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Primitives et équations diérentielles linéaires

1 Primitives
1.1 Généralités
Dénition : (Primitive)
Soit f une fonction continue sur un intervalle I . On appelle primitive de f sur I toute fonction
dénie sur I dont la dérivée vaut f .

Exemple :
∫ ∫
f (x) f (x) f (x) f (x)

xα+1
xα (α ∈ R, α ̸= −1) α+1
1
x ln |x|

exp(λx) ax
exp(λx) λ ax (a > 0, a ̸= 1) ln a

1 −1
cos(ωx) ω sin(ωx) sin(ωx) ω cos(ωx)

cosh x sinh x sinh x cosh x

1 1 1
1+x2
arctan x a2 +x2 a arctan xa

1
sin x ln | tan x2 | 1
cos x ln | tan( x2 + π4 )|

1 1 −1
cos2 x
= 1 + tan2 x tan x sin2 x tan x

−1
1
cosh2 x
= 1 − tanh2 x tanh x 1
sinh2 x tanh x

√ 1
1−x2
arcsin x ln x x ln x − x

Une primitive de tan sur ] −π


2 , 2 [ est t 7→ − ln(cos t).
π

Remarque :
Une primitive est toujours dérivable donc continue.

Proposition : (Linéarité)
Soient f et g deux fonctions continues sur un intervalle I et F et G deux primitives respective-
ment de f et g sur I .

1
Soit (λ, ν) ∈ R2 alors F + νG est une primitive de f + νg .
Exercice :
Soit f une fonction continue sur R de primitive F sur R.
Soient a ∈ R et λ ∈ R∗ . Déterminer à l'aide de F une primitive de x 7→ f (x +a) et de x 7→ f (λx).

Proposition :
Soit f une fonction continue sur un intervalle I . Si F est une primitive de f sur I , alors les
primitives de f sont les fonctions de la forme F + C où C est une constante.

Attention ! Il est important de considérer une fonction continue sur un intervalle. Les fonc-
tions :  ∗
{ ∗  R → R
R → R {
f1 : et f2 : ln |x| − 1, si x < 0
x 7→ ln |x|  x 7→
ln |x| + 1, si x > 0
admettent toutes deux pour dérivée la fonction inverse mais elles ne dièrent pas d'une constante
(f2 − f1 = −1 sur R∗− et f2 − f1 = 1 sur R∗+ .
En eet, R∗ n'est pas un intervalle mais la réunion de deux intervalles (d'où les deux constantes
dièrentes).

Théorème : Théorème fondamental de l'analyse ∫x


Soient f une fonction continue sur I et a ∈ I . Alors F : x 7→ a f (t)dt est dérivable sur I et
F′ = f.
Autrement dit, F est l'unique primitive de f sur I s'annulant en a.

Attention ! Il ressort des deux résultats précédents qu'une fonction continue sur un intervalle
admet toujours une innité de primitives sur cet intervalle. On prendra donc garde à ne jamais
écrire des phrases du type  Soit F la primitive de f  mais plutôt  Soit F une primitive de f
.
Corollaire : Calcul d'intégrale
Soit f une fonction continue sur I et F une primitive de f sur I . Pour (a, b) ∈ I 2
∫ b
f (t)dt = F (b) − F (a)
a
[ ]b
La quantité F (b) − F (a) se note souvent F (t) .
a
∫b
Remarque : On a en particulier a Cdt = C(b − a).

Exercice : Banal ∫ ex √
Etablir la dérivabilité puis calculer la dérivée de la fonction ψ dénie par x 7→ e−x 1 + ln2 (t)dt

Exercice : ∫x
Soit f une fonction continue sur R. Déterminer limx→+∞ 1
x 0 f (t)dt.
Exercice :
Montrer que si f est une fonction continue et T -périodique sur R, alors pour tout a ∈ R
∫ T ∫ a+T
f (t)dt = f (t)dt
0 a

2
1.2 Téchniques de calcul de primitives
1.2.1 Linéarité
C'est l'utilisation de
∫ ∫ ∫
(λf (x) + βg(x))dx = λ f (x)dx + β g(x)dx.

On a toujours intérêt à décomposer la fonction à intégrer en somme de fonctions plus simples à


intégrer.
Exercice∫ :
Calculer sin 2x cos 3xdx

1.2.2 Intégration par partie


C'est l'utilisation de ∫ ∫
f (x)g ′ (x)dx = f (x)g(x) − f ′ (x)g(x)dx.

On suppose dans cette formule que f et g sont de classe 1 sur l'intervalle ouvert considéerée.
Exercice :
Calculer

1. x ln xdx

2. ex sin 2xdx (double intégration)

3. ex cosh xdx (ne marche pas à tous les coups )

1.2.3 Changement de variables


Proposition :
Soit f une fonction continue sur l'intervalle ouvert∫ J , et soit ϕ une fonction de classe 1 sur un
intervalle ouvert I et à valeurs dans J . Si F (x) = f (x)dx, alors

F (ϕ(t)) = f (ϕ(t))ϕ′ (t)dt.

Idée de preuve :
La formule vient par intégration de la formule de dérivation des fonctions composées :

(F ◦ ϕ)′ = (F ′ ◦ ϕ)ϕ′ = (f ◦ ϕ)ϕ′ .

Pour mener les calculs, si on pose x = ϕ(t), il est commodé d'écrire dx = ϕ′ (t)dt.
On ne sait pas donner de sens à cette égalité pour le moment, mais c'est bien consistant avec la
notation de Leibniz dx ′
dt = ϕ (t).
Le changement de variables s'utilise de deux façons pour calculer des primitives
∫ ∫
1. On veut f (ϕ(t))ϕ′ (t)dt, et on connait f (x)dx. Le problème est bien sûr de reconnaître
que la fonction à intégrer est de la forme f (ϕ(t))ϕ′ (t).
Soit par exemple à calculer : ∫
2t + 1
√ dt
t2 + t + 1
On voit que 2t + 1 est la dérivée de t2 + t + 1. Ici ϕ(t) = t2 + t + 1 et f (x) = x1 . On a :

dx √
√ = 2 x,
x

3
et donc ∫
2t + 1 √
√ dt = 2 t2 + t + 1.
t2 + t + 1
∫ ∫
2. On veut f (x)dx, et G(t) = f (ϕ(t))ϕ′ (t)dt est plus facile à obtenir. Ceci n'a d'intérêt
que si ϕ est inversible ; alors on peut exprimer t = ϕ−1 (x), et ceci donne :

f (x)dx = G(ϕ−1 (x)).

Le problème est de trouver un BON changement de variable : c'est une aaire d'expérience
et d'intuition. Souvent, on a d'abord t = ϕ−1 (x), avec une expression plus simple en t.
Par exemple, soit à calculer
∫ √ √
1− x
dx, avec x ∈]0, 1[.
x
√ √ √ √
Ce 1 − x est embêtant, alors on pose t = 1 − x.

1.2.4 Fonctions polynômiales en cos x et sin x.



Le calcul de primitives de telles fonctions se ramène à celui de primitives de la forme : cosn x sinm xdx.
1. Si n (respectivement m) est impair, on fait le changement de variable u = sin x (respecti-
vement u =∫cos x). ∫
On a alors cos2p+1 x sinm xdx = (1 − u2 )p um du.
2. Si m et n sont pairs, on linéarise l'expression.

1.2.5 Calcul d'une primitive de x 7→ eax cos(bx) et de x 7→ eax sin(bx)


Exercice :
Déterminer des primitives de x 7→ exp(x) cos(2x) et x 7→ exp(x) sin(2x) par passage en com-
plexes.

1.2.6 Calcul d'une primitive de x 7→ 1


ax2 +bx+c

Soit (a, b, c) ∈ R3 avec a ̸= 0. On cherche à déterminer une primitive de x 7→ 1


ax2 +bx+c
.

1. Si le trinôme ax2 + bx + c admet deux racines réelles distinctes r1 et r2 (avec r1 < r2 ), on


détermine deux réels C1 et C2 tels que
1 C1 C2
∀x ∈ R \ {r1 , r2 }, = +
ax2 + bx + c x − r1 x − r2

Une primitive de x 7→ 1
ax2 +bx+c
sur ] − ∞, r1 [, ]r1 , r2 [, ]r2 , +∞[ est alors

x 7→ C1 ln |x − r1 | + C2 ln |x − r2 |

La valeur absolue assure la validité de cette primitive sur chacun des trois intervalles cités.

4
2. Si le trinôme ax2 + bx + c admet une racine double r, alors
1 1
∀x ∈ R \ {r}, =
ax2 + bx + c a(x − r)2

Une primitive de x 7→ 1
ax2+bx+c sur ] − ∞, r[ et ]r, +∞[ est tout simplement :

−1
x 7→
a(x − r)

3. Si le trinôme ax2 + bx + c n'admet pas de racine réelle, on le met sous forme canonique
1 1
∀x ∈ R, =
ax2 + bx + c a[(x + α)2 + β 2 ]
2 −4ac
On a en fait α = 2a b
et β 2 = − b 4a2
mais peu importe. Une primitive de x 7→ 1
ax2 +bx+c
est alors x 7→ aβ
1
arctan x+α
β

Exercice :
Déterminer des primitives de x 7→ 1
2x2 +5x−3
, x 7→ 1
4x2 +4x+1
et x 7→ 1
x2 +x+1
.

1.2.7 Calcul d'une primitive de x 7→ λx+ν


((x−a)2 +b2 )n
avec b ̸= 0
Tout d'abord on écrit cette primitive sous la forme suivante :
∫ ∫ ∫
λx + ν λ 2(x − a) λa + ν dx
dx = dx + 2n−1 ( )n dx
((x − a)2 + b2 )n 2 ((x − a)2 + b2 )n b x−a 2
b ( b ) +1

La première primitive se calcule facilement car 2(x − a) est la dérivée de (x − a)2 + b2 :


∫ 2(x−a)
 * ((x−a) 2 +b2 )n dx = 1−n ((x−a)2 +b2 )n−1 si n ̸= 1
1 1

∫ 2(x−a)
 ** ((x−a)2 +b2 )
dx = ln((x − a)2 + b2 )

La deuxième primitive se ramène, par le changement de variable t = b ,


x−a
dt = b ,
dx
au calcul de

dt
In (t) =
(1 + t2 )n

On a I1 (t) = arctan t, et In (t) se calcule par récurrence sur n en utilisant une intégration par
parties ∫ dt ∫ −2nt2
In (t) = (1+t2 )n
= (1+tt 2 )n − (1+t 2 )n+1 dt

∫( )
= t
(1+t2 )n
+ 2n 1
(1+t2 )n
− 1
(1+t2 )n+1
dt

= t
(1+t2 )n
+ 2nIn − 2nIn+1
D'où
1 ( t )
In+1 = (2n − 1)In +
2n (1 + t2 )n

5
1.2.8 Calcul d'une primitive de fraction rationnelles en cos x et sin x
Ce sont les fonctions construites à partir de cos x et sin x et des constantes en utilisant les quatre
opérations +, −, ×, / qu'on note par R(cos x, sin x).Pour calculer l intégrale de cette fonction il
y a un changement de variable qui marche toujours : c'est (pour x ∈] − π, π[)t = tan( x2 ), soit
x = 2 arctan t. On a alors
1 − t2 2t 2
cos x = 2
, sin x = 2
, dx = dt,
1+t 1+t 1 + t2
et on est amené à calculer ∫ ( 1 − t2
2t ) 2
R , dt
1 + t2 1 + t2 1 + t2
qui est la primitive d'une fraction rationnelle en t. On a intérêt à rechercher si d'autres chan-
gements de variable plus économiques veulent bien marcher. Il y a un truc pour trouver ces
changements de variables, connu sous le nom de régles de Bioche. Soit f (x) = R(cos x, sin x) la
fonction à intégrer.
1. Si f (−x) = −f (x), faire le changement de variable u = cos x. On doit avoir cette propriété
si on peut écrire f (x)dx = g(cos x)(− sin xdx) = g(u)du.

2. Si f (π − x) = −f (x), faire le changement de variables u = sin x. On doit avoir cette pro-


priété si on peut écrire f (x)dx = g(sin x) cos xdx = g(u)du.

3. Si f (π +x) = f (x), faire le changement de variables u = tan x. On doit avoir cette propriété
si on peut écrire f (x)dx = g(tan x)dx
cos2 x
= g(u)du.
Exercice :
Calcler
sin x 1 1 3
a) cos x(cos x−1) b) 2+cos x c) 4 sin x−3 cos x d) cos14 x e) √sin 2x
1+sinx
f ) √cos x
1+sin x

1.2.9 Calcul d'une primitide d'une fractions rationnelles en ex , cosh x, sinh x


. On pose u = ex , ce qui fait dx = du
u , cosh x = 2 (u + u ) et sinh x =
1 1 1
2 (u − u1 ). On est alors
ramené au calcul d'une primitive de fraction rationnelle en u.

1.2.10 Calcul d'une primitive d'une fractions rationnelles en x et en m ax+b
cx+f

On veut √
∫ ( ( ax + b ))
m
R x, dx
cx + f
√( )
(−b+f um )
On pose u = m ax+b
cx+f , d' où l'on tire x = (a−cum ) , et dx est égal à une fraction rationnelle
en u fois du. On se retrouve à intégrer une fraction rationnelle en u.

Exercice :
calculer ∫ √
x − 1 dx
, pour x > 1 ou x < −1
x+1 x

6

1.2.11 Calcul d'une primitive d'une fractions rationnelles en x et en ax2 + bx + c.
On met le polynôme ax2 + bx + c sous forme canonique et en faisant un changement de variable
de type x = αt + β , on se ramène à un polynôme du type k(±t2 ± 1).
Il y a donc trois cas à considérer√: √
 * Fraction rationnelle en t et 1 − t2 : on pose t = sin u(u ∈ [ −π2 , 2 ]), alors
π
1 − t2 = cos u,
dt = cos udu et u = arcsin t. On obtient ainsi une fraction rationnelle en sin u et cos u qu'on
sait intégrer. √ √
 * Fraction rationnelle en t et 1 + t2 : √on pose t = sinh u, (u ∈ R), alors 1 + t2 = cosh u,
dt = cosh udu et u = argsht = ln(t + 1 + t2 ). On obtient ainsi une fraction rationnelle en
sinh u et cosh u qu'on sait intégrer.

 *√ Fraction rationnelle en t et t2 − 1 : si t ≥ 1, on pose √ t = cosh u(u ∈ [0, +∞[), alors
t − 1 = sinh u, dt = sinh udu et u = argcht = ln(t + t2 − 1) ; si t ≤ 1, on pose d'abord
2

s = −t et on remarque que
√ √
√ √ (−t + t2 − 1)(t + t2 − 1) √
ln(s + s − 1) = ln(−t + t − 1) = ln
2 2 √ = − ln(t + t2 − 1).
t + t2 − 1
On obtient ainsi à nouveau une fraction rationnelle en sinh u et cosh u.
Exercice : ∫ √ ∫ ∫
Calculer a) x2 − 2x + 3dx, b) √ 1
x2 +x+1
dx, c) √ x
−x2 +2x+3
dx

2 Intégrales
2.1 Propriétés de l'intégrale
Proposition : Propriétés de l'intégrale
Soient f et g deux fonctions continues sur un intervalle I à valeurs réelles et (a, b, c) ∈ I 3

∫ ∫ ∫
1.Linéarité Soit (λ, ν) ∈ R2 .Alors ab (λf (t) + νg(t))dt = λ ab f (t)dt + ν ab g(t)dt.
∫b
2. Positivité de l'intégrale Si a ≤ b et si f > 0 sur [a, b], alors a f (t)dt > 0.
∫b ∫b
3. Croissance de l'intégrale Si a ≤ b et si f ≤ g sur [a, b], alors a f (t)dt ≤ a g(t)dt.
∫b ∫c ∫b
4. Relation de Chasles a f (t)dt = a f (t) + c f (t)dt
Remarque :
∫a
1. On rappelle que a f (t)dt = 0.

∫b ∫a
2. On rappelle également que a f (t)dt = − b f (t)dt, ce qui est par exemple une conséquence
de la relation de Chasles.

3. La variable d'intégration est muette (comme l'indice de sommation dans une somme), c'est-
∫b ∫b
à-dire que a f (t)dt = a f (u)du.

Exercice : ∫1 tn
On pose In = 0 1+et dt. Déterminer le sens de variation et la limite de (In ).

Exercice : ∫x et
Montrer que limx→+∞ 0 t+1 dt = +∞.

7
Proposition : Inégalité triangulaire
Soient f une fonction continue sur I à valeurs réelles et (a, b) ∈ I 2 .
∫b ∫b
Si a ≤ b, alors | a f (t)dt| ≤ a |f (t)|dt

Remarque :
Si on pense à l'intégrale comme à une somme innitésimale, ceci n'est que l'analogue de l'inéga-
lité triangulaire pour les sommes.

Exercice : ∫1 (−1)n tn
On pose In = 0 1+t dt. Montrer que (In ) converge vers 0.

Exercice : ∫ x2 sin( 1t )
Montrer que limx→+∞ x
√ dt
t
= 0.

Proposition :
Soit f une fonction continue et de signe constant sur un intervalle [a, b] (a < b) à valeurs réelles.
∫b
Alors a f (t)dt = 0 si et seulement si f est nulle sur [a, b].

Corollaire : Stricte positivité


Soient f une fonction continue, positive et non constamment nulle sur un intervalle [a, b] (a < b).
∫b
Alors a f (t)dt > 0.

Exercice : ∫π
Montrer que 0 ln(1 + sin t)dt > 0.

2.2 Cas des fonctions à valeurs complexes


Dénition :Intégrale dune fonction à valeurs complexes Soient f une fonction continue
sur un intervalle I à valeurs complexes et (a, b) ∈ I 2 .
On pose
∫ b ∫ b ∫ b
f (t)dt = Re(f (t))dt + i Im(f (t))dt
a a a
Remarque :
On en déduit :
(∫ b ) ∫ b (∫ b ) ∫ b
Re f (t)dt = Re(f (t))dt; Im f (t)dt = Im(f (t))dt
a a a a

Proposition : Propriétés de l'intégrale complexe


Soient f et g deux fonctions continues sur un intervalle I à valeurs complexes et (a, b, c) ∈ I 3 .

1. Linéarité

: Soit (λ, ν) ∈ R2∫. ∫b
b b
Alors a ((t) + νg(t))dt = λ a f (t)dt +ν a g(t)dt.
∫b ∫b
2. Inégalité triangulaire : Si a ≤ b, alors | a f (t)dt| ≤ a |f (t)|dt.
∫b ∫c ∫b
3. Relation de Chasles a f (t)dt = a f (t)dt + c f (t)dt

8
Attention ! La positivité et la croissance de l'intgrale n'ont plus aucun sens pour des fonctions
à valeurs complexes.
Dans l'inégalité triangulaire, les valeurs absolues sont à remplacer par des modules.

2.3 Méthodes de calcul


2.3.1 Intégration par parties
La propriété suivante n'est qu'une conséquence de la formule de dérivation d'un produit.

Proposition : Intégration par parties


Soient u et v deux fonctions de classe 1 sur un intervalle I . Alors pour (a, b) ∈ I 2
∫ b ∫ b

u(t)v (t)dt = [u(t)v(t)]ba − u′ (t)v(t)dt
a a

Exercice∫ :
π
Calculer 0 t cos tdt.

Exercice :

1. Calculer une primitive de arctan sur R.

2. Calculer une primitive de arcsin sur [−1, 1].

2.3.2 Changement de variable


Proposition : Changement de variable
Soient I et J deux intervalles de R. Soient ϕ une fonction de classe 1 sur un intervalle I à valeurs
dans R et f une fonction de classe 1 sur ϕ(I).
Soit (a, b) ∈ I 2 . Alors
∫ ϕ(b) ∫ b
f (t)dt = f (ϕ(u))ϕ′ (u)du
ϕ(a) a

Exercice :
calculer
∫1 √
1. −1 1 − t2 dt
2. une primitive de x 7→ arctan(ex )ex sur R

3 Equations diérentielles
3.1 Equations diérentielles linéaires du premier ordre
3.1.1 Présentation du problème
Nous nous intéressons à la résolution des équations de la forme

y ′ + a(x)y = b(x)

9
. Dans cette équation, a et b sont des fonctions de x, dénies et continues sur un intervalle ouvert
I de R. b est appelée second membre de l'équation diérentielle.
Par exemple

y ′ + y sin x = 2 sin x
sur R. On cherche une fonction y de x, dénie et continûment dérivable sur I , qui vérie l'égalité
ci-dessus.
En fait,la solution générale de l'équation linéaire complète est somme d'une solution particulière
de l'équation complète (équation avec second membre) et de la solution générale de l'équation
sans second membre.
Ceci va guider notre demarche pour l'équation diérentielle linéaire du premier ordre.

On commence par chercher la solution générale de l'équation sans second membre, puis on voit
comment trouver une solution de l'équation complète.

3.1.2 La solution générale de l'équation sans second membre


Nous cherchons la solution générale de l'équation

y ′ + a(x)y = 0,

où a est une fonction réelle continue sur l'intervalle ouvert I de R. Si y ne s'annule pas sur I , on

peut écrire yy = −a(x), et on reconnait à gauche la dérivée de ln(|y|).

On en déduit donc, si A = a(x)dx est une primitive de a sur I , que ln(|y|) = −A(x) + C où C
est une constante réelle, d'où

y = Ke−A(x) = Ke− a(x)dx
,
où K est une constante réelle.

Théorème :
La solution genérale de l'équation sans second membre y ′ + a(x)y = 0 est

y = Ke−A(x) ,

où A(x) est une primitive de a(x), et K une constante réelle.

Preuve :
Soit y une fonction continûment dérivable sur I .
Puisque e−A(x) ne s'annule jamais sur I , on peut bien poser y(x) = u(x)e−A(x) c'est à dire
u(x) = eA(x) y(x).
Ceci dénit une fonction u continûment dérivable sur I .
On a
y ′ + a(x)y = u′ e−A(x) + u(−a(x)e−A(x) ) + a(x)ue−A(x) = u′ e−A(x) ,
et donc y est solution de l'équation y ′ + a(x)y = 0 si et seulement si u′ e−A(x) = 0, c'est à dire si
et seulement si u est une constante puisque e−A(x) ne s'annule pas sur I .

10
3.1.3 Solution de l'équation complète
On cherche la solution générale de l'équation y ′ + a(x)y = b(x), connaissant la solution générale
de l'équation sans second membre y ′ + a(x)y = 0, sous la forme y(x) = Kz(x) où K est une
constante réelle et z(x) = e−A(x) , avec A une primitive de a.

Pour celà,on dispose de la méthode générale connue sous le nom de variation de la constante. Elle
consiste à poser y(x) = u(x)z(x), et à trouver u pour que y soit solution de l'équation complète.
On a
y ′ + a(x)y = u′ z + uz ′ + a(x)uz = u′ z
puisque z est solution de l'équation sans second membre. Donc y est solution de l'équation com-
plète si et seulement si u′ = z(x)
b(x)
(on peut bien diviser puisque z ne s'annule jamais sur I ). Si
B(x) est une primitive de b(x)
z(x) = b(x)eA(x) , alors e−A(x) B(x) est une solution particulière de
l'équation complète.

Théorème :
Soit a et b deux fonctions réelles continues sur lintervalle ouvert I . Soient A une primitive de a,
et B une primitive de beA . Alors la solution générale de l'équation diérentielle

y ′ + a(x)y = b(x)

est
y(x) = e−A(x) (B(x) + K),
où K est une constante réelle.

Remarque :
On a donc ramené le problème de résolution de l'équation diérentielle au calcul de deux primi-
tives.

Exercice :
Résoudre les équations diérentielles suivantes :
′ ′
(a) y + 2y = x2 (b) y + y = 2 sin x
′ ′
(c) y − y = (1 + x)ex (d) y − y = x − ex + cos x
′ ′
(f ) y + 2xy = 2xe−x
2
(e) (x2 + 1)y + 2xy + 1 = 0
′ 3 ′
(g) (x2 + 1)y − xy = (1 + x2 ) 2 (h) (2 + cos x)y + sin xy = (2 + cos x) sin x

3.1.4 Solution vériant une condition initiale


La donnée d'une condition initiale pour l'equation y ′ + a(x)y = b(x) sur l'intervalle ouvert I est
la donnée d'un point x0 de I et d'un réel y0 .
Une solution satisfaisant à cette condition initiale est une solution y telle que y(x0 ) = y0 .

Théorème :
Il existe une et une seule solution de l'équation y ′ + a(x)y = b(x) sur I satisfaisant à la condition
initiale y(x0 ) = y0 .
Preuve :
On a vu que la solution générale s'écrit

y = e−A(x) (B(x) + K),

11
où A(x) est une primitive de a(x), B(x) une primitive de eA(x) b(x), et K une constante réelle.
La condition initiale permet de déterminer cette constante :

y0 = e−A(x0 ) (B(x0 ) + K), soitK = eA(x0 )y0 −B(x0 ),

ce qui montre l'existence et l'unicité de la solution.

Remarque :
Le problème d'existence et d'unicité de solution d'une équation diérentielle vériant une condi-
tion initiale (appelé problème de Cauchy) est un problème important de la théorie des équations
diérentielles.

3.1.5 Equations du premier ordre à variables séparées


On appelle équation diérentielle à variables séparées une équation de la forme

f (y)y ′ = g(x), (∗)

où f est une fonction réelle continue dans un intervalle ouvert I de R et g une fonction réelle et
continue sur un intervalle ouvert J .

textbfProposition :
Soit F une primitive de f dans I et G une primitive de g dans J .
Pour qu'une fonction x 7→ y(x), dénie et dérivable dans un sous-intervalle de J , vérie l'équation
(*), il faut et il sut que
F (y(x)) = G(x) + C,
où C est une constante réelle.

Preuve :
Pour que la fonction dérivable x 7→ F (y(x))−G(x) soit constante dans l'intervalle de dénition de
la fonction y , il faut et il sut que sa dérivée soit nulle ; or cette dérivée vaut f (y(t))y ′ (t) − g(x) ;
elle est donc nulle.

Remarque :
Si on suppose de plus que, pour tout y? ∈ I , f (y) ̸= 0, on en déduit que F a une dérivée non
nulle ; elle est donc bijective de I dans F (I) et y(x) = F −1 (G(x) + C).

Exercice :
Résoudre :
1. {
yy ′ = cos x
y(0) = 1
2. {
y′ = y2
y(1) = 1

3.2 Equations diérentielles linéaires du second ordre à coecients constants


On cherche ici à résoudre l'équation

ay ′′ + by ′ + cy = f (x)

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où a, b, c sont des constantes réelles, avec a ̸= 0, et f une fonction dénie et continue sur un
intervalle I de R qu'on appelle second membre de l équation. On veut trouver les fonctions y ,
deux fois continûment dérivables de I dans R, qui vérient cette équation.
C'est une équation diérentielle du second ordre car elle fait intervenir la dérivée seconde de y .

La solution générale de l'équation diérentielle du second ordre complète est la somme de la


solution générale de l'équation sans second membre et d'une solution particulière de l'équation
complète.

3.2.1 Lequation sans second membre


On s'intéresse ici à l'équation sans second membre

ay ′′ + by ′ + cy = 0.

On recherche une solution de la forme y = erx , où r est une constante.


En substituant dans l'équation, on trouve

erx (ar2 + br + c) = 0.

Le polynôme P (r) = ar2 + br + c s'appelle polynôme caractéristique de l'équation diérentielle.


Trois cas sont à distinguer.

1. Si b2 − 4ac > 0, le polynôme caractéristique a deux racines réelles distinctes r1 et r2 .


Alors :

y1 = er1 x et y2 = er2 x
sont solutions de l'équation sans second membre.
La solution générale de l'équation sans second membre sur R est

y = c1 er1 x + c2 er2 x ,

où c1 et c2 sont deux constantes réelles.


2. Si b2 − 4ac < 0, le polynôme caractéristique a deux racines complexes conjuguées distinctes
λ = α + iβ et λ = α − iβ . Alors eλx et eλx sont des fonctions à valeurs complexes de x,
qui sont solutions de l'équation diérentielle sans second membre.
On a
eλx = eαx (cos(βx) + i sin(βx)), eλx = eαx (cos(βx) − i sin(βx))
Nous sommes intéressés par les solutions réelles. La partie réelle y1 = eαx cos(βx) et la
partie imaginaire y2 = eαx sin(βx) de eλx sont des solutions réelles de l'équation, et la
solution générale sur R de l'équation sans second membre est

y = eαx(c1 cos(βx)+c2 sin(βx)),

où c1 et c2 sont des constantes réelles.

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3. Si b2−4ac = 0, le polynôme caractéristique a une racine réelle double s. Cette racine vérie
aussi P ′ (s) = 2as + b = 0. Alors y1 = esx est solution de l'équation, et aussi y2 = xesx .
En eet ( )
ay2′′ + by2′ + cy2 = a(2s + s2 x) + b(1 + sx) + cx esx = 0.

La solution générale sur R de l'équation sans second membre est

y = esx (c1 + c2 x),

où c1 et c2 sont deux constantes réelles.

Théorème :
La solution générale de l'équation sans second membre

ay ′′ + by ′ + cy = 0,

où a, b et c sont des réels et a ̸= 0 est


de la forme
(a) y(x) = Aer1 x + Ber2 x si l'équation ax2 + bx + c = 0 a deux racines réelles distinctes
r1 et r2

(b) y(x) = (Ax + B)esx si l'équation ax2 + bx + c = 0 a une racine réelle double s

(c) y(x) = eαx (A cos(βx) + B sin(βx)) si l'équation ax2 + bx + c = 0 a deux racines com-
plexes conjuguées λ = α + iβ et λ où A et B sont des constantes réelles.

3.2.2 Solution particulière de l'équation complète


Rappelons d'abord deux choses.
* Toute astuce est bonne pour trouver une solution de ay ′′ + by ′ + cy = f (x).
* On peut décomposer f (x) en morceaux plus simples. Si f (x) = f1 (x) + ∆∆∆ + fk (x) et si

az1′′ + bz1′ + cz1 = f1 (x)


...
azk′′ + bzk′ + czk = fk (x),

alors z = z1 + ∆∆∆ + zk vérie az ′′ + bz ′ + cz = f (x). C'est ce qu'on appelle le principe


de superposition des solutions.
Nous passons en revue quelques cas particuliers importants où l'on connait a priori la forme
d'une solution particulière.

Second membre de la forme f (x) = eλx P (x) avec λ ∈ R et P polynôme.


On cherche une solution de la même forme, c.-à-d. de la forme eλx Q(x) où Q est aussi un poly-
nôme :

* de degré égal à deg P si l ambda n'est pas racine du polynôme caractéristique (aλ2 +bλ+c ̸= 0),

* de la forme xQ1 (x) avec deg Q1 = deg P si λ est racine simple du polynôme caractéristique,

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* de la forme x2 Q2 (x) avec deg Q2 = deg P si λ est racine double du polynôme caractéristique.
On trouve les coecients de Q par identication.
Exercice :
Résoudre :
1. y ′′ + y ′ + y = x2 + x + 1.

2. y ′′ − y ′ = ex (x + 1).

′′ ′
3. y + 2y + 2y = 2ex x

′′ ′
4. y − 3y + 2y = e2x x2

3.2.3 Second membre de la forme f (x) = erx cos(sx)P (x) ou f (x) = erx sin(sx)P (x) où
P est un polynôme.
On peut se ramener au cas précédent en constatant que f (x) = erx cos(sx)P (x) est la partie
réelle de e(r+is)x P (x), et que f (x) = erx sin(sx)P (x) est la partie imaginaire.
Exemple :
Résoudre :
1. y ′′ − 2y ′ + 2y = ex cos x.

′′ ′ −x
2. 4y + 4y + 5y = sin xe 2

Remarque :
Une autre façon de mener le calcul, sans passer par le complexe, est de rechercher une solution
de la forme erx (Q(x)cos(sx) + R(x)sin(sx)) où Q(x) et R(x) sont des polynômes d'un des deux
premiers types présentés ci-dessus, suivant que r + is n'est pas racine du polynôme caractéris-
tique, ou est racine simple (comme le polynôme caractéristique est à coecients réels, le cas
d'une racine double non réelle ne se présente pas).

3.2.4 Solution vériant des conditions initiales


On considére une équation
ay ′′ + by ′ + cy = f (x) (∗∗)

où f est dénie et continue sur un intervalle ouvert I . Soit x0 un point de I .

Proposition :
Etant donnés deux réels y0 et y0′ , il existe une et une seule solution y de l'équation diérentielle
(**) telle y(x0 ) = y0 et y ′ (x0 ) = y0′ .
Les conditions initiales en x0 sont les deux équations y(x0 ) = y0 , y ′ (x0 ) = y0′ . On a pour les
équations diérentielles linéaires du second ordre à coecients constants un résultat d'existence
et d'unicité de solution vériant des conditions initiales.
On sait que la solution générale de l'équation (**) s'écrit y(x) = z(x) + c1 y1 (x) + c2 y2 (x), où
z(x) est une solution particulière de (**), y1 (x) et y2 (x) les solutions fondamentales de l'équation
sans second membre, c1 et c2 des constantes réelles. Il faut choisir ces constantes pour que

c1 y1 (x0 ) + c2 y2 (x0 ) = y0 − z(x0 )

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c1 y1′ (x0 ) + c2 y2′ (x0 ) = y0′ − z ′ (x0 )
On admet qu'il y a existence et unicité des solutions.

Exemple :
Résoudre : {
y ′′ − 3y ′ + 2y = ex + cos x
y(0) = y ′ (0) = 0.

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