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21
OCTOBRE 2017
T R A I TE R
L ES S O L S S
CONTAMINIÉMA
DE FUKUSH
05
D I AT I O N
s
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PHYTO R
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POSTER
À TÉLÉCHARGER
ET DÉCOUVRIR
EN VERSION ANIMÉE
+ INTERVIEWS
& CLIP MÉTIER
à retrouver sur cea.fr.
On connaît ! P H Y T O R E M É D I AT I O N :
COMMENT ÇA MARCHE ?
Certaines plantes peuvent absorber ou réduire la toxicité
de différents polluants organiques ou de métaux et radioéléments, présents dans les sols.
Elles les accumulent, transforment, dégradent, concentrent, stabilisent ou volatilisent…
Il s’agit de choisir la stratégie la plus efficace, tout en sachant
qu’il est possible de les cumuler.
Phytoextraction
Les racines des plantes extraient
les polluants du sol puis les accumulent
dans les tiges et les feuilles.
• Quels polluants concernés ?
Métaux (cadmium, zinc, cuivre, or…)
et radioéléments (césium,
strontium, uranium…)
02
Phytostabilisation
Les racines des plantes absorbent et séquestrent
les polluants dans le sol, les empêchant de remonter
à la surface puis d’être dispersés aux quatre vents
ou lessivés par la pluie, et préservent ainsi la chaîne
alimentaire et les nappes phréatiques. Lorsque
cette stratégie est appliquée dans les lacs et les étangs,
elle est alors appelée « rhizofiltration ».
• Quels polluants concernés ?
Arsenic, nickel et radioéléments (uranium)
SOLS
POLLUÉS ! problème touche tous les pays indus-
trialisés en Europe, Russie, États-Unis, DÉPOLLUER EST OBLIGATOIRE
Chine, Inde, Brésil…
B
Selon un décret de septembre
eaucoup l’ignorent. Les sols
1977, les entreprises ont obligation
des zones industrielles laissées Alors, comment ces terres peuvent- de remettre en état leurs sites.
en friche contiennent souvent elles redevenir cultivables, habitables Depuis 1996, ceux dépourvus de
de nombreux métaux toxiques : plomb, ou être transformées en espaces verts responsables sont pris en charge
zinc, cadmium… Aujourd’hui, en France, d’agrément, sans danger pour les par l’Ademe*, qui doit en assurer
ce sont plus de 300 000 anciens sites usagers ? Comment leur rendre de la la sécurité, surveiller les éventuels
métallurgiques, miniers, pétroliers ou valeur ? De nombreuses méthodes de
risques de pollution et les nettoyer.
* Ademe : Agence de l’environnement
•
chimiques qui sont concernés. Et le dépollution existent ! et de la maîtrise de l’énergie.
les
Phytodégradation
Certaines plantes accélèrent la dégradation
de composés organiques. Celle-ci peut avoir lieu
par absorption puis dégradation
du composé par des enzymes spécifiques,
mais aussi hors de la plante, grâce
à l’activité des micro-organismes présents
dans l’environnement des racines.
Polluants organiques
Polluants métaux
et radionucléides
Polluants moins nocifs
car dégradés (molécules
modifiées, méthylées
par exemple)
Enzymes
03
Phytovolatilisation
Les polluants migrent des racines vers les feuilles
en se transformant en éléments volatils moins nocifs
qui seront libérés dans l’atmosphère
par transpiration de la plante.
• Quels polluants concernés ?
Quelques composés organiques (trichloréthylène, pesticides),
explosifs et métaux (sélénium, mercure)
DÉPOLLUER : elles déstructurent les sols et/ou en se fait par voie biologique grâce à
diminuent fortement la fertilité et la des organismes vivants (plantes ou mi-
COMMENT ?
L
productivité. Leur principal avantage cro-organismes). Encore faut-il bien
es méthodes les plus utilisées est leur efficacité pour une durée de connaître et maîtriser les processus
aujourd’hui sont mécaniques et traitement de quelques semaines à mis en œuvre pour choisir la stratégie
physico-chimiques : excavation, quelques mois. la plus adaptée. •
utilisation de solvants et/ou inciné- LEXIQUE
ration. Elles ne sont menées que sur Une autre méthode, plus récente
Composés organiques : Toutes les molécules
de petites surfaces fortement conta- et écologique, est aussi utilisée : la contenant au moins un atome de carbone
lié à un atome d’hydrogène.
minées, en raison de leur coût éle- dépollution naturelle ou bioremé- La biomasse (plantes et animaux) est composée
vé et de leur impact sur le paysage : diation. L’élimination des polluants majoritairement de molécules organiques.
On cherche ! Culture d’arabidopsis thaliana
en conditions contrôlées
dans un phytotron.
L A P H Y T O R E M É D I AT I O N ,
UNE TECHNIQUE SANS BUG ?
04
Avantages Limites
• Processus naturel • Temps de traitement long
• Coût de traitement peu élevé (3 ans environ, selon la
Localisation du césium 137 croissance des plantes)
dans les racines et feuilles grâce (10 à 100 fois inférieur
à un photo-imageur. aux traitements physico-chimiques) • Profondeur de traitement liée
• Adapté aux grandes surfaces à la longueur des racines
(des dizaines d’hectares) (50 cm à 3 m)
• Récupération pour traitement • Contaminations modérées
spécifique des polluants (il faut que les plantes survivent)
• Valorisation possible de la biomasse
VALORISER LES DÉCHETS : • Respect de l’environnement
QUELLES OPTIONS ? • Maintien de la structure des sols
L
Excaver les terres contaminées
génère de très gros volumes
de déchets qui sont entreposés
longtemps avant leur traitement es scientifiques ont encore des recherches à mener pour dépasser ces limites.
dans des installations existantes.
Ils doivent en effet relever 5 défis majeurs.
Si les techniques retenues sont
– Réduire les durées de traitement.
la phytostabilisation et la
phytoextraction, il faut prévoir – Gérer des cas de contamination multiple.
de traiter les plantes contaminées ; – Mieux prendre en compte les différents paramètres environnementaux :
sinon, la pollution finira par pluie, température…
revenir dans les sols ! – Mieux valoriser la biomasse.
Des solutions sont à l’étude : – Créer de la valeur avec les métaux extraits.
la biomasse, brûlée dans
des chaudières équipées Alors, comment faire ? Choisir au mieux les plantes candidates, en fonction de plusieurs
de systèmes de filtration critères : leur tolérance, leur productivité, leur système racinaire et les modes de culture.
adaptés, permet de produire Ils cherchent aussi à les sélectionner afin que certains gènes ne s’expriment plus ou,
chaleur et électricité. • au contraire, s’expriment mieux. •
les
Chef
de l’Institut
biosciences
*
et biotechnologies
d’Aix-Marseille
F O R M AT I O N
VOUS ÊTES TRÈS MOTIVÉ, BAC S
POUVEZ-VOUS NOUS DIRE POURQUOI ? CLASSES PRÉPARATOIRES BIOLOGIE
Découvrir les capacités extraordinaires du
monde vivant à s’adapter et, côté applicatif, ÉCOLE D’INGÉNIEUR AGRONOME
comment il peut contribuer à dépolluer au DE RENNES
mieux l’environnement ; c’est exaltant ! UNIVERSITÉ D’ORSAY :
THÈSE EN GÉNÉTIQUE DES PLANTES
DES APPLICATIONS
EXISTENT-ELLES DÉJÀ ?
LA BIODÉPOLLUTION EST
PIERRE DIEFF
Oui. Par exemple, une start-up issue du
CEA vient d’être créée pour commercialiser UNE MÉTHODE D’AVENIR,
une méthode originale : des bactéries dé-
CHAGVAR
gradent, lors du rinçage des cuves, les pro-
MAIS RESTE-T-IL DES VERROUS ?
Les méthodes biologiques sont douces,
duits phytosanitaires (pesticides, herbicides)
contrairement aux physico-chimiques.
utilisés par les agriculteurs.
Grâce aux plantes et bactéries, elles per-
mettent de diminuer progressivement la
Suite à l’accident de Fukushima, les au-
édiation
concentration en métaux lourds, pesti-
« La phytorem
torités françaises ont favorisé tous les pro-
cides, radionucléides… Pour accélérer les
la valeur
jets innovants de traitement des retombées
D
e
pour dépollu e nombreux organismes de
une stratégie ent recherche travaillent sur les
em
de développ
problématiques de biodécon-
durable ! »
tamination : Ineris*, Inra, CEA, IRSN,
Cirad, universités...
Au CEA, les recherches portent
principalement sur une meilleure
Chercheuse connaissance des mécanismes mis
en biologie en œuvre par les plantes et micro-
végétale organismes lorsqu’elles sont mises en
présence de métaux, radionucléides
NATHALIE ARDT
et nanoparticules. Les chercheurs
étudient les facteurs qui déterminent
LEONH
l’accumulation, la biotransformation
*
et la toxicité de ces éléments.
Nous travaillons aussi sur la question Les équipes sont principalement
de la sécurité alimentaire. Nous essayons implantées sur les centres CEA de
F O R M AT I O N d’élaborer des plantes qui n’absorberont Cadarache et Grenoble. À Cadarache,
BAC S pas d’éléments toxiques, ou ne les accu- elles disposent d’une plateforme d’ex-
muleront pas dans leurs grains. Nos re- périmentation végétale en conditions
CLASSE PRÉPARATOIRE cherches actuelles concernent le riz et le contrôlées : Phytotec. Ses disposi-
MATHS SUP BIOLOGIE blé, sur des sols pollués en césium. tifs expérimentaux leur permettent
UNIVERSITÉ : THÈSE EN BIOPHYSIQUE d’étudier autant la plante modèle
06 POST-DOC À L’UNIVERSITÉ RESTE-T-IL DES CHOSES arabidopsis thaliana que le blé, la
DE SAN DIEGO (ÉTATS-UNIS) À DÉCOUVRIR ? tomate, le maïs… et, plus spécifique
La phytoremédiation est une science aux études de phytoremédiation, le
complexe. Nous travaillons sur 3 straté- riz. D’autres équipes de recherche
gies. La première : modifier la sélectivité s’intéressent aussi à la moutarde in-
des protéines qui sont capables d’absor- dienne, l’ivraie, le lupin, le quinoa…
EST-CE UNE VOCATION ? QU’EST-CE QUI ber et de transporter les ions, par exemple
VOUS PASSIONNE ? pour qu’une plante n’absorbe que du po- * Ineris : Institut national de l’environnement
industriel et des risques.
J’ai une passion pour la Nature ; les tassium et pas de césium. La deuxième
végétaux étaient là bien avant nous et porte sur l’architecture des racines, qui
sont essentiels à la vie sur Terre. Ma vo- récupèrent les nutriments en superficie
cation date des cours de SVT en 3e. J’ai du sol ou en profondeur. Il faut choisir les
la chance de pouvoir faire aujourd’hui plantes adaptées à la contamination. Par
le métier que j’aime. Aborder les thé- exemple, comme le césium s’accumule
matiques environnementales, améliorer sur les 10 premiers centimètres, il faut des
des procédés de phytoremédiation, c’est plantes qui se nourrissent en profondeur.
passionnant ! À l’ère du changement Enfin, on étudie les exsudats racinaires
climatique, de l’écophysiologie et du (les ions acides rejetés par les plantes)
développement durable… la phytore- pour déterminer leur biodisponibilité
médiation est un enjeu important pour dans les sols.
l’avenir de la planète !
EST-CE UNE VOIE D’AVENIR ?
COMMENT MENEZ-VOUS Oui ! D’ailleurs, de nombreuses en-
VOS RECHERCHES ? treprises se tournent vers ces procédés
Au sein de l’équipe, laborantins, propres. Le plus connu est appliqué dans
techniciens, ingénieurs et de nombreux les piscines biologiques dont l’eau est fil-
étudiants développent ensemble des trée par rhizofiltration ; un procédé natu-
protocoles expérimentaux. Nous recher- rel remplaçant le chlore. •
chons, dans la biodiversité des espèces
agricoles ou via des lignées mutées, des
lture
plantes qui permettront d’améliorer les Chambres de cu
RETROUVEZ L’INTÉGRALITÉ ns le hall
automatisées da
DE L’INTERVIEW SUR cea.fr
procédés de phytoextraction des mé- e Phytotec.
de la plateform
taux et des polluants.
les
AUX CHAMPS
Le protocole expérimental
suit toujours les mêmes étapes
e.
Léon ard prélève des échantillons de feuilles pour analys
thaliana
Thie rry observe des pieds d’arabidopsis
conditions contrôlées
génétiquement modifiés et cultivés en
chaque pied est mis
dans ce phytotron. Après la floraison, Arnaud éclaircit des semis de colza dans une chambre
en sachet afin de récolter les graines. de culture où l’ensemble des paramètres de l’environnement
(lumière, température, humidité, composition de l’atmosphère
gazeuse) sont mesurés et régulés en permanence.
07
Q U I Z N I M AT I O
A TÉLÉCHARGEA
N" "BLE" +
Le magazine en ve
rsion pdf. POSTER
P H Y T O R E M É D I AT I O N :
COMMENT ÇA MARCHE ? Phytodégradation
Certaines plantes accélèrent la dégradation
Certaines plantes peuvent absorber ou réduire la toxicité de composés organiques. Celle-ci peut avoir lieu
de différents polluants organiques ou de métaux et radioéléments,
présents dans les sols. par absorption puis dégradation
Elles les accumulent transforment, dégradent, concentrent, stabilisent du composé par des enzymes spécifiques,
ou volatilisent…
Il s’agit de choisir la stratégie la plus efficace, tout en sachant mais aussi hors de la plante, grâce
à l’activité des micro-organismes présents
qu’il est possible de les cumuler.
dans l’environnement des racines.
Phytoextraction
Les racines des plantes extraient
les polluants du sol puis les accumulent
Polluants organiques
dans les tiges et les feuilles..
• Quels polluants concernés ? Polluants métaux
Métaux (cadmium, zinc, cuivre, or…) et radionucléides
et radioéléments (césium, Polluants moins nocifs
strontium, uranium…) car dégradés (molécules
modifiées, méthylées
par exemple)
Enzymes
Phytostabilisation
S!
explosifs et métaux (sélénium, mercure)
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AU
Phytoextraction, phytostabilisation,
phytovolatilisation et phytodégradation :
découvrez en détail ces quatre stratégies
M AZINE
A G efficaces et qui peuvent se cumuler.
SITES
CEA :
www.cea.fr
CEA jeunes :
www.cea.fr/jeunes
CEA Enseignants :
www.cea.fr/enseignants
Éditeur : Ont participé à ce numéro : Animation : Gary Levesque Institut des biosciences
Commissariat à l’énergie atomique Silvain Demann, Thierry Desnos,
et aux énergies alternatives, Florence Klotz, Véronique Lamare,
Création, réalisation : Alexandre Cheyrou et biotechnologies
Impression : Valblor - Septembre 2017
RCS Paris B 775 685 019 Lucia Le Clech, Nathalie Leonhardt, - ISSN 2271-6262 d’Aix-Marseille :
Didier Marcellin, Catherine Sarrobert.
Directeur de la publication : Nous remercions Fabienne biam.cea.fr/drf/biam
Xavier Clément Infographie : Antoine Levesque -
Chauvière d’avoir accepté Les Savanturiers :
Conseiller scientifique : Crédits : P. Dumas/CEA - M. Klotz que nous empruntions le titre
Pierre Chagvardieff Thinkstock de son émission. cea.fr/go/savanturiers