Union-Discipline-Travail
JEU A SOMME
NULLE/ MINIMAX,
MAXIMIN
Février 2020
Un jeu à somme nulle est un jeu où la somme des gains et des pertes de tous les
joueurs est nulle. Cela signifie que le gain de l’un constitue obligatoirement une perte
pour l’autre, dans le cas de deux joueurs. Par exemple si on définit le gain d’une partie
d’échecs comme 1 si on gagne, 0 si la partie est nulle et -1 si on perd, le jeux d’échec
est un jeu à somme nulle.
En économie cette notion simplificatrice est importante : les jeux à somme nulle
correspondent à l’absence de production ou de destruction de produit. En 1944 John
Von Neumann et Oskar Morgenstern ont démontré que tout jeux à somme nulle pour
n personnes n’est en fait qu’une forme généralisée de jeu à somme nulle pour deux
personnes, et que tout jeux à somme non nulle pour n personnes peut se ramener à un
jeu à somme nulle pour n+1 personnes, la n+1-ième personne représentant le gain ou
la perte globale.
Les jeux à somme nulle sont les jeux à deux joueurs où la somme des fonctions de
paiement est nulle. Dans ce type d’interaction stratégique, les intérêts des joueurs sont
opposés donc le conflit est total et il n’y a pas de coopération possible.
On peut définir un jeu somme à somme nulle sous forme stratégique.
Un jeu à somme nulle sous forme stratégique est défini par un triplet
(I, J, g) où I (resp. J) est l’ensemble (non vide) d’actions du joueur 1 (resp. 2), et
g : I × J → R est la fonction de gain du joueur 1.
Joueur 2
1 -1
Joueur 1
-1 1
Réciproquement, toute matrice réelle peut être vue comme un jeu fini à somme nulle,
aussi appelé jeu matriciel.
On fixe dans la suite un jeu à somme nulle G=(I,J,g). Le joueur 1 maximise la
fonction de paiement g, mais celle-ci dépend de deux variables i et j, et le joueur 1 ne
contrôle que la variable i et pas la variable j. A l’opposé, le joueur 2 minimise g, et
contrôle j mais pas i.
II. Point selle
1. Définition
∀ (x , y ) ∈ X × Y : f (x , y )⩽ f (x , y )⩽ f ( x , y) .
2. Propriétés
La notion de point selle permet de passer d’un primal à un problème dual dans le
contexte d’une optimisation. Autrement dit, ( x , y ) est un point selle si et seulement si x est
solution du problème primal et y est solution du problème dual.
Dans un jeu, le niveau de sécurité d’un joueur est le plus grand paiement espéré qu’il
peut se garantir quoi que puisse faire les autres joueurs. Pour calculer ses niveaux de
sécurité, un joueur doit donc effectuer une analyse de l’éventualité la plus pessimiste
Le théorème du minimax est un théorème s’appliquant à la théorie des jeux consistant
à minimiser la perte maximum (c'est-à-dire dans le pire des cas).
Le Maximin est le Maximum du Minimum de satisfaction au cas où le pire arriverait.
C’est la tactique du moindre mal : la prudence absolue.
Ces stratégies fournissent une méthode rationnelle de prise de décision dans un
contexte bien précis : celui où s'affrontent deux adversaires (des entreprises
concurrentes ou des États en guerre par exemple) lorsqu'on suppose qu'ils doivent
prendre leurs décisions simultanément et que tout gain de l'un est perte de l'autre c’est-
à-dire pour les jeux à deux joueurs à somme nulle et a information complète. Cette
seconde hypothèse, rarement remplie dans la réalité, limite cependant beaucoup son
intérêt pratique.
3. Minimax
Minimax consiste à minimiser la perte maximum (c'est-à-dire dans le pire des cas).
On se place dans le cadre d’un jeu G à deux joueurs et à somme nulle. On note g la
fonction de gain du joueur 1 (−g est donc la fonction de gain du joueur 2), A (resp. B)
l’ensemble des stratégies du joueur 1 (resp. 2).
Definition 1
Theoreme 1
1. Le joueur 1 défend v́ à ε près : ∀ε > 0, ∀b ∈ A, ∃a ∈ A : g (a,b ) ≥ v́ – ε
2. Le joueur 2 garantit v́ à ε près : ∀ε > 0,∃b ∈ B,∀b ∈ B,g (a,b ) ≤ v́ + ε
Remarque. Lorsque le jeu est fini, la proposition précédente est vraie pour ε = 0.
Cela signifie alors que les deux joueurs ont tous deux intérêt à jouer un couple de
stratégies donné
Theoreme 2
v ≤ v́ ou v est la valeur maximin .
Définition 2.
Si v ¿ v́ , on dit que le jeu a une valeur v=v =v́ en stratégies pures.
Cela signifie alors que les deux joueurs ont tous deux intérêt à jouer un couple de
stratégies donné pour garantir cette valeur.
On sait alors que g est bilinéaire sur X × Y. Elle y est de plus continue.
Définition 3
1. Le maxmin de G en stratégies mixtes est V (G ) = v (G∆)
2. Le minmax de G en stratégies mixtes est V (G ) = v́ (G∆)
3. Le jeu admet une valeur V si V (G )=V (G )
Théorème 3
V́ =min ¿¿
y ∈Y
Théorème 4
v ≤ V ≤ v́ ≤ V́
Le Minimax c’est rendre minimum le maximum de ce que l’autre peut faire. On joue
une stratégie minimax lorsqu’on veut anticiper les coups bas de l’autre.
Dans le jeu de Poker le minimax permet d’obtenir un résultat optimal : gagner le plus
d’argent et en perdre le moins possible.
Exemple :
Prenons le cas du dopage sportif. Une situation sportive acceptant le dopage
ressemblerait à la matrice qui suit. Si, ni moi ni mon adversaire ne nous dopons, nous
obtenons un indice de satisfaction de 3 pour chacun (case nord-ouest de la matrice
suivante, le premier chiffre entre crochets correspondant au score du joueur ligne, le
second au score du joueur colonne), ce qui est assez satisfaisant mais inférieur au
score de 5 si je me dope et que mon adversaire ne se dope pas (la victoire est alors
plus facile et mon adversaire est le grand perdant qui obtient 0). Par contre, mon
adversaire et moi n'obtenons chacun que 1 si nous nous dopons tous les deux (car si
l'égalité des chances est reproduite nous nous sommes ici dopés pour rien). Alors que
faire ?
Joueur 1\Joueur 2 Non dopé Dopé
Non dopé (3,3) (0,5)
Dopé (5,0) (1,1)
Mettons-nous du point de vue de Joueur 1. Si Joueur 2 ne se dope pas, au mieux
j’aurai 5 et au pire 3. Si joueur 2 se dope, au mieux j’aurai 1, au pire 0. Pour obtenir le
Minimax, je fais comme si l’autre aller faire en sorte de me priver du meilleur ; je
choisis alors le minimum de ces deux maximums (entre 5 et 1). On écrit, Min (1, 5) =
1. Pour obtenir 1, il vaut mieux me doper. Jouer Minimax, c’est se doper.
4. Maximin
Soit S, l’ensemble des lignes d’une matrice M associée à un jeu sous forme
stratégique et T, l’ensemble de ses colonnes. Notons π ( s , t ) l’élément à l’intersection
de la ligne s et de la colonne t. Alors min
tϵT
π ( s , t ) représente le plus petit élément de
M.
Ici, tout ce que l’on exige est de transcrire les résultats du point précédent.
Soit A une matrice m*n et définissons la fonction de paiement : π : P∗Q → pT Aq
π ( p , q )= pT Aq
suivantes :
v=1,0 ,−1. Cela signifie clairement que :
(2) Si v=1, alors le joueurs 1 (« blanc ») possède une stratégie avec laquelle il
« gagne », quelle que soit la stratégie de l’autre joueur (« noir »).
(3) Si v=0, alors les deux joueurs possèdent des stratégies avec lesquelles chacun
pourrait restreindre le jeu à un match nul (et éventuellement « gagner », quel
que soit ce que fit l’autre jouer.
(4) Si v=−1, alors le joueur 2 (« noir ») possède une stratégie qui lui assure la
victoire, quel que soit ce que fait l’autre joueur (« blanc »).
Cela montre que si la théorie du jeu d’échec était bien connue, il ne resterait plus rien
grand-chose à jouer. La théorie montrerait laquelle des possibilités est vraiment
soutenable et en l’occurrence le jeu serait terminé avait le début : la décision sera dans
ce cas (1) pour « blanc », (2) pour un match nul et (3) pour « noir ».
Mais notre preuve, qui garantit la validité d’une (et d’une seule) de ces trois
alternatives, ne donne pas de méthode pratique pour déterminer celle qui convient. Ce
fait relatif, de la difficulté rencontrée par les hommes nécessite l’utilisation de ces
méthodes incomplètes, des méthodes heuristiques de jeu, qui donne l’aspect du bon
jeu d’échec ; et sans cela il n’aurait élément d’effort et de surprise dans le jeu.
Conclusion
La théorie des jeux à somme nulle décrit des situations de la vie réelle (jeux de
société, conflits, …).
Elle ouvre le chemin à l’émergence d’une analyse des faits autrefois moins ou mal
compris tels la morale qui était du domaine de la psychologie. Le théorème de Von
Neumann est fondamental en ce sens qu’il montre que pour les jeux à deux personnes,
et à somme nulle (c'est-à-dire que ce que gagne l'un, l'autre le perd), Von Neumann a
démontré qu'il est toujours plus avantageux pour chacun de choisir la solution qui lui
offre le minimum de la perte maximum qu'il peut attendre, si ce cas correspond au
minimum des pertes maximums de l'adversaire. Cette théorie met en exergue, un
procédé de décision dans un cadre rationnel.
Références :
Existence d’équilibres dans un jeu fini sous forme normale, Gabriel LEPETIT
COURS DE THÉORIE DES JEUX, Luc Collard & Corinne Fantoni, UFR STAPS
Paris Descartes
La théorie des jeux, Bernard Guerrien, Economia
Theory of games and economic behavior, John Von NEUMANN et Oskar
MORGENSTEIN, PRINCETON University Press, 1953