, on l’a vu, difficilement prévisible, il néces- En pratique cependant, les essais sont menés en général en
site toujours des essais préliminaires cherchant à reproduire les flexion, à déformation imposée et sur des temps courts plutôt qu’en
conditions d’utilisation réelles. Cependant la caractérisation de la traction, à contrainte imposée et sur des temps longs, ceci pour des
fissuration sous contrainte (ESC) est complexe parce qu’elle est questions de coûts liés aux investissements matériels requis par les
influencée par de nombreux paramètres comprenant : machines de fluage, les montages de relaxation étant souvent plus
— les dimensions des échantillons ; simples. Ce choix est à regretter et il convient de préférer les essais
— l’état du matériau (orientation, structure amorphe, semi-cris- à contrainte imposée aux essais à déformation imposée, ces der-
talline ou réticulée, contraintes internes, qualité des interfaces, niers étant très aléatoires dans leurs résultats car dépendant
microdéfauts superficiels) ; considérablement des mécanismes de relaxation propres au poly-
— la contrainte et la déformation appliquées ; mère testé.
— la température de l’essai ; Outre leur coût, le problème majeur des essais à charge imposée
— la durée de l’essai ; est que, en l’absence d’information préalable sur la sévérité de
— le milieu chimique (nature, viscosité, paramètres de solubilité, l’interaction avec le milieu environnant, il est difficile de choisir un
point d’ébullition, volume molaire, masse moléculaire) ; niveau de contrainte qui conduira à un résultat significatif dans un
— la méthode d’essai ; intervalle de temps raisonnable. Cette difficulté augmente lorsque la
— le critère de défaillance (rupture, crazing, fissuration, blanchi- sévérité de l’attaque diminue. En conséquence, les interactions
ment). polymère/milieu moyennement ou peu agressif sont moins bien
En gardant tous les paramètres constants, à l’exception d’un seul, caractérisées que les interactions plus sévères. Paradoxalement, ce
l’influence du paramètre sur l’ESC peut être évaluée. L’objectif prin- sont cependant ces interactions les moins sévères qui tendent à
cipal des essais est de déterminer l’effet des milieux (environne- engendrer les défaillances en service les plus coûteuses car interve-
ments) chimiques sur les plastiques. On notera qu’il n’est pas nant après de nombreuses années.
toujours possible d’établir de corrélation directe entre les résultats Ces problèmes financiers et cette complexité technique font que,
d’essais d’ESC de courte durée sur éprouvettes et le comportement après plus de 50 ans d’efforts, la quantité de résultats disponibles,
réel d’objets en service, compte tenu de la complexité de ce dernier. même à déformation imposée, reste faible comparativement à l’infi-
C’est ce qui explique que deux catégories d’essai ont été dévelop- nité possible de couples plastiques/fluides (ou mélanges de l’un et/
pées, selon que l’on souhaite travailler sur éprouvette ou sur objet ou l’autre). Cet état de fait persistant a conduit certains auteurs à
fini. La première méthode s’applique à la caractérisation a priori du proposer de nouvelles méthodes d’essai permettant de juger rapi-
matériau dans un environnement donné (contrainte ou déformation dement de la sensibilité des plastiques à l’ESC : les mesures de
– milieu environnant – température), la seconde à la vérification microdureté et de fluage monotone (c’est-à-dire à charge crois-
a posteriori du comportement d’un objet fini dans les conditions sante) en immersion.
accélérées d’utilisation. Dans ce dernier cas, l’intérêt est de pouvoir
On trouvera dans la référence [17] un inventaire assez complet
juger globalement de l’influence de facteurs complémentaires liés à
des méthodes développées par différents auteurs. Le lecteur pourra
la géométrie de l’objet, à sa constitution (présence d’inserts) et à sa
également se reporter à une étude de synthèse [18] réalisée pour
transformation (conditions de moulage).
quatre couples matériaux-liquides donnant lieu à un comportement
Quelle que soit la méthode retenue, le mouillage de l’échantillon spécifique : polyéthylène-liquides tensioactifs, polymères-solvants,
par le milieu environnant peut être envisagé de différentes maniè- polymères-liquides inorganiques, composites-solutions aqueuses.
res, suivant le phénomène particulier que l’on désire reproduire. On signalera également deux références spécifiques, l’une aux com-
Dans le cas de fluides, si l’immersion totale permanente est la posites [19] et l’autre aux plastiques [12]. Certains ouvrages fournis-
méthode généralement adoptée, il est possible d’envisager une sent en outre des données chiffrées en termes de contraintes ou de
immersion partielle, une immersion périodique, un arrosage perma- déformations critiques pour des centaines de couples polymères-
nent ou périodique (simulation de projections), un mouillage loca- liquides [3], associées parfois à une analyse des mécanismes de
lisé à l’aide d’un papier buvard, d’une goutte... Dans le cas où dégradation impliquée [12]. Les courbes de durée de vie sont plus
l’environnement agressif est un solide (par exemple, feuilles plasti- rares.
fiées, élastomères), celui-ci doit être plaqué sur la surface de
l’éprouvette, de préférence sous une pression définie (utilisation
d’une éprouvette de plaquage pour constitution d’un sandwich par
exemple).
1.3.3 Essais sur éprouvettes
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Pour éviter les effets de bord qui risquent de faire intervenir des
phénomènes complexes supplémentaires (influence des conditions 1.3.3.1 Sollicitation à déformation imposée
de découpage des éprouvettes, des concentrations de contraintes (relaxation dans un environnement donné)
au niveau des zones d’application des charges, etc.), il est recom- ■ L’essai le plus ancien, développé pour le polyéthylène et connu
mandé d’enduire les surfaces sensibles d’une graisse adaptée. sous l’appellation Bell Telephone, est défini par la norme
Les essais peuvent être décomposés en deux grandes familles, ASTM D 1693. Dix éprouvettes rectangulaires de 38 × 13 mm de
essais à déformation imposée et essais à charge imposée. Les solli- surface et d’épaisseur de 1,75 à 3 mm (selon la méthode retenue),
citations les plus couramment appliquées sont constantes, les char- entaillées longitudinalement en surface avec une lame de rasoir sur
gements dynamiques étant extrêmement rares. Il s’agit là d’un une profondeur de 1/5 à 1/6 de l’épaisseur totale (0,3 à 0,65 mm
mode de contrainte simple à réaliser sur le plan expérimental mais selon la méthode), sont pliées pratiquement à 180° et maintenues
pas nécessairement le plus représentatif des lois de mise en charge dans un dispositif en U de 12 mm de largeur intérieure (figure 17).
rencontrées en utilisation, qui ont le plus souvent un caractère aléa- L’ensemble est immergé dans un tube à essai en verre de diamètre
toire. Il convient ici de rappeler qu’à amplitude égale, une sollicita- 32 mm et de hauteur 200 mm, contenant un liquide tensioactif orga-
tion constante est beaucoup moins sévère qu’une sollicitation nique de référence en solution à 10 % dans l’eau et thermostaté soit
périodique ou aléatoire. Une remarque similaire est à faire si l’on à 50 °C, soit à 100 °C (dans ce cas la solution aqueuse est remplacée
compare l’efficacité des essais à déformation constante ou à charge par un liquide pur pour éviter les problèmes de modification de la
constante. Ces derniers sont d’autant plus sévères que le caractère teneur en tensio-actif suite à l’évaporation de l’eau). Le phénomène
viscoélastique du matériau est plus accentué. Le phénomène de de fissuration sous contrainte en milieu tensioactif se produit, le cas
relaxation résultant de l’application d’une déformation constante se échéant, par une rupture fragile au niveau de la pliure des éprouvet-
traduit en effet par une diminution de la contrainte en fonction du tes au bout d’un certain temps, les fissures partant du défaut vers
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,,
des adhésifs liquides. En pratique sont retenus des niveaux de
déformations maximales εmax de 0,3 ; 0,5 et 1 % qui conduisent à
juger de l’agressivité d’un environnement pendant une semaine Papier imprégné de réactif
Fixation
environ pour la plupart des thermoplastiques [12]. En principe, lors- de l’éprouvette Éprouvette
que le crazing ou la fissuration apparaissent en partie centrale de
l’éprouvette, la largeur B de la région endommagée est une indi- Bloc support de
cation du seuil de déformation critique εc, donné par : l’éprouvette Fixation de l'éprouvette
ε c = ε max ( D – B ) ⁄ D
Figure 18 – Profil elliptique de flexion à gradient de déformation
où D est la distance entre appuis. imposé (d’après [20])
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,,,,,
Pivot sans frottement ou couteau
,,,,,
Capteur de force
Tresses
,,,,,
métalliques
Mors Circulation du fluide
thermorégulé Circulation du fluide
Mors thermorégulé
thermorégularisé
,,,,,
Éprouvette
Éprouvette
Réservoir Environnement
,,,,,
chimique
Poids
Cadre de maintien
Liquide d’essai a appareil à bras de levier amplificateur de charge, effort vers le haut
Couvercle support
1.3.3.2 Sollicitation à charge imposée
(fluage dans un environnement donné) Mâchoire supérieure
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,,,
Éprouvette et liés à la structure chimique, à la géométrie et aux conditions de
,,
extensomètre
transformation, il est souvent intéressant d’adapter un essai de fis-
suration sous tension à un demi-produit ou à un produit particulier.
,,
,,,
Pour cela, il est recommandé de travailler dans les conditions les
plus proches possible de l’utilisation, pour ce qui est du choix du
fluide extérieur, du type de sollicitation, du niveau de contrainte et
de la température, ces deux dernières grandeurs pouvant être majo-
,,,
rées pour accélérer le processus, mais avec prudence (non-linéari-
Pompe tés, transitions, modification des modes de rupture, etc.).
péristatique
Réservoir Il existe des méthodes particulières pour :
,,,
d’eau
— les bouteilles en polyéthylène, soumises à un remplissage
sous pression ou non avec le liquide d’essai (ASTM D 2561) ;
— les bouchons et systèmes de fermeture vissés en polypropyl-
ène et polystyrène (ASTM D 5419) ;
— les tubes en PVC pour le transport du gaz (serrage de bagues
de 10 mm de large dans un dispositif en U, pour obtenir une défor-
mation de 0,9 %) (ISO 6993) ;
Réservoir — les tubes en polyéthylène (PE) pour branchement d’irrigation
(ISO 8796), avec une méthode de courbure en U à 180° des tubes ;
— les tubes en PE avec une méthode d’écrasement entre
plaques parallèles d’un anneau entaillé circonférentiellement
(ASTM F 1248) ;
Figure 21 – Essai de fissuration sous contrainte à effort croissant — les tubes en PE immergés en milieu tensioactif, avec détermi-
(fluage monotone) en traction (d’après [1]) nation de la propagation lente de fissures via une méthode de défor-
mation circonférentielle à l’extrémité d’un tube par introduction
d’une virole (NF T 54-077 et ISO 13480) dans le cas des tubes de
petit diamètre, et une méthode plus originale faisant appel à la
ment contrainte-déformation, d’une part dans l’air et d’autre part mécanique de la rupture dans le cas des tubes de grand diamètre :
dans le milieu d’essai, permet de mettre en évidence des écarts à une section de tube préentaillée est soumise à un essai de flexion à
partir d’un temps donné : les triplets (contrainte, déformation, charge imposée (figure 22) (NF T 54-076) ; la longueur de fissure
temps) critiques permettent de juger de la sensibilité du polymère à propagée après 24 h d’immersion à 80 °C est relevée et le facteur
la fissuration sous contrainte dans l’environnement considéré. La d’intensité de contrainte calculé selon les concepts de la mécanique
méthode a l’avantage de présenter une haute résolution et la capa- de la rupture (cf. norme NF T 54-078 et § 2) ;
cité de discriminer les effets de fluides plus ou moins agressifs,
— les tubes en polyoléfines, avec une technique d’analyse de la
notamment dans le cas d’interactions modérées plastique/fluide.
propagation lente de fissures en fluage en traction sur éprouvette
ou tube entaillés (ASTM F 1473), ou tubes entaillés longitudinale-
1.3.3.3 Mesure de microdureté ment sous pression interne constante (ISO 13479 et ASTM F 1474).
L’intérêt des mesures de microdureté (cf. AM 3512) en tant que
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MH V = 0, 189 F ⁄ d 2
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,,,
de la résistance P P
à la fissuration (ténacité) w
H w
D /2
a
À côté des méthodes d’essai traditionnelles sont actuellement
développées sur le plan normatif des méthodes moins convention- a
P
nelles mais beaucoup plus riches d’informations. Ces essais repo-
sent sur la théorie de la mécanique de la rupture qui prend en
compte la présence de défauts (vides, cavités, fissures, inclusions...) f Izod - Flexion encastrée g traction compacte CT
contrairement aux calculs habituels de la mécanique des milieux (Compact Tension)
continus (théorie de l’élasticité, résistance des matériaux), et permet
ainsi d’analyser les propriétés d’amorçage et de propagation de fis-
Figure 23 – Géométrie des éprouvettes de mécanique de la rupture
sures des matériaux en traction, flexion, choc ou fatigue. Initiale-
(d’après [22])
ment développée pour des matériaux métalliques (cf. [34]), la
théorie de la mécanique de la rupture s’est depuis révélée égale-
ment adaptée à l’étude des défauts des plastiques et des composi-
tes à matrice organique (cf. [35]). détermination sur éprouvettes entaillées (figure 23) de véritables
caractéristiques intrinsèques, indépendantes de la géométrie de
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1 ∂C E él,c
G Ic = E él,c ---- ------- = --------------------------------
-
C ∂A
b ⋅ w ⋅Φ -----
a
w
En pratique, selon le matériau et la géométrie de l’éprouvette, le ■ Par ailleurs, une description mécanique du fond de fissure d’un
phénomène d’amorçage de fissure peut être suivi par une phase de solide sollicité en mode I montre que les contraintes existant au voi-
propagation présentant un caractère stable (la vitesse de fissuration sinage des extrémités d’une fissure sont de la forme :
est soit constante soit décroissante, la propagation nécessite un
apport d’énergie supplémentaire par le milieu extérieur) ou instable KI
σ ij = -------------- f ij ( θ )
(la vitesse de fissuration croît, l’énergie nécessaire à la propagation 2π r
est entièrement fournie par l’énergie de déformation élastique
emmagasinée au moment de l’amorçage). En mécanique linéaire r et θ étant les coordonnées cylindriques du point considéré.
élastique de la rupture, l’amorçage est rapidement suivi par une
propagation instable de la fissure : les calculs de ténacité réalisés En fait, la distribution géométrique des contraintes en tête d’une
conduisent à la détermination de ténacités à l’amorçage, y compris fissure effilée (rayon tendant vers zéro) est la même quel que soit le
dans le cas d’une brève phase de propagation stable. En mécanique chargement en mode I, et leur intensité est proportionnelle à un fac-
élastoplastique de la rupture, l’amorçage est suivi d’une phase de teur d’échelle KI appelé facteur d’intensité de contrainte (exprimé en
propagation stable et la notion de ténacité critique de propagation Pa.m1/2) et qui dépend de la géométrie de la fissure et de la
diffère alors de la ténacité à l’amorçage mesurée en LEFM. contrainte globale appliquée (calculée en l’absence d’entaille) :
Trois modes de sollicitation sont habituellement distingués, qui
K I2 = σ 2Y 2a
correspondent en pratique à trois modes de rupture différents
(figure 24) :
où Y est un facteur de correction géométrique tenant compte de la
— le mode I (clivage) : les surfaces de la fissure se déplacent per-
largeur finie de l’éprouvette, a la longueur de fissure et σ la
pendiculairement l’une à l’autre ;
contrainte globale appliquée.
— le mode II (cisaillement plan) : les surfaces de la fissure se
déplacent dans le même plan et dans une direction perpendiculaire La LEFM fait le postulat que l’extension de la fissure se produit
au front de fissure ; lorsque KI atteint une valeur critique KIc qui est, comme GIc, une
— le mode III (cisaillement antiplan) : les surfaces de la fissure se caractéristique intrinsèque du matériau. En pratique, la valeur de KIc
déplacent dans le même plan et parallèlement au front de fissure. se détermine à partir de la charge à l’amorçage Fc, c’est-à-dire au
début de l’extension de la fissure, des largeur w et épaisseur b de
Dans l’état actuel des choses, la grande majorité des travaux est l’éprouvette, et de la longueur de fissure a :
consacrée au mode I, le plus pénalisant.
Fc
K Ic = ------------- f -----
a
b w w
2.1.1 Concepts de la LEFM
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Tableau 1 – (suite)
Facteurs d’étalonnage Φ (a/w) et f (a/w) (d’après ISO 13586)
Éprouvettes SENB (avec D/w = 4) Éprouvettes CT
a /w f Φ a /w f Φ
0,05 2,50 1,502 0,25 4,92 0,199
0,10 3,39 0,857 0,30 5,62 0,208
0,15 4,07 0,641 0,35 6,39 0,213
0,20 4,70 0,526 0,40 7,28 0,213
0,25 5,36 0,449 0,45 8,34 0,208
0,30 6,09 0,391 0,50 9,66 0,199
0,35 6,93 0,345 0,55 11,36 0,186
0,40 7,93 0,307 0,60 13,65 0,170
0,45 9,14 0,275 0,65 16,86 0,152
0,50 10,65 0,246 0,70 21,55 0,133
0,55 12,57 0,220 0,75 28,86 0,112
0,60 15,07 0,195
0,65 18,51 0,170
0,70 23,40 0,145
0,75 30,84 0,120
0,80 43,21 0,096
0,85 66,75 0,072
0,90 123,30 0,049
0,95 351,62 0,025
■ Éprouvette CT (d’après ISO 13586) :
2+α a
f ( α ) = ------------------------
- ( 0, 886 + 4, 64 α – 13, 22 α 2 + 14, 72 α 3 – 5, 60 α 4) avec 0, 8 > α = ----- > 0, 2
( 1 – α )3 / 2 w
A(1 – α)
Φ ( α ) = ----------------------
B + 2A
où A = (1,9118 + 19,118α – 2,5122α2 – 23,226α3 + 20,54α4)
et B = (19,118 – 5,0244α – 69,678α2 + 82,16α3)(1 – α)
■ Éprouvette SENB (d’après ISO 13586) :
1, 99 – α ( 1 – α ) ( 2, 15 – 3, 93 α + 2, 7 α 2) a
f ( α ) = 6 α 1 / 2 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------
- avec 1 > α = ----- > 0
( 1 – 2 α ) ( 1 – α )3 / 2 w
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A + 18, 64
Φ ( α ) = ---------------------------
dA ⁄ dα
16 α 2
où A = -------------------- ( 8, 9 – 31, 717 α + 79, 616 α 2 – 112, 952 α 3 + 84, 815 α 4 – 25, 672 α 5 )
( 1 – α2 )
et d A 16 α 2
-------- = -------------------- ( – 33, 717 + 159, 232 α – 338, 856 α 2 + 339, 26 α 3 – 128, 36 α 4 )
dα ( 1 – α2 )
2 α ( 1 – α ) + 2 α2
+ 16 ------------------------------------------ ( 8, 9 – 33, 717 α + 79, 616 α 2 – 112, 952 α 3 + 84, 815 α 4 – 25, 672 α 5 )
( 1 – α )3
2.1.2 Concepts de la PYFM après amorçage. Elles indiquent à la fois quand (énergie/surface), et
comment (stabilité de la propagation) la rupture va se produire.
Pour les matériaux présentant un comportement élastoplastique, ■ Le concept de courbe de résistance à la fissuration (courbe R) a
la ténacité est définie non plus par une valeur unique, mais par des été introduit pour caractériser la résistance à la fissuration lente (sta-
courbes (nommées R ou J-R), qui décrivent les conditions énergéti- ble) de matériaux présentant une certaine ductilité (déformation
ques requises par un avancement supplémentaire de la fissure plastique) en tête de fissure, la majeure partie de l’éprouvette
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conservant un comportement élastique. Une courbe R est en fait valeur critique Jc, qui est une caractéristique intrinsèque du maté-
une courbe de variation de la ténacité avec l’avancée de fissure ∆a, riau, dont les multiples méthodes de calcul sont actuellement très
théoriquement indépendante de la longueur initiale de fissure. controversées [23], [27], [28]. Une solution normalisée consiste à
D’une manière générale, on admet qu’une fissure peut s’initier puis calculer cette ténacité critique en traçant sur les courbes J-R une
progresser lorsqu’un paramètre (K, G ou J) représentant l’action du droite d’émoussement prenant en compte les propriétés d’écoule-
milieu extérieur en tête de fissure devient égal à la résistance, à la ment du matériau et permettant ainsi de réaliser une approximation
fissuration (KR, GR ou JR) du matériau : des effets d’étirage en tête d’entaille. Cette droite a pour équation
— pour un matériau parfaitement fragile (LEFM), l’absence de J = 2σy ∆a où σy est la contrainte au seuil d’écoulement en traction
déformation plastique en tête de fissure fait que la structure du du matériau dans les conditions de l’essai. Jc correspond à l’inter-
matériau et sa résistance à la fissuration n’évoluent pas au cours de section de la courbe J-R et d’une droite parallèle à la droite
la propagation. La ténacité du matériau peut alors être représentée d’émoussement décalée en abscisse de quelques dixièmes de milli-
par un paramètre critique unique (Kc ou Gc) ; mètres.
— pour un matériau ductile (PYFM), l’augmentation progressive Contrairement à ce qui se fait pour les métaux (ASTM E 1737), il
de la déformation plastique en tête de fissure au cours de l’amor- n’est pas encore d’usage actuellement pour les plastiques de distin-
çage et de la propagation provoque une augmentation puis une sta- guer quatre caractéristiques de ténacité :
bilisation de sa résistance à la fissuration. La ténacité du matériau — Jc dans le cas d’une rupture instable avant extension signifi-
ne peut plus alors être représentée par un paramètre critique unique cative de la fissure ;
(Kc ou Gc) mais elle peut l’être par l’une de ses courbes R (KR, GR ou — JIc dans le cas d’un début de propagation stable ;
JR = f (∆a)) [23]. — courbe J-R de résistance à la propagation stable de la fissure ;
■ L’intégrale de contour J (initialement définie par Rice) représente — Ju dans le cas d’une rupture instable suivant une extension sta-
la composante du flux d’énergie traversant une ligne de contour Γ, ble de la fissure, cette grandeur n’étant pas en toute rigueur une
due à la singularité liée à la présence de la fissure (située dans le ténacité.
plan xz ), la ligne Γ étant un contour entourant le front de fissure et Sur le principe cependant, une telle pratique serait adaptable aux
joignant les deux lèvres de celle-ci : polymères.
∂ ui ■ On signalera enfin l’application récente aux polymères ductiles
°∫
J = W d y – T -------
i ∂ x- d s [26] à [28] du concept de travail essentiel de rupture (EWF Essential
Γ
Work of Fracture), qui permet de caractériser la ténacité à l’amor-
çage. L’idée est de considérer que la déformation plastique et la rup-
avec ture se produisent en tête de fissure dans deux régions distinctes :
une zone de déformation interne où se produit effectivement le pro-
∫σ
cessus de rupture, et une zone de déformation plastique pure
W = ij d ε ij externe, cernant la précédente et où interviennent des processus de
microcavitation et de cisaillement. L’énergie de rupture totale Wr
avec W densité d’énergie de déformation, absorbée par une éprouvette entaillée peut alors s’écrire :
Ti vecteur traction orienté vers l’extérieur,
W r = w e b ( w – a ) + βw p b ( w – a ) 2
ui vecteur déplacement de l’arc ds,
s abscisse curviligne sur le contour Γ, ou encore
x, y , z coordonnées cartésiennes, Wr
σij et εij composantes de contrainte et de déformation. - = we + β wp ( w – a )
w r = ----------------------
b(w – a)
Cette expression mathématique est utilisée pour caractériser le
champ local de contraintes et déformations en tête de fissure. J est avec b et w épaisseur et largeur de l’éprouvette,
indépendante du contour Γ et est identiquement nulle lorsque ce a longueur d’entaille,
contour est fermé, c’est-à-dire en l’absence de fissures. β un facteur de forme de zone plastique,
J est calculée à partir de l’énergie U requise pour propager la fis- wp (J/m3) énergie par unité de volume dissipée dans la
sure (énergie fournie par le milieu extérieur) : zone plastique externe encore appelée travail
1 dU non essentiel de rupture spécifique,
J = – --- --------
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w largeur
■ Les normes ISO 13586 et ASTM D 5045 recommandent les géo-
métries d’éprouvettes, les conditions d’entaillage, et de préfissura- L longueur hors-tout (1,25 w ± 0,01 w)
tion, les dispositifs et conditions d’essai ainsi que les règles de d1largeur transversale de l’éprouvette (1,2 w ± 0,01 w)
dépouillement des résultats permettant l’évaluation expérimentale d2distance séparant le centre des
de KIc et GIc des matériaux thermoplastiques et thermodurcissables deux trous, symétriques/plans
de fissure ± 0,005 w (0,55 w ± 0,005 w)
linéaires élastiques sollicités en mode I en état de déformation
plane. Selon le mode de sollicitation retenu, les essais sont conduits R rayon (0,125 w ± 0,005 w)
sur : b épaisseur (0,4 w < b < 0,6 w soit b < w/2)
— des éprouvettes de flexion à entaille latérale ou éprouvettes a longueur de la fissure (0,45 w < a < 0,55 w)
SENB (Single Edge Notched Bend) ; b éprouvette et montage de traction compacte (CT)
— ou des éprouvettes de traction compactes ou éprouvettes CT
(Compact Tension).
Les géométries et dimensions préconisées par l’ISO 13586 sont
rappelées figure 25a et b, respectivement pour les configurations
flexion et traction. Il convient en particulier que la longueur de
F F F
fissure a se situe dans un intervalle compris entre 0,45 et 0,55 fois la
largeur w des éprouvettes d’essai, cette dernière étant égale à deux Co + 5 % Fmax D
fois leur épaisseur b. Sachant que les éprouvettes sont, en pratique, FC + 5 %
prélevées dans des plaques d’épaisseur de 2 à 6 mm, il apparaît que A o C
Fmax Fmax Co + 5 %
les dimensions recommandées sont très faibles, générant par là Co B
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même une mise en œuvre délicate des essais. Ceci amène en géné- Co
ral les expérimentateurs à augmenter la taille des éprouvettes CT
jusqu’à 50 × 50 mm en moyenne, tout en respectant les critères
imposés sur le rapport a/w. Il est également primordial d’identifier la Eél, c
direction de référence sur chaque éprouvette et le sens de prélève-
ment au sein des plaques échantillons présentant des anisotropies 0 H u 0 J u 0 K L u
d’orientation moléculaire résultant du moulage par injection ou Fc = Fmax Fc = Fmax Fc = FC + 5%
extrusion, dans la mesure où ces paramètres sont susceptibles o
d’influencer la ténacité de manière significative. Eél, c = aire OAH Eél, c = aire OBJ Eél, c = aire OCK
La réalisation de l’entaille au sein de l’éprouvette est une opéra- Co complaisance à l’origine
tion particulièrement délicate. Il est conseillé d’usiner une entaille
Fmax force maximale
effilée dans l’éprouvette (par exemple à la scie diamantée), puis de
FC + 5% force correspondant à l’intersection de
réaliser une fissure naturelle en tapant légèrement sur une lame de o
rasoir neuve placée dans l’entaille. Dans le cas de matériaux très la droite de pente Co + 5% avec la courbe charge/déplacement
tenaces, il est également possible de faire glisser la lame de rasoir.
Il est en revanche déconseillé de forcer la lame dans l’entaille en rai- c courbes charge/déplacement
son des contraintes résiduelles pouvant être induites. Refroidir les
éprouvettes peut s’avérer parfois utile. Dans tous les cas, l’augmen- Figure 25 – Essai de mode I en flexion entaillée
tation de la longueur de fissure ainsi obtenue doit être supérieure à et en traction compacte (d’après norme ISO 13586)
quatre fois le rayon à fond d’entaille initial.
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Énergie de rupture J
Charge
que les vitesses supérieures à 0,1 m/s ou les durées de mise en Droite d’exclusion
charge inférieures à 10 ms sont à éviter afin de limiter les erreurs à 0,05 mm
résultant des effets dynamiques et les risques d’échauffement. Un
projet est en cours d’élaboration à l’ISO pour les vitesses de l’ordre
de 1 m/s et les temps de chargement de l’ordre de 1 ms, spécifiant
des modes opératoires et conditions d’exploitation des résultats
spécifiques. Énergie totale
Pour les essais de flexion trois points (SENB), le dispositif de mise ∆amax = 0,1 (w – a0)
en charge utilisé est un montage à rouleaux mobiles représenté
1 2 3 4
figure 25a et doté de rouleaux d’appui de grand diamètre (>w/2)
permettant de minimiser les phénomènes d’indentation de l’éprou- Déplacement Extension de la fissure ∆a (mm)
vette. Le déplacement doit être mesuré au centre de la portée D par
a définition de l’énergie b répartition des points
un capteur approprié. En ce qui concerne l’essai de traction sur totale UT expérimentaux
éprouvette compacte, la mise en charge s’effectue par l’intermé-
diaire de deux broches traversant l’éprouvette de part en part
Figure 26 – Construction des courbes J-R (d’après norme ASTM D 6068)
(figure 25b) et la mesure du déplacement des points d’application
de la charge s’effectue au moyen, par exemple, d’une jauge à pince
montée près des broches. Dans les deux configurations d’essais, il
est nécessaire d’effectuer une correction des déplacements mesu- L’intégrale J est calculée en utilisant la relation exposée au para-
rés afin de prendre en compte la pénétration des broches en trac- graphe 2.1. L’énergie U est telle que U = U T – U i, où U T est l’éner-
tion, l’indentation de l’éprouvette en flexion et la complaisance de la gie totale correspondant à l’aire située sous la courbe force/
machine. Des essais préliminaires sur éprouvettes non entaillées (et déplacement (figure 26a) et U i l’énergie d’indentation déterminée
avec rouleaux d’appui en contact pour la flexion) sont pour ce faire de la même manière qu’en LEFM sur éprouvette non entaillée. Le
requis. facteur η est tel que :
La détermination de la force Fc et de l’énergie élastique Eél,c à η=2 pour une éprouvette SENB ;
l’amorçage se fait à partir des courbes charge-déplacement comme η = 2 + 0,522 (1 – a/w) pour une éprouvette CT.
indiqué sur la figure 25c. On notera que les principes de la LEFM
Les points expérimentaux ainsi déterminés doivent impérative-
sont satisfaits si et seulement si Fmax/FCo + 5 % < 1,1 (c’est-à-dire
ment être harmonieusement espacés sur tout l’intervalle ∆a avec au
10 % de non-linéarité au maximum).
minimum trois points dans le premier quadrant, deux dans le
KIc et GIc peuvent alors être calculés en utilisant les relations second et un dans les deux derniers (figure 26b).
exposées au paragraphe 2.1. Les valeurs des facteurs d’étalonnage
Un exemple de courbes de résistances J-R est présenté sur la
Φ (a/w) et f (a/w) sont déterminées au moyen des formules analyti-
figure 27 [21]. La hiérarchie verticale est courbes est représentative
ques correspondantes ou par interpolation à partir des tableaux
des ténacités relatives des différents matériaux (le matériau 1 est
donnés par exemple par l’ISO 13586 ou l’ASTM D 5045 (tableau 1)
plus tenace que les matériaux 2 ou 3 car une énergie/surface plus
pour les deux types d’éprouvettes SENB et CT.
importante est nécessaire pour créer une extension de fissure de
Dans les deux cas, on notera également que les résultats des longueur équivalente). On notera que ces courbes peuvent présen-
essais ne peuvent être validés que si l’extension de la zone plastique ter des intersections entre elles : le matériau 3 est plus tenace que le
en tête de fissure – caractérisée par la longueur h – est faible par rap- matériau 4 pour des avancées de fissures supérieures à 0,2 mm,
port aux dimensions de l’éprouvette et que cette dernière est en état mais moins tenace au-dessous de 0,2 mm. L’adéquation de tel ou tel
de déformation plane. Pour ce faire, les éprouvettes doivent satis- matériau à une application donnée dépend de la longueur maximale
faire aux critères dimensionnels suivants, avec notamment une res- admissible d’extension de fissure. Au-delà de cet aspect énergéti-
triction de l’épaisseur minimale de l’éprouvette : que, les courbes de résistance indiquent également la propension à
b, a, ( w – a ) > 2, 5 h la stabilité de la propagation de fissure au sein de chaque matériau.
Une courbe aplatie indique que les fissures se propagent plus faci-
avec lement et ont une probabilité accrue d’être instables. Sur la figure
K Ic 2
2 f 2 ΦG Ic 27, les fissures seront plus stables dans le matériau 1 et moins sta-
h = -------2- ou h = ------------------------
- bles dans le matériau 6.
σy b ⋅ σ y2 ⋅ C
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,
Énergie de rupture J (kJ/m2)
40 1
2
3
30 4
5
20 6
10
w
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 w–a Longueur de ligament Nombre minimal
∆a (mm) maximal minimal d’éprouvettes
0,33 w 0,27 w 2
J0,2 Izod 0,27 w 0,20 w 3
Matériau c1 c2
(en kJ/m2) (en J/m) 0,20 w 0,13 w 5
1 : PA 66 + élastomère 48 0,71 15,3 Non rompu 0,13 w 3b 10
2 : PA A 46 0,69 15,2 Non rompu b = épaisseur
w
3 : PA B 42 0,65 14,8 277
4 : PA C 38 0,59 14,7 138
5 : PA D 36 0,65 12,6 Non rompu Figure 28 – Éprouvette DDENT pour la détermination du travail
6 : PA 66 modif. choc 25 0,48 11,5 186 essentiel de rupture
Wr
à la rupture. La méthode d’essai peut être exploitée à la fois en en contrainte plane et en déformation plane (d’après [28])
contrainte ou en déformation planes, mais n’est pas encore norma-
lisée. Des protocoles expérimentaux ont été cependant développés
par le groupe européen ESIS (European Structural Integrity Society)
pour la mesure du travail essentiel de rupture en état de contrainte Les essais sont menés sur un dynamomètre conventionnel. La
plane. vitesse d’essai conseillée est de 20w/75 mm/min. Les courbes force/
En principe, les essais peuvent être conduits en traction sur déformation sont enregistrées et l’énergie totale à la rupture Wr cal-
éprouvettes CT, SENT, DENT ou en flexion trois points sur éprou- culée (aire sous la courbe). Le travail essentiel de rupture we peut
vettes SENB [26] [27] [28], mais la géométrie actuellement recom- alors être déterminé par régression linéaire et extrapolation en utili-
mandée est de type traction à double entaille latérale profonde sant les relations exposées en 2.1 (figure 29).
DDENT (Deeply Double Edge Notched Tension). Cette éprouvette Il convient de noter que le concept du travail essentiel de rupture
est rectangulaire, d’épaisseur b, de largeur w = 75 mm et de hau- est applicable à la caractérisation de la ténacité des films polymères
teur telle que la distance entre mors soit de 75 mm. Vingt essais [26], ce qui n’est pas le cas de la méthode de l’intégrale J. Cette der-
sont requis sur des éprouvettes de longueurs de ligaments (w – a) nière impose en effet des éprouvettes épaisses garantissant un état
telles w/3 > (w – a) > 3b et réparties comme indiqué sur la figure de déformation plane, alors que les films, d’épaisseur faible par défi-
28, ou encore min (w/3, 2rp) > (w – a) > 3 à 5 b, où 2rp est la dimen- nition, sont sollicités en état de contrainte plane : tester des éprou-
sion de la zone plastique [26]. Ces conditions d’essai garantissent vettes plus épaisses conduit alors à sous-estimer la ténacité réelle.
un état de contrainte plane (ligament suffisamment long) et un
écoulement complet du ligament avant rupture (ligament suffisam- Certains auteurs [28] exploitent également la méthode en défor-
ment court pour confiner la déformation plastique en son sein). mation plane, en réduisant la longueur de ligament (w – a < 3b) et
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Les chocs sont l’une des causes prépondérantes des ruptures fra- 40
giles et les essais de choc [AM 3510] ont pour but de déterminer la
susceptibilité des matériaux vis-à-vis de ce type de sollicitation. Les 0
essais conventionnels (Charpy, Izod, chute de masse, instrumentés 0 5 10 15 20 25 30 35
ou non) conduisent malheureusement à des incertitudes liées aux Section restante (mm2)
effets d’ondes de choc dans le cas d’une mesure des lois de compor-
tements et à une non-représentativité des mesures conventionnel-
les d’énergies de rupture, fonction de la géométrie des éprouvettes
800
fissure. Les valeurs du facteur de calibration Φ dépendent du type
d’éprouvette et du type d’essai pratiqué et sont disponibles dans la 700
littérature en particulier pour les configurations Charpy et Izod
(tableau 1). La figure 31 présente les résultats obtenus sur du poly- 600
éthylène à partir d’essais de choc à la fois Charpy et Izod dépouillés 500
en utilisant les expressions de Φ appropriées et en ôtant la contribu-
tion de l’énergie cinétique [30]. Une valeur identique de Gc est obte- 400 GIc = 8,1 kJ/m2
nue pour les deux types d’essais, ce qui illustre la manière dont la 300 test Charpy
mécanique de la rupture parvient à résoudre le problème des varia- test Izod
tions entre essais. 200
Il est à noter qu’un matériau peut également présenter un com- 100
portement mixte, la fissure se propageant d’abord de manière insta-
ble, puis de manière stable à partir d’une certaine longueur dans la 0
mesure où il n’y a plus suffisamment d’énergie élastique emmaga- 0 20 40 60 80 100 120
sinée pour achever la propagation. Dans cette dernière phase, bw Φ (en 10–6 m2)
l’énergie est apportée à chaque instant par le pendule, et le graphe
Erupt en fonction de la section restante b (w – a) est à nouveau
linéaire. Un tel comportement est illustré sur la figure 32 dans le cas Figure 31 – Énergies de rupture Charpy et Izod d’un PE en fonction
d’un PP homopolymère non renforcé. de bw Φ (énergie cinétique soustraite) (d’après [30])
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180
150
Propagation Propagation Propagation
stable mixte instable
120
S
σ = P/S avec P force appliquée et
90 S section de la pièce non entaillée
w largeur
60 Epropagat. = 0,77 mJ/mm2
b épaisseur (w/20 < b < w/4)
L
L longueur (> 2,5 w)
30
a
Facteur d’étalonnage
0
0 5 10 15 20 25 30 35 35 5 πα a
f (α) = avec α =
Section restante (mm2) (20 – 13α – 7α2)
w
180
Propagation
Propagation
instable
stable
w
mixte
120
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ou encore :
quence.
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2.3 Intérêt de la mécanique de la rupture revanche dépendantes de la géométrie des éprouvettes d’essai et
en particulier de leur épaisseur, mais peuvent néanmoins être utili-
sées de manière relative pour le choix et le développement de maté-
riaux en veillant à conserver des conditions expérimentales en tout
La capacité de la mécanique de la rupture à : point analogues.
— différencier les matériaux linéaires élastiques des matériaux Enfin, on signalera que la mécanique de la rupture peut égale-
élasto-plastiques ; ment être appliquée à l’analyse du comportement de produits semi-
— séparer les phases d’amorçage et de propagation des phéno- finis (tubes, films...) ou d’objets finis.
mènes de rupture ;
— prendre en compte l’existence de défauts de taille, géométrie Dans le cas de tubes, il existe ainsi des normes spécifiques per-
et localisation connues en utilisant des éprouvettes préentaillées ; mettant de calculer :
— proposer des méthodes de caractérisation en état de — le facteur d’intensité de contrainte limite de PE pour systèmes
contrainte plane et de déformation plane, de canalisation (NF T 54-078), obtenu en extrapolant à vitesse
d’impact infinie la valeur de Kc déterminée à partir d’un choc Charpy
constitue un avantage considérable sur les autres méthodes d’essai instrumenté à différentes vitesses, et caractérisant les conditions
habituellement utilisées pour mesurer la ténacité des plastiques – d’amorçage d’une propagation rapide de fissure ;
telles que le choc Charpy, le choc Izod ou le choc biaxial par chute de — le facteur d’intensité de contrainte de sections de tubes
masse – ou caractériser l’évolution de l’endommagement sous char- entaillés en PE en milieu tensioactif sous charge constante en
gement répété. flexion (fissuration sous tension, cf. § 1.3) (NF T 54-076), permettant
Les méthodes traditionnelles sont limitées en ce sens qu’elles de caractériser la tenue à la fissuration sous tension lente ;
conduisent à la détermination de grandeurs ultimes (ou globales), — la ténacité KIc de tubes en PVC non plastifié sur anneau en C
qui combinent les phases d’amorçage et de propagation, y compris entaillé soumis à une charge constante de flexion (future ISO
dans le cas d’essais instrumentés autorisant l’enregistrement des 11673) ;
lois de comportement contrainte/déformation : en particulier des — la résistance à la propagation lente (fluage) (ASTM F 1473,
essais sur éprouvettes non entaillées, où la taille et la localisation du F 1474 et ISO 13479) ou rapide (choc) (ASTM F 1589 et ISO 13477 et
défaut inhérent conduisant à la rupture sont inconnues, rendent illu- 13478), sachant que l’on peut regretter dans ces derniers cas le
soire tout suivi et mesure de l’extension des fissures. caractère empirique de l’approche adoptée, sans calculs de ténaci-
Il est important de noter que les ténacités à l’amorçage GIc ou KIc tés.
déterminées en mécanique de la rupture sont de véritables proprié- Dans le cas de films, on rappellera que l’approche du travail
tés intrinsèques pouvant être utilisées à des fins de conception, de essentiel de rupture est actuellement la seule permettant de caracté-
calcul d’ingénierie et de choix de matériaux, et ce, contrairement riser rigoureusement la ténacité des films plastiques. Aucune norme
aux ténacités Charpy et Izod. Les courbes de résistance sont en n’est cependant encore disponible.
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