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Notes de conférence1
1. Le texte ci-dessous présente, en l’état, les notes de Jean-Claude Coquet pour la confé-
rence qu’il a donnée à l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales,
Paris), le 14 février 2011.
102 2. Emmanuel Husserl, Expérience et Jugement (PUF, 1970) : « Le concept de jugement
prédicatif, d’apophansis, se trouve au centre de la logique formelle telle qu’elle s’est histo-
LITTÉRATURE riquement constituée » (p. 11) ; « Tout acte de jugement présuppose qu’un objet est là,
N˚ 163 – SEPTEMBRE 2011 qu’un objet nous est donné, et que c’est sur lui que porte l’énonciation » (p. 14).
LES PRÉDICATS SOMATIQUES !
CORPS PERCEVANT
D’où cet énoncé étrange : « Le toucher manifeste, sur le plan cognitif, le vou-
loir de conjonction totale » (p. 30) ou, plus loin, dans le même livre : « Le
toucher vise la conjonction du sujet et de l’objet » (p. 92).
Comment inclure le toucher dans le cognitif, sauf à rabattre la
phusis dans le logos ? Il s’agit là, en réalité, d’un défaut d’analyse habi-
tuel chez les structuralistes et les cognitivistes. En revanche, pour un phé-
noménologue du langage, il n’y a pas ici de « sujet », pas d’instance de
jugement, mais un corps percevant, un non-sujet (le non marquant la pri-
vation de jugement) ; pas d’« objet », mais une forme qui se soustrait à la
saisie, un quasi-objet. Ainsi est manifestée la configuration < non-sujet-
quasi-objet >. Entre parenthèses, le texte ne mentionne aucune « poitrine
nue » (p. 28), aucun « sein nu » (p. 30) comme le répète Greimas, fidèle
impénitent du logos, et donc, pas de forme connue et reconnue.
Le corps enregistre et suit au plus près, touche après touche, sa per-
ception du monde à l’intérieur du champ qu’il a circonscrit. « À peine »
l’expérience commence-t-elle, qu’il saisit (paramètre temporel) « un
éclair argenté », un instantané, pas davantage, mais suffisant pour le fas-
ciner. Il « avance [alors] jusqu’à effleurer la peau tendue » (« effleurer »
n’est pas « toucher », (comment lit Greimas ?), encore moins « saisir » ou
« retenir »), il se retire, il tressaille au gré des variations de la vision, « il
décrit une courbe [en cette occurrence, pas de ligne droite, pas d’angles
possibles] pour accompagner le contour du sein » [il rilievo del seno, le
« relief » du sein, dit le traducteur]. L’expérience du corps percevant, du
non-sujet, s’arrête là : il n’a pu que s’approcher d’un quasi-objet, noter
104 l’émergence éphémère, étincelante (le guizzo), d’une forme sans contours
déterminés (le non finito de Léonard de Vinci3).
LITTÉRATURE
N˚ 163 – SEPTEMBRE 2011 3. Maurice Merleau-Ponty, Notes de cours. 1959-1961, Paris, Gallimard, 1996, p. 175.
LES PRÉDICATS SOMATIQUES !
Cette force qui s’est avérée capable, contre toute attente, contre
l’« ordre des choses », de revenir à l’autonomie, est bien à mettre au
compte, en fait, non d’un « être parlant », mais d’un corps parlant. Celui
du jeune Tunisien qui s’est immolé par le feu le 17 décembre 2010 et qui
est mort le 4 janvier 2011. Là où le sujet parlant, l’instance judicative, n’a
pas réussi à se faire entendre (le jeune homme a annoncé sa mort avant de
s’immoler), le non-sujet, le corps, l’instance corporelle, dit, dramatique-
ment, la vérité. Et de cette vérité procède la révolution toujours en cours.